Bonjour à tous et toutes,

Ça fait bien longtemps que je n'avais pas écrit - encore moins sur l'univers Harry Potter - mais ce projet de réécriture me trottait dans la tête depuis un moment donc allons-y. Je préviens dès maintenant: je n'ai aucune garantie de mon rythme de publication ou si j'arriverais au bout. Mais si ça m'amuse pour l'instant donc autant commencer le bousin :) N'hésitez pas à me laisser des reviews, c'est le plus sûr moyen de keep me going ;)

Enjoy!

Le Rien


Chapitre I: Le Poudlard Express

Pansy sentit ses yeux se remplir de larmes malgré elle. Elle s'efforça de les retenir mais en dépit de ses efforts, l'une d'elle s'échappa pour glisser le long de sa joue.

« Oh, Pans'. » murmura immédiatement sa mère en s'agenouillant devant elle, lui essuyant le visage de la paume de la main. Son sourire était doux et Pansy se sentit tout de suite réconfortée.

Elle aurait aimé pouvoir être comme sa mère, élégante en public en toutes circonstances. Bien sûr en privé, il lui était arrivé de manifester de la colère ou de la tristesse, mais elle parvenait toujours à rester posée lorsqu'il le fallait, calme et sereine jusqu'à la pointe des cheveux. Pansy était différente. Elle rougissait à la moindre émotion, sentait ses yeux se mouiller lorsqu'elle était contrariée et ses boucles sombres restaient en permanence désespérément indisciplinés autour de sa tête.

Son père, un homme fier à la haute stature, lui serra l'épaule à sa droite.

« Sois digne, Pansy. » dit-il fermement.

La petite fille hocha la tête. Son père pouvait paraître impressionnant quand il le voulait mais il était toujours juste. L'un des guérisseurs les plus renommés de l'hôpital Ste Mangouste, Ford Parkinson respirait la bienveillance et l'altruisme et bien souvent, les patients avaient été rassurés par sa voix profonde, ses gestes mesurés, ses cheveux légèrement grisonnants mais impeccablement coupés et son regard ardoise qui ne fuyait jamais. La mère de Pansy lui disait souvent qu'elle avait eu de la chance d'hériter des yeux de son père et riait en prétendant que les siens étaient marrons et mornes. Personne pourtant n'aurait songé, en voyant Aurélia Parkinson, à lui donner ce qualificatif.

« Tu avais hâte de partir, non ? » continua Aurélia de sa voix musicale. « Et ce n'est pas comme si tu ne connaîtras personne. »

Et c'était vrai. Beaucoup d'enfants de la plus haute société sang-pur sorcière se connaissaient par le biais de leurs parents et Pansy faisait partie de ceux-là. Elle savait en outre que c'était à dessein : les familles dont les enfants rentraient à Poudlard en même temps tendaient spontanément à se fréquenter plus, assurant à leur progéniture des compagnons durables en vue de cet événement. Elle-même avait passé des heures à discuter avec Draco Malfoy, un garçonnet blond qui de tous ses amis était sans doute le meilleur, de Poudlard et de leur première rentrée. Ils s'étaient enthousiasmés mutuellement, se partageant les sources de joie et de grandeur, rapportées ou imaginées, de leur future école. Comme tout cela paraissait loin !

Maintenant qu'elle se rendait compte que – pour la première fois ! – elle allait être séparée de ses parents pour une longue durée, Pansy sentait s'éloigner d'elle les rêves fous formés tout l'été. Elle n'avait pas le choix cependant. Son père répétait à qui voulait l'entendre que Poudlard offrait indubitablement la meilleure scolarité sorcière de toute l'Europe, qu'il serait damné s'il n'offrait pas cette opportunité à sa propre fille et la volonté de Ford Parkinson faisait loi dans son foyer.

Ce dernier attendit que sa fille se fût calmée pour la lâcher et saisir sa malle avant de désigner le train rouge d'un signe de tête et un léger sourire. « On y va. »

Pansy inspira profondément avant d'acquiescer et de commencer à marcher, essayant de se tenir droite et de paraître ce que son père lui avait demandé d'être : digne. Elle monta les marches d'un wagon et prit la malle qu'il lui tendait.

« Amuse toi bien, Pans'. » prononça sa mère. Pour la première fois depuis longtemps, Pansy put voir qu'elle aussi retenait ses larmes. « Ecris-nous le plus souvent possible ! »

Son père sourit à son tour mais même lui était ému.

« Rends nous fiers, Pans'. »

Pansy attendit d'être sûre que sa voix ne tremblerait pas pour répondre.

« Je vous le promets. Au revoir, Papa. Au revoir, Maman. »

Elle se détourna vite en traînant sa malle derrière elle. En principe, il restait encore du temps avant que le train ne démarre mais elle était certaine que si elle restait une seconde de plus avec ses parents, elle fondrait en larmes.

Sa malle était lourde mais elle en était reconnaissante : l'effort la distrayait et elle se demanda vaguement si ce n'était pas à dessein que son père lui avait passé ce lourd bagage en cuir. C'était le genre d'attention étrange que M. Parkinson était tout à fait capable de faire.

Avec soulagement, elle trouva un compartiment vide et tenta de pousser sa valise dans les filets du haut, en vain. Alors qu'elle se démenait encore, une tête rousse surgit par la porte.

« Besoin d'aide ? »

Embarrassée mais reconnaissante, Pansy approuva d'un signe de tête. Le garçon s'avança et tenta à son tour de porter la malle.

« Hmpf ! » s'exclama-t-il avant de se tourner vers le couloir pour crier. « Fred ! Viens m'aider ! »

Un autre rouquin identique en tout point débarqua à son tour et, comprenant la situation en un clin d'œil, aida celui qui était manifestement son jumeau à porter la malle à sa place assignée.

« Merci beaucoup, hm… »

« George. » compléta celui qui lui avait proposé son aide. « Et c'est mon frère Fred. »

« Parkinson. » répondit simplement Pansy. Fronçant le nez, elle s'aperçut de la froideur de sa réponse et s'empressa d'ajouter : « Pansy Parkinson. »

Le dénommé Fred lui adressa un clin d'œil. « Eh bien, c'était un plaisir. » Il s'inclina théâtralement en quittant le compartiment mais Pansy sentit qu'il se moquait moins d'elle que des convenances. « Mademoiselle Parkinson. »

George leva les yeux au ciel et jeta à la fillette un regard d'excuse avant de sortir sur les talons de son frère.

Pansy secoua la tête d'un air amusé. L'interlude lui avait presque fait complètement oublier son chagrin. S'asseyant avec un soupir de soulagement sur la banquette, elle regarda par la fenêtre au moment où le coup de sifflet de départ retentit. Elle ne voyait plus ses parents mais elle savait qu'ils resteraient tous deux sur le quai jusqu'à ce que le train disparaisse de leur vue et cette pensée la réconforta. Sa famille était loin d'être démonstrative mais ils n'étaient pas sans cœur.

Le Poudlard Express commençait à bouger lorsque la porte du compartiment s'ouvrit à nouveau d'un coup de vent, révélant un petit blond au menton pointu qu'elle connaissait bien, escorté de deux garçons plus patauds portant tant bien que mal plusieurs bagages.

« Pansy, tu sais qui est dans le train avec nous ? » s'écria-t-il sans cérémonie.

Pansy sourit. Son père désapprouvait parfois Draco qu'il trouvait trop gâté et parfois importun mais Pansy l'aimait beaucoup, peut-être même partiellement pour son impétuosité. Il suffisait de lui céder sur tout et il vous entraînait dans les aventures les plus amusantes.

« Harry Potter ! » déclara-t-il d'un air important sans attendre la réponse de son interlocutrice. « Harry Potter est dans le train ! Père a dit qu'il faisait sa rentrée avec nous. Et je vais aller lui parler. »

« Pourquoi Harry Potter nous parlerait-il ? » dit Pansy d'un air sceptique. Comme tous les enfants sorciers, elle connaissait le nom et l'histoire d'Harry Potter depuis toujours. Plus qu'une célébrité, Harry Potter était une légende et avait battu, tout petit déjà, le plus grand mage noir de tous les temps, ce qui dénotait indubitablement d'une grande puissance magique. Bonne ou mauvaise d'ailleurs, se chuchotaient parfois les adultes entre eux, d'un air soucieux. « Je parie qu'il a déjà des amis importants et célèbres. »

Draco se redressa de toute sa hauteur et son regard devint presque mauvais. Pansy connaissait cette expression et regretta ses paroles.

« Parle pour toi ! Je suis persuadé qu'il sera ravi de sympathiser avec moi ! Mon père est connu et influent, il en a sûrement entendu parler. »

Ce n'était pas nécessairement faux. M. Malfoy était un des plus grands donateurs du Ministère, plus important encore que le père de Parkinson qui n'était pourtant pas chiche de dons, et avait à ce titre une aura assez conséquente dans les sphères du pouvoir. D'après ce que Pansy comprenait, on ne l'appréciait pas forcément mais peu ignoraient son nom et encore moins nombreux étaient ceux qui ne le ménageaient pas, d'une façon ou d'une autre.

« De toute façon, je vais le chercher, j'ai entendu qu'il était en queue de train. » Et il ressortit aussi sec, laissant les deux autres garçons – Crabbe et Goyle – déposer les valises avant de trottiner à sa suite. Il n'avait pas proposé à Pansy de venir avec lui et elle savait que c'était parce qu'il avait été piqué par sa remarque. Elle en fut un peu peinée. C'était l'un des inconvénients d'être ami avec Draco : il était facilement vexé. Elle espéra qu'il réussirait à gagner l'amitié d'Harry Potter ou il risquait d'être intenable.

A nouveau seule dans son compartiment, elle apprécia le calme renouvelé. Elle aurait bien aimé rester dans ce silence jusqu'à son arrivée à Poudlard, seule dans ses pensées. Elle s'inquiétait bien un peu de ce qui l'attendait là-bas, notamment de la cérémonie de Répartition – ses parents avaient refusé de lui dire quoi que ce soit dessus, prétextant qu'elle le saurait bien assez tôt avec un petit air mystérieux -, mais elle avait confiance. Sa mère avait été à Serdaigle, son père à Serpentard et elle avait assez lu pour savoir que la plupart des sorciers se retrouvaient dans la maison d'un de leurs parents lorsqu'ils s'entendaient bien avec ces derniers.

Elle espérait être à Serpentard. Elle avait toujours trouvé les histoires sur les Serdaigle ennuyeuses tandis que les Serpentard connus avaient toujours eu des vies passionnantes et brillantes à plusieurs égards, même si elles ne se terminaient pas toujours très bien. Sa mère, passionnée d'Histoire de la Magie, avait aimé lui raconter les vies de ces sorciers hors du commun le soir avant de s'endormir lorsqu'elle était plus jeune. Son histoire préférée était sans nul doute celle de Merlin. Merlin ne venait pas d'une grande famille de sorciers, on raconte même que ses parents avaient habité un tout petit village perdu en Ecosse. Mais il avait toujours su qu'il ferait de grandes choses et ce fut effectivement ce qu'il fit…

Un léger tapotement contre la porte interrompit ses souvenirs et Pansy releva la tête. Un garçon de son âge, au regard noir et insondable, la regardait impassiblement.

« Bonjour, Parkinson. » dit-il d'un ton neutre. « Je peux m'installer ici ? Tous les autres compartiments sont pris. »

« Bonjour, Nott. » Pansy ne voyait pas de raison de refuser. Elle n'avait rien contre Théodore Nott même s'il la mettait parfois mal à l'aise, comme s'il ne disait pas la moitié de ce qu'il pensait, en promenant ses grands yeux sombres sur ce qui l'entourait. « Bien sûr. Il n'y a que Draco, Crabbe et Goyle ici. »

Théodore hocha la tête. Il balança un gros sac de toile dans les filets, avec une énergie qu'on n'aurait pas attendu d'un corps aussi frêle, s'assit et déplia avec précaution la Gazette du Sorcier qu'il tenait sous le bras. Pansy y jeta un coup d'œil. La tentative de cambriolage de Gringotts faisait sans surprise les premières pages. Elle en avait déjà entendu parler bien sûr, grâce à sa mère, consultante honoraire de plusieurs banques sorcières. « Cela va faire scandale. » avait-elle prédit sombrement. « Mais rien n'a été volé, Maman. » avait répliqué Pansy. Sa mère avait secoué la tête. « Ce n'est pas le problème. Ce genre d'événement fait peur. C'est du capital confiance qui s'envole. Et une perte de ce capital rappelle toujours la domination du Seigneur des Ténèbres. Le capital confiance n'a jamais été aussi bas qu'à cette époque. » Aurélia Parkinson avait alors regardé par la fenêtre en serrant ses bras contre elle et Pansy avait arrêté de poser des questions, sentant l'inquiétude de sa mère se propager jusqu'à elle.

Théodore releva les yeux du journal et la dévisagea comme s'il avait compris l'origine de son malaise. Il replia le journal et alla fourrager un moment dans son sac de toile, avant d'en ressortir un livre presque aussi gros que sa tête avant de s'y plonger sans un mot.

Ils restèrent un moment sans parler et Pansy commençait à se dire que le voyage ne se passerait pas si mal si elle le passait en sa compagnie. La seule interruption avait été une vieille femme souriante qui leur avait proposé des sucreries vers midi mais aucun des deux n'avait eu faim. De toute façon, les parents de Pansy avaient mis assez de nourriture dans sa malle pour nourrir un régiment lorsque la faim se ferait sentir. Draco mettait du temps à revenir, mais ce n'était pas très étonnant : il jubilait probablement d'être enfin en route vers Poudlard et déambuler en long et en large dans le train était une façon pour lui de savourer encore plus le moment.

Pansy en était là dans ses réflexions lorsque la porte s'ouvrit à nouveau, dévoilant une fille à l'air affairé, portant déjà ses robes d'école.

« Avez-vous vu un crapaud par ici ? » demanda-t-elle d'un ton direct et autoritaire.

Théodore fronça légèrement le nez dans un mélange de dégoût et de mépris à la mention de crapaud et Pansy pouvait difficilement le blâmer. Les crapauds étaient peu populaires parmi les grandes familles sorcières et ce n'était guère étonnant, connaissant leur indiscipline et la difficulté à les dresser correctement.

« Non. » répliqua-t-il d'un ton sec sans lever les yeux vers son livre, prenant exemple sur le manque de manière de la jeune intruse.

Nullement rebutée par la rudesse du garçon, la jeune fille fixa elle aussi son regard sur le livre.

« Oh, qu'est-ce que tu lis ? »

« L'Histoire de Poudlard. » répondit Théodore sans modifier son attitude.

« Oh, je l'ai lu également ! J'ai lu tout ce que j'ai pu sur le monde sorcier et son histoire. Ma famille n'est pas du tout magique alors j'ai tout fait pour m'y préparer le mieux possible. Mes parents ont cru tomber des nues en apprenant que j'étais sorcière ! Mais j'ai été ravie, surtout que Poudlard est réputée pour être la meilleure école de sorcellerie au monde, et tellement intéressante, L'Histoire de Poudlard est très instructive sur ce sujet, qu'en penses-tu ? J'en ai appris des passages par cœur, juste au cas où, on ne sait jamais. J'ai également appris quelques sorts simples, cela peut toujours servir. Au fait, je m'appelle Hermione Granger et vous ? »

Hermione avait débité tout son petit laïus sans reprendre son souffle et lorsqu'elle se tut, Théodore releva finalement la tête, l'irritation se disputant avec une curiosité toute naturelle. D'ailleurs, Pansy se sentait intriguée également. C'était la première fois qu'elle rencontrait une née-Moldue, à plus forte raison de son âge. Elle se demanda s'ils étaient tous aussi bavards et sans gêne que celle-là.

« Je suis Pansy Parkinson. » Tournant les yeux, elle sentit la réticence de Théodore à engager à nouveau la conversation et vint à son secours, le désignant d'un geste de la main cordial comme le faisait sa mère lors de réceptions. « Et voici Théodore Nott. »

« Hm, il me semble avoir vu ces noms dans le Registre des Sang-Pur. Aucune des familles mentionnées n'avait l'air particulièrement sympathique. Mais il est vrai que la plupart des familles Sang-Pur d'autrefois n'étaient pas très tolérantes avec les Moldus. On peut difficilement les blâmer en sachant les horreurs dont étaient également capables les chasseurs de sorciers. Mais tout de même, autoriser sur eux le sort Doloris ! Et prétendre que les Moldus ont une conscience et une sensibilité à la douleur inférieures à celles des sorciers ! Je suis bien contente que le dernier directeur de Poudlard se soit déclaré officiellement pro-Moldu, il est impressionnant n'est-ce pas ? On en apprend tellement sur lui dans la dernière édition de L'Histoire de Poudlard, d'ailleurs tu n'as pas répondu à ma question. » ajouta-t-elle en se retournant vers Théodore. « Qu'en penses-tu ? »

« L'écriture en est médiocre. » répondit le garçon d'un ton calme. « Les points les plus intéressants sont survolés et l'opinion populaire des maisons – opinion particulièrement manichéenne d'ailleurs – n'est jamais vraiment remise en question, les Gryffondor sont toujours montrés sous une lumière favorable, ce qui laisse à croire que l'auteure en était une également, et des mystères inutiles sont faits sur certains points du château, ce qui oblige à se reporter à d'autres livres pour plus de précision. Toutefois, j'imagine que c'est une bonne introduction pour quelqu'un qui n'a que très peu de notions magiques même si je le trouve pour ma part un peu trop accrocheur. »

C'était sans doute le plus long discours que Pansy lui ait jamais entendu prononcer. Elle jeta un coup d'œil à Hermione pour observer sa réaction et dût se mordre les lèvres pour s'empêcher de rire devant son visage stupéfait. Tentative de dissimulation qui se révéla vaine quand Hermione leva le nez, visiblement vexée.

« Je devrais y retourner, Neville cherche probablement toujours son crapaud. Vous devriez vous changer. » lança-t-elle avant de claquer la porte.

Pansy attendit quelques instants avant de se tourner pour faire franchement face à son vis-à-vis.

« Dis-moi la vérité. Est-ce que ce livre est bien ? »

Théodore haussa les épaules. « Excellent. Même s'il offre effectivement une vision un peu manichéenne parfois. »

La jeune fille se mit à rire silencieusement, tandis que l'atmosphère se modifia légèrement, devenant plus chaleureuse, comme si la glace était maintenant brisée et que les deux jeunes gens se comprenaient parfaitement.

« J'espère en tout cas que nous serons dans la même maison. » glissa-t-elle.

Théodore sourit, lui offrant pour la première fois une expression ouverte et honnête. « Je l'espère aussi. » Son regard se porta vers l'extérieur. « Mais elle avait raison : on devrait se changer. »

Ils passèrent rapidement leurs robes par-dessus leurs vêtements et en profitèrent pour manger un peu des friandises que Pansy avait apportées dans ses affaires. Ils en étaient à leur troisième ou quatrième chocogrenouille quand Draco revint dans le compartiment en pestant.

« Que s'est-il passé ? » s'enquit Pansy, bien qu'elle devinât assez bien la réponse.

« Potter n'est qu'un idiot arrogant. » tempêta-t-il. « Je lui proposais mon amitié et il m'a préféré Weasley ! Weasley ! Je le dirai à mon père, il ne perd rien pour attendre… Il s'en repentira bien assez tôt, Weasley est un imbécile sans aucun pouvoir, et lorsqu'ils se feront avoir, je serai là pour qu'il comprenne bien à quel point il avait tort de me sous-estimer et de me rejeter ! »

Draco avait l'air furieux et Pansy se dit en aparté que le grand Harry Potter avait sûrement fait une erreur en humiliant aussi ouvertement un Malfoy le jour de la rentrée.

« Dépêche-toi de te changer. » se borna-t-elle à dire. « Le train ralentit. »

Draco lui jeta un regard noir mais obtempéra. Pansy avait raison : le train ralentissait tandis que la gare arrivait en vue.

Une voix retentit dans le train. « Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Merci de laisser vos bagages dans le train, ils seront amenés à l'école séparément. »

Pansy souffla de soulagement. Elle avait commencé à s'inquiéter sur comment redescendre sa malle des filets.

Soudain repris d'une impatience presque enfantine, le petit groupe sortit à toutes jambes du compartiment à l'arrêt définitif du train. Après s'être ruée dehors, à moitié poussée, à moitié poussant, Pansy frissonna. Il faisait plus froid que ce à quoi elle s'était attendue et le soir était déjà tombé sur la gare.

Une silhouette imposante se découpa dans l'obscurité, plus haute que la marée de têtes qui s'amassaient sur le quai.

« Les première année ! » tonna la silhouette. « Les première année, par ici ! »

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » murmura Draco dans un chuchotement horrifié, pressé à la droite de Pansy alors qu'ils commencèrent à la suivre.

La silhouette appartenait à un homme énorme, dont la barbe mangeait les trois quarts du visage. Il aurait eu l'air terrifiant sans l'air bonhomme et simple plaqué sur son visage. Toutefois, il rappela à Pansy dans un flash les géants de Brocéliande que Merlin avait dompté et éduqué, selon les histoires de sa mère. Et Merlin, confiant comme toujours en ses pouvoirs et mû par l'envie de tout révolutionner, réussit là où la plupart d'entre nous échouent, non pas tant à tenir en respect des monstres, mais à voir des personnes là où le monde ne voit que des sauvages.

« Vous allez voir Poudlard pour la première fois dans une seconde ! » prévint leur guide d'une voix tonitruante avec un enthousiasme puéril après les avoir mené à travers un bois épais.

Et effectivement, le sentier qu'ils suivaient s'ouvrit soudainement sur un lac au-dessus duquel se perchait le château de Poudlard. Pansy ne put retenir une exclamation admirative et au reste, elle n'était pas la seule. L'émerveillement était quasiment collectif. Elle avait vu plusieurs photos et gravures de l'établissement mais il lui semblait que jamais elle n'avait imaginé les tours si hautes, les fenêtres si nombreuses et étincelantes, sa muraille si imposante et intimidante.

Sur la berge, des bateaux attendaient patiemment le bon vouloir des élèves pour traverser.

« Pas plus de quatre par bateau ! » cria le pseudo-géant alors que les enfants s'installaient.

Pansy réussit à s'incruster dans une embarcation avec Théodore, Draco et Goyle. Crabbe dût s'installer avec trois autres première année, repoussés à l'autre bout du bateau par son allure patibulaire.

Au signal de leur guide, les bateaux se mirent, apparemment de leur propre chef, à glisser silencieusement et rapidement sur le lac, le cap tourné vers le château. Ils les menèrent le long d'un tunnel sombre qui déboucha finalement sur ce qui semblait être un port souterrain, dans les caves de la bâtisse. La gorge serrée et comme dans un rêve, ou bien un conte, Pansy regarda l'homme qui les avait amené là dresser son poing formidable contre la porte du château et toquer. Oui, Merlin avait toujours su qu'il ferait de grandes choses. La première fut de mettre les pieds dans la grande école de Poudlard où il allait apprendre tellement et étonner encore plus…

To be continued...