NOTES : Cette fiction est un petit AU en deux parties : une du point de vue de Dean, et une du point de vue de Castiel. Les deux parties se complètent, mais se lisent tout de même en commençant par celle-ci… J'espère que ça vous plaira.

Ça m'a demandé beaucoup d'heures de travail et c'est le premier AU que je publie, alors j'aimerais bien une petite review pour avoir votre avis…

Merci de me lire.

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Le Campus où étudiait Dean Winchester était véritablement immense. Ce midi, il aurait pu aller à la cafétéria du Nord, ou bien au bar Bio'z. Il aurait pu manger Chez Annie, au Fast Feeding ou simplement faire les fonds de placard de sa chambre étudiante.

Mais non, il fallut que ce midi-là, à cette heure-ci, il choisisse d'aller déjeuner au Shirley's.

Une des raisons pour lesquelles il n'allait jamais au Shirley's était qu'il s'agissait du restaurant le plus calme, le plus silencieux et le plus inintéressant du campus. Seuls les étudiants désireux de travailler y allaient et encore, même ceux-ci finissaient souvent par se rendre dans des lieux plus animés.

Toujours est-il qu'aujourd'hui Dean avait besoin de ce calme excessif, et que c'est la raison pour laquelle il poussa la porte du Shirley à douze heures presque tapantes.

Dans la petite salle, seule était assise une jeune femme penchée sur un classeur, dont le plat du jour refroidissait. Dean la dépassa pour s'assoir deux box plus loin, tentant au passage – en vain – de capter son regard. Après tout, être au calme ne signifiait pas forcément être seul. Il s'assit sur une banquette en Skye rouge, de manière à avoir dans son champ de vision l'arrière du crâne de la jeune femme, dont les cheveux blonds étaient retenus par une pince.

- Je vous sers ? fit une voix grave à sa gauche.

- Un plat du jour, s'il vous plait, répondit Dean sans lever les yeux. Avec une carafe d'eau.

Quelques instants plus tard, il entendit les pas du serveur s'éloigner. Vu la voix, se dit-il, ce doit sûrement être un de ces mecs qui ont raté leurs examens vingt-cinq fois et se retrouvent à bosser à mi-temps au campus pour ne pas se retrouver à la rue et payer leurs tatouages. Cette idée le fit sourire.

Devant lui, la jeune femme semblait repousser ses cours pour commencer à manger. Au bout d'un moment elle retira sa pince, visiblement agacée, et ses cheveux retombèrent en cascades sur ses épaules. Dean se renversa dans son siège, le sourire aux lèvres, pour apprécier le spectacle.

Il aimait les jolies femmes. Il aimait aussi les beaux mecs d'ailleurs, et fréquentait les deux autant que ses études lui permettaient. Car après tout, quelle meilleure période que les études pour passer librement du temps avec les gens ?

Une main déposa son assiette devant lui, le tirant de ses pensées, puis une deuxième posa une carafe en face de lui. Dean fut plus surpris par la main en elle-même que par le fait qu'elle soit entrée dans son champ de vision sans crier gare.

Car cette main – au demeurant masculine – était très fine, et parfaitement manucurée. Dean leva des yeux presque étonnés vers son propriétaire, avant de se redresser dans son fauteuil. Le serveur qui lui faisait face était loin de correspondre à l'image qu'il se faisait de lui. Outre son âge (à peu près celui de Dean), il n'avait aucun tatouage, et ses yeux bleus laissaient transparaitre un esprit vif. Il était brun, plutôt grand, et ses cheveux en bataille donnaient l'impression qu'il venait de s'envoyer en l'air.

Négligemment sexy… songea Dean, puisque c'était une technique qu'il utilisait lui-même. Mais quelque chose, dans l'attitude du jeune homme, indiquait que ça n'avait rien de prémédité.

- Voilà, fit le serveur de sa voix rauque en indiquant son assiette de la main avant de la laisser tomber mollement.

Dean eu un demi-sourire attendri devant la maladresse du jeune homme. Les yeux rivés dans ses prunelles bleues, il confirma avec amusement :

- Voilà.

Le serveur rougit, et il baissa très légèrement la tête.

- A… Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit, marmonna-t-il avant de pivoter sur ses talons et de repartir en direction des cuisines.

Dean s'avança un peu sur la banquette pour suivre le jeune homme des yeux.

- Je n'y manquerais pas… murmura-t-il avec un regard brillant de convoitise.

Quand la jeune femme blonde déposa un billet sur la table et qu'elle sortit du restaurant quelques minutes plus tard, Dean la remarqua à peine tant il était plongé dans ses rêveries. Rêveries qui incluaient, bien entendu, un serveur aux yeux bleus et sa chambre étudiante…

- Je peux vous débarrasser ?

Dean leva les yeux vers le propriétaire de la voix, avant de les baisser sur son assiette. Il n'avait même pas remarqué qu'il avait terminé.

- Oui, s'il te plait, roucoula-t-il, voyant le serveur baisser les yeux avec retenue.

- Vous prendrez un dessert ?

Dean fut tenté de répondre qu'il le voulait bien, lui, en dessert, mais il ne voulait pas le mettre trop mal à l'aise.

- Juste un café, s'il te plait, finit-il par dire. Et ton prénom.

L'autre releva des yeux arrondis par la surprise vers Dean, avant de bégayer :

- Oh, euh… Castiel. Je m'appelle Castiel.

Et il mit maladroitement l'assiette de Dean dans sa main gauche pour lui tendre la droite. Dean la saisit avec un sourire volontairement charmeur :

- Dean. Ravi de faire ta connaissance, Castiel.

Le dénommé Castiel hocha la tête et esquissa un sourire en direction de Dean, avant de filer vers les cuisines. Dean répéta son nom à voix basse, le trouvant approprié à ce singulier jeune homme.

Il revint quelques minutes plus tard avec une tasse dans une soucoupe, qu'il posa sans un mot sur la table. Dean le suivit une fois de plus du regard, avant de vider son café presque d'une traite. Puis il se leva et posa un billet sur la table, s'apprêtant à partir, avant d'avoir un doute.

Il fit un pas en arrière et attrapa la serviette en papier qui se trouvait entre la tasse et la soucoupe. Sur le côté, il y avait dix chiffres griffonnés à la hâte.

Un sourire victorieux s'imprima sur le visage de Dean. Il jeta un coup d'œil vers les cuisines, mais personne ne se manifesta alors il plia la serviette dans son poing, et il quitta le Shirley's le cœur léger.