Pdv Nova

- Paul ? Paul réponds j't'en supplie. Paul !

Ça fait depuis cinq minutes que je m'acharne à contacter Paul à l'aide de mon téléphone. Je sais ce qui est en train d'arriver, mais je n'ose pas y croire: une putain d'apocalypse zombies. Je savais que ça allait arriver un jour, je m'y étais préparée: physiquement comme émotionnellement. J'avais l'habitude de vivre seule dans la maison que mes parents m'avaient laissé à leur mort, j'ai pas eu une vie facile. Je suis taillée pour une vie à la dure, affronter ce monde ne me fait pas peur. Vous voyez Daryl Dixon ? Dans The Walking Dead ? Ben ça a toujours été un modèle pour moi, même si ce n'est qu'un personnage fictif. Bref, j'essaye de contacter Paul, qui est un de mes amis. Je vais essayer de mettre un maximum de gens à l'abri. Je ne sais pas si le gouvernement saura endiguer tout ça, mais j'ai pas confiance. Même en mes amis j'ai du mal à mettre ma confiance. A chaque fois que je me suis trop approchée de quelqu'un, je l'ai perdu par la suite. J'appelle Hugo mais lui non plus ne répond pas. Je prépare des sacs avec tout ce qu'il faut pour survivre un bon moment: nourriture, médicaments, bandages, piles etc. C'est à ce moment là que j'entends mon téléphone sonner.

Je me précipite dessus et décroche en voyant le numéro de Paul s'afficher.

- Putain j'ai cru qu'il t'étais arrivé un truc comme tu répondais pas, criais-je.

- Nova calmes-toi, qu'est-ce qu'il se passe dehors ? Me dis pas que c'est ce que je crois..

- Malheureusement oui, la fiction a rattrapé la réalité. Bienvenue dans une apocalypse zombies Paul.

- Fais chier !

- T'es où ? T'es en sécurité au moins ? demandais-je.

- Je suis chez moi, les gens courent dans la rue, ils sont complètement paniqués.

- Restes là où tu es, je vais venir te chercher. Prépares des sacs pour tenir plusieurs jours, de la bouffe, des vêtements etc. Tu bouges pas de là où tu es, tu ouvres à personne et si ils cherchent à entrer, tu te retranche dans une pièce en sécurité ? Ok ?

- Oui mais qui ça "ils" ?

- Les rôdeurs pardi. J'allais oublier ! Est-ce que tu peux appeler un max de monde du lycée en notant sur un papier qui répond ou pas s'il te plait ? Ça m'aiderait beaucoup.

- Pourquoi ? me demande Paul.

- Fais ce que je te dis et discutes pas, je sais ce que je fais. J'arrive, ne bouges pas, dis-je avant de raccrocher.

Pdv Paul

Nova vient de clore la conversation. Je sais qu'elle arrivera jusque ici, je la connais. C'est une dure à cuire, je lui fais confiance, même si je sais que ce n'est pas réciproque. C'est une fille qui n'exprime jamais ses sentiments, personne ne la connait vraiment. Elle est mineure, mais tout le monde la respecte au lycée.

Bon c'est pas tout mais il faut que je me bouge. J'attrape des sacs et les remplis comme elle m'a dit. Je me dirige vers la salle de bain pour aller chercher des bandages quand je passe devant des photos familiales. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus. Ils sont partis tôt ce matin pour faire des courses car le gouvernement nous a dis de nous préparer à rester longtemps chez nous. Mes parents et mon frère.. Je ne sais pas si je les reverrai un jour.

Pdv Élie

- Allez Nicolas ! On peut y arriver ! hurlais-je à mon ami.

- Mais bordel Élie tu veux aller où ? Ils sont partout !

- J'ai un ami qui habite pas loin d'ici, on peut aller chez lui et s'y terrer un peu. Avec de la chance, soit il y est encore, soit il a laissé de la nourriture.

J'allais continuer à avancer quand j'entends un cri de douleur venant de derrière moi. Je me retourne et vois Nicolas se débattre avec une de ces choses. Elle lui a saisi la cheville et lui a mordu le mollet. Je viens écraser sa tête avec ma chaussure avant de soulever mon ami dans mes bras. Je ne peux pas le laisser mourir là, pas en plein milieu de la rue, à se faire dévorer les entrailles.

Pdv Paul

Je finis de préparer mon dernier sac quand j'entends qu'on frappe à la porte. Je regarde à travers la fenêtre et vois Élie, à bout de souffle, portant un Nicolas à demi-conscient dans ses bras. Je sais ce que m'a dis Nova mais eux, je ne peux pas les laisser. Elle m'en voudra mais je m'en fous, de toute manière ils sont au lycée et j'ai leur numéro. J'aurai dû les contacter dans tous les cas.

- Paul si t'es là, aide-moi je t'en supplie: Nicolas s'est fait mordre, dit Élie.

Une morsure ? C'est pas bon, pas bon du tout. J'hésite à les faire rentrer mais une horde arrivant derrière eux me décide. J'ouvre la porte, les tires à l'intérieur et barricade l'entrée.

- Va le déposer dans la chambre du fond, dis-je.

Il part et je le rejoins deux minutes plus tard.

- Merci de nous avoir ouvert la porte, me remercie mon ami.

- Je pouvais pas vous laisser avec le paquet qui arrivait derrière vous. Comment ça se fait que vous soyez ici ?

- A la base on était tous les deux chez moi à suivre les infos, puis ces saloperies sont entrées par je ne sais où. On n'a pas eu d'autre choix que de fuir, et j'ai pensé à chez toi. Tu penses que les secours vont venir ? me demande Élie.

- Si tu parles des vrais secours, non. Y'a d'autres gens plus importants que nous et il se feront submerger au bout d'un moment, répondis-je.

- Et sans parler des "vrais secours" ?

- Elle ne devrait pas tarder à arriver, 'fin je l'espère parce que sinon, on est dans la merde jusqu'au cou.

- Venez ici, bande de saloperie ! Allez ! Venez me chopper ! entendis-je hurler quelqu'un dans la rue.

- Bon, ben voilà les secours, dis-je avec un soupir.

Pdv Nova

Une fois mon appel terminé avec Paul, je prends mes sacs et les mets dans la voiture qui est dans le garage; donc en sécurité. J'ai appris à conduire depuis longtemps en prévision de se genre de chose, je n'ai pas l'âge mais maintenant je pense que la police a autre chose à faire que de verbaliser une lycéenne. Dans mes affaires je n'ai pris aucune photo, je n'ai aucune famille, aucun souvenir agréable passé avec eux, je n'ai aucune attache.

Je monte côté conducteur et allume le moteur. Je ne vérifie pas si il y a des rôdeurs devant la porte, j'ai pas de temps à perdre. J'ouvre la porte à distance et mets la gomme. Ils sont partout dans la rue, il y a des vivants comme des morts. J'essaye de les éviter un maximum pour minimiser les dégâts sur la voiture, on en aura besoin longtemps. Je remarque que les gens n'ont pas tenté d'évacuer la ville, il y a très peu de voiture dans les rues. A moins qu'ils soient déjà tous partis, ils ont dû penser que le gouvernement viendrait les chercher, avec des armes, de la nourriture, des couvertures etc. Mais l'armée s'en fout du peuple, elle va juste chercher à sauver les dirigeants et ensuite créer des camps de secours qui ne tiendront pas.

Je tourne dans une rue et me retrouve bloquée par une foule, elle même bloquée par un barrage militaire. Je dois faire demi-tour avant que les gens s'amassent derrière la voiture. Des personnes tentent de monter avec moi mais je verrouille les portières. Après de nombreuses minutes de galère, je réussis à sortir de là. Je roule ensuite sans relâche vers la maison de Paul.

Une fois arrivée, je découvre une horde devant chez lui. Ils sont nombreux mais je peux arriver à les tuer sans trop de difficultés, normalement. Je glisse ma main sous le siège passager et sort un fusil à pompe que je garde en cas de souci majeur. Je le mets dans mon dos avant de m'emparer de mon arbalète. Quoi ? Daryl Dixon est un exemple pour moi, il fallait bien que je prenne la même arme que lui. Je descends, verrouille la voiture et arme une flèche.

- Venez ici, bande de saloperie ! Allez ! Venez me chopper ! hurlais-je à leur attention.

Ils se retournent vers moi en entendant ma voix. Je décoche ma première flèche qui part se loger dans un des crâne. J'en abats quelques uns avec cette technique mais rapidement je me retrouve submergée. Je sors alors mon couteau qui se trouve à ma ceinture et les tue à la main. J'ai faillis me faire mordre une ou deux fois mais j'ai réussi à tous les vaincre.

- Paul t'es là ?

Pour toute réponse j'entends des bruits de meubles qu'on déplace et la porte s'ouvre sur lui.

- Ça va ? me demande-t-il.

- J'ai faillis y passer une ou deux fois mais ça va, t'as fait ce que je t'ai demandé ?

- Pas vraiment, mais on a un problème, suis-moi.

Il m'entraîne jusqu'à la chambre du fond et je découvre sur le lit Nicolas, avec Élie à son chevet.

- Qu'est-ce que ces deux là foutent ici ?! Je t'avais dis de ne faire entrer personne ! m'énervais-je contre Paul.

- T'aurais fais quoi à ma place hein ? Tu les aurais laissé dehors ? réplique-t-il.

- Il s'est fait mordre ! Depuis combien de temps c'est arrivé ? demandais-je à Élie durement.

- Oh calme-toi ! Pas la peine de me parler comme ça !

J'ignore ses propos et lui repose la même question sur le même ton :

- Depuis combien de temps ?

- Environ cinq, dix minutes grand max.

- On a une chance. Attachez-le au lit, il ne faut pas qu'il puisse bouger.

- Tu vas pas faire ce que je pense, si ? Sérieusement ? me demande Paul.

- Tu veux qu'on ne tente rien et qu'on le laisse crever sur ce pieux comme une merde ? Il faut tenter le tout pour le tout.

- Attends, vous parlez de quoi là ?! s'énerve Élie.

- Je vais lui couper la jambe en dessous du genou pour empêcher la morsure de le tuer.

- Mais t'es malade !

- Tu veux vraiment qu'il devienne un rôdeur et qu'il tente de te bouffer ?

- Un rôdeur ? C'est quoi ce bordel encore ? continue-t-il.

- Faut vraiment tout t'apprendre à toi mais là tu vois, on n'a pas vraiment le temps pour les bavardages, je t'expliquerai tout ça tout à l'heure. Si on est encore en vie, bien entendu.

Pdv Élie

Je suis contre sa décision mais elle ne me laisse pas vraiment le choix. Elle part chercher quelque chose pendant que Paul et moi attachons Nicolas au lit. Ce dernier commence à avoir de la fièvre, il est à demi-conscient. Nova revient avec une hache:

- Je dois vous dire de tout faire ou ça se passe comment ? Faites lui un garrot au dessus du genou pour l'empêcher de perdre trop de sang.

Je regarde autour de moi mais je ne vois rien qui ne pourrait faire l'affaire. Elle soupire et s'approche de Nicolas pour lui enlever sa ceinture et s'en servir de garrot. Sentant que quelqu'un le touche, mon ami commence à se débattre faiblement, ne comprenant pas ce qu'il se passe.

- Qu'est-ce que tu fous, toi ? Lâche-moi ! Élie, t'es où ? Élie !

Je m'approche et tente de le rassurer car Nova n'a pas l'air de vouloir causer.

- J'suis là Nico. Il faut que tu te calmes, on va te couper la jambe pour essayer de te sauver, dis-je.

- Mais vous êtes pas bien ?! Vous pouvez pas faire ça !

- Oh que si, et t'as pas le choix. Foutez-lui un chiffon dans la bouche pour qu'il ne hurle pas, ce serait con qu'il ramène nos petits copains. Maintenant tenez-le, faut pas qu'il bouge.

Il faudra vraiment que j'ai une discussion avec elle après, ce n'est pas parce qu'elle ne nous aime pas à cause du passé qu'elle doit se comporter comme ça. Pendant que nos maintenons Nicolas, Nova lève sa hache, vise et l'abat en dessous du genou. Elle est obligée de répéter l'opération plusieurs fois pour totalement sectionner la jambe. Mon ami perd connaissance à cause de la douleur.

- Vous pouvez vous occuper du bandage ou il faut encore que je m'en charge ? demande-t-elle.

- Je devrai pouvoir y arriver, dit Paul.

- Ok, d'ailleurs tout à l'heure tu m'as dis que tu n'avais pas eu le temps de tout faire, t'as pas fait quoi ?

- J'ai appelé personne, j'ai pas eu le temps désolé, s'excuse-t-il auprès d'elle.

Elle soupire avant de s'adresser à moi:

- Tu sais te battre, Élie ? Tu serais capable de tuer les rôdeurs si ils arrivaient à rentrer ?

- J'ai de la force, dis-je en haussant les épaules, fatigué par son comportement.

- C'est bien ce que je pensais, dit-elle en soupirant une nouvelle fois. Bon du coup comme Paul s'occupe de Nicolas et que moi je dois surveiller ces saloperies, toi tu vas appeler un maximum de gens en notant qui répond ou pas, ok ?

- J'ai l'impression que j'ai pas trop le choix de toute façon.

- Effectivement t'as pas trop le choix, alors magne-toi, me répondit-elle sèchement.

- Tu vas arrêter de me parler comme si j'était un chien putain ?! hurlais-je.

- Tu veux vraiment qu'on parte sur ce terrain là ? dit-elle, hargneuse, en s'approchant de moi.

- Les gars ça suffit putain ! Vous croyez pas qu'on a autre chose à faire que de s'engueuler ? dit Paul.

- On n'a pas fini notre discussion, dit-elle avant de partir sécuriser le périmètre.

Pdv Paul

J'en ai marre de les voir s'affronter comme ça, on dirait deux gamins. Je sens qu'il s'est passé quelque chose entre eux mais je ne sais pas quoi. En tout cas, c'est pas elle qui irait m'en parler. Élie attrape son téléphone et fait ce que Nova lui a demandé; certaines personnes répondent, mais beaucoup ne répondent pas. Le temps passe, il doit être environ 17h. Le soleil ne va pas se coucher avant plusieurs heures; nous sommes en été.

Élie vient de terminer le répertoire de son téléphone, Nova n'est pas passée dans le coin depuis un moment. Ayant finis le bandage de Nicolas depuis longtemps, je décide de faire la même chose qu'Élie mais avec mon téléphone. Je complète la liste déjà créée et à la fin, nous nous retrouvons avec environ une dizaine de personnes qui ont répondu sur 50 appelés.

Je délaisse mes amis pour retrouver Nova qui doit trainer dans les parages. Je la trouve assise devant une fenêtre, en train de scruter la rue à travers les rideaux. Je dépose ma main sur son épaule délicatement mais elle se dégage d'un geste machinal; elle n'est vraiment pas sociale mais on s'habitue à force.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande-t-elle.

- On a finit ce que tu nous a demandé et on a eu peu de réponses.

- T'as les noms des gens qui ont répondu ?

- Oui, on a Vincent, Thibault, Marie, Agathe et Hugo qui se trouvent au même endr..

- Agathe et Hugo ? Ils sont où ? me coupe-t-elle.

- Ils étaient allés ensemble à un camp de réfugiés mais les barrières n'ont pas tenu, il y avait trop de rôdeurs. Ils ont quitté la ville depuis plusieurs heures, ils fuient dans la forêt.

- Ils ont des vivres ? De l'eau ? Ils sont blessés ?

- Je n'en sais rien, j'étais en appel avec eux quand j'ai entendu des coups de feu et tout d'un coup ça a raccroché.

- Bordel, fais chier ! dit-elle en frappant contre le mur. Il faut qu'on..

C'est à ce moment là que débarque Élie, qui hurle que Nicolas ne respire plus.