Bonjour/Bonsoir/Bonne nuit (rayez les mentions inutiles) très cher fanticeur(euse) !

Je vous présente ici un Two Shoot (qui pourrait, peut-être, devenir une mini fic), sur le formidable manga qu'est Magi : the labyrinth of magic.

C'est, en réalité, un défi lancé par Yoshiho-san (aussi connue sous le pseudonyme de Galaxian Explosion).

Bref, n'ayant rien de bien intéressant à dire, je me contenterais du traditionnel : « bonne lecture à vous, et n'hésitez pas à laisser une trace de votre passage ! »

Disclamers : aucun des personnages présentés ici ne m'appartient, tout est à Shinobu Ohtaka, et je ne gagne pas d'argent en publiant ce texte –et puis, plutôt que de l'argent, je préférerais amplement hériter des personnages réels, c'est bien plus amusant.

Rating : T, par pure et simple précaution. Rien de méchant, je vous assure.

Pairing : Ren KouenXPisti (car les strange pairings sont tellement amusants, et que, lorsqu'on y réfléchit, ils sont juste trop mignons !).

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Un désastre. C'était un véritable désastre. Un massacre déchirant. Ou qu'elle regardât, Pisti ne voyait que ses hommes -ses compagnons- chuter tour à tour. Oh, ils se battaient bravement ! mais les soldats Kou étaient plus puissants, plus entrainés, et, surtout, bien plus nombreux. Eux, n'avaient qu'elle un seul général contre l'empire le plus influant. Avant même de n'avoir réellement commencée, la lutte était déjà perdue.

Le goût de la terre et celui, ferreux, de son sang avait envahi sa bouche, la faisant réprimer de douloureux haut-le-cœur. La moindre parcelle de son corps la lançait et son liquide vitale s'échappait à une vitesse affolante hors de son corps, par l'une des innombrables coupures qui rayaient sa peau pâle –de plus en plus alors que son hémoglobine la quittait, indubitablement. Pisti se releva, ignorant la douleur qui voulait la clouer à terre, et la faire passer pour morte, dans l'espoir –probablement vain- que l'on la laisse enfin tranquille, qu'on la laisse mourir en paix. Mais elle ne pouvait pas. Elle n'était pas une enfant, mais une guerrière. Et en tant que telle, la blonde ne pouvait pas laisser ses soldats mourir inutilement.

Les yeux foncés de la jeune fille balayèrent le canyon qui avait fait office de champs de bataille pour cette offensive surprise leurs ennemis avaient bien choisi le terrain. Si eux, n'avaient aucun problème notable pour attaquer en formation serrée, destructrice, son pouvoir à elle, leur principale adversaire, était presque inutile. L'endroit était trop étroit, trop désert pour qu'elle puisse faire appel aux animaux. Et rares étaient les alliés qui, courageusement, continuaient les assauts, uniquement mus par la force du désespoir –mais ils continuaient à tomber, un à un. Et elle aussi, terminerait par chuter sous leurs assauts bien trop puissants.

La guerre entre l'alliance de Sindoria et l'empire Kou avait débuté récemment, mais les combats étaient d'une redoutable force, et même Sinbad avait du mal à rester optimiste quant à son issu. La situation était grave, et Pisti n'avait que trop conscience de l'impact qu'aurait sa mort (qui lui semblât effroyablement proche en cet instant) sur les troupes, aussi bien d'un point de vue technique que moral.

Alors, elle se releva et retourna au combat.

Elle ne sut pas ce qui la fit chuter –car, fatalement, c'était arrivé. La douleur, la fatigue, sa cheville gauche qui lui faisait souffrir le martyr ou encore le coup sec qu'on porta à ses tempes. Mais avant de sombrer dans l'obscurité, la princesse d'Artemyura put emporter une dernière image celle des corps ensanglantés de la totalité de ses combattants. Après, ce fut le noir.

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La chaleur de la pièce et des couvertures était rassurante, le lit dans lequel elle était couchée, incroyablement confortable. Pisti s'était réveillée quelques minutes plus tôt, et avait décidé de ne pas ouvrir les yeux, profitant de ce calme probablement de courte durée.

Si, tout d'abord, l'idée qu'elle n'avait fait que cauchemarder et qu'elle se trouvait chez elle, à Sindoria, dans son lit, l'avait effleurée, la douleur irradiant ses muscles l'avait vite chassée. Pourtant, que Kou l'ai secouru lui semblait tout aussi incongru. Surtout que si ç'avait été le cas, elle agoniserait probablement dans un cachot sombre et humide sur un sol de pierre froid. Hors, c'était loin des rayons de soleil qui caressaient son visage, la douceur des draps et les coussins moelleux qui l'entouraient. De plus, la présence qu'elle sentait dans la pièce n'était clairement pas hostile. Ne restait que la probabilité –infiniment faible- que quelqu'un l'ai trouvé et prise sous son aile.

Incertaine, elle laissa ses paupières papillonner un instant et prit son courage à deux mains, ouvrant les yeux pour laisser apparaître deux orbes noirs cerclés de rose. La blonde se redressa doucement, aussi soucieuse de ne pas rouvrir ses blessures qui, contre toute attente, semblaient avoir été refermées, que de ne pas réveiller la dormeuse qui sommeillait, la tête légèrement penchée vers l'avant, sur une chaise à côté d'elle.

De longs cheveux noirs retombaient en de gracieuses mèches sur des épaules bien dessinées, et cachaient ses yeux clos. Un souffle régulier s'échappait de deux lèvres fines et rosées, alors qu'un simple grain de beauté, sur son menton, la rendait encore plus gracieuse. La petite cicatrice, juste à côté, n'enlevait rien à sa surprenante beauté. L'inconnue était vêtue d'un kimono aux différentes teintes de rose, créant un dégradé simple mais subtile. Elle était tout simplement d'une rare beauté.

Se sentant probablement observée, la jeune femme émit un léger gémissement, avant de se tirer définitivement de son sommeil. Elle ouvrit ses yeux, laissant apparaître ses pupilles d'un bleu acier profond, et offrit un sourire enjoué à la plus jeune.

- Vous avez dormis longtemps. Est-ce-que vous vous sentez mieux ? questionna-t-elle doucement.

Pisti acquiesça d'un signe de tête.

- Je suis Ren Hakuei, première princesse de l'empire Kou. Et vous êtes Pisti, princesse d'Artemyura, n'est-ce-pas ?

- Pourquoi m'avoir amené ici ?

Si le fait qu'Hakuei soit une princesse ne l'avait guère étonnée, elle n'avait pu s'empêcher de se tendre à l'évocation de son rang dans l'empire Kou.

L'autre esquissa un geste tendre, presque maternelle, vers la jeune fille avant de se rétracter, soucieuse d'effrayer un peu plus la jeune prisonnière.

- Ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité ici.

Peut-être aurait-ce été plus crédible s'ils n'avaient pas tué la vingtaine d'hommes composant son escorte.

- Je n'en doute pas un instant, répliqua-t-elle, plus froidement qu'elle ne s'en serait cru capable. Mais sauf votre respect, majesté, vous n'avez pas répondu à ma question.

L'autre soupira, et plaça un éventail de plumes blanches devant son visage, le masquant partiellement. L'étoile à huit branches fièrement gravé sur le manche n'échappa pas à la blonde, dont les muscles se bandèrent un peu plus, parée à éviter une quelconque attaque et à répliquer.

- Je doute d'être la mieux placée pour l'expliquer, souffla-t-elle doucement, avant de poser son regard saphir sur la blonde qui la dévisageait, méfiante. Mais le but de notre empire est avant tout d'unifier les autres empires, pacifiquement de préférence. Je tiens à m'excuser du… carnage qui a eu lieux –elle semble hésiter un instant, avant de reprendre-, et dont vous êtes seule survivante. De plus, votre mort n'aurait été favorable à aucun de deux camps. Nous souhaitons donc que vous restiez ici jusqu'à la fin de la guerre.

Elle réprima avec peine un grincement de dent et un rire désabusé. Rester sagement dans le palais ennemi alors que ses amis se faisaient massacrer ? Si Pisti préférait amplement les méthodes démocratiques aux batailles, elle n'était pas une lâche, et l'idée de se terrer chez l'ennemi en attendant que ses amis se fassent massacrer lui donnait envie de vomir. Plutôt mourir que laisser une telle chose se produire ! Mais, dans son état actuel, elle ne pourrait rien faire. Et percer la défense adverse de l'intérieur pourrait aider Sinbad. Alors, autant jouer le tout pour le tout.

A contre cœur, mais tâchant de rester neutre, Pisti hocha la tête d'un geste un peu trop raide pour être totalement naturel, mais l'autre ne s'y attarda pas.

- Avez-vous mal quelque part ?

- Ma cheville gauche principalement.

- Vous vous l'étiez foulée. Mais grâce à nos magiciens, vous n'avez plus qu'une contusion qui devrait rapidement guérir.

Elle s'autorisa un soupire satisfait. Sa situation aurait été bien plus précaire si elle n'avait pas pu se déplacer rapidement leurrer un empire aussi puissant ne serait pas tâche aisée, et la moindre faute pouvait faire basculer la balance dans l'autre camp –et lui être fatal.

- Je suis navrée, mais je vais devoir me retirer.

- Je suis censée rester dans cette tente ?

- Quelqu'un viendra d'ici peu vous apporter un repas. Je doute que vous puissiez sortir pour l'instant, de plus, il serait judicieux de reposer votre cheville.

La blonde fit la moue, arrachant un sourire à la brune qui partit d'un léger rire, rapidement suivie par son « invitée ». Hakuei prit rapidement congé, lui adressa une courbette et tourna les talons, faisant gracieusement voler les pans de son kimono derrière elle.

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Vingt-trois minutes. Elle ne tint pas plus longtemps. Chassant les couvertures d'un geste vif, Pisti s'extirpa du luxueux lit où elle avait jusque-là patienté, grimaçant lorsque sa cheville gauche entra brusquement en contact avec les tapis de la tente. Elle accusa le coup en se stoppant quelques secondes, avant de partir d'un pas discret vers la porte en toile. Elle ouvrit de quelques centimètres un pan, jetant un coup d'œil à l'extérieur. A fortiori, personne. Tant mieux. Car, sans sa flute en forme de plume, qui était en réalité sa relique enchanté contenant les pouvoir de Zepar, l'un des nombreux djinns de Sinbad, elle se sentait démunie mais la pensée que sa voix avait à peu près les mêmes capacités que son arme atténua quelque peu l'angoisse sourde qui lui tordait le ventre.

La jeune fille se faufila agilement à l'extérieur, les sens aux aguets. Laisser sa relique aux mains des Kou était inconcevable la récupérer serait dur, mais avec un minimum de prudence et de minutie, elle s'en savait capable. De toute manière, il n'était même pas imaginable de repartir sans avoir glané quelques informations –plans de combats, futurs assauts, zones à envahir prochainement, tout serait bon.

Si elle savait cela, Yamurahia la tuerait. Après lui avoir donné un bon coup de son sceptre dans la tête en lui hurlant que lorsqu'on est chez l'ennemi, on fait profil bas et on ne se lance pas dans des plans suicidaire. Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la blonde, et une bouffée de chaleur envahie son cœur, la poussant à être encore plus prudente, pour être sûre de pouvoir revoir ses amis –sans toutefois être dans un cercueil ou réincarnée sous forme de rhuk.

Le campement était étrangement calme, et la jeune fille en conclut que la quasi-totalité des soldats avaient été envoyés soit dans une bataille, soit en repérage. Mais un certain nombre d'entre eux restaient et elle devait se méfier de leurs rondes. Se cachant dans la doublure de tissus de certaines tentes en voyant un homme à l'épaisse armure arriver, se jetant silencieusement derrière des caisses de bois en en repérant un autre, elle avança lentement, mais sûrement, en direction de la tente la plus imposante la tente de commandement. Si son arme –et les plans- étaient conservés, ce serait là-bas.

Une armée de garde entourait la tente principale. Cachée derrière des sacs de grains et des caisses, Pisti se mordit la lèvre. Ç'allait être encore plus compliqué que ce qu'elle avait pensé. Ils étaient trop nombreux pour qu'elle ait la moindre chance, et ce, même avec le petit poignard qu'elle avait subtilisé un peu plus tôt –son arme de prédilection, petite, mais redoutable, tout comme elle. Il n'y avait pas vingt-cinq façons de pouvoir entrer là-bas. Sa seule chance était d'appeler quelques rapaces, pour qu'ils fassent diversion pendant qu'elle s'y glisserait, croisant les doigts pour que personne n'ait eu la mauvaise idée de s'être installé dans la tente. De toute manière, ce serait probablement Hakuei, et la jeune femme lui semblait trop douce pour la tuer pour cela –aussi grave soit sa faute et précaire, sa situation.

Elle inspira, et se mit à tout doucement fredonner les paroles d'une comptine. Sa voix avait les mêmes propriétés que sa flute, quoiqu'elle soit bien moins puissante. Mais c'était assez pour que, quelques minutes plus tard, la forme d'une nuée d'oiseaux se forme à l'horizon, et ne s'attaque aux soldats du campement entier. Profitant de la cohue, elle s'extirpa de sa cachette et fila, traversant la quinzaine de mètres qui la séparaient de son but, en terrain découvert.

Pisti entrouvrit l'un des pans de tissus et, immédiatement, se fondit dans l'ombre d'un imposant meuble. La tente était richement meublée, avec un mobilier de bois foncé, et des tentures pourpres. Au centre, un gigantesque bureau, sur lequel seuls quelques parchemins, outils de mesures, et plumes d'écriture étaient exposées. Et juste derrière, trônant sur un grand fauteuil en velours rouge, un homme. Sa seule prestance suffit à la figer il semblait irradier d'une puissance colossale.

La jeune fille se recroquevilla un peu plus, bloquant sa respiration. Elle ne savait pas qui il était et ne voulait en aucun cas le savoir et encore moins être confronté à lui. Pourtant, comme attirée, elle était incapable de le lâcher des yeux.

Il était grand –à vue d'œil, une bonne quarantaine de centimètres de plus que la blonde- et ses cheveux, d'un roux presque écarlate, retombaient gracieusement dans son cou, alors que certaines mèches étaient retenues par une pince d'ébène incrustée d'une émeraude. De là où elle était, Pisti pouvait apercevoir ses yeux rubis, bougeant rapidement, suivant les mots tracés sur un papier –probablement une stratégie guerrière. Sa peau, légèrement halée et ses vêtements –une armure simple, mais élégante- affirmaient son statut de guerrier. La blonde ignorait qui il était exactement, mais son appartenance à la famille royale était claire.

Elle tressaillit lorsqu'il poussa un soupire et qu'il porta une main à ses tempes, relevant les yeux. Pour les fixer sur elle. Oh, certes, elle était s'était habilement cachée dans l'ombre, et derrière un meuble. Mais ce ne semblait pas avoir leurré l'homme. Très vite, il détourna le regard, se replongeant dans ses papiers il ne s'y intéressa que durant quelques minutes. L'homme finit par se lever, contournant le bureau. Ce n'est qu'à ce moment-là que Pisti aperçu son pendentif. Enfin, pendentif… plutôt sa flute accrochée sur une simple chaine, qu'il portait à son cou. Voilà qui allait être pratique à récupérer… sur un colosse d'un mètre quatre-vingt, probablement capable de lui briser le cou d'une main, et vraisemblablement conquérant de donjon, si elle en croyait les diverses reliques sur lesquelles étaient gravées l'étoile à huit branches qu'il portait. Ô joie… ça s'annonçait bien. Plongée dans ses pensées, elle étouffa une plainte aigüe lorsqu'elle remarqua que les pas de l'homme l'emmenaient près d'elle. Et releva lentement les yeux vers lui lorsqu'il s'arrêta juste à côté d'elle. Sans gêne, il la détailla, alors que Pisti oscillait entre se recroqueviller pitoyablement et se relever, tentant de garder le peu de fierté qui lui restait. Alors, lentement, la blonde se força à lâcher ses genoux qu'elle serrait compulsivement, se hissa sur ses jambes dont elle ne parvenait pas à contrôler les tremblements et redressa le menton d'un geste presque espiègle. Si son regard pouvait sembler insondable, son sourire railleur laissa transparaître l'amusement que lui conférait le geste désespéré, mais arrogant de la jeune fille.

- Puis-je connaître la raison de votre intrusion ici, princesse ?

Sa voix était grave, envoutante, il choisissait ses mots avec soin -signaler son rang sans pour autant être trop respectueux en était la preuve- et Pisti se retint de se donner une gifle pour tenter de redescendre sur Terre –et arrêter de regarder ses lèvres qui s'étaient tordues dans un rictus moqueur. Répondre à la question posée semblait bien plus important que de s'absorber dans la contemplation du visage de son présumé ennemi –aussi plaisante soit-elle.

- Je…

« Je venais récupérer vos plans d'attaque et mon arme, histoire de me tirer d'ici au plus vite sans rentrer les mains vides ». Non. Clairement non. Ce n'était pas une réponse à donner à un homme comme lui.

- Qui êtes-vous ?

Répondre à une question en en posant une seconde était un procédé d'une banalité affligeante afin de détourner la conversation sur un sujet moins glissant. Mais Pisti le savait : l'homme se doutait parfaitement de la raison de sa venue.

- Peut-être serait-il temps de retourner dans votre tente, princesse.

Piégée à son propre jeu, la jeune fille, ne sachant que dire, se contenta de pincer les lèvres.

- Rendez-moi ma flute.

Un éclat de surprise passa dans le regard du plus âgé face à l'effronterie de la gamine avant qu'il n'esquisse un sourire quelque peu carnassier. Du bout des doigts, il effleura le petit instrument en forme de plume écarlate.

- Venez-donc le reprendre, princesse.

Pisti écarquilla les yeux, avant que sa mâchoire ne chute. Si elle ignorait l'identité de l'homme, il était clair qu'il avait un sérieux grain.

- Mais pour l'heure, je dois régler certaines choses importantes. Que diriez-vous de reprendre notre conversation un peu plus tard ?

Voyant que son invité ne répondait pas, il glissa un doigt sous le menton de la jeune fille, y appliquant une légère pression pour refermer la bouche de la blonde. Celle-ci, sentant ses joues s'empourprer, se dégagea brusquement et se rua hors de la tente, s'enfuyant dans la celle qu'on lui avait attribuée.

Pisti se vautra dans son lit avant de se rouler en position fœtal, presque agacée de sentir que la température de ses joues n'avait toujours pas baissée. Prince ou non, elle le lui ferait payer. Mais quoiqu'il en soit, il l'avait distrait au point qu'elle n'avait même pas essayé de lui reprendre son arme. Elle se flagella intérieurement quelle piètre guerrière elle faisait ! Se laisser distraire d'une manière aussi dégradante par celui qu'elle devait considérer comme son ennemi !

Soucieuse de ne pas passer pour folle, elle réprima un hurlement frustré, s'acharnant à mordre sa lèvre inferieur pour se calmer. Jamais elle ne s'était sentie aussi pleine de sentiments contradictoires, et elle se sentait prête à exploser.

Perdue dans ses réflexions –à savoir, trois points importants : reprendre sa flute, trouver les points faibles de la défense adverse, et clouer le bec au rouquin- la jeune fille sursauta brusquement lorsque on passa une main devant son visage. Elle dévisagea l'inconnu, méfiante, mais se décrispa lorsqu'il lui adressa un sourire bienveillant –le même que celui d'Hakuei, en moins éblouissant, peut-être.

- Je suis Seisyuun, l'assistant de la princesse Ren Hakuei, enchanté.

- De même ! Je suis Pisti, princesse d'Artemyura.

Le jeune garçon s'étonna brièvement de l'enjouement de la prisonnière, mais lui rendit sa mimique joyeuse.

- Je vous apporte le repas.

Pisti avisa le plat –un peu trop appétissant pour une captive comme elle- et acquiesça. Très vite, elle attrapa l'assiette, une fourchette et commença à manger.

- Je vais rester ici, si cela ne vous dérange pas.

- En aucun cas ! La princesse est toujours ici ?

- Elle a été absente cet après-midi, mais viens de rentrer, si c'est ce que vous vouliez savoir.

- Je vois…

Il pesa un silence presque agréable pendant quelques secondes, seulement coupé par le bruit de la vaisselle, avant que la blonde ne reprenne :

- Dites… Hakuei est-elle le seul membre de la famille royale présente ?

Elle fronça les sourcils en voyant Seisyuun se tendre, avant qu'il ne lui offre un rictus crispé.

- A vrai dire, non.

D'un regard, elle l'encouragea à continuer.

- L'empereur, Kouen Ren nous a aussi fait l'honneur de sa présence, ainsi que son frère, le second prince de l'empire, Ren Koumei.

Le couvert figé à mi-chemin entre l'assiette et sa bouche, Pisti, les yeux écarquillés se retourna vers le garçon. Soit. Donc, elle avait une chance sur deux d'avoir eu à faire avec l'un des deux membres de la royauté, plus tôt. Ce même membre de la royauté qui avait sa flute. Cette même flute qu'il l'avait invité à reprendre.

- Princesse ?

Bien. En espérant que le prince Koumei soit roux, possède trois djinns, un charisme envoutant, des yeux carmin captivant et une assurance presque agaçante.

- Ren Kouen, pardon, l'empereur. Comment-est-il ?

L'assistant ne releva pas la voix vibrante de crainte de son interlocuteur.

- Grand, les cheveux roux, presque rouge, les yeux de la même couleur. Il a beaucoup de prestance et est extrêmement puissant. Il a en sa possession trois reliques renfermant trois djinns.

Pisti se sentit perdre toutes ses couleurs. Peut-être serait-il temps de très sérieusement songer à fuir –et au diable sa relique et les plans l'empereur de Kou en personne l'avait défié de reprendre son arme, bon sang !

- Votre altesse ?

Mais pour l'instant, elle ne pouvait rien faire d'autre que jurer