Publié le jeudi 13 août 2014

Bonsoir Bonsoir ! Je vous présente le premier chapitre de ma nouvelle fic, Cherche Muse. Elle sera plutôt longue. En théorie, on part sur 1 chapitre par semaine/10 jours.

C'est une séquelle potentielle de ma précédente fic, Les Enchaînés. Cependant, il ne faut pas nécessairement l'avoir lue pour suivre l'histoire qui va suivre.

Résumé succinct des Enchaînés (attention, cela va de soi, SPOILER) : Les Enchaînés se déroule pendant la sixième année de Harry et Draco (1996-1997). En bref, ils pratiquent ensemble des séances d'érotisme, Draco étant le dominant et Harry le dominé. Après moult péripéties, humiliations, délires psychédéliques et étranges, ils finissent par admettre leur attirance l'un pour l'autre et tentent miraculeusement de former un couple.

Résumé de Cherche Muse : Deux ans après la Guerre et HP7, trois ans après les événements des Enchaînés, Harry a du mal à se faire une place dans les mondes sorcier et moldu. Désœuvré, il mène dans son studio une routine solitaire. Cependant, le jour de ses vingt ans, le 31 juillet 2000, une petite annonce publiée dans la Gazette retient toute son attention. Elle dégage quelque chose qu'il n'arrive pas à définir mais qui l'obsède...

« JH cherche Muse. Modalités durant l'entretien d'embauche. Conditions : sait sourire, disponible dès septembre. »

Encore une fois, je répète qu'il n'y a pas de lien "direct" entre les deux fics.

Style/Genre : Je suis fan d'anatomie, de comparaisons chelous, de descriptions précises et très crues et de détails inutiles. J'aime la chair et la folie par dessus tout, mais j'aime beaucoup aussi l'humour pipi-caca idiot. Par contre, j'préfère l'érotisme et les fantasmes au sexe. /o/

Disclaimer : J'emprunte à JK Rowling, sans sa permission, son univers et ses personnages. Je les maltraite, certes, mais je n'en tire aucun profit, mis à part le plaisir d'écrire et celui de lire des reviews :)

Sur ce, bonne lecture. En espérant vous retrouver en bas !


CHERCHE MUSE ou Laisser le temps aux choses

Chapitre 1 : Harry - JH cherche Muse


Cinq minutes qu'il s'acharnait sur ses trois molaires inférieures gauches et il était toujours pas prêt à passer à la canine. Si encore il en avait brossé l'intérieur, l'extérieur et le dessus, okay, on comprendrait pourquoi ça lui prenait tant de temps. Après tout, les dents du fond sont les plus grosses, il faut donc, en théorie, quelques secondes de plus pour les nettoyer.

Mais non, il faisait avec sa brosse à dents des va-et-vient atrocement machinaux, frottant d'abord le côté extérieur de la dent de sagesse, celui d'une molaire puis celui de la deuxième. Et il recommençait.

Son reflet, pourtant, ne montrait pas un jeune homme à l'air hagard, perdu dans ses pensées, ou dont l'esprit serait encore profondément endormi. Ce qu'on voyait dans le miroir, c'était un petit brun au regard vif, parfaitement réveillé et focalisé sur une seule et unique action : se récurer l'intérieur de la bouche avec une telle fougue qu'il en cracherait probablement des étincelles – et du sang – dès qu'il l'ouvrirait.

La majorité des êtres humains ne sont pas pleinement conscients de l'enjeu primordial que joue l'action quotidienne du brossage de dents. Ils le font parce qu'il faut le faire, éventuellement parce qu'ils puent de la gueule, ou qu'ils sont au régime et que le goût du dentifrice, et bien, ça coupe la faim. En clair, la majorité des êtres humains considère le fait de se laver les dents matin-midi-soir comme une corvée fastidieuse, à expédier à toute vitesse – ou si possible même, à éluder.

Harry Potter, lui, savait.

xXx

Ravissant tous les psychologues en devenir qu'étaient ses amis, il leur avait un jour raconté un de ses pires traumatismes infantiles – et Merlin sait que son enfance n'avait pas été des plus sympas – : trois dents cariées ; personne à qui se plaindre.

Il avait fallu plusieurs mois – il n'était pas sûr de combien, car selon lui, c'était plutôt des siècles – pour que la tante Pétunia l'emmène enfin chez le dentiste. Celui-ci, fort à propos, avait diagnostiqué trois magnifiques caries. Il en avait arraché deux, carrément. Harry devait avoir plus de sept ans, car il ne s'agissait pas de dents de lait. Non, c'était bien ses dents définitives qui reposaient dans la coupelle ensanglantée.

Il avait hérité de deux couronnes en métal, les moins coûteuses. Il aurait, bien sûr, préféré qu'elles soient en céramique. Il aurait alors pu les ignorer et faire comme s'il s'agissait de véritables dents, et non pas de greffes inorganiques. Mais la tante Pétunia, qui avait affreusement grimacé quand elle avait du régler la secrétaire, n'aurait jamais envisagé de dépenser un penny de plus pour le gosse.

L'intervention avait laissé le petit Harry apeuré, les ongles enfoncés dans l'inconfortable fauteuil dentaire, de la salive dégoulinant à grands flots sur son pull-over trop grand.

Ses yeux exorbités fixaient la lumière bleue aveuglante de la lampe opératoire, que le dentiste n'avait pas encore éteinte. Il savait qu'elle éclairait l'intégralité de sa bouche, violant l'intimité humide et sombre de sa langue, l'exposant au regard chirurgical, aux doigts de plastique crissant du chirurgien. Il n'avait pas assez de volonté pour la fermer.

Et, incapable de déglutir, il pouvait sentir pourtant, mélangés à sa bave épaisse, le goût du sang et celui d'un produit vaguement citronné.

Depuis ce jour maudit, il ne manquait pas de se brosser furieusement les dents matin, midi et soir. Sa vie en dépendait. Et s'il fallait, pour avoir une dentition nickel sans risque de carie, s'arracher la totalité des muqueuses buccales, il s'en foutait. L'important, c'était pas l'état de ses gencives – qu'est-ce qu'il s'en foutait d'avoir une gingivite ! – mais bien celui de ses trente précieuses quenotes et de ses deux prothèses métalliques.

xXx

Tandis que Harry s'adonnait à sa crise de manie matinale, un hibou s'impatientait devant la fenêtre du salon. Il lâcha un hululement énervé pile au moment où Harry passa à la canine inférieure gauche. C'est qu'il avait un travail à effectuer, par les plumes de Fumseck !

Il fallut attendre une bonne vingtaine de minutes avant que le jeune sorcier ne se décide finalement à extraire la brosse à dents de sa gorge. Il se rinça la bouche avec application, sans se presser, faisant mousser dans ses joues les restes de dentifrice. Puis il recracha l'eau souillée lentement, afin de ne pas éclabousser les verres de ses lunettes. Il conclut son petit rituel par une gorgée d'eau froide, qui lui laissa dans la bouche une étrange sensation de fraîcheur.

Le hibou coursier, comme chaque matin, était sur le point de décider que le sorcier répondant au nom de Harry Potter était définitivement absent, quand ce dernier daigna enfin sortir de la salle de bain. Les jambes du brun se dirigèrent d'elles-même vers la fenêtre. il n'oublia pas de prendre, au passage, une grosse poignée de gourmandises pour hiboux.

Le jour de ses vingt ans, Harry n'avait certainement pas prévu de décéder sous les coups de becs et de griffes impitoyables d'un volatile exaspéré. Ce n'était pas vraiment dans ses plans.

- Tiens, voilà pour toi, dit-il à voix haute, après avoir ouvert la fenêtre.

D'une main, il présenta à l'oiseau les biscuits odorants, captant ainsi toute son attention. De l'autre, il glissa avec précaution quelques pièces dans la bourse accrochée à sa patte. Puis il se saisit prestement de la Gazette, tandis que l'esprit étriqué de l'animal était entièrement occupé par une bien noble activité, au demeurant : bouffer, et avec voracité.

Le jeune homme referma doucement la fenêtre, sans que le hibou ne manifeste pour lui une quelconque forme d'intérêt. Ça avait plutôt été facile, au final.

D'assez bonne humeur, il remplit la bouilloire d'eau du robinet, la mit en marche, ôta la serviette enroulée autour de ses jambes, enfila un caleçon et un bas de pyjama qui, il y a cinq ou six ans, avait certainement été neufs, puis sortit de son appartement.

xXx

Revêtu seulement d'un vieux pantalon en coton, Harry descendit chercher un tout autre journal.

Depuis l'an dernier, était publié dans le Londres moldu un journal gratuit, Metro. Il était destiné à être lu en diagonal, dans les transports en commun. Cependant, sa gratuité lui avait conféré une assez grande popularité pour qu'on le distribue désormais chez les particuliers.

Tous les matins, après s'être douché, brossé les dent, avoir ouvert au hibou postier et mis de l'eau à bouillir, Harry descendait les escaliers étroits de son immeuble pour chercher un exemplaire du tabloïd.

Il avait un jour essayé de soudoyer le jeune livreur – un ado aux cheveux gras, qui conduisait un scooter –, mais ce dernier avait refusé sèchement toute négociation.

Ça s'était plus ou moins passé comme suit :

- Heu, dis-moi tu...

- Bonjour, M'sieur. Déjà, on se vouvoie, okay ?

- Bonjour, désolé, je voulais savoir si...

- Vous voyez pas que je suis en plein travail là ? Qu'est-ce que vous voulez ?

- Si je vous donnais, heu, cinquante pence par jour, vous pourriez déposer un journal devant ma porte ? S'il-vous-plaît ?

- Et pourquoi je ferais ça ?

- Heu... C'est juste que... Bah, laissez tomber.

- Bah voilà, c'est arrangé. Allez, bonne journée, M'sieur.

En un peu plus pire. Le livreur, plus grand et large que lui, lui avait offert un violent coup d'épaule avant de quitter l'immeuble. Il se rappelait sans mal du craquement sinistre qu'avait émis sa clavicule malmenée.

Bref, s'il voulait lire Metro au petit-déjeuner, Harry devait aller s'en chercher un exemplaire sur le meuble des boîtes aux lettres. Le journal ne monterait pas de lui-même, avec ses mini-pattes invisibles.

xXx

Muni de ses deux quotidiens, Harry put enfin commencer à petit-déjeuner.

Comme hier et avant-hier, il avait plongé un sachet de thé vert dans une tasse d'eau bouillante. Déjà, il y avait une petite amélioration par rapport au tout début : il ne faisait plus réchauffer l'eau au micro-onde. En attendant, ce n'était toujours pas le grand luxe.

Pendant que son thé insipide infusait, il grignotait un fond de paquet de céréales, un peu mous, mais pas mauvais.

En fait, le petit-déjeuner de Harry n'était composé de presque rien. Mais, comme il n'avait personne avec qui discuter, n'avait pas la télé ni la motivation pour se plonger dans un livre, il ressentait le besoin de feuilleter ses deux journaux. Ils lui tenaient, comme qui dirait, compagnie. C'était une habitude qu'il avait prise, voilà, et elle le rassurait.

Bien sûr, il ne lisait pas vraiment le contenu de la Gazette et de Metro. L'une et l'autre n'étaient souvent qu'un ramassis de conneries, écrits vraisemblablement par des larves de Trolls sous-doués. Il semblait que le journaliste talentueux était une espèce en voie d'extinction.

Non, il ne l'avouerait jamais, mais, chaque matin, avec une constance presque terrifiante, Harry Potter dévorait les pages consacrées aux petites annonces.

Qu'il y en ait cinq ou cinquante, il les lisait toutes.

Toutefois, il ne s'était jamais demandé pourquoi. C'était une manie qui ne faisait, probablement, de mal à personne. Pourquoi s'en priver ?

Aussi, parcourait-il avec le même enthousiasme – modéré, cela dit – la rubrique des Objets divers à vendre comme celle des Animaux disparus. Néanmoins, on ne peut pas vous cacher qu'il s'intéressait d'avantage à la rubrique Rencontres qui, parfois, le faisait rire aux éclats.

Il s'efforçait souvent de s'en retenir : son rire joyeux faisait un écho plutôt lugubre dans le petit studio.

xXx

Une fois qu'il eut épluché les trois pages d'annonces de Metro, il passa allégrement à celles de la Gazette. Elles étaient autrement plus divertissantes.

Par exemple, il y avait « Mamie Gisèle, vieille sorcière en possession de toute sa tête, recherche un jeune sorcier, 20-30 ans, grand, mince et beau de préférence, avec les sourcils bien tracés, pour égayer ses soirées tristes comme du vomi de crapaud ». Ou encore « Mlle Ensorceleuse, 26 ans, mignonne et mystérieuse brune, rencontre inconnu autour d'un verre. Voire plus, si affinités ». Si le porte-monnaie suivait, oui !

Mais, sans comprendre pourquoi, au beau milieu de sa lecture, Harry buta. Une annonce lui sautait littéralement aux yeux. Non pas qu'elle sortait de l'ordinaire, ni qu'elle l'intéressait particulièrement. Non, c'était quelque chose d'autre. L'annonce était... L'annonce avait...

Il ne savait pas pour quelle raison, mais il ne pouvait pas passer à une autre. Il sentait que celle-ci resterait dans un coin de sa tête, s'il essayait de l'oublier.

« JH cherche Muse. Modalités durant l'entretien d'embauche. Conditions : sait sourire, disponible dès septembre. Contacter la Gazette n°94761 »

Trois petites phrases, même pas. Mais voilà, elles lui trottaient déjà dans la tête, résonnaient dans son crâne, coulaient en dehors de ses oreilles. Il semblait que ça ne s'apaiserait que si Harry comprenait pourquoi cette annonce lui paraissait si extraordinaire.

Il referma la Gazette.

C'était la première fois depuis qu'il habitait ici – presque un an – qu'il n'achevait pas sa lecture de petit-déjeuner.

xXx

Il se mit à murmurer l'annonce doucement, comme s'il s'agissait d'une équation singulièrement retorse, et qui nécessitait la polarisation de toutes ses facultés intellectuelles. Puis il la recopia, à l'endroit, à l'envers, de droite à gauche et de gauche à droite. Il la chantonna, même, mais sans résultat.

Cette... « impression » ne résidait donc pas dans l'annonce elle-même, mais dans autre chose. Mais quoi ?

Il avait exactement le même sentiment que quand il relisait ses cours avant un examen, à l'époque de Poudlard. Une sorte d'étonnement. La plupart du temps, il ne se rappelait absolument pas de leur contenu. Il les découvrait pour la première fois lors de ses révisions de dernière minute et pourtant, c'était bien son écriture, sa main qui avait tracé ces longues phrases brouillonnes sans structure ni sens aucun.

C'était comme relire un livre sans s'en apercevoir.

Mais il était impossible qu'il soit l'auteur de cette annonce et qu'il l'ait oublié... non ?

Harry passa la matinée de ses vingt ans à répéter « JH cherche Muse... », en fronçant ses épais sourcils. Parfois, il se grattait l'oreille, comme si on lui chuchotait la réponse, mais qu'il n'entendait pas.

Il y passa la matinée, puis l'après-midi, aussi. Dès qu'il essayait de se concentrer sur une activité plus intéressante – comme compter les cumulonimbus –, les mots revenaient danser sous ses yeux.

Il était bien parti pour y passer toute la soirée mais, Merlin soit loué, il avait déjà quelque chose de prévu. Un événement qui l'occuperait certainement assez pour qu'il oublie ce maudit Jeune Homme qui cherchait une Muse.

Ce soir, ils se réunissaient tous, pour faire la fête. Enfin tous... ceux qui restaient.

Un peu plus de deux ans étaient passés depuis la Bataille de Poudlard, le 2 mai 1998. Harry avait beau connaître cette date par cœur, il ne s'y faisait pas. Deux ans...

Et voilà qu'il venait d'avoir vingt ans !

Un âge que de nombreuses personnes qu'il connaissait n'atteindraient jamais.

xXx

Pour se changer les idées – ce jour-là n'était pas un jour funeste, mais celui de son anniversaire, sacrebleu – il décida de passer un petit coup de cheminette à Neville, pour confirmer sa venue.

- Harry ! Tout va bien ? Tu passes un bon anniversaire ?

- Joyeux anniversaire à toi aussi, sourit le brun. Et je suis resté toute la journée enfermé, donc j'ai vu mieux... Quoique j'ai vu pire. Tout va bien.

Il songeait à son douzième anniversaire, certainement le pire qu'il ait eu de sa vie. Il n'avait pas de nouvelles de ses amis depuis la fin des cours, il y a un mois, et n'avait évidement reçu aucune carte pour l'occasion. De plus, les Dursley avaient totalement oublié de le lui souhaiter, obnubilés par la venue d'un client totalement random de l'oncle Vernon.

Bien sûr, il ne s'était pas attendu à un miracle, style un demi-géant défonçant la porte, lui annonçant qu'il est riche, célèbre, et pourquoi pas sorcier par dessus le marché, qu'il a une place réservée depuis sa naissance dans la plus prestigieuse école de Magie des UK, et qu'ils partiraient demain explorer une artère commerciale secrète où on vendait, entre autre, des ventricules et des testicules de dragon. Il avait conscience que ce genre de surprise était plutôt exceptionnel.

Mais il ne pensait vraiment pas avoir mérité l'irruption d'une créature anatomiquement improbable, masochiste et un peu tarée sur les bords, qui avait balancé le gâteau de la Tante Pétunia par terre, ce qui lui avait fait risquer l'expulsion du 4 Privet Drive et, bien plus horrible encore, de Poudlard.

- Allez, tu vas t'amuser ce soir, Harry ! On a tous hâte de te revoir, tu sais !

- Ouais, moi aussi. On dit 21H... ?

- Ça marche, à tout-à-l'heure !

Neville avait retiré sa tête de la cheminée en toussant. Il avait involontairement, Harry l'espérait du moins, avalé un joli nuage de cendres. A l'entendre, sa gorge menait une authentique mutinerie contre un si méchant traitement.

Harry ne comptait plus le nombre de fois où il avait essayé, en vain, de convaincre ses amis d'acheter un téléphone. Après tout, c'était plus pratique, moins dangereux et plus confortable. Mais c'était moldu.

Et les sorciers élevés à la sorcière sont du genre têtu, que voulez-vous.

xXx

L'espace d'une demi-heure, le brun oublia l'existence de la mystérieuse annonce, son cerveau étant monopolisé par un questionnement bien plus important : qu'allait-il pouvoir mettre ce soir ?

Il n'y aurait que des anciens de Poudlard. Mais, pour la plupart, cela faisait deux ans qu'il ne les avait pas vus.

Ron, Hermione et Neville seraient là, bien sûr, mais ils étaient les seuls avec qui il avait vraiment gardé contact. Il supposait que Luna, Ginny, Seamus et Dean viendraient, eux aussi. George... Oui, il y avait des chances qu'il soit présent.

Mais tous les autres... Qui participerait à ce double anniversaire ? Y aurait-il des curieux, qui voulaient voir à quoi il ressemblait, ce qu'il devenait après les quelques 720 jours où on ne l'avait que peu vu ?

Bah, il n'avait qu'à faire confiance à Neville. C'était lui qui était à l'origine de cette idée et qui avait organisé cette fête, après tout.

xXx

Après avoir tourné en rond dans son studio pendant une heure encore, Harry décida de partir à l'avance. Il n'en pouvait vraiment plus de voir défiler sous ses yeux les mêmes pauvres meubles qu'il possédait, la même déco douteuse à laquelle il n'avait jamais consacré d'effort et ses mêmes fringues froissées, qui formaient des petits tas colorés éparpillés sur le sol.

Pour un 31 juillet, il faisait plutôt frais. Tandis qu'il se rendait chez Neville, qui habitait à un peu plus de trente minutes de chez lui, il regretta de ne pas avoir pris une veste. Comme il ne faisait pas encore nuit, on voyait distinctement les gros nuages orangés qui se couraient après, là-haut, dans le ciel.

Le temps d'arriver chez son ami, Harry était de nouveau d'humeur maussade. Et le Jeune Homme à la Muse dansait de nouveau le french cancan dans sa tête.

Il ne comprenait vraiment pas ce que cette annonce avait de si déroutant. Le fait est qu'il y pensait sans arrêt.

- Harry ! Comme ça fait plaisir de te voir ! cria Hermione, après lui avoir ouvert la porte.

Elle se jeta ensuite sur lui et l'entraîna dans une longue et douloureuse étreinte, comme pour confirmer ses dires.

Ron lâcha un faux soupir d'exaspération mais lui aussi gratifia leur meilleur ami d'un beau câlin amical et viril.

Enfin, Neville l'accueillit avec un plateau de cocktails magiques explosifs aux couleurs éclatantes.

La soirée s'annonçait plutôt bien. Harry avait eu tort de s'inquiéter.

Il n'avait jamais été chez Neville, aussi fut-il surpris de constater que l'appartement, qui ne devait pas faire plus de 23 ou 24 mètres carré, était bien plus agréable à vivre que le sien. A tort, il s'imaginait que son ancien camarade de dortoir, réputé pour son étourderie et sa grande maladresse, ne serait pas capable d'agencer correctement son logement.

Mais Neville avait changé. Il n'était plus ce petit garçon paumé, toujours à la recherche de son crapaud fugueur. Il avait grandi.

Objectivement, il était même plus beau, plus grand et plus musclé que l'Elu.

Répartis sur le canapé rouge et la moquette grise, un groupe de jeunes discutait bruyamment, tout en sirotant leurs cocktails.

En les voyant, Harry eut un pincement au cœur : cela faisait bien longtemps qu'il s'était pas autant senti chez lui. Il était de retour à la Maison.

xXx

Au fur et à mesure de la soirée, l'appartement se remplissait de visages délicieusement familiers. Harry était surpris : il s'attendait à ce qu'on le sollicite de toutes parts, à ce qu'on le salue avec emphase. Il avait peur qu'on fasse de lui le centre de la fête.

Mais, curieusement, celui qui animait, qui riait le plus fort de tous, à qui on donnait sans cesse des accolades, c'était Neville.

Peut-être que ce dernier avait demandé aux autres de le laisser tranquille. Ou bien peut-être avait-il, au fond, bien plus que Harry, l'étoffe d'un héros. De fait, alors que le brun était porté disparu, durant leur septième année, Neville, lui, avait été là, à Poudlard.

Il avait assuré le rôle de chef de l'Armée de Dumbledore, s'était lié avec Abelforth, avait combattu ouvertement la dictature des Carrow. Pendant tout ce temps, alors qu'on avait besoin de lui à l'école, l'Elu était absent.

Même aujourd'hui, presque personne n'était au courant de la mission qui les avait occupés pendant presque un an. Harry s'était assuré que la possibilité de créer non pas un mais sept Horcruxes reste une information secrète, détenue par un groupe restreint de sorciers. Il ne voulait pas que l'Histoire se répète.

Aussi, n'était-il pas si étonnant que Neville soit, lui aussi, considéré par les anciens élèves comme un vrai leader.

Cela ne dérangeait pas le brun. Il avait toujours rêvé d'être entouré d'amis, certes, mais de ne pas se démarquer. Là, posé dans un coin du canapé, à bavarder insouciamment avec Seamus, il se sentait parfaitement à sa place.

Dean, revenu des toilettes, s'était immédiatement joint à la conversation.

Dean et Seamus entretenaient une relation compliquée, enrobée de secret. En sixième année, ils étaient sortis ensemble. Combien de temps ça avait duré, quand est-ce que ça avait commencé, personne ne le savait.

Puis, durant la septième année, Dean avait été en fuite, son statut de sang ne correspondant apparemment pas avec le nouvel ordre institué par Voldemort. Seamus, lui, était resté à Poudlard. Pourquoi les deux garçons n'avaient-ils pas fui ensemble, alors qu'ils avaient toujours été inséparables, cela aussi était un mystère.

Actuellement, selon Hermione, ils vivaient dans deux appartements séparés, mais se voyaient régulièrement.

xXx

Franchement, tout se passait bien. Même, tout se passait infiniment mieux que ce que Harry espérait, jusqu'à ce que Dean s'écrie, à l'attention de Seamus :

- Hey, jeune homme, m'accorderais-tu une danse ?

« Jeune Homme cherche Muse... »

- Harry, ça va ?

Seamus le regardait bizarrement.

« Jeune Homme cherche Muse... Modalités durant l'entretien... »

- J'entends pas ce qu'il dit ! Est-ce qu'on peut descendre la musique, s'vous-plaît ?

Mais la requête de Dean passa inaperçue. Tout le monde était bien trop occupé à se déhancher furieusement sur une obscure chanson sorcière des années 80.

« Jeune Homme cherche Muse... Modalités durant l'entretien d'embauche... Conditions : sait sourire... »

- Putain, Seamus, mais qu'est-ce qu'il marmonne ?

Les deux amis étaient paniqués. Harry, qu'ils n'avaient pas vu depuis deux ans, semblait en pleine crise. Et cette situation était désagréablement familière.

« Jeune Homme cherche Muse... Modalités durant l'entretien d'embauche... Conditions : sait sourire... disponible dès septembre... Contacter la Gazette numéro... 94761 »

- Je crois qu'il remue seulement les lèvres. J'en suis pas sûr, fit Seamus, en approchant son oreille de la bouche de Harry. Ouais, j'entends rien.

- Si seulement Luna était arrivée ! Elle pourrait sûrement lire sur ses lèvres, elle... se lamentait Dean.

Luna Lovegood avait envoyé son Patronus, pour avertir qu'elle serait en retard. Elle avait décidé de faire un énorme détour par une rue inconnue pour observer les traces de pas d'une créature improbable et unijambiste.

Puis, aussi soudain qu'elle était arrivée, la crise de Harry s'acheva. Il remua légèrement la tête, fronça les sourcils, observa ses mains, comme s'il revenait à lui après un très long sommeil. Son regard n'arrivait pas à se fixer sur un objet ou un visage particulier.

- Harry, ça va ?

- Huhum... Ça va.

Ses deux amis soupirèrent de soulagement. Après s'être assuré qu'il était bien allongé dans le canapé, stipulant qu'il avait besoin de repos, ils partirent danser. Ce n'était pas qu'ils n'en avaient rien à foutre de lui, en temps normal, ils auraient sûrement déjà averti Neville, qui faisait des études de Guérisseur, mais ils avaient bu. Un peu trop pour se faire du souci pour quelqu'un qui avait l'air d'aller mieux.

xXx

Harry se rappelait précisément de ce qui venait d'arriver. Il était parfaitement conscient d'avoir répété la petite annonce, conscient d'avoir paru agir bizarrement. Mais il n'avait pas s'en empêcher. Le Jeune Homme à la Muse commençait sérieusement à l'inquiéter. Était-il victime d'un sort ? Est-ce que lire silencieusement une petite annonce pouvait vraiment l'affecter à ce point ? Était-ce une nouvelle forme de sortilège informulé ? Ou bien est-ce que c'était le journal physique lui-même qui était ensorcelé, ce qui aurait peut-être plus de sens ?

Maintenant que l'annonce était revenu le hanter, il lui était impossible de se consacrer à la fête. Il but verre sur verre, l'esprit occupé à émettre toute sorte d'hypothèses absolument ridicules. Hermione et Ron avaient essayé d'entamer la discussion, sans succès. Il leur avait assuré passer un très bon moment, et pourquoi est-ce qu'ils n'iraient pas danser un peu en amoureux, par là-bas ?

A un moment donné, on avait apporté un immense gâteau, préparé par George. Il fallait s'y attendre : l'énorme pâtisserie explosa quand Hermione essaya de la couper. Tout le monde, l'alcool aidant, s'accorda sur le fait que c'était un gâchis considérable. Ils se mirent tous à ramasser les morceaux de crème éparpillés, à lécher leurs doigts et leurs vêtements. C'était terriblement répugnant, mais Harry aurait été extraordinairement heureux de participer à ce carnage si seulement il n'avait pas en tête un entretien d'embauche débile.

« Condition : sait sourire ». C'était idiot, tout le monde savait sourire !

Il n'imaginait même pas l'entretien d'embauche en lui-même. Sûrement que l'auteur de l'annonce était un gros pervers dégoûtant, amateur de chair tendre et fraîche. Il devait chercher une Muse pour l'inspirer... foutaises ! Pour la baiser, ouais !

Pour une raison inconnue, même de lui-même, Harry commença à s'énerver contre le Jeune Homme. Depuis quand pouvait-on trouver une Muse en publiant une petite annonce, hein ? N'était-ce pas trop facile de faire passer des entretiens pour ça ? Et pourquoi pas envoyer un CV et une lettre de motivation, hein ? Et des photos de face, de dos et de profil ?

xXx

Décidé de se prouver que le Jeune Homme n'était qu'un abruti, Harry alla décoller Seamus du torse de Dean. Il ne fut même pas gêné de les déranger dans un moment d'intimité manifeste. Après tout, ils étaient en plein préliminaires sur la moquette d'un autre, au beau milieu de tous. A ce stade-là, on ne pouvait plus vraiment parler d'intimité.

- Dean! hurla le brun, sans contrôle sur le volume de sa voix.

Seamus leva la tête, mécontent. Sa langue, occupée jusque-là à redessiner tous les angles du torse de Dean, qui semblait en avoir un nombre insoupçonné, rentra sagement dans sa bouche.

- Ça va, Harry ? demanda Dean, avec un sourire.

Il parlait avec la désinvolture de quelqu'un qui n'avait pas la braguette ouverte et le sexe moulé dans un calbute. C'était pourtant le cas.

- Dean, tu fais quoi comme études maintenant ?

- C'est un secret, murmura le Black.

- Bon, je m'en fous en fait, répliqua Harry avec colère, sans comprendre pourquoi.

Il était contrarié.

- Dis moi simplement, tu t'y connais en Art, non ?

Il se souvenait que Dean, quand il ne dormait pas en cours, gribouillait souvent sur ses parchemins. Il avait même réalisé quelques portraits pour ses différentes petites amies. Seamus disait toujours qu'ils étaient mal réussis, et que, de toute façon, les modèles étaient moches.

- Et bien, je dessine, mais bon...

Ça suffisait pour Harry.

- Alors dis-moi, qu'est-ce que c'est qu'une Muse ? Une définition concise, si possible.

Seamus les dévisageait. Pourquoi est-ce qu'on parlait de Muse alors que lui, ce qu'il voulait de Dean c'est qu'ils... s'amusent ?

- Et bien, ça dépend. Dans la mythologie grecque, les Muses sont neuf des filles de Zeus. Tu sais que ce type en a eu un paquet, de gamins. On pense parfois qu'elles correspondent aux neuf Arts moldus, mais c'est absurde. Peu de chance que les Grecs connaissaient la photo ou le cinéma... Elles ont toutes des fonctions et des attributs distincts mais là, je peux pas vraiment te renseigner, expliqua Dean, tout en caressant la joue de Seamus.

- Mais quand on dit une muse... Genre « elle, c'est ma muse », insista Harry.

Il trouvait son exemple terriblement idiot, mais il avait le mérite d'être clair.

- Et bien... c'est tout simplement une personne inspiratrice. Pour les poètes, c'est souvent une femme aimée, insaisissable. Elle fait le lien entre les dieux et le poète. Enfin, voilà quoi. Pourquoi cet intérêt soudain, et pourquoi maintenant ? demanda le Black, amusé, en désignant sa position indécente.

Harry s'excusa et les laissa à leurs petites affaires. Il alla s'accouder à une fenêtre, perdu.

Il était maintenant persuadé que le Jeune Homme n'était pas un artiste. Un artiste ne trouve pas de femme inspiratrice en publiant des annonces dans les journaux. Surtout dans un journal aussi peu intéressant que la Gazette. Si encore il avait publié dans Des Sorciers et des Arts ou bien dans Passion Photo, pourquoi pas. Il aurait en tout cas été un chouïa plus crédible.

Mais en ce cas, Harry n'aurait jamais eu connaissance de cette annonce. Peut-être que c'aurait été une meilleure chose, finalement. Le jour de son anniversaire, il ne serait pas en train de se torturer l'esprit à propos d'un prétendu Jeune Homme. En vérité : un imposteur.

xXx

Par un miracle auquel la magie n'était sûrement pas étrangère, tous les invités réussirent à dormir plus ou moins confortablement dans le studio de Neville. Bon, certes, Ginny dormait assise dans un coin, son cou formant un angle bizarre ; Denis Crivey, en chien-de-fusil sous la table basse et Luna s'était endormie dans les airs, après s'être lancée un sort de lévitation.

Mais bon, personne n'était vraiment mal installé, et même si quelqu'un l'avait été, c'aurait été le dernier de ses soucis : après tout, ils n'avaient que vingt ans. Vingt ans était un âge auquel on s'en battait les steaks d'avoir des courbatures, le bras totalement engourdi et la colonne vertébrale déglinguée.

xXx

Le lendemain matin, un petit bruit sec et répétitif réveilla Harry. Il devait être neuf heures, à tout casser, ce qui signifiait qu'il n'en avait dormi que trois. Cela prit plus de cinq minutes pour qu'il arrive à décoller ses paupières les unes des autres. Elles avaient visiblement décidé de se faire l'amour sans repos et surtout, sans son accord.

Il ouvrit lentement les yeux. Même s'il s'était endormi les lunettes sur le nez, il y voyait mal. Il avait surtout affreusement mal au crâne. Et la branche gauche lui martyrisait littéralement l'oreille. Elle avait du se tordre pendant la nuit.

Il se releva comme si son bras droit pesait six tonnes et que l'autre faisait celui d'une plume. Tout tanguait autour de lui. Pourtant, il se dirigea résolument vers la source de nuisance sonore, ayant vaguement dans l'idée de rétablir le silence pour pouvoir de nouveau s'écrouler par terre.

C'était un hibou. Un hibou furieux.

Le brun n'avait aucune envie de déterminer si Neville possédait du Miam Hibou, qui permettrait de calmer la bête. C'était trop demander à son esprit malade. Il ouvrit donc la fenêtre,puis se rendit compte qu'il n'avait ni bouffe ni argent à lui donner.

L'oiseau, sans surprise, l'attaqua, hululant d'indignation. Ses serres lui griffaient les bras, son bec lui arrachait des cheveux, et ses ailes s'abattaient sur ses épaules, menaçant de lui faire perdre son équilibre, déjà fortement compromis.

Le journal était tombé au sol, ouvert, et ses pages voletaient à chaque mouvement d'ailes.

Harry allait décéder sous les coups de becs et de griffes impitoyables d'un volatile exaspéré. Ce n'était pas vraiment dans ses plans, mais il n'avait pas la force et la motivation pour lutter.

Alors qu'il allait dire un dernier mot insensé, comme « Adieu, ce fut un beau voyage », Neville vola à son secours.

- Oust ! Allez, oust ! Bon tiens, prends ça, si tu veux.

Le jeune homme tendit un gros biscuit si pâteux au hibou qu'il lui cella le bec. Il mit ensuite cinq noises dans la petite bourse à sa patte, et referma rapidement la fenêtre.

- Harry, holala, tu n'as pas l'air très frais.

Celui-ci s'abstint de répondre, n'étant pas encore sûr de l'état de sa voix.

- Tu veux un café ? Un thé ?

Le brun fit lentement non de la tête, ce qui lui valut un mal de cou considérable. Neville lui conseilla alors de retourner se terrer dans un coin pour finir sa nuit.

xXx

Il fallait absolument qu'il mange, même si cette seule idée lui donnait envie de dégueuler tout ce qu'il avait ingurgité depuis sa naissance. Mais s'il ne déjeunait pas, il resterait dans le même état léthargique jusqu'à que la nuit retombe.

Harry avait pris congé de ses amis un peu après midi. Il avait essayé de transplaner jusqu'à chez lui, sans succès. Dès que la sensation d'étouffement le prenait, il se sentait prêt à répandre ses abats pestilentiels sur le trottoir.

Il avait éliminé le bus, le taxi et tout moyen de transport qui provoquait un léger ballottement. Son cœur ne tiendrait pas.

La seule façon de rentrer chez lui avec l'intégralité de ses organes sagement à l'intérieur de son corps restait donc la marche. Ça avait été fastidieux, mais il y était arrivé.

Voilà trois heures qu'il était rentré, et il n'avait rien fait. Il avait voulu prendre une douche mais son corps refusait de se lever, protestant à grands craquements. Être affalé façon larve sur son clic-clac lui allait très bien, merci.

En plus, sa fenêtre était décorée de fientes. Ce matin, le hibou de la Gazette avait du attendre devant durant un bon moment, pensant que, comme chaque jour, Harry prenait son temps pour lui ouvrir. Quand il avait compris que le lecteur n'était pas là et qu'il avait donc patienté pour rien, il avait du lui laisser ce charmant petit cadeau. Comme pour lui rappeler que la prochaine fois, ça serait pire.

Harry savait bien qu'il lui suffisait d'un coup de baguette pour faire disparaître la bouillie blanchâtre. Mais il lui aurait fallu tenir fermement sa baguette et parler intelligiblement, ce dont il était actuellement incapable.

Bref. C'était le premier jour depuis qu'il habitait dans ce studio qu'il n'avait pas en sa possession la Gazette du jour.

Heureusement, il avait pensé à récupérer un exemplaire de Metro, dans le hall de son immeuble. Au moins pourrait-il lire les annonces moldues du jour.

xXx

Ce n'est qu'à neuf heures du soir, alors que Harry s'était enfin décidé à manger un morceau en parcourant les annonces de Metro, enfoncé dans son clic-clac, que le Jeune Homme à la Muse se rappela à lui.

Et pour cause : phrase pour phrase, mot pour mot, caractère pour caractère, l'annonce qui l'avait obsédé la veille s'étalait sous ses yeux, dans Metro, un journal moldu.

« Jeune Homme cherche Muse. Modalités durant l'entretien d'embauche. Conditions : sait sourire, disponible dès septembre. Écrire au Metro n°579 »

C'était juste ça, « l'impression étrange » que l'annonce dégageait. Une simple impression de déjà-lu.

Hier, comme d'habitude, il avait commencé par les petites annonces de Metro. Puis il avait lu celles de la Gazette. L'annonce, à la première lecture, ne l'avait pas marqué. Il en lisait tant, tous les jours... Elle était brève, ne comportait aucun élément burlesque, contrairement à la majorité de ses voisines.

Mais quand il l'avait lue pour la seconde fois, dans la Gazette, normal qu'elle l'ait interpellé !

L'auteur de l'annonce, le mystérieux Jeune Homme, avait juste publié la même annonce dans deux journaux : un sorcier, un moldu.

Harry devait vérifier quelque chose, avant de continuer à spéculer.

xXx

Il passa un coup de cheminette à Neville.

- Salut Harry ! Heureux de voir que tu es capable d'utiliser ta voix, maintenant !

- Salut Neville. Je voulais te remercier pour... pour tout, la soirée, vous revoir, c'était vraiment sympa. J'espère aussi que tes cadeaux t'ont plu.

Neville en avait reçu une montagne, la veille. Harry en avait eu aussi, mais beaucoup moins que son ami. Il semblait que les invités n'étaient pas tous au courant de sa venue, ni même qu'il était né le même jour que Neville.

Sincèrement, Harry s'en foutait. C'était tant mieux. Ceux qui lui avaient offert un cadeau étaient les seuls qu'il comptait comme ses véritables amis. Les seuls sûrement à qui il offrirait lui aussi quelque chose, pour leurs anniversaires respectifs.

- Oui, franchement. Merci pour ton arbre de poche. Je ne sais pas où tu l'as eu mais... Wouah !

Harry sourit.

Il y a un an, il avait ramené un arbre miniature d'un pays lointain. Il songeait déjà à l'offrir à Neville, dès que l'occasion se présenterait. C'était en 1998-1999, une année qu'il avait passée à errer ça et là. Il ne voulait plus y penser.

- Je voulais te demander... dis-moi, tu as la Gazette qu'on a reçu ce matin sous la main ?

Neville lui dit d'attendre une minute. Des bruits sourds, des éclats de voix, il semblait que l'appartement de l'ancien Gryffondor hébergeait encore des convives qui avaient du mal à décoller.

- Arf, j'en ai trouvé un bout, mais l'autre a disparu. Je crois qu'Ernie s'en est servi comme couverture ce matin, grimaça Neville.

- Ça te dérangerait de m'envoyer ce qu'il te reste ? Je veux vérifier quelque chose.

De suite, le visage de Neville se crispa, alerté.

- Il se passe un truc dont tu peux pas parler ? J'ai feuilleté la Gazette et j'ai rien vu de spécial mais... Harry, si tu sais un truc important...

- Non, non, je t'assure, c'est rien. C'est... c'est pour une petite annonce.

- Ouf, rien de grave, alors. Tiens, attrape.

Il balança le journal déchiré dans l'âtre. Harry s'était un peu brûlé et le journal avait noirci au passage, mais sinon, il était tout-à-fait lisible.

- Et bien... merci Neville. Bon, à la prochaine !

C'est seulement en coupant la communication qu'il se rendit compte que, dans la précipitation, il avait oublié de remercier Neville pour son cadeau.

Pourtant, c'était vraiment un très bel objet. Un étui à lunettes en bois incassable.

L'exemplaire du journal ne contenait plus qu'une seule page de petites annonces. Les autres avaient été arrachées. Fébrilement, le brun les parcourut toutes en diagonal, à la recherche de...

Elle était bien là !

« JH cherche Muse. Modalités durant l'entretien d'embauche. Conditions : sait sourire, disponible dès septembre. Contacter la Gazette n°94762 »

xXx

Le Jeune Homme à la Muse allait-il continuer à publier son annonce tous les jours dans différents journaux, jusqu'à trouver l'inspiratrice parfaite ? Si c'était le cas, cela signifiait que Harry ne pourrait plus jamais petit-déjeuner tranquille.

Il lui faudrait trouver un autre journal, s'il souhaitait continuer à lire les petites annonces le matin. Mais le pire serait que le Jeune Homme publie aussi dans d'autres périodiques.

Dès que cette pensée passa dans son esprit, elle ne le quitta plus. Le Jeune Homme était-il si désespéré qu'il publiait dans de nombreux tabloïds, jour après jour, la même annonce ?

Il était 22H, bien trop tard pour trouver un quelconque bureau de presse ouvert.

Il lui faudrait attendre le lendemain matin pour vérifier.

Cette nuit-là, la nuit de ses vingt ans et un jour, Harry ne trouva pas le sommeil. La petite annonce se récitait dans sa tête, de moins en moins claire, les mots se mélangeant les uns les autres jusqu'à former une longue formule sans sens.


Voilà ! J'espère sincèrement que ce début vous a plu/intrigué.

Et si tu as une quelconque remarque, un petit mot à me dire ou bien envie de partager tes impressions, je t'en prie, fais toi plaisir, écris une review :)

En attendant, RDV dans une semaine pour la suite... POV Draco... Qui est encore plus monomaniaque que Harry hihi