Deux manières de vaincre
Prologue
C'était une maison isolée aussi sombre que l'âme de son propriétaire. Autour de cette bâtisse le sol semblait dessécher, dépourvu de vie et personne n'osait s'en approcher sauf les gens aussi malhonnêtes que le sorcier qui demeurait en ce lieu. Le sorcier : Voilà comment on l'appelait, cet homme âgé aux vêtements noir rapiécés et à la mine lugubre. Car, pour les incultes habitants du village voisin, alchimie et magie ne faisaient qu'un.
Les nuits de pleines lunes étaient les plus horribles, d'après eux, parce que l'on pouvait être certain que le sorcier mijotait un mauvais tour. Hors justement, cette nuit, la nuit était pleine et les villageois avaient raison : IL préparait un horrible méfait.
Dans la pièce remplie de maléfices en tout genre, il était penché sur un vieux grimoire qui lui avait coûté une fortune mais en valait la peine si le vendeur n'était pas charlatan. Une craie à la main, il détacha les yeux de son ouvrage et commença à tracer lentement un cercle sur le sol.
Aussitôt, le chat du sorcier, qui avait jusqu'ici contemplé la scène avec une indifférence totale, bondit dans un coin de la pièce en faisant le dos rond et pestant contre le dessin que son maître était en train de tracer.
Le sorcier ne semblait pas avoir remarqué la réaction de son animal et continuait d'agrémenter son cercle alchimique de détails en suivant scrupuleusement les instructions du grimoire.
Tout en accomplissant cette tâche, il maudissait les êtres qui l'avaient mit en échec tant de fois.
"Maudits petits insectes ! Bientôt vous aurez fini de fanfaronner à mes dépends. Si ce livre est exact, j'obtiendrais ce que je veux et ensuite LA VENGEANCE !" Et il conclut sa tirade par un rire qui aurait glacé le sang à n'importe qui.
Le rire se poursuivit lorsque le sorcier posa ses mains sur le signe achevé et ne fut interrompu que par un petit hoquet de surprise. N'ayant jamais pratiquer ce genre de formule, le résultat le surpris tout d'abord quand il vit une lumière et un souffle violent naître du cercle tracé sur le sol. Ensuite une certaine crainte naquit en lui lorsque le vent prit des tons noirs. L'ambiance était glaciale, électrique et le souffle si bruyant qu'il étouffait les protestations du chat, toujours dans son coin.
Alors qu'il songeait avoir fait une erreur, il LA vit. Une porte immense.
La première frayeur passée mais non s'en crainte, le sorcier fixa d'un oeil curieux et perplexe, l'étrange édifice qui venait de naître dans sa modeste masure. Elle était noire et massive, des sculptures vaguement humaine la parcourait.
Ce spectacle inspira une vision au sorcier : il s'agit sans nul doute de la porte des enfers, pensait-il. Et cette idée le fit frissonner, lui, le plus grand sorcier de cette région. Tandis que lentement, il essaya de gagner la sortie, avec un bruit lugubre, la porte s'ouvrit.
Il y vit un immense oeil le regardant de son regard mauve et surnaturel. Par ce simple regard, le sorcier sut qu'il ne pouvait plus échapper à ce qu'il venait d'enclencher.
A travers la porte à présent entièrement ouverte, il vit plusieurs paires de yeux enfantins s'ajouter autour de l'œil monstrueux au centre du gouffre noir que laissait l'ouverture de la porte.
Puis des milliers de mains se tendirent et s'enroulèrent autour du sorcier. La victime eut un sursaut et essaya de reculer mais comme cela semblait inutile, il se résolut, avec le calme d'un condamné mené à l'échafaud, de se laisser tirer par les mains fantomatiques.
Les mains le tirèrent jusqu'aux ténèbres de la porte et il fut rapidement englouti.
Pourtant, la porte ne se referma pas. Elle resta étrangement ouverte et les multitudes de regards regardaient la pièce, les filtres, les grimoires et le chat toujours blottit dans son coin en tremblotant.
A la fenêtre, quelqu'un ou plutôt quelque chose, observa le spectacle, son petit corps parcouru de frisson. Il se détacha du spectacle horrible avec difficulté car il devait à tout prix prévenir quelqu'un. Il devait aller répéter que le sorcier avait disparu et que la chose qui était responsable de ce fait était toujours présent.
L'être courut comme s'il avait la mort aux trousses, s'éloignant de la masure.
A Suivre...
