Disclaimer : Les persos de HP ne sont pas à moi, sans blague ! ATTENTION ! SPOIL tome 7 !
Genre : SPOILER + Romance
Hebichu.
Y' a-t-il un âge pour goûter au bonheur ?
1
Il fait sombre, la lune est haute dans le ciel, faisant surgir des ombres spectrales à chaque recoin de l'école. Le silence et le soufflement inflexible du vent, dans les couloirs vides, chantant une mélopée rugissante, surlignent cette nuit anémique. L'année vient de se terminer, comme beaucoup d'autres… ainsi va le cycle scolaire. Son regard noir scrute sa salle de classe et l'image de Harry qui récure son chaudron vient de disparaître, après s'être estompée de secondes en secondes. Il est seul dans ce grand établissement… Ils sont en vacances, quels petits chanceux ! Alors que lui… lui… il n'a nul part où aller. Pas de famille, pas de véritables amis.
Il est seul. Un solitaire défraîchit par sa propre aigreur. Une aigreur passée, dépassée, mais qui imprègne son cœur et son âme, encore aujourd'hui. Sa chevelure noire vole au vent, alors qu'il referme la porte de sa salle de classe, après avoir laissé vagabonder sur les pupitres, son regard de nuit. L'homme fait tourner les clefs dans la serrure et se met en marche, emmenant avec lui plusieurs fioles et quelques parchemins. Il doit se trouver quelque chose pour passer le temps… et rien de mieux que de faire un de ces sorts, dont il ne se servira sûrement jamais, mais qui le tiendra éveillé et actif pendant deux ou trois jours, puis, qui demandera une attention particulière pendant quelques semaines. Il verrait le temps défiler plus rapidement en s'activant à quelque chose ! Son pas est lent, quelque peu brisé, comme il l'est de l'intérieur. Il ne le montre pourtant pas, mais en cette nuit abandonnée, il ne craint rien à laisser sa vieille carcasse se montrer comme elle devrait l'être… Il monte un étage, passant devant les tableaux animés qui le regardent avec étonnement, puis il s'engouffre dans le couloir qui l'amène à sa chambre. Le petit brun soupire ouvrant la porte, il dépose ses affaires sur une table défraîchie, puis s'installe sur un fauteuil de cuir noir qui grince sous son poids.
Il semble mort, ou presque, son teint pâle et énigmatique qui prend des rides béantes sous la flamme de ses bougies, se déforme d'une douleur dont seul son cœur est témoin. Il regarde un vieux grimoire, et seul ses yeux qui courent sur les pages de son livre ont quelque chose de vivants. C'est un zombie… ou presque, qui s'est arrêté de vivre ce jour maudit où…
Sa main tourne une page, et encore une, un autre soupire éclot de ses lèvres fanées, comme si la bête était fatiguée de vivre… Il les avait presque tous faits. Depuis combien de temps enseignait-il ? Vingt ans ? Plus encore ? Combien de vacances avait-il mis à profit à ce passe-temps ? Des tonnes… de jours et de nuits, à faire et refaire des potions, seul, dans son petit cabinet. Dommage qu'il n'ait pas pu garder Harry en colle pendant toutes les vacances ! Il ne le détestait pas, bien au contraire, mais pour Severus, marquer son attachement revenait à demander à un Détraqueur de danser du smurf.
Tient ! Son regard d'outre tombe pétilla quelque secondes. Un élixir de jeunesse ! Il n'avait jamais essayé ! Oh, et puis zut ! Le voilà en train de réunir ses ingrédients. Le sort est compliqué, surtout sa préparation. Il allait avoir de quoi s'occuper ! Une, deux, trois heures défilèrent. L'homme déjà d'un certain âge se voûte sur son livre et laisse tomber une pincée de racines noirâtres dans le chaudron, les yeux scotchés sur les lignes manuscrites. Plic, ploc, le temps passe, et une amertume remplie la pièce, le bouillon bouillait, le charbon braisait, le chaudron chauffait, et… Severus s'ennuyait ferme ! En plus, il allait en faire quoi de son truc ? Il ferme le livre d'un coup de coude rageur et sort de sa salle personnelle, laissant la potion cuire à feu vif pendant les quatre heures prescrites. Sa cape vole au vent, et dans un tour majestueux digne des plus grands films vampiriques, il disparaît dans la nuit noire après un bruit de cape qui se rabat.
Mac Gonagal ferme sa valise, elle, au moins, elle a une vie en dehors de Poudlard, pas comme un certain gnome amateur de potions. Elle la fait voleter derrière elle, fermant sa porte à clef, puis elle descend la galerie accordée au corps professoral. Un relent étrange se disperse dans le couloir, son nez se retrousse. Cette odeur… comme une potion qui est en train de brûler… La femme se stoppe dans le corridor, et après avoir frappé à la porte du schtroumpf grognon, elle pénètre son antre stérile et froid. Elle ne remarque rien, à part un bric à braque de fioles, de chaudrons et de parchemins, un lit qui ne doit lui servir que rarement, et rien d'autre… Son regard se rétrécit. Alors voilà la vie de Snape ? Elle ne s'imaginait pas qu'elle puisse être aussi vide. Bon, tout le monde savait qu'il était un des plus grands solitaires au monde, mais de là à trouver une pièce si vide et si triste. Elle aurait bien pitié de lui ! Son pied foule le dallage froid et grisonnant, sa main gantée attrape le grimoire gisant sur la table en bois qui a dû connaître plusieurs attaques de termites. Son doigt passe dessus l'ouvrant à la dernière page utilisée.
Oh… voyez-vous donc ? Snape avait des envies de jeunesse ? Voulait-il re-goûter aux joies des jeunes filles en fleurs ? Des dos qui ne se coincent jamais ? Des quelques centimètres que sa voûte dorsale lui avait ôtés ? Ou bien y avait-il quelques significations cachées, que seul le professeur chauve-souris connaissait. En dix ans de carrière à Poudlard, elle n'avait jamais réussi à lui faire dire plus de cinq mots sur son passé.
Elle fait un sourire à faire froid dans le dos, rajoutant quelques petites choses dans le chaudron, puis elle attrape un verre et le rempli de sa mixture tandis que son regard se pose sur la seule photo de la pièce. Une photo de Malfoy senior et de Snape. Lucius devait avoir l'âge de Drago en ces jours : Seize ou dix-sept ans… Son sourire se fait charmant. Elle avait toujours su que le blond était d'une singulière beauté, mais le voir si jeune… elle n'aurait jamais cru qu'il le fut, à ce point, encore plus ! Peut-être était-il un peu moins imbu de sa personne sur cette photo jaunie par le temps ? Elle remarque le bleu de son regard scintiller et son bras qui se pose, s'enroule, comme un serpent autour de Snape, contraste majeur avec ce visage aussi inexpressif qu'aujourd'hui. Son regard glisse ensuite sur le petit gnome brun à la gauche de Lucius Malfoy et ses yeux s'ouvrent en grand… Severus ? La photo tombe de ses mains et la femme quitte la pièce précipitamment laissant une lettre en évidence sur le bureau ainsi qu'un dernier sortilège pour les beaux yeux du brun.
Quatre heures plus tard… une petite créature passe par la fenêtre de la pièce. Elle s'accroche au bureau, la tête en bas poussant un petit cri strident. Elle étend ses ailes qui lentement deviennent de plus en plus longues, d'une texture gluante qui coule avec délicatesse vers le bas, touchant le sol, dégoulinant sur lui… De la sphère noire qui s'étire maintenant, deux mains blafardes s'extirpent, faisant voler une cape en velours noir autour d'elles, puis de leurs épaules. La chauve-souris est redevenue humaine, rien de tel qu'une petite balade au clair de lune pour se refaire une jeunesse !
Sa tête secoue sa chevelure ondulée et ébène, puis il se réinstalle à sa place, ses deux yeux noirs regardant le cadre à terre. Hum ? Comment était-il arrivé là ? Il se baisse, et il le ramasse frottant la vitre qui commence à devenir poussiéreuse et terne. Le cadre noir retrouve sa place d'origine, c'est-à-dire en plein milieu du monticule de parchemins. Un morceau de sa vie, de son passé, de ce jour où…
C'est alors que son regard se pose sur une lettre, il n'y avait pas pris garde avant. Qu'es-ce que ça pouvait être ? Qui avait pu la laisser là ? Hum ? Une de ces vieilles mains s'en saisit. La lettre porte un sceau qu'il ne reconnaît que trop facilement, pour l'avoir longtemps observé et connu… Le sceau des Malfoy… Se pourrait-il… Lucius ? Il la fixe d'un regard inquisiteur, puis il l'ouvre, n'y tenant plus, alors que sa conscience lui crie qu'il était fort peu probable que Lucius se soit déplacé, ou ait fait déplacé quelqu'un, pour si peu. Enfin, l'important n'était pas vraiment là ! Et si… c'était vrai, et si Lucius avait besoin de lui ? Ou… si il lui était arrivé malheur ? A moins que se ne soit que pour une demande de cours privés pour Drago… Lisant les quelques phrases, son regard se fait de plus en plus sombre. Il ne comprend rien. Il ne comprend rien du tout ! C'est quoi ce charabia ? Son esprit se noie sous les lettres qui s'animent lentement et qui se mettent à danser devant ses yeux. Un charme ? Il était tombé dans un piège ? Comment aurait-il pu s'en douter ? Comment ? En voyant ce mot… en voyant ce nom ! Sa main se lève délicatement dans les airs, puis retombe sur le verre en face de lui. Non ! Il ne faut pas ! Ne bois pas Severus, ne bois pas ! Le verre se glisse entre ses lèvres… et il boit, tandis qu'au fond de lui une voix explose de rage. Si jamais il était encore en vie après ça, il ferait payer le petit malin qui lui avait préparé ce tour de cochon !
