Kitty et Marley ont vécu une romance particulièrement courte qui s'est mal terminée avec le départ de Marley pour l'autre bout du pays. Depuis, Kitty refuse de tomber amoureuse de nouveau et s'applique à suivre quatre règles à chacune de ses sorties. Seulement, New York peut devenir plein de surprises lorsque Rachel Berry et Quinn Fabray décident de s'occuper des affaires des autres. Inspiré par les règles de la chanson How to be a heartbreaker ?
How to be a heartbreaker ?
Kitty POV:
Appartement de Kitty au matin :
La tête enfouie au fond d'un oreiller, je grince des dents. Comment cette soirée a-t-elle pu tourner aussi mal ? Je me sens coupable, en désaccord complet avec moi-même, avec ce que j'ai construit ces dernières années. Si je n'avais pas été si idiote, si j'avais su contrôler mes actes, si je n'avais pas autant bu, si … les excuses affluent dans mon esprit. Tout pour justifier ce fiasco, cette soirée qui devait être libératrice. Je serre les poings, me retenant avec peine de marteler le matelas en-dessous de moi. Le lit se creuse, me faisant tanguer légèrement. A ma grande surprise, un corps se presse contre le mien et des bras m'entourent. Mon cœur s'emballe quand il comprend. J'ose à peine ouvrir les yeux. Mais que s'est-il donc passé hier soir ?
Appartement de Kitty la veille au soir :
Assise, presqu'étendue sur le canapé, je savoure la tranquillité de ce début de vacances. Ils sont tous rentrés en famille, passer quelques jours à se faire cajoler, s'empiffrer de chocolat jusqu'à en devenir malade. Quelle absurdité. Ils sont faibles, dépendants, ils ne peuvent pas comprendre. Je ne sais même plus ce qu'est une famille. Amère, je passe d'une chaine à l'autre, zappant entre les émissions plus stupides les unes que les autres. Je fixe mon attention sur un divertissement, une série à la mode dont je connais l'une des artistes. Cela me permettra de la critiquer, de relever la moindre de ses erreurs et surtout de m'empêcher de penser à cette vie que je mène : Diplômée en communication, célibataire et désespérée. Ou peut-être pas si désespérée que ça, Kitty Wilde ne fait pas dans le désespéré, elle affronte le monde la tête haute.
Je souris faiblement à son apparition avant de me ressaisir. Ne te laisse pas avoir Kit, ne te laisse pas avoir. Rappelle-toi la douleur, l'absence qu'elle a causée dans ta vie. Souviens-toi que tu la hais. Tu es célibataire, tu as tout perdu à cause d'elle alors reprends-toi. Mon petit discours n'est pas si convaincu et la voix dans ma tête le sait. J'ouvre en soupirant le pot de glace, encore des illusions qui s'envolent à l'horizon. J'ai presqu'envie de me mettre à pleurer. Le téléphone vibre sur la table basse. Fronçant les sourcils – qui pourrait m'appeler à cette heure et surtout aujourd'hui ? – je m'étire pour observer l'écran. C'est un sms … un sms de Quinn.
—Pas de femme Bar dans 15min ?
Je contemple brièvement la possibilité de dire non mais un bref regard autour de moi me convainc. Sortir me fera du bien. La question est : Que vais-je mettre ? Abandonnant le pot de glace dans le réfrigérateur – ça peut toujours servir ce soir – je me précipite vers ma chambre. Je pars en chasse ce soir.
[b]Devant l'entrée du bar, quinze minutes plus tard :[/b]
Un taxi s'arrête juste devant moi et quelques secondes plus tard, elle en sort, sourire aux lèvres. Le rose de l'enseigne se reflète sur ces cheveux blonds quand elle s'approche d'une démarche assurée. Dommage, Quinn est mariée. On se salue brièvement avant de faire notre chemin jusqu'à la porte, moi quelques pas derrière. Mariée mais ça n'empêche pas de regarder, n'est-ce pas ? Et puis, Rachel sait que je ramènerai sa femme en un morceau. Bon, peut-être un peu saoul le morceau mais je ne pense pas que ça soit un problème si je repense aux petits « accidents » – Quinn est un peu trop … collante quand elle a bu. Ce n'est pas passé loin à quelques reprises, cette fille est un vrai ninja quand il s'agit d'enlever des vêtements.
Elle s'arrête la main sur la porte et me fixe d'un air sévère :
— Quelles sont les règles ? demande-t-elle en levant la main pour les compter.
Nous récitons en cœur :
— Un. Prendre du plaisir ; Deux. Ne pas s'attacher et jeter ; Trois. Ne pas montrer de sentiments ; Quatre. Donner envie mais ne pas aller jusqu'au bout à chaque fois.
Le bar me semble plus rempli qu'à l'accoutumée et se frayer un chemin jusqu'au comptoir n'est pas simple. Toutes les tables sont occupées. Seule, j'aurai déjà fait demi-tour mais Quinn a la manière pour avoir ce qu'elle souhaite et elle nous dégotte deux tabourets au coin du bar, parfait pour espionner discrètement la salle et repérer ma future proie. On commande nos boissons à la barmaid en échange d'un sourire. Nos visages se lissent à la seconde où elle disparait.
— Déjà quelqu'un en vue ? m'interroge Quinn par-dessus la musique en sirotant son verre.
Je secoue la tête négativement, balayant la foule au centre de la piste de danse. Je sais ce que je cherche : brune, grande, avec des yeux qui montrent leur âme, le genre facile à berner et à entrainer dans une aventure d'un soir.
— Kit …
Malgré l'emploi d'un surnom amical, son ton sérieux m'oblige à me concentrer sur elle. Quinn se mord légèrement la lèvre et je me sens immédiatement mal à l'aise. Il se passe quelque chose. J'attends qu'elle continue mais son regard s'est perdu vers la scène. J'y ai vu un groupe se préparer, il y a quelques minutes, sans doute un concert qui expliquerait une telle affluence. La bande doit être très connue.
— Tu sais les règles, hésite-t-elle, c'est … euh … Ce que je veux dire c'est que parfois, ce n'est pas si mauvais de se laisser attacher.
Ses yeux sont baissés, fixés sur sa bague qu'elle tourne d'une main autour de son doigt. Je suis surprise, mal à l'aise. Elle sait mieux que personne pourquoi je fais ça, pourquoi je refuse maintenant de m'autoriser à espérer. Quinn est venue me ramasser la dernière fois, comment peut-elle être si incertaine ce soir ? Elle ne retourne pas mon regard. Son comportement commence à me faire peur. Je veux simplement dire non, me lever et m'échapper. Quelque chose se passe.
Le groupe se met à jouer, déclenchant les cris de la foule. C'est une musique entrainante avec une pointe de mélancolie, de celle qu'on associerait à la pauvre fille coincée chez elle et qui décide subitement de trouver l'amour. Elle me calme, me fait me sentir bien. J'aime ces accords. Mes doigts commencent à en marquer le rythme mais Quinn refuse toujours de me regarder. Elle semble perdue dans ses pensées.
Serrant les dents, j'attrape mon verre derrière moi. Un peu de courage liquide ne me fera certainement pas de mal. Abandonnant l'idée d'avoir mes réponses de Quinn, je repars à la chasse. Celle-ci est trop ronde, l'autre trop maigre. A côté de chacune, je superpose mon idée de la perfection. Celle-là n'a pas les yeux assez ouverts, depuis quand est-ce devenu si difficile ? Tires-en une au sort et va tester le terrain. J'ai besoin de quelqu'un pour me la faire oublier un soir.
Subitement, mon cœur ramasse le rythme endiablé de l'introduction d'une chanson bien connue. Une vague de chaleur parcoure mon corps et des frissons s'épanouissent sur ma peau. Mon esprit panique et réalise que ça ne peut pas arriver, n'est-ce pas ? C'est juste impossible. Je peux faire confiance à Quinn, elle ne m'attirerait pas dans ce genre de traquenard. Mais il y a cette voix à l'intérieur de ma tête qui me hurle de fuir. Je la fixe, immobile à côté de moi, attendant visiblement ma réaction. Elle savait, elle l'a fait exprès. J'occulte les sons qui viennent de la scène, pas question de lui donner cette satisfaction.
Je jette mon dévolu sur la première inconnue venue. Je me sens pathétique à abandonner Quinn seule au bar, même si je me doute maintenant qu'elle ne le restera pas très longtemps. Rachel Berry ne laissera jamais sa femme aux mains envieuses de la moitié de New York. Je dois me concentrer, entrer dans ce personnage, cette fausse personne qui me sauve de tomber amoureuse à nouveau. J'ai à faire semblant pour éviter de perdre ce que je n'aurais plus jamais et sentir mon cœur se briser en deux.
Je flirte, je danse, mais l'envie n'y est pas. Je me sens devenir faible à mesure que les chansons passent. Je sais que je le suis pour ne pas m'être échappée dès que j'ai entendu le son de sa voix. Sa présence m'intoxique, un chant de sirène que je ne peux cesser d'écouter. Nous avions l'habitude d'être ensemble, de vivre les mêmes journées. Je n'ai pas cru à la fin, à son rejet alors aujourd'hui ne peut être réel. De hier, il ne reste que les souvenirs, puissantes dagues plantées en plein cœur. Je mérite de souffrir encore un petit peu simplement parce que malgré tout, je l'aime encore.
Une anonyme essaie de m'entrainer à l'écart mais je résiste, luttant contre elle et les larmes qui menacent de déborder. L'alcool dans mon sang me rend émotive, vulnérable. J'ai besoin d'une raison pour m'échapper, oublier que je suis brisée. La foule a grandi et les gens me frôlent d'un peu trop près. Je n'ai rien pour les repousser, faire respecter mon espace personnel. J'ai envie de m'écrouler à genoux et de lever les yeux dans sa direction. Mais dans ma tête, je me rappelle ce que ça a été, la manière qu'elle a utilisée pour me faire comprendre qu'elle n'a jamais retourné le moindre de mes sentiments. Je n'ai jamais pu respirer depuis.
C'est la dernière chanson. Elle ralentit toujours de la sorte quand il s'agit de son final, une manière de faire redescendre la pression. Chaque mot perce l'armure, le bouclier que j'ai construit en début de soirée. Elle finit par me laisser nue, exposée, mes sentiments affichés sur mon visage et je sais que je n'ai plus le choix. Je n'ai qu'à tourner la tête et lever les yeux pour en finir. Juste comme ça, je tournerais les talons et rentrerais chez moi. Et c'est ce que je fais, je croise son regard pour la première fois en trois ans. Je n'aurai pas dû.
