NE ME SOURIEZ PAS COMME CA.
Traduction de ma fic "Don't smile at me like that"
Je sais que j'utilise la ponctuation anglaise pour les dialogues, désolée!
CHAPITRE 1 – CÉAD MÍLE FÁILTE
"Mr Dragonneau!"
Les yeux rivés sur la touffe de cheveux ebouriffés de Norbert Dragonneau, je me faufile à travers la foule de Times Square, bousculant tout le monde sur mon passage. Une dame poussant un landeau. Un vieil homme avec d'imposantes rouflaquettes. Un petit garçon tenant dans la main une énorme glace qui, dans la bousculade, termine écrasée sur son uniforme d'écolier. Les gens me lancent des regards indignés et marmonnent à mon égard des jurons que je ne prends pas la peine d'écouter.
"Pardon!… Pardon!" Je leur réponds distraitement.
C'est à bout de souffle que j'arrive enfin à la hauteur de Dragonneau. Le docteur Maynard avait raison, il était présomptueux de ma part de penser m'être remis en quatre jours de sept mois de tortures et de séquestration. J'ai l'impression d'avoir vieilli de vingt ans. Mais je ne pouvais attendre plus longtemps.
"Mr Dragonneau?" Je l'interpelle, posant ma main sur son épaule.
Il sursaute violemment et se retourne, l'air inquiet.
"Oh, c'est vous…"
Il semble soulagé et un sourire vient illuminer son visage. Ce sourire…. Je reste un instant sans voix. Il a les yeux verts et non bleu azur. Ses cheveux tirent davantage sur le roux que sur le brun et il a le visage couvert de tâches de rousseur. Mais ce sourire… Ce sourire, c'est le même.
"Je… Je suis désolé…" je balbutie, quelque peu décontenancé. "Je ne voulais pas vous surprendre."
"Non… Non, ce n'est rien. J'étais…" Il regarde nerveusement autour de lui. "…simplement perdu dans mes pensées…"
"Percival Graves," je me présente, lui tendant la main. Je le sens hésitant. "Le vrai, si c'est ce que vous êtes en train de vous demander."
"Oh! Non! Enfin, je veux dire… Je sais que vous n'êtes pas... Vos yeux… Vous n'avez pas le même regard… Il y avait quelque chose de très sombre dans ses yeux… De très sombre." Il me serre enfin la main. "Norbert Dragonneau. Mais il me semble que vous savez déjà qui je suis. Heureux de vous voir déjà sur pied. Je ne pensais pas que vous seriez sorti de l'hôpital de si tôt, pour être honnête."
"Ma sortie est un peu prématurée, en effet. Je devais y rester encore au moins quinze jours, mais quand j'ai appris que vous quittiez l'Amérique demain, j'ai insisté pour sortir. Je voulais absolument vous voir. On m'a indiqué votre hôtel, mais quand j'y suis arrivé, vous veniez de partir. Votre portrait a fait la Une de L'Ergoteur (1) – non pas que je lise ce chiffon, hein!- alors je n'ai pas eu de mal à vous repérer dans la foule. Il faut dire que votre manteau ne passe pas vraiment inaperçu."
Pendant un instant, il a le regard dans le vague, comme s'il essayait de se remémorer chacun de mes mots, de les emboîter entre eux comme les pièces d'un puzzle et de leur donner du sens.
"Euh… Est-ce que… Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous?" Il demande, incertain.
"Non! Non… Vous en avez déjà bien assez fait! Mademoiselle Goldstein m'a conté votre aventure et la présidente Picquery n'a cessé de me louer vos mérites. Je vous dois une fière chandelle. Sans vous, je ne sais pas combien de temps j'aurais encore croupi au fond de ce trou. Je ne pouvais me résoudre à vous laisser rentrer en Angleterre sans vous avoir remercié comme il se doit."
"Oh… Je n'ai aucun mérite", il proteste, balayant l'air de sa main. "C'est Archibald qui vous a retrouvé."
J'hausse un sourcil inquisiteur.
"Archibald?"
"Oui. Archibald. Mon croup." (2)
Je dois avoir l'air encore plus confus car il s'empresse d'ajouter à demi-voix, s'assurant que personne ne puisse nous entendre:
"Oh, pardon! Les croups ressemblent aux chiens des Mold- enfin, des Non-majs. La seule différence, c'est qu'ils ont une queue fourchue. Et leur odorat est bien plus développé. Retrouver votre trace a été un jeu d'enfant pour Archibald."
"Je vois… J'aimerais beaucoup remercier mon sauveur de vive voix, mais vous connaissez le MACUSA, désormais. Si vous le laissez sortir de votre valise, je serai ensuite dans l'obligation de vous arrêter. Et ce serait incroyablement fâcheux…"
Je lui souris et il laisse échapper un petit rire nerveux, tout en portant la main à la poche frontale de son manteau. Le temps d'une seconde, je jurerais avoir aperçu ce qui semblait être une mante religieuse. Le fruit de mon imagination, probablement. Ou les effets secondaires de toutes ces potions médicinales qui m'ont été administrées ces derniers jours.
"Oui, de toute façon, ce ne serait pas une très bonne idée, croyez-moi. Les croups sont très gentils avec les sorciers, mais ils ont une dent contre les Non-Majs et Archibald est une vraie boule de nerfs!"
"Alors je compte sur vous pour le remercier de ma part."
"Je n'y manquerai pas."
Je le sens tout prêt à prendre congé de moi, et je ne peux me résigner à le laisser partir. Il faut que je lui parle. J'ai besoin de lui parler.
"Ecoutez, que diriez-vous d'une invitation à déjeuner? Je vous dois au moins ça. Je connais un très bon restaurant à l'angle de la 47ème rue. La patronne est une sorcière d'Irlande et son ragoût d'agneau est un véritable délice!"
"C'est gentil mais… je vous assure, vous ne me devez rien. Et puis… je suis végétarien de toute façon."
Bien sûr qu'il est végétarien. Comment ai-je pu ne pas y penser? Un homme qui consacre sa vie aux animaux n'a évidemment aucune envie de les voir terminer dans son assiette.
"Eh bien, il paraît que sa tarte aux asperges est un régal," je réponds malicieusement. "Oh, allez, s'il vous plaît?"
"Très bien. Vous avez gagné. C'est d'accord, je viens!" Il abdique, un large sourire se dessinant sur ses lèvres.
Et que Merlin me pardonne mais je déteste ce sourire tout autant que je le chéris. Il pourrait obtenir de moi tout ce qu'il veut en souriant ainsi. Parce que ce sourire, c'est le même.
Nous n'étions qu'à quelques minutes de marche de la 47ème rue, mais le trajet m'a littéralement épuisé. Je m'efforce cependant de n'en rien laisser paraître lorsque je tourne dans cette petite allée sombre qui m'est si familière.
Un rat s'échappe d'une poubelle renversée au sol. Une gouttière déverse un liquide verdâtre sur le pavé et une odeur d'égoût vient nous titiller les narines.
"J'avais imaginé un endroit un peu plus raffiné," plaisante Dragonneau. "Vous êtes sûr qu'ils servent des asperges, ici?"
Je ne peux m'empêcher de rire.
"Ne soyez pas si médisant. Attendez de voir…"
Je pose la main au milieu du mur, sur une brique légèrement plus foncée que les autres, et, après avoir vérifié que nous étions bien à l'abri des regards, je murmure une incantation. Rien ne se passe.
"Ca devrait s'ouvrir…" je bougonne.
"Vous n'utilisez jamais votre baguette?"
"C'est interdit quand on est susceptible d'être vu par des Non-Majs."
Il lève les yeux au ciel.
"Mais quel Non-Maj s'aventurerait dans une impasse aussi sordide?! C'est un vrai coupe-gorge!"
Je l'ignore et répète l'incantation.
"Bon sang, pourquoi ça ne s'ouvre pas?!"
Je n'ai plus assez d'énergie pour générer de la magie sans baguette. Je me sens comme vidé de mes forces, mes jambes menacent de m'abandonner et j'ai la tête qui tourne, tourne... oooOOOh!
Dragonneau me rattrape juste avant que ma tête ne heurte le sol.
"Il faut avoir de bons réflexes quand on élève des occamys," il explique, face à mon étonnement, "car, voyez-vous, quand ils couvent leurs oeufs, si vous les approchez d'un peu trop… Enfin… Peu importe… Ca n'intéresse que moi, tout ça…"
"Non, non! Continuez, je vous prie!"
"Non, vraiment!" Il secoue la tête et sourit.
Toujours ce maudit sourire.
"Est-ce que ça va?" il me demande, en m'aidant à me redresser.
"Oui. Oui, je vais bien. Je crois. Je me sens juste un peu faible."
Il réajuste mon écharpe, lentement, ses yeux ne quittant pas le morceau de tissu. Lorsqu'il relève la tête, son regard croise le mien, et pour une fois, il ne cherche pas à le fuir. Nous nous regardons quelques instants. Je me perds dans un labyrinthe de tâches de rousseur et mon coeur se met à battre plus vite qu'il ne le devrait. Et merde.
"Vous permettez?" Il finit par demander.
Je déglutis péniblement et ferme instinctivement les yeux.
Il m'écarte légèrement du mur, me tirant de ma torpeur.
"Au diable les lois américaines!" il s'exclame en brandissant sa baguette, et d'un geste grâcieux, il la pointe vers le mur. "CÉAD MÍLE FÁILTE!" (3)
Merci d'avoir pris le temps de me lire! :-)
J'ai appelé ce journal L'Ergoteur (The Pettifogger) pour faire un clin d'oeil au Chicaneur (Quibbler) des Harry Potter.
Les croups (crups en VO) font réellement partie du bestiaire magique de J.K Rowling. Tapez leur nom sur google si vous souhaitez en apprendre davantage sur eux.
Littéralement, cela signifie "Cent mille bienvenues!" en gaélique irlandais.
NOTE: Je sais que ce premier chapitre peut sembler un peu mystérieux, mais vous allez comprendre par la suite à qui Percival fait référence. Je souhaite aussi préciser que j'ai une vie bien remplie et, à mon grand désespoir, peu de temps à consacrer à l'écriture. Il va falloir être patient.
