Fic rédigée à l'occasion de la Semaine de la Fic ; détails - et chapitres en avance - sur mon LJ : http:/ lychee-ln. livejournal. com /
Titre : le Fantôme et M. Potter
Fandom : Harry Potter 1-7
Genre : général, humour, slash, SS/ASP
Rating : R
Résumé : après la dernière bataille, Severus Snape est mort. Enfin non. Enfin si.
Disclaimer : les personnages de l'univers d'Harry Potter ne m'appartiennent pas et je n'ai aucune prétention monétaire sur ce qui va suivre.
Notes : il a fallu trois éléments déclencheurs à cette fic. The Ghost and Mrs. Muir, l'un des deux seuls films à m'avoir jamais fait pleurer. La lecture de quelques fics qui se déroulaient sur plusieurs dizaines d'années et qui étaient trop classes. Benedict Cumberbatch qui prêtera ici 99% de son physique à Albus Severus Potter.
Et la petite étincelle : comment ne pas écrire une fic sur un personnage qui s'appelle Albus Severus Potter ? o_O
Le Fantôme et M. Potter
Chapitre I – Zéro
Mai 1998
Severus ouvrit les yeux et se sentit mieux qu'il ne s'était senti depuis bien longtemps. Depuis des années, peut-être. Comme si quelqu'un venait de lui ôter de sur les épaules tout le poids du monde, ou du moins le poids d'un monde sorcier menacé par un Seigneur des Ténèbres qu'il s'efforçait, lui, Severus Snape, de préserver malgré tout.
Bref, il sentait léger, ce qui n'était pas désagréable, mais un peu perturbant. (Il ne se souvenait pas s'être jamais senti léger.)
Puis son esprit paranoïaque reprit le dessus et il se redressa brusquement.
Il se trouvait sur son lit, dans sa chambre de Poudlard, constata-t-il. Ce qui était encore plus étrange puisque le dernier souvenir qu'il conservait était celui de Nagini lui plantant ses crochets aiguisés et dégoulinant de poison dans la nuque. Un souvenir dont il se serait bien passé, par ailleurs.
Ce n'était pas normal, songea-t-il en s'asseyant sur le bord du lit. Plusieurs choses n'étaient pas normales. D'abord, il devrait être mort, et si quelqu'un était parvenu à élaboré un antipoison, que faisait-il dans sa chambre ? Pourquoi n'était-il pas à l'hôpital ? Ou à l'infirmerie, si la bataille faisait encore rage ?
Plus important, lui rappela une partie de son esprit, une partie qui s'était battue, épuisée, pendant des mois et même des années, une partie qui paraissait atrocement plus petite qu'elle ne l'avait longtemps été, mais qui était toujours là, comme si elle voulait être certaine que tout était terminé plus important, Voldemort avait-il été vaincu ?
Son esprit logique inclinait vers le oui – pourquoi serait-il vivant dans le cas contraire ? Son pessimisme indécrottable inclinait vers le non – quelque chose allait forcément lui tomber sur le paletot.
Puis tous ses esprits, petites voix et mauvaises habitudes se turent en avisant la main qu'il avait levée afin de se frotter les yeux.
Une main transparente. Une main brumeuse au travers de laquelle on voyait sans aucun doute possible.
Une main de fantôme.
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Par la grâce de Merlin, fut sa première pensée accablée. Merlin aille se faire enculer, songea-t-il ensuite. Il oscilla quelques instants entre l'incrédulité, l'épuisement et la colère, puis, l'incrédulité se justifiant de moins en moins – il était bien un enculé de fantôme, constata-t-il en s'avançant jusqu'au grand miroir qui ornait la porte de sa penderie – commença à déprimer.
Il n'était même pas foutu de mourir proprement.
Quinze années. Quinze années de vie de merde, à pleurer son amour perdu, à enseigner à des adolescents qu'il détestait, à interagir avec des collègues qu'il détestait, à tromper des gens horribles qu'il détestait, à obéir à deux hommes qu'il haïssait – en même temps, il avait vraiment aimé Albus, ce qui le rendait encore plus haïssable d'être mort – à essayer de sauver sa peau pour pouvoir sauver un monde qu'il détestait, tout ça parce qu'il n'était pas parvenu à se débarrasser de son reste de conscience, et maintenant, maintenant qu'il pouvait enfin partir en paix – même si l'expression était ridicule, elle s'appliquait admirablement bien – il se retrouvait un putain de fantôme.
Au moins, il était revenu à Poudlard et ne hanterait la Cabane Hurlante, remarqua discrètement Partie Raisonnable.
Il se laissa retomber sur le lit, passa au travers, bondit sur ses jambes avec un cri surpris et un peu effrayé et se replaça soigneusement au centre de la pièce. Il frissonna. Il s'était parfois demandé ce que ressentaient les fantômes en traversant les murs. Ce n'était pas agréable.
Il se pinça le bras. Bien. Il était toujours capable de se pincer et cela faisait toujours mal.
Il s'assit à nouveau sur le lit, cette fois en ce concentrant. Le duvet était doux sous ses doigts et le matelas moelleux sous son derrière fantomatique. Bien. Au moins, il n'aurait pas à passer par de longs mois d'apprentissage.
Des mois, réalisa-t-il, davantage effrayé par le fait qu'il semblait déjà se faire à l'idée que par l'idée elle-même. Des mois, peut-être même des années, ou des siècles. Non. Il fallait qu'il trouve un moyen. Un moyen de tout arrêter et qu'il retrouve sa place normale, dans le néant, là où tout le monde le laisserait en paix.
Comme chaque fois en cas de crise, son esprit rationnel prit fermement le pouvoir, balançant son esprit émotionnel et généralement dépressif aux oubliettes métaphoriques des profondeurs de son cerveau.
Première étape : savoir.
Il partit d'un pas ferme au travers de la porte massive qui menait vers les cachots de Poudlard.
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L'Ecole était déserte, constata-t-il en parcourant les couloirs d'un bon pas. Au bout d'un moment, il se mit à flotter. Parce qu'il allait plus vite ainsi, d'une part, mais aussi parce sans le bruit de ses bottes et sans le mouvement impressionnant de sa cape, il était nettement moins amusant de marcher à grands pas.
Poudlard était désert et dans un triste état. Ici et là, des pans entiers de murs s'étaient effondrés et laissaient passer les rayons chauds du soleil. Les traces de la bataille étaient nombreuses : ici la marque sombre d'un sort pyrogène, là une flaque de sang d'une taille qui faisait pâlir et supposer que son auteur ne devait plus être de ce monde. Il passa devant de nombreux éboulis, des traces d'impact, des meubles à moitié brûlés dont les portes pendaient d'une façon triste et comique à la fois. Il passa même devant de petites miettes rosâtes qu'il ne se donna pas la peine d'inspecter. Fantôme ou pas, il n'avait dû flotter dans les limbes de l'inconscience que très peu de temps.
Une chose était certaine, cependant. La bataille était terminée. Et étant donné l'ampleur qu'elle avait atteint – il contempla les jardins saccagés par une fenêtre aux carreaux brisés – la guerre l'était très certainement aussi.
Quand enfin il faillit percuter – ou traverser – McGonagall au détour d'un couloir, la petite partie de lui-même qui avait espionné, menti, torturé, comploté et tué poussa un soupir de soulagement et disparut – non, ne disparut pas, mais s'apaisa – à jamais.
Puis il s'assit à côté de son ex-collègue inanimée et patienta. Dommage. Il aurait aimé profiter de l'occasion pour lui donner une gifle. Après tout, elle l'avait expulsé de l'école à peine quelques jours plus tôt.
— Severus, balbutia-t-elle en reprenant connaissance. Mais comment… ?
— Je suis certain que vous pouvez voir comment, rétorqua-t-il froidement. Je viens de me réveiller. Que s'est-il passé ? Qui a survécu ?
Le visage de la vieille sorcière s'éclaira et Severus n'eut pas besoin de davantage de réponse.
— Bien, marmonna-t-il. Potter s'est finalement révélé plus efficace de prévu.
— Severus, intervint Minerva d'une voix hésitante, Harry m'a dit. Il m'a dit pourquoi… Je suis désolée de ne pas vous avoir fait confiance, et de vous avoir…
Il fit un geste impatient de la main.
— Aucune importance. C'était le but recherché par la mort d'Albus. (Il contempla avec intérêt le visage de son ancienne collègue se rembrunir à ce souvenir. De la colère, de la compréhension, du regret. Bon.) Combien de temps ?
— Une quinzaine de jours, dit-elle en se remettant finalement debout. Les pertes ont été importantes, hélas, et beaucoup de blessés sont encore dans un état critique à St-Mangouste. Ils pourraient utiliser votre aide – oh.
Oui, « oh », songea Severus.
— Et les Mangemorts ?
— La plupart ont été tués ou arrêtés. Les Aurors continuent de rechercher les derniers qui se sont échappés.
Et voilà, songea Severus. Tout était bien qui finissait bien.
L'étrange sensation de paix le gagna à nouveau. Il réalisa qu'il se laissait légèrement flotter au gré d'un courant d'air qui passait par là et qu'il risquait fort de passer par une fenêtre. Il s'en moquait.
— Quand vous êtes-vous réveillé ? demanda Minerva en fronçant les sourcils.
— A l'instant, murmura-t-il distraitement.
S'il fermait les yeux – oui, bon, ses yeux fantomatiques – il arrivait à ne penser à rien. Etrange, mais pas désagréable.
— Severus ?
— Mmh ?
— Vous allez bien ?
— Très bien.
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Minerva décida de s'occuper de lui. Severus ne voyait pas vraiment de quoi il y avait à s'occuper – il était un fantôme et puis c'était tout – mais la femme l'emmena de force jusqu'à l'infirmerie, où Mme Pomfresh remettait tant bien que mal de l'ordre. La pièce avait dû voir passer des dizaines de sorciers blessés, songea rêveusement Severus. Certains étaient certainement morts dans ces mêmes lits. On s'était peut-être même battu dans la pièce.
Il n'en avait pas grand-chose à faire.
Abandonné sur une chaise, il observa les deux femmes qui parlèrent avec agitation pendant quelques minutes. Puis Mme Pomfresh revint vers lui, tendit la main, la retira, et lui indiqua un des lits avec un sourire.
— Venez vous installer, Severus.
— Je pourrais rester dans mes appartements, vous savez, répondit-il sincèrement.
— Je vous en prie. J'apprécierais la compagnie pendant que je remets tout en état.
Severus s'exécuta et Minerva se pencha vers lui.
— Severus, je vais avoir beaucoup de travail dans les jours à venir, mais je vais essayer de passer vous voir de temps à autres.
— Vous n'êtes pas obligée, protesta-t-il.
Elle ouvrit la bouche, hésita, puis lui adressa simplement un sourire tremblant, avant de s'éclipser. Severus s'allongea posément sur le lit.
— De quoi voulez-vous parler ? demanda Pomfresh au bout d'un moment, avec une joie forcée.
— Ce que vous voulez, répondit poliment Severus.
La sorcière jacassa toute seule pendant un moment en travaillant, aidée de deux elfes de maisons, puis le silence retomba.
Severus ferma les yeux.
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Les journées, à moins que ce ne fût les semaines suivantes se déroulèrent toutes de façon identique : Poppy lui faisait de temps à autre la conversation en continuant de réparer les dégâts les elfes de maison apparaissaient ici et là, leur petit visage sérieux, les bras chargés de débris ou d'outils et Minerva passait quand elle le pouvait, le visage de plus en plus fatigué, et lui racontait la bataille, les survivants et les morts, les sorciers qui se remettaient doucement, le Ministère complètement dépassé qui ne savait plus où donner de la tête, les questions à propos de Poudlard, ceux qui voulaient rouvrir l'école et ceux qui ne voulaient pas, les lettres inquiètes des parents, les élèves qui n'avaient pas terminé leur scolarité et pleuraient souvent un proche décédé. Severus l'écoutait sans mot dire, mais ne se sentait pas vraiment concerné.
Le reste du temps, il se contentait de reposer là où Poppy l'avait installé. Il ne dormait pas réellement, mais il ne réfléchissait pas et ne s'ennuyait pas. Il n'avait pas faim, il n'avait pas froid, pas chaud, pas sommeil, pas peur, pas mal, et peu d'intérêt pour quoi que ce soit. Parfois une potion que transportait Poppy attirait son regard, mais il ne cherchait pas à se souvenir de son nom ou de ses ingrédients. Pour quelle raison aurait-il cherché ?
Puis les fantômes du château commencèrent à venir le voir.
Sir Nicholas fut bien entendu le premier. Abrutis de Gryffondors et leur dévouement mal placé, songea machinalement Severus, sans se sentir énervé pour autant. Le fantôme s'avança timidement dans l'infirmerie et s'installa sous le regard neutre de Severus. Au bout de deux heures, il osa prendre la parole.
— Je viens d'apprendre la nouvelle et je me suis dit que vous aimeriez un peu de compagnie, commença-t-il d'une voix hésitante.
Severus ne répondit rien, se contentant de le regarder.
— Les premiers temps sont généralement difficiles, continua sir Nicholas en prenant de l'assurance. Les nouveaux fantômes sont toujours très léthargiques.
— Ah, dit Severus, parce qu'il paraissait impoli de ne rien dire.
— Oui. Hum… Il n'y a pas eu beaucoup d'études sur les fantômes, mais ça semble être une phase incontournable. Certains, heu… Certains n'en sortent jamais. Comme le professeur Binns.
Le spectacle d'un fantôme se tortillant sur sa chaise parvint à vaguement intéresser Severus. Pendant trois secondes.
— Personne ne sait vraiment à quoi c'est dû, continua à babiller Sir Nicholas. Souvent, les fantômes très anciens replongent un peu dans le même état avant de disparaître petit à petit. Enfin… je voulais vous dire que nous vous souhaitons tous d'aller mieux. Enfin, de redevenir comme avant. Enfin, bafouilla-t-il, de retrouver un peu vos esprits.
Ce qui était tout de même très drôle étant données les circonstances, et Severus se sentit légèrement sourire.
Sir Nicholas repassa ensuite tous les deux ou trois jours, et bavarda seul comme le faisait Poppy.
Le Baron Sanglant fut le second à lui rendre visite. Severus, enfant, avait été terrifié par le fantôme de Serpentard. Il s'habitua cependant à la présence sombre, silencieuse et étrangement protectrice qui restait à côté du lit des heures durant.
Le Moine Gras vint deux ou trois fois, lança quelques blagues qui tombèrent à l'eau, et s'en repartit dépité.
Peeves osa un jour pointer le bout de son nez mais fut chassé sans tendresse par Poppy.
Sir Nicholas revint, un jour, un mince grimoire flottant devant lui.
— J'ai trouvé ça dans la bibliothèque, déclara-t-il de ce ton plein d'excuse qu'il employait à chaque fois qu'il s'adressait à lui. Par chance l'incendie l'a épargné. C'est une étude assez courte réalisée sur des fantômes italiens, mais je me suis dis que ça pourrait vous intéresser. (Severus ne bougea pas et Sir Nicholas agita légèrement la main, ouvrant le livre.) L'auteur a comparé l'histoire de près de trente fantômes, et la phase léthargique dont je vous parlais revient à chaque fois. Dans tous les cas où elle se prolonge, les fantômes concernés avaient été des vivants dépressifs et la plupart d'entre eux suicidaires. (Il fit tourner quelques pages.) L'auteur pense que les fantômes qui se « réveillent » sont ceux qui ont décidé de trouver la raison qui les retient ici. Et ceux qui se laissent disparaître sont ceux qui abandonnent.
Il continua quelques temps à lui détailler les résultats et les conclusions de l'auteur. Severus ne l'écouta que d'une oreille.
La Dame Grise fut la dernière à lui rendre visite. Severus n'avait que rarement croisé la Dame de Serdaigle, sans doute le plus discret fantôme du château. Il fut vaguement étonné par son apparente jeunesse. La Dame s'assit à côté de lui, au même endroit où s'asseyaient Sir Nicholas et le Baron, et resta elle aussi silencieuse.
Severus était replongé dans son état immobile quand il sentit une légère caresse sur son front. Depuis qu'il s'était réveillé ce funeste matin, c'était la première fois qu'il ressentait réellement quelque chose, et pas seulement la sensation désagréable de passer au travers d'un objet solide. Il leva les yeux vers la Dame qui s'était penchée vers lui, le regard plein de tristesse et de tendresse. Il pouvait voir au travers de son beau visage, mais sa souffrance était aussi tangible que… que tout ce qu'il avait connu vivant et qu'il ne connaîtrait plus jamais.
Il sentit avec surprise une larme couler sur sa joue. Quelques instants plus tard, il pleurait à gros sanglots, comme il n'avait pas pleuré depuis son enfance, comme il s'était empêché de pleurer quand son père l'avait battu pour la première fois, quand James Potter l'avait humilié pendant sa cinquième année, quand Lily s'était mariée, quand Voldemort lui avait apposé sa marque, quand Albus était mort…
La Dame le serra doucement contre elle tandis qu'il pleurait.
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Les semaines qui suivirent, il ne parla pas beaucoup plus. Mais il écouta.
Il écouta Minerva qui essayait de ne rien en laisser transparaître mais se faisait un sang d'encre pour l'avenir de l'école. Il écouta la douleur dans sa voix quand elle parlait d'Albus, l'inquiétude quand elle parlait des élèves, la fierté quand elle parlait de Potter, et Granger, et Weasley, et même Londubat, la tristesse quand elle parlait des morts, l'amertume quand elle parlait du nouveau Ministre, un inconnu nommé Delmas qui était débarqué au bon moment après la bataille, l'accablement quand elle parlait de Poudlard.
Il écouta Poppy et ses ragots, parfois plus informatifs que les nouvelles officielles qu'elle lui lisait dans le journal. Les membres de l'Ordre du Phoenix qui continuaient à faire assez de bruit pour empêcher les choses dangereuses de se tasser confortablement. Les procès des Mangemorts escamotés. Les donations inattendues de la part de sorciers, riches et moins riches, pour reconstruire Poudlard. Les réclamations montantes des parents – et des élèves – pour rouvrir l'école.
Il écouta Granger – bien qu'en grinçant imperceptiblement des dents – bégayer sa joie de le voir vivant, enfin, animé, enfin, présent, et ses excuses pour avoir cru pendant des années qu'il n'était qu'un… enfin un… enfin un Mangemort qui en voulait à Harry, et ses remerciements pour avoir veillé sur Potter pendant toutes ces années, et son assurances qu'elle allait faire tout ce qu'elle pourrait pour le sortir de son état. (Severus ignorait si elle parlait de son silence permanent ou de sa nouvelle condition de trépassé.)
Il écouta Londubat marmonner qu'il espérait qu'il irait vite mieux.
Il écouta Arthur Weasley lui parler des membres survivants de l'Ordre, et de Lupin qui était mort, et des autres qui étaient morts, du Ministère où personne ne semblait savoir dans quel sens courir, des Aurors qui tentaient tant bien que mal de répondre aux ordres contradictoires qu'ils recevaient.
Il écouta Molly Weasley ne pas parler de son fils Frederic.
Il regarda Ron Weasley se dandiner d'un pied sur l'autre sans desserrer les lèvres et se demanda quelle engueulade Molly avait bien pu lui passer. Le jeune homme – ce n'était plus un adolescent à présent – resta tout de même près d'une heure.
Finalement, il écouta Potter. Le jeune homme s'approcha de lui avec une réticence marquée et prononça quelques mots polis. Puis resta silencieux. Puis craqua. Severus ne se souviendrait jamais tout ce que son ancien élève avait bien pu dire – beaucoup de « pourquoi », quelques « et si », pas mal d' « espèce d'enfoiré » - mais il écouta scrupuleusement. C'était sans doute la bonne conduite à tenir, puisque Potter finit par se calmer, partit sans mot dire, et revint le voir plusieurs fois.
Il écouta encore de nombreux autres visiteurs qui vinrent le voir. Puis un beau matin, alors que Luna Lovegood délirait gentiment sur une espèce de lutins bleus qui joueraient de la flûte et mangeraient de la salsepareille, il se redressa et se leva de son lit.
— Merci, miss Lovegood, déclara-t-il sèchement. Je vous prie de m'excuser, j'ai quelqu'un à aller voir.
— Je vous en prie, répondit-elle en clignant paisiblement des yeux.
Il quitta l'infirmerie et flotta légèrement jusqu'à la gargouille qui gardait le bureau du Directeur – de la Directrice, à présent. Il croisa au passage quelques personnes qui lui jetèrent des regards ronds et s'écartèrent sur son passage. Les travaux semblaient bien avancer, constata-t-il le long de son périple.
— Loch Lomond, lança-t-il à la statue qui pivota. Minerva, lança-t-il en faisait irruption dans la pièce circulaire, je vais sans doute avoir besoin de votre aide. Oh, joyeux Noël.
(A suivre.)
