Alors, je tiens à préciser que cette fiction est assez spéciale. Je m'explique : Depuis ma plus tendre enfance je regarde les films Disney et il m'arrive encore d'en regarder aujourd'hui avec grand plaisir.

Mais parmi tous ces films il y en a deux qui m'ont profondément marqué et que je n'ai jamais pu départager tant je les adore, il s'agit du Bossu de Notre-Dame et comme vous vous en doutez de Taram et le chaudron magique. Ils ont tous les deux joués un rôle déterminant dans mes goûts et ma personnalité d'aujourd'hui.

Mais en ce qui concerne Taram et le chaudron magique c'est particulier. En fait il y a quelques temps j'ai essayé de me souvenir d'où avait commencé ma passion pour les histoires, à quel moment j'avais commencé à imaginer un personnage et des scénarios puis je me suis revue enfant dans mon canapé à regarder Taram, à être impressionné par le Seigneur des Ténèbres et je me suis souvenu qu'à cet instant j'imaginais une femme, mon héroïne qui ne m'a plus quitté depuis, en train d'agir et d'évoluer dans ce dessin animé. Ce fut ma toute première histoire.

Une fois que je fut arrivée à cette conclusion il m'a semblé que ce dessin animé, sans doute le plus méconnu des films Disney, méritait amplement que je lui rende hommage pour cette belle passion qu'il avait fait naître en moi.

Voici donc mon interprétation de Taram et le chaudron magique, retravaillé bien sûr, et c'est avec émotion que je vous la propose. Pour ceux qui sont habitués au premier doublage de 1985 je vous préviens pour les dialogues je m'appuie sur le deuxième doublage de 1998 que je trouve mieux écrit et les voix mieux adaptés aux personnages. (Mais c'est mon avis). Pour que les dialoogues soient cohérents je vais aussi devoir en réadapter quelques uns.

Naturellement les personnages ne m'appartienne pas sauf Iseult, le Baron Einon et les gens du village.

Bonne lecture...et soyez indulgents svp, merci. Je préviens aussi que cette fiction ne comportera que 2 ou 3 chapitres minimum.

XXX

A en croire la légende, au cœur du royaume de Prydain...il eut un roi si cruel et si maléfique que même les dieux le craignaient !

Aucune prison ne pouvant le retenir, il fut brûlé vif dans un creusé empli de métal en fusion, où son esprit démoniaque fut à jamais figé sur la forme un immense chaudron magique. Durant des siècles le chaudron magique demeura dans l'ombre patiemment.

Mais des hommes malveillants le recherchaient, celui d'entre eux qui le découvrirait aurait le pouvoir de ressusciter une armée de guerriers d'outre tombe, grâce auquels il se rendrait maître du monde !

XXX

Dans une petite chaumière en plein cœur de la forêt, vivait un vieil homme du nom de Dallben, un érudit sage et généreux qui avait recueilli très jeune son neveu Taram après la mort de ses parents. Il avait également de nombreuses années plus tard accueilli sa nièce Iseult, la fille de son deuxième frère. Le vieux Dallben, n'ayant jamais eu la chance d'avoir des enfants, c'était fait une joie et même un devoir de recueillir les deux derniers membres de sa famille encore en vie.

Ce bonheur aurait pu être sans tâches si seulement sa nièce n'était pas dans une situation aussi délicate, si son neveux n'était pas aussi rêveur et surtout si il n'avait pas cette horrible sentiment qui lui étreignait le cœur depuis quelques temps.

En effet la guerre faisait rage, bien que leur petite chaumière ainsi que le village un peu plus loin n'en été pas encore affecté. Le vieil érudit se sentait glacé d'épouvante rien qu'en imaginant cette guerre s'étendre jusqu'à eux, car après tout le château du Roi Cornu n'était qu'à quelques lieux d'ici. Le Roi Cornu...cet être hideux, puissant, inspirant la haine et la peur...Dallben frissonna en rangeant le livre qu'il lisait.

– Un danger nous menace, j'en ai les os glacés jusqu'à la moelle ! Murmura-t-il à lui-même comme il le faisait souvent. Le Seigneur des ténèbres, ce roi noir au cœur de pierre !...mais qu'attend-il au juste ?

Il frotta pensivement son crâne à demi chauve, ne parvenant pas à comprendre pourquoi leur village et eux-même n'avaient pas encore été détruit, à émettre des hypothèses sur les plans sordides du Monarque maléfique quand une odeur acre et brûlé parvenu jusqu'à ses narines. Dallben chercha, en balayant l'intérieur de la chaumière du regard, d'où pouvait bien venir une telle odeur et ses yeux tombèrent rapidement sur la marmite débordante dans la cheminée.

– Oh ! Taram ! La marmite est en train de déborder mon enfant.

Son neveux était une fois de plus penché sur le rebord de la fenêtre, plongé dans une profonde rêverie qui n'appartenait qu'à lui. Le jeune garçon d'à peine 16 ans n'était pas très grand mais sa minceur en donnait l'illusion. Il se retourna machinalement, secouant ses cheveux roux en sortant de sa rêverie.

– Dallben...je réfléchissais. Dit-il confusément. La guerre pourrait bien se terminer...sans même me laisser le temps de me battre !

– Et bien saches que j'en serai heureux ! Rétorqua le vieil homme avec force. La guerre est un jeu cruel, tu pourrais être blessé.

– Mais je n'ai peur de ri...Aoutchhh ! S'écria Taram en se brûlant soudainement la main par mégarde contre la poignée chaude de la marmite.

– Ah ! Tu vois, qu'est-ce que je disais ! S'exclama Dallben victorieusement. Si le Seigneur des ténèbres réapparaît les risques seront bien plus grave qu'une simple brûlure au doigt.

Le jeune garçon ignora sa remarque et il prit ensuite un torchon pour soulever le couvercle de la marmite et en sortir une grosse louche qu'il versa dans un bol, un chat presque aussi vieux que Dallben s'approcha discrètement pour manger la pitance mais l'odeur nauséabonde qui s'en dégageait le fit vite reculer.

– Non, non le chat, ce n'est pas pour toi ! C'est pour Tirelire. Le rouspéta gentiment Dallben en le voyant faire.

– Ça aussi c'est énervant...il n'y en a que pour Tirelire ! S'exclama Taram excédé en reposant rageusement le couvercle de la marmite.

– Et un jour ou l'autre mon enfant tu comprendras enfin pourquoi. Déclara son oncle avec son ton mystérieux qu'il détestait tant. Tiens maintenant trêve de rêveries tu as du pain sur la planche. Ajouta-t-il en lui donnant le bol.

Le jeune garçon marmonna entre ses dents mais s'exécuta d'un pas lent. Dallben se désolait de son attitude sans parvenir à y changer quoique ce soit. Son neveux était passionné et plein d'énergie malgré son côté rêveur, Dallben savait aussi qu'il voulait être chevalier...il soupira en songeant à tout ce que son frère, le père d'Iseult, avait dû faire et sacrifier pour pouvoir devenir lui-même chevalier et avoir ses propres terres ainsi que son titre de châtelain...tout ça réduit à néant aujourd'hui, les jeux des puissants étaient sans pitié. Taram était si innocent, il ne voyait que la gloire dont était couvert les chevaliers et non tous les devoirs que cela incombait.

– Ah...il est trop enthousiaste et trop téméraire face au danger qui le guette.

Au dehors Taram bougonnait, tapant du pied en allant jusqu'à l'enclot de leur cochon Tirelire.

– Dallben ne comprend rien...je ne suis plus un petit garçon ! Marmonna-t-il.

Un peu plus loin sa cousine le surveillait du coin de l'œil tandis qu'elle accrochait le linge sur un fil tendu entre deux grands arbres. Iseult était plus âgée que son cousin, c'était une ravissante jeune femme grande et svelte, ses longs cheveux noirs volaient en de gracieuses ondulations au gré du vent. Ses yeux de biche tout aussi noirs étaient semblable à deux gouffres sans fond transperçant tous ceux qui croisait son regard bien qu'il y régnait la plus part du temps une profonde lassitude ou bien une colère ardente quand il lui arrivait de songer à une certaine personne.

Iseult était la fille unique du Chevalier Théon, connu et respecté de tous pour ses prouesses et surtout pour sa magnanimité. Hélas la jeune femme était venue vivre chez son oncle après avoir été dépossédé de tout ses biens par un grand Seigneur, le Baron Einon. Ce dernier profita de la mort soudaine de son père pour lui demander sa main, ce qu'elle refusa, en représailles pour avoir été éconduit le Baron la chassa de ses terres la réduisant à une vie de paysans.

Iseult dû alors se débrouiller seule pendant un temps, jusqu'à ce qu'elle se décide à aller demander à son oncle de l'héberger, ce qu'il accepta avec joie. La jeune femme trouva ensuite un travail dans une boutique du village. Pourtant malgré ce revers de fortune et malgré être privé de ses terres Iseult n'en demeurait pas moins châtelaine ! C'était une femme respectée, crainte même. De part son éducation aisée elle était instruite, savait lire et écrire...et son titre la protégeait bien qu'elle n'eut plus rien.

De cette mésaventure la jeune femme en avait garder une intense amertume ainsi qu'un désir de vengeance encore inassouvi. Il pouvait lui arriver de céder parfois à des pulsions violentes, c'était une femme passionnée, colérique et aventureuse même si ce caractère instable l'avait conduit à de nombreux abîmes.

Désabusée comme elle l'était, déjà consciente de la dureté de la vie Iseult ne supportait pas l'insouciance de son cousin Taram qu'elle n'épargnait guère. Elle le voyait comme un enfant immature et capricieux même à cet instant alors qu'il donnait à manger à Tirelire, ce cochon inutile selon elle.

– Est-ce que je suis venu au monde pour ça ! Pour engraisser les porcs ? Je suis un guerrier ! Pas un gardien de cochons ! S'exclama Taram qui inconsciemment imitait Dallben quand ce dernier parlait tout seul. Tout ce qu'il me faut c'est une chance et je deviendrai un célèbre chevalier !

Il ramassa un long bâton de bois et l'agita sous le nez de Tirelire qui prit peur et s'enfuit derrière sa petite cabane.

– Haha, tu vois ? Même toi tu as peur ! Rit-il sans méchanceté, puis il se retourna vers les oies qui marchaient librement en groupe et chargea sur elles. Vous me provoquez ? Fuyez bande de lâches !

Devant cette scène ridicule Iseult poussa un « Hum ! » dédaigneux, cependant elle avait arrêté sa tâche tant elle était maintenant captivée par son manège, songeant que son cousin aurai bien besoin d'une bonne raclé pour redescendre sur terre. Taram continua de chasser les oies quand le bouc arriva dans la cour alerté par le bruit, tout de suite en le voyant le jeune garçon le prit pour cible.

– Le voilà ! Sa Majesté le Seigneur des ténèbres ! Enfin face à face...

Il agita alors son bâton entre les cornes du bouc qui s'en retrouva momentanément désorienté en bêlant de mécontentement.

– Même sa Seigneurie tremble devant moi ! S'exclama victorieusement Taram en se retournant vers Tirelire qui le regardait. Tu vois, tout le monde prend la fuite devant Taram, le justicier sans peur !

Cependant son moment de gloire fut de courte durée car il avait commis l'erreur de tourner le dos au bouc, furieux, qui le chargea à grande vitesse percutant violemment le séant du jeune garçon avec ses cornes. Taram volant quelques mètres plus loin puis retomba lourdement en roulant sur le sol.

Près du fil à linge Iseult se tordait de rire, n'ayant rien perdu du spectacle. Elle riait tellement qu'elle en avait les larmes aux yeux et des crampes à l'estomac.

– Bien ! Brave bête ! Dit-elle à l'adresse du bouc qui repartait faire un tour, les cornes fièrement levées. Tu auras de l'avoine. Lui promit-elle.

La jeune femme ramassa ensuite son panier d'osier vide qu'elle cala contre sa hanche droite et s'approcha de son cousin toujours par terre, faisant semblant d'être mort.

– Hum...tu es loin de pouvoir prétendre être un héros ! Lui dit-elle d'une voix moqueuse.

Taram rouvrit les yeux et pâli en comprenant qu'elle l'avait vu, nul doute qu'elle allait se moquer de lui pendant des semaines maintenant. Il faut dire qu'elle ne manquait jamais une occasion de le faire, pourtant quand elle avait emménagé chez eux le jeune garçon se souvenait qu'elle n'était guère méchante, elle semblait malheureuse oui mais pas mauvaise, elle venait juste de perdre son père et tout ce qu'elle avait. Naturellement quand il avait su que son père était chevalier il n'avait pu résister à l'envie de lui poser des questions sur lui mais Iseult s'était vite assombrit, ne voulant pas se souvenir de ça. Et depuis lors elle se moquait de lui et de ses rêves de chevalerie, le traitait ouvertement de fainéant et d'incapable.

Il détestait son sourire narquois et son regard douteux, il n'aimait pas ses airs supérieurs et pour une raison qu'il ignorait il était persuadé qu'elle le haïssait.

– Laisse-moi tranquille, toi aussi tu ne comprend rien !

– Ben voyons ! Rétorqua Iseult toujours aussi moqueuse.

Taram allait répondre quand l'ombre de Dallben s'approcha d'eux. Le vieil homme observa son neveux par terre couvert de boue.

– Oh Dallben ! Je...je...je nettoyais Tirelire. Bafouilla Taram en enlevant la boue qui avait giclé sur la truie quand il était tombé dans la terre.

– Je vois...Lui répondit son oncle absolument pas crédule. Toujours ces rêves Taram, hum ?

Le jeune garçon sembla dépité.

– Mais Dallben ne serai-je jamais rien d'autre qu'un valet au service d'un animal ?

– J'en ai peur oui. Affirma Iseult avec une peine feinte.

Là Taram se releva et la regarda avec effronterie, les poings sur les hanches.

– Oh tais-toi ! Tu ne sais rien ! S'écria-t-il avec une fureur d'enfant.

– Ce que je sais en revanche c'est qu'avant de devenir chevalier il faut en servir un ou un Seigneur pour pouvoir être nommé. Dit-elle avec un calme énervant, ne prenant pas du tout la colère de son cousin au sérieux. Malheureusement pour toi le seul chevalier de la région, mon père, est décédé. Quand au Seigneur il ne reste que cet infâme Einon !

– Alors c'est lui que j'irai voir ! Rétorqua Taram sans réfléchir.

Instantanément un brasier s'alluma dans les iris noires d'Iseult, son beau visage se contracta sous l'effet du vive colère faisant reculer son cousin de deux pas mais elle se rapprocha de lui de sorte à n'être qu'à quelques centimètres de son visage. Ses grands yeux haineux le clouaient sur place alors qu'il réalisait la bêtise qu'il venait de dire.

-Si tu fais ça...Dit-elle en articulant bien chaque mots, la menace étant très perceptible. Je jure que je te tue de mes mains !

– Bon assez vous deux ! S'exclama Dallben alarmé par la tournure que prenait la discutions. Taram si tu donnait un bain à Tirelire et toi Iseult...et bien...fait ce que tu veux mais change toi les idées de façon plus saine ma fille !

Sur ce il retourna à la chaumière, Iseult le suivi non sans jeter un dernier regard meurtrier à son cousin. Taram prit fatalement Tirelire dans ses bras et l'amena dans une bassine dans son enclot.

– Ma pauvre Tirelire...Dit-il en soupirant. J'ai l'impression que je serai encore un simple valet de ferme quand j'aurai l'âge de Dallben.

La petite truie se laissa faire appréciant l'eau et les frottements bienfaisant de la brosse avec laquelle Taram lui grattait le dos. Le jeune garçon avait beaucoup d'affection pour ce cochon malgré le fait qu'il aspirait à un avenir plus attrayant.

Tirelire commençait à somnoler calmement, appréciant son bain quand tout à coup elle s'agita. Elle se redressa, tournant la tête de droite à gauche comme si quelque chose allait se jeter sur elle. Taram ne comprit pas son changement d'attitude, il tenta de la calmer mais en vain, la truie s'affola de plus bel et poussa bientôt des cris déchirant de frayeur en s'élançant hors de la bassine. Taram dû se coucher sur elle pour l'empêcher de s'enfuir mais elle se débattait furieusement. Les cris alertèrent bientôt Dallben qui se précipita à la fenêtre.

– Taram ! Qu'est-ce qui se passe ?

– Mais c'est pas ma faute ! Protesta-t-il en retenant le cochon. Elle s'est affolée subitement.

– Quoi ?! S'exclama Dallben prit de panique lui aussi. Dépêche-toi, emmène-la à l'intérieur vite !

Un peu plus tard le vieil homme avait fermé la porte et les volets de la chaumière et allumé une bougie pour les éclairer. Sans répondre aux questions de son neveux et de sa nièce Dallben avait déposé un grand saladier en bois sur le sol et le rempli d'eau puis il attendit que Tirelire s'apaise.

Iseult était assise à côté de la cheminée, silencieuse. Taram lui était agenouillé par terre près de Tirelire, ne comprenant pas ce qui se passait.

– A quoi ça sert tout ça ? Demanda-t-il pour la centième fois.

Son oncle soupira, comme s'il allait faire une chose qu'il aurait souhaitez éviter.

– Taram, Iseult...vous allez découvrir un secret. Déclara-t-il en murmurant sur un ton de confidence. Mais n'en révélez jamais la source à personne !

Aucun des deux ne lui répondit cependant le cousin et la cousine échangèrent un regard avant de reporter leur attention sur Tirelire. Dallben s'empara de son bâton de marche et plongea le bout dans le saladier en tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, prononçant ce qui ressemblait à une curieuse incantation.

Commence pour nous le long voyage qui t'entraînera au fond des âges...par la force de ton regard fait que j'entre dans ton cauchemar.

Tous virent Tirelire poser son menton sur l'eau, ses yeux s'illuminèrent d'une étrange lueur. Des ombres violettes phosphorescentes se répandirent dans l'eau tel de l'encre et dansèrent un moment sans cohérence puis elle se rassemblèrent en une forme ressemblant à un cavalier. Dallben l'identifia immédiatement comme étant le Seigneur des ténèbres lui-même. Taram émit un petit cri étouffé mais son oncle lui intima tout de suite l'ordre de se taire.

– Chut ! Ne dis rien...il cherche quelque chose. La forme du cavalier disparu et les lueurs devinrent alors orangées, elles tournèrent encore et encore jusqu'à obtenir une grande forme sombre ressemblant à un chaudron. Mais c'est le chaudron magique ! S'exclama Dallben stupéfait. Voilà ce qu'il cherche !

– Le chaudron magique ? Répéta Taram.

– Une arme terrifiante ! Lui répondit son oncle. Il est caché depuis des siècles mais si jamais le Seigneur des ténèbres s'en empare et déchaîne ses pouvoirs, plus rien ne pourras l'arrêter.

L'eau redevint ensuite bleu et les lueurs violettes revirent pour prendre une forme similaire à celle d'un...d'un cochon.

– Mais ? C'est Tirelire ! Reconnu Taram.

– Il l'a démasqué ! S'écria Dallben avec effroi. Assez ! Ça suffit !

Il stoppa immédiatement la vision en donnant un violent coup dans l'eau.

– Je comprend mieux pourquoi tu ne voulais pas qu'on la mange...Dit alors Iseult qui parlait pour la première fois depuis le début de la vision. Puis-je savoir pourquoi tu n'as pas jugé bon de m'en parler plus tôt ? Ajouta-t-elle sur un ton de reproche.

Mais Dallben l'ignora superbement en se dépêchant de préparer un baluchon avec un morceau de pain et une pomme.

– Il faut partir sur le champ ! Emmener Tirelire dans mon repère secret à lauré de la forêt interdite, la cacher et ne pas la laisser sortir.

– La cacher ? Mais pourquoi ? Demanda Taram.

– Jusque là moi seul connaissais les pouvoirs de Tirelire mais à présent le Seigneur des ténèbres l'a découvert, nous devons faire en sorte qu'il ne se serve pas de Tirelire pour trouver le chaudron magique !

– Il ne me fait pas peur du tout ! Déclara courageusement Taram en attachant une corde autour du cou de Tirelire. Soyez sans inquiétude !

– Serais-tu totalement inconscient ?! Rétorqua Dallben en essayant d'ignorer le rire narquois d'Iseult. Le courage de la jeunesse ne suffit pas contre ses maléfices, ne l'oublie jamais ! Il lui tendit le baluchon puis se tourna vers sa nièce. Iseult tu connais mieux la forêt que quiconque, tu accompagnera Taram, veille sur lui durant le trajet.

La jeune femme cessa brusquement de rire et dévisagea son oncle puis Taram.

– Ah non ! Il est hors de question que je chaperonne ce crétin et son cochon ! S'il veut jouer au héros qu'il le fasse seul.

Malheureusement pour elle Dallben était au-delà de la patience et lui ordonna sévèrement de le faire malgré les protestations de la jeune femme et de Taram réunis.

XXX

Sur le sentier dans la forêt les deux jeunes gens marchaient côte à côte. Iseult avait avait laissé sa robe pour un pantalon, des bottes et une tunique noire plus adapter pour voyager et elle écoutait avec agacement son cousin parler avec enthousiasme à qui voulait bien l'entendre.

– Je n'en reviens pas que Tirelire avait des visons de ce genre, et moi qui la prenait pour un cochon ordinaire...Alors qu'elle est tellement...exceptionnelle ! Dallben ne va pas regretter de me l'avoir confier ! Je vais l'étonner.

– Oh oui c'est sûr ! Soupira sa cousine avec lassitude. Pryden peut dormir tranquille en sachant que tu gère la situation.

Taram lui jeta un regard noir qui acheva de l'énerver puis elle le dépassa en marchant plus vite.

– Toi, ne t'éloigne surtout pas ! Dit le jeune garçon en caressant affectueusement la tête de Tirelire. Ne t'inquiète pas, reste tout près de moi et personne ne te fera de mal. Je saurai te défendre !

Il s'approcha d'une petite marre et en bu une grande gorgée.

– S'il le faut j'affronterai le Seigneur des ténèbres ! Je te protégerai toujours.

Taram s'imaginait déjà en chevalier portant une armure étincelante, brandissant son épée, acclamé par une foule joyeuse et admirative. Il serait un grand héros, couvert de gloire et d'honneurs. Il s'imaginait remercier la foule, remercier Tirelire aussi et...une minute ? Tirelire ? Il reprit ses esprits mais aperçu avec horreur que Tirelire n'était plus à côté de lui. Il se releva en l'appelant mais elle ne revenait toujours pas.

Il se maudit intérieurement de son manque d'attention...et dire qu'il l'avait quitté des yeux seulement une minute ou deux. Il l'appela encore, plus fort. Bientôt des bruits de pas se rapprochèrent de lui, Taram cru d'abord avec soulagement que c'était Tirelire qui revenait mais très vite c'est la forme élancée et gracieuse de sa cousine qui émergea des fougères.

– Qu'est-ce qui se passe encore ? Lui demanda-t-elle d'une voix assez agressive.

Taram ne savait pas trop comment le lui dire, elle allait encore l'accabler. Il chercha ses mots essayant de s'en sortir.

– C'est...c'est Tirelire...elle est...

– Tu l'a perdu ?! S'écria Iseult en comprenant tout de suite la situation. Je te laisse cinq minutes tout seul et elle t'échappe ?!

Le jeune garçon tenta vainement de s'expliquer, de se défendre mais elle l'arrêta d'un geste impatient de la main. Heureusement pour lui la disparition de Tirelire semblait davantage préoccupé sa cousine que son moment d'égarement, ils se mirent donc à la chercher ensemble. La forêt semblait plus angoissante à mesure qu'ils s'y enfonçaient. Taram sortit la pomme que Dallben lui avait donné et la tendit pour appâter Tirelire.

– Aller montre toi ! L'appela-t-il presque suppliant. Est-ce que tu as envie d'une...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que quelque chose lui tomba dessus, le projetant à terre. Dans sa chute Taram lâcha la pomme et le poids sur ses épaules disparu. Iseult se retourna et vit en même temps que Taram une sorte de créature étrange qui s'était jeté sur la pomme. Au premier abord on aurait dit un chien à la fourrure beige mais la créature marchait sur deux pattes et caressait la belle pomme rouge avec adoration.

– Oh beau prince ! Pauvre Gurgi ! Adore mâchouiller, crachouiller, oh ce qu'elle est belle ! S'exclama joyeusement la créature en sautillant.

– Mais qu'est-ce que c'est que cette chose ?! Demanda Iseult en observant attentivement le dénommé Gurgi.

La créature ne paraissait pas se préoccuper de leur présence et les deux jeunes gens étaient trop abasourdit pour réagir immédiatement.

– Gentille pomme, bonne pomme ! Pleine de jus et de pépins ! Continua le petit être poilu, puis il partit en chantonnant gaiement.

C'est à cet instant que Taram agit en l'attrapant fermement par la peau du cou comme il le ferait avec un chat.

– Eh attends une minute toi ! Ce n'est pas à toi que j'ai donné cette pomme, tu me l'a volé !

Pour toute réponse la créature lui mordit la main et s'enfuie se cacher dans un petit buisson. Taram ramassa une branche morte et la brandit bien haut menaçant de s'en servir contre l'animal si il ne lui rendait pas immédiatement la pomme. La petite boule de poils ressortit alors timidement du buisson, traînant les pattes vers Taram, ce dernier lui ordonna encore une fois de lui rendre le fruit. La créature semblait si misérable, regardant le beau fruit bien rouge avec regret puis Taram avec des grands yeux suppliants. Mais le jeune homme ne se laissa pas attendrir et agita la branche en guise d'avertissement. Finalement le petit être lui tendit la pomme cependant au moment où Taram allait la récupérer l'animal mordit à pleine dents dedans puis la lui lança.

Iseult étouffa un rire en voyant ça, Taram lui enrageait.

– Toi ça te fais rire ? S'exclama-t-il indigné.

– Follement. Lui répondit-elle. Bon ce n'est qu'une pomme donne-la lui nous n'avons pas que ça à faire.

– Tu n'es qu'un épouvantable goinfre ! Continua Taram. Tu n'as pas honte petit misérable ?

La créature se jeta à terre en pleurnichant pitoyablement.

– Pauvre Gurgi ! Toujours grondé, tapé, cogner dur sur sa pauvre petite tête. Gémit-il en se mouchant dans sa fourrure. On ne lui donne jamais rien à mâchouiller, crachouiller. Il se précipita sur les jambes de Taram en pleurant de plus bel. Oh pauvre Gurgi !

Le jeune garçon le repoussa vivement, dégoûté. Finalement il se radouci et lui demanda s'il n'avait pas vu un cochon. Au début Gurgi nia l'avoir vu mais il se ravisa en songeant qu'il pourrait peut-être avoir le reste de la pomme s'il coopérait. Il donna alors beaucoup de détails sur le cochon qu'il avait soi-disant vu assurant qu'il allait les aider. Pourtant aussi soudainement que Gurgi était apparu un rugissement animal et rauque retentit alors de nul part suivit du cri très reconnaissable de Tirelire.

– C'est Tirelire ! S'exclama Taram. Elle a besoin de nous !

Gurgi paru terrifié par le danger imminent et il se sauva à toutes jambes en leur disant un « Au revoir » apeuré.

Iseult et Taram s'élancèrent à travers la forêt, suivant tant bien que mal les cris jusqu'à arriver dans une vaste clairière desséchée. Tirelire courait au milieu, terrorisée. La raison de sa frayeur ne se fit pas attendre car deux ombres gigantesques glissaient sur le sol et semblaient faire des cercles autour de la truie, en levant les yeux au ciel les deux jeunes gens virent ce qui ressemblait à des dragons noirs. Taram s'élança au secours de Tirelire, Iseult essaya de le retenir pas le bras mais il se dégagea rapidement de sa poigne et fonça tête baissée.

Les dragons plongeaient chacun leur tour sur le cochon pour s'en emparer tel des oiseaux de proie, leurs griffes acérées labouraient le sol en la manquant de peu. Taram courait aussi vite qu'il le pouvait, hurlant le nom de son cochon. Il allait bientôt la rattraper puis un dragon fondit au même moment sur Tirelire et l'attrapa entre ses griffes. Le pauvre garçon se jeta désespérément sur la queue du dragon tant qu'il était encore proche du sol mais le second dragon s'abattit sur lui et le plaqua par terre pour le faire lâcher prise et ils s'envolèrent au loin avec Tirelire qui poussait des hurlements déchirants.

Taram se releva en titubant, la lèvre inférieure en sang et ses vêtements déchirés.

-Non, revenez ! Cria-t-il en poursuivant les dragons. Je vous en supplie !

Il les suivit du mieux qu'il pu, allant jusqu'à grimper sur une corniche où il manqua à plusieurs reprises de tomber. Quand il arriva au sommet le jeune garçon retenu un hoquet de peur en voyant le château du Roi Cornu se dressant à l'horizon, les dragons volant dans sa direction. Taram reprit son souffle, un profond sentiment d'échec lui étreignait le cœur alors qu'il voyait l'objet de sa mission disparaître au loin.

– Eh bien quel succès ! Dit soudainement une voix féminine derrière lui.

Taram poussa un cri mais reconnu immédiatement sa cousine. Elle l'avait rejoins et le fixait avec un regard clairement accusateur.

– Tu aurais dû m'aider ! Lui reprocha son cousin en pleurant presque de colère.

– Ah parce que c'est de ma faute maintenant ?! Rétorqua Iseult en haussant la voix. Monsieur souhaite devenir chevalier mais ne sait même pas veiller sur un cochon ! Et estime toi heureux que ce monstre ne t'ai pas brisé les os ou même dévoré !

Taram baissa les yeux, trop honteux de son échec. Iseult avait raison bien sûr mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir, non seulement pour son inaction mais aussi pour ses paroles blessantes. Sans doute était-elle satisfaite qu'il ai lamentablement échoué.

– Que faisons-nous alors ? Murmura-t-il penaud.

– Nous rentrons à la maison ! Répondit tout simplement la jeune femme en faisant mine de s'en aller.

– Quoi ?! S'insurgea Taram ahuri. Et abandonner Tirelire ?! Tu es folle on ne peut pas faire ça !

Iseult poussa un grognement irrité en s'immobilisant. Elle serra et desserra ses poings convulsivement avant de souffler et de lui faire face à nouveau.

– Réfléchi un peu pour une fois au lieu de rêvasser ou de foncer tête baissée. Lui dit-elle en conservant un semblant de calme. Sans l'incantation le Roi Cornu ne pourra pas user des pouvoirs de Tirelire, elle ne lui servira donc à rien.

– Mais si nous ne la sauvons pas il la tuera ! Protesta Taram.

– Sans aucun doute. Admit froidement Iseult. C'est regrettable mais je ne risquerais pas ma vie, ni la tienne pour une truie !

Le jeune garçon voulu lui crier qu'elle était égoïste, qu'elle était lâche même mais il savait pertinemment que s'était à ses risques et périls. Il tût donc ses provocations avant qu'elles ne sortent de sa bouche.

– Il faut la sauver à tout prix ! Insista-t-il avec force.

– Oh non mon Seigneur ! S'exclama alors une petite voix aiguë, ils baissèrent les yeux et virent la petite forme de Gurgi. Pas aller là-bas ! Cochonnet partit.

– Mais qu'est-ce que tu fais ici ?! Lui demanda Taram un peu rudement.

– Gurgi revenir pour être ton ami. Lui avoua la petite créature en lui caressant affectueusement la main.

Taram ôta vivement sa main, ne prêtant pas foi à sa démonstration d'affection, n'ayant pas oublié que le petit Gurgi s'était lâchement enfui dès qu'il avait entendu les dragons.

– Mon ami ? Pff tu parles d'un ami ! Tu m'as laissé tomber dès que...Il s'arrêta un instant, réalisant qu'il ne faisait que perdre son temps. Aucune importance...j'ai promis de veiller sur elle quoi qu'il arrive. Je dois aller à son secours !

Il jeta un coup d'œil déterminé à l'inquiétant château derrière lui mais en le voyant il fut saisi d'un horrible frisson. Il se tourna vers Gurgi et lui demanda d'une voix incertaine s'il voulait bien venir avec lui.

– Moi ? Dans cet enfer ! S'exclama Gurgi horrifié à cette idée. Oh non, non, non Gurgi bien trop peur !

– Enfin une remarque pleine de bon sens ! Intervint Iseult.

– J'en étais sûr ! S'exclama Taram avec colère et déception. Tu n'as rien d'un ami ! Tu n'es qu'un misérable froussard !

Le petit Gurgi baissa ses grands yeux bleus, profondément blessé. A cet instant un soupçon de pitié s'empara d'Iseult en voyant cette pauvre petite chose si injustement accablé. Elle lui tapota gentiment la tête en guise de réconfort et lui donna le reste de la pomme que Taram avait récupéré.

– Ce genre de parole est très percutant venant d'un garçon qui se fait botter le séant par un bouc ! Dit-elle d'une voix mordante à l'adresse de son cousin. Tu sais quoi on va aller le récupérer ton cochon ! Mais si les choses deviennent trop risquées nous partirons sur le champs avec ou sans Tirelire !

Taram eut le bon goût de ne rien dire, trop heureux qu'elle accepte de l'accompagner et ils prirent la direction du château. Toujours sur la corniche Gurgi les regardait s'éloigner, jouant tristement avec sa pomme.

– Si Grand Prince et Noble Dame s'en vont dans horrible château, pauvre Gurgi ne reverra plus jamais ses amis...non jamais.

XXX

– Mais qu'est-ce je fais là...Marmonna Iseult entre ses dents.

La jeune femme et son cousin avaient atteins le château à la nuit tombée. En voyant cet endroit sordide de près Iseult comprenait amplement pourquoi le petit Gurgi n'avait pas voulu venir et regrettai de ne pas avoir fait comme lui ! La jeune femme n'était pas lâche, loin de là mais elle savait quand une situation était désespérée...en fait non, le mot suicidaire était plus approprié.

Ce château tombait en ruine ! Il était entouré de douves fétides et partiellement envahis par les ronces. Il était difficile de concevoir qu'un monarque aussi maléfique soit-il puisse vivre dans un lieu aussi décrépi.

Taram et elle n'avait eut d'autre choix pour s'introduire dans le château que de grimper sur les épaisses briques de pierres qui le constituait jusqu'à temps de trouver une entrée dissimulée. En arrachant des ronces Taram pu enlever plusieurs pierres et déboucher un passage par lequel lui et Iseult se glissèrent sans trop de mal. Ils arrivèrent dans un couloir sombre faiblement éclairé par quelques torches. Le plus silencieusement possible ils marchèrent le long des murs, veillant à ne pas attirer l'attention. Le couloir donnait accès à une pièce ouverte, un homme robuste était endormi sur une table et ronflait fortement.

Lentement et avec précaution les deux complices dépassèrent la pièce mais soudainement un énorme chien gris leur aboya dessus les faisant reculer tous les deux dans l'ombre contre une poutre, Iseult mis automatiquement une main contre la bouche de Taram par crainte qu'il ne cri. Par chance le chien était attaché mais ses crocs le rendait des plus effrayants, ses aboiements infernales réveillèrent l'homme dans la pièce à côté. Il ne remarqua pas les deux intrus et tira violemment sur la chaîne accroché au collier du chien en lui ordonnant de se taire. Il traîna ensuite l'animal de force dans la direction opposé.

Iseult et Taram eurent le même soupir de soulagement. En fait ça Iseult se détendit et s'appuya contre la poutre qui bougea en grinçant. Passé l'effet de surprise elle poussa davantage et un autre passage s'ouvrir menant sur d'autre poutres qui surplombaient une grande salle où résonnait une mélodie frivole. Des hommes y mangeaient, buvaient et s'amusaient gaiement. Les dragons étaient là eux aussi, assis dans un coin de la salle, enchaînés par le leurs pattes et se disputaient un os.

Les deux compères au sommet des poutres cherchèrent du regard si Tirelire était parmi ces hommes mais ils ne la virent point. Taram ne su pas si il devait s'en inquiéter ou en être soulagé.

– Tu...tu crois qu'elle est encore en vie ? Murmura-t-il à l'oreille de sa cousine.

– Difficile à dire...Avoua Iseult en observant la salle, le visage très concentré. Quand je me suis réveillée ce matin j'étais loin d'imaginer ça.

Taram se mordit la lèvre en songeant que tout était de sa faute et s'en voulu d'avantage. Mais s'il parvenait à récupérer Tirelire saine et sauve nul doute que sa faute serai effacée. Peut-être que sa cousine serai impressionnée et ne se moquerai plus de lui ? Que Dallben ne le traiterai plus comme un enfant ?

Cependant il ne pu poursuivre ses réflexions plus longtemps car un long râle se fit entendre, on aurait dit une plainte poussée par le vent. Brusquement les conversations, la musique et les rires gras cessèrent. Tous semblaient comprendre ce que ce bruit annonçait, le cousin et la cousine se regardèrent, anxieux de ce qui allait suivre. C'est là qu'un jet de lumière bleue apparu devant une porte menant dans la salle, cette lumière se transforma ensuite en une explosion incandescente qui aveugla toute l'assemblée. L'explosion forma un épais nuage de cendre noires qui en se dissipant lentement laissa peu à peu entrevoir une squelettique et haute silhouette menaçante, enveloppé dans une longue tunique de Seigneur de couleur pourpre foncé avec une épaisse fourrure noire lui couvrant les épaules le nouvel arrivant se dressait fièrement parmi l'assemblée, ses cornes terrifiantes lui donnait l'air encore plus grand...le Roi Cornu venait de faire son entrée. Il était encore plus hideux que Taram l'avait imaginé, le roi ressemblait à un cadavre ambulant, sa peau était desséchée et grisâtre, son visage n'en était pas vraiment un, il était plus semblable à un crâne avec deux grandes cornes tordues qui transperçaient son capuchon.

– Tu n'as toujours pas peur de lui ? Demanda alors Iseult à son cousin.

Trop secoué par l'effrayante apparition Taram ne lui répondit pas mais il eut le temps d'apercevoir que les poils fins sur les avants bras de sa cousine étaient hérissés, trahissant sa propre épouvante.

La forme fantomatique mais pourtant bien réelle du Roi Cornu semblait glisser nonchalamment sur le sol pour rejoindre son trône. C'était impressionnant de constater que même les brutes dans la salle étaient intimidés devant le Monarque et n'osaient plus dire un mot. Parmi la foule un petit être difforme aux yeux violets avec un large sourire acéré et vêtu d'un capuchon mauve se précipita aux pieds du Roi, il semblait être une sorte de gobelin dont l'apparence ressemblait à celle d'une gargouille. Voûté, clopinant plus qu'il ne marchait il salua le souverain en une révérence un peu ridicule.

– Bienvenue votre Majesté ! Dit-il de sa voix éraillée. Nous étions en train de fêter notre succès sire, non ! Enfin je veux dire votre succès !

Il servi un grand verre de vin à son maître, ce dernier confortablement assis sur son trône ne disait mot. Devant son silence le gobelin paniqua puis il comprit que son Seigneur n'était pas venu pour se divertir.

– Amenez le prisonnier ! Cria-t-il.

En quelques minute un homme émergea d'un couloir en tirant sur une lourde chaîne et au bout se trouvait Tirelire, enchaînée.

– Oh non. Murmura Taram sans pouvoir se retenir.

– Silence ! Le reprit Iseult.

Maintenant qu'il n'y avait plus un bruit dans la salle pour couvrir leurs messes basses il était vital qu'ils soient plus discret que jamais.

Tirelire fut amené devant le Seigneur des ténèbres, ont la libéra de ses chaînes et lui apportâmes une grande gamelle remplis d'un curieux liquide orange.

– Le voilà Sire, c'est le cocon apprivoisé qui a des visions. Déclara le gobelin vert en ricanant. Au boulot ma vieille ! Ordonna-t-il sèchement à la truie apeurée. Fais voir à sa Majesté où trouver le chaudron magique, aller, exécution !

Pour son malheur Tirelire ne bougea pas d'un iota. Le gobelin se tourna craintivement vers son maître, tout contrit.

– Elle a vraiment un caractère de cochon, hein ? Bégaya-t-il dans une vaine tentative d'humour tout en reculant doucement.

Pour toute réponse le Roi Cornu le saisit violemment par le cou, l'étranglant, puis il le jeta sans ménagement devant lui.

– Oui oui, bien sûr Sire...Dit le larbin en s'aplatissant bien bas. C'est tout à fait clair, je m'en occupe tout de suite.

L'affreux gnome s'approcha vivement de Tirelire et lui ordonna encore de leur faire voir où était le chaudron, comme l'animal ne coopérait toujours pas il perdit patience, il lui saisit brusquement la tête et la plongea dans de la gamelle manquant de la noyer. Ne s'arrêtant pas là le gobelin s'empara d'un tisonnier et récupéra un gros morceau de braise dans une coupe de feu qu'il approcha dangereusement de Tirelire menaçant de la brûler si elle n'obéissait pas.

S'en fut trop pour Taram, incapable d'en supporter davantage. Il s'écria « Non ! Arrêtez ! » et se faisant se pencha tellement en avant qu'il bascula de la poutre de pierre. En voulant se rattraper il saisit le bras de sa cousine mais elle-même n'ayant aucune prises sur la poutre fut entraînée avec lui dans sa chute. Par chance les grands drapeaux accrochés dans la salle leur permis de ralentir leur chute mais l'atterrissage fut très douloureux. Les hommes présents dans la salle se précipitèrent immédiatement sur eux. Taram se releva en titubant, il esquiva plusieurs mains qui tentèrent de l'attraper mais il fut vite maîtrisé et jeter comme un sac de linge devant les marches du trône. Un autre homme tira Iseult par le bras pour l'amener elle aussi à côté de Taram, quand elle le vit la jeune femme était rouge de colère.

– Toi ! Je savais que tu étais un incapable mais là tu as atteins les sommets. Cracha-t-elle avec mépris, elle regarda ensuite l'homme qui la tenait toujours et se dégagea de sa poigne dans un geste vif empreint de fureur. Bas les pattes ! Sale vaurien !

Mais la seule chose que le jeune garçon vit c'était Tirelire, quand l'animal le reconnu elle se jeta joyeusement sur lui. Taram fut si heureux de la voir en vie qu'il en oublia un instant où il était et dans quel pétrin il venait de se vautrer. Ce fut la voix basse, à peine plus forte qu'un murmure et terriblement menaçante du Roi Cornu qui le ramena à la réalité.

– Je suppose jeunes gens, que vous êtes les gardiens du cochon qui lit l'avenir...Susurra-t-il avec une douceur feinte.

– Lui surtout ! Précisa Iseult suffisamment humiliée, ne voulant pas en plus se voir attribuer le titre de gardienne de cochon.

Le Monarque tourna la tête dans sa direction, aucun signe chez lui ne trahissait ce qu'il pouvait penser de sa remarque. La jeune femme essaya de le regarder en face du mieux qu'elle le pu mais son aspect repoussant la forçait malgré elle à détourner les yeux.

– A genoux devant le Roi ! Aboya un soldat derrière elle en la poussant dans le dos avec brutalité.

La jeune femme étouffa un gémissement de douleur en percutant le sol de pierre puis se redressa sur ses genoux, sa mâchoire contractée tant elle retenait un flot de jurons, il ne fallait pas aller sur le terrain de la provocation. Pas maintenant en tout cas.

Taram lui tremblait comme une feuille devant le Seigneur des ténèbres, serrant Tirelire contre lui. Il hocha timidement la tête pour approuver les propos du Roi.

– Alors ordonne-lui de me révéler où est caché le chaudron magique. Poursuivi ce dernier en goûtant pour la premier fois à son verre de vin.

Le pauvre garçon avait le cœur qui battait la chamade, ce que Dallben redoutait le plus était en train de se produire par sa faute. Il chercha comment il pourrait arrêter cette pente glissante sur laquelle il dévalait pourtant rien ne lui vint. Que faire contre un tel démon ? Il se sentait tellement sot d'avoir imaginé lui tenir tête et même le vaincre alors qu'il tremblait de peur à cet instant.

– Je...je ne peux pas...Dit-il avec difficulté. Je regrette, j'ai promis.

– Oh quelle excuse. Marmonna narquoisement Iseult, écœurée par tant de faiblesse. Parce que tu crois que ta promesse à une quelconque valeur ici ?

Un ricanement sinistre leur glaça le sang à tous les deux, le sarcasme de la jeune femme semblait bien divertir le Roi Cornu.

– Vous avez raison chère Dame. Approuva-t-il avec une touche d'amusement. Car dans ce cas cet animal ne m'est d'aucune utilité...

En disant cela il brisa son verre entre sa main squelettique, ce fut comme un signale. L'horrible gobelin vert poussa un rire diabolique en arrachant Tirelire des bras de Taram. Le garçon voulu l'en empêcher mais deux gardes le retenu par les bras, contrairement à lui Iseult ne bougea pas de sa position initial, ne regardant même pas le gobelin traîner Tirelire sur un gros rondin de bois tâché de sang. Il força le cochon, qui hurlait à la mort, à y poser sa tête, un sceau était posé de l'autre côté du rondin.

– Quoi ? Mais...mais qu'allez-vous lui faire ? Demanda Taram affolé.

– Exactement ce que j'avais prédit sans don de voyance...Soupira Iseult.

L'homme qui avait amené Tirelire détacha une hache de sa ceinture et la brandit bien haut.

– Non ! Cria Taram. Arrêtez ! Vous n'avez pas le droit !

Sa remarque provoqua un haussement de sourcil dédaigneux chez sa cousine que le Roi Cornu ne manqua pas d'apercevoir. Le Monarque avait tout de suite comprit qu'il obtiendrait plus facilement ce qu'il voulait en faisant pression sur le valet de ferme que sur la jeune femme. Il fut un moment captivé par un médaillon qu'elle portait à son cou, bien que ces symboles ne lui disais rien il les identifia comme faisant partie d'une armoiries ce qui voulait dire que cette femme appartenait à une famille de Seigneur. Ses remarques, certes pertinentes, lui procurait un amusement certain et il admirait volontiers son calme apparent. Le fait qu'elle possédait également une belle apparence ne gâchait rien et déjà ses hommes la dévisageaient avec appétit...peut-être la leur donnerait-il une fois qu'elle ne n'aurait plus d'utilité.

– Non Arrêtez ! Très bien c'est d'accord ! Capitula Taram avec regrets.

– Quoi ?! S'exclama Iseult en réagissant enfin, elle se releva telle une furie et gifla son cousin avant d'être maîtrisé à son tour. Vendu ! J'aurai dû t'abandonner dans la forêt quand j'en avais l'occasion.

Le Seigneur des ténèbres fut satisfait que le jeune garçon cède si facilement toutefois il commençait à se poser sérieusement des questions sur sa téméraire compagne d'infortune. Quel lien y avait-il entre ces deux êtres si différents l'un de l'autre. Ils avaient l'air de bien se connaître mais il était clair que la jeune femme était la dominante du duo et son agressivité palpable envers le garçon semblait exclure l'hypothèse qu'ils soient de la même famille.

Le gobelin ramena Tirelire devant le trône, Taram et Iseult furent à nouveau jeté au sol, l'atmosphère autour d'eux était de plus en plus oppressante ils ne pouvaient plus retarder l'inévitable. Sous le regard lourd de sens de sa cousine Taram amena Tirelire près de la gamelle et du bout du doigt il fit comme Dallben avec son bâton de marche et tourna dans le sens inverse des aiguilles d'une montre en récitant l'incantation.

Commence pour nous, le long voyage qui t'entraînera au fond des âges.

Une lumière orangée illumina le liquide de la gamelle alors que Tirelire entrait en transe. Les hommes autour d'eux reculèrent légèrement partagés entre la fascination et la crainte. Le larbin vert tapa joyeusement des mains.

– Oh regardez, regardez ! Ça marche Sire ! S'écria-t-il en sautillant.

Comme dans la première vision que la truie avait eut plus tôt dans la journée la forme sombre du chaudron apparut.

– Ahhh...Soupira le Roi Cornu, comme soulagé. Le chaudron magique, la légende disait vrai ! Il se leva de son trône et s'approcha lentement derrière Taram. Oui...où est-il ? Montre-le moi.

Iseult était juste devant Taram et voyait l'inquiétante silhouette du Monarque avancer vers eux. Il ne fallait pas qu'il voit la vision, sinon ils seraient perdus. Malgré son appréhension elle attendit qu'il soit plus proche et au moment où il se pencha au dessus de Taram pour regarder elle su que c'était le moment ! Elle saisit alors la gamelle entre ses mains et projeta son contenu à la figure du Roi. Ce dernier poussa un horrible cri de douleur, le liquide quel qu'il fut lui brûla les yeux, il couvrit son visage de ses mains griffu, se tordant sous la douleur.

Iseult profita de la confusion général pour relever Taram, qui lui-même avait automatiquement récupéré Tirelire dans ses bras quand le Roi avait crié. Elle l'entraîna vers la sortie la plus proche et ils s'enfoncèrent dans un couloir exigu. Les hommes du Seigneur des ténèbres ne tardèrent pas à se lancer à leurs trousses, le gobelin également. Taram tenait tant bien que mal Tirelire, elle pesait lourd et glissait de ses bras. Iseult, elle, courait sans trop savoir où aller, l'important étant de distancer les soldats derrières eux, si jamais ils se faisaient attraper cette fois les gardes n'hésiteraient pas à les tuer.

– Je croyais que tu préférais m'abandonner ? Lui rappela Taram à bout de souffle.

– Tu tiens vraiment à parler de ça maintenant?! Rétorqua sa cousine en l'attirant vers une épaisse et grande porte en bois.

Une fois qu'ils l'eurent ouverte ils constatèrent qu'ils étaient sur un grand balcon. Heureusement pour eux l'entrée se verrouillait de l'extérieur par une grosse planche qu'il fallait abattre devant la porte, ce qui leur laissait un peu de temps.

– Vite les douves ! Cria Iseult en se plaquant contre la porte pour faire barrage. C'est notre seule chance.

Taram obéis et entreprit de soulever Tirelire pour la faire basculer par dessus le balcon, mais elle était si lourde. Leurs poursuivants ne tardèrent pas à les rattraper, naturellement Iseult n'avait pas la force de les retenir, surtout que certain usait de leur hache et de leur épée pour éventrer la porte. Elle se précipita donc près de Taram pour l'aider à soulever le cochon et au bout d'un énième effort Tirelire tomba de l'autre côté.

-Nage Tirelire, nage ! L'encouragea Taram.

Un bruit assourdissant retentit, signe que la porte venait de céder dans un grand fracas. Le cousin et la cousine n'eurent hélas pas le temps de grimper par dessus le muret que des mains robustes empoignèrent Taram, quand à Iseult elle sentit ses jambes se dérober et elle tomba en arrière, se faisait traîner sur le sol par le gobelin qui lui avait attrapé les chevilles.

– Cette fois je te tiens sorcière ! S'exclama la créature difforme en riant.

– Lâche-moi sale montre ! S'écria la jeune femme en se débattant.

Cependant elle cessa brusquement de bouger quand elle vit que le Roi Cornu les avait rejoins, attendant devant les décombres de la porte que son serviteur lui livre celle qui avait eu l'audace de le blesser.

Dire qu'il était en colère était un euphémisme. La rage le rendait encore plus laid et Iseult se sentit frémir d'effroi, elle allait mourir, c'était sûr !

– Je l'ai capturé Majesté ! J'ai capturé la sorcière ! S'écria fièrement le gobelin.

Mais au lieu d'être satisfait le Roi l'attrapa une fois de plus à la gorge, visiblement mécontent de lui.

– Mais tu as laissé le cochon s'enfuir, n'est-ce pas ? Rétorqua le Seigneur des ténèbres avec colère.

Le gobelin s'agita dans tous les sens, tel un misérable ver de terre au bout d'un hameçon, prétextant que ce n'était pas sa faute, qu'il n'était pas arrivé à temps. Son maître l'écoutait à peine et se lassa de ses plaintes car rapidement c'est la jeune femme à ses pieds qui suscita son intérêt. Il relâcha négligemment son souffre douleur et s'avança vers elle. En le voyant faire Iseult voulu reculer, son instinct de survie en alerte, mais il fondit sur elle aussi vite que ses dragons et enserra sa gorge comme il l'avait fait avec le gobelin, la tirant vers lui avec une telle force qu'elle fut redressé sur ses genoux. Instinctivement elle avait agrippé le poignet du Roi mais cette proximité et ce contact physique avec l'horrible Souverain la répugna au plus au point. Même à cette distance elle ne parvenait pas à voir ses yeux mais elle pouvait en sentir la brûlure sur sa peau.

– Vous allez chèrement me payer cet affront...Susurra-t-il avec une douceur étrange.

– Non ! Iseult ! S'écria Taram désespéré.

Sans doute le calme avant la tempête, songea Iseult qui essayait de respirer tant sa main sur sa gorge la privait d'air. Elle le savait furieux à cause de son geste téméraire mais elle ne regrettait rien, au moins elle allait mourir en ayant combattu. Morte pour morte autant être courageuse jusqu'au bout.

– Vous...conviendrez...mon Seigneur...que ce sera une fin plus...glorieuse...que de mourir...pour...un simple cochon.

Taram qui n'osait dire mot observait sa cousine avec un mélange de tristesse et d'admiration. Bien que son orgueil ne l'admettrait jamais à voix haute, à la place de sa cousine il aurait sans doute supplié de Seigneur des ténèbres de lui laisser la vie ou bien il aurait été trop effrayé pour dire quoique ce soit comme maintenant. Si le ciel lui prêtait vie Taram se jura qu'à l'avenir il ferait tout pour arriver à la hauteur d'Iseult et peut-être la rendre fière de lui.

De son côté le Roi Cornu parut momentanément surprit que sa proie n'implore pas son pardon, ne le supplie pas pour qu'il épargne sa misérable vie ou ne fonde en larmes. Il en fut assez irrité car à la place elle acceptait son sort, non sans le provoquer encore une fois. Des idées plus malveillantes les unes que les autres se bousculèrent dans son esprit et un terrifiant rictus se dessina sur son visage.

– Qui vous dit que votre fin est proche ?

Quand il eu prononcer ces mots il pu enfin voir avec délectation un pur sentiment de peur authentique quoique fugace dans les yeux si noirs de la jeune femme. Il perçu également son corps frémir d'horreur sous ses doigts, pour son plus grand plaisir. Il la repoussa ensuite par terre et jeta un regard circulaire à toute l'assemblée.

– Qu'ils aillent croupir dans le donjon ! S'écria-t-il d'une voix impérieuse en perdant soudainement sa douceur précédente.

XXX

– On peut dire sans mauvais jeu de mot que nous avons atteins le fond maintenant. Soupira Iseult.

Taram et elle étaient assis contre le mur, dans un donjon glacial et sombre. L'odeur qui y régnait était humide, infecte et ils pouvaient entendre des couinements et des grattements, sans doute des rats, autour d'eux.

La jeune femme massait sa gorge encore douloureuse, Taram lui avait fait remarquer un peu plus tôt que des marques violacées y était visible. Pour un peu elle se demandait ce qui aurait été le pire ? Mourir sur le champs de la main du Seigneur des ténèbres ou bien rester là à attendre son bon vouloir ? Le choix était tout fait pour elle.

– Tu crois que Tirelire va bien ? Lui demanda faiblement Taram.

Ses yeux s'écarquillèrent, Iseult poussa un cri de rage et se releva d'un bond.

– Quoi ? Tu pense encore à ce stupide animal ! S'indigna-t-elle en faisant les cent pas devant lui. Je te signale que là c'est nous qui sommes dans un cachot crasseux, cernés par les rats ! En l'espace d'une journée et d'une nuit nous somme, non, tu nous as entraîné ici ! D'abord tu as perdu Tirelire en seulement cinq minute, tu as failli te faire tuer par un dragon, puis tu as insister pour qu'on aille chercher cette truie alors qu'il y avait peu d'espoir de réussite voir par du tout, finalement nous arrivons à nous introduire dans ce château maudit et au moment le plus critique tu trahis notre présence puis tu dévoile le secret de Dallben et...

– Mais le Roi Cornu allait la faire tuer ! Protesta vainement son cousin.

– Oui et ça aurai été mieux ainsi ! Rétorqua la jeune femme en haussant la voix. Tu ne comprends pas ?! Toi et tes bons sentiments ! J'espère que tu as quand même une petite idée de ce qui nous attends ? Devant son silence Iseult leva les yeux au ciel. Tu n'es décidément qu'un enfant ! Et tes rêves sont aussi enfantins que toi ! Je vais te dire moi ce qui va se passer : ils vont sans doute commencer par nous laisser mourir de faim, ensuite le Roi Cornu sera peut-être clément te concernant et il te tuera sans état d'âme mais moi, tu crois qu'il va me laisser mourir aussi facilement après ce que je lui ai fait ?! Bien sûr que non, il a sûrement déjà imaginé moult tortures à me faire subir et quand il sera lassé il me laissera à la merci de ses hommes qui se feront une joie d'abuser de moi jusqu'à ce que mort s'en suive. Voilà ce qui nous attends ! Tout ça parce que tu as refusé de m'écouter, mais pourquoi l'aurais-tu fais après tout ? Toi, Taram, le sauveur de Pryden ! Toi qui sait tout mieux que tout le monde.

Elle s'arrêta soudainement dans son monologue en se rendant compte que son cousin venait de fondre en larmes. Le jeune garçon se rappelait les paroles de son oncle, « Nous devons faire en sorte qu'il ne se serve pas de Tirelire pour trouver le chaudron magique ! », « Le courage de la jeunesse ne suffit pas contre ses maléfices », et maintenant qu'Iseult énumérait toutes les erreurs qu'il avait commise et déclarait clairement qu'il était responsable de leur malheur ainsi que de leur morts prochaines, le pauvre garçon ne pu en supporter davantage. La culpabilité lui déchirait le cœur, il se sentait lâche et inutile.

Iseult se sentit soudain mal à l'aise, ne sachant pas si elle devait continuer, elle en avait envie en tout cas, mais son cousin lui paru si malheureux et vulnérable qu'elle se retrouva incapable de l'accabler davantage. Elle avait raison, c'était encore un enfant.

– Bon...ça va...arrête de pleurer ça ne sert à rien. Dit-elle embarrassée. Écoutes, malgré mes prédictions fatalistes je n'ai pas l'intention de finir mes jours ici.

Il avait posé sa tête sur ses genoux et était prostré dans son coin, pleurant bruyamment.

– Je suis désolé Iseult. S'excusa-t-il très sincèrement. Tu as raison je suis un idiot, tout est de ma faute ! Je comprend que tu me déteste.

– En effet tu es un idiot si tu crois ça ! Rétorqua sa cousine en s'arrêtant devant lui, bras croisés, il cessa de pleurer en entendant sa déclaration et releva le tête. Contrairement à ce que tu peux croire je ne te déteste pas Taram. Elle poussa un long soupir. Ton insouciance m'irrite, j'aimerai que tu grandisse un peu plus.

– Mais je ne suis pas fort comme toi ! Dit-il dépité.

– Tu n'es pas comme moi. Lui répondit-elle simplement. Tu es encore jeune et tu confonds courage et obstination, la bravoure ne sert à rien aux cadavres ! Je sais que je suis dure et même...injuste quelques fois, mais c'est parce que je m'inquiète pour toi.

Elle retourna s'asseoir à côté de lui en ricanent doucement.

– Mais...c'est vrai qu'à cet instant je te déteste volontiers. Dit-elle sur un ton un peu taquin.

Taram se força à sourire. En fait cette remarque le rassurai, il était si peu habitué à ce que sa cousine se livre à lui de cette façon, lui parlant presque gentiment, qu'il était en train de se demander si le Roi Cornu ne l'avait pas privé d'air trop longtemps. Il trouva cependant un certain réconfort dans ce qu'elle venait de dire et espérait de tout cœur qu'elle trouve un moyen de les sortir d'ici.

Ils restèrent silencieux pendant un long moment avant d'essayer d'imaginer un plan d'évasion. Le donjon aussi tombait en décrépitude, peut-être y avait-il une issue? Ils inspectèrent attentivement chaque mur, chaque recoins, des débris faillir même leur tomber dessus.

Les deux détenus finir par renoncer à cette solution. Peut-être tendre un piège à leurs ravisseurs alors ? Quand ils viendraient les chercher pour les amener au Seigneur des ténèbres, peut-être qu'ils pourraient essayer de les neutraliser...mais cette option là s'envola également, Taram et Iseult n'avait pas la force physique nécessaire pour combattre ne serait-ce qu'un seul des gardes tant ils étaient immenses et robustes. En plus ils ne savaient pas combien de temps cela prendrait avant que le Roi ne les fasses mander, ça pouvait durer des jours ou des semaines et Iseult ne se sentait ni la force ni le courage d'attendre.

Les heures passèrent sans qu'ils n'aient au moins une ébauche de plan. Puis moment où ils s'y attendaient le moins un curieux bruit attira leur attention, un peu plus loin dans le cahot une dalle se souleva lentement et une boule lumineuse en sortit, venant éclairer la sinistre prison. Taram et Iseult se relevèrent à l'unisson, d'abord méfiants. Une jeune fille émergea alors du sol par où était venu la boule lumineuse. Elle ne devait pas être plus âgé que Taram, noyée dans ses longs cheveux blonds et lisses tombant gracieusement dans son dos et portant une robe élégante.

– Hum...j'avais pourtant cru entendre du bruit ? Murmura-t-elle d'une petite voix fluette, elle se retourna alors vers eux et son jolie visage juvénile prit une expression ravi en les apercevant. Oh ! C'était vous alors ?

– Il semblerait...Répondit Iseult en évaluant soigneusement la jeune fille.

– Ils vous ont fait prisonniers n'est-ce pas ? Supposa-t-elle en sortant du sol pour être à leur hauteur. Moi aussi je suis détenue contre ma volonté.

La boule de lumière voleta autour d'eux jusqu'à s'approcher du visage de Taram, ce dernier intrigué osa lever la main et la toucher du bout du doigt.

– Mais...mais ça s'allume !

– Évidemment ! C'est une boule magique. Expliqua le demoiselle en riant gentiment. Je déteste cet endroit, j'espère qu'il n'y a pas de rats par ici ? Oh ce n'est pas que ce genre d'animaux me fasse horreur, mais ils ont cette fâcheuse manie de vous sauter dessus ! Elle s'arrêta subitement de parler en voyant le médaillon d'Iseult étinceler à la lumière de sa boule magique. Ciel ! Quel bonheur, une autre Dame ! S'écria-t-elle en la saluant d'un signe de tête respectueux comme le voulait l'usage. Je suis Lady Eilonwy.

Un mince sourire triste se dessina sur les lèvres de la jeune femme qui malgré tout lui rendit son salut.

– Dame Iseult. Lui répondit-elle simplement, ne voulant pas s'étendre sur le sujet.

– Ravie ! Lui assura gaiement la jeune fille, puis elle se tourna vers Taram. Et toi ? Tu es sûrement un seigneur ou bien un guerrier.

Le jeune garçon sembla atrocement gêné et il n'eut pas le cœur de lui mentir. L'air contrit il lui avoua n'être qu'un garçon de ferme ce qui visiblement déçue quelque peu la demoiselle.

– Oh quel dommage...où se trouve donc le preux chevalier qui m'aidera à m'évader. Dit-elle rêveusement.

Cette phrase parut piquer Iseult au vif, elle qui regardait fréquemment le passage secret avec avidité commença à être malade par tant de mièvrerie.

– Ma chère oie blanche, si vous croyez qu'un prince charment viendra vous délivrer vous ne sortirez jamais d'ici ! Déclara-t-elle sèchement en la dépassant puis elle disparut dans le trou au sol.

La jeune Eilonwy fut un peu vexée par sa remarque et posa ses grands yeux bleus hagard sur Taram qui la regardait d'un air désolé.

– Il faut l'excuser. Dit-il en l'accompagnant dans le passage secret. Elle n'est pas méchante mais...elle a beaucoup de caractère.

Le passage menait à un grand couloir souterrain se séparant en plusieurs galeries. Iseult se maudit de ne pas y avoir songé plus tôt, tous les châteaux avaient leurs passages secret cependant la chance devait être de leur côté pour l'un d'eux débouche dans leur cahot.

– Dis-moi...Murmura timidement Eilonwy à l'oreille de Taram. C'est pour elle que tu travaille ?

– Non ! Protesta farouchement le jeune garçon qui retrouvait peu à peu son assurance. En fait c'est ma cousine. Eilonwy parut confuse en apprenant cela, aussi Taram jugea bon de lui expliquer. Nous vivons chez notre oncle tous les deux. Mes parents sont morts quand j'étais enfant, qu'en à Iseult...et bien...c'est un peu compliqué. Son père était chevalier et un grand Seigneur mais il décédé il y peu et un Baron, leur voisin, lui a volé tous ses biens...comme c'est une femme...elle ne pouvait pas se défendre contre lui. Mais elle est toujours Châtelaine ! Ajouta-t-il vivement.

– C'est terrible ! Comment un Seigneur digne de ce nom pourrait faire cela ? S'indigna naïvement la jeune fille. Comme cet affreux Roi ! Tu ne devineras jamais, il croyait que ma boule magique pourrait l'aider à trouver un vieux chaudron.

– C'est pour ça qu'il voulait mon cochon. Lui avoua Taram cependant son aveu provoqua un immense éclat de rire chez Eilonwy qui ne le prenait pas au sérieux. Mais il est capable de lire l'avenir ! Assura-t-il vexé.

À cet instant une pierre le manqua de peu, il fut inutile de se demander qui avait bien put la jeter.

– Rappel-moi de dire à Dallben de ne plus jamais te confier un secret ! Lui dit Iseult qui s'était arrêtée devant eux en le foudroyant du regard.

Taram bredouilla milles excuses, ça lui était venu naturellement, il n'avait pas voulu paraître ridicule devant la jeune fille. Ils marchèrent dans ce labyrinthe de couloirs un long moment, cette fois en silence. Ils ne savaient pas vraiment où ils allaient mais personnellement Iseult n'en avait que faire du moment qu'elle mettait le plus de distance possible entre elle et ''Sa Seigneurie''. La boule magique qui éclairait leur chemin s'amusait à chasser les rats qui grouillaient par terre. Elle en poursuivi un jusque dans un trou dans un mur, les compagnons la suivirent, la sphère éclairait une gigantesque salle ressemblant à une chambre funéraire car une sorte de sarcophage trônait en son centre.

– Ça doit être le tombeau du grand roi qui a bâtit ce château, avant que le Seigneur des ténèbres ne s'en empare. Supposa très justement la jeune Eilonwy en s'appuyant contre le mur avec Taram pour mieux voir par le trou.

Ils s'appuyèrent tant et si bien que la vieille paroi céda sous leur poids et ils basculèrent de l'autre côté parmi les débris du mur. Iseult toussa un peu à cause du nuage de poussières que l'effondrement avait causé, elle s'assura que les deux adolescents soient intacte puis ils explorèrent la chambre en silence. Alors qu'Eilonwy et Iseult s'éloignaient Taram ne pu résister à l'envie de voir le sarcophage de plus près. Une vieille armure y était allongée, sans doute celle de celui qui reposait juste en dessous. Le jeune garçon se disait qu'il devait sûrement s'agir d'un valeureux guerrier pour avoir un tombeau comme celui-ci, en s'approchant encore plus près il vit une épée entre les mains de l'armure, en vérité c'était la première fois qu'il en voyait une aussi belle ! Son manche était entièrement fait d'or avec un rubis étincelant comme garniture. Il hésita un instant face à une petite voix qui lui criait de la prendre, mais finalement sa convoitise l'emporta. Il est vrai que pour fuir ce lieu ils allaient avoir besoin de arme après tout.

Plus loin la boule magique d'Eilonwy avait trouvé une autre ouverture menant à un couloir éclairé par des torches...ils étaient revenu dans une partie habité du château. Faisant bien attention à ne pas être vu, les deux femmes se baissèrent car l'ouverture donnait sur une imposante porte vers laquelle se dirigeait l'affreux petit gobelin vert du Seigneur des ténèbres qui venait d'apparaître au bout du couloir, il était suivit par un homme tirant à bout de bras une charrette.

– Voilà qui devrait le satisfaire ! Ils sont en bon état pour une fois. Dit le gobelin en ouvrant la grande porte avec difficulté. Enfin j'aurai droit à une récompense.

– Que croyez-vous qu'ils mettent dans cette pièce ? Murmura très bas Eilonwy.

– Je ne saurai le dire...Lui répondit Iseult sur un ton encore plus bas. Mais j'avoue ne pas vouloir rester plus longtemps pour le découvrir.

L'homme à la charrette avança péniblement, à l'évidence son chargement était très lourds. En avançant une roue de la charrette buta sur une dalle plus haute que les autres et un bras humain glissa de sous le drap qui couvrait le chargement. Les deux femmes échangèrent un regard lourd de sens, la jeune fille avait dangereusement blêmi. Elles avaient étés si absorbés parce qu'elles venaient de voir qu'elles n'avaient pas fait attention à l'absence de Taram qui les avait rejoins depuis. Ils attendirent donc que le gobelin et le soldat soient entrés dans la salle et refermé la porte derrière eux pour sortir de leur cachette.

Ils passèrent devant la porte dans le plus grand silence avant d'aller reprendre leur souffle dans un couloir un peu plus loin. C'est là qu'Eilonwy remarqua l'épée dans les mains de Taram.

– Où as-tu eu cette épée ?

– Oh euh...par là. Lui répondit-il gêné en lui désignant l'endroit d'où ils venaient.

– Décidément tu ne t'arrange pas toi ! Fit Iseult sur un ton réprobateur, comprenant comme Eilonwy à qui appartenait l'épée.

– Mais...il ne s'en sert plus vous savez. Se défendit Taram légèrement intimidé par leurs réactions.

Eilonwy poussa un « Oh ! » scandalisée alors qu'Iseult se permit un petit rire narquois.

– Sans doute. Admit-elle. Cependant ça reste quand même une violation de sépulture, très cher ami!

Leur différent n'eut pas de suite car des aboiements suivit de supplications provenant d'un autre cachot au sommet d'un escalier de pierre les arrêta net.

Dans ce cachot un vieux ménestrel se faisait attacher solidement les poignets sur une planche au dessus de sa tête contre le mur.

– Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un espion, je suis un barde ! Protesta le vieil homme. Je chante, je divertis...Mais le garde qui l'attachait ne l'écoutait pas. Bon écoutez, vos yeux brillent d'intelligence mon jeune ami, je vous jure que j'ignorais à qui appartenait ce château, c'est vrai je ne faisais que passer...

Il s'arrêta brusquement de parler en voyant le chien gris en face de lui grogner de façon menaçante, prêt à attaquer. Le vieillard avala péniblement mais essaya tout de même de calmer un peu le chien en lui parlant doucement. Peine perdu ! La bête se jeta sur lui en montrant les crocs, heureusement pour le prisonnier son geôlier attrapa le chien par le collier et sortit du cachot avec lui.

– Savez-vous seulement qui je suis ?! S'exclama-t-il avec un orgueil presque théâtral. Je chanterai pour mes frères, et votre barbarie ! Je suis Ritournelle ! Prince de tous les ménestrels, troubadours des plus éclatantes cours de ce royaume et je...Une corde sur la lyre qui était accroché à son cou céda soudainement.

– Quoi ? J'ai exercé mon art dans certaine des plus belles cours et...Une deuxième corde céda.

– Oui enfin...j'attends juste qu'on m'envoie une invitation. Une corde supplémentaire sauta. Oh quelle audace ! Dois-tu vraiment critiquer tout ce que je dis ?! Rouspéta-t-il son instrument.

C'est alors qu'il vit un squelette attacher comme lui, sans doute l'ancien locataire du cachot. Une terrible angoisse saisit le troubadour en réalisant que c'était ainsi qu'il allait finir.

– A L'AIDE! Hurla-t-il en usant de tout le coffre de voix qui lui restait.

– Bonjour. Le salua soudainement Eilonwy, le faisant taire immédiatement par son apparition. Nous allons te détacher dans un instant. Je suis Lady Eilonwy.

En effet les trois fugitifs était venu au secours du ménestrel qui rayonnait de soulagement. Taram s'empressa de détacher le premier poignet du vieil homme mais Iseult, elle, restait volontairement en retrait.

– Décidément le Roi Cornu aime collectionner les détenus de tous horizons...Marmonna-t-elle les bras croisés.

En réalité le sauvetage du barde était seulement dû aux supplications de Taram et d'Eilonwy qui avaient insisté pour aller l'aider contre l'avis d'Iseult qui jugea cela dangereux et inutile. Son point vue était qu'ils risquaient de se faire repérés si ils étaient trop nombreux...surtout si les deux adolescents s'amusaient à délivrer tous les prisonniers du château !

– Allons Dame Iseult...Rouspéta la jeune fille. Un peu de pitié, cet homme avait de graves ennuis.

– Graves ?! Répéta le vieux Ritournelle. Pauvre enfant, sais-tu seulement où tu es ? N'as-tu pas vu ce roi ?!

Ils entendirent alors des voix rauques et lointaines crier dans le couloir. « Le gamin et la femme se sont évadés, fouillez là-dedans ! ». Iseult perdit toutes ses couleurs en entendant ça et ses camarades n'avait pas meilleure figure.

– Ils sont à notre recherche ! S'exclama Taram en s'éloignant du ménestrel après avoir réussi à libérer une de ses mains.

– Ils parlent de vous ?! S'écria ce dernier. Oh le temps presse, courez ! Courez ! Fuyez !

Les trois compagnons ne se le firent pas répéter et coururent hors du cachot à toutes jambes, abandonnant le vieil homme.

– Fuyez ? Mais qui va me sauver ?! Réalisa bêtement Ritournelle s'empressant de détacher lui-même son autre main.

En bas des escaliers Iseult menait le groupe sans savoir où aller, les couloirs se ressemblaient tous.

– Tu disais qu'ils n'allaient pas venir nous chercher avant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Lui lança Taram.

– Oui et bien il faut croire que le Roi Cornu avait hâte de me revoir ! Rétorqua sa cousine avec agacement.

Elle-même était surprise que le Monarque n'ait pas attendu plus longtemps qu'une nuit avant de les faire traîner devant lui. Ils devaient très vite trouver un moyen de sortir du château, la chance n'allait pas leur sourire éternellement. Ils coururent jusqu'à un pont à l'intérieur même du château, cet endroit était une vrai fourmilière. Ils avaient presque fini de le traverser quand Taram glissa en s'étalant sur le sol mais Iseult et Eilonwy ne s'en rendirent pas compte et continuèrent de courir droit devant elles. Leur poursuivants se rapprochèrent à grands pas, à tel point que le jeune garçon se cacha sous une voûte du pont. Son instinct avait vu juste car seulement deux minutes plus tard toute une troupe de gardes traversa le pont. Quand ils furent passés Taram remonta prudemment et marcha lentement dans le couloir où avait disparu ses deux camarades. Il les appela faiblement par peur d'être entendu, l'angoisse lui tordant l'estomac. Il arriva bientôt à un croisement, ne sachant pas si il devait aller à gauche ou à droite quand un garde surgit de nul part en hurlant, le faisant faire un bond en arrière.

Le garde était immense, habillé avec une peau de loup et une hache à la main.

– Valet de ferme ! Rugit-il, le regard haineux. Je te tiens sale gosse !

Il lui donna une gifle monumental du revers de main qui envoya le malheureux garçon contre le mur. Sonné, Taram avait lâché son épée pour poser ses mains sur le mur. Il eut tout juste le temps de reprendre ses esprits qu'il se jeta à terre pour éviter le coup de hache de son agresseur qui se planta sauvagement dans la pierre. Taram rampa nerveusement sur le sol jusqu'à son épée qu'il sortit se son fourreau et la leva maladroitement en dessus de lui. Le garde retira sa hache du mur et l'attaqua en poussant un rugissement rageur. Taram voyait déjà sa fin foncer sur lui mais quand la hache s'abattit sur son épée sa lame explosa en milles morceaux alors que celle de son épée s'illumina d'une lueur chaude et bienfaisante comme si elle prenait feu ! Le garde regarda sa hache détruite avec des yeux ronds puis il la lâcha en fixant le jeune garçon avec crainte, levant les mains devant lui pour se protéger avant de s'enfuir en courant.

Taram se remit debout en observant cette lame incandescente jusqu'à ce qu'elle redevienne ''normal'' puis il se mit à rire de bonheur en réalisant quel trésor il avait entre les mains. Il était si euphorique qu'il se mit à danser en rond, fendant l'air avec l'épée. C'est à ce moment qu'Iseult et Eilonwy arrivèrent du couloir de droite. Elles s'arrêtèrent à l'unisson en le voyant faire.

– Aurais-tu perdu la tête ? Lui demanda Eilonwy.

Il se retourna vers elles et son bonheur fut à son comble.

– Oh quelle joie ! Vous êtes vivantes!

– J'ai effectivement l'impression de l'être...Rétorqua dédaigneusement sa cousine. Où étais-tu ?! Nous pensions qu'ils t'avaient attrapés.

– Suivez-moi ! Dit-il sans lui répondre. Je vais nous faire sortir d'ici !

Elles n'eurent pas le temps de lui demander ce qu'il avait en tête et le suivirent en courant. Leur couse folle les fit facilement repérer par plusieurs gardes qui les prirent en chasse, ils montèrent bientôt dans un escalier, Eilonwy poussa un cri aigu en apercevant un soldat au sommet, brandissant son épée. Mais au lieu de s'arrêter Taram fonça droit sur lui et comme pour la hache l'épée de son assaillant se brisa contre la sienne qui s'illumina à nouveau et le soldat tomba à la renverse dans les escaliers. Ses deux camarades le regardèrent totalement incrédules et Taram se jura de ne jamais oublier ce regard venant de sa cousine.

– Taram...l'épée est ensorcelée ! Bredouilla Eilonwy stupéfaite.

– PAR TOUS LES SAINTS ! Hurla soudainement la voix de Ritournelle à un étage ouvert juste au-dessus d'eux.

Le pauvre barde était poursuivi par le gros chien gris qui avait failli le mordre dans son cachot.

– Mais ce château est un asile ma parole ! S'écria Iseult à bout de nerfs.

– A MOI ! A L'AIDE ! A L'ASSASSIN ! Beugla encore Ritournelle.

Taram fit passer Iseult et Eilonwy devant lui. Les escaliers menaient à une petite pièce où était stocké trois grands tonneaux de vin, le jeune garçon les transperça de plusieurs coups d'épée afin de ralentir leurs poursuivants. Ils arrivèrent ensuite dans la cour principale du château, la lumière du jour les aveuglants. Le chaos le plus total régnait, tous les gardes du château semblaient à l'affût, des lances et des flèches leurs tombèrent dessus. Les soldats arrivèrent de tous les côtés, même le gobelin vert venait d'apparaître, pendant un instant Iseult eu peur de voir le Seigneur des ténèbres surgir lui aussi mais par chance il semblait avoir mieux à faire en ce moment.

Il ne cessaient de faire des détours pour éviter les gardes, tant et si bien qu'ils se retrouvèrent bloqué contre le pont-levis relevé.

– Il ne faut pas qu'ils s'échappent ! Cria l'hideux gobelin en se rapprochant d'eux suivit des autres gardes.

– Oh non ! Taram ! S'exclama Eilonwy apeurée.

Ils évitèrent par miracles les lances et les haches qui percutaient le pont-levis juste à côté de leurs têtes. Taram se retrouvait à court d'idée, il tendait son épée en face de lui sans savoir quoi faire. Le regard d'Iseult fut alors attiré par les énormes chaînes qui maintenaient le pont-levis.

– Taram ! Les chaînes ! Coupe-les ! Lui cria-t-elle en évitant une lance de justesse.

Sans se poser de questions son cousin lui obéi et frappa les chaînes de toutes ses forces. Le choc fit s'arrêter leurs assaillants, stupéfaits par ce prodige. Les maillons de la chaîne touchés par la lame de l'épée fondirent comme neige au soleil et le poids du pont qu'elles retenaient acheva de les briser faisant baisser le pont-levis du château.

– CHAUD DEVANT ! Retentit la voix de Ritournelle qui arrivait derrière les gardes et le gobelin qui s'écartèrent automatiquement en le voyant courir avec le chien gris toujours à ses trousses. MAIS POUSSEZ-VOUS ! NE RESTEZ PAS LA !

Arrivé à mi-chemin entre le pont-levis et la liberté le chien mordit le vieil homme à la culotte, le ralentissant dans sa courses.

– MAIS LÂCHE-MOI GROSSE BRUTE ! Hurla-t-il en voyant les trois jeunes gens qui l'avait aidé déjà de l'autre côté du pont. La grille du pont-levis commença d'ailleurs à s'abaisser. OH NON ! JE T'EN PRIE, NE TE REFERME PAS !

Il redoubla d'efforts malgré son grand âge, la peur lui donnant des ailes. Il couru malgré le chien et par bonheur passa de l'autre côté avant que la grille ne soit tombée, le séparent en même temps du chien qui n'avait pu passer lui aussi, ne gardant que le bout de tissu qu'il avait arraché du pantalon du ménestrel qui s'enfuyait au loin pour rejoindre les trois autres.

XXX

Un peu plus tôt avant cela dans une aile gauche éloignée du château, le Roi Cornu déambulait sans but dans sa vaste chambre. Les événements mouvementés de la veille ne lui avait pas permis de trouver le sommeil.

Maintenant que le cochon s'était enfui le chaudron magique lui semblait à nouveau hors de portée...et dire qu'il avait été si près...si près de connaître enfin son emplacement. Tous ses rêves de conquête et de sang étaient sur le point de se réaliser et en une fraction de seconde tout s'était envolé pour redevenir encore plus inaccessible qu'avant. C'était tellement frustrant qu'il en brisa une cruche de vin posé sur une table. Sans le chaudron magique il n'avait aucun espoir de voir ses projets aboutir. Il était certes doté de pouvoirs exceptionnels mais celui du chaudron dépassait largement les siens.

Il s'assit un moment dans un grand fauteuil situé devant une cheminée qui n'était jamais allumée, laissant volontairement la chambre dans la pénombre et le froid.

Tous cela à cause de cette vipère et de l'avorton qui l'accompagnait ! Songea sombrement le Monarque. Elle avait eu l'effronterie de contrecarrer ses plans, si il ne s'était pas contrôlé il l'aurai volontiers jeté lui-même dans les douves. Il repensa alors au médaillon qu'elle portait autour du cou et à la façon qu'elle avait de se tenir devant lui...une fille de Seigneur, ça ne faisait aucune doute ! Les sangs nobles étaient les pires de tous, prêt à mourir pour leurs valeurs ou leur honneur. Le Seigneur des ténèbres reconnu encore une fois son courage malgré la terreur qu'il avait su lui inspirer, son attitude digne face à la mort, pourtant il se remémora l'étincelle de peur dans ses beaux yeux noirs et songea qu'il se damnerai, si ce n'était pas déjà fait, pour revoir encore cette lueur chez cet être si courageux.

Comment ce vaurien l'avait appelé déjà ? Iseult ? Le « I » était presque agressif mais le reste du prénom était doux à prononcer et à entendre. Quand il avait ordonné de la jeter elle et le garçon dans le donjon, il s'était sentit obligé de préciser à ses hommes de ne pas la toucher...pas tant qu'il ne se serai pas vengé. Il les voyaient déjà frétiller d'impatience, tel des bêtes en rut, attendant que leur Seigneur les autorise à disposer de la jolie jeune femme. Il ressentit alors un pur sentiment de mépris face à des créatures aussi primitives, n'obéissant qu'à leurs plus bas instincts, quoiqu'il n'avait pas besoin qu'ils réfléchissent puisque la seule chose qu'il désirait vraiment obtenir d'eux était leurs cadavres. Peut-être ferait-il mieux de leur donner la jeune fille qu'il avait fait capturer quelques jours plus tôt pour les calmer. Cette jeune Lady était en effet agréable au regard mais elle n'était en rien comparable à l'autre...l'autre était une femme et non une adolescente naïve et innocente. Le Monarque se surprit lui-même, lui qui n'avait pas regarder et encore moins pensé à une femme depuis bien longtemps se retrouvait présentement à reconnaître des qualités chez celle qui occupait ses pensées.

Son esprit démoniaque lui fit alors miroiter le plaisir qu'il ressentirait à la faire fléchir, à réduire quelqu'un d'aussi fier à implorer sa clémence. Comment procéder ? Tant d'images se bousculaient. N'y tenant plus il fit donner l'ordre d'aller la chercher, faisant ensuite les cent pas dans sa chambre. Une joie malsaine s'était soudainement emparé de lui alors qu'il imaginait la satisfaction que sa vengeance allait lui apporter, oubliant même momentanément ses plans diaboliques et le chaudron magique.

Il attendit qu'on la lui livre, chaque secondes était un supplice tant il avait hâte de se mettre à l'ouvrage. Peut-être ferait-il mieux dans un premier temps de poser des questions à la jeune femme sur ses origines pour mieux s'en servir contre elle...et également pour satisfaire sa propre curiosité. Il la voyais déjà entrer dans ses appartements en tremblant mais faisant tout pour ne pas lui montrer sa crainte, puis peu à peu il saurai lui faire perdre ses moyens, abattre chacune de ses défenses comme un château de cartes, l'humiliant, lui faisant mal sans le moindre état d'âme. Ce serait à la fois si facile et si délicieux.

Cette nouvelle pensée l'obsédait, lui faisant perdre la notion du temps...sinon il aurait sans doute remarqué que le garde qu'il avait envoyé mettait anormalement du temps à lui ramener sa prisonnière.

C'est alors que de petits coups à peine audibles percutèrent la porte de sa chambre et une fois qu'elle eu grincé une petite voix râpeuse et craintive interpella le Seigneur. Sans même avoir besoin de le regarder le Roi Cornu reconnu avec déception la voix de son serviteur, son misérable gobelin vert qu'il aimait tant maltraiter. Il avait espérer voir enfin la jeune femme mais tant pis, il souhaitait cependant à son serviteur d'avoir une excellente raison de le déranger.

– As-tu retrouvé cet animal ? Demanda-t-il, soupirant sur un ton menaçant en se retourna finalement vers son souffre-douleur, pensant que le cochon était la raison de sa venue.

– Oh Sire...non...enfin...Bafouilla le vilain petit bossu en rampant vers lui, baissant les yeux et tremblant de nervosité en voyant les mains squelettiques de son maître se resserrer dangereusement sur les accoudoirs de son grand fauteuil où il venait de s'asseoir pour l'écouter. Enfin cette fois...c'est...c'est même pi...pire qu'avant. Le...le valet de ferme et...et la f...femme se sont...évadés.

Le Souverain poussa un grognement inquiétant en entendant ça. Il fit signe à son serviteur de s'approcher, sûrement pour le malmener. Le gobelin eut un tressaillement de peur et s'inclina profondément en suppliant son maître.

– Sire ! J'ai compris ! Dit-il avec un accent pathétique, s'étranglant lui-même en gigotant.

Mais le Roi ne le regardait déjà plus. Sa dernière source de divertissement venait de s'enfuir elle aussi ! Comment ?! Il voulu crier sa rage, faire exploser sa colère cependant il savait que cela ne résoudrait rien. Maintenaient il était encore plus frustré que jamais. Comment cette garce avait-elle oser se soustraire à sa volonté ?! Un nouvel affront qu'il saurait lui faire payer encore plus cher que le premier. Cependant il ne comprenait pas comment elle et son complice avaient pu sortir du donjon sans se faire remarquer, peut-être était-elle un peu sorcière en fin de compte...maintenant il était au même point qu'avant leur rencontre, c'était inacceptable. Elle devait lui revenir, il en faisait une affaire personnelle.

– Très bien...Murmura-t-il en grinçant des dents, parlant plus à lui-même qu'au gobelin. Non seulement c'est eux qui retrouverons leur porc, mais que les dragons poursuivent et me ramène cette femme !

– Tout de suite Sire, tout de suite ! S'exclama son serviteur difforme, trop heureux de s'en tirer à si moindre mal. Faîtes-moi confiance se sera fait !

XXX

Dans la forêt interdite le groupe de fuyards se remettaient de leurs émotions. Ritournelle chantait des chansons guillerettes en jouant de la lyre, qui aurait cru que ce vieil homme un peu ridicule avait une aussi jolie voix. Les autres se relaxaient assis dans l'herbe, discutant, Taram lui essuyant la lame de son épée avec un soin méticuleux.

– Magnifique Ritournelle ! S'exclama Eilonwy en l'applaudissant une fois qu'il eu fini sa chanson.

– Merci, rappelez moi de chanter vos louanges.

– Vous ne préférez pas chanter notre évasion ? Elle a été incroyable ! N'avez-vous pas eu peur, pas même une seule fois ?

– Qui ? Moi ? Peur ? Se moqua Ritournelle totalement de mauvaise foi. Ce mot ne fait même pas partie de mon vocabulaire...Sa lyre fibra dangereusement en guise d'avertissement. Mais je compte bien l'y ajouter prochainement !

– Moi je n'ai pas eu peur ! S'exclama Taram en agitant son épée.

Iseult était bien trop occupée à savourer sa liberté retrouvé pour relever ce qu'il venait de dire bien qu'elle n'en pensait pas moins. Eilonwy, elle, en revanche fut moins tolérante.

– Tu exagère ! On risquait notre vie à chaque instant. Cru-t-elle bon de lui rappeler.

– Oui mais c'est grâce à moi que l'on c'est évadé. Insista Taram.

– Crois-tu ? Rétorqua la jeune fille sans paraître impressionnée. C'est plutôt grâce à l'épée magique !

– Mais seul un guerrier accompli est digne d'une telle épée ! Déclara-t-il avec vanité.

Cette fois Iseult éclata de rire: – Tu plaisante j'espère ?! Cette épée est ensorcelée, elle combat toute seule, ça ne fais pas de toi un ''grand guerrier''.

Blessé dans son orgueil le jeune garçon rangea l'épée dans son fourreau et posa ses poings sur ses hanches en gonflant le torse comme un coq.

– Oh vous êtes des filles ! Les armes ce n'est pas votre domaine ! S'exclama-t-il en colère.

Malheur ! Quand il eut dit ça ses interlocutrices se relevèrent d'un bond en s'écriant en cœur « Quoi ?! ». Taram perdit soudainement son assurance en les voyant s'approcher de lui à grands pas.

– Je te rappel que sans ''cette fille'', tu serais toujours prisonnier du Seigneur des ténèbres ! S'écria Eilonwy indignée.

– Tout à fait ! Approuva Iseult. Monsieur a une épée entre les mains et se croit déjà être un homme !

– Allons, allons mesdames, du calme. Tenta Ritournelle pour les apaiser.

– Je suis peut-être une fille mais moi au moins je ne me vanter pas de mes exploits ! Continua la jeune fille.

Aussi agilement qu'un fauve Iseult se précipita sur son cousin et lui arracha l'épée de sa ceinture, ce dernier voulu la récupérer en poussant un cri de contestation mais la jeune femme sortit l'épée de son fourreau et la pointa devant Taram.

– Tss tss...tu vois, ce n'est pas l'épée qui fait le chevalier...ce sont ses valeurs.

– Rend-la moi ! S'écria Taram tel un enfant capricieux. Elle est à moi ! Je l'ai trouvé.

– Hum volé tu veux dire. Rétorqua froidement Iseult. Je ne nie pas que cette épée nous a été d'un grand secours mais je n'ai pas oublié de quelle façon tu l'as obtenue...dans le monde de la chevalerie voler l'épée d'un chevalier, décédé qui plus est, est un véritable sacrilège !

Cette révélation rendit le garçon rouge de honte. Naturellement il n'avait pas pensé à mal en prenant l'épée et sa cousine le savait, tout comme elle comprenait qu'une arme aussi prodigieuse puisse séduire l'adolescent qu'il était cependant il ne l'avait même pas depuis une heure qu'il semblait déjà se prendre pour un roi ! Elle rangea alors l'épée et l'attacha à sa propre ceinture.

– Que vas-tu en faire alors ? Demanda Taram avec un soupçon de jalousie en pensant qu'Iseult voulais simplement garder l'épée pour elle.

– Nous ne pouvons malheureusement pas rapporter cette épée à son véritable propriétaire. Lui expliqua-t-elle en ignorant son regard assassin. Mais tu ne sais pas t'en servir non plus, c'est une arme puissante pas un jouet ! Quand nous rentrerons chez oncle Dallben je l'enfermerai dans un coffre de la chaumière et le jour où tu sauras convenablement te battre avec une épée ordinaire, et surtout si tu le mérite, alors je te la rendrai.

Bien que cette décision fut sage et juste, Taram ne voulu rien savoir ! Il tapa du pied, la supplia, lui jurant de faire tout ce qu'elle désirait mais sa cousine fut comme à son habitude, intransigeante.

– Taram, j'ai dis non ! Déclara-t-elle fermement pour la dernière fois. Et je t'interdis formellement d'en parler aux gens du village, cela attirait trop de convoitise et j'aimerai pouvoir dormir la nuit sans craindre qu'un voleur vienne nous trancher la gorge dans notre sommeil !

Plus tard Taram et Eilonwy s'étaient éloigné près d'un petit étang, après avoir boudé un moment le jeune garçon s'était excusé auprès d'Eilonwy pour ses propos de tout à l'heure. La jeune fille lui avait pardonné de bonne grâce, consciente qu'il n'avait pas de mauvaises intentions.

Après un instant de silence un peu embarrassant entre eux la jeune Lady lui parla de ses parents qui devaient sûrement être morts d'inquiétude à son sujet. Elle avait été kidnappé par les hommes du Seigneur des ténèbres alors qu'elle se promenait à cheval sur les terres de sa famille. Elle versa quelques larmes en songeant au chagrin que devait ressentir ses parents de la savoir disparue, Taram lui promis aussitôt qu'ils la raccompagneraient chez elle au fois qu'ils seraient rentrés chez Dallben. La jeune fille fut si heureuse qu'elle lui accorda un baiser sur la joue qui fit rougir Taram jusqu'aux oreilles.

Cependant quand il retournèrent là où attendait leurs deux autres compagnons ce fut pour trouver Iseult se tordant de rire alors que Ritournelle se débattait par terre avec une petite créature poilu, beige.

– A l'aide ! Criait le barde en essayant de repousser la créature qui lui avait soudainement sauté dessus.

– Ça ! Gurgi veux ça ! S'exclama la bête poilu en attrapant le bonnet de Ritournelle et le mettant sur sa propre tête.

– Il te plaît ? Je te l'offre ! Déclara le vieil homme, espérant que cela calmerait l'étrange animal.

– Et ça ! S'exclama Gurgi en attrapant la lyre. Gurgi veux ça aussi !

– Je te la donne ! Combien en as-tu tué pour moins que ça ?!

Gurgi était si impatient qu'il tira violemment sur la corde qui retenait la lyre au cou du ménestrel, étranglant le pauvre homme alors qu'Iseult était en pleurs tant elle riait.

– Gurgi ! L'appela alors Taram en reconnaissant la créature.

Le petit animal le reconnu également et parut très heureux de le voir contrairement à Taram qui le regardait avec dureté.

– Oh ! Vieux bonhomme...euh...tombé tout seul ! Expliqua maladroitement Gurgi en aidant Ritournelle à se relever.

Le vieil homme alla se cacher derrière Taram, excédé d'être aussi mal traité. Il demanda à Taram qui était son impertinent ami en récupérant son chapeau que Gurgi lui avait volé. Le jeune garçon démenti tout de suite les paroles du barde, prétextant que la petite créature n'était pas son ami mais un lâche doublé d'un voleur. Pourtant quand Eilonwy les rejoignit la jeune fille tomba immédiatement sous le charme de l'animal.

– Oh tu es charmant ! S'exclama-t-elle en le caressant affectueusement.

– Et impertinent en plus. Rétorqua Gurgi, faisant rire la jeune fille.

Taram perdit soudainement patience, soutenu par Ritournelle ils demandèrent au petit être de s'en aller. Gurgi fut contrarié par leur manque de gentillesse et commença à partir quand il s'immobilisa soudainement.

– Gurgi retrouver mémoire ! S'écria-t-il en sautillant. Vu empreintes Tirelire !

– Quoi ?! Quand ça ? Demanda Iseult en essuyant les larmes de rire sous ses yeux.

– Aujourd'hui ! Lui répondit Gurgi.

Taram ne le cru pas une seconde et Ritournelle encore moins. Seul Eilonwy fut convaincu de sa sincérité, qu'en à Iseult elle avait beau apprécier de plus en plus la créature elle se demandait jusqu'où elle pouvait avoir confiance en sa parole. Elle fut aussi légèrement agacée d'entendre à nouveaux parler de Tirelire, ne souhaitant pas vraiment revoir le cochon pour qui ils avaient risqué leur vie. Finalement en voyant les regards de ses compagnons elle comprit que son avis serait déterminant et avec un soupir résigné elle accorda une chance à Gurgi, pensant que peureux comme il était il ne risquerait pas sa vie pour un mensonge.

C'est ainsi que le groupe suivit la petite boule de poils, les guidant à travers la forêt. Ils marchèrent toute la journée, se nourrissant des fruits sauvages qu'ils trouvaient ici et là. A de nombreuses reprises Taram voulu rebrousser chemin, sans succès. Ce fut quand le jour déclina que tous purent constater qu'il y avait bel et bien des empreintes fraîches sur le chemin qu'ils suivaient. Cela raviva l'espoir de Taram qui, bien qu'il ne s'excusa pas, commençait à voir Gurgi sous un autre jour.

Leur longue marche se termina devant une marre qui coupait le chemin, seuls quelques rochers émergeaient de l'eau. Pour une curieuse raison les empreintes de Tirelire s'arrêtaient devant la marre mais ne réapparaissait pas de l'autre côté. Gurgi sauta sur les rochers jusqu'au milieu de la marre, se stoppant en sentant qu'il était instable. Il se retourna pour faire demi tour seulement les rochers sur lesquels il venait sauter avait soudainement disparu. Le rocher où il se trouvait commença alors à tourner sur lui-même et à s'enfoncer dans l'eau, provocant un violent tourbillon.

– Maître au secours ! Noble Dame ! Appela Gurgi effrayé.

Taram fut le premier à répondre à son appel à l'aide et entra dans l'eau pour attraper sa patte, ses compagnons formant une chaîne humaine pour les tirer vers la terre ferme toutefois le courant était si fort qu'ils finirent tous par tomber à l'eau et s'enfoncèrent dans les profondeurs de la marre.

Quand ils se réveillèrent chacun leur tour ils étaient sur un sol humide et terreux. L'endroit où ils avaient atterrit ressemblait à une grotte cependant il n'y faisait pas froid. En levant les yeux en l'air ils aperçurent la surface de la marre comme s'il s'agissait d'un miroir, ainsi ce n'était qu'une illusion. Mais dans quel but ?

– Rattrape cette branche ! Cria une toute petite voix dans un coin de la grotte.

En se rapprochant de cette vois le groupe vit deux petits points lumineux qu'ils prirent d'abord pour des lucioles mais en regardant plus attentivement ils se rendirent vite compte qu'il s'agissait de gens minuscules avec des ailes. L'un était assez corpulent, barbu et brillait d'une belle lumière rouge qu'en au deuxième il était jaune et maigre, lui aussi portait une barbe broussailleuse. Les deux petits êtres semblaient en...difficulté. En effet il essayaient de faire tenir une sorte d'échafaudage de brindilles et de feuilles qui servait à irriguer de l'eau. Eilonwy ne pu retenir un petit rire enfantin en les voyant faire ce qui attira l'attention des deux créatures qui parurent particulièrement surpris de les voir ici.

– Oh ! Bonjour ! Les salua le petit être boudiné, l'air un peu intimidé en voyant ces quatre humains. Je suis le Roi Bedaine du royaume des elfes.

– Non d'un petit bonhomme ! S'écria le deuxième elfe jaune beaucoup moins courtois. D'où sorte ces...

Ayant lâché les brindilles qu'il tenait le reste de l'échafaud lui tomba dessus avant même qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase.

– Je croyais pourtant t'avoir dit de réparer le tourbillon ! Se plaignit le Roi.

– Mais je l'ai réparé ! Protesta son compère avec humeur. Tout ce que je fais est parfait !

– Visiblement pas si parfait que ça...tu devais nous protéger contre ces monstres. Murmura-t-il en grande confidence, il s'adressa ensuite aux humains qui n'avaient pas bougés et qui les regardaient avec émerveillement. Qui y a-t-il pour votre service ?

– Ah ! Alors dès que quelque chose ne va pas ici c'est de ma faute ?! S'emporta l'elfe jaune sans se soucier de leurs ''invités''.

– Êtes-vous animés d'intentions amicales ? Continua le Roi sans écouter les jérémiades de l'autre.

– Et je suppose que c'est ma faute aussi pour le cochon ! Ajouta encore l'autre.

Taram qui était resté silencieux comme les autres jusque-là réagit immédiatement à cette phrase, le prénom de Tirelire s'échappa de ses lèvres avec joie.

– Oh vous êtes un ami ! Comprit tout de suite le Roi, soulagé que ces humains là ne soient pas dangereux.

– Quelle chance ! Rétorqua narquoisement l'elfe jaune en s'envolant plus loin. Voilà au moins une chose dont je n'aurais plus à m'occuper.

Mais avant qu'il n'ai pu partir le Roi Bedaine lui ordonna d'aller chercher le cochon, ce qui fit bougonner l'elfe de plus bel. Constatant qu'il n'y avait aucun risque les autres elfes vivant dans la grotte virent rejoindre le Roi et certain plus téméraire volèrent avec curiosité autour des nouveaux arrivants. Gurgi semblait fasciné par toutes les lumières que dégageaient les petits elfes, pas plus haut qu'un pouce. C'était un spectacle magnifique à voir, il y en avait pour toutes les couleurs. Une petite elfe vient même jouer dans les cheveux blonds d'Eilonwy, ravie.

Iseult observait tout cela avec un sourire, s'estiment être chanceuse de vivre un tel moment quand le Roi Bedaine vola vers elle.

– Excusez-moi ma chère...pourriez-vous me dire si les pillages et les tueries sont terminés à la surface ? Lui demanda-t-il très poliment en désignant la marre au dessus de leurs têtes.

– Vous faîtes sans doute allusion à ce fléau de l'humanité ! Le Roi Cornu ! Lui dit-elle pour toute réponse.

Le Roi des elfes comprit avec déception que le monde d'en haut n'était toujours pas en paix et en fut bien affligé.

– Personne là-haut n'a le cran de combattre cet homme ?! S'exclama-t-il ahuri.

– Attention ! Attention ! Les prévint l'elfe jaune du nom incongru de Ronchon.

En effet Tirelire venait de sortir du terrier dans lequel les elfes la logeait et couru droit sur Taram qui la serra fort dans ses bras. Les yeux d'Iseult se plissèrent en voyant la truie mais elle ne dit rien, à défaut de comprendre l'affection que son cousin éprouvait pour cet animal elle pouvait au moins la respecter.

– Nous l'avons vu. Avoua-elle au Roi Bedaine. Il cherche le chaudron magique, s'il s'en empare vous pouvez être sûr qu'il nous tuera tous.

– Oh non ! Rassurez-vous. Lui répondit le Roi avec un sourire confiant. Il ne risque pas de le trouver, ça non ! Il est dans une cachette secrète dans les marais de Morva.

– Morva ? Répéta Taram soudainement intéressé par la conversation.

– Oui...euh...enfin oui je crois bien qu'il y est. Bredouilla le Roi plus très sûr. Ronchon ? Le chaudron est bien à Morva ?

– Quoi ? Ça aussi c'est une de mes nouvelles attributions ?! Marmonna l'autre un peu plus loin. Me souvenir de l'endroit où le chaudron a été vu pour la dernier fois ? Non mais quelle vie !

Le Roi Bedaine paru confus et les pria d'excuser le vieil elfe aigri.

– Si seulement nous pouvions trouver le chaudron magique...et le détruire. Réfléchi Taram à voix haute.

– Hors de question ! Trancha Iseult d'une voix ferme, faisant sursauter tous le monde. Et pourquoi pas le livrer directement au Seigneur des ténèbres pendant qu'on y est ?! Ce serai lui facilité la tâche de le trouver à sa place. Non ! Tant qu'il ignore où il se trouve mieux c'est et au cas où vous ça ne vous suffirez pas moi j'en ai assez de toutes ses mésaventures ! Nous ferions mieux de rentrer chez nous, Dallben doit être fou d'inquiétude.

Taram n'osa pas insister. Avec tous ce qui leur était arrivé il n'avait pas pensé à son oncle. Pourtant il avait quand même le sentiment qu'Iseult se fourvoyait.

– Moi aussi je voudrai revoir mes parents. Avoua Eilonwy avec nostalgie.

Visiblement il était inutile d'insister, même Ritournelle ne se sentait pas la force d'entreprendre une telle quête. Ils remercièrent chaleureusement le Roi Bedaine pour son accueil puis lui et les autres elfes les aidèrent à regagner la surface sans encombres. Iseult se sentait plus légère à l'idée de rentrer enfin chez elle, que d'aventures à raconter à ce vieux Dallben. Elle remarqua alors que le petit Gurgi restait très près d'elle, comme si il souhaitait dire quelque chose. Quand la jeune femme arriva finalement à lui arracher des aveux il lui demanda timidement si il pouvait venir avec eux au lieu de retourner seul dans la forêt. Iseult trouva sa question absurde et lui répondit qu'elle n'avait même pas pensé rentrer sans lui.

Fin de la première partie

XXX

Ne vous inquiétez pas la deuxième partie est déjà écrite mais je vais attendre un peu avant de la poster. Alors oui je sais que Eilonwy est sensé être une princesse dans le film le problème c'est que je ne la trouve absolument pas crédible dans ce rôle, donc j'ai préféré dire que c'était une Lady.

Je modifie également cette partie de l'histoire, comme quoi Taram et ses compagnons ne vont pas directement à Morva après avoir rencontrés les elfes. Vous comprendrez mieux dans le chapitre suivant.

En fait j'ai essayé de rendre l'histoire un peu plus adulte et aussi un peu moins « kitsch » mais tout en essayant de garder l'esprit du film...je ne sais pas si vous me comprenez mais moi je me comprends c'est le principale^^

Merci à ceux qui ont consacrés un peu de leur temps pour lire ce chapitre et j'espère vous retrouver au chapitre 2.

A Bientôt !