Grand merci à ma BêtaPanda ^^


LE SUPERMARCHE

« Bon, soyons efficaces ! Je m'occupe des produits frais, des laitages et des conserves, tu prends tout ce qui est biscuits, céréales, petit-déjeuner et boissons ! J'ai coupé la liste en deux, tiens, ça c'est la tienne ! »

Walter prit automatiquement le papier que lui tendait autoritairement Paige. Clignant des yeux et complètement déroutée par la demande de sa compagne, il resta figé. Elle attrapa son caddie et commença à s'éloigner, tout en se retournant une dernière fois vers lui.

« Rendez-vous ici dans une demi-heure ! Ne perds pas ton caddie et n'abuse pas des chips et autre cochonneries ! Je contrôlerai ! »

Et elle disparut, happée par la foule qui avait décidé de remplir leur réfrigérateur en même temps qu'eux. De l'avis de Walter, la moitié de la ville devait se retrouver ici.

Il jeta un regard circulaire autour de lui. II était perdu et ne trouvait aucun repère connu auquel se raccrocher. Des marques, des couleurs, des noms bizarres. Rien qui ne lui évoqua la moindre chose… Jusqu'à ce que ses yeux tombent sur un détail qui retint son attention: une grande pancarte marquée INFORMATIQUE. Il était sauvé ! Il se dirigea à grandes enjambées vers le rayon.

Il y flâna quelques instants, regardant les dernières nouveautés proposées. Puis il entendit une conversation entre un client et un vendeur. Ce dernier n'avait pas l'air de savoir répondre aux questions, pourtant simples, de l'homme qui désirait acheter un nouvel ordinateur. Walter ne put s'empêcher de se mêler de la discussion. En quelques minutes, le client repartit, satisfait, sa nouvelle machine sous le bras.

Une demi-heure plus tard, une horde de futurs acquéreurs attendait de pouvoir parler à l'incroyable nouveau vendeur qui répondait rapidement tout en trouvant le matériel adéquat aux attentes demandées.

De son côté, Paige n'avait pas perdu son temps ! En vingt minutes, elle avait trouvé toute sa liste et avait même pensé à prendre des produits ménagers. Elle retourna tranquillement vers le point de rencontre, espérant retrouver rapidement son génie.

Quand la demi-heure se fut écoulée, Paige commença à scruter tout autour d'elle dans l'espoir d'apercevoir la chemise bleue de Walter. Quarante minutes arrivèrent, puis cinquante... Et toujours pas de Walter en vue ! Elle commençait sérieusement à s'impatienter et jetait des coups d'œil frénétiques à sa montre. Elle essaya de lui téléphoner et tomba systématiquement sur son répondeur. Au bout d'une heure, n'y tenant plus, elle se rendit au bureau d'accueil.

« Walter est attendu au point de rencontre par Paige. Je répète. Walter est attendu au point de rencontre par Paige. »

L'annonce résonna dans tout le magasin mais n'attira pas l'attention du génie, absorbé par la réparation de l'ordinateur d'un client.

Au bout d'une heure et quart, Paige perdit patience et partit à la recherche de son compagnon. Elle commença par faire les rayons qui apparaissaient sur la liste. Aucun Walter à l'horizon ! Elle s'éloigna des rayons alimentaires et soudain son regard fut attiré par une foule. En s'approchant, elle reconnut la section Informatique et son sang ne fit qu'un tour ! Elle était certaine qu'il était le responsable de cet attroupement !

Elle remonta la file, semant sur son passage un concert de protestations et trouva son ami, totalement concentré, penché sur un écran d'ordinateur, en train de taper des lignes de code. Elle leva les yeux au ciel.

« Walter ! Mais qu'est-ce que tu fais ? Je t'attends depuis une heure ! »

Le client concerné par la réparation se tourna vers elle. Mais pas Walter. Absorbé par son travail, il ne semblait même pas l'avoir entendu. Elle le tira par la manche en répétant son prénom un peu plus fort. Il sembla enfin sortir de son monde et la regarda, perplexe.

« Paige ? On devait pas se retrouver à l'entrée ? »

« Si… Il y a une heure ! »

Il jeta un regard sur sa montre, afficha un air surpris et baissa la tête en se passant la main dans les cheveux.

« Je… Euh… Suis désolé, j'ai pas vu le temps passer… »

Paige leva les yeux au ciel. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que son génie lui posait un lapin. À chaque fois qu'il était absorbé par une de ses idées, le monde entier disparaissait autour lui. Elle sourit devant son petit air contrit.

« Allez, c'est pas grave. On récupère ton chariot et on y va ! »

Elle vit soudain Walter blêmir et la panique s'installa dans son regard. Il jeta un rapide coup d'œil vers sa compagne et se passa nerveusement la langue sur les lèvres.

« Euh... C'est à dire que... J'ai... Euh... Oublié... »

Paige ferma les yeux et respira fort quelques instants. Elle ne voulait pas faire une scène en public. Quand elle eût recouvré suffisamment de sang froid, elle tendit une main impatiente vers lui.

« Ok... Donne moi la liste ! »

Un nouveau moment d'angoisse le saisit tandis qu'il fouillait consciencieusement ses poches. Et soudain, il se mit à sourire fièrement en lui donnant un bout de papier tout froissé.

« La voilà ! »

Elle lui arracha des mains et le tira par le bras.

« On y va ! »

Il résista.

« Je vais t'attendre ici... J'ai encore... »

« Il n'en est pas question ! À partir de maintenant, je te garde sous les yeux et on a encore la moitié de la liste à acheter ! »

Le ton sans réplique de Paige le laissa muet, il la suivit, tête basse, sous les protestations des clients qui attendaient leur tour.

Paige, excédée, se retourna vers eux.

« Mais ce n'est pas un vendeur ! Il ne travaille même pas ici ! C'est juste un geek ! »

Elle poussa Walter devant elle et le ramena vers son chariot plein.

« Je suppose que tu as perdu ton caddie... Attrape celui là et interdiction de le lâcher ! Maintenant, suis-moi ! »

En un quart d'heure, le reste des courses était dans le chariot. La queue aux caisses, elle, fut interminable puisqu'ils se retrouvaient aux heures de grande affluence, à cause au temps perdu par Walter.

Le retour au garage se fit dans un silence pesant. Paige avait les mâchoires crochetées et Walter ne savait absolument pas quoi dire pour la calmer. Après tout, il s'était montré sociable et avait aidé des inconnus, c'est ce vers quoi elle le poussait chaque jour. Elle aurait dû être fière. Il se renfrogna et croisa les bras, bien décidé à ne pas ouvrir la bouche.

En entrant dans leurs locaux, les bras plein de sacs de courses, Paige lança à son compagnon :

« C'est la dernière fois que je t'emmène faire les courses ! »

Un rire accueillit cette remarque et Happy lui répondit d'un air moqueur :

« Pourquoi crois-tu qu'on fait nos courses sur Internet maintenant ? On l'a déjà perdu quatre fois ! »