Sasha n'avait qu'une seule passion dans sa vie : la mécanique. Pour elle, ces puzzles de métal était la chose la plus intéressante au monde. Elle pouvait passer des heures a faire tourner ses clés anglaises et ses tournevis pour créer toutes sortes de gadgets étranges et pour la plupart inutiles. Sa mère trouvait qu'elle passait beaucoup trop de temps à bricoler dans son atelier, son père était au contraire très content de sa créativité, étant lui-même un ingénieur. C'était une jeune femme très simple et peu demandeuse. Elle était toujours très loin de la fille modèle mais n'était pas quelqu'un qu'on pouvait qualifier de mal intentionnée. En fait, tous ces débats politiques ne l'intéressait que peu. Elle préférait encore et toujours ses câbles électriques et ses perceuses. Elle n'aimait pas trop se fatiguer, l'aventure ne la passionnait pas plus que ça et, surtout, elle n'aimait pas à avoir des responsabilités. Alors, comment ce génie qui détestait les problèmes pouvait avoir sauté dedans à pieds joins ? Elle même se le demandait encore.
Elle s'était juste réveillée, comme tous les matins, s'attendant à avoir à nettoyer la bave sur son bureau et à avoir une marque de ressort sur sa joue. Mais elle n'était pas à son bureau. Ses yeux s'habituèrent lentement à la lumière. Pour la première fois depuis un certain temps, elle remarqua qu'elle avait dormi dans un lit. Pas un canapé, pas le sol ou autre endroit improbable, mais bien un lit. Elle se redressa prestement, accusant le coup de sa tête embrumée, et se mit à regarder autour d'elle rapidement. Une chambre, de toute évidence, et pas des plus occupée récemment compte tenu de la quantité de poussière sur les meubles. Un bureau contre une fenêtre, une comode et une table de chevet. Elle sortit de sous les draps et posa ses pieds nues sur les planches de bois qui recouvraient le sol. Elle ne mettait pas de chaussure dans son atelier, donc elle ne s'étonnait guère de cet état de fait. Elle constata aussi qu'elle portait toujours les même vêtements que depuis ces deux derniers jours. Oui, elle ne prenait pas souvent la peine d'ouvrir son armoire chez elle. Un short long et large gris à l'air d'appartenir au rayon garçon d'un magasin de vêtement et un débardeur blanc pas plus serrée et aux manches si grande qu'on pouvait apercevoir son body noir sous ses bras.
Elle passa une main fatiguée sur son visage aux yeux vert cernés, puis dans ses cheveux blonds cendrés en bataille. Elle les laissa retomber sur ses oreilles quand elle bailla aux corneilles. Elle ne se souvenait pas de cet endroit, et encore moins comment elle y était arrivée. Mais elle ne pensait pas encore qu'il y avait raison de s'inquiéter. Elle se dirigea vers l'unique porte en bois de la pièce et tenta de l'ouvrir en tournant la poignée.
Fermée à clé.
Finalement, elle se dit qu'il y avait vraiment raison de s'inquiéter. Elle tâtonna vivement ses poches, mais les trouva totalement vide. Ses outils primaires avaient disparu. Elle n'avait plus rien, et la chambre ne semblait pas plus encline à lui offrir quoi que ce soit à fabriqué d'urgence. Elle ressaya plusieurs fois d'ouvrir la porte en forçant un peu, mais de toute évidence rien ne voulait céder. Elle soupira, commençant à imaginer les pires scénario : un enlèvement pour une raçon, un kidnapping politique pour les plans de machine de son père ou pire, ils voulaient lui voler ses gadgets contre son gré. Elle griffa son cuir chevelu devant tous ces problèmes et grogna de colère.
Elle se tourna alors vers la fenêtre avec un air décidé. Pas question de se laisser avoir si facilement ! Elle grimpa à genoux sur le bureau et fit coulisser la fenêtre assez grande pour la laisser passer. Elle donnait sur une ruelle à peu près déserte… à un étage de là. Certes, ce n'était pas si haut, mais elle tenait encore à ses jambes. Elle avisa alors la gouttière descendant justement à côté d'elle. Vu sa stature quasi-squelettique, elle savait qu'elle soutiendrait son poids.
Elle s'engagea laborieusement à passer la fenêtre tout en essayant de trouver appuis sur les attaches de la gouttière. Ses orteils nues ripèrent plusieurs fois contre le mur, la faisant grimacer de douleur. Quand elle fut totalement hors de la chambre, elle entreprit son escalade avec prudence. Elle essayait de ne pas trop avoir de blessures aux pieds et aux mains après ça. Elle y était presque quand elle entendit une porte claquer contre un mur et une voix s'exclamer autoritairement au dessus d'elle :
« Hey ! Reste où tu es ! »
Sursautant malgré elle, elle poussa un léger cri d'exclamation quand elle rata un coche et glissa. Elle fut presque surprise quand elle atterrit juste après sur le sol, sans encombre, comprenant qu'elle était en fait tout près de terminer. Toujours surprise, elle leva les yeux par réflexe pour croiser le regard glaçant d'un homme aux cheveux blonds et à l'air pas commode. Comprenant que tant qu'il était là haut, ce kidnappeur ne pourrait pas l'avoir, elle en profita pour se faire la malle malgré les interjections de ce dernier. Elle se dirigea immédiatement vers la rue principale, où il y avait une route et du monde. Il est vrai qu'elle ne sortait pas souvent, mais de là à ne plus reconnaître à ce point la ville !
Toujours pieds nues, elle se hâta parmi la foule, poussant par mégarde des passant et perdant l'équilibre sur la moindre petite flaque d'eau dans laquelle elle marchait allègrement. Elle n'avait jamais été bonne en sport, et son endurance ne durait pas plus de une minute, donc la situation lui semblait très critique. Elle n'avait rien, elle était pieds nues dans un endroit inconnu, ne savait pas où aller et l'inconnu pouvait la rattraper d'une seconde à l'autre. Elle traversa la route en catastrophe et faillit se prendre une voiture, au look bien étrange pour l'époque, mais le conducteur eut le bon réflexe de pilé en la voyant. Il cria à la fenêtre, elle ne l'écouta pas et se remit à courir tout droit. Les gens la regardait bizarrement, pourtant c'était eux qui portait d'étranges vêtements. Elle courut ainsi longtemps avant de finalement qu'un passant ne la renverse et passe son chemin comme si de rien n'était. Elle accusa une nouvelle fois le coup, le béton de la place étant bien résistant. Oui, elle était sur une place à présent. Le monde y était affluant et une gigantesque monument en construction prônait en son centre. Elle n'avait aucune idée d'où elle était. Tous ces éléments n'avaient aucun sens dans sa tête, rien ne collait. Elle ne se rappelait aucune ville de son pays avec ce genre de caractéristiques.
« Arrête de courir, je ne te veux aucun mal ! » Lui dit soudainement la voix morne de l'inconnu.
Elle bondit sur ses jambes comme un ressort et se tourna face à lui en faisant quelques pas à reculons. Elle essuya ses mains écorchés sur son short et fixa l'étranger qui tendait ses mains en avant en signe de calme. Il était grand, musclé, blond comme elle l'avait vu et des yeux bleus glacés voir un peu vert par moment… c'était bizarre. Ses mains était gantées de cuir et il portait des vêtements atypiques noirs. Il fronçait les sourcils, comme s'il était énervait. Pourtant, ses yeux s'étaient arrêtés une seconde sur les pieds en sang de la jeune fille, l'air vaguement inquiet, avant de se remettre à la regarder durement.
« Qu'est-ce qui t'as pris de t'enfuir ? Lui demanda-t-il sérieusement. C'est en rapport avec les géostigmates ? Ou là où on t'as trouvé ?
-Je… quoi ? Fit-elle, perdue. Je comprends rien ! On est où là ? Vous êtes un tordu ? »
Le blond haussa ses sourcils de surprise. Elle parlait une langue qu'il ne comprenait pas. Il devina que elle non plus, ne le comprenait pas. Ça n'avait pas l'air d'être du Wutaïen, et il ne connaissait aucun autre patois de cette île. Peut-être Yuffie pourrait-elle savoir ? Mais en attendant, il comprenait mieux pourquoi elle n'avait que plus paniquée en le voyant, et pourquoi elle ressemblait à un animal égarée. Il devait lui faire comprendre par autre chose que des mots qu'elle n'avait rien à craindre de lui pour l'instant, et il espérait à jamais. Ses problèmes étaient déjà bien trop important pour qu'un nouvel ennemi dans le corps d'une jeune fille fasse son apparition.
Il se mit à chercher des gestes qui conviendrait le mieux tandis que l'inconnue qu'ils avaient ramenés chez eux le regardait toujours avec suspicion. Il finit par se désigner et commença à signer maladroitement.
« Moi… pas… vouloir… tuer… toi… », récita-t-il en même temps.
Elle haussa un sourcil perplexe, bien moins agressif, devant cette piètre représentation. Néanmoins, elle applaudit l'effort et se concentra plus sur ses gestes, qu'il répéta en voyant son attention portée sur lui. Elle se mit à réfléchir et finit par avoir une illumination. Elle comprenait à peu près où il voulait en venir, mais n'était pas vraiment plus rassurée pour autant. Elle signa elle aussi avec maladresse :
« Nous… où ? »
Il fronça les sourcils, réfléchissant et finit par dire avec étonnement :
« Edge.
-Edge ? Répéta-t-elle avec une expression qui laissait entendre qu'elle ne comprenait pas où ça se trouvait.
Lui, par contre, dû admettre que le problème semblait plus épineux qu'il n'en avait l'air. Un fille qui ne parlait pas leur langue apparaît mystérieusement sur leur lieu d'intervention et ne sait même pas où elle est, traduisant donc une non connaissance de comment elle y était arrivée. Qui plus est, elle était pieds nues et endormie quand ils l'avaient vu, ce qui était peu commun dans plaine déserte proche d'un puits de mako. Mais savait-elle au moins où elle s'était endormie ? Tant de réponse était sans question.
Il lui tendit la main avec neutralité, il ne voulait pas la braquer. De son côté, Sasha devait avouer que non, elle n'était pas proche de chez elle et que cet inconnu, malgré son étrange parlé qui lui était familier mais méconnaissable, ne semblait pas hostile. Ou du moins ne semblait pas vouloir la bouffer, vu que niveau amabilité faciale on repassera. Sans toutefois lui serrait la main, elle se courba légèrement et le suivit, un peu en manque d'autres possibilités dans ce monde étranger.
