Chapitre 101 : Weston High's absolute ruler
Weston High. Ses bâtiments immenses. Écrasants.
"Si par mégarde, la faute est mienne alors renie-moi là... mais sache bien que saigne ce cœur qui bat pour toi..."
Je suis sa créature. Il a définitivement posé sa patte sur moi.
Le vent bat ma jupette. Je la tire jusqu'à hauteur des genoux mais un nouveau souffle, plus capricieux que le précédent, la soulève jusqu'à mi-cuisses.
On siffle. Un groupe d'étudiants tout sauf éduqués. Je les dédaigne.
Depuis sa fenêtre, le mouvement du vent autant que l'appétit du groupe ne lui ont pas échappés. Il s'en délecte secrètement, maintenant ce port, droit et inflexible, nécessaire à la composition du rôle qu'il s'est lui-même attribué. The headmaster of Weston High. The man who holds the entire school in his grasp.
Je vais le régaler. Sa pupille s'affole, dérivant un instant de délice, avant de se fixer sur mes pas qui s'éloignent.
"Monsieur le Principal ? Vous êtes attendu sur le parvis ouest."
D'entrée de jeu, Undertaker, en principal tout-puissant, démet de ses fonctions et de ses privilèges le préfet du Green House, celui-là même qui s'était permis de siffler lorsque le vent a soulevé ma jupe.
La toute-puissance du principal est telle qu'Undertaker n'a aucunement besoin de justifier cette décision partiale. Il charge Johann Agares de toutes les démarches. Agares est un bras droit de confiance. Ce qui frappe chez Agares est cette absence d'émotions, cette froideur qui contraste avec une maladresse évidente - combien de fois l'a-t-on vu trébucher ou dévaler les escaliers, se relever comme si de rien n'était, éponger son front sanguinolent et repartir de sa démarche décidée ?...
A dire vrai, Agares est un décédé ambulant ; une création exclusive d'Undertaker. Une création perfectible cela dit... mais qui fera l'affaire pour le rôle attribué.
Je ne suis pas une élève dans ce collège réservé à l'élite masculine du pays. Je suis affectée au poste de bibliothécaire. Je veille sur les registres poussiéreux autant que précieux qui sommeillent sur les étagères. L'endroit est baroque. Il sent à la fois l'encre d'impression et le bois ciré.
Du personnel astique les boiseries quotidiennement. C'est le Principal lui-même qui y veille.
Je le vois donc régulièrement pointer sa silhouette svelte, encostumée dans ce trois pièces taillé sur mesure, chapeau haut-de-forme rivé jusqu'au milieu du visage, camouflant son regard de Shinigami ainsi que la cicatrice qui barre son visage.
Il est distant, agissant avec moi comme un membre du personnel. C'est une des règles du jeu établi entre nous.
Je dois donc faire la courbette devant lui. Il est affable, laissant un fin sourire s'afficher sur ses lèvres fines.
"Monsieur Fergusson." dis-je, ferme.
"Oh la la ! Si on ne peut plus rigoler !..."
"La bibliothèque n'est pas un lieu pour ce faire. Veuillez vous livrer à vos accès d'hilarité ailleurs, je vous prie. Vous dérangez vos camarades."
"Pffff ! Ces imbéciles ?" toisant les tables.
"Ce comportement est inadmissible, Monsieur Fergusson. Je dois en référer."
"Ha ! Mon père a une très haute fonction dans la société anglaise, Mademoiselle !..."
"Nous verrons bien le poids de votre père face à la discipline de notre Proviseur, Monsieur Fergusson."
Il vient de se tasser. Grand délice !...
J'exulte secrètement. "Principal ou Proviseur" sont des mots magiques en ces lieux pour faire taire les plus impétueux.
Il est un rituel dans le collège : les plus appliqués ont droit à une rencontre avec l'intouchable Principal lors de l'institution d'un thé de minuit. Les Préfets de chaque catégorie y sont de toute manière conviés. L'élève sait qu'il est élu s'il trouve sur son lit une tasse en porcelaine pure agrémentée d'une belle-de-nuit. Le fleur doit être portée à la boutonnière de l'élu.
Durant le thé, il échangera philosophie avec le Principal. Undertaker est intarissable en la matière et c'est de sa voix posée, doucereuse et éraillée qu'il exposera les sujets de dissertation les plus prisés.
Le Principal sait faire la conversation. Sur tous les sujets. On l'a vu parfaitement à l'aise avec la haute société - à dire vrai, il en est directement issu.
Des semaines que nous ne nous sommes plus touchés. Des semaines que nous nous envisageons discrètement. J'ai le ventre qui papillonne lorsque je distingue sa haute silhouette qui franchit le seuil de la bibliothèque !...
Il me salue généralement de loin, doigts agrippant avec grâce le bord de son chapeau. Mais cette fois, il s'approche ; l'envie l'y pousse.
A mesure que ses pas le mènent jusqu'à moi, son désir s'aiguise jusqu'à devenir violent. Il en a le vertige. Je fixe ses souliers vernis, remontant le long des jambes interminables, m'arrêtant sur le sexe un moment puis grimpant le long du torse, jusqu'au visage camouflé.
"Que diriez-vous de participer au thé de minuit ?"
Une façon polie et posée de me signifier que ledit thé se terminera sans doute dans ses quartiers. Il n'en peut plus d'attendre !...
"Je vous y jouerai du piano."
Son sourire se prolonge. "Il me tarde." avant de tourner le dos et faire quitter ses pas sur le marbre froid.
Mon corps est remué autant que le sien. Voilà pourquoi nous les tenons éloignés afin de retarder cette fusion qui sera la nôtre dans peu de temps.
Je reçois une tasse décorative, ornée d'une belle-de-nuit fermée. Il s'agit du signal poétique invitant l'élu(e) au fameux thé de minuit - le seul moment où il est permis d'approcher le Principal.
Le jardin est éclairé et l'orgue joue du Bach en fond sonore.
Il se tient là, mains ramenées sous le menton, gantées de blanc. Il est magnétique.
Ma seule vue le remue. Je porte pour l'occasion une petite jupe qui vaut son pesant en boutons larges et dentelle. Un choix approuvé.
Undertaker a fait disparaître le son éraillé de sa voix pour des accents chauds d'une voix tonnant d'autorité. Planté dans son costume trois pièces, il s'entretient avec les Préfets et le vice-principal Agares.
Les confiseries sont présentées avec goût sur un présentoir. Le thé est le plus luxueux des darjeeling.
Le Principal se lève alors, suspendant la séance, faisant raccompagner les Préfets.
Il m'invite à me suivre et me saisit délicatement la main pour la placer sur son bras tandis que nous grimpons les marches.
"Votre jupe est exquise au regard." confirme-t-il, laissant sa voix reprendre ses accents naturels.
"Le costume qui souligne votre corps est tout aussi agréable à la vue." dis-je en retour.
Il ouvre la porte qui donne sur un très vaste appartement. Aussitôt, un chat persan noir vient se frotter à ses jambes avant de filer hors du champ.
Il m'invite à entrer et nous traversons plusieurs pièces au décor et au mobilier baroques.
Il quitte son haut-de-forme frappé de l'insigne prestigieuse sur le côté, crinière argentée dévalant ses épaules jusqu'à la taille, puis se déleste de la veste de son costume. Je prends place dans l'un des confortables canapés ornés de coussins.
Il nous serre un alcool frappé.
"J'aime terminer la journée ainsi." m'avoue-t-il.
"En... bonne compagnie ?..."
"Je parlais de l'alcool." s'installant en face de moi, une jambe ramenée sur l'autre.
J'ai envie de ramper à ses pieds et de le goûter là, à genoux.
Il le note dans mon regard, amusé.
"Cesserions-nous de jouer ?..."
Je pose le verre sur la table, le fixant. "Je donnerai n'importe quoi pour te toucher."
Il sourit d'autant plus en me voyant rompre le vouvoiement de rigueur.
"Mademoiselle la Bibliothécaire... vous faites monter tant de choses en moi." faisant joliment référence à l'effet que je provoque en lui.
"Lévichouuuuuu !" se jetant dans mes bras.
"Ma rei... Lune."
Elle rit, froncée. "C'est mieux !... Allez, viens, raconte moi tout !..." me traînant par la main jusqu'au balcon fleuri le plus proche. "Je m'ennuie ici. Pandora n'en a qu'après nos armées !..."
Nous nous faisons servir le thé.
"J'ai entendu des bruits fous ici !... mais ce que tu portes à l'annulaire gauche ne fait que confirmer."
J'en rosirai presque.
"Il me passe devant, le misérable !..." riant.
Je la fixe. "Lune ?"
"Bah quoi, ne me dis pas que tu ne l'avais jamais remarqué, Lévichérie !..." rosissant à son tour, triturant tout ce qui lui tombe sous la main, en l'occurrence une serviette en mousseline qu'elle entortille.
Je lâche un rire nerveux. "J'avoue ne jamais y avoir prêté attention..."
"Évidemment, tu as l'esprit et le cœur bien trop pleins de cet argenté rebelle !..." buvant nerveusement son thé, par gorgées rapides, se brûlant presque. "Note que je te comprends... les argentés sont fascinants. Regarde Minos !..."
"Je dois admettre." sirotant tranquillement.
"Bon, alors, tu vas définitivement faire ton nid dans le même cercueil que ton croquemort ?"
"Nous avons beaucoup de points communs."
"Genre ?"
"Hmm... disons... une certaine force tranquille."
"You rules !..." avec le poing levé.
"Hahaha ! Un sens de l'humour plutôt appuyé, aussi."
"Et morbide."
"En effet."
"Ouais, en gros, t'es amoureuse dingue de lui quoi !..." riant.
"Je me sens en effet proche de son âme, oui."
"Huhuhuhu ! Quel veinard !... Alors, montre moi cette merveille !..." agitant les doigts, langue passant sur ses lèvres pleines.
Je tends la main et elle inspecte le solitaire.
"Hmm... joliment vieillot, comme lui !..."
J'apparais derrière lui, passant mes bras autour de ses épaules. "Undy..." glissé à l'oreille percée.
Il sourit. "My Lady ?..."
"Veux-tu que je te montre ce dont je suis pleinement capable ?..."
Il déglutit. "Dans... quel domaine ?..." se délectant.
Je glousse. "Face à une armée rudement entraînée."
"Huhuhuhu ! Cela ne se refuse pas."
"SCHEISSE !" (*)
Ça hurle, ça tire. Ça ne sait plus où donner de la tête parce que la force qui les attaque n'a définitivement plus rien d'humain !...
Ils sont tassés, les uns contre les autres ; une meute de loups effrayés !...
Je tourne, virevolte autour d'eux dans une forme impalpable. Lorsqu'une main se dresse devant moi, je l'emporte, faisant hurler le malheureux.
Vais-je leur faire l'honneur de me matérialiser ?... Non, pas encore. Il faut jouer encore un peu.
Depuis le toit, il observe. Mes mouvements, il les dissèque sans aucun mal. Il est rompu aux combats ; un guerrier hors pair. Son sourire est sans concession. "Fais les hurler de peur, my Lady. N'en laisse rien."
Je rétrécis les cercles autour d'eux, les obligeant à se grimper dessus ; ce qu'ils n'hésitent pas à faire tant la peur leur offre des ailes !...
Ce n'est plus là qu'un amas de corps entremêlés.
Il ricane depuis le point le plus haut. "Consume-les, my Lady."
Je me fais alors flamme et les ravage jusqu'à les roussir, dans cette odeur de chair caramélisée.
Je roule sur le ventre, en appui sur mes coudes. "Tu me racontes ?..."
"Quoi donc, ma Lady ?" nu et détendu après l'amour, longs doigts venant en caresses sur mes flancs étroits.
"De quelle façon tu as échappé à la salle des tortures. De quelle manière tu as déjoué la surveillance étroite de Spears. Comment tu t'y es pris pour récupérer ta faux."
"Oh, cela en fait des choses !..." rieur.
"Je veux tout savoir !..."
"Délicious Lady."
J'attends, yeux pétillants d'impatience.
"Spears aurait dû savoir que l'on n'abat jamais un animal à terre. A plus forte raison un Shinigami retors. J'en avais assez dans les tripes pour tous les pourfendre, les insensés !... Encore aujourd'hui je bataille et mes expériences gênent fort en haut lieu."
Je glisse mes doigts entre les siens, tout à mon aise d'entendre le récit de sa rébellion suprême !...
"Tu serais un aligné, je ne t'aurai pas même regardé."
"Oh, je le sais bien. Cependant, j'étais loin d'imaginer à quel point nous serions liés. Lorsque je t'ai abordée à Londres, jamais je n'aurai pu envisager pareil destin à tes côtés, ma déesse." tendre, m'invitant à le chevaucher.
Je m'y emploie avec délicatesse, faisant peser mon corps sur le sien.
Il joue un moment avec mes cheveux défaits, y laissant passer ses longs doigts fins.
"Deux choses ne collent pas, pourtant. Concernant tes marques. D'une part, tu dis qu'il s'agit des vestiges des tortures infligées par Spears, d'autre part tu prétends que la lame d'Hadès y est pour quelque chose..."
"Tu es pourtant bien placée pour savoir que les victimes de telles blessures aiment perdre leurs interlocuteurs dans des récits controversés, pas vrai ?..." (**)
"Tu sais que... tu as laissé une forte impression dans mon esprit de gamine de quatre ans lors de l'enterrement de maman ?"
"Les croquemorts marquent en général tous les esprits, my Lady, notamment celui des enfants." caressant.
"Tu te tenais à l'écart, en appui contre la balustrade, armé de ta pelle. Ton manteau me paraissait interminable, se confondant avec le sol et puis... tes talons, Seigneur !... Tes talons !... Je me souviens l'avoir évoqué avec papa le soir même."
"A-t-il convenablement répondu à ton questionnement, my Lady ?"
"Il a répondu que de telles chausses devaient avoir leur raison d'être."
"Huhuhuhu ! Quelle intelligence dans sa réponse !..." sur un ton tout sauf moqueur. "Il a toujours été pertinent. Je pense que c'est une qualité dont Léa avait besoin. Et qui t'a été bénéfique."
"Voilà pourquoi j'aime les hommes extravagants et hors normes." rieuse.
"Tu as admirablement surmonté ton Œdipe, my Lady." amusé.
Je lui fais placer les bras en croix, nouant mes doigts aux siens, venant couvrir son corps fin, bassins en contact étroit, lui arrachant un petit soupir assorti à un sourire.
"Récapitulons : tu m'as impressionné étant enfant, tu es parvenu à éclipser mes Juges..."
"Oh, ne m'attribue pas tant de mérites !... Je t'ai simplement montré la voie. C'est toi qui as choisi de l'emprunter."
"Comment voulais-tu qu'il en soit autrement ?..."
"Oh mais tu aurais pu conserver ton allégeance à Hadès et me combattre avec l'aide de ses pairs."
"Je fais encore partie de son armée, je te signale."
"Si peu. Hihihihihi ! Chaque jour qui passe te détache un peu plus de l'emprise de ce pan de ton histoire qui bientôt, je l'espère, ne sera plus qu'un souvenir."
Je me redresse sur les bras. "C'est ce que tu as toujours voul..."
Un coup de langue vif sur mes pointes suffit à me fait défaillir.
"Mieux vaut nous épargner une discussion aussi laborieuse, my Lady." me fixant de ses prunelles incandescentes. "Je n'en suis franchement pas d'humeur." glissant sous moi pour saluer le ventre en une longue traînée humide et chaude, me faisant écarter les jambes pour se diriger jusqu'au sexe qu'il embrasse et gâte, s'accordant de rares pauses, me menant droit vers un orgasme percutant.
Je me cale contre lui, dans l'intimité offerte par le cercueil.
Une odeur mêlée d'acajou et d'apprêts me parvient aux narines du fait de la production récente de l'installation.
Undy bouge peu dans son sommeil, contrairement à moi. Mon agitation, limitée par les pans du cercueil, le fait sourire. Il passe alors une main sur mon ventre, massant doucement l'endroit, ce qui me calme instantanément.
A dire vrai, le Shinigami n'en revient toujours pas que j'ai accepté de le laisser ainsi entrer dans ma vie par la grande porte et que je me sois adaptée à son mode de vie si particulier !... Il s'en régale et s'en délecte, faisant la nique aux Juges dès que l'occasion se présente.
Sans se regarder dans le moindre miroir, Undertaker attache ses cheveux, lien tenu entre les lèvres. Puis il enfile le long manteau de sa tenue victorienne.
Une fois dans la salle, Undertaker soulève soigneusement le drap donnant sur un corps. Son œil exercé perçoit immédiatement les soins à apporter. "Bien. Je dois te rendre présentable pour la famille qui désire te voir une dernière fois." préparant la pompe à embaumement ainsi que tout le matériel nécessaire. Le fluide d'embaumement, à base de formaldéhyde.
Undertaker fait le tour du corps, œil exercé à la recherche des moindres cyanoses faciales et/ou inguinales, des débuts de nécrose, abrasions, incisions, pétéchies. Il prend également en compte l'état corporel général, l'intégrité physique ou non, la corpulence ainsi que les lividités déjà présentes.
Glissant alèse et drap sous le corps, posant la nuque sur un appui-tête, il rompt la rigidité cadavérique au moyen de longs massages aux points les plus visibles. Puis commence la toilette à proprement parler : au savon désinfectant, de la tête aux pieds, en insistant sur tous les orifices : bouche, oreilles, nez, yeux et anus. Il laisse le désinfectant agir quelques instants. Puis il pose un tampon d'ouate imbibé de cautérisant sur les éventuelles plaies… dont l'effet desséchant est appréciable, avant de nettoyer bouche, nez, yeux et oreilles et d'y disposer des mèches de coton.
Il prépare ensuite la suture de la bouche, pose les couvre-yeux enduits de crème réhydratante avant de rabattre les paupières. Il se doit de veiller à ne jamais laver le globe oculaire au moyen de fluide, ce qui aurait pour effet de provoquer un dessèchement et un brunissement du bord des paupières.
Il effectue un premier shampoing, peignant les cheveux selon le sens naturel.
Il nettoie les ongles, avec l'extrémité angulaire du séparateur et les doigts tâchés.
Il arrange les traits du visage avant l'injection et soutient le lobe des oreilles avec un coton imbibé de crème réhydratante.
Puis il camoufle le sexe avec de la ouate imbibée de fluide de cavité ou cautérisant.
Il applique alors la crème de massage sur le visage et tout le corps, en particulier sur les points délicats (dessus des mains et dedans…). L'application se fait toujours avec des mouvements remontant vers le cœur.
Il sélectionne le ou les points d'intervention et incise la peau de manière superficielle, précise et nette.
Il récline à l'aide du crochet et du séparateur les diverses couches corporelles : graisseuses et musculaires en utilisant l'extrémité arrondie du séparateur et l'écarteur pour augmenter la visibilité et l'accessibilité interne.
Il extériorise l'artère en dénudant les enveloppes protectrices (la veine conjointe dans le cas d'un drainage veineux).
Il place les ligatures terminales autour de chaque vaisseau de part et d'autre de la future incision, posant un coton imbibé de cautérisant dans le fond de l'incision.
Il sélectionne la grosseur de la canule selon la dimension du vaisseau et l'état de celui-ci. Si les artères sont sclérosées, il utilise une canule d'un diamètre plus réduit.
Puis il procède à l'appareillage en vue de l'injection et de l'aspiration, faisant le vide d'air des tuyaux et canules d'injection.
Il insère la canule, en direction du cœur, dans l'incision de l'artère en vue de l'aspiration et de l'injection du fluide conservateur.
Il pose une pince Dieffenbach en amont de l'incision pour éviter le retour de fluide.
"Cela va te rendre un joli teint." s'activant autour de la pompe. "Voilàààà." mettant la pompe en marche.
Il est déconseillé d'injecter trop lentement le fluide pour les raison suivantes : son pouvoir déshydratant contracte les capillaires et les rend imperméables et par ce fait, les cellules sont moins saturées de la solution conservatrice.
A l'inverse, il est tout aussi néfaste d'injecter le fluide trop rapidement car, avec un bon drainage, on retire du corps une quantité excessive de liquide contenant le conservateur et les risques de gonflement sont plus importants.
L'injection se fait d'abord en direction du corps et des membres inférieurs. Un massage (en direction du cœur) peut être nécessaire en relevant ces derniers pour faciliter le retour veineux et disparaître les cyanoses, notamment par les artérioles et les capillaires, puis sur le corps lui-même.
Il vérifie en permanence l'injection et la pénétration du fluide dans les tissus qui vont changer de couleur, devenir rosés pour les cas normaux, acquérir une tonicité remarquable.
"Voilà, voilà. Tu reprends un bon teint. C'est parfait." caressant le bras de la défunte avant de masser ses doigts pour faire circuler la solution. "Regarde comme tu redeviens d'un rose délicat..." sur un ton extrêmement doux. "Un véritable teint de jeune fille !..."
Puis il cesse l'injection lorsqu'il y a fixation des tissus ou début d'enflement.
Il range le matériel d'injection après l'avoir essuyé. Il sera désinfecté complètement après chaque soin.
Il retire les canules, éponge, ligature l'incision artérielle pour supprimer le retour de fluide, sèche l'intérieur de l'incision avec un cautérisant et effectue la suture après avoir mis de la poudre absorbante et de la ouate.
Il procède à la finition, la suture définitive de la bouche, l'arrangement des traits du visage, obture les cavités nasales avec du coton ou du "mastic mortuaire".
Il procède à l'habillage, lorsque le corps sera définitivement en place.
"Bien. A présent, le final. Ma touche personnelle." s'approchant avec la palette de maquillage. Avec une patience infinie, il maquille le visage, lui donnant l'apparence d'une poupée de cire. La couleur est appliquée en fonction des souhaits de la famille, de l'éclairage et de l'angle d'entrée dans la chambre mortuaire, du visage.
"Tu es toute belle !..." prenant du recul pour admirer son chef d'œuvre. "Je vais te préparer une place de choix dans la chambre mortuaire. Tu es la star de la soirée, Estrella." avec affection, caressant lentement la jambe avant de quitter la place pour préparer la pièce d'accueil.
"J'en serai presque jalouse."
"Oh, my Lady..." souriant.
"Tu l'as rendue magnifique."
"C'est là mon travail."
Je quitte l'ouverture de la pièce et me poste aux côtés de la défunte, l'observant avec une certaine curiosité malsaine. "Pourquoi n'as-tu pas eu envie de la ranimer ?"
"Sa lanterne cinématique était fade. Qu'elle repose en paix."
(*) "Merde" en allemand
(**) Allusion ouverte au Joker incarné par Ledger dans The Dark Knight de C. Nolan
