Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada
Rating T : Yaoi, lime très soft plus tard.
Repère de temps : L'action se passe entre la mort de Shion et la conquête du sanctuaire par les bronze.
Alors, oui, je sais ce que vous vous dites... Hem... On ne me fustige pas s'il vous plaît... Oui c'est bien moi qui ai écrit ce truc et oui, vous avez bien lu « Aphrodite » dans les personnages... Sa-Chan, je te demande pardon à l'avance... même si j'espère réellement que tu apprécieras ce que j'en ai fait. Je compte m'appliquer, réellement. Je te la dédie à toi cette fiction en espérant que tu n'en feras pas de cauchemars, puisque si j'ai eu envie d'écrire quelque chose avec lui, c'est bien à cause d'un certain « OS en cinq chapitres ».
Oui, ce « chapitre » est très court, il n'y en aura que trois normalement donc rien à voir avec le débit de La relique. Mais ils seront nettement plus longs que... ça. Et, oui, je tenais à séparer du reste cette intro anachronique par rapport à ce qui suivra.
Le déshonneur pour embaumement
Chapitre I
Lorsqu'un homme meurt, on dit que son âme, en enfer, attend un jugement lui promettant une souffrance à la hauteur de ce que fut sa vie. Mais on dit aussi, qu'après avoir expié ses crimes, son âme est en droit d'attendre celles de ceux qui ont compté pour lui.
Ou bien est-ce une image d'Épinal destinée à adoucir l'esprit de ceux qui aperçoivent les portes du royaume d'Hadès...
Mais qu'en est-il de nous, chevaliers d'Athéna ? Subissons nous les mêmes outrages en attendant de pouvoir les revoir ? Ou bien sommes nous destinés, dans la mort, comme dans la vie, à éprouver cette même amère solitude ?
Payons nous aussi crûment pour nos fautes, lorsqu'elles sont commises par nécessité et obligation ? En est-il de même lorsqu'elle sont perpétrées par un Autre ?
Dehors, la nuit tombe, alors que depuis quelques heures, la pluie ne cesse de frapper violemment ce carreau contre lequel Aphrodite à posé son front. Quelques heures oui, durant lesquelles le chevalier des poissons n'a pas bougé, ressassant dans son esprit les éléments de cette tragique mascarade à laquelle il a pris part sans en avoir, initialement du moins, évalué les conséquences. Mais il est un chemin que l'on emprunte et dont la trace disparaît sous nos pas, anéantissant toute possibilité de fuite. Ce que l'on voit sur ces chemins ne donne pas droit au regret. Regarder en arrière serait se condamner soi-même à sombrer. Non. Quoiqu'il en coûte, il faut continuer.
Lui.
Il est le soutien infaillible qui pourtant menace un peu plus chaque jour de sombrer définitivement dans la folie. Et bien entendu, il les y entraînera avec lui. Mais ça, ça n'a pas d'importance, le choix est fait depuis longtemps. Depuis le jour où Mu s'est enfui.
Aphrodite grimace de dédain. Lâche. C'est le seul qualificatif qui lui vient à l'esprit en se remémorant le jeune chevalier du bélier. Quoique... Le terme « ingrat » conviendrait lui aussi à qualifier l'être odieux qui occupe ses pensées en cet instant. La petite poupée de Saga s'en est allée sans un regard en arrière pour celui qui l'a presque élevé. Lui même en était jaloux, de toute cette attention offerte par le gémeau. Il n'était pas en reste, non, mais tout de même, pourquoi Saga avait-il sur l'agneau plus de regards que sur sa beauté naissante ?
Pour quelques uns d'entre eux, Saga s'était toujours présenté comme un grand frère, un protecteur, un guide et un repère indéfectible sur lequel en toute circonstance, ils pouvaient compter. Pour certains d'entre-eux oui, d'autres préférant le contact du sagittaire, plus chaleureux, moins cérémonial.
Dans le reflet du carreau, Aphrodite pourrait presque revoir les images de Saga, effondré sur le marbre du premier temple, le visage caché par le bleu de ses cheveux collés de larmes. Des larmes de douleur mais aussi de colère, brûlant sa peau comme le départ de Mu pouvait brûler son cœur.
- Moi, quoiqu'il arrive, je ne t'abandonnerai pas, avait-il murmuré à l'oreille de son pair en l'enserrant de ses maigres bras d'enfant.
Saga avait relevé son regard dans celui du dernier gardien. Et l'enfant avait mis dans ses yeux toute la détermination, l'assurance et le courage que son aîné l'avait aidé à gagner au fil des années.
- Ai-je le droit de te demander ça... Tu ne sais pas ce que tu fais, avait chuchoté cette idole brisée par une force encore inconnue pour lui.
- Tu ne m'as rien demandé. C'est moi qui te donne ma parole et qui t'en fais la promesse. Tu ne peux pas refuser un cadeau...
Par égoïsme, mais aussi sûrement par besoin, Saga avait refermé son bras sur lui. Un accord silencieux pour un avenir chargé de cris.
Ce soir, après les révélations de son Pope, cette promesse prenait enfin son sens. Sa décision est prise, scellée depuis plus de treize ans maintenant.
Non, il ne l'abandonnera pas.
- Aphrodite...
Le poisson sursaute. Il s'était cru seul, chaque gardien isolé dans son temple par une pluie qui ne cesse de mordre la pierre depuis des jours. Et tout à ses pensées, la présence du cancer était passée inaperçue.
- Alors... Est-ce qu'il te l'a dit ? Y est-il allé ? … Pourquoi tu ne réponds rien ?!
D'un doigt sur ses lèvres, le douzième gardien le force au silence. Juste un acquiescement orné d' un regard résigné mais pourtant chargé de courage font office de réponse.
- Il ne lui reste qu'à choisir qui... Pour nous deux, c'est déjà une évidence.
- A t-il déjà une idée ?
- Une chose est certaine, ça ne sera pas Milo. Il a failli sombrer de nouveau, lorsque j'ai dit son nom...
- Alors nous savons qui il appellera...
Leurs regards se croisent, glacialement entendus.
- Nous n'avons plus beaucoup de temps.
- C'en est presque heureux.
La pluie poursuit sa course le long de cette vitre désormais glacée contre laquelle les deux chevaliers enlacés regardent à nouveau dans la nuit. Une nuit sans étoile, au ciel voilé de nuages.
Pourtant, malgré ces augures mortuaires, l'un d'entre eux a quitté son temple. Sa cosmo-énergie irradiante s'approche de la dernière maison sans être, semble t-il, touchée par cette ambiance.
Aphrodite soupire. Il est le dernier gardien et le plus proche du Pope.
Pas seulement géographiquement.
Cela fait presque treize ans, depuis cette fameuse nuit. Pourtant, ce hurlement déchirant le silence du treizième temple résonne encore à son esprit. Du haut de ses huit ans, il avait couru, gravissant chaque marche avec un empressement tel qu'il en avait chuté trois fois. Les genoux en sang, il s'était relevé, à chaque fois. En entrant dans la salle du trône, la brûlure du sang coulant sur ses jambes s'était estompée, au profit d'un glacial effroi devant la scène se jouant sous les yeux. De sang, le miroir en était couvert, brisé en mille éclats, le reflet terni par deux longues traînées rouges que l'enfant suivit des yeux jusqu'à ce que ses yeux n'arrivent au niveau du bas relief contre lequel le corps de Saga, recroquevillé, s'agitait de sanglots.
Saga, oui, mais couvert de la toge popale, le masque et le casque ayant roulé quelques mètres plus loin... Du haut de ses huit ans, l'enfant observait, transit par une émotion indicible, les mains de son ami couvertes de sang et d'éclats miroitants. Peu importe. A huit ans, lorsque l'on vient de décrocher une armure d'or, seul le courage existe. Alors il s'était approché pour lire dans les yeux de Saga l'effroi pure et simple. Aphrodite venait de tout comprendre. Si tant est que derrière son masque, l'enfant ne l'avait pas déjà deviné.
- Aphrodite, je t'en supplie, vas-t-en ! Tout de suite ! Tout de suite !
Il avait hurlé, comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Mais de ses mains égratignées par ses trois chutes, Aphrodite avait saisi celles du Pope et commencé à en tirer chaque éclat. Un mélange de sang anodin, reflétant pourtant ce qui se jouait pour eux en cet instant.
Jusqu'à ce qu'en relevant les yeux vers lui, quelques minutes plus tard, il soit saisi d'effroi en se projetant en arrière de lui même, devant ce regard carmin posé sur lui. Il n'avait pas pu crier, une main sanglante s'étant emparé de son cou. Il se souvient encore de cet étau serrant sa gorge, cette douleur indicible et cette brûlure s'emparant de son visage tandis que son cou s'écrasait sous la force de l'Autre.
Saga, avait-il tenté de prononcer une dernière fois dans un souffle silencieux et les yeux révulsés.
Puis le monstre s'était mis à trembler et Aphrodite s'était effondré sur le sol après qu'il ait enfin lâché sa prise.
Juste à temps.
Toussant plus que raison, il avait pris du temps pour parvenir à se redresser. Lorsqu'il avait de nouveau fait face à cet homme jusqu'alors adulé, il avait pu retrouver tout l'amour et toute la vertu de son regard vert noyé par les larmes et le regret. Aphrodite avait compris. Compris que plus rien ne serait jamais comme avant et que ce secret, partagé par la force du destin, les liait plus que jamais vers un avenir commun. Il lui avait répété ce jour là.
- Moi, quoiqu'il arrive, je ne t'abandonnerai pas.
L'enfant et l'adolescent avaient passé la nuit ensemble, entre soins, confessions et larmes avant que le sommeil n'adoucisse leur douleur.
Alors oui, il est aisé de dire qu'il est le chevalier le plus proche du Pope. Celui qui veille sur son repos, lorsque l'Autre lui permet d'en prendre. Celui qui contrôle ses visites. Au début, il était aussi celui qui le soutenait. Mais au fil du temps, il est devenu celui qui le porte. Rien, de ce que pense Saga ne lui échappe.
Et ce soir, Saga semble avoir un visiteur.
Paraître. Invoquer l'armure, allonger le pli récalcitrant de sa cape, tandis que le cancer soupire et se laisse tomber sur le lit. Il restera là, à l'attendre. Aphrodite s'observe dans le miroir, affiche ce sourire construit de toute pièce, passe ses mains dans ses cheveux par dessus ses épaules pour les remettre en place, ajuste quelques mèches au dessus de ses yeux et sort enfin dans le couloir sacré de son temple pour accueillir l'intrus.
Et cet intrus, ça n'est pas n'importe quel chevalier d'or. C'est précisément celui que Saga ne veut pas voir. Depuis quelques jours déjà, Saga devient comme fou lorsqu'il entend son nom. Aphrodite n'est pas dupe. Il sait parfaitement comment tout cela commencé. Bien entendu, il le conseille, mais Saga refuse de l'écouter.
- Bonsoir Milo.
- Bonsoir Aphrodite. Je dois aller voir le Pope. Tu permets que je traverse ton temple ?
- Non.
Le regard marin du scorpion se voile, à la fois de colère et de déception.
- Je suis désolé Milo, mais le Pope ne désire voir personne ce soir.
Vile mensonge. Mais après tout, cela fait treize ans maintenant que sa vie se résume à mentir. C'est presque devenu facile. Nettement plus en tous cas, que de soutenir le regard du huitième gardien en affichant un calme absolument parfait.
- C'est important Aphrodite, cela fait trois jours durant qu'il ne souhaite pas être dérangé et il me semble pourtant que d'autres ont pu l'approcher ! Je ne lui ai rien fait !
- Il est tard Milo. Ne nous complique pas cette soirée déjà bien morose. Reviens demain...
- Tu me diras la même chose.
Le scorpion serre le poing.
- Non. Je te le promets.
Il s'en était allé, sans vraiment accorder de crédit à cette promesse sur laquelle pourtant Aphrodite s'était intérieurement engagé. Il parviendrait à convaincre Saga.
