Disclaimer : L'univers d'Aventures appartient à Mahyar et les personnages à leurs créateurs soit à Fred et Seb du Grenier, Bob Lennon et Krayn.
Ndla : J'ai eu une brusque envie d'écrire sur Shin. De ce pauvre Shin qui a été pris entre deux feux à la fin de cette saison 2 pendant le déchaînement de Bob alors que Grunlek le protégeait. Du coup, je me suis dit que ce pauvre demi-élémentaire avec droit à son OS rien qu'à lui, comme Theo l'a eu avec Renaissance. Je ne sais encore si Bob et Grunlek vont aussi avoir leur OS, cela ne dépend que de Dame Inspiration.
Attention, comme le suggère ma petite note, cet OS spoil allègrement la saison 2. A ceux et celles qui ne l'ont pas vue, je vous conseille de rattraper votre retard avant. Ce serait dommage de tout se gâcher !
Bonne lecture !
Aventures
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Au détour de la rivière
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Les branches, au-dessous desquelles il passait, griffaient son visage. Les buissons, au-dessus desquelles il ne trouvait pas la force de sauter, éraflaient ses jambes à travers le tissu. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû rabattre sa capuche, arrachée par le vent, les arbres, cette pente vertigineuse.
Il était focalisé sur sa seule préoccupation : suivre la rivière.
Suivre la rivière pour ne pas se perdre. Fil d'Ariane insaisissable qui le raccrochait à la vie, à cette rage qui l'animait depuis si longtemps, qu'il aurait presque oubliée en voyageant avec eux.
L'onde liquide, autrefois sereine, se cabrait. Elle était à son image. Elle était une part d'elle après tout. A moins que ce ne soit lui qui fasse partie d'elle.
Elle charriait sa haine et son désir de vengeance comme lui l'avait fait toutes ces années durant. Comme il le faisait encore.
Il haïssait les Eglises, pire, les abhorrait, voilà que ce fichu paladin de la Lumière lui filait des angoisses infinies à ne pas réapparaître. Où était Theo ? Theo qui avait dû se réveiller au vacarme. Theo le premier sur un champ de bataille. Theo dont le courage se révélait être de l'inconscience. Theo qui donnait l'air d'être incapable de faillir, de ployer sous la difficulté. Jamais son épée n'avait trouvé adversaire assez puissant pour la briser.
Qu'était-ce qu'une petite pluie de météorites pour un homme qui avait connu la folie de la guerre ? Shin plaçait tous ses espoirs en cet homme bougon, il aurait voulu savoir en rire car avant ce jour, il n'aurait jamais mis toutes ses billes dans ce même panier. C'était un coup à se retrouver avec un bouclier dans l'abdomen. Aussi sain que de sauter d'une falaise en sachant qu'on y survivrait pas mais en croyant dur comme fer qu'il était possible de s'en sortir indemne.
Il était peut-être là-bas après tout, au cœur de cette bataille perdue pour tous, et Shin serait contraint de faire demi-tour.
Mais ses jambes... ses jambes refusaient d'obéir à son cerveau. Elles courraient loin, elles courraient vite, motivées par les horreurs qu'il avait vécues là-bas.
Il suivait la rivière. Son point de repère alors qu'il vivait l'effondrement de sa bulle. Ça ne datait pas d'aujourd'hui, cet affaissement d'un monde jusqu'à son extinction.
Il l'avait vécu une fois.
Deux fois.
Jamais deux sans trois, disait le stupide proverbe. Jamais ! Pas celui-là, pas eux. Sa bulle avait été menacée à la disparition de Theo, retrouvé sa rondeur à son retour, ce n'était pas pour qu'un autre de ses amis ne menace de le détruire une fois pour toute. Shin n'était pas sûr d'y survivre.
Pour le moment il fallait fuir. Fuir loin de cette apocalypse, fuir toujours plus loin de la menace, rester en vie en nourrissant l'espoir qu'on ne lui prendrait pas le peu d'amis qu'il avait réussi à se faire.
Courir loin.
Se rapprocher d'eux.
Ses longues allonges avalaient les mètres, les kilomètres. La forêt se mourrait autour de lui, silencieusement, lentement. Quand bien même elle était épargnée par le massacre derrière lui, elle tremblait d'effroi et de peur. Les arbres gémissaient, les rochers se décomposaient, les brins d'herbe se recroquevillaient sur eux-mêmes. Le monde autour de lui n'était plus que cri affligé, silencieux, appel muet, supplicié. Ce cri faisait écho à celui qui comprimait son cœur qu'il aurait voulu de glace. Cri rageur, cri de douleur, cri vengeur !
La rivière seule avait la force de poursuivre sa course immuable. Elle se mouvait telle une furie. Shin courrait comme un fou, comme s'il était poursuivi par un diable.
Pas un diable. Bob. Son ami.
Il l'avait vu s'envoler dans les airs, bras grands ouverts, embrassant complètement sa nature démoniaque en embrassant le ciel corrompu, contemplant son œuvre, dominant ciel et terre, hommes de toutes les races. Shin s'était d'abord jeté dans le puits, quelques minutes, pour ensuite filer avant qu'une de ces météorites ne le frappe. Depuis, Shin n'avait eu de cesse de courir.
Ses muscles lui hurlaient leur douleur, il y était sourd. Il devait trouver Theo. Trouver Theo avant qu'il ne voit Bob dans cet état. Trouver Theo pour qu'il arrange les choses parce qu'apparemment, dès qu'il n'était plus là, Bob partait en vrille. Soit il s'abîmait dans ses vices, comme cette fois où ils avaient cru que la montagne était devenue le tombeau de leur ami paladin, soit il laissait son démon s'exprimer.
La bouche de Shin était scellée par la peur. Non la peur que le démon de Bob le trouve, mais la peur viscérale que le silence le renvoie à sa solitude. Lui confirme qu'il était le seul être vivant restant dans cette forêt.
Il avait besoin de ses compagnons. Revenir à sa vie d'errance, ce temps où seul la vengeance et la rage de vivre le motivaient, n'était pas une option.
Après sa résurrection et la destruction de son ancienne vie, réduite en cendre, Shin avait eu la sensation que sa vie s'était transformée en chemin sinistre, barré de ronces. Il avait tenté de poursuivre son voyage, de supporter les écorchures des épines, d'avancer malgré ces lianes qui le retenaient. A chaque pas fait vers son futur, il s'était emmêlé un peu plus dans ces barbelés naturels, enfoncé dans ces aiguillons qu'il avait ignoré jusqu'à être forcé de voir la vérité en face. Il ne pouvait s'en défaire seul. A chaque obstacle, la fatigue de vivre s'était faite de plus en plus pesante, était devenu un fardeau sur ses épaules, son dos voûté par ses années passées à courber l'échine, à ramper, à disparaître pour sa propre conservation et sa propre survie.
Un leitmotiv chez lui. Vivre par tous les moyens.
Au fil du temps, les ronces s'étaient accrochées à lui, de plus en plus féroces. Sangsues végétales qui avaient pris la vie d'innombrables avant lui. Elles s'étaient régalées de son sang, il avait dégoûté de leurs épines rougeâtres. Combien de fois avait-il dû son sang verser pour survivre ? Combien de fois avait-il dû le sang d'autrui faire couler pour vivre un jour de plus ?
Et au moment où il en eut assez de lutter contre ce qui semblait de plus en plus être sa destinée, mourir une seconde et dernière fois, au moment où son corps presque exsangue décida de lâcher prise pour s'abandonner à cette emprise, une épée trancha les liens qui le retenaient à cette étreinte mortelle. De vigoureuses flammes réduisirent le reste de cette menace à l'état de cendre. Une force tranquille le soutint pour l'empêcher de choir, de s'étendre pour ne plus se relever.
Shin libéré, ces trois-là l'avaient poussé à avancer, encore et encore, dégageant la voie au fur et à mesure, s'embourbant parfois mais ils l'avaient aidé à se refaire une santé, à retrouver la force de continuer.
A présent, ils étaient quatre à se battre, cinq en comptant ce maudit clebs, à suivre ce chemin si pénible, si dangereux, conscients que les ronces pouvaient renaître de leurs cendres, s'attacher à leurs pas pour les ralentir, les immobiliser, ce qui était synonyme de mort, car les racines de ce mal ne pouvaient être arraché de terre.
Shin courrait alors, éperdu de reconnaissance pour ses amis, désespérément à leur recherche.
Il espérait les retrouver au détour de cette rivière.
Tomber nez à plastron avec l'autre inconscient, que sa lumière bienveillante, un oxymore quand on songeait au caractère du type, l'aide à éloigner les ombres de leur chemin. Que les flammes aguerries embrasent leurs obstacles, que cette force tranquille le soutienne.
Tant qu'il pouvait se mouvoir, rien n'était terminé pour eux.
Tant pis s'il était obligé de ramper, si on le mettait à terre, il aurait la force de se relever. Jusqu'à ce qu'il les ait retrouvés, leurs souvenirs lui suffiraient pour réitérer le miracle qu'ils avaient réalisé, la première fois.
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C'est terminé pour cet OS ! Quand je le relis, on dirait qu'il y a un soupçon de Shineo, mais c'était pas du tout mon objectif. Bon le friendship, ça existe, mettons cette impression sur le compte d'une très grande amitié. Voilà.
Merci à vous d'avoir lu. Laissez un petit mot, je serai ravie de vous lire !
Sur ce, bonne continuation à vous !
PS : le premier qui me parle de Pocahontas... Recevra un cookie. Parce que tout ce drama a bien failli finir par une touche d'humour, ce qui aurait été très mal venu. Alors je me suis un peu défouler, ni vu ni connu, sur le titre. Ne m'en veuillez pas.
