IMPORTANT : Si vous arrivez sans avoir prêté attention au résumé, ceci est la suite du Sigil du Frappeur, lui-même la suite du Feu des Coupes. Si vous arrivez en cours de route, il va vous manquer beaucoup, beaucoup d'informations...
Disclaimer officiel : Non. Toujours pas, malgré mes souhaits les plus ardents, je ne possède aucun droit sur Harry Potter et son univers. Ah si, un seul, celui de profiter, sans gain pécunier, d'essayer de vous faire plaisir avec cette histoire.
Et je réalise après coup que j'ai oublié également ceci : Le nom de cette histoire est un emprunt à l'un des arcs majeurs des X-men, Messiah complex, mais rassurez-vous (ou peut-être pas ?), il n'y a aucun cross-over, ni de lien avec la trame scénaristique.
Disclaimer personnel : Vous aurez peut-être noté, ou pas, que le rating passe à M. Je détaillerais plus bas pour ceux qui le souhaitent pourquoi, mais en version courte, pas (vraiment) de lemon et (beaucoup) plus de violence et de langage moins… courtois.
Chapitre 1 – Prologue : Les princesses, les poupées, et la couleur verte
Mi-Juillet 1996
Daphné ouvrit la fenêtre de sa chambre et fut rapidement assaillie par une vague de chaleur écrasante. Dans sa main, la poupée lui semblait bouillir et rendait ses doigts moites. Mais pour une fois, elle s'en réjouit. Cet été devenait intenable.
D'abord, sa petite sœur n'en faisait plus qu'à sa tête. Astoria entrerait bientôt en quatrième année, et commençait à devenir insupportable. Voler (« Emprunter » comme Astoria se plaisait désagréablement à rectifier) des vêtements à sa sœur, répondre à leurs parents, refuser de discuter entre sœurs comme avant. Daphné poussa un soupir, son adorable petite sœur chérie entrait dans l'âge bête, et si une part d'elle-même avait conscience d'avoir été ainsi plus jeune, elle n'arrivait pour l'instant pas à accepter cela aussi facilement.
Le monde sorcier partait complètement à vau-l'eau. Le nouveau ministre s'appliquait à reprendre en main le combat contre Vous-savez-qui, mais l'exercice était compliqué. Les sorciers doutaient, et avaient peur. Et les gens inquiets devenaient stupides.
Et puis il y avait ses parents. Enfin, surtout son père. Il était toujours le même, aimant et protecteur, mais Daphné sentait qu'il n'était pas à l'aise, sous pression. Surement des soucis politiques, avec le nouveau ministre. Voire avec les Mangemorts.
« Daphné ! Ferme la fenêtre, tu vas faire rentrer la chaleur ! »
Elle sursauta, elle n'avait pas entendu sa mère entrer dans sa chambre. A contre-cœur, elle obéit. Après tout, c'était précisément pour laisser entrer la chaleur que Daphné avait ouvert la fenêtre en ce chaud mois d'été.
« Ton père ne devrait plus tarder, ton amie sera bientôt là. » Daphné perçut un petit quelque chose dans sa voix, comme une désapprobation. Un reproche insidieux qui émergeait de plus en plus depuis le début des vacances. Elle n'osait pas lui demander, de peur de voir ses pires doutes confirmés.
- Merci Maman, je finis de ranger ma chambre.
- Très bien. Je retourne voir ta sœur avant qu'elle n'envoie encore une commande par hibou ou Merlin-sait-quoi ! » Monica Greengrass haussa ostensiblement les yeux au ciel. Même si Daphné n'était pas toujours sur la même longueur d'onde que sa mère, toutes deux partageaient une certaine exaspération devant les crises d'adolescente d'Astoria.
Avec une certaine ironie, elle finit par remettre Miranda la poupée à sa place. Ha, Miranda. La dernière fois que Daphné avait joué avec Miranda, c'était juste avant d'entrer à Poudlard. Les doutes que Daphné éprouvaient envers sa mère dataient de cette époque, mais cela, elle ne le réalisa que bien plus tard. Cela avait été une époque à la fois terrible, mais formidable.
Daphné n'arrivait toujours pas à dormir. Demain, dans quelques heures maintenant, elle entrerait à Poudlard. Daphné était grande maintenant, comme elle se plaisait à le dire à la petite Astoria. Elle avait eu onze cet été, et bientôt, elle serait une puissante et belle sorcière ! Une jolie baguette l'avait choisie, en bois de noyer noir et crin de licorne, 23.5 cm. Elle sentait que, toutes les deux, elles allaient faire de grandes choses.
Et pourtant, malgré ses bravades, Daphné avait peur. Et si Poudlard pensait qu'elle était nulle ? Si elle ne s'y faisait pas de nouveaux amis ? Si les autres élèves étaient méchants ? Roger était devenu prétentieux depuis qu'il était à Poudlard, mais de toute façon, Roger était un garçon et les garçons, ils étaient tous bêtes ! Il y aurait Pansy, bien sûr, mais Pansy n'était plus vraiment sa meilleure amie. Pansy préférait Millicent, maintenant. Et si Blaise était à peu près gentil avec elle, il restait un garçon.
Donc, bête.
Au moins, il y aurait Ernie avec elle ! Oui, d'accord, Ernie était un garçon aussi. Mais ce n'était pas du tout pareil, Ernie était son meilleur ami depuis toujours ! Ils avaient fait les quatre cents coups sur le chemin de Traverse, pendant que leurs pères respectifs vaquaient à leurs magasins. Bon, bien sûr, de temps en temps, Ernie agissait comme un garçon. Surtout quand il y avait Blaise qui était là. Et puis, de plus en plus, Ernie agissait bizarrement avec elle. Il la regardait de façon étrange, et ça la mettait mal à l'aise. Peut-être qu'il en avait assez de faire l'intelligent et qu'il préférait faire l'idiot comme les autres garçons ? Ce serait vraiment dommage. En plus à Poudlard, il y aurait pleins de garçons bêtes pour entraîner Blaise et Ernie à être bêtes ! Comment allait-elle faire ?
Toutes ces questions tournaient dans la tête de Daphné, et du coup, elle s'était levée pour aller chercher un verre d'eau, ou de lait. Elle aurait bien demandé à Bilor, mais l'elfe l'aurait surement dit à Maman et Papa, et elle ne voulait pas les décevoir en montrant qu'elle avait peur. Bien sûr, Papa et Maman avaient dû s'en rendre compte quand même. La façon dont tous deux avaient cherché à la rassurer sur Poudlard lui laissait se demander si elle ne s'était pas trahie. Maman avait parlé de la bibliothèque, des cours, des professeurs, et Papa avait décrit en détails sa salle commune, le parc et le stade de Quidditch. Et cela avait motivé Daphné. Elle irait à Serpentard, comme Papa. Bizarrement, ça n'avait pas eu l'air de faire forcément plaisir à Papa, qui avait insisté pour dire qu'elle irait là où elle se sentirait le mieux.
Voilà pourquoi elle avançait silencieusement dans le couloir, essayant de ne pas se faire remarquer. Mais un bruit étrange la fit se figer. Ce n'était pas possible ?
Daphné descendit prudemment les marches. En dessous d'elle, Papa pleurait. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Papa pleurer. La première fois, c'était quand Papa l'avait amené pour la première fois devant la tombe de Papy et Mamy. Daphné n'avait que cinq ans à l'époque, et elle ne les avait pas connus, ils étaient morts pendant la Grande Guerre. Tout ce qu'elle avait vu, c'était que Papa pleurait, et elle ne comprenait pas. Papa ne pleurait jamais, il était Papa. Mais il lui avait expliqué que ses grand-parents à elle, c'était les parents de Papa à lui. Et qu'ils étaient morts. Daphné avait fini par réaliser 'que c'était, pour Papa, comme si pour elle, Papa et Maman n'étaient plus là. Plus jamais. Ce jour-là, du haut de ses cinq ans, elle avait compris. Elle avait compris la mort, l'absence perpétuelle. Et elle avait compris la tristesse de Papa.
En silence, elle écouta ce soir-là, pour comprendre pourquoi Papa était triste. Elle écouta, et plus Papa et Maman parlaient, plus Daphné serra Miranda contre elle. Puis, au bout d'un moment, terrifiée, elle remonta à pas de loup et se réfugia dans son lit.
Elle était encore trop jeune pour saisir réellement ce qu'ils avaient fait à la jeune fille, Judith, mais Daphné avait compris que c'était mal. Vraiment, vraiment très mal.
Mais, cachée sous sa couette, Miranda dans ses bras, Daphné décida que Papa avait tort. Elle avait toujours adoré son père, elle le préférait à sa mère, même, mais cette fois, Daphné décida que non, Papa avait tort. Elle irait à Serpentard, et elle lui montrerait qu'il se trompait, même sur le professeur Borgue. Borgne ? Rauque ? … Le directeur de Serpentard, quoi.
« Greengrass, Daphné ! »
Ha ben enfin, ce n'était pas trop tôt. La jeune fille juste avant elle était restée au moins mille ans avec le Choipeau, tout ça pour être répartie à Gryffondor et trottiner vers le banc rouge et or avec son épaisse tignasse marron qui bougeait dans tous les sens et un sourire éclatant avec des dents, très blanches, certes, mais des dents de lapin quand même. Cela valait-il vraiment la peine de retarder tout le monde juste pour rejoindre les imbéciles, courageux certes, mais sans cervelle de Gryffondor ? Enfin, maintenant, c'était son heure de gloire à Elle ! Daphné s'avançait avec grâce jusqu'à la table des professeurs. Du moins était-ce ce qu'elle pensait faire, et se coiffa du vieil artefact.
« Hum hum…. Oh, surprenant. Décidément, cette année, on dirait que je ne vais avoir que des cas compliqués ! »
Comment ça ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ce Choixpeau ? Son cas était très simple !
« Je veux dire, jeune fille, que tu vas être encore pire que ta prédécesseure à trier ! » Ha ben bien, marmonna Daphné. « Enfin, voyons voir. Hum… Très futée pour une jeune fille, tu as une grande connaissance et une soif de savoir. »
Ça, ça c'était pas mal. Ça voulait dire Serdaigle, et Serdaigle, c'était comme Maman. Ok, ce n'était pas Serpentard, mais ce n'était pas mal déjà.
« Pas si vite. Puisque tu en parles, je vois beaucoup de ruse et de malice. Et… Oh oui, un caractère bien trempé. » Daphné commença presque à lever les mains vers le Choixpeau pour l'enlever, pratiquement assurée d'aller à Serpentard, comme Papa. Et pour le reste Papa avait surement tort. C'était vrai, peut-être avant, mais Papa était vieux, et l'école avait surement beaucoup changée depuis ! Mais son enthousiasme fut très vite douché. « Mais ce n'est pas ce qui te définit le plus. Non, tu es une denrée rare, jeune fille. Je pourrais sans peine t'envoyer à Serdaigle, tu n'y serais pas trop mal. Serpentard serait encore mieux pour toi, mais je vois mieux. Beaucoup. Beaucoup de courage ! Et une loyauté sans faille surtout. Ceux que tu aimes, tu feras n'importe quoi pour eux. »
Hola ! Hé, Stop maudit Choixpeau. Du courage ? Non, mais ça, ça voulait dire chez les Gryffondors, et même les filles agissaient bêtement comme des garçons chez eux ! Et de la loyauté ? Poufsouffle, vraiment ?
« Hé bien, oui jeune fille. Tu as toutes les qualités requises, crois-moi. Il en est ainsi, ce sera..
- NON ! Hurla-t-elle dans sa tête
- Non ? Et quoi alors ? »
Serpentard ! Comme Papa, pensa-t-elle le plus fort au possible. Ou, vraiment à la limite, Serdaigle, comme Maman.
« Si c'est vraiment ce que tu veux, je n'ai hélas pas le choix. Je vais t'envoyer là-bas, mais crois-moi, tu as tout d'une parfaite Poufsouffle jeune fille. Enfin, espérons que j'aurais le dernier mot avec tes petits camarades au moins.
« SERPENTARD ! » Il fallut quelques secondes à Daphné pour réaliser que cette fois, le Choixpeau avait tonné à voix haute. Heureuse et soulagée, elle rendit le vieux chapeau à McGonagall, en toisant le morceau de tissu. Voilà, bien fait pour toi, vieux machin. Tu as tort, je suis une Serpentarde, pas une Poufsouffle. Et maintenant, je vais prouver à Papa qu'il a tort, lui-aussi. Elle s'éloigna avec soulagement, ignorant que le Choixpeau était tout autant soulagé d'être débarrassé d'elle, croyant avoir réglé le cas des élèves compliqués pour l'année. L'ironie de l'Histoire, c'était que tous deux ne pourraient avoir plus tort.
En effet, le Choixpeau, après avoir mis une Serdaigle à Gryffondor et une Poufsouffle à Serpentard, allait devoir négocier pour empêcher un Poufsouffle d'aller à Serpentard, puis il discuterait encore longtemps pour forcer un Gryffondor qui voulait être Poufsouffle à aller à Gryffondor, et il finirait par placer un Serpentard à Gryffondor.
En effet, Daphné, quelques secondes plus tard, après s'être assise à la table vert-et-argent, allait réaliser que non, Papa avait raison d'avoir eu peur. Et en cherchant, et trouvant très vite, une solution à ce grave problème, elle allait finalement démontrer au Choixpeau que, oui, elle était la plus exemplaire et la plus digne des Poufsouffles !
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Début Juillet 1996
Daniel Granger s'avança cahin-caha sur ses béquilles. Cela faisait déjà une semaine qu'il était plâtré. La faute à pas de chance ! Il avait glissé sur un bout de trottoir tout trempé, en pleine canicule, devant leur cabinet, en cherchant à rattraper le temps perdu avec son dernier client. Daniel Granger s'estimait heureux, cependant, puisque dans sa chute, il avait manqué de peu de finir sous les roues d'un bus qui passait au même moment.
Il posa les béquilles contre le plan de travail de la cuisine, se passa la main sur le front, détrempé par cette chaleur étouffante, et commença la vaisselle pendant que sa femme et sa fille étaient en haut, pour la séance de baume médical indispensable.
Maudite magie, ragea Dan. Sa fille était encore revenue grièvement blessée de son école de magie. Une histoire abracadantesque, d'après ce qu'en avaient dit les professeurs de l'école et le représentant de leur ministère, venu avec le directeur de l'école et la directrice de la maison d'Hermione.
Si Emma et Daniel avaient bien tous les éléments (ce qui restait encore à vérifier vu que leur fille leur avait caché une grande partie des aventures qu'elle avait vécues ces dernières années), et bien tout compris, Hermione s'était retrouvée, en compagnie de ses amis, à suivre Potter pour venir en aide à un repris de justesse capturé par des terroristes ! Sept enfants, entre quatorze et quinze ans, qui entraient par effraction dans l'un des lieux les plus protégés de leur monde, leur équivalent du 10, Downing Street, pour mener ce que l'officier instructeur de Daniel pendant son bref séjour à l'armée aurait qualifié d'opération commando suicide contre une bande de fous furieux adultes !
Une idée de Potter, avait fini par avouer Hermione devant l'insistance de ses parents, mais, avait-elle aussitôt ajouté, « le plan d'Harry était le meilleur possible, compte tenu de ce que l'on savait ! » Bien sûr ! Envoyer six camarades à lui au-devant d'une mort quasiment certaine, le meilleur plan possible !
Après avoir été hospitalisée à Sainte Mangouste, Hermione leur était revenue avec seulement quelques jours de retard. Largement à temps, théoriquement, pour pouvoir partir en France comme Emma et lui l'avaient prévu. Malheureusement, les médecins - enfin, les médicomages comme ils appelaient l'équivalent de leurs médecins dans cet autre monde - avaient été catégoriques. Pas de soleil sur la plaie béante qui barrait le dos de sa fille !
Exposer sa fille à une blessure de ce genre, dont elle avait manqué de mourir sans la réactivité de sa camarade Eloïse et des adulte venus (enfin !) à la rescousse de la bande d'inconscients, le meilleur plan possible ! Qu'est ce qui pouvait bien passer dans la tête de sa fille pour proférer des idioties pareilles ? Oui, bon, rumina-t-il, il se doutait bien de ce qui se passait. Hélas.
Bref, entre la cicatrice énorme dans le dos d'Hermione et sa jambe cassée un jour où il voulait se dépêcher de visiter sa fille à Sainte Mangouste, il avait finalement été décidé d'annuler les vacances sur la Côte d'Azur.
Heureusement, sa fille avait pris sa blessure plutôt bien. Elle avait beaucoup échangé avec ses amis de l'école, surtout avec Ronald, à tel point que sa femme avait fini un jour par poser des questions, l'air de rien. Mais manifestement, Ron n'était qu'un ami, et d'ailleurs, il avait déjà une petite-amie, qui plus est l'une des meilleures amies d'Hermione. Rien de moins que celle grâce à qui Hermione devait la vie. Dan n'avait pu s'empêcher d'en être soulagé, même si finalement, il aurait préféré savoir sa fille avoir le béguin pour ce Ronald. Car il y avait eu beaucoup de courrier également, pour l'autre ami. Et sa chouette blanche avait été vue à plusieurs reprises, notamment ces derniers jours. Pas plus tard qu'hier d'ailleurs. Heureusement, aujourd'hui, il n'y avait pas eu de chouette blanche, et Hermione avait de toute façon passée une partie de l'après-midi chez Ronald, après avoir été téléportée là-bas par l'un des frères aînés du jeune homme. L'un des jumeaux, George ou Frédéric, Dan ne cherchait même pas à faire la différence. D'après sa fille, à part leur mère, peu de monde y arrivait.
Daniel attaquait de finir d'essuyer les verres quand des bruits de pas dans l'escalier l'alertèrent. A la démarche, on aurait dit sa femme lors d'un mauvais jour. Il en eut la confirmation dès qu'Emma entra dans la cuisine.
« Ta fille veut qu'on discute d'une idée à elle tout-à-l 'heure. » Elle avait le visage neutre, inexpressif, mais c'était sans importance. Hermione n'était « ta fille » que lorsqu'Emma se disputait avec sa petite princesse.
Daniel finit tranquillement le dernier verre et le reposa sur le plan de travail, puis pivota sur son pied valide en prenant garde à ne pas cogner son plâtre sur le meuble.
« Et on peut savoir à quel sujet ? » Il y eut une expression de réel dégoût qui inquiéta Dan.
- J'ai évoqué l'idée de la retirer de Poudlard. » Dan retint un soupir de désespoir. Emma était très perturbée par la blessure d'Hermione. Lui-aussi bien sûr, mais par chance, il arrivait à le cacher un peu mieux. Il aurait vraiment préféré que cette discussion commence avec lui. « Et elle a refusé, tout net. Pire, elle a fait une contre-proposition ! »
Dan était intrigué maintenant. Emma refusa de lui dire ce que c'était, mais « Tu ne vas pas aimer. Crois-moi. »
Avec un petit sourire incrédule, Dan proposa de jouer à Good Cop - Bad Cop. Il réussit à arracher un petit sourire à sa femme, qui l'envoya attendre dans le salon en lui reprochant de regarder trop de films, pendant qu'elle préparerait et amènerait la théière.
La bouilloire avait eu le temps de siffler, et le thé d'infuser avant qu'Hermione ne daigne descendre les escaliers. Elle arriva avec quelques papiers en main. Des parchemins également, signe que quoi que sa fille ait proposée à sa mère, cela concernait l'autre monde. Elle s'assit à table et prit en silence la tasse qu'Emma lui tendit. Le silence régna un temps, avant que Dan ne décide de mettre les pieds dans le plat.
« Alors, ta mère m'a dit que tu voulais discuter de quelque chose ? »
Hermione finit sa tasse, et affecta de prendre un air nonchalant.
« Oui, comme on ne peut aller en vacances en France à cause de ta jambe…
- Et de ton dos, coupa, impitoyable, Emma en faisant grimacer Hermione.
- Oui, aussi. Je me disais que du coup, je pouvais peut-être demander à une amie, ou peut-être un ami, de venir passer quelques semaines ici ? Non ? »
Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour percuter. Hermione était aussi douée pour mentir que lui pour la magie. Une amie, ou peut-être UN ami ? Allons donc, à qui cherchait-elle à faire croire ça ? Entre cela, la présence depuis deux jours de la chouette blanche et la réaction épidermique de sa femme, le secret autour du nom de la, ou plus vraisemblablement du, futur invité(e) ne leurrait personne. Dan lança un bref regard à sa femme et il pouvait presque l'entendre ricaner amèrement « Je t'avais dit que tu n'aimerais pas. A toi de jouer, Good cop ! » Bien, il avait voulu prendre cela avec légèreté, à lui de payer.
Dan finit sa gorgée de thé, s'essuya les lèvres avec sa serviette et prit une profonde respiration. Ma fille, se dit-il, on te connaît comme si on t'avait fait, et tu vas voir ce que c'est que d'essayer de nous mentir et nous manipuler.
- Ma foi, Hermione, pourquoi pas. »
Il vit Emma plisser très légèrement des yeux, mais n'en tint pas compte.
- Et qui penses-tu inviter ? Si c'est ton ami Ron, je doute qu'Eloïse soit bien contente, et il faudrait alors les inviter tous les deux, non ?
Le piège était posé, et, la part de papa voyant son petit bébé devant lui ne put s'empêcher de sourire en la voyant tomber dedans.
- Hum, non, je ne pensais pas forcément à Ron. Tu as raison, ça ne fera pas bon genre de l'inviter dans le dos d'Eloïse, et je sais qu'elle part en vacances prochainement au Canada. Du coup, j'avais pensé à…
Elle hésita une demi-seconde de trop.
- A Harry. Finit-elle dans un souffle.
Dan mima un air étonné, faisant sembler de chercher dans sa tête.
- Harry, Harry… Ha, oui tu parles de ton ami, Harry Potter ?
Hochement de tête léger, Hermione semblait redouter sa réaction. Dan décida de pousser le rôle jusqu'au bout et plaqua un grand sourire, faux, sur son visage.
- Ton meilleur ami depuis cinq ans ? Ce joli garçon aux cheveux noirs et aux yeux verts, c'est bien cela ?
Nouveau hochement de tête, avec presque un rougissement. Ma fille, rit-il intérieurement, tu es tellement prévisible !
- Ton meilleur ami, Harry, qu'on avait déjà invité l'an dernier ?
Nouveau hochement de tête, un peu moins timide.
- Quelles vacances formidables, l'an dernier. J'avais enfin trouvé un camarade pour voir les films que vous n'aimez pas. » Il se tourna vers sa fille d'abord en disant cela, dont les yeux semblaient pétiller puis vers sa femme, et il ne manqua pas le léger tressaillement à la commissure des lèvres. Hermione était ferrée, il était temps de ramener la ligne.
- Ton ami Harry à cause duquel tu t'es retrouvée dans tellement d'aventures dangereuses ?
Pas de hochement cette fois, sa princesse cilla légèrement, son regard passa rapidement de lui à sa mère.
- Ton ami Harry qui t'a mise dans une situation où tu aurais pu mourir, le mois dernier, tout cela au nom de… Comment avais-tu dit déjà ? Le meilleur plan possible ?
Hermione se figea et son visage se ferma. Manifestement, il était temps que Dan change de masque et passe de Good Cop à Bad Cop et de donner le coup de grâce.
- Ton ami Harry qui, si je me rappelle bien, après l'avoir invité à nos frais en vacances, nous avoir fait supporter toute une logistique compliquée à cause du danger qui l'entoure, a ensuite traité ma petite princesse de façon abjecte et s'est montré être un salopard fini ? Qui t'a abandonnée et trahie, à tel point que tu l'avais comparé, si je me rappelle bien, à ce… Comment il s'appelle déjà ? Ha oui, Drago Malefoy, c'est bien de ce Harry-là dont tu nous parles ?
Dan aurait pu montrer les crocs pour profiter encore plus de la situation, mais… Une sensation fugace, mais désagréable s'était emparé de lui. Il avait vu sa fille pâlir, un peu, au début de sa tirade, mais sur la fin, alors qu'il assénait coup sur coup sans fléchir, il avait noté quelque chose d'étrange. Une détermination dans le regard. Quelque chose qu'il avait vu souvent chez sa fille quand elle avait décidé de quelque chose. Plus d'une fois, Emma et lui s'étaient retrouvés face au Mur d'Hermione. Que ce soit à cause d'une polémique, ou de l'envie de ses parents de l'inscrire à un club de sport, une association ou autre chose, Emma et Dan avaient déjà affronté le Mur. Impassible et sûre d'elle-même, même, voire surtout, si elle avait tort, Hermione tenait tête, de façon polie et courtoise, mais néanmoins résolument déterminée.
La toute première fois, Dan s'en rappellerait toute sa vie, c'était pour le Noël des cinq ans d'Hermione, qui avait eu lieu chez les parents de Dan. Déjà un peu soucieux de voir leur fille préférer les livres aux jouets, ses parents avaient achetés une énorme maison de poupée. Près d'un mètre cinquante de haut, plusieurs étages, la maison pouvait s'ouvrir pour faire jouer les poupées dans toutes les salles. Le devant de la maison était en bois peint en rose, avec un toit en tuile peinte en rouge. Emma avait poussé le vice jusqu'à acheter quelques petites plantes vertes pour faire comme un petit jardin pour la maison. Un vrai cadeau, luxueux, ils avaient cassé leur tirelire dessus.
Et malgré les avertissements, les parents de Dan avaient, eux, offert des livres. Dont le premier tome de l'Encyclopedia Britannica, le Propædia, neuvième édition. Une folie ! Dan aimait raisonnablement les livres, mais même son manque d'expertise sur le sujet lui permettait de comprendre que c'était un objet de collection rare, pas un livre à offrir à une enfant, fusse-t-elle aussi précoce et mature qu'Hermione ! C'était un livre en cuir vert, avec les reliures et les titres dorés.
En rentrant de chez ses parents, un trajet qui lui resteraient en mémoire également tant Emma avait boudé que les parents de Dan aient si ostensiblement violé les consignes, Dan avait vite caché les livres dans leur placard, bien en hauteur, tout en protégeant prudemment le Propædia neuvième édition et déposé uniquement la maison de poupée dans la chambre de sa fille.
Emma et lui eurent un moment d'espoir quand Hermione n'avait rien dit et était resté une demi-heure dans sa chambre sans crier et sans faire de bruit.
Grand mal leur en avait pris. Leur fille était descendue de sa chambre, quelques papiers en mains sur lesquels des lettres encore un peu malhabiles s'étalaient, écrites au crayon de papier de couleur, et leur avait sorti un discours maladroit certes, mais néanmoins globalement argumenté et construit. Dan avait encore, à l'occasion des larmes de fierté quand il y repensait.
Sa princesse avait dit, du haut de ses cinq ans, qu'elle était très contente de ses cadeaux (son insistance sur le sujet avait fait voler en éclat chez Emma la certitude que leur fille croyait toujours au Père Noël. Dan garderait cette illusion encore une année mais réaliserait que sa femme avait eu raison à l'époque.) mais qu'elle souhaitait qu'on lui rende ceux de Papy et Mamy Granger.
Au motif qu'elle n'aimait pas les poupées, qu'elle préférait sa toute première encyclopédie. Que les poupées, c'était pour les enfants et que maintenant, à presque cinq ans et demi, Hermione était une grande. Que son livre était plus pratique et l'aiderait à l'école, et qu'elle pourrait le montrer à maîtresse Elizabeth. Et puis, en dernier argument, ce qui avait fait sourire ses parents tant cela n'était pas vraiment logique, mais semblait important aux yeux de leur princesse, la maison de poupée était rose ! Rose ! Alors que son encyclopédie, elle, elle était verte ! Comme si c'était un argument réellement pertinent.
Ils avaient fini par céder. Le Propædia avait rejoint la chambre d'Hermione, mais malgré les craintes de ses parents, le volume historique était toujours presque en aussi bon état que ce jour de Noël 1985. Et depuis, chaque année, les parents de Dan avaient offert un nouveau volume de l'édition à Hermione, et sa collection grandissait année après année.
C'était en repensant à cette soirée que Dan comprit qu'ils allaient perdre sur la question d'inviter ou non Harry Potter. Comme lorsqu'elle avait cinq ans, Hermione était venue avec des papiers, des preuves et des arguments. Mais si à cinq ans, elle s'était montrée maladroite dans sa façon d'argumenter, Dan savait qu'à bientôt seize ans, ce n'était plus le cas. Depuis trop longtemps déjà, d'ailleurs.
Ils avaient perdus, réalisa Dan. Ce maudit garçon, avec sa tête mal coiffée, ses lunettes bringuebalantes et ses grands yeux verts viendrait ici, d'une façon ou d'une autre.
Ils auraient dû le savoir. Déjà à cinq ans, sa petite princesse préférait la couleur verte.
NOTES DE L'AUTEUR
Bonjour (ou bonsoir) à tous. Avant de commencer, donc, non, je ne vous ai pas oublié. Et comme je l'ai déjà proclamé par ailleurs, je n'ai pas abandonné cette histoire.
Tout d'abord, et comme promis, le disclaimer personnel en version longue.
Jusqu'à présent, j'étais resté en rating T. J'ai également, jusqu'à présent, grosso modo suivi le canon. C'est un fait qui m'a été reproché, mais j'assume totalement. C'était un "mal" nécessaire. Voilà. Maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses.
Pour faire simple, j'ai toujours trouvé le nombre de victimes de la deuxième guerre trop faible, surtout dans l'entourage d'Harry. Après tout, les morts autour d'Harry sont quasiment uniquement des victimes lors d'opérations menées à l'initiative de l'Ordre (Sirius, Maugrey, Bataille de Poudlard) et donc, ne relèvent pas de ce qu'on sait de la première guerre contre Voldemort. Or, Voldemort a tellement terrifié les gens qu'il est Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom !
Je vais donc tuer beaucoup, beaucoup plus de gens. Certaines reviews étaient choquées que je n'ai pas profité de refaire le match pour sauver Cédric et Sirius. Alors autant vous prévenir, le sang va couler. Je compte également m'éloigner un peu plus du canon, donc. Ne pensez pas que je vais forcément tuer les mêmes personnes que JKR. N'allez pas croire non plus que les victimes de JKR sont sauves pour autant chez moi.
L'autre motif du changement de rating, c'est l'aspect romance. Jusqu'à présent, je suis resté assez flou et je n'ai pas été vraiment explicite sur la relation d'Harry avec Daphné. Pour la ou les romances à venir, je vais être un peu plus limpide sur ce qu'Harry fait. Je n'irais pas non plus jusqu'au lemon ou au smut, d'une part, je n'ai pas envie d'en écrire particulièrement, même si il y aura quelques passages un peu plus…chauds, d'autre part, pour être né quelques années après Harry, qui est, qui plus est, dans un pensionnat anglais aux règles assez strictes, prenant place dans une société très rigide, je ne crois pas que Poudlard puisse être d'une quelconque façon un repère de débauche et de luxure.
Enfin, deux dernières informations techniques.
Ceci est le chapitre 1, mais à mes yeux, il s'agit clairement d'un prologue. Il est donc plus court que les chapitres à venir. Mais comme on ne peut pas créer de chapitre 0, je prends la numérotation à partir de ce chapitre. Ca me chiffonne un peu, mais je fais avec les moyens du bord.
Par ailleurs, contrairement au Sigil et au Feu, je ne vous donnerais pas le nom des chapitres à venir. Certains titres seront trop explicites, et je souhaite vous réserver la surprise lorsque vous commencerez le chapître, de voir le nom et de redouter ce qui arrivera.
Comme toute règle, il y a des exceptions, et j'ai déjà quelques chapitres dont je sais que je vous donnerais le nom par avance, parceque j'ai vraiment envie de le faire ainsi.
Voilà, sur ce, re-bienvenu à bord, et j'espère que cet amuse-bouche vous aura plus.
