Note de l'auteur : Bonjour à ceux qui me liront, et même à ceux qui arrêterons avant la fin. Certains petits passages sont repris des Reliques de la mort pour faciliter la cohérence de l'histoire. J'espère que vous ne trouverez pas ce chapitre trop long pour mettre en place l'histoire. Je ne sais pas combien de chapitres comptera cette fanfiction mais je connais la fin de l'histoire, plus ou moins. Puissiez-vous l'apprécier.
Je remercie également Élise d'avoir corrigé mes écrits et de m'avoir fait d'excellentes suggestions.
Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à J.K Rowling comme vous le savez déjà. Merci à elle de ne pas brider l'imagination de ses lecteurs. Vous remarquerez également quelques passages entre guillemets trop bien écrits pour qu'ils soient de moi. Il s'agit de l'œuvre de Baudelaire, merci à lui de l'avoir écrit il y a suffisamment longtemps pour que cela tombe dans le domaine public.
Chapitre I. Une nouvelle ère à Poudlard
Une silhouette se tenait dans l'embrasure d'une fenêtre au quatrième étage du château de Poudlard. Silencieusement, elle observait les élèves s'approcher. Ils s'éparpillaient, plaisantaient et souriaient. Ils ne le savaient pas encore, mais c'était leurs dernières minutes d'insouciance. Dès qu'ils auraient franchi les portes du château, tout serait différent. Différent également pour celui, devenu par la force des choses, maître de ces lieux.
Severus Snape ne pourrait plus protéger les élèves. Cela lui coûterait beaucoup, il le savait, mais il n'avait pas le choix. « Pour le plus grand bien » comme d'autres ont pensé avant lui. Au moins, la personne qu'il s'était juré de protéger ne se trouvait pas en ces lieux.
Les derniers élèves avaient franchi les portes. La cérémonie de répartition allait avoir lieu. Severus enfila son masque d'indifférence et d'abnégation, inspira profondément et fit volte face. Il marchait à présent d'un pas rapide et décidé vers la grande salle. Son visage n'exprimait absolument aucune émotion lorsqu'il passa devant les élèves, à présent beaucoup trop calmes.
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Lorsqu'Hermione Granger s'approcha du château de Poudlard, elle était seule. Ces deux partenaires habituels étaient dans un endroit inconnu, peut-être en danger. Elle avait pourtant fait le choix de rester en arrière pour défendre ce qui restait de leurs anciennes vies parce qu'elle avait foi en l'avenir, foi en Harry. En regardant le château, le lac et la forêt, elle ne put s'empêcher de sourire. Les souvenirs qu'elle avait créés dans cet endroit étaient impérissables. La mémoire de Dumbledore lui survivait, leur lutte contre Voldemort leur survivrait aussi. Son attitude dans les rangs dénotait clairement. Elle semblait heureuse mais se tenait sur ses appuis de la même façon qu'un animal approchant une proie et sa main était posée sur sa baguette. Méfiante, elle savait parfaitement qui avait été nommé directeur de l'école et ce que cela signifiait : la fin d'un semblant de paix à Poudlard et l'intrusion de Voldemort dans les affaires de l'école.
Elle était maintenant arrivée aux portes de l'école, rejointe par Neville, Luna et Ginny. En les franchissant elle remarqua une silhouette dans l'embrasure d'une fenêtre du quatrième étage. Si le doute était permis pour bon nombre de gens, pour Hermione Granger il n'en était rien, dans ses grandes capes noires soulevées par le vent, se tenait Severus Snape, nouveau directeur de Poudlard. Hermione s'interrogea un instant à son sujet. Plus jeune elle était souvent la première à le défendre car il représentait trop le parfait coupable pour en être un. Aujourd'hui elle doutait. Bien sûr, elle n'avait rien dit à Harry et Ron qui lui en auraient énormément voulu, mais, où bien Dumbledore était mort pour une bonne raison ou elle n'avait rien compris au jeu auquel jouait son professeur de potions depuis des années. Tandis que Snape échappait à sa vue, Hermione fut confrontée à deux personnes imposant l'ordre dans les rangs.
« - Silence bande de morveux » hurla l'homme tandis qu'une femme, qui lui ressemblait beaucoup, bousculait les élèves pour qu'ils s'alignent.
Nous sommes les Carrow, vos nouveaux professeurs et adjoints du directeur, poursuit-elle. Vous l'aurez compris, les vacances sont terminées mes chers petits. Je vais maintenant vous expliquer comment ça va se passer, et il vaut mieux pour vous que ça se déroule de cette façon. Lorsque vous vous serez installés, dans le plus grand silence, les premières années seront répartis dans les quatre maisons, on ne rompt pas avec la tradition. Le nouveau directeur vous sera présenté ainsi que le nouveau règlement entièrement revisité. Si vous avez des questions vous allez devoir les garder pour vous. Sa tirade terminée la femme sembla chercher le moindre signe de rébellion. Rien ne se produisit.
Vous pouvez entrer maintenant ».
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La cérémonie venait de se terminer. Severus était retourné dans ses appartements aussi vite que possible. Il était las de supporter les regards assassins de ses collègues. Tous savaient qu'il était un meurtrier, mais tous étaient restés pour défendre les élèves. Seule Minerva lui adressait la parole lorsque cela était nécessaire pour temporiser la situation.
La cérémonie s'était toutefois plutôt bien déroulé. Sans aucun esclandre, mis à part lorsque le choixpeau s'était fait tordre le cou par Alecto Carrow alors qu'il déclamait son habituel discours. Il fallait dire qu'il avait adapté ce dernier à la situation et sommait les élèves de se rebeller. Soit les élèves étaient moins téméraires qu'il ne le pensait, soit les Carrow étaient vraiment effrayants car aucun ne bronchait. Une fois l'incident terminé et les élèves répartis dans leurs maisons respectives, ce fut au tour de Severus de parler. Il avait souhaité être aussi bref que possible, les élèves les plus âgés le regardaient en fronçant les sourcils. Il put même entendre quelques murmures tel que « traître » et « assassin » mais n'y prêta pas attention. L'ambiance était assez pesante comme cela. Son discours ressemblait à celui qu'aurait fait Dumbledore chaque année, sans compter les nombreux nouveaux points de règlements qu'il avait listé rapidement d'une voix monocorde :
« - Il est interdit de circuler dans le château après le dîner. Interdit de posséder des objets moldus. Interdit de fraterniser avec les membres d'une autre maison que la sienne… Il continua ainsi à énoncer les points du règlement, puis, aborda une nouveauté concernant leurs études :
- Il est obligatoire d'assister aux nouveaux cours sur l'art de la magie noire et à l'étude des moldus, obligatoire d'être recensé lorsqu'on est né moldus etc. La liste était longue.
À la fin de son discours, le silence régnait. Il balaya la salle du regard et fut contrarié d'y apercevoir Hermione Granger. Pour quelles obscures raisons n'était-elle pas en train d'aider ses amis ? Sans le cerveau de l'équipe ils n'iraient pas bien loin, il en était certain. Il devrait l'interroger plus tard en faisant passer cela pour un interrogatoire classique afin d'obtenir des informations sur Potter.
Après 10 bonnes minutes de réflexion sur les événements de la soirée, Severus se débarrassa de sa lourde cape, se servit un verre de Whisky pur feu, prit l'essai sur les potions mortelles qu'il avait commencé à lire la veille et s'affala dans son fauteuil. Quatre verres plus tard, la lecture terminée et 2 heures du matin passées il entreprit de se coucher. Peut-être que cette nuit il trouverait le sommeil. Malheureusement c'était sans compter sur le seigneur des ténèbres qui l'appelait à travers la marque. Severus jura, prit sa cape, et se rendit à l'appel.
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Voldemort se tenait au centre du salon du manoir Malfoy, entouré de quelques obligés.
« -Tu es en retard Severus, beaucoup de travail à l'école j'imagine ? demanda le seigneur des ténèbres de sa voix enrouée.
Depuis l'assassinat de Voldemort, Severus était aussi haut que possible dans l'estime de son maître. Il pouvait maintenant se permettre quelques minutes de retard.
- Oui maître ! Mais, les Carrow font très bien leur travail et pour l'instant il n'y a eu aucun débordement, répondit Severus.
- Fort bien, mon ami. Pardonne-moi de t'avoir convié si tardivement, je voulais simplement m'assurer que l'ordre régnait à Poudlard et que Potter ne s'y était pas montré. Le garçon peut être stupide parfois. N'oublie pas de me transmettre un rapport détaillé de ce qui se passe au château, ainsi que la liste des nés moldus lorsqu'elle sera complète. Oh, et ne t'étonnes pas trop des méthodes qu'emploient les Carrow avec les élèves. Je leur ai donné carte blanche. Il va de soi que c'est également ton cas.
- Bien maître, je vous remercie, dit Severus en s'inclinant.
Voldemort lui souriait de toutes ses dents. Il s'adressa ensuite à tous les membres du premier cercle présents.
- Venez tous maintenant, nous avons une invitée ce soir à table. Une de tes connaissances Severus, je crois.
Tous se dirigèrent vers la salle à manger du manoir. Au centre de la table flottait Charity Burbage, l'ancien professeur d'étude des moldus. Si Severus s'était demandé où elle était passée, la réponse était désormais évidente. En prenant place, il prit soin de ne pas se trouver face à elle, autant s'éviter l'effort de paraître impassible. Malheureusement pour lui, lorsque le repas fut terminé, Voldemort la réanima. Elle était affolée et semblait chercher une échappatoire. C'est à ce moment qu'elle rencontra le regard de Severus. Il ne détourna pas les yeux mais il était sûr qu'elle ne pouvait rien y lire, en tout cas, aucun espoir.
Voldemort demanda finalement :
- Reconnais-tu notre invitée Severus ?
Charity Burbage s'agita un instant, des larmes commençaient à perler au bord de ses yeux.
- Severus ! Aide-moi ! supplia t-elle.
Severus se contenta de fermer un instant les paupières avant de répondre par l'affirmative.
- Et toi Drago ? ajouta le seigneur des ténèbres.
Le jeune garçon baissa la tête, les yeux au plancher et fit non de la tête. Voldemort sembla satisfait.
- Pour ceux d'entre vous qui ne le sauraient pas, nous recevons ce soir Charity Burbage qui, jusqu'à une date récente, était professeur à l'école de sorcellerie de Poudlard. Selon elle, les Moldus ne seraient pas si différents de nous et comme si cela ne suffisait pas, elle diffuse ses sales idées dans les médias.
Charity Burbage dû sentir que le point final donné aux paroles de Voldemort serait son exécution. Elle tenta une dernière fois :
- Severus …s'il te plaît…s'il te plaît...
Une fois de plus, Severus ne laissa rien paraître et la regarda dans les yeux. Impassible. Elle pleurait franchement à présent et cela dû agacer le seigneur des ténèbres car il sortit sa baguette et vociféra un « Avada Kedavra » en direction de l'ancienne professeure. La table céda sous le poids de son corps inerte.
- Le diner est servi, Nagini, annonça Voldemort en souriant.
Le long serpent s'approcha silencieusement, sans quitter sa victime des yeux. Les mangemorts s'écartèrent de son passage. Nagini arriva à portée du dîner et moins de 5 secondes plus tard il ne restait qu'une marre de sang et de viscères sur le plancher du manoir Malfoy.
Severus su qu'il était temps pour lui de partir. « Permettez-moi de me retirer maître, demanda t-il humblement.
- Bien sûr Severus. Les Malfoy se chargeront du ménage. C'est chez eux, après tout ».
Severus s'inclina et transplana.
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- Brackium Emendo ! Ça devrait aller maintenant, essayes de bouger ton bras.
Ginny s'exécuta sans mal.
-Merci beaucoup Hermione, je n'avais jamais essayé ce sort, je me serais sûrement fait plus de mal que de bien.
- Essayes quand même de te faire plus discrète la prochaine fois. Il se pourrait qu'un jour je ne puisse pas te soigner.
- Oh Hermione, je ne te comprends pas, toi qui a été à l'origine du premier mouvement hors la loi de l'école tu participes à peine à l'effort de rébellion.
- Je ne veux pas mourir inutilement et je ne veux pas que mes amis meurent non plus. Il y a des choses plus importantes en ce moment que de s'amuser à transgresser les règles sans raison valable. On aura sûrement besoin de le faire plus tard pour aider Harry.
- Il faut bien leur faire comprendre qu'ils ne gagneront pas le château. Ils ne me font pas peur, dit Ginny l'air déterminé.
- Tu devrais avoir peur pourtant, répliqua Hermione. Allez, je m'occupe de tes bleus maintenant.
- Puisqu'on en est à se pomponner je veux bien du vernis sur les orteils après s'il te plaît, demanda Ginny en riant.
Les deux gryffondors passèrent le reste de la soirée à rire et jouer à la gameboy, plus par provocation que par réelle passion. Ginny avait d'ailleurs été corrigée par les Carrow pour avoir montré à Neville sa petite console alors que les objets moldus étaient interdits. Elle prétendait ne pas l'avoir fait exprès mais Hermione en doutait car depuis la rentrée, Ginny se faisait un malin plaisir de transgresser le nouveau règlement. Ce soir elle avait eu la chance de n'avoir qu'un bras cassé et des bleues sur les jambes.
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Severus s'impatientait. Il tournait en rond dans son bureau. Cela faisait trois semaines maintenant que les cours avaient débuté et il attendait toujours le moment où Hermione commettrait un faux pas pour pouvoir l'interroger sans éveiller les soupçons. Il ne pouvait pas annoncer aux Carrow qu'il interrogeait Hermione Granger, ils le rapporteraient au seigneur des ténèbres et il aurait des comptes à rendre. Le seul moyen de lui parler était de la punir, brièvement bien sûr. Pourquoi ne tentait-elle pas de se rebeller ? Ses camarades de septième année étaient plusieurs fois passés entre les mains des Carrow et même entre les siennes. Chaque fois il avait tenté de les blesser sans que cela soit trop douloureux ou irréversible. Juste ce qu'il faut pour que cela soit crédible.
Est-ce qu'Hermione avait perdu tout espoir de gagner cette guerre ? Il ne semblait pas que cela soit pourtant le cas à la voir sans cesse sourire et rire. Une telle gaieté devait cacher quelque chose.
Après un nombre incalculable de tours dans son bureau, Severus s'aperçut qu'il était plus de minuit. Il devait terminer la liste de nés moldus qui trainait sur son bureau. Il avait lui-même déposé une marque éphémère sur le poignet de chacun d'entre eux. Tant pis, pour une fois qu'il avait sommeil, autant en profiter. Malheureusement, la nuit fut agitée.
« Tu nous as tué Severus, tu aurais pu nous sauver mais tu préfères te cacher … Le seul vrai combat de tout homme l'oppose à sa propre lâcheté ».
Ces paroles étaient prononcées par plusieurs silhouettes au visage indéfinissable.
« Ce n'est pas de la lâcheté que de sauver sa peau, c'est mon devoir... Je dois encore servir notre cause à tous... Vous ne comprenez pas, je ne voulais pas vous tuer ou vous laisser mourir… », répliqua Severus la voix tremblante.
Les silhouettes étaient proches maintenant. Severus pouvait distinguer Charity Burbage, Mélody une jeune moldus de 6 ans qu'il avait tué pour empêcher Bellatrix de jouer à la poupée, Dumbledore était là lui aussi mais il ne parlait pas. Il y avait tellement de visages qu'il ne connaissait pas, il ne se souvenait plus. Il tomba à genoux et implora leur pardon. Soudain, les silhouettes s'évaporèrent et deux bras lui saisirent les épaules par derrière. La peau qui le frôlait était douce et ne semblait pas lui vouloir de mal. Severus se retourna et sourit au visage blanc de Lily.
« Comment tu vas Sev', demanda t-elle ? ».
Il ne répondit rien et caressa son visage : l'arête de son nez, ses pommettes, son menton, ses lèvres … Des larmes perlaient sur ses cils.
« Pardonne-moi, Lily, supplia-t-il.
- Je suis morte Sev' je ne peux plus te l'accorder... Je ne suis même pas là ».
Ces mots sortirent Severus de son sommeil avec violence. Ses draps et son dos étaient trempés. En sortant de son lit, il se prit le pied dans les draps et tomba face contre terre. Une demi-heure passa, Severus n'avait toujours pas bougé. Il regardait sans vraiment voir la boule de poussière qui allait et venait au rythme de sa respiration. Au fond de lui les ténèbres l'entourait. Le jour commençait à se lever alors il décida finalement d'en faire autant. Il prit une douche, se regarda dans le miroir mais fut déçu de ce qu'il voyait. Il attrapa l'un de ses nombreux ensembles noirs et se rendit à la grande salle pour le petit déjeuner. Après la nuit qu'il avait passée, il serait d'une humeur massacrante pour le reste de la journée.
La grande salle était déserte lorsqu'il entra. Seule Hermione Granger et quelques serpentards étaient présents. Quelle chance, si elle ne faisait pas de faux pas, il l'y pousserait !
Severus s'installa à la table des professeurs. Il l'observait discrètement tandis qu'elle lisait. Son visage était apaisé et détendu. Malgré l'atmosphère tendue qui régnait depuis la rentrée elle ne semblait pas effrayée. Il observa sa main saisir le gobelet en face d'elle, avant de le porter à sa bouche. Sa lèvre supérieure était maintenant recouverte d'une fine pellicule orange causée par le jus de citrouille. Elle la lécha. En la détaillant ainsi, Severus remarqua quelque chose : ce n'était pas un livre de Poudlard qu'elle lisait, il y avait un livre plus petit, dissimulé dans le plus grand. « Je la tiens », pensa-t-il. Aussi furtivement que possible, il emprunta le couloir entre les tables et se glissa derrière elle pour lire par-dessus son épaule :
« (…) Mais la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi.
Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu'il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d'aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d'un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours (…) ».
« Baudelaire Miss Granger ? Chacun sa chimère il me semble. Célèbre poète sorcier n'est-ce pas ? demanda Severus, paré de son célèbre rictus.
Hermione pivota vers lui et ferma vivement son livre.
- Célèbre en effet, pour que vous le connaissiez, répliqua t-elle sans sourciller.
- Faites-attention Miss Granger, votre ton flirt avec le manque de respect.
- Excusez-moi, monsieur le Directeur, je surveillerai mes paroles à l'avenir, à moins que celles-ci le soient déjà ? Maintenant, si vous le permettez j'aimerais aller en cours.
Hermione se leva et fit mine de s'en aller mais il fut plus rapide et lui saisit le bras.
- Pas si vite Miss Granger, votre livre moldu s'il vous plaît.
Elle lui remit violemment le petit livre en maroquin rouge estampé d'or et s'en alla d'un pas précipité. Il eut tout de même le temps de lui crier :
- Dans mon bureau, ce soir à 20 heures, pour une retenue ! Demandez le mot de passe à Miss Weasley.
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- J'ai appris la nouvelle ! Il paraît que tu es en retenue ce soir avec Snape ? Tu t'es enfin décidé à lui montrer qui nous sommes ?
- Pas du tout Ginny, il m'a surpris alors que je lisais un livre moldu, c'est tout... Je ne l'ai pas cherché, répondit Hermione agacée.
-Est-ce que tu as peur ? Tu sais il n'est pas pire que les Carrow. C'est étrange d'ailleurs, il est même carrément moins dur. La dernière fois il m'a seulement jeté un endoloris qui a duré une ou deux minutes avant de me mettre dehors. Les Carrow, eux, me gardent toujours au moins une heure, et paradoxalement, ils préfèrent les méthodes moldus pour faire du mal.
- C'est normal, affirma Luna qui sortait de nulle part, les méthodes moldus sont bien plus cruelles. Le professeur Snape n'est pas cruel lui.
- Qu'est ce que tu en sais ? demanda Hermione soudainement intéressée.
- Parce qu'il ne sourit pas, répondit-elle distraitement.
Luna n'était jamais explicite lorsqu'elle parlait mais Hermione comprit ce qu'elle voulait dire par là. De toute façon, elle n'avait pas peur de lui, elle doutait toujours de sa réelle culpabilité. Ce soir, elle verrait.
19 heures 40. Hermione se changea rapidement : un jean, un tee-shirt bleu marine et des baskets. Elle releva ses cheveux, expira un bon coup et quitta la tour Gryffondor. A 20 heures précises elle se trouvait devant l'entrée du bureau du directeur. « Albatros » lança t-elle et le passage s'ouvrit. Le bureau était presque vide. Les cadres des anciens directeurs étaient là, même celui du professeur Dumbledore mais ils étaient le seul ornement de la pièce. Il y avait un bureau, un fauteuil, une chaise et c'était tout.
- Pile à l'heure Miss Granger, félicitations, commença Severus. J'ai quelques questions. Asseyez-vous s'il vous plaît. Hermione s'exécuta et s'assit sur le fauteuil au centre du bureau. Son ton était très cordial.
- Que voulez-vous savoir professeur ?
- Êtes-vous toujours décidé à aider Potter ou êtes-vous devenu raisonnable ?
- Harry est toujours mon ami et je me battrai à ses côtés quand le moment sera venu, répondit-elle platement.
- Alors pourquoi ne vous battez-vous pas dès aujourd'hui ? Pourquoi tout semble aller bien pour vous alors que vos amis sont peut-être morts ? Pourquoi vos petits camarades de septième année mènent la vie dure aux Carrow pendant que vous passez votre temps à lire ?
Chaque question avait augmenté la tension qui régnait dans la pièce. Snape se tenait tout près d'elle à présent, les mains posées sur les accoudoirs du fauteuil, le regard planté dans le sien. Elle ne cilla même pas.
-Harry est en vie professeur, mais je ne dirais rien de plus. Quant à mon évidente joie de vivre, elle est en partie causée parce que j'ai toutes les chances de mourir dans un futur proche mais on m'a dit un jour que vivre les malheurs d'avance, c'est les subir deux fois.
Severus était abasourdi par l'aplomb et la maturité de son ancienne élève. Elle poursuivit :
- Qui vous dit que je passe mon temps à lire ? C'est parce que je suis l'amie de Harry que vous vous intéressez tant à ma personne ?
- Précisément, miss Granger.
-Vous avez tort, je ne passe pas mon temps à lire. Restez sur vos gardes professeur, il se pourrait que je prépare un mauvais coup qui vous a échappé, dit elle en souriant.
- Ce sont des menaces ? demanda-t-il le regard plus noir que les abîmes.
Hermione ne répondit rien. Il la gifla plus violemment qu'il ne l'aurait voulu mais elle ne broncha pas. Une goutte de sang perlait sur sa lèvre. Severus attendait. Elle reprit finalement la parole :
- Je suis certaine que vous auriez pu mieux faire professeur.
Hermione le provoquait volontairement pour voir jusqu'où il serait prêt à aller. Si son ressenti était bon, il ne lui ferait pas vraiment de mal. Soudain, la porte du bureau s'ouvrit à la volée, les Carrow se tenaient à l'entrée du bureau. Au même instant, la marque de Severus lui brûla le bras.
- Bonsoir Severus, commença Alecto, le seigneur des ténèbres souhaite que tu nous passes la main un instant, il veut te parler. Avant que tu demandes, je n'en connais pas la raison.
Alecto s'avançait dans la pièce, son regard se posa sur Hermione.
- Oh, mais je la reconnais celle-ci, c'est Hermione Granger n'est-ce pas ? La petite amie de Potter ? Quelle aubaine n'est-ce pas Amycus ? »
Ce dernier ria grassement.
- Je préférerais que vous me laissiez m'en occuper.
- Nous sommes autant capable que toi de soutirer les informations que le seigneur des ténèbres souhaite. Allez, file gentil toutou, ton maître t'attend.
- Surveille tes manières Alecto, vociféra Severus.
Il regarda une dernière fois Hermione dont les yeux exprimaient clairement la peur à présent. Lui non plus n'était pas pleinement confiant. Il craignait qu'elle ne leur dise ce qu'ils souhaitaient mais il craignait également qu'ils ne la blessent trop profondément. Pourvu que Voldemort soit court. Il transplana.
Hermione était seule dans la pièce avec les deux mangemorts. Cette fois, elle avait peur.
- Bonjour ma jolie. Tu l'es peut-être un peu trop d'ailleurs pour une sang de bourbe. Amycus va arranger ça.
Ce fut les dernières paroles qu'Hermione entendit, le poing d'Amycus fendant l'air avant de s'abattre sur le visage de la jeune fille qui fut plongée dans le noir complet.
