NDA :

Rating : K+

Cette fiction a été écrite dans sa totalité par trois auteures différentes :

POV Alyssa - Charliflex

POV Louna - DoraFlickFlack

POV Léna - Tanounette

Elle se situe à la fin de la saison 6 et c'est donc la SUITE DE LA SÉRIE, attention aux possibles spoilers.

Elle respecte entièrement le script et le canon de la série, les personnages morts resteront donc morts (désolées).

Disclaimer : Teen Wolf ne nous appartient (malheureusement) pas.

oOo

Bien le bonjour à toi, ô lecteur impromptu qui est venu frapper à la porte de notre folle imagination et de notre chère fanfiction.

Il y a trois choses à savoir à propos de notre fanfiction. La première, c'est que vous avez affaire à trois auteures complètement tarées dont les personnages sont légèrement illuminés sur les bords (et au milieu aussi). La deuxième, c'est que vous vous apprêtez à lire la fiction la plus clichée et non clichée de l'histoire. Et enfin, la troisième, c'est que oui, on est vraiment nulles pour les notes d'auteurs, mais c'est pas grave.

Donc voilà, en gros, ça parle de trois filles qui vivent un truc pas facile, mais qui continuent de vivre quand même. Parce que la vie ce n'est pas que survivre, c'est aussi vivre (petite référence à The 100, tmtc, (ou pas)).

Allez, bonne lecture ;p


Chapitre 1

« Welcome to Beacon Hills »

~POV Alyssa~

Tout avait bien commencé pourtant. C'était comme d'habitude. Avec la meute, on est allés manger un morceau chez Finley, notre restaurant fast-food favori, après un de nos entraînements. On a passé une bonne soirée. Certains étaient même un peu pompette. On s'est bien amusés. Je ne sais pas à partir de quel moment ça a commencé à partir en vrille. Peut-être quand Judy a proposé qu'on aille se promener en ville. Ou quand ma petite sœur, Kay, a commencé à se battre avec Lison pour s'amuser.

Quoi qu'il en soit, le résultat, c'est que des chasseurs ont débarqué dans la ruelle où on était. Ils ont descendu chaque membre de la meute un par un. J'ai empoigné mes deux meilleures amies par leur bras et on a couru à en perdre haleine. J'ai senti Léna faiblir. Elle n'est pas un loup garou, elle est une banshee, la seule dans une meute de lycanthropes, et elle n'a pas de super endurance ni de super force. J'ai échangé un regard avec Louna et on l'a portée à deux pour aller plus vite.

Ça aurait pu aller, si on n'était pas tombées sur une impasse. On a paniqué, alors que les chasseurs nous ont rattrapées. On ne savait pas quoi faire, on était coincées. J'ai échangé avec les filles un regard paniqué. J'ai vu que Léna était terrifiée et qu'elle ne le dissimulait pas. Moi, en général, je parviens à cacher mes émotions, mais à ce moment-là, j'étais terrifiée. On n'avait plus de meute, plus de famille, et on allait mourir dans cet impasse sombre. Enfin, non, parce que là je ne suis pas morte, mais sur le coup, je croyais vraiment que ma dernière heure était arrivée.

Ensuite, tout s'est passé très vite. Léna s'est prise une flèche dans la côte, tirée par une petite femme noire fine avec une arbalète. Après cela, elle a hurlé de douleur, et ça a semblé lui rappeler qu'elle avait un pouvoir et qu'elle pouvait l'utiliser contre nos poursuivants. Elle a donc fait son super hurlement de banshee, faisant s'évanouir les cinq chasseurs qui nous entouraient. On a couru, couru, et encore couru. Il nous fallait un plan. Il fallait qu'on venge notre meute, et on ne pouvait pas juste se terrer, pleurer notre sort et attendre que quelqu'un se débarrasse de ces chasseurs à notre place.

Tout en courant, et en soutenant Léna avec Lou, j'ai pensé à quelque chose. Papa m'avait une fois parlé d'un Alpha, un véritable Alpha, le premier depuis près de sept-cent ans. Son nom ne m'est pas venu tout de suite, mais j'ai pensé à deux mots que m'a dit mon père : Beacon Hills. Là où on peut le trouver, l'Alpha. C'était mon nouveau plan.

- On va chez moi ! j'ai crié à mes deux amies.

- Quoi ? s'est étonnée Lou.

Elle et moi courions le plus vite possible en soutenant tant bien que mal notre amie agonisante, puis nous avons bifurqué vers chez moi. Mes amies n'ont pas compris pourquoi je voulais aller là-bas, mais elles m'ont tout de même suivie, parce qu'elles me font confiance. On est amies depuis toujours, et je pourrais leur confier ma vie sans hésitation. On a grandi ensemble.

Lorsqu'on est arrivées chez moi, j'ai ouvert en vitesse, pris les clés de la Combi de mes parents posées sur une commode juste à droite de la porte, que j'ai lancées avec adresse à Lou depuis le pas de ma porte. Elle les a attrapées avec sa main droite alors qu'elle tenait Léna avec son bras gauche.

- Installe Léna à l'arrière et prends de sa douleur. Mais n'en abuse pas trop non plus, on se relayera. Je vais chercher quelques affaires en haut, et après on passe chez toi pour vous chercher des affaires.

- D'accord, mais t'as intérêt à m'expliquer ce que t'as en tête tout à l'heure.

- Aucun doute là-dessus, Lou.

Je suis montée à l'étage, dans ma chambre, j'ai pris un sac à dos, et mis le strict nécessaire dedans. J'ai soupiré et fait mes adieux à ma chambre, mais assez rapidement. En passant dans le couloir vers la cage d'escaliers, j'ai vu une photo de ma famille en vacances à Los Angles lorsque j'avais sept ans.

Ma petite sœur, ses longs cheveux de feu attachés en deux couettes, dans les bras de ma mère, ses cheveux roux, lisses et coupés au carré volant au vent, et toutes les deux riant aux éclats. Mon père, un grand brun aux yeux bleus, faisant une grimace et me portant sur les épaules, et mon grand frère, Gabriel, ses cheveux bruns légèrement plus longs que ceux de mon père, la main accrochée à celle de papa. J'ai décroché la photo que j'ai mise dans mon sac avec une envie folle de pleurer, que j'ai retenue.

Je suis redescendue et j'ai fermé la porte d'entrée à clef avec une certaine nostalgie. Mais je ne me suis pas attardée. Il fallait que je pense au futur. Que je pense à mon plan et au meilleur moyen de le mettre en place. Je suis montée au volant alors que Lou prenait la douleur de Léna. Cette dernière s'est évanouie, et Lou a continué le processus.

- N'exagère pas trop, ça va te pomper de ton énergie, je lui ai conseillé.

- Je lui ai déjà enlevé ce que j'ai pu.

- On va chez toi, tu cherches des affaires et on lui enlève la flèche, ça te va ?

- Lui enlever la flèche ? T'es sûre ?

- Elle aura moins mal une fois qu'elle n'aura plus rien planté dans la côte, je lui ai assuré.

Lou est venue s'assoir à la place passager-avant, et j'ai démarré. J'ai foncé vers la maison considérée comme le QG de la meute, celle de Louna. Sa mère était l'Alpha de notre meute, et comme Léna n'a jamais connu son père et que sa mère est internée dans un hôpital psychiatrique depuis onze ans, elle vivait chez Lou. Une fois là-bas, Lou est entrée chez elle en vitesse. Je me suis mise auprès de mon amie à la peau mate et aux yeux verts et lui ai pris sa douleur. J'ai caressé ses longs cheveux bruns, épais et bouclés avec tendresse.

Lou est revenue avec deux sacs remplis, et j'ai vu qu'elle avait pleuré. Ses yeux étaient rouges et gonflés. Elle est moins douée que moi pour cacher ses émotions, et j'admets que ce n'est pas à la portée de tout le monde, de savoir ne pas pleurer lorsqu'on est brisé de l'intérieur. Elle met les sacs dans le coffre et s'installe à côté de moi et Léna.

- On doit enlever la flèche.

- Oui, on doit lui épargner des souffrances. J'ai peur qu'elle ne meure.

- Elle ne mourra pas.

Mon amie a séché une larme qui s'était échappée et a hoché la tête. J'ai mis mes mains sur la flèche et Lou a fait le compte à rebours. À zéro, j'ai tiré d'un coup sec vers le haut, ce qui a arraché à l'inconsciente une grimace de douleur. Puis, j'ai vu que le bâton de la flèche que j'avais enlevée n'avait plus de pointe.

- Mais c'est quoi ce bordel ?

- Les Argent, m'a répondu Lou.

- Les chasseurs ? Mais, ils sont morts, non ?

- Pas tous, il en reste un qui a arrêté la tradition familiale il y quelques années.

- Mais alors…

- Je ne sais pas pourquoi, mais je reconnais le système. Ma mère m'a expliqué que les flèches des Argent sont dotées d'un système qui fait que si on essaye d'enlever la flèche comme ça, la pointe se déclipse et reste dans le corps.

- C'est horrible ! Il faut qu'on parte au plus vite.

J'ai bondi sur le siège avant et ai démarré la voiture. En attendant, Louna a fait un bandage à Léna pour essayer de faire cesser l'hémorragie. Elle a serré au maximum les compresses sous une bande de tissu, tandis que je fonçais, grillant quelques feux rouges, dépassant les limitations et dépassant chaque véhicule qui n'allait pas assez vite pour moi. Lou est venue s'asseoir à côté de moi et a ironisé :

- T'as eu ton permis dans une pochette surprise ?

- T'étais là quand je l'ai eu, banane. Et puis là, on est dans un cas d'extrême urgence.

- Tu conduis toujours comme ça.

- Ah bon ? Peut-être.

Revenons au présent maintenant. On a déjà fait une centaine de kilomètres depuis Eureka, désormais notre ancienne ville, et on n'a pas dit un seul mot depuis le départ. On n'a rien à dire. La seule chose qui tourne dans mon esprit en boucle est le nom de la ville où je nous emmène. Beacon Hills. Ça et la douleur d'avoir perdu ma meute et ma famille. J'ai l'impression qu'on m'a arraché des parties de mon corps. Mais pas encore mon cerveau, donc je continue de me concentrer sur la route. Je n'ai toujours pas expliqué mon plan à Lou, quand j'y pense. Je ne vais pas attendre d'arriver à Beacon Hills pour lui raconter. Alors que j'allais parler, mon amie me devance.

- Tu vas me dire où on va et quel est ton plan ? me demande-t-elle comme si elle avait lu dans mes pensées. Parce que là, j'ai juste l'impression qu'on roule sans but alors qu'on a une banshee agonisante à l'arrière.

- Mon père m'a parlé d'un véritable Alpha… Scott McCall ! je me souviens soudainement de son nom.

- Un véritable Alpha ?

- Le premier depuis plus de sept-cent ans.

- Impressionnant… Et ton plan c'est d'aller le trouver, c'est ça ?

- On a besoin d'un Alpha, on n'arrivera à rien seules, et il peut aider Léna.

- C'est un véritable Alpha, et en plus il est infirmier ?

- Ha, ha, très drôle, Lou. Mais non, mais s'il le faut, il peut la mordre pour la sauver.

- T'oublies que Léna est une banshee, la morsure ne peut pas la transformer.

- Elle peut devenir plus puissante et peut-être guérir.

- Ça ne marchera pas.

- On ne saura pas tant qu'on aura pas essayé.

- Si tu le dis.

Je sens qu'elle ne trouve pas mon plan infaillible. Moi-même je n'en suis pas certaine, mais pour l'instant, Scott McCall est notre seul espoir de survivre.

- Et c'est sa meute qui s'est entre autres débarrassée de Gérard Argent, le dernier chasseur de la famille Argent, j'ajoute.

- Il a dû rater quelque chose, parce que je te signale que Léna a une pointe de flèche dans le ventre.

- Gérard a dû enseigner ce qu'il savait à d'autres gens, y compris à celle qui a blessé Léna. T'as vu, dans les chasseurs, il y avait l'épicier de près de chez toi, Bradley. Cette pouffiasse…

- Aly, vocabulaire.

Je fusille Lou de regard et reprends en appuyant le deuxième mot :

- Cette pouffiasse doit être la relève d'Argent, et elle recrute.

Nous reportons toutes les deux notre attention sur la route. J'appuie sur l'accélérateur, atteignant les deux-cent kilomètres heure. Ils peuvent bien m'envoyer des contraventions, je n'ai même plus de maison. Et je me fiche de n'importe quel PV, si ça sauve la vie de Léna.


~ POV Louna ~

J'entortille une mèche de cheveux autour de mon index, les yeux perdus dans le vide. De temps à autre je jette un œil à mes meilleures amies, toutes aussi passives que moi. Léna semble dormir mais je sais bien qu'elle fait semblant et que sa douleur est immense. Autant physique que morale. Je peux la sentir, l'odeur âcre de la douleur qui flâne dans le véhicule, Aly aussi. Alyssa et moi ne sommes pas mieux loties dans une telle situation. Il est d'usage de dire que lorsqu'on perd un membre de sa meute s'est comme si on était amputé d'une partie de soi. Vous imaginez ce qu'on doit ressentir quand on perd toute sa meute en même temps ? Non, c'est normal. C'est au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. C'est comme si on vous transperçait de tous les côtés, seuls les organes vitaux semblent être épargnés pour permettre une souffrance plus longue encore. Mais lorsque votre meute est votre famille, la vraie, l'unique, c'est mille fois pire. Il n'y a même pas de comparaison possible.

En ce qui me concerne, j'ai perdu ma mère. Pas plus tard que ce matin. Une petite balle et tout était terminé. Ils l'avaient rayée de la surface de la Terre comme si elle n'avait jamais existé. Ils l'ont regardé dans les yeux, face à face, une fraction de seconde avant que l'une des armoires à glace n'appuie sur la gâchette. Elle s'est écroulée en un rien de temps, sans même me faire ses adieux. Pourtant c'était elle la plus forte, l'Alpha. Juste comme ça, en un battement de cils tout a changé. C'était ma maman et un peu la maman de la meute, elle aurait tout fait pour nous alors pourquoi je n'ai pas pu la sauver ?

Nous nous promenions tranquillement dans la ville, comme des gens normaux, comme des humains, et la seconde d'après ils étaient là, nombreux, armés et déterminés à tous nous envoyer manger des pissenlits par la racine. Le plus déroutant dans cette histoire, c'est que les « chasseurs » qui ont décimés notre meute, on les connaît. On les connait même très bien. L'un d'entre eux était le propriétaire de la petite épicerie qu'on dévalisait de ses croissants quand on était plus jeunes, les filles et moi. Il ne faut jamais se fier aux apparences, ma mère me le répétait sans cesse. Elle avait raison, comme toujours. J'aurais dû mieux l'écouter quand j'en avais encore l'occasion.

Les panneaux des petites villes se succèdent à une vitesse fulgurante depuis que nous avons passé Los Angeles. Sans doute qu'Aly a le pied lourd sur l'accélérateur. La Combi a déjà traversée la moitié de la côte en moins d'une nuit. Nous allons forcément trouver Beacon Hills d'une minute à l'autre.

« Welcome to Beacon Hills ». Un petit point sur la carte, une grande importance sur notre histoire.

Scott McCall. C'est lui qu'on cherche. Je ne le connais pas, avant qu'Aly m'en rabatte les oreilles je n'avais même jamais entendu ce nom. Pourtant, d'après les dires de ma meilleure amie, c'est un Alpha, un vrai, qui s'est élevé par sa propre volonté. C'est aussi sa meute qui a contribué à l'assassinat de grand papa Argent, le chasseur fou. C'est un grand personnage, assurément, mais je ne crois que ce que je vois. Et pour l'instant, je ne le vois nulle part, ce Scott McCall.

Un gémissement de Léna me sort de mes pensées. Elle s'est évanouie depuis un bon moment déjà et elle continue de perdre du sang. Encore et encore. Beaucoup trop.

Je détache ma ceinture et me glisse entre les deux sièges avant de la Combi, faisant bien attention à ne pas passer à travers le pare-brise. Ce n'est pas pour dire, mais la conduite d'Aly est un rikiki peu dangereuse. Je sais bien qu'elle est contrariée, mais s'il y a des panneaux sur la route, ce n'est pas pour faire joli.

Après avoir trébuché sur la lanière de ma sacoche, je m'installe à genoux auprès de Léna et emprisonne sa main dans les miennes pour prendre sa douleur. Je ferme les yeux et me concentre de toutes mes forces. De fines veines noires prennent naissance sur son avant-bras tandis que mon corps absorbe sa douleur. Mes muscles se crispent et mes yeux deviennent ceux du loup en moi alors que j'essaye de me concentrer sur autre chose que sur la douleur lancinante qui me vrille le corps tout entier. Léna est courageuse, c'est indéniable, la souffrance est telle que j'en ai les larmes qui me montent aux yeux. Il faut dire qu'en même temps elle a une pointe de flèche logée dans l'abdomen. C'est la seule de nous trois qui a été touchée par cette peste de chasseuse, mais c'est aussi la seule de nous trois qui est humaine. On a essayé de retirer la flèche, on n'aurait pas dû. Seule la partie superficielle s'est détachée, laissant la pointe dans son corps, tel un parasite. C'est une méthode typique des Argent. Une pointe de flèche en argent massif (plaquée argent, à la rigueur), un système de détachement et une arbalète dernier cri pour une parfaite précision. Ça, c'est le pack starter du chasseur de loups garou.

La douleur disparaît soudainement, laissant place à une sorte de vide rapidement comblé par de l'inquiétude. Aly et moi nous sommes relayées toute la nuit pour la soulager de sa douleur, mais là je ne peux plus rien faire. Et ça ne peut vouloir signifier qu'une chose : elle atteint le fond.

- Aly, j'appelle d'une voix rauque, oublie McCall, il faut qu'on l'emmène à l'hôpital tout de suite.

Elle quitte la route des yeux le temps de voir ce qu'il se passe à l'arrière, pince les lèvres et fronce les sourcils avant de bifurquer au premier panneau annonçant l'entrée de l'hôpital de Beacon Hills.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? je lui demande une fois garée sur le parking.

- On entre.

- Et tu comptes leur dire quoi aux infirmières ? Elle a une flèche dans le ventre ! Tu vas venir la bouche en cœur et prétexter qu'on s'est fait attaquer par des indiens ?! je lui demande en m'agitant de nervosité.

- On ne va pas la laisser mourir, affirme-t-elle d'une voix dure.

Je plisse à mon tour les yeux puis ouvre ma portière d'un coup sec et sors de la Combi. Je déverrouille la porte arrière la porte arrière puis attrape précautionneusement Léna sous les aisselles pour la redresser. Aly m'aide à la soutenir pour l'extraire du van, et c'est ainsi que nous franchissons les portes vitrées du Beacon Hills Memorial Hospital. Notre entrée passe inaperçue aux yeux des occupants –patients et médecins- tant le remue-ménage est important. Ce n'est que lorsqu'une mamie manque de nous renverser avec son fauteuil roulant que l'infirmière du guichet d'accueil vient à notre rencontre, les sourcils froncés.

- Que vous est-il arrivé ?

Aly et moi échangeons un regard qui en dit long puis elle répond :

- On s'est fait agresser. Notre amie est gravement blessée, il faut que vous l'aidiez.

Une lueur d'inquiétude dans les yeux, l'infirmière aux cheveux noirs appelle un brancard et deux autres médecins prennent Léna en charge, la soulève avec délicatesse du sol pour la déposer sur le lit, aussi pâle et immobile qu'un cadavre. Nous regardons ensuite le brancard s'éloigner jusqu'à tourner au détour d'un couloir, avec notre amie banshee à son bord.

L'infirmière dont on ignore encore le nom reporte ensuite son attention sur nous et pose une main réconfortante sur nos épaules avant de nous conduire dans ce qui semble être une salle d'attente.

Maintenant que l'adrénaline est retombée et que la vie de Léna n'est plus entre nos mains, ma nature de loup reprend le dessus. L'odeur du désinfectant et du produit antibactérien est décuplée et l'éclairage intensif associé aux murs blanc me donne mal à la tête. Aly et moi nous installons côte à côte dans des petits fauteuils, faisant face à l'infirmière. Je prends le temps de la détailler, elle semble avoir la quarantaine, elle est plutôt petite et ses cheveux bouclés noir d'ébène lui tombent un peu plus bas que les épaules. Son petit sourire chaleureux me rassure sans que je n'en comprenne la raison. J'ai l'envie de me détendre, mais j'ai retenu la leçon ne te fies pas aux apparences. Si ça se trouve, c'est l'une d'entre eux et elle nous poignardera à la première occasion, dès qu'elle aura découvert notre plus précieux secret.

- Alors, les filles, j'aimerais savoir qui vous êtes, commence-t-elle, en nous filtrant du regard.

On échange un regard puis Aly prend la parole -de toute manière c'est toujours elle qui nous pond des plans géniaux (ou presque toujours)- :

- Je suis Alyssa, voici Louna, dit-elle en me désignant d'un geste du bras, et notre amie blessée s'appelle Léna. On a habité ici quelques temps et on voulait passer rendre visite à nos anciennes connaissances. Scott McCall, vous le connaissez ?

J'adore sa façon de jongler entre mensonges et vérité. C'est une vraie pro en la matière.

- Je suis sa mère.

- Oh.

Celle-là je ne la voyais pas venir. Elle a l'air bien trop jeune pour être la mère de l'Alpha. Aly allait ouvrir la bouche mais Mme McCall la devance et poursuit :

- Je connais mon fils, je connais aussi ses fréquentations, et je suis certaine que vous n'en faites pas partie.

- On a besoin de son aide, j'interviens.

Autant arrêter de tourner autour du pot.

- On est là pour se battre, ajoute mon amie.

- Ça n'a pas été très concluant à en juger par l'état de votre amie. Dites-moi, demande-t-elle prise d'un doute, elle n'a pas de … capacités spécifiques ?

- Juste des cordes vocales particulièrement bien développées, je réponds sarcastiquement.

- C'est-à-dire ?

- C'est une banshee, éclaire Aly à voix basse.

- Tant mieux. Si elle avait déjà guéri avant d'arriver au bloc, on aurait eu du mal à l'expliquer.

- C'était une flèche en argent, je marmonne, et ce n'était pas elle la cible.

Mélissa nous offre un regard compatissant puis tourne brièvement la tête vers la porte avant de se pencher pour nous dire :

- Des inspecteurs de police vont venir prendre vos dépositions. N'ayez pas d'inquiétude, c'est une procédure de routine en cas de blessure par balle… ou par flèche, dans votre cas.

Nous hochons la tête d'un même mouvement puis le biper de l'infirmière retentit, signe qu'elle est attendue pour sauver des vies. Elle se relève rapidement, puis tourne les talons au pas de course. Avant de franchir le seuil de la porte, elle se retourne et nous conseille :

- Pour votre sécurité, mieux vaut que gardiez votre secret pour vous.

- Ce n'est pas comme si on allait le crier sur tous les toits, je rétorque.

Les chasseurs savent très bien qui nous sommes et d'où nous venons, ils nous retrouveront, ce n'est qu'une question de temps. Et il faudra se battre, nous n'aurons plus d'autre choix. Je ne compte pas passer ma vie à fuir devant leurs armes. Ce ne sont que des suppos de Satan, il m'arrive de me demander où est réellement la frontière entre le bien et le mal. Mais rien n'est jamais tout à fait noir ou blanc. Il y a une part de bien et de mal en chacun de nous. Cependant, il y en a certains qui sont complètement pourris de l'intérieur, et ça, c'est comme la connerie, c'est irréversible.

Un jeune agent de police entre ensuite dans la pièce et prend place dans le fauteuil où l'infirmière était auparavant assise, suivit par le Shérif de la ville en personne. C'est un homme entre deux âges, pas vraiment vieux, mais plus tout jeune non plus, grand, les cheveux grisonnants sur les tempes, les yeux vert pâle et l'étoile étincelante de shérif plaquée sur le côté droit de son uniforme.

Il sort ensuite un calepin de sa poche et nous sonde du regard, de la même manière que Mme McCall.

- Je suis le shérif Stilinski et voici l'adjoint Parrish. Il va me falloir vos noms, ainsi qu'une déposition, annonce-t-il, de but en blanc.

- Alyssa Remy et Louna Collins, je réponds automatiquement.

- On a habité ici quelques temps, on venait rendre visite à nos anciennes connaissances quand on a été agressées, ment Alyssa.

- Comment est-ce arrivé ? questionne l'adjoint.

- Je… tout est allé si vite, nous nous promenions dans la rue, aux alentours de minuit. Puis ils sont sortis de nulle part et nous ont attaqués. On a couru, sans vraiment réfléchir. Par je ne sais quel miracle nous avons réussi à sortir de cette impasse, presque indemnes.

- Avez-vous pu voir leurs visages ?

- Pas vraiment, comme je vous l'ai dit, tout est allé si vite. Nous n'avons compris ce qui nous arrivait qu'un fois que nous avions sauté dans la voiture pour nous enfuir.

- Quel âge avez-vous ? questionne-t-il soudainement, les sourcils froncés.

Seul notre silence répond à sa question.

- Qu'est-ce que vous êtes ? continue-t-il, les lèvres pincées.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Loups garous ?

Nouveau silence.

- Dans cette ville les secrets ne peuvent être gardés bien longtemps, commente l'adjoint en laissant ses iris prendre la teinte du feu.

- Vous êtes …

- Un chien de l'Enfer, répond-il abruptement. Les secrets ne peuvent pas rester enfouis dans cette ville. Plus maintenant.

- D'où venez-vous et où est votre meute ? demande alors le Shérif, vérifiant tout de même que la porte est bien fermée.

- On n'a plus de meute.

- Et votre famille ?

- On n'a plus de famille.

- Dans ce cas, pourquoi venir ici ? Cette ville est devenue dangereuse pour les gens comme nous, continue Parrish.

- La sécurité est un concept qui nous est étranger. Nous sommes chassées depuis notre naissance juste parce que nous sommes nées différentes. On est venu pour Scott McCall et on n'a plus rien à perdre.


~POV Alyssa~

Après que le shérif et son adjoint aient fini de nous interroger, ils ont noté je ne sais quoi sur leur rapport et sont partis en nous conseillant de ne pas nous faire remarquer, bien que les secrets n'en restent pas bien longtemps à Beacon Hills, d'après eux. Je ne suis pas sûre de comprendre ce que cela signifie. Mais ce qui est certain, c'est que toute la ville ne doit pas savoir qui nous sommes réellement, au risque d'attirer les chasseurs ici.

Épuisée d'avoir roulé toute la nuit, je m'endors sur l'épaule de Lou. Je fais un rêve étrange de batte de Baseball qui parle, d'un loup aux yeux rouges et d'un cocker hurlant. Vraiment très étrange.

Je me réveille en sursaut un peu plus tard et vois que Lou est en train de lire un magazine people. J'émerge de ma sieste et observe mon amie, qui semble absorbée par on ne sait quoi dans son magazine.

Ses longs cheveux noirs et lisses sont attachés en une queue de cheval haute, avec beaucoup de cheveux qui s'en échappent. On dirait qu'elle vient juste de sortir du lit. Mais bon, mes cheveux ne doivent pas être beaucoup mieux, je pense. Ses yeux verts papillonnent de fatigue. Elle non plus n'a pas dormi pendant le trajet.

- Je vais aux toilettes, je lui indique, la faisant sursauter.

- D'accord.

Je me lève et parcours les couloirs. Je croise beaucoup d'infirmiers et de médecins, quelques handicapés dans leur fauteuil roulant, des gens visitant les malades et deux garçons de mon âge, un blond aux yeux bleus qui porte un petit sac en papier et un métis aux yeux noirs avec qui il parle. Je sens qu'un des deux est un loup garou, mais ne m'attarde pas. Après tout, Beacon Hills est connue pour avoir un aimant à créatures surnaturelles, alors ça ne m'étonne pas tant que ça. Je trouve enfin les toilettes après avoir erré pendant quinze minutes.

Lorsque je me vois dans le miroir, je manque de hurler comme une banshee. Mes longs cheveux roux flamboyants, auparavant attachés en un chignon structuré, sont complètement emmêlés et des mèches s'échappent de partout de mon élastique. Mes yeux bleu ciel sont bordés d'énormes cernes et ma peau, déjà très pâle à la base, me donne l'air d'un fantôme. Je soupire, détache mes cheveux, et tente de les démêler avec mes doigts, mais j'échoue et j'ai l'impression que c'est encore pire.

J'abandonne donc et sors des toilettes. Je refais le chemin de tout à l'heure dans le sens inverse et rejoins Lou. Nous échangeons un regard angoissé, ayant peur de ce qui va arriver à notre amie. Une heure plus tard, un médecin vient nous informer que Léna est tirée d'affaire et qu'elle est maintenant en train de dormir.

Mme McCall nous emmène dans la chambre où se repose notre meilleure amie. Elle nous laisse seules, et moi et Lou nous asseyons au bord de son lit. Je lui prends la main gauche et Lou lui prend la droite. Je suis soulagée, Léna va bien. Elle a frôlé la mort, mais elle est désormais hors de danger.

Sa peau, habituellement mate, est étrangement pâle, et un bandage entoure ses côtes. On a tout perdu, mais on est toutes les trois, ensemble, et tant que ça sera le cas, les chasseurs n'auront qu'à bien se tenir.