Comme j'ai reçu des avis positifs, je vais re-retranscrire CrossFire pour vous ! Je vais essayer de garder le rythme qui sera d'un chapitre par semaine. Le week-end bien sûr. J'espère que vous serez aussi nombreux à apprécier cette retranscription que la première fois :)
Sur ce, bonne lecture.
- Il faut aller fêter ça !
Cette suggestion ne me surprit pas. Kiba Inuzuka, mon colocataire, cherchait toujours le moindre prétexte pour faire la fête, c'est ce qui faisait son charme.
- Boire la veille de mon premier jour de travail n'est pas une bonne idée, objectai-je.
- Allez, Naru...
Assis en tailleur sur le parquet du séjour, au milieu d'une demi-douzaine de cartons de déménagement, il me gratifia de son sourire le plus charmeur. Nous venions de passer quelques jours à trimer mais, à le voir, on ne s'en serait pas douté. Grand, cheveux bruns aux yeux marrons, Kiba était le genre d'homme qui demeure séduisant en toutes circonstances. Si je n'avais pas eu autant d'affection pour lui, je lui en aurais certainement voulu.
- Je ne te propose pas de prendre une cuite, insista-t-il. Juste un verre ou deux. On se pointe pour le happy hour et on sera de retour ici à 20 heures au plus tard, promis juré.
- Je ne suis pas sûr d'être rentré à 20 heures. Une fois que j'aurai chronométré le temps qu'il me faut pour me rendre au boulot à pied, je compte faire un tour au club de gym.
- Marche vite et fais du sport encore plus vite, me conseilla-t-il en arquant si parfaitement un sourcil que je ne pus m'empêcher de rire.
Un jour, ce visage ferait la une des magazines du monde entier, j'en étais convaincu.
- Que dirais-tu de demain après le boulot ? Tentai-je de négocier. Si je survis à ma première journée de travail, ça nous fera deux trucs à fêter au lieu d'un.
- Vendu. Du coups, je vais pouvoir étrenner notre nouvelle cuisine dès ce soir.
- Heu... super.
Cuisiner est l'un des grands plaisirs de Kiba, mais cela ne fait malheureusement pas partie de ses talents.
- Les plus grands chefs tueraient pour avoir une cuisine pareille, assura-t-il. Impossible de rater quoi que ce soit avec ce matos.
J'étais plus que dubitatif, mais je n'avais pas le temps de me lancer dans une conversation culinaire et j'adressai un signe de la main à Kiba avant de filer.
À peine franchi la porte du grand hall surmontée de sa marquise de verre ultramoderne, les bruits et les odeurs de Manhattan m'assaillirent, attisant mon envie d'explorer la ville. J'avais traversé tout le pays depuis San Diego, et je me retrouvais projeté dans un autre monde.
San Diego, New York. Deux grandes métropoles : la première, éternellement ensoleillée et nonchalante, la seconde, pleine d'énergie frénétique. Quand je rêvais de New York, je m'imaginais vivre dans l'un de ces immeubles à perron de pierre si caractéristiques de Brooklyn. En bon fils obéissant, j'avais atterri dans l'Upper West Side. Si Kiba n'avait pas emménagé avec moi, je me serais retrouvé tout seul dans cet immense appartement dont le loyer mensuel dépassait le revenu annuel de la majorité des Américains.
- Souhaitez-vous un taxi, monsieur Uzumaki ? S'enquit le portier.
- Non, merci, Kakashi. Je vais marcher.
- Le temps s'est un peu rafraîchi. Ça devrait être agréable.
- On m'a conseillé de profiter de la douceur de juin avant la canicule.
- Un conseil judicieux, monsieur Uzumaki.
Je jouis un instant du calme relatif de ma rue bordée d'arbres avant de plonger dans l'effervescence de Broadway. Bientôt, espérais-je, je me fondrais complètement dans le décor. Pour l'heure, je ne me sentais pas encore dans la peau d'un New-Yorkais. J'avais l'adresse et le job, mais je me méfiais encore du métro, et ma technique pour héler un taxi laissait à désirer. Je m'efforçais de ne pas promener au tour de moi des yeux ronds de touriste. Ce n'était pas facile. Il y avait tant à voir et à découvrir.
Mes sens étaient en permanence sollicités – gaz de pots d'échappement se mêlant aux effluves de nourriture des street cars stationnant sur les trottoirs, cris des vendeurs ambulants répondant à la musique des artistes de rue, infinie variété des physionomies, des styles vestimentaires, des accents et des merveilles architecturales. Quant à la circulation automobile... je n'avais jamais vu un flux aussi dense.
Il se trouvait toujours une ambulance, un camion de pompiers ou une voiture de patrouille pour fendre, toutes sirènes hurlantes, ce vibrant serpent métallique. L'aisance avec laquelle les camions de ramassage des ordures brinquebalants et les camionnettes de livraison naviguaient dans les étroites ruelles me laissait béat d'admiration.
Les New-Yorkais traversaient ces flots tumultueux avec une facilité déconcertante. Les nuages de vapeur qui s'échappaient des bouches d'incendie et des soupiraux au ras du trottoir n'éveillaient plus chez eux le moindre frisson romantique, et la vibration du bitume au passage du métro souterrain ne leur tirait pas un battement de cils, alors que je souriais comme un idiot.
Au cours du trajet jusqu'à l'immeuble où j'allais travailler, je m'appliquai donc à adopter une attitude décontracté. Côté boulot, du moins, j'avais mené ma barque comme je l'entendais. Je tenais à gagner ma vie sans bénéficier d'un quelconque coup de pouce, ce qui signifiait commencer tout en bas de l'échelle. À partir du lendemain matin, je serais l'assistant de Neji Hyuuga chez Waters, Field & Leaman, l'une des agences de pub les plus prometteuses du pays. Mon beau-père, la magnat de la finance Iruka Umino, n'avait pas caché sa déception quand j'avais accepté ce poste. Si j'avais été un peu moins fier, avait-il déclaré, j'aurais pu travailler pour un de ses amis et en récolter les bénéfices.
- Tu es aussi entêté que ton père ! S'était-il exclamé. Avec son salaire de flic, il va lui falloir des années pour rembourser l'emprunt qui lui a permis de financer tes études.
Il faisait allusion à une bataille familiale historique au terme de laquelle mon père n'avait pas cédé d'un pouce.
- Personne d'autre que moi ne paiera les études de mon fils, avait tonné Minato Namikaze lorsque Iruka le lui avait proposé.
J'avais trouvé l'attitude de mon père parfaitement respectable, et je crois qu'elle inspirait le même respect à Iruka – même si ce dernier ne le reconnaîtrait jamais. Je comprenais le point de vue de l'un et de l'autre parce que je m'étais battu pour payer seul mes études... et que j'avais dû m'avouer vaincu. Il s'agissait d'une question d'honneur pour mon père. Ma mère avait refusé de l'épouser, pourtant il n'avait jamais manqué à aucun de ses devoirs vis-à-vis de moi.
Sachant d'expérience que remâcher de vieilles frustrations ne servait à rien, je me concentrai sur le minutage de mon trajet. J'avais délibérément choisi de le faire un lundi à l'heure de pointe, je fus donc satisfait d'atteindre l' Uchiwafire Building, qui abritait les bureaux de Waters, Field & Leaman, en moins de trente minutes.
Je me dévissai la tête pour caresser du regard la ligne élégante de l'édifice jusqu'au mince ruban de ciel qui le surmontait. L' Uchiwafire était impressionnant ; une flèche étincelante couleur saphir qui transperçait les nuages. Je savais qu'au-delà de l'immense porte à tambour sertie de cuivre le hall, avec son sol et ses murs de marbre veiné d'or, son imposant comptoir d'accueil et ses tourniquets d'aluminium brossé, était tout aussi impressionnant.
Un instant plus tard, je sortais mon badge flambant neuf de ma poche et le présentais aux deux agents de sécurité plantés devant le comptoir. Ils prirent le temps de l'examiner, sans doute à cause de ma tenue de sport, puis me firent signe de passer. Une fois que j'aurais accompli le trajet en ascenseur jusqu'au vingtième étage, je disposerais d'une estimation précise de mon temps de trajet.
Je me dirigeai vers la rangée d'ascenseurs quand l'anse du sac à main d'une élégante jeune femme se coinça dans le tourniquet. Le contenu de son sac se déversa sur le sol dans un déluge de pièces de monnaie qui s'égaillèrent joyeusement dans toutes les directions. Personne cependant ne prit la peine de s'arrêter. Compatissant, je m'accroupis pour l'aider à ramasser les pièces, imité par l'un des agents de sécurité.
- Merci, murmura la femme en me jetant un coup d'œil soucieux.
- Il n'y a pas de quoi, répondis-je avec un sourire. Ça m'est déjà arrivé.
J'avançais pour récupérer une pièce quand je me retrouvai soudain bloqué dans ma progression par une paire de luxueux mocassins Oxford noirs. Je m'immobilisai le temps que le propriétaire desdits mocassins se déplace. Comme il n'en faisait rien, je levai la tête. Le costume trois pièces que je découvris alors me fit un indéniable effet, mais ce ne fut rien comparé au corps à la fois svelte et puissant dont il était le faire-valoir. Pourtant, si impressionnante que fût cette virilité, ce ne fut que lorsque mon regard atteignit le visage du propriétaire de ce corps que je crus recevoir un coup dans le plexus.
L'homme s'accroupit devant moi. Cette superbe masculinité à hauteur des yeux me prit tellement de court que je le dévisageai. Sidéré.
Un phénomène étrange se produisit soudain.
Alors qu'il m'étudiait à son tour, son regard se modifia... distillant une énergie qui me coupa littéralement le souffle. Le magnétisme qui exsudait de toute sa personne s'intensifia, créant comme un champ de force presque palpable autour de lui.
Instinctivement, j'amorçai un mouvement de recul et me retrouvai les quatre fers en l'air.
Mes coudes heurtèrent violemment le marbre, mais j'enregistrai à peine la douleur ; j'étais bien trop occupé à fixer l'homme qui me faisait face. Cheveux d'une couleur onyx encadrant un visage d'une beauté saisissante, dont l'ossature aurait tiré des sanglots de bonheur à un sculpteur. Bouche au dessin affirmé, nez droit, et des yeux d'un noir... Des yeux qui s'étrécirent imperceptiblement tandis que l'expression demeurait impassible.
Si sa chemise et son costume étaient noirs, sa cravate, elle, était bleu. Son regard acéré plongea en moi comme pour me jauger. Les battements de mon cœur s'accélérèrent et mes lèvres s'entrouvrirent pour s'adapter au rythme accru de ma respiration. Le parfum qui émanait de ce type était entêtant. Ce n'était pas celui d'une eau de toilette. Un gel douche, peut-être. Ou du shampoing. Quel qu'il fût, il était aussi attirant que son physique.
Il me tendit la main, révélant des boutons de manchettes en onyx ainsi qu'une montre de luxe.
J'aspirai à grand-peine une bouffée d'air avant de s'emparer de sa main. Mon pouls s'emballa quand il affermit son étreinte. Le contact fut électrique. L'inconnu demeura un instant immobile tandis qu'un pli vertical se creusait entre ses sourcils à l'arc arrogant.
- Tout va bien ?
Sa voix à l'accent cultivé était très légèrement grave et suscita en moi des images carrément érotiques. Cet homme aurait été capable de me mener à l'orgasme rien qu'en parlant.
J'humectai mes lèvres subitement desséchées avant de répondre :
- Oui, tout va bien.
Il se redressa avec grâce, m'entraînant dans son mouvement. Nos regards demeurèrent verrouillés – j'étais tout bonnement incapable de détacher mes yeux des siens. Il était plus jeune que je ne l'avais d'abord cru. Moins de trente ans, estimai-je. C'était son regard – dur et incisif – qui le faisait paraître plus âgé.
Je me sentis attiré vers lui comme s'il tirait lentement, inexorablement, sur une corde attachée à ma taille.
Dans un battement de cils, j'émergeai de ce brouillard dans lequel j'étais plongé et lui lâchai la main. Il n'était pas seulement beau, il était... ensorcelant. Le genre d'homme qui donne envie à une femme – et à un homme – de lui arracher sa chemise et d'en regarder les boutons voler dans les airs en même temps que ses inhibitions. Tandis que je l'observais, vêtu de ce costume qui devait coûter les yeux de la tête, des pensées crues jaillirent dans mon esprit.
Il se pencha pour ramasser le badge que j'ignorais avoir laissé tomber, me libérant ainsi de ce regard envoûtant. Mon cerveau se remit en branle tel un moteur poussif qui redémarre avec un hoquet.
Je m'en voulais de me sentir aussi gauche alors qu'il était si maître de lui. Et tout ça pourquoi ? Parce que je m'étais laissé éblouir – sans doute était-il hétérosexuel...
Il leva les yeux vers moi et sa posture – il était quasiment agenouillé à mes pieds – perturba de nouveau mon équilibre. Son regard ne dévia pas du mien tandis qu'il se redressait.
- Vous êtes sûr que ça va ? Insista-t-il. Vous devriez vous asseoir un instant.
Mon visage devint brûlant. Apparaître aussi empoté en présence de l'homme le plus sûr de lui, le plus séduisant qu'il m'ait été donné de rencontrer, n'était pas des plus flatteurs.
- J'ai juste perdu l'équilibre. Tout va bien.
Je détournai les yeux et aperçus la jolie brune dont le sac s'était vidé. Ayant remercié l'agent de sécurité qui était venu à son secours, elle pivota vers moi en s'excusant. Je lui tendis la poignée de pièces qui lui appartenait, mais son regard s'était posé sur le dieu en costume griffé, et elle oublia aussitôt ma présence.
Je laissai passer une seconde, puis déversai la monnaie dans son sac à main. Je risquai ensuite un coup d'œil du côté de l'homme en noir et découvris qu'il me fixait toujours, alors même que la brune bégayait des remerciements en le dévorant du regard comme si c'était lui qui l'avait aidé.
- Je peux récupérer mon badge, je vous prie ? Demandai-je, haussant la voix pour couvrir celle de la bègue.
Il me le tendit et j'eus beau veiller à ne pas lui toucher la main, ses doigts frôlèrent les miens, déclenchant la même réaction physique que la première fois.
- Merci, marmonnai-je avant de franchir la porte à tambour.
Une fois sur le trottoir, je m'immobilisai, le temps d'inspirer une grande bouffée d'air chargé de mille vapeurs, bonnes et toxiques. J'aperçus mon reflet dans les vitres teintées d'un SUV Bentley noir garé devant l'immeuble. J'étais hagard et mon regard brillait d'un éclat fiévreux. J'avais déjà vu cette expression sur mon visage – dans le miroir de la salle de bains, juste avant de rejoindre un homme au lit. J'avais cette tête-là, quand je me savais sur le point d'assouvir un puissant besoin sexuel, et cette tête-là n'avait rien à faire sur mes épaules ce jour-là.
« Ressaisis-toi », m'exhortai-je.
Cinq minutes en présence de M. Noir Danger et j'étais en proie à une excitation violente. L'attraction était encore là, si forte que je ressentais le besoin inexplicable de le rejoindre. J'aurais pu raconter qu'il fallait que je retourne achever ce pour quoi j'étais venu, mais je savais que je m'en voudrais affreusement si je cédais à cette impulsion. Je m'étais assez ridiculisé comme ça.
- Ça suffit, déclarai-je à mi-voix. En route !
Un taxi qui cherchait à en dépasser un autre freina in extremis pour laisser passer les piétons quand le feu passa au rouge, déclenchant un concert de klaxons, d'injures et de gestes orduriers qui n'illustraient qu'une colère de façade. Quelques secondes plus tard, les parties prenantes de ce minuscule incident l'auraient évidemment oublié.
Tandis que je me mêlais à la foule pour rejoindre le club de gym, un sourire flotta sur mes lèvres. « New York, New York ! » pensai-je en ayant l'impression d'avoir retrouvé mes marques.
J'avais eu l'intention de m'échauffer sur un tapis de course, puis de m'entraîner sur quelques machines mais, quand je découvris qu'un cours de kick-boxing pour débutants était sur le point de commencer, je suivis le groupe d'élèves dans la salle. Le cours terminé, j'eus le sentiment d'être de nouveau moi-même. Mes muscles tremblaient d'une saine fatigue et je savais que je m'endormirais dès que ma tête aurait touché l'oreiller.
- Tu t'es débrouillé comme un chef.
Je tamponnai mon visage luisant de sueur avec ma serviette avant de me tourner vers celui qui venait de m'adresser la parole. Jeune, longiligne et musclé, il avait un regard brun amical, le teint café au lait, des cils épais, et le crâne entièrement rasé.
- Merci, répondis-je. Ça se voyait tant que ça que c'était mon premier cours ?
Il eut un grand sourire et me tendit la main.
- Arthur Smith.
- Naruto Uzumaki.
- Tu possèdes une aisance naturelle, Naruto. Avec un peu d'entraînement, tu feras un malheur. Dans une ville comme New York, savoir se défendre est indispensable.
Il indiqua un panneau de liège accroché au mur, couvert de cartes de visite et de flyers, détacha une bande prédécoupée d'une feuille de papier vert fluo et me la tendit.
- Tu as déjà entendu parler du krav maga ?
- Seulement dans un film avec Jennifer Lopez.
- J'enseigne cette discipline. Et je serais heureux de t'avoir comme élève. Il y a mon site et le téléphone de la salle.
J'appréciai son approche, aussi directe que son regard, et son sourire authentique. Je ne pus m'empêcher de me demander s'il cherchait à me draguer, mais il était tellement sympa que c'était difficile à dire.
Arthur croisa les bras, faisant saillir ses biceps. Il portait un tee-shirt noir sans manches et un short long. Ses Converse étaient confortablement usées et des tatouages tribaux dépassaient de son encolure.
- Les horaires des cours sont sur le site. Tu devrais venir faire un tour, histoire de voir si ça te plaît.
- J'y penserai, promis.
- À bientôt, j'espère, conclut-il en échangeant avec moi une poignée d'une main ferme.
Une délicieuse odeur flottait dans l'appartement, et la voix mélodieuse d'Adele s'échappait des enceintes judicieusement disposées. Dans la cuisine ouverte, Kiba ondulait en rythme tout en remuant quelque chose dans une casserole. Une bouteille de vin trônait sur le comptoir à côté de deux verres à pied, l'un d'eux à moitié plein.
- Salut ! Lançai-je en m'approchant. Qu'est-ce que tu nous mijotes de bon ? J'ai le temps de prendre une douche avant le dîner ?
Il remplit l'autre verre de vin et le fit glisser vers moi d'un geste sûr et élégant. À le voir, personne n'aurait soupçonné qu'il avait passé son enfance ballotté entre une mère toxicomane et des foyers d'adoption, et que son adolescence s'était déroulée dans des centres de détention et de désintoxication.
- Spaghettis bolognaise. Et pour la douche, tu attendras, le dîner est prêt. Tu t'es bien amusé ?
- Au gymnase ? Comme un fou.
Je me juchai sur l'un des tabourets en teck du comptoir et lui racontait mon cours de kick-boxing et ma rencontre avec Arthur Smith.
- Ça te dirait de venir avec moi ?
- Krav maga ? Trop hard pour moi. Je serais couvert de bleus et je ne pourrais plus bosser. Par contre, je veux bien t'accompagner, juste pour vérifier que ce type n'est pas un tordu.
Je le regardai égoutter les spaghettis.
- Un tordu ?
Mon père m'avait appris à jauger les mecs – les meufs principalement, mais je ne suis pas attiré par elles, ses conseils marchent donc aussi bien chez les femmes que chez les hommes, je suppose. C'était grâce à son enseignement que j'avais catalogué d'emblée le dieu en costume griffé de l'Uchiwafire building comme dangereux. Tout être normal qui apporte son aide à un inconnu le gratifie d'un sourire, histoire d'établir un contact. Ce type-là ne l'avait pas fait.
Cela dit, moi non plus, je n'avais pas souri.
- Tu es un jeune homme beau et sexy, Blondi, expliqua Kiba en sortant des assiettes creuses d'un placard. Je défie n'importe quel homme normalement constitué de résister à la tentation de te draguer quand il te voit pour la première fois – hétéro ou pas.
Je me contentai de plisser le nez en guise de réponse.
Il déposa devant moi une assiette de spaghettis surmontés d'une généreuse portion de sauce tomate agrémentée de viande hachée.
- Je sens que quelque chose te tracasse, reprit-il. Tu veux en parler ?
J'attrapai ma fourchette et décidai de ne faire aucun commentaire sur la nourriture.
- Je crois bien avoir croisé aujourd'hui le plus bel homme du monde, lâchai-je.
- Ah bon ? Je croyais que c'était moi. Raconte.
Kiba était resté de l'autre côté du comptoir, préférant manger debout. J'attendis qu'il ait goûté ses pâtes avant de me risquer à l'imiter.
- Il n'y a pas grand chose à raconter. Je me suis retrouvé les quatre fers en l'air dans le hall de l'Uchiwafire et il m'a aidé à me relever.
- Petit ou grand ? Blond ou brun ? Baraqué ou svelte ? Les yeux de quelle couleur ?
- Grand, brun, baraqué et svelte. Les yeux noir. Bourré de fric à en juger par son costume et ses accessoires. Et hypersexy, un truc de malade ! Tu sais comment c'est – il y a des mecs très beaux qui n'ont aucun effet sur tes hormones et des types quelconques qui te mettent les sens en ébullition. Lui, il a bon partout !
Le simple fait de dresser le portrait de M. Noir Danger me faisait bander. Son visage surgit dans mon esprit avec une netteté affolante. Il devrait y avoir une loi interdisant à un homme d'avoir un physique pareil, songeai-je. La vision de celui-ci m'avait valu un court-circuit cérébral dont je ne m'étais toujours pas remis.
Kiba cala le coude sur le comptoir et se pencha vers moi, une mèche retombant sur son œil.
- Et que s'est-il passé ensuite ?
- Rien, répondis-je avec un haussement d'épaules.
- Rien ?
- Je suis parti.
- Quoi ? Tu n'as pas flirté avec lui ?
Je pris une autre bouchée de spaghettis. Ce n'était pas si mauvais, au fond. Ou peut-être que j'étais juste affamé.
- Ce type n'est pas du genre à flirter, Kiba.
- Ce genre-là n'existe pas, blondi. Même les hommes mariés et heureux en amour ne sont pas contre un petit flirt inoffensif de temps à autre.
- Celui-là n'a rien d'inoffensif, crois-moi, rétorquai-je.
- Je vois, fit Kiba en hochant la tête. Les bad boys peuvent être fun... à condition de garder ses distances.
Kiba comprenait, évidemment – hommes et femmes rampaient à ses pieds. Cela ne l'empêchait pas pour autant de s'enticher systématiquement du mauvais partenaire. Il était sorti avec des dépendants affectifs, des infidèles invétérés ou occasionnels, des abonnés au chantage, au suicide... La liste était sans fin.
- Ce type-là n'a rien de fun, assurai-je. Trop intense. En revanche, je parie que c'est le super coup garanti.
- Ah, les affaires reprennent ! Mon conseil : oublie ce type et contente-toi de l'utiliser dans tes fantasmes.
Je préférai carrément chasser le type en question de mes pensées et changeai de sujet.
- Tu as prévu des rendez-vous pour demain ?
Kiba me débita son planning complet, qui incluait une pub pour des jeans, un auto-bronzant, des sous-vêtements et une eau de toilette.
Il était de plus en plus demandé par les photographes de pub et s'était bâti une réputation de sérieux et de professionnalisme des plus solides. J'étais heureux pour lui, et fier de son succès. Il revenait de loin.
Ce ne fut qu'une fois le dîner achevé que je remarquai deux gros paquets enrubannés, posés derrière le canapé d'angle.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Ça, répondit Kiba en me rejoignant, c'est le top du top !
Je sus immédiatement qu'ils venaient d' Iruka et de ma mère. L'argent avait toujours été la condition sine qua non du bonheur de ma mère, et j'étais ravis pour elle que Iruka, son troisième mari, pourvoie à ce bonheur et à bien d'autres encore. J'aurais souhaité que les choses restent là, mais ma mère avait du mal à comprendre que je ne partage pas son point de vue.
- Qu'est-ce qu'il a encore trouvé ?
Kiba, qui me dépassait d'une tête, passa le bras autour de mes épaules.
- Ne fais pas ton ingrat. Kiba aime ta mère. Il veut la gâter et elle adore te gâter. Ce n'est pas pour toi qu'il le fait, c'est pour elle.
- Qu'est-ce que c'est ? Demandai-je en soupirant.
- Des tenues ultrachics pour le dîner de bienfaisance de samedi. Smokings Brioni pour nous deux ! Iruka sait que tu seras mieux disposé si je t'accompagne.
- Bien vu de sa part. Par chance, il a au moins compris ça.
- Évidemment. Iruka ne serait pas multimillionnaire s'il ne comprenait pas certaines choses, répliqua Kiba avant de me pousser vers les paquets. Allez, jette un coup d'œil.
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Le lendemain mati 50, je m'engouffrai dans la porte à tambour de l'Uchiwafire. Désireux de faire bonne impression, j'avais opté pour un jean simple, avec une chemise blanche et un blazer. Grâce à Kiba, mes cheveux blond étaient relevés, dégageant ainsi mon front. Contrairement à moi, il était capable de créer des coiffures des plus faciles aux plus complexes – de véritables chefs-d'œuvre d'élégance. Le collier que mon père m'avait offert pour ma remise de diplôme ornait mon cou, et j'avais sorti ma Rolex, cadeau de Iruka et de ma mère.
Je m'étais dit que j'attachais peut-être trop d'importance à mon apparence, mais, en entrant dans le hall, je me revis affalé par terre en tenue de sport et me félicitai de ne plus rien avoir en commun avec ce garçon ridicule. Les deux agents de sécurité ne parurent pas me reconnaître quand je leur présentai mon badge.
Vingt étages plus tard, j'émergeai dans le hall de Waters, Field & Leaman. Une paroi de verre épais encadrait la double porte qui donnait sur l'accueil. La réceptionniste qui se tenait derrière le comptoir en demi-lune déclencha l'ouverture de la porte après que je lui eus présenté mon badge à travers la vitre.
- Bonjour, Hoa, la saluai-je.
C'était une métisse dont le prénom ne faisait aucun doute sur ses origines asiatiques. Son épaisse chevelure brune formait un carré à la Louise Brooks – plus court sur la nuque, deux pointes bien nettes encadrant le visage. Son regard sombre était chaleureux, et ses lèvres pleines naturellement roses.
- Bonjour, Naruto. Neji n'est pas encore arrivé, mais tu connais le chemin, n'est-ce pas ?
- Tout à fait.
Je m'engageai dans le couloir à gauche du comptoir, remontai jusqu'au bout, tournai de nouveau à gauche et me retrouvai dans un ancien open space qu'on avait divisé en box. L'un d'eux était mon espace de travail et je m'y dirigeai aussitôt.
J'allumai l'ordinateur. J'avais apporté deux accessoires pour personnaliser mon espace de travail et les sortis de ma sacoche. Un pêle-mêle contenant trois photos : Kiba et moi sur Coronado Beach, ma mère et Iruka devant leur yacht sur la côte d'Azur, mon père en uniforme au volant de sa voiture de patrouille à Oceanside, Californie. Et un bouquet de fleurs en verre coloré, cadeau de Kiba pour mon premier jour de travail. Je le plaçai à côté du cadre et m'assis pour juger de l'effet.
- Bonjour, monsieur Uzumaki.
Je me levai et pivotai vers mon patron.
- Bonjour, monsieur Hyuuga. Appelez-moi Naruto.
- Fais de même avec moi. Appelle-moi Neji, je t'en prie. Et tout le monde se tutoie, ici. Tu m'accompagnes dans mon bureau ?
Je lui emboîtai le pas en me faisant de nouveau la réflexion que mon nouveau patron était plaisant à regarder, avec ses cheveux noir, ses yeux rieurs et bleus clair. D'après son accent, il venait d'ailleurs. Il avait outre un sourire en coin plein de charme et affichait une assurance qui inspirait confiance et respect.
Il désigna un des deux sièges en face de son bureau en verre et métal, et attendit que je sois assis pour prendre place dans son fauteuil Aeron. Neji n'était en fait que chef de projet junior, et son bureau était un placard comparé à ceux des directeurs et des seniors, mais la vue sur les gratte-ciel dont il jouissait valait vraiment le coup d'œil.
Il s'adossa à son siège et me sourit.
- Tu as fini d'emménager dans ton nouvel appartement ?
Je fus surpris, et aussi touché, qu'il se souvienne de ce détail. Je l'avais rencontré au cours de mon second entretien d'embauche et le courant était tout de suite passé entre nous.
- Pratiquement, oui, répondis-je. Il ne reste plus que quelques cartons à déballer.
- Tu viens de San Diego, n'est-ce pas ? C'est une jolie ville, très différente de New York. Les palmiers ne te manquent pas trop ?
- Ce qui me manque le plus, c'est la sécheresse de l'air. Je ne suis pas encore accoutumé à l'humidité new-yorkaise.
- Attends un peu que la canicule arrive, me prévient-il. Bien... C'est ton premier jour de travail et tu es mon premier assistant, il va donc falloir qu'on s'organise. Je n'ai pas l'habitude de déléguer, mais je suis sûr que je m'y ferai très vite.
- J'ai hâte de commencer, répondis-je, me sentant aussitôt à l'aise.
- Ta présence à mes côtés représente une importante avancée dans ma carrière, Naruto. J'espère que tu te plairas ici. Est-ce que tu bois du café ?
- En quantité industrielle.
- Alors, nous allons nous entendre ! N'aie crainte, ajouta-t-il, je ne vais pas te demander d'aller me chercher un café. En fait, j'aimerais que tu m'expliques comment fonctionne la machine à dosettes qu'on vient d'installer dans la salle de repos.
- Pas de problème, répliquai-je avec un grand sourire.
- Pour l'instant, je ne vois rien d'autre à te demander, avoua-t-il en se massant la nuque d'un air penaud. Voilà ce que je te propose : je te montre les projets sur lesquels je travaille en ce moment et on avisera de la suite au fur et à mesure.
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Le reste de la journée se passa comme dans un rêve. Neji reprit contact avec deux clients et eut une longue réunion avec le studio de création pour discuter de la campagne de promotion d'une école de commerce. Assister depuis les coulisses au montage d'une campagne publicitaire me fascina. Je me serais volontiers attardé pour mieux m'imprégner de l'atmosphère des différents services, mais mon téléphone sonna un peu avant 17 heures.
- Bureau de Neji Hyuuga. Naruto Uzumaki, à l'appareil.
- Rapplique qu'on puisse aller boire ce verre que tu m'as promis hier soir !
Le ton faussement sévère de Kiba me fit sourire.
- D'accord, d'accord, j'arrive.
J'éteignis mon ordinateur et quittai le bureau. En arrivant devant la rangée d'ascenseurs, je sortis mon portable afin de prévenir Kiba que j'étais en route. Une sonnerie m'avertit de l'arrivée d'une cabine et je me plantai devant, puis tapai mon SMS. Je venais de l'expédier quand les portes coulissèrent. Je fis un pas en avant, levai les yeux de mon écran et croisai un incroyable regard onyx. Mon souffle resta bloqué dans ma gorge.
M. Noir Danger était le seul occupant de la cabine.
Et voilà la fin de ce chapitre ! J'espère qu'il vous a plus :)
N'oubliez pas de donner votre avis (si vous n'avez pas envie, je ne vous oblige pas)
Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine et bonne soirée.
