Salut !

Bon alors je me lance dans mon 1er projet d'écriture. Dans cet AU de GOT, Myrcella se retrouve promise à Robb et doit rester à Winterfell. Je vais essayer d'imaginer ses propres péripéties alors que Westeros se trouve plongé dans la guerre civile. Tout sera donc uniquement du point de vue de Myrcella.

Je vous laisse donc à la lecture ^^


L'ensemble de la cour était en deuil suite au décès de Jon Arryn, la main du roi. Lady Arryn et son fils Robert avaient quitté le Donjon Rouge alors que leur époux et père n'avait pas fini de recevoir les rites mortuaires. Cette fuite la laissa songeuse. Pourquoi fuir le palais si précipitamment ? Elle savait que si son père, le roi Robert, venait à mourir, elle s'accrocherait à lui et serait incapable de retenir ses larmes. L'ambiance morose du palais qui régnait depuis empoisonnait également son humeur et Myrcella ressentait plus que jamais l'enfermement qu'elle subissait au Donjon Rouge. C'est donc avec une joie immense qu'elle accueillait ce voyage pour le Nord.

Ces dernières années, la princesse avait développé une obsession pour les voyages. Elle n'espérait pas quitter Westeros ni même se rendre à Lancehélion ou sur le Mur, sa situation lui interdisait rigoureusement de quitter Port-Réal. Malgré cela, elle avait tenté de négocier pour se rendre à Peyredragon où se trouvait sa cousine Shôren ou à Accalmie, le domaine de son oncle Renly. Prise d'un élan de bravoure, elle avait même écrit elle-même un message à son grand père, Tywin Lannister, pour qu'il l'autorise à visiter Castral-Roc et Port Lannis d'où sa mère était originaire. Malheureusement, cette dernière fut mise au courant par le patriarche de la famille Lannister et Myrcella eut droit à une leçon sur le fait qu'elle était une princesse et que les princesses ne quittaient pas le foyer mis à part pour se marier. Myrcella abandonna l'idée et parvenait mal à cacher sa contrariété. Sa seule consolation résidait dans les livres. Elle aimait s'imaginer aventurière ou exploratrice explorant les contrées lointaines d'Essos ou simple troubadour, colportant en chanson ses histoires dans tout le pays.

Son amour pour les livres lui avait été inculqué par le plus jeune frère de sa mère. Alors qu'elle savait tout juste écrire, oncle Tyrion lui avait offert un carnet vierge. Elle s'en servit principalement d'outil pour s'entraîner à la calligraphie et y notait parfois quelques phrases ou citations qui la marquaient. Elle se prit également de passion pour la chanson et se mit à écrire des vers dans ses carnets suivants. Elle demanda à son père des cours de musique et à 8 ans, la princesse reçut son propre luth avec un précepteur attitré. Ainsi, dès ses 9 ans, Myrcella commençait à écrire des poèmes qu'elle chantait à son petit frère. Elle apprit aussi à jouer de la flûte pour son plaisir. Après tout, elle restait dans ses quartiers au palais et ne dérangeait personne. Parfois même sa mère venait l'écouter en admirant sa voix de rossignol avant de lui rappeler d'en profiter tant qu'elle n'était encore qu'une enfant.

Un jour, elle épouserait un puissant seigneur ou un prince pour assurer à sa famille de bonnes alliances et lui donnerait des enfants à son tour. Intelligents, braves et nobles qui serviraient à leur tour les intérêts de des familles Barathéon et Lannister. Cette époque marquerait la fin de ses loisirs inutiles comme la musique, la lecture et l'écriture vu qu'elle devrait se consacrer totalement à son époux. Elle espérait juste que son futur époux l'accepterait telle qu'elle était et serait tolérant à son égard pour qu'elle puisse continuer à faire ce qu'elle aimait. Elle ne voulait pas diriger. Elle le ferait si nécessaire, Cersei s'assurait qu'elle reçoive la meilleure des éducations qu'une future lady puisse avoir, mais Myrcella était bien différente de sa mère. Jamais elle n'oserait défier son époux face à son conseil en entier et elle ne chercherait certainement pas à s'opposer sans arrêt à lui. Elle lui ferait part de ses opinions bien évidemment, mais à l'abri des regards, dans leur intimité.

Elle savait que le conseil entamerait bientôt les débats sur son mariage. Elle n'avait pas encore saigné mais la couronne avait besoin d'alliances. Peut être qu'elle épouserait un noble chevalier comme Loras Tyrell de Hautjardin. Une telle alliance était parfaitement possible. La maison Tyrell faisait partie des plus puissantes de Westeros et possédait sans aucun doute les terres les plus fertiles du continent. De plus, leurs relations n'étaient pas vraiment au beau fixe vu qu'ils avaient pris le parti du roi Targaryen pendant la révolte. Ce mariage rapprocherait les familles Barathéon et Tyrell qui pourraient peut-être mettre les vieilles rancœurs de côté. D'autres fois, elle s'imaginait épouser un de ses cousins éloignés Lannister de Castral Roc comme Lancel pour préserver l'union entre les deux maisons. Mais d'autres fois, dans ses rêves, elle s'imaginait épouser un prince de Dorne ou un noble du Nord aux cultures si différentes des autres grandes régions. Peut être même qu'elle partirait pour une des cités libres d'Essos afin de favoriser les échanges commerciaux entre les deux continents. Des rumeurs circulaient racontant que le seigneur Arryn voulait arranger des alliances entre le Nord, le Val, dont il était le seigneur, et leur famille en mariant Myrcella à son fils et Joffrey à une des filles Stark. Le jeune Robert Arryn vivait avec eux à Port-Réal mais Myrcella se voyait mal l'épouser. Il n'était qu'un enfant encore accroché au sein de sa mère, littéralement. Cersei ne manquait pas d'en faire la remarque à lady Arryn mais cette dernière adorait son fils et ne le lâchait pas d'une semelle. Serait-elle aussi protectrice de ses enfants quand elle serait mère ? La princesse avait encore du mal à se projeter dans cet avenir. Heureusement pour elle, le décès du seigneur du Val sembla avoir enterré ses projets.

Quelques jours après la mort de Jon Arryn, leur père leur annonça qu'ils partaient tous pour Winterfell. Sa mère était indignée. Pour elle, les nordiens n'étaient rien d'autres que des sauvages et même si elle disait respecter les Stark, Myrcella savait qu'elle les détestait. Elle ne comptait plus le nombre de fois où sa mère lui avait expliqué que les lions et les loups ne pouvaient pas cohabiter ensemble. Elle avait osé répondre une fois qu'elle n'était pas une lionne mais une biche et que les Barathéon s'étaient toujours bien entendus avec les Stark. La réaction de sa mère ne s'était pas faite attendre. Elle avait abandonné son ouvrage et s'était levée avec un regard furieux en la fixant droit dans les yeux. Tu es ma fille, le sang des Lannister coule dans tes veines autant que celui des Barathéon. Tous nos voisins sont des ennemis. Ecoute les Pluies de Castamere pour savoir comment les lions défendent ce qui leur appartient. Les Stark ont toujours envié nos provinces riches ou fertiles depuis leur pauvre pays. Ne te méprends pas, si tu ne t'y attends pas, ils te dévoreront comme la pauvre petite biche que tu crois être. Sur ce, elle avait rangé son travail et l'avait abandonné. Ce fut l'une des rares fois où Myrcella vit sa mère autant contrariée par sa faute. La fillette de 8 ans qu'elle était alors s'en était voulue et s'était excusée le soir même pour son attitude. Sa mère l'avait immédiatement pardonnée et l'avait prise dans une étreinte maternelle qui la réconfortait toujours.

Face à la colère de sa mère, elle afficha un air neutre pour ne pas jeter d'huile sur le feu. Une princesse savait rester discrète lorsque la situation l'exigeait. Mais secrètement elle jubilait. Elle allait enfin voir ce qui se trouvait derrière les murs de la capitale. Elle voulait voir les campagnes, les châteaux, les rivières. Tout ce qu'elle connaissait du monde extérieur se limitait aux remparts de Port-Réal et aux gravures et croquis dans des livres. Elle voulait voir le vert de l'herbe, le gris pâle du ciel du Nord, le vert, le brun et le gris des montagnes du Val. Elle voulait voir le mélange subtil et intense des couleurs hors de l'artifice de la capitale. Elle allait enfin savourer le monde tel qu'il était réellement.

Le voyage ne fut qu'une succession d'émerveillements pour la princesse. Quand le convoi s'avançait, elle ne lâchait pas ses yeux de l'extérieur alors que Tommen restait dans les bras de leur mère. Cependant, pour s'occuper, il venait parfois la rejoindre près de la fenêtre d'où ils observaient les nuages ou les paysages. Oncle Jaime venait souvent à leur niveau pour les rappeler de fermer la litière pour ne pas salir leurs tenues. La princesse cédait à chaque fois avec regret. Cependant, dès que le roi décidait de marquer une pause, Myrcella descendait toujours en premier. Elle se délectait de la sensation que lui offraient la terre et les cailloux sous ses chaussures si différente des pavés lisses et baignés de soleil de Port-Réal. Elle se laissait imprégner par les diverses odeurs nouvelles et plus ou moins agréables qui lui chatouillaient les narines. Ses yeux ne se lassaient pas du spectacle incessant que la nature lui offrait. Alors que son père partait chasser avec Joffrey, sa mère ne sortait que rarement de la litière d'où elle prenait le thé avec ses dames de compagnie. La princesse, quand à elle, préférait s'aventurer dans les prés et les champs alentours, cherchant à caresser les animaux domestiques qui paissaient ou fabriquant des bouquets qu'elle offrait à ses proches et ses servantes. Lors du 4e jour de voyage, elle s'était aventurée dans un champ recouvert de boutons d'or et en avait cueilli toute une brassée. Une fois le cortège reparti, elle avait cherché à en décorer la magnifique chevelure d'or de sa mère. Il fut difficile de la convaincre au départ mais elle avait fini par céder. La mère et la fille se tressèrent les cheveux en y incluant les petites fleurs jaunes. Au final, les suivantes et Tommen se prirent au jeu. Lorsque le cortège marqua une nouvelle escale, les jeunes femmes et les dames sortirent avec leurs boutons d'or entremêlés dans leurs coiffures. Oncle Jaime s'extasia devant la beauté des deux plus belles femmes de Westeros. Oncle Tyrion déclara que si elle n'était pas sa nièce, il la demanderait en mariage. Myrcella rosit de plaisir aux compliments de ses oncles.

Ce voyage se révéla comme une découverte sans fin pour la princesse. Elle se décida à collecter le plus de plantes possibles pour les garder avec elle quand elle rentrerait au palais comme souvenir. Oncle Tyrion lui passa un épais livre sur les maisons nobles de Westeros et lui expliqua qu'il lui suffisait de placer des plantes entre chaque page pour les faire sécher. Elle pourrait ensuite créer son propre herbier. Ravie par l'idée, elle poursuivit sa collecte avec encore plus d'enthousiasme qu'avant si c'était possible. Rapidement, sa collection s'étoffa de nouvelles fleurs, feuilles et herbes. Quand sa mère la voyait ranger ses échantillons, elle arborait cet air sévère qui montrait sa désapprobation. Cependant, ne recevant pas d'interdiction de vive voix, la princesse continuait sa quête sans se lasser.

Au fur et à mesure que les jours passaient, Myrcella se rendit compte du climat plus rude qui l'attendrait vers le nord. Les vêtements de soie laissèrent place à des tenues plus chaudes en laine. Une fois dans les marais du Neck, la princesse sortit ses premières fourrures des malles pour se protéger du froid qui pénétrait à l'intérieur. Le territoire auparavant coloré et plein de vie devint plus gris, rude, froid. A Port-Réal, les gens parlaient du Nord comme d'une terre abandonnée, froide et infertile. Myrcella comprenait dorénavant pourquoi. Malgré cela, elle appréciait cet air sauvage, indompté et simple qui ce dégageait de ces landes arides et grises.

Finalement, après un mois de voyage, les murailles de Winterfell finirent par se dresser devant le cortège. Sa mère, comprenant que l'arrivée était pour bientôt boucla toutes les ouvertures. Myrcella commença à s'agiter sur son siège. Elle redoutait de voir à quoi ressemblait la famille Stark. Elle avait pensé que les Nordiens étaient des sauvages barbus qui s'habillaient de fourrure. Or, en croisant des villageois, elle n'avait pas remarqué de grande différences par rapport aux classes modestes de la capitale. Bien sur, ils portaient des vêtements de laine plus chauds que ceux en lin ou avaient un accent qui leur était propre mais ils ne ressemblaient pas à des monstres barbus comme elle le redoutait. Sa mère lui attrapa sa main et par une simple pression, la ramena dans le présent. Tommen était venu se réfugier dans les bras de sa mère, le pauvre était encore plus apeuré qu'elle. Myrcella n'allait pas se blottir contre sa mère, elle était une princesse quand même ! Cependant, elle serra la main de sa mère en retour, reconnaissante du réconfort qu'elle lui donnait.

Après un moment qui parut durer une éternité pour la princesse, ils s'arrêtèrent. Le laquais vint leur ouvrir. Les servantes furent les premières à sortir. Oncle Jaime retira son heaume, descendit de sa monture et leur tendit galamment sa main pour les aider à descendre. Quand vint son tour, Myrcella l'accepta avec grâce et descendit avec précaution, veillant à ne pas trébucher avec sa robe et son manteau de fourrure. Une fois au sol, elle rejoignit son petit frère alors que sa mère vint à ses côtés.

Myrcella examina l'avant du cortège. Juste derrière les porte bannières des Barathéon et des Lannister, Geoffrey se tenait noblement sur son cheval, adressant de faux sourires charmeurs à une jeune fille qu'elle devina être une enfant du seigneur Stark. Sir Sandor Clegane se tenait derrière lui, tel une ombre. Elle tourna alors son attention vers les personnes venues les saluer. En première ligne se trouvait sans aucun doute les fameux Stark avec les différents membres de leur famille et de leur cour derrière eux. Son père se tenait déjà devant l'homme qui devait être le lord de Winterfell. Ce dernier ressemblait aux descriptions que son père lui avait faites. Il était bien bâti et elle ne doutait pas qu'il devait être un combattant aussi redoutable que son père. Du fait qu'il soit agenouillé devant son roi, elle ne pouvait pas clairement l'observer amis elle remarqua qu'il portait une barbe et que ses cheveux devaient descendre jusqu'au cou. Peut être que les Nordiens les laissaient pousser pour se protéger du froid. Elle même le sentait malgré sa robe et son manteau. Le roi l'invita à se relever, ce dernier leur obéit et toute la cour des Stark suivit. Alors que le seigneur du Nord le saluait, Myrcella vit son père l'étudier.

- Tu as grossi.

La princesse retint un grognement amusé. Elle ne put cependant réprimer le sursaut des épaules qui lui valut un regard de reproche de sa mère. Lord Stark lança un regard amusé et interrogateur à son roi alors que toute la cour semblait attendre dans un silence tendu la réponse du gouverneur du Nord. Finalement, les deux hommes se mirent à rire de bon cœur en s'enlaçant comme de bons vieux amis. Elle laissa échapper un soupir de soulagement alors que l'atmosphère devint rapidement plus détendue.

Elle suivit des yeux son père saluer les membres de la famille Stark. A la gauche du chef de famille devait se trouver lady Stark. La princesse se rappelle qu'il s'agissait d'une des filles Tully et donc de la grande sœur de Lysa Arryn. Il était évident que toutes deux étaient de la même famille. Elles partageaient la même chevelure aubrune et leurs traits de visage se ressemblaient beaucoup. Cependant, Catelyn Stark avait un visage beaucoup plus doux et joli que sa sœur et ne possédait pas cet air pincé ni ce regard fou qui donnait à chaque fois des frissons à la princesse lorsqu'elle croisait lady Arryn au Donjon Rouge. Aux côtés de la Dame de Winterfell se tenait un enfant, plus jeune encore que Tommen. Tout comme son frère, il s'accrochait à la robe de sa mère comme pour se rassurer tout en observant discrètement les chevaliers du cortège. Il semblait tenir plus de son père que de sa mère avec ses cheveux sombres déjà ébouriffées. Son attention se porta ensuite sur le jeune homme qui se tenait à la droite de lord Stark. Elle le trouva remarquablement séduisant avec ses boucles aubrunes parfaitement coupées et ce visage élégant, encore plus que lady Stark. Elle sentit ses joues rosir et se dépêcha de dévier son regard avant que ses servantes ne remarquent son attitude peu convenable pour une princesse. Myrcella sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine et ses joues chauffer. Discrètement, elle prit une inspiration et se décida à ne pas croiser son regard. A la droite de l'aîné des Starks se trouvaient ses deux sœurs. Alors que la plus grande ressemblait fortement à sa mère et qu'elle se tenait droite et digne comme une dame, sa cadette semblait plus sauvage et ennuyée d'être venue ici. Physiquement, l'aînée était une Tully toute crachée. Pas aussi belle que la reine sans aucun doute mais Myrcella ne doutait pas qu'elle figurerait un jour parmi les beautés de Westeros. La cadette au contraire n'avait aucune des caractéristiques de sa mère ou se sa sœur. Elle était plus petite et trapue que son aînée. Malheureusement pour Myrcella, la jeune fille dut sentir son regard et se mit à la fixer avec un air de défi. La princesse se dépêcha de détourner le regard. Cette fille semblait prête à lui bondir dessus comme une jeune louve en colère. Enfin un autre des frères Stark fermait la ligne. Plus jeune qu'elle mais plus âgé que son frère, il observait oncle Jaime avec admiration. C'était vrai que son oncle était particulièrement beau avec son armure de la garde royale et qu'il était aussi un des chevaliers les plus réputés du royaume. Beaucoup de jeunes hommes l'admiraient pour ses exploits.

Sa mère s'avança vers le seigneur du Nord qui la salua d'un baisemain. La princesse restait en retrait, attendant que ses parents les présentent elle et ses frères. Mais alors qu'elle pensait que son père allait les introduire, il demanda à se retirer dans la crypte. Sa mère le lui reprocha mais il ne l'écouta pas. Myrcella se demandait quel était le lien avec la crypte, les morts et son père. Puis elle se rappela de Lyanna, son amour perdu. A chaque fois que le roi Robert leur racontait l'histoire de la rébellion, ses yeux s'allumaient de rage à l'évocation de l'enlèvement de sa promise par le prince des Targaryen et comment tout avait ensuite escaladé pour finir en révolte contre le roi fou. Apparemment ce fut Eddard Stark qui trouva le corps sans vie de la belle Lyanna. Son père épousa alors sa mère pour remercier les Lannister de l'aide décisive qu'ils avaient apporté dans la révolte. Elle se demandait souvent si c'était la raison pur laquelle il n'était jamais proche de ses enfants. Si leur mère s'appelait Lyanna et non Cersei, leur aurait-il montré plus d'affection ? Était-ce sa mort qui avait transformé ce guerrier redoutable qui avait vaincu le prince Rhaegar Targaryen en ce qu'il était devenu aujourd'hui ? Myrcella lui en avait toujours voulu. Pour elle, Lyanna lui avait pris son père même si en théorie ni elle ni ses frères ne seraient nés. Maintenant, elle accaparait toute son attention alors qu'il négligeait ouvertement sa famille bien vivante à la vue de toute une ville. La princesse sentit malgré elle ses poings se serrer dans ses manches et une boule lui nouer la gorge devant l'affront.

Finalement ce fut Cersei qui leur indiqua d'avancer à elle et ses frères. Myrcella obéit et se plaça entre Joffrey et Tommen. Quand sa mère la présenta, elle adressa une révérence qu'elle espérait gracieuse et digne d'une princesse à la famille Stark. Elle se sentir rougir devinant tous les regards posés sur elle. Contrairement à sa mère ou Joffrey, elle se sentait mal à l'aise lorsqu'on lui portait de l'attention. Elle était généralement peu remarquée à la cour sauf lors des grands événements et ces fêtes la mettaient toujours profondément mal à l'aise. Généralement, cela ne durait jamais longtemps, elle n'était qu'une princesse et encore une enfant. Cependant sa mère l'avait prévenue que d'ici quelques années, les jeunes nobles allaient tenter de lui tourner autour car elle était la plus belle des princesses et deviendrait alors la beauté la plus convoitée du continent. Lady Catelyn présenta ensuite chacun de ses enfants qui effectuèrent une révérence à l'entente de leur nom par la matriarche.

Après les introductions, les domestiques furent conduits vers les quartiers où résideraient les invités pendant la semaine. Les enfants devaient reprendre leurs leçons. Myrcella suivit donc lady Sansa et Arya dans un atelier de broderie alors que Joffrey et Tommen partirent avec le maître d'armes de Winterfell et les autres garçons. Elle fut surprise de voir deux autres jeunes hommes suivre ses frères et les Stark.

- Lady Sansa ? demanda-t-elle.

La jeune rousse se tourna vers sa compagne.

- Qui étaient les deux jeunes hommes qui accompagnaient vos frères ?

Se rendant compte que sa curiosité était déplacée, elle se dépêcha de s'excuser.

- Je suis désolée, je n'aurais pas dû en parler.

- Ce n'est rien princesse, se rassura Sansa. Il s'agit de Theon Greyjoy, le pupille de papa et de Jon Snow, notre demi-frère.

Myrcella remarqua que lady Sansa dit le nom de la 2e personne avec une once de mépris. Elle n'appréciait pas vraiment son demi-frère apparemment.

- Snow ?

La septa des deux sœurs du Nord intervint.

- Lorsqu'un enfant n'est pas légitimé, on le nomme Snow. Je crois que dans votre région on les nomme Waters.

Comprenant que ce jeune homme aux cheveux noirs était un enfant illégitime de lord Stark, elle n'insista pas d'avantage. A Port-Réal, les commérages allaient bon train sur les nombreux bâtards de son père mais jamais aucun n'avait été présenté au palais. Sa mère pouvait supporter bien des humiliations mais elle n'aurait jamais toléré que ses enfants légitimes partagent le même toit qu'un de ces bâtards. Ici Jon Snow semblait bénéficier d'une éducation digne d'un lord et accompagnait les frères Stark. Peut être que dans le Nord, ces enfants bénéficiaient d'un meilleur traitement que dans les autres royaumes. Les rumeurs racontaient qu'en Dorne, les bâtards étaient considérés comme des membres de la famille à part entière. Peut être que c'était la même chose ici dans le Nord. Non, lady Caleyn ne l'avait pas présenté avec ses enfants donc il n'était pas considéré comme un Stark à part entière. Peut être qu'il avait un statut particulier ? Elle chercherait dans un livre ou demanderait à oncle Tyrion plus tard.

La septa les conduisit dans une petite salle où trois jeunes filles étaient déjà présentes. Lya et Ana Umber étaient deux jumelles de l'âge de Sansa se ressemblant comme deux gouttes d'eau. Toutes deux se levèrent avec une parfaite synchronisation pour saluer la princesse de Port-Réal qu'elle était. La troisième fille, Wylla Manderly, les salua avec autant de respect. Myrcella ne put s'empêcher de tiquer face à l'apparence exotique de cette dernière. En effet lady Manderly avait les cheveux teints en vert criard et noués négligemment en une simple tresse large et en supplément de ses bijoux de métal et de pierres, elle en portait en corail. Si elle s'était mise à porter une queue de poisson à la place de jupes, elle l'aurait sans aucun doute prise pour une sirène

- Bon maintenant, on va reprendre notre leçon de broderie les filles. Princesse avez-vous un travail commencé ou doit-on vous fournir un mouchoir ?

Myrcella accepta le mouchoir que lui offrit la septa et se mit au travail en compagnie des autres. Elle remarqua que lady Arya n'était pas très concentrée sur son œuvre à tel point que lady Mordane lui reprochait sans arrêt ses points trop grossiers et approximatifs. Ana Umber demanda à Myrcella comment on faisait pour tenir lors d'un voyage aussi long et la princesse lui répondit avec politesse. Progressivement, la conversation s'engagea entre les jeunes nobles. Seule Arya restait silencieuse, agressant son mouchoir et ricanant de dédain quand ses compagnes se mirent à parler d'étoffes et de mode. Soudain deux loups entrèrent dans la salle. Myrcella s'accrocha nerveusement à sa chaise résistant à l'envie de s'enfuir quand elle vit qu'aucune de ses voisines ne semblait s'en inquiéter.

- Arya, Sansa ! Je vous avais dit de les enfermer ! Sortez-les-moi de là !

Les deux sœurs se levèrent pour prendre les deux loups avec elles. Quels compagnons ils faisaient ! Les deux loups ressemblaient à des louveteaux mais leur taille dépassait déjà celle d'un mouton ou d'un veau. Elle se rappela alors que les loups-garous étaient l'emblème de la maison des Stark. Cependant il s'agissait d'animaux sauvages et indomptables qui vivaient au-delà du Mur. Peut être qu'en les achetant bébés, les filles pouvaient parvenir à les dresser. Dans quelques années, elles seraient alors accompagnées de loups géants à leurs côtés. Ce n'était certes pas aussi impressionnant que les dragons légendaires des anciens Targaryen mais ces bêtes montreraient bien la puissance de cette famille aux yeux des autres cours. Jamais les Lannister n'ont eu de lions à leurs côtés et les Barathéon adoptaient rarement des cerfs, préférant les chasser. A la pensée du cerf des Barathéon, un vieux souvenir remonta à la surface. Oncle Renly avait offert à Tommen un petit faon qu'il avait immédiatement adopté et nommé Prince. Ce dernier gambadait dans les jardins du Donjon Rouge au plus grand plaisir du petit prince et de sa sœur et au plus grand dam des jardiniers. Hélas, Joffrey chassa l'animal pour s'en faire un justaucorps. Son petit frère en fut à jamais traumatisé et ni elle ni son frère n'osèrent plus recueillir d'animal vivant de peur de le voir un jour dans leurs assiettes ou en vêtement sur leur aîné.

Les deux loups-garous suivirent docilement leurs maîtresses hors de la pièce et Myrcella se remit à sa broderie. Cependant, en l'absence des deux filles Stark, les trois autres nobles n'osèrent poursuivre la conversation. Myrcella de son côté ne savait pas vraiment comment briser la glace et le groupe poursuivit sa broderie dans un silence assez gêné.

Après quelques temps, seule Sansa revint. Lorsque la septa en fit la remarque, Sansa se contenta d'hausser les épaules. La septa ne s'en formalisa pas d'avantage à la surprise de Myrcella. Septa Aurélia aurait ratissé tout le Donjon Rouge si elle avait osé s'absenter un seul instant à ses leçons. Ce fut Sansa qui relança un brin de conversation entre les filles. Sansa lui parla de sa passion pour la couture et le dessin et Myrcella lui confia son goût pour la lecture et la chanson. Sansa leur raconta également comment leur père et ses frères avaient trouvées cette portée de loups-garous dont la mère venait de mourir et don chacun de ses frères et sœurs avaient recueilli un petit. Lorsque la leçon fut terminée et que les servantes vinrent chercher Myrcella pour l'escorter jusqu'à sa chambre, la princesse avait déjà accepté d'essayer certaines robes que Sansa avait créées et de lui montrer quelques poèmes qu'elle avait écrit à Port-Réal le lendemain. Peut être qu'elle pourrait lui demander d'approcher Lady, sa louve, mais pas avant d'être certaine de ne pas mourir de peur face à l'animal.


Voila donc pour ce premier chapitre. J'accepte toutes les remarques tant et si peu qu'elles soient constructives. Si quelqu'un veut aussi se porter volontaire pour relire mon travail, je suis totalement pour. Je ne suis pas parfaite et je sais qu'il doit y avoir des fautes malgré mon attention et le correcteur d'orthographe.