Un modeste one-shot pour le défi Sexy du forum Sauvagement Sexy^^
Bellamort FORCEMENT. Les merveilles en italique me viennent de mon Dieu, j'ai nommé Charles Baudelaire (plus précisément «Le désir de peindre», Le spleen de Paris)
Une ombre se glissa dans la pièce enténébrée, déjouant le sort de protection avec désinvolture. Une ombre s'avança vers le lit, souple, presque ondulante dans la lumière tremblotante d'un feu de cheminée mourant. Le rideau du baldaquin fut écarté d'une main élégante, et une silhouette endormie apparut.
L'haleine froide du Seigneur des Ténèbres effleura la joue de la femme assoupie lorsqu'il se pencha pour lui murmurer:
«Quelle commune manière de célébrer notre victoire, Bella...»
Les paupières de la guerrière Amazone battirent et se soulevèrent doucement. Elle tourna lentement la tête pour faire face à son maître, et il eut un rictus. Sublime, elle l'était lors des batailles, illuminée par les éclairs des baguettes, joues enflammées et yeux de braise dans la passion de la lutte; mais vue ainsi, voilée par son baldaquin de la lumière du feu, à peine effleurée d'un timide rayon lunaire, tournant vers lui des yeux cernés, épuisés mais lui tendant tout de même ses lèvres pâles... C'était comme une beauté nouvelle, blême et fragile dans sa vulnérabilité, et en abuser était une perspective délicieusement excitante.
C'était le charme du paradoxe, songea-t-il en se perdant dans son baiser. C'était la séduction maladroite d'une étoile éperdue dans les nuées de la tempête, giflée par les vents et clignotante...
La lune sinistre et enivrante... suspendue au fond d'une nuit orageuse...et bousculée par les nuées qui courent...
Enivrant était son corps et sa rage passionnée, encore un peu guerrière; mais dépendante et suspendue à lui, bousculée, habitée, déchirée, ressucitée, son visage pâle comme éclairé d'une lumière baroque, avait la beauté des Ténèbres, ses lèvres meurtries ouvertes dans un cri.
