Petite story en deux chapitres je pense, enjoy ! (ou pas :/)

Semaine 1 :

« Impossible ! Impensable ! Invraisemblable ! Non mais IMPOSSIBLE ! »

Emma sortit telle une furie du bureau du Shérif, sans tenir compte de Killian qui hurlait son prénom pour la retenir. Elle courut à perdre haleine jusqu'à l'autre bout de la grande rue de Storybrooke et s'arrêta enfin les mains sur les genoux pour reprendre son souffle.

— Impossible ! Souffla-t'elle malgré son manque d'oxygène évident. Alors pourquoi y pensait-elle encore ? Pourquoi cette course éperdue à travers la ville, comme pour s'épuiser et obliger son cerveau à battre en retraite ?

Killian avait essayé de la suivre mais il avait perdu sa trace dès la sortie du bâtiment, comme si elle s'était volatilisée. Il s'en voulait à mort d'avoir joué et à priori perdu, il aurait mieux fait d'y réfléchir à deux fois avant de balancer cette bombe pour la faire réagir. Ha c'est sûr ! elle avait réagi mais pas vraiment comme il l'avait envisagé. Et maintenant où était-elle ?

Semaine 3 :

Regina se retourna une nouvelle fois pour voir Emma disparaître à l'intérieur du Granny's. Elle se mordit la lèvre en hésitant, elle était tentée de la rejoindre mais leur rapport était devenu tellement bizarre depuis une ou deux semaines, qu'elle ne savait plus trop comment réagir. Emma soufflait le chaud et le froid en alternance, avec beaucoup de mauvaise foi qui plus est, puisqu'elle refusait de s'en expliquer ou même d'en parler tout simplement.

Regina soupira et continua sa marche jusqu'à son bureau. Elle avait entendu dire (par Ruby évidemment qui d'autre ?) que le couple du pirate et de la sauveuse battait de l'aile en ce moment. Cela pourrait expliquer l'humeur et le manque d'humour de Miss Swan… !? Mouii…!?

Finalement c'est peut-être ça qui lui faisait le plus mal, si Emma était perturbée à cause de son abruti de marin pourquoi ne lui disait-elle pas tout simplement ? Pourquoi s'en prendre à elle ? Elle n'était pas folle, elle avait bien vu que cette attitude ne concernait qu'elle…quoi ?

Figée par sa pensée, Regina fit immédiatement demi-tour, et partit d'un pas à la limite de la course en direction du diner's.

A quelques mètres de la porte, elle se figea à nouveau. Son sang n'avait fait qu'un tour arrivé au bout de sa déduction mais…

« Alors ? Et Maintenant ? » frémit-elle.

Emma choisit ce moment-là pour sortir avec un gobelet de chocolat à la main.

Elle s'arrêta en haut des marches et plongea ses yeux tristes dans ceux de Mme le Maire.

Les deux meilleures ennemies, comme elles aimaient s'appeler depuis que tout était gentiment rentré dans l'ordre ces derniers mois, plus de problème de malédiction, de partage d'Henry, de Cora, bref le calme plat, se regardèrent intensément.

La brune laissait passer beaucoup d'interrogation dans son regard, alors que la blonde semblait sur le point de pleurer.

L'aboiement de Pongo, plus bas dans la rue, brisa l'instant et permit à chaque protagoniste de prendre la poudre d'escampette sans donner d'explication, bien trop mal à l'aise suite à l'échange de regard.

Regina fit une nouvelle fois demi-tour, incapable de réagir posément, et reprit le chemin de la mairie, pendant qu'Emma accélérait le pas en direction de sa voiture.

Au même instant, accoudé à la balustrade du Jolly Roger, Killian se traitait une fois de plus de tous les noms, mais quel « abruti fini » d'avoir joué avec le feu pour faire craquer sa dulcinée.

Cela faisait des mois qu'il tirait la langue à genoux devant sa belle blonde de sauveuse en espérant un peu de réconfort charnel, lui qui avait sauté tout ce que les ports de tous les mondes comptaient comme jeune femme, se retrouvait frustré et désespéré face à l'attitude physique plus que réservée d'Emma. Déjà pour lui arracher un smack il fallait ruser alors la bagatelle restait de l'ordre du fantasme, et ça le rendait fou.

Il avait misé sur une impression pour mettre le feu aux poudres, mais c'est lui et lui seul qui s'était brulé finalement, puisque sa chère et tendre ne voulait plus entendre parler de lui depuis ce jour fatidique.

Il avait tout essayé pour se rapprocher d'elle, mais rien à faire, la blonde s'était contentée de lui vriller les tympans à chaque fois.

Les mouettes passaient et repassaient au dessus de sa tête avec leurs cris aigus, insupportables. D'un coup il en eut marre de tout et tous et décida de partir quelque temps voir ailleurs si le soleil brillait plus fort. Un autre ciel, une autre blonde, pourquoi pas ?

Semaine 4 :

La situation n'avait fait qu'empirer ces derniers jours. Elles n'étaient pas du genre à se retrouver pour boire un thé et deviser sur leur quotidien, mais de part leur travail et leur famille, elles se croisaient du matin au soir, et dernièrement, entre la frustration de Mme le maire, qui attendait toujours une quelconque explication, et la détermination froide du Shérif, à ne rien vouloir lâcher, les rencontres devenaient de plus en plus tendues.

Ayant appris le départ fulgurant du pirate, Regina, malgré tout, avait voulu une nouvelle fois s'approcher d'Emma pour la soutenir, la réconforter, savoir enfin ce qu'il y avait bien pu se passer entre eux, grand mal lui en prit, elle fut reçue par une blonde hystérique et déchainée dès ses premiers mots. La dispute commencée dans le bureau du shérif se termina sur le trottoir après moult cris et insultes, tant et si bien qu'à bout de souffle toutes les deux, elles n'auraient pu réellement expliquer le pourquoi du comment. Elles étaient là, figées à quelques mètres l'une de l'autre, les larmes coulaient librement sur les joues de la brune pendant que la blonde serrait la mâchoire à s'en faire grincer les dents.

— Mais enfin Emma !…Qu'est-ce que j'ai bien pu te faire, ou vous faire à toi et ton marin d'eau douce !?

La sauveuse baissa les yeux et soupira fortement.

— Sa Majesté devrait arrêter de penser que tout tourne autour d'elle. Je n'ai pas envie d'en parler c'est tout…soupira-t'elle une nouvelle fois.

Regina se redressa de toute sa hauteur et lui lança un regard meurtrier.

— Tu te moques de moi ! Tu ne me parles plus…ou si peu et si mal…je ne…je ne comprends pas Emma… !? Je pensais…j'avais cru…

Sa voix mourut doucement au bord de ses lèvres.

— Quoi ? T'avais cru quoi ? Qu'on allait partager un appart et faire des soirées pyjama ? Railla la blonde avec un rictus dédaigneux.

C'en fut trop pour la reine, elle s'embrouillait les neurones depuis le début de ce conflit sorti de nulle part, sans explication, sans actes répréhensibles de sa part, sans rien comme ça du jour au lendemain. Elle était déçue du comportement de sa meilleure ennemie, qui l'avait repoussée inlassablement à chacune de ses tentatives de discussion, mais surtout ça la rendait folle de ne pas comprendre, ne pas savoir et comme si ces interrogations ne suffisaient pas, elle se demandait en plus pourquoi le manque d'Emma prenait des proportions astronomiques jour après jour, à la rendre presque malade physiquement. Cela avait été un choc de se rendre compte à quel point leur petite interaction journalière lui manquait, et à quel point ça la faisait souffrir. Alors elle fit quelques pas en avant et balança une gifle magistrale avec toute la conviction dont elle était capable.

Le bruit du coup se répercuta dans la rue déserte comme une énorme déflagration.

Quelques secondes plus tard, le ronflement furieux d'un moteur de Mercedes, dispersait le silence.

Semaine 6 :

En apparence tout allait bien dans la charmante commune de Storybrooke, pourtant l'ambiance n'était plus la même depuis le départ de Hook, non pas que le pirate manquait à qui que ce soit, mais force était de constater que les relations d'abord houleuses et puis inexistantes entre Mme le Maire et son Shérif pourrissaient le quotidien de bien des personnes.

Henry pour commencer, il avait un peu tout essayé pour comprendre et intervenir, lui qui était si content de voir ses deux mères devenir amies, mais sa nouvelle mission n'était pas allée bien loin, puisque tout dialogue devenait impossible dès qu'il prononçait le prénom de l'une ou l'autre, face à l'une ou l'autre.

Snow en perdait son latin, Mme True Love avait d'abord mis l'humeur de sa fille sur une rupture douloureuse avec Jones, puis face au soulagement de cette dernière de le voir quitter la ville, elle avait du envisager d'autre possibilité mais elle coinçait sur la crise que semblait traverser la Sauveuse et la Méchante Reine, argh ! Oui elle ne devrait pas appeler son ex belle-mère ainsi, mais bon toute seule dans sa tête elle pouvait bien la nommer comme elle voulait.

Ruby semblait mieux comprendre que les autres, mais ça ne l'empêchait pas de se mordre les lèvres anxieusement sans savoir quoi faire. Ses doutes n'étant pas vérifiables sans risque d'esclandre, elle se contentait de peser le pour et le contre dans sa tête.

Semaine 8 :

Emma soupira et se retourna une fois de plus dans son lit. Après le déni, la colère et l'indifférence, elle ne savait plus quoi expérimenter pour se sortir de cette situation.

Cela faisait des semaines maintenant que son cerveau avait disjoncté, et malgré bien des insomnies et des remises en question, le réinitialiser semblait…

« Impossible ! » pensa-t'elle.

Si elle avait touché 10 dollars à chaque fois que ce mot avait traversé son esprit ces dernières semaines, elle aurait pu définitivement arrêter de travailler.

Impossible et pourtant…chaque pensée, chaque frémissement, chaque souffle semblait tourner vers sa Majesté…Regina…la deuxième mère de son fils Henry…Mme le Maire…ex Evil Queen…sa meilleure ennemie…

La sauveuse soupira longuement et ferma les yeux avec force pour n'avoir plus que ces petits points blancs sous les paupières, pour effacer toutes ces images douloureuses…douloureuses parce qu'…

« Impossible ! » lâcha-t'elle dans son esprit groggy par le manque de sommeil.

Regina ne dormait pas non plus, elle n'avait même pas essayé de se mettre au lit, à quoi bon.

Elle était assise sur son canapé face à la cheminée, elle sirotait doucement un verre de cidre en fixant les flammes.

Elle avait profité de sa nouvelle solitude pour mener son enquête, mais même après avoir réuni toutes les pièces du puzzle, elle ne comprenait toujours pas pourquoi une altercation entre Emma et Jones, départ de tout semblerait-il, avait mis un terme à leur bonne relation à toutes les deux ?

Une seule conclusion possible, le pirate avait du dire d'elle quelque chose qui avait bouleversé Emma au point de…non mais c'est n'importe quoi ! la sauveuse connaissait tout d'elle, ses pires côtés comme ses meilleurs, quel mensonge cet espèce de demeuré naval avait-il pu inventer ?

En plus cet invertébré était parti je ne sais où et elle n'avait aucun moyen de le joindre et de lui poser des questions, voir de le torturer pour obtenir des réponses.

Cette pensée la fit sourire, elle imaginait Hook sur la table de Mendel, mais avec elle aux manettes. Mmmmff ! Autre temps autre époque.

Bon, trêve de plaisanterie, elle avait soumis un royaume, lancé une malédiction, brisé des malédictions, tué des gens, sauvé des gens…STOP !

Ce n'était pas une petite sauveuse de rien du tout qui allait lui pourrir la vie 107 ans !

Semaine 9 :

Regina paraphait ses dossiers tranquillement quand Emma fit irruption dans son bureau :

— Non mais c'est quoi ce nouveau délire ?! Comment ça je suis licenciée !? En plus j'ai été élue tu ne peux pas !

Sa Majesté leva les yeux vers elle lentement et lui sourit timidement :

— Bonjour à toi aussi, la décision émane du dernier conseil, auquel tu n'as pas daigné assister.

Elle baissa immédiatement les yeux et continua comme si de rien était.

Emma avait perdu toute combativité dès que les yeux éteints de la brune étaient entrés en contact avec les siens, et son petit sourire tremblant avait fini de l'achever. Elle piétinait sur place la lettre de licenciement à la main, ne sachant quoi faire.

Cela faisait presqu'un mois qu'elles ne s'étaient pas vues, si ce n'est de loin, l'émotion ressentie sur l'instant la figea sur place, tête baissée. Elle laissa passer un ange avant d'enchainer.

— Mais enfin…il est écrit « Incompatibilité avec sa hiérarchie » ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Et je suis la sauveuse comment vous pouvez…comme tu peux faire ça ? Quel conseil ? Mais de quoi tu parles !?

La brune posa son stylo, se pinça l'arête du nez et se bascula sur le dossier de son fauteuil. Voilà ! On y était ! Elle avait retourné ce plan tordu dans sa tête plusieurs jours et même si elle était consciente d'abuser de son autorité, elle n'avait rien trouvé de mieux pour confronter son ex meilleure ennemie.

— Miss Swan, asseyez vous !

L'ordre avait claqué dans la pièce, faisant sursauter la blonde. Une vague de souvenir sur sa première année à Storybrooke lui serra la gorge. Elle s'assit comme un automate habitué à obéir aux ordres de sa Reine.

De toute façon elle n'en pouvait plus, la voir c'était trop dur et ne pas la voir c'était encore pire, elle maudit une nouvelle fois Killian. Maudit pirate ! Faux frère ! Obsédé sexuel ! Oui tout ça pour ça ! Parce qu'elle ne voulait pas, ne pouvait pas…et merde !

Regina l'observa un moment, profitant de son regard baissé. Cheveux ternes, cernes noires sous les yeux, vêtements débraillés, la sauveuse faisait peine à voir, et pourtant elle la trouvait magnifique et elle était folle de joie de la voir, d'être à quelques mètres d'elle, de respirer le même air. Dieu qu'elle lui avait manquée ! Et oui, toutes ces nuits d'insomnie, ces journées d'interrogation, l'avaient poussée dans ces derniers retranchements, et l'avaient forcée à admettre certaines vérités plus ou moins envisageables. Disons qu'une fois qu'on a perdu quelque chose ou quelqu'un, et bien on se rend compte de sa réelle place dans sa vie, ou du moins de celle où on aurait peut-être…

Une bouffée d'émotion la prit à la gorge et elle détourna rapidement les yeux. S'en tenir au plan, juste le plan, oui voilà !

Elle ne pouvait interférer que sur deux choses dans la vie d'Emma, Henry et son poste de Shérif, il était hors de question qu'elle fasse souffrir son fils pour obtenir des réponses à ses questions, elle avait donc inventé de toutes pièces cette histoire pour l'obliger à réagir, à venir vers elle. Tordu oui, bancal certainement mais sans danger.

— Miss Swan, il a été établi lors de ce conseil que le Shérif et le Maire se devaient de travailler en symbiose, et force est de constater que ces dernières semaines c'était loin d'être le cas donc…considérant la situation de façon totalement impartiale, il a été décidé que l'une des deux concernées devait renoncer à son poste pour le bien de la communauté…puisque nous ne…puisque il est établi..je…

Elle se racla la gorge plusieurs fois en réfléchissant à toute vitesse, elle s'était laissée porter par son petit laïus, maintes fois récité dans sa tête, mais le manque total de réaction du Shérif la déstabilisait, elle s'embrouillait, ne sachant plus comment tourner son discours.

Elle devait broder en attendant une réaction plus ou moins excessive de la blonde.

— Donc, considérant qu'il serait préjudiciable, de part mes nombreuses années d'expérience à ce poste, que je…que donc je…Emma tu m'écoutes ? EMMA !

L'interpelée n'avait absolument rien écouté, épuisée émotionnellement et physiquement, être soudainement en présence de son obsession brune eut raison de ces dernières forces, elle surprit Regina en se mettant doucement à pleurer, le petit ruisseau devint rapidement un fleuve déchainé et les sanglots violents de la blonde la firent se recroqueviller sur elle-même, ses bras serrés autour d'elle.

Après quelques instants de flottement, Regina se ressaisit et se précipita vers elle. Certes, elle voulait provoquer une réaction avec la lettre qu'elle avait elle-même tapé, mais de là à…oh Seigneur c'était insupportable ce désespoir.

Une fois agenouillée près d'elle, tremblante et désarmée, elle ne savait plus quoi faire.

Emma décida pour elle en se laissant tomber dans ses bras, elle la serrait si fort en hoquetant pour retrouver son calme, que Regina avait du mal à respirer mais elle n'aurait échangé cette place pour rien au monde.

« Voilà ta place mon Emma, dans mes bras » pensa-t'elle tendrement en appuyant encore l'étreinte, les étouffant un peu plus toutes les deux.

Les minutes passèrent, les larmes se calmèrent peu à peu, l'étreinte se poursuivit malgré tout. Le temps poursuivit sa course et au bout d'un long moment, Regina, ne sentant plus ses jambes, finit par s'affaisser sur le sol, entrainant Emma dans sa chute, qu'elle se refusait à lâcher.

Elles se retrouvèrent allongées côte à côte, leurs respirations toujours saccadées entre l'émotion et l'asphyxie.

— 9 semaines d'angoisse, tout ça pour se retrouver à se rouler sur la moquette de mon bureau ?!...Miss Swan…tu m'expliques s'il te plaît ?

Emma respirait à nouveau calmement, les yeux fermés, elle tendit lentement sa main en direction de Regina, et captura la sienne doucement. Sans un mot, sans un regard, elle porta la paume à sa bouche et l'embrassa avec dévotion, puis elle embrassa chacun des doigts, puis l'intérieur de son poignet, et ses larmes recommencèrent à couler, sa respiration redevint chaotique.

Sa Majesté avait rapidement avalé un hoquet de surprise face au geste de sa sauveuse, puis elle avait laissé des milliers de petit frisson parcourir sa peau partout où les lèvres d'Emma se posaient.

Mon dieu comme c'était bon, ce doux contact humide et chaud, ce souffle parcourant sa peau. Elle était extatique et se retrouva doucement plongée dans un trouble intense et difficilement contrôlable.

Elle essayait désespérément d'avaler sa salive mais il lui semblait que sa gorge refusait tout autre exercice que le petit gémissement rauque qui s'en échappait par intermittence.

Elle n'était pas habituée à la tendresse, à ce genre de contact délicat et sensible, personne ne s'était jamais comporté avec autant de douceur envers elle…à part Daniel, et c'était il y a si longtemps.

Elle prit une grande inspiration tremblante pour retrouver un peu de contenance et dégagea sa main de l'emprise de la blonde. Elle serait incapable de quoi que ce soit tant que cette délicieuse bouche restera en contact avec sa peau rendue très sensible par l'expérience.

Emma, sentant le retrait de Regina, bloqua les sanglots dans sa gorge et attendit le déluge d'insulte et menace en tout genre qui ne saurait tarder. Devant l'absence de mot et de geste, elle essaya de se redresser promptement en espérant passer la porte au plus vite, son émotion étant à son paroxysme, il fallait absolument qu'elle parte avant de commettre pire que ce qu'elle avait déjà fait.

Mais sa Majesté fut plus rapide, et en l'attrapant par le bras elle réussit à la basculer sur le dos tout en montant sur ses hanches d'un geste souple et félin.

La belle brune était tranquillement posée sur elle, les bras de chaque côté de sa tête et lui lançait un regard…waouh ! Un truc de fou qui n'était pas sensé se passer, elle la regardait avec envie, mais le plus dérangeant c'était cette petite étincelle qu'elle voyait briller au fond de ces deux orbes noirs, et quand elle amorça une descente lente et sensuelle vers elle, Emma crut que son cœur allait exploser, elle était paralysée par l'émotion.

Le haut du corps de la brune se posa sur le sien, pendant que ses jambes se glissaient le long des siennes, elle la sentit se blottir contre elle en gémissant dans son cou, un frisson irrépressible la parcourut de bas en haut, et une chaleur insoutenable se bloqua dans ses reins.

Trois ans de déni venaient de partir en fumée, elle était incapable de lutter contre cette chaleur qui se répandait en elle comme de la lave, incapable de se battre contre l'accélération presque inquiétante de son cœur qui semblait vouloir passer le mur du son. Elle referma ses deux bras sur la femme blottie contre elle, et la serra fort, très fort, en lui murmurant quelques mots.

— Pardonne-moi…je ne sais pas comment faire avec tous ces sentiments…

Sa voix mourut dans sa gorge, et les larmes recommencèrent à couler.

Le seul terme qui avait retenu l'attention du maire c'était « sentiments…sentiments ?...qu'est-ce que ?... »

Elle dégagea son visage de la blonde chevelure et fixa ses yeux dans les siens, à la recherche d'une vérité qu'elle connaissait très bien même si elle s'était refusée à l'admettre totalement ces derrières semaines.

Plus que des mots, l'échange silencieux les laissa pantoises, elles venaient de s'avouer tellement de chose par cet connexion intense de quelques secondes.

Le sourire épanoui et soulagé qu'elles partagèrent les rassura sur la suite à donner, la réciprocité découverte suffisait pour l'instant mais il faudrait tout de même y accoler des mots.

Regina se redressa difficilement, courbaturée par la tension des dernières heures, et tendit ses mains pour aider Emma à se relever à son tour.

Une fois debout et face à face, les yeux dans les yeux, les mains dans les mains, elles n'arrivaient pas à verbaliser le moment. Leurs bouches entrouvertes donnaient l'impression qu'elles s'étaient arrêtées au milieu d'une phrase et ne parvenaient pas à conclure.

La brune baissa la tête et prit une grande inspiration, cherchant son courage dans un afflux massif d'oxygène.

— Emma…je commence à compren…

Elle n'eut pas l'occasion d'aller plus loin, car une paire de lèvres douces et fruitées venait de se poser sur les siennes.

Un corps se colla au sien, des bras l'encerclèrent, possessifs mais tendres.

Elle se laissa entrainée dans cette bulle de chaleur protectrice, malgré ses jambes qui tremblaient, sa tête qui tournait et son corps qui semblait douer d'une vie propre et s'obstinait à s'agripper de toutes les manières possibles à sa sauveuse, se pressant contre elle avec ferveur.

Emma posait des baisers chauds et humides sur ses lèvres, puis à la commissure, elle longeait ensuite doucement le renflement sensuel de sa lèvre inférieure avec la pointe de sa langue et la capturait délicatement avec les siennes, tirant doucement en la léchant encore.

Regina gémissait et se tordait contre elle pour s'approcher encore plus, s'enfoncer encore plus loin dans ses bras.

Elle craqua la première et investit la bouche de sa sauveuse avec autorité, ne supportant plus la douce torture infligée, elle en voulait plus, il lui en fallait plus.

Elles gémirent à l'unisson et laissèrent un ballet sensuel et torride s'effectuer pendant de longues minutes.

Le terme « impossible ! » hantait toujours l'esprit d'Emma, mais il n'était plus apparenté au même problème, car ce qu'il lui semblait totalement impossible à partir de maintenant ce n'était pas la possibilité d'une attirance irrépressible envers sa Majesté, mais l'incapacité qu'elle aurait dorénavant à lui résister. Son corps pressé contre le sien, son souffle mélangé au sien, ses gémissements rauques, son goût sucré irrésistible, tout était si parfait qu'elle ne pourrait plus jamais s'en passer…impossible !

Le souffle court et les joues rouges, elles finirent par se décoller légèrement, juste assez pour se plonger dans les yeux de l'autre, puisque c'était pour l'instant la meilleure manière qu'elles aient trouvé pour communiquer.

Le regard qu'elles échangeaient était chargé en émotion, les larmes n'étaient pas loin mais ce n'était pas de tristesse bien au contraire, les lèvres s'étirèrent doucement dans des sourires épanouis.

— Ma Reine…murmura tendrement Emma contre sa bouche.

Le frisson qui remonta la colonne vertébrale de Regina la laissa pantelante, elle s'agrippa plus fortement à sa sauveuse et enfouit à nouveau la tête dans son cou.

Un nuage violet les entoura et les laissa dans le salon du manoir de la brune. Aucun sursaut ne les avait effleuré tellement il était évident qu'elles ne pourraient pas se quitter dans l'immédiat, mais l'épuisement était réel des deux côtés.

Le stress des dernières semaines venait de s'écrouler à leurs pieds, et une fatigue agréable mais intense les avait rattrapées toutes les deux. Il n'était que le milieu de l'après-midi, mais elles se sentaient incapable de retourner à leur activité quotidienne dans cet état.

Elles se posèrent, toujours enlacées, sur le canapé et la blonde prit son courage à deux mains, elle s'était assez posée de questions pour essayer d'y puiser quelques réponses.

Elle embrassa la tempe de la brune blottie dans ses bras.

— Je n'ai jamais réussi à aller plus loin qu'un simple baiser avec Killian…déjà l'embrasser c'était…ce n'était pas…pas mon truc quoi…alors quand il essayait de…d'aller plus loin je…

Emma avait senti Regina se crisper à mesure que les mots sortaient hésitants de sa bouche.

Elle reprit son discours en se forçant à plus d'aplomb, elle ne voulait pas que le moindre doute subsiste entre elles, game over, il était temps.

— A Neverland je l'ai embrassé par reconnaissance, il avait sauvé David, il nous aidait à retrouver Henry, et puis…toi tu…tu étais si forte, si belle, si incroyable que je…je…j'en pouvais plus Regina…cette promiscuité obligatoire, cette présence quotidienne…c'était pas une bonne idée mais c'est la seule que j'ai eu…

Elle soupira bruyamment et enchaina.

— Je me suis laissée enfermer dans une relation sans passion ni substance parce que…parce que de toute façon je m'en foutais de lui…comme de tous les autres.

Elle inspira en tremblant une grande goulée d'air et la bloqua dans sa gorge. La brune semblait elle aussi en pleine apnée et le silence s'éternisa quelques instants.

Emma finit par murmurer doucement en relâchant sa respiration.

— Je crois que je suis tombée folle amoureuse de toi à peu près 30 secondes après t'avoir rencontrée pour la première fois, quand j'ai ramené Henry…et il a pourtant fallu que mon très frustré petit ami me le jette à la figure pour que j'en prenne conscience…j'ai jamais voulu comprendre ce qui me poussait inexorablement vers toi…c'était impossible tu comprends !?...Impossible pour tellement de raison.

Malgré le tsunami d'émotion en train de déferler sur elle après une telle déclaration, Regina se dégagea doucement de ses bras pour lui faire face. Elle posa délicatement une main sur sa joue et la caressa tendrement.

Elle plongea un regard émerveillé dans celui d'Emma, elle devait lui dire qu'elle aussi avait compris bien des choses dernièrement.

— Tu m'as tellement manquée ces dernières semaines, c'était insupportable…c'était douloureux…tellement douloureux. C'est toujours comme ça avec toi, tout est toujours plus fort avec toi, la colère, l'absence, tout.

« Les baisers aussi d'ailleurs » pensa-t'elle en se penchant sur elle, parce qu'elle ne pouvait plus s'en passer. On lui avait toujours tout enlevée, à un moment ou à un autre, alors il fallait qu'elle en profite un maximum, c'était si bon d'embrasser Emma, d'être dans les bras d'Emma.

Leurs bouches se caressèrent harmonieusement . Elles bougeaient leurs lèvres pour apposer de délicats baisers ensemble ou chacune leur tour, puis les langues se trouvèrent, de la pointe, puis langoureusement l'une contre l'autre.

C'était doux et torride à la fois, un feu d'artifice sous une coupole de soie, une sensation extrême absolument délicieuse, elles n'avaient jamais connu une telle alchimie avec qui que ce soit, c'était le genre de baiser dont on rêvait toute sa vie en se disant que cela n'existait qu'au cinéma ou dans les livres.

Un baiser c'était sympa ou glauque mais ça ne te donnait pas envie généralement de remettre en question toute ta vie, et pourtant, coller l'une à l'autre dans une étreinte nécessaire, elles auraient facilement tout oublié et renoncé à tout, sans regret.

A tout sauf à cela, cette sensation d'être à sa place pour la première fois de leur vie.

Le prochain sera essentiellement M :P