Bonjour, bonsoir et bienvenue ! J'avais pourtant dit que je ne recommencerai pas... Et bien voilà une nouvelle fiction longue ! Oui, je recommence et en plus je vais plus loin que trois chapitres.

Alors, aujourd'hui, je commence ma première UA sur noël. Je sais que c'est passé depuis des lustres mais cette fiction n'était alors qu'à l'état de projet.

Bonne lecture et laissez un commentaire !


Une semaine pour bouleverser des vies 1

Il ne dormait pas vraiment contre la vitre. Il dirait plutôt qu'il tentait de récupérer des six heures de route qu'il venait d'effectuer avec une trentaine de personnes. C'était le quotidien de tous ceux qui avaient le permis mais plus de quoi acheter une voiture.

Dean lui avait pourtant proposé de venir le chercher une bonne douzaine de fois. L'argument ne changeait pas et c'était aussi la raison pour laquelle le cadet avait refusé une douzaine de fois.

-D'après les rumeurs, les filles sont chaudes en Floride. Je pourrai vérifier si ce qu'on me dit est vrai.

La première et dernière fois que Dean était venu pour aider Sam à emménager dans son 20m², il ne s'était pas retenu. Durant la semaine où l'aîné devait rester auprès de son frère pour l'aider avec ses cartons et découvrir sa nouvelle vie, il n'avait été présent que le premier jour pour ouvrir la porte.

Pendant que Sam était à l'extérieur, se demandant quel carton monter en premier et si ça allait loger dans l'ascenseur, Dean, pendant ce temps, entretenait une discussion avec la voisine de palier. Il n'avait fait que tourner la clé dans la serrure quand elle sortait de chez elle.

Il n'en fallut pas plus pour qu'il passe dans la pièce d'à côté après avoir envoyé un texto à son frère qui s'était décidé à commencer par les meubles.

« J'ai une affaire urgente sur le feu. M'attends pas »

Soupirant de lassitude, il rangea son portable dans sa poche et se focalisa entièrement sur sa tache. Il se doutait de l'endroit où il se trouvait lorsque qu'un meuble plaqué contre le cloison trembla pendant une heure et malgré le cale-pied.

Du coup, Bibi dut se taper les notices d'assemblage en français, en espagnol et en allemand avant de la trouver en anglais alors que Dean s'était tapé autre chose de bien plus plaisant.

Sinon, tout s'était très bien passé. Aucun problème avec la décoration puisque personne à part lui ne l'avait vu. Le gars qui se faisait passer pour son frère ne lui avait apporté aucune nouvelle de lui-même et Sam n'avait pas cherché à en avoir.

Mais ses conquêtes d'un soir lui avaient toutes rendus une petite visite pour savoir si le bourreau des cœurs allait rester encore longtemps. Il n'avait pas manqué l'occasion de rencontrer toute la gent féminine de l'immeuble. Au moins, Sam savait qu'il ne trouverait personne ici.

Ce fut donc rempli d'une haine furieuse qu'il accueillit son grand frère une semaine plus tard pour qu'il lui dise au revoir.

-Mais enfin, Sammy, tu me connais ! Tu aurais dû te douter de quelque chose. Et je n'étais pas très loin.

-Tu étais tellement près que je n'avais pas besoin de te chercher. Les murs parlaient d'eux-même.

-Comment refuser des invitations pareils ? Au moins, les présentations sont faites.

Le cadet ne put en supporter davantage et c'était totalement compréhensible. En 7 jours, il était passé du titre de « nouveau dans l'immeuble » à celui de « frère de celui qui fait l'amour comme un Dieu ». Ce n'était pas vraiment la nouvelle vie à laquelle il s'était attendu en arrivant ici.

Il poussa Dean vers la porte d'entrée sans se soucier si il lui tordait le bras et en ouvrant le battant sans regarder son frère, il le jeta dehors.

-Et c'est Sam !

Et il referma la porte. Les cris d'indignation de son frère était tout à fait audible mais il n'avait vraiment pas envie de lui ouvrir. Même l'excuse du « j'ai oublié quelque chose » ne fonctionna pas. De toute façon, il n'avait pas eu le temps de rester assez longtemps pour y déposer ses affaires. Bien essayé Dean !

La séparation était rude et elle ne s'était pas passé en de très bon terme. Dean avait tenté de lui parler, lui téléphonant, lui envoyant des textos ou des e-mails. Mais le pire moyen pour reprendre contact fut sûrement une des conquêtes de Dean qui servit de messagère. Même si elle était très belle, Sam ne pouvait pas le nier, être en sous-vêtements sous le manteau l'avait dégoûté.

Surtout quand elle a précisé que son frère avait aimé cette tenue en dentelle ! Il ne lui restait plus qu'à faire fondre son cerveau dans l'acide après avoir mentalement imaginé la scène interdite. Par la suite, il ne croisa plus cette charmante demoiselle. En tout cas, il fit de son mieux.

Ceci mit fin au silence radio qu'il entretenait avec son frère.

Ce fut aussi dans ces conditions que Sam se retrouva dans ce bus en direction de Sioux Falls, dans le Dakota du Sud, pour y retrouver son frère adoré qui y avait élu domicile. Il disait que cette ville avait un truc d'attirant, sans plus de précision.

Alors, Sam se rendait à Sioux Falls en bus. Il ne lui restait que quelques heurs de trajet mais rester assis avec pour seule compagnie un roman, ou plutôt une pièce de théâtre, qu'il ne cessait de lire depuis le départ. Hamlet était un classique. Tragique, certes. Mais classique.

Ce qui le tira de sa lecture de la page 112 fut le portable dans sa pocha avant de pantalon qui se mit à vibrer. Il attendit les deux vibrations significatifs de la réception d'un sms. Si ça avait été un appel, il n'aurait pas répondu. L'homme qui état assis derrière lui ne lui inspirait pas assez confiance pour parler à voix haute.

Il ferma son livre à regret, trop plongé dans l'histoire pour vouloir en sortir de son plein gré, et prit en main son portable. L'appareil lui donna la confirmation qu'il avait bien reçu un sms et que ce n'était pas un signal pour lui rappeler que sa batterie faiblissait.

Le cadet le déverrouilla et lut le message de son frère aîné.

« Tu arrives quand ? C'est pas que je m'ennuie mais il pleut et j'ai pas envie d'être malade »

Toujours aussi agréable. Et en plus, il pleuvait. La semaine commençait extrêmement bien.

« Dans 2 heures. C'est ça quand on prend le moins cher, il y a des correspondances toutes les dix minutes »

Il posa son portable sur sa cuisse, s'attendant à une réponse rapide. Quatre lignes plus tard, la réponse arriva.

« Promis, je t'achèterai ton billet la prochaine fois que tu viendras »

Chouette ! Des économies ! Il n'était pas particulièrement avare mais sa banque ne l'aimait pas beaucoup non plus. C'était pour ça qu'il avait un vélo, qu'il avait emporté avec lui dans les soutes.

« Si il y a une prochaine fois... »

Mille et une manières de manipuler son frère pour le convaincre de l'inviter à nouveau. Il savait que son frère voudrait le revoir dans l'année qui allait arriver. Sinon il allait s'inquiéter de ne pas avoir de nouvelle de son petit frère chéri.

« Évidemment qu'il y aura une prochaine fois ! Sinon je viens te chercher par la force. Et je t'assure que tu ne veux ça pour rien au monde »

Et voilà ! Mission réussie !

« Ok. Je te rappellerais d'acheter le billet. Compte sur moi »

« Avant que je ne perde plus d'argent, à tout à l'heure ! Banane »

« Du gland ! À dans 2 heures »

Il rangea son portable, un petit sourire au lèvre, et reprit là où il s'était arrêté dans sa lecture. Dean était vraiment étrange quand il y réfléchissait un peu. Est-ce qu'il avait déjà remarqué qu'il se faisait arnaquer par son propre petit frère ?

Ce n'était pas non plus comme si il avait des dettes, il ne pouvait pas se le permettre, mais il arrivait toujours à l'attirer là où il le voulait. Comme lui payer un billet de bus. Parfois, il avait l'impression qu'il jouait le jeu exprès. Pourquoi ? Il n'en savait strictement rien. Dean étant Dean, il avait à la fois l'esprit d'un gamin de cinq ans focalisé sur ce qu'il allait manger à midi mais aussi celui d'un homme de quarante ans préoccupé par des sujets sensibles.

D'ailleurs, il ne savait pas quelle partie de Dean avait eu l'idée de l'inviter pour passer les fêtes ensembles. Le gamin pour avoir des cadeaux et se gaver à deux ou l'adulte pour ne pas passer les fêtes seul ?

Ils n'avaient pas pris l'habitude de se réunir pour ce genre de date importante pour n'importe qui d'autre. Sam avait envie de faire reposer la faute de ce manque d'intérêt sur le dos de leur père. Il n'avait pas souvent été présent. Pourtant, il travaillait au seul garage de la ville en tant que mécanicien.

Du coup, les seuls noëls dont il se souvenait impliquait sa mère collée au téléphone pour tenter de joindre son mari et de savoir quand il rentrerait.

Il se pinça le bras. Assez de ressasser les idées noires. Il allait voir son frère qui l'attendait patiemment dans sa voiture, son bébé, sa vie. Il allait devoir écouter le règlement à suivre quand on prenait place dans l'Impala.

L'Impala de leur père...

Sam se pinça une nouvelle fois un peu plus fort. Reprenant le cours de sa lecture, il plongea au cœur du Royaume du Danemark et suivit Hamlet dans ses sombres pensées. Au moins, ce n'était pas les siennes.

Et comme promis, deux heures plus tard, le voilà devant la gare routière de Sioux Falls où la pluie l'attendait encore. Il rabattit la capuche de son sweat en descendant du bus. La prochaine fois, il regarderait la météo.

Le chauffeur le suivit sous la pluie et ça se voyait bien qu'il aurait préféré ne pas s'arrêter ici. Se dépêchant d'ouvrir la soute concernée par ses valises. Sam l'aida à sortir ses biens et le vélo qui ne lui servirait pas aujourd'hui.

Il ressentit enfin le froid. Le souffle qui s'échappait de ses lèvres par une fumée blanche était un bon indice. Ses doigts commencèrent à rougir et à trembler sous la pluie qui ne s'arrêta pas une seconde. Il réussit tant bien que mal, aidé par le chauffeur du bus, à sortir son vélo encombrant.

Il referma les soutes et alla se cacher à l'abri de l'averse tout en adressant un signe de remerciement à la personne. Elle lui rendit son geste et retourna en courant à sa place conducteur. Sam regarda les portes se fermer et le bus redémarrer pour retourner sur la route. Il avait soudain très envie d'y retourner. Il y faisait chaud. C'était une raison valable.

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à trouver son frère à travers le rideau de pluie. Sa vue était limitée à trois mètres devant lui. La prochaine fois, Dean viendra le chercher directement en Floride !

Par chance, il n'eut même pas besoin de chercher. Une main se posa sur son épaule. Le cadet se retourna pour faire face à son frère, tout sourire de le revoir. Il le prit dans ses bras. Ça faisait un sacré bout de temps qu'ils ne s'étaient pas vus.

-T'as grandi, non ? Si tu continues, tu ne rentreras plus dans mon bébé.

-Très drôle Dean. C'est vraiment la première chose que tu voulais me dire ?

Ils se décollèrent et l'aîné fit claquer sa main sur l'épaule du cadet.

-Salut Sammy. Bienvenu à Sioux Falls. Ça fait du bien de te revoir.

-Pareil. Et c'est Sam. Combien de fois je vais devoir te le répéter ?

Il ne lui répondit pas mais lui sourit de plus belle. Franchement, il ne regrettait plus d'être venu. Même si il pleuvait, même si il faisait aussi froid qu'au Pole Nord, avec Dean, tout passait mieux.

L'aîné prit la valise et lui fit signe de le suivre avec le vélo jusqu'à la voiture. Dès qu'il mit le pied hors de l'abri, il fut trempé de nouveau. Les deux coururent donc jusqu'à la masse noire bien garée à les attendre.

N'hésitant pas à jeter la valise dans le coffre, il fit quand même la grimace quand il regarda enfin le vélo trempé. Mais comme tout bon grand frère, il avait prévu le coup. En ouvrant la porte arrière, il présenta à Sam la couverture qu'il avait pris soin de positionner pour recouvrir chaque parcelle de la banquette arrière.

Sam roula des yeux. Il n'avait pas intérêt à abîmer l'intérieur de l'Impala. Sinon, frère ou pas, il pourrait retourner à pied jusqu'en Floride.

Une fois l'opération effectuée avec le plus grand soin sous le regard de Dean, ils prirent place à bord de la voiture noire, l'aîné au volant et Sam du côté passager. La route était déserte. Pourquoi ça ne l'étonna pas ?

Sam lui raconta ses derniers jours chez lui. Rien de bien intéressant mais cela leur permettait de resserrer les liens. Parler au téléphone ne rendait pas la même chose. En plus, il pouvait écouter en bruit de fond les chansons préférées de Dean. C'était le grand retour de Metallica !

Le trajet parut vraiment court. Sam tourna la tête pendant son récit et reconnu la façade de la maison de Dean. Il lui avait dit qu'il avait réussi à acheter une maison même si il avait du faire un prêt à la banque. Mais le fait de devenir propriétaire avait très vite effacé ce côté négatif de la chose.

Dean gara l'Impala dans le garage. Il avait l'air d'un gamin quand il ouvrit le portail automatique avec le petit boîtier. Sam pouffa de rire. Il croyait pouvoir le rendre jaloux parce qu'il avait un portail automatique. N'importe quoi ! Quoique... Mais bon, lui n'avait qu'un vélo.

Ils purent enfin sortir les bagages et Dean fut satisfait que le vélo n'ait pas mouillé le cuir. Voilà comment ils s'effondrèrent sur la canapé, face à la télé éteinte.

Deux bières patientaient dans le frigo ainsi qu'un paquet de chips sur la table mais aucune ne voulut se lever. Dean se dévoua pourtant. Après une défaite à pierre-papier-ciseaux.

Sam se sentait bien, à l'aise. Chez lui. Les vacances de noël ne duraient que deux semaines mais il pensait rester un peu plus longtemps. Après tout, sa troupe de théâtre n'avait pas besoin de lui pour le moment et aucune audition ne pointait le bout de son nez. Lors des fêtes de fin d'année, ce sont surtout des représentations en boucle.

C'était d'ailleurs la raison de sa présence ici, en plus de passer les fêtes avec son frère.

-Tu as réfléchi à ce que je t'ai dis ? demanda Dean en lui tendant une bière décapsulée.

Il la lui prit des mains et le remercia d'un hochement de tête.

-Oui, et je trouve que c'est intéressant. Ça ne me dérange pas. Et puis, ça va me changer. Je vais pouvoir écrire une pièce avec un minimum de budget et sans me soucier de l'influence dans les journaux.

Ils trinquèrent et burent une gorgée. Dean ouvrit tout de suite après le paquet de chips et en piocha quelques unes.

-Au moins, tu pourras pas avoir la grosse tête. Comme la dernière fois, hein Sammy ?

Sam rougit de honte et tenta de se cacher derrière sa masse de cheveux.

-Je me suis déjà excusé une centaine de fois. J'avais plus les idées claires, d'accord. En même temps, c'était la première fois qu'on m'offrait une chance à Broadway !

-Et tu n'as même pas réussi à décrocher le rôle. Tu étais pitoyable après ça. Deux semaines pour t'en remettre.

-Oui, je m'en souviens. Je voulais vraiment oublier ce qui s'était passé. C'était juste après la mort de...

Il n'alla pas jusqu'au bout de sa phrase. Son nom était devenu tabou. Sam reprit et murmura presque sa dernière phrase, trop honteux en se remémorant ces souvenirs.

-Merci de t'être occupé de moi.

Dean se rendit alors compte de l'embarras de son frère. Voulant lui faire oublier ce mauvais moment, il changea de sujet. Ce n'était pas l'idée qu'il s'était fait d'un début de vacances.

-T'en fais pas pour ça. Ici, tu vas pouvoir t'amuser comme un petit fou. Tu vas pouvoir te faire des copains, hein Sammy ?

-C'est Sam et la ferme !

L'atmosphère s'était considérablement adoucie.