Note de L'Auteur: C'est un Dramione peu classique que je vous propose de découvrir. Ouvrez bien les yeux, quelques indices concernant l'intrigue principale se baladent un peu partout ! J'espère avoir quelques retours concernant cette histoire, d'ici-là, je me permets de vous poster les 4 premiers chapitres (le Tome 1 étant déjà terminé). Bonne lecture à tous !

OoO Prologue OoO

L'index pointé vers son reflet, une jeune femme aux cheveux miels ne cessait d'inspirer et d'expirer le plus calmement possible. Malheureusement, les termes "calme" et "Hermione" ne faisaient pas bon ménage, surtout pas un jour comme celui-ci. Du bout du doigt, elle effleura l'image que lui renvoyait son psyché : un regard caramel déterminé aux lueurs ambrées. Des joues rosies parsemées ci et là de quelques tâches de rousseurs qui, inévitablement, lui donnaient un petit air mutin. Puis un nez légèrement retroussé qu'elle levait fièrement lorsqu'elle avait raison -pour ainsi dire quasi tout le temps-.

- "Allez... Souris un peu ! T'as l'air constipée là !" Se gronda-t-elle en tapant du talon sur le parquet.

Il était inutile de préciser que malgré ses efforts, elle conservait cette expression de petite fille modèle stressée par la rentrée des classes, c'était plus fort qu'elle. Dix-neuf ans et incapable de mettre au placard cette insoutenable angoisse qui lui dévorait l'estomac depuis maintenant deux jours car, oui, lorsque l'on s'appelle Hermione Granger, on a des crampes au ventre deux jours, voir même une semaine, avant chaque rendez-vous important.

Résignée, elle fit volte-face, rajusta son chemisier blanc et son pantalon beige tant bien que mal puis, après un dernier coup d'œil au miroir pour vérifier que ses boucles indomptables étaient à peu prêt coiffées, se dirigea vers la cheminée, une poignée de poudre de Cheminette fermement pressée dans sa main tremblante.

- "Manoir Potter !" Dit-elle d'une voix claire et autoritaire.

Instantanément, son corps fut consumé par des flammes vertes et elle disparut dans un crépitement sonore.

OOO OOO OOO

- "Hermione !" Cria une tornade rousse en se jetant sur elle pour la saluer.

Titubant, la nouvelle arrivante serra tendrement son amie dans ses bras. Ginny Weasley Potter alias Boulet de canon comme l'appelaient ses camarades des Harpies de Holyhead. En effet, lorsqu'Hermione était revenue d'Australie, elle dut faire face à une petite rouquine aussi excitée qu'intenable car -et c'était compréhensible-, Harry l'avait non seulement demandée en fiançailles mais en plus de ça, elle avait décroché un poste de Poursuiveuse chez la célèbre équipe qu'adulait Dumbledore.

- "Je vais bien, je vais bien..." Marmonna la brune, quelque peu étouffée par cette étreinte.

- "Alors ? C'est le grand jour, comment tu te sens ? Prête à faire face ?" S'enquit Ginny qui, une fois sa joie amplement exprimée, la libéra.

Pour toute réponse, Hermione grimaça, boudeuse. Elle se craqua les phalanges et baissa la tête, voilant son visage d'ange derrière ses mèches de cheveux.

- "Je sais pas s'ils voudront de moi..."

- "Ah non, ça suffit ! Harry a réussi, il n'y a pas de raison pour que tu n'y arrives pas !" Coupa la jolie rousse, les poings sur les hanches dans une imitation parfaite de Molly Weasley.

- "Mais, Harry il a... Il a fait tellement de choses. Il a fait ses preuves bien avant de se présenter au concours d'Aurors ! Il a même été choisi sans passer tous les tests !" Objecta-t-elle en levant les yeux au ciel.

- "Et toi, alors ? Tu faisais du tricot pendant qu'il courait après les Horcruxes ? Tu faisais bronzette pendant la Bataille ? Réveille-toi, Hermione ! T'as ta place dans cette brigade autant qu'Harry, compris ?" Répliqua Ginny, décidée à lui faire entendre raison.

La lionne se contenta d'un imperceptible sourire en coin, signe qu'elle était gênée par les propos de sa confidente. Elle n'avait pas l'habitude qu'on la flatte et encore moins qu'on chante ses louanges mais, c'était vrai, elle avait accompli bien des choses durant son adolescence, alors pourquoi Diable ne pourrait-elle pas réaliser son rêve ?

- "Arrête de te rabaisser, c'est pas ton genre, je le sais. Tu vas ouvrir deux-trois boutons de ton chemisier et hop, c'est dans la poche !" Plaisanta la rouquine.

Hermione expira, faussement exaspérée, et contourna son interlocutrice, balayant de ses yeux noisettes le grand salon du Square Grimmaurd.

Les fauteuils en cuir rembourrés, la table basse sur laquelle ils avaient pris le petit-déjeuner un nombre incalculable de fois, le tapis préféré de Sirius, la grande armoire où ils rangeaient la vaisselle... Tout était parfaitement à sa place, comme si rien ne s'était passé. Comme si la Guerre les avait épargnés. Comme si Patmol était encore parmi eux.

Harry et Ginny vivaient ici depuis maintenant un an et avaient gardé avec eux Kreattur. Ce dernier avait insisté pour les servir car, d'après lui, c'est ce que aurait souhaité son maître Regulus Black.

- "Où est Harry ?" Demanda-t-elle, un sourcil haussé.

- "Ah, il est parti, il a pas pu t'attendre, excuse-le. Une affaire urgente à régler avec Kingsley. D'ailleurs, je t'aurais bien accompagnée, mais je dois me rendre à mon entraînement. On dîne ensemble ce soir ? Ron se pointe vers dix-neuf heures. Georges, lui, a mieux à faire apparemment, donc on sera que quatre." Annonça Ginny qui d'un coup de baguette fit voleter ses affaires jusqu'à elle.

La brunette acquiesça du chef et salua brièvement son amie avant qu'elle ne transplane. Lentement, elle s'approcha du sofa carmin, se laissa tomber dessus et ferma les yeux, ses traits totalement détendus.

C'était reposant de se trouver ici, entre ces murs de pierre, dans ce manoir qu'elle chérissait tant et qui, à chaque fois, lui rappelait d'agréables souvenirs. Elle aimait rendre visite au jeune couple, c'était là un moyen de se ressourcer, de renouer avec le passé, avec tout ce qu'ils avaient traversé. Doucement, elle ramena ses jambes contre sa poitrine, les enlaçant de ses bras, puis inspira profondément : être dans la demeure de l'Ordre la mettait en confiance, l'enveloppait d'un nuage de coton doux et rassurant et c'était ce dont elle avait besoin aujourd'hui : de réconfort.

Hermione aimait dresser des bilans, des listes qu'elle s'amusait à remplir, retraçant le parcours d'Harry, Ron, Neville, Luna, Ginny et tant d'autres. Cela lui remontait le moral de savoir que son meilleur ami était devenu Auror, que la rêveuse qu'était la Serdaigle était devenue rédactrice du Chicaneur, que le pourfendeur de Nagini était professeur de Botanique, que la cadette des Weasley était une championne de Quidditch...

Et, parmi tous, se trouvait Ron, Ronald Bilius Weasley, celui qui, l'espace d'un instant durant la Bataille finale, l'avait fait rêver. "Ce moment d'égarement" comme le surnommait Hermione, était loin derrière eux et, à présent, le rouquin s'occupait de l'entreprise fructueuse des jumeaux, épaulant Georges qui, malgré la bonne volonté qu'y mettaient les siens, avait toujours du mal à admettre la mort de Fred.

Bien sûr, sa relation avec Ron était un peu ambigüe ce qui, au passage, amusait beaucoup Ginny. Cette dernière n'arrêtait pas de les charrier, allant même jusqu'à comploter avec sa mère -et c'était peu dire puisque la lionne avait peur qu'elles n'en viennent à dresser un autel en leur honneur pour prier Merlin-. Heureusement, Harry était là pour temporiser les choses et pour contenir sa fiancée un peu trop explosive.

Apaisée, la Gryffondor jeta un œil à l'horloge ancestrale : dix-heures tapantes, il était temps pour elle de se rendre au Département des Aurors. Après s'être étirée comme un chat, elle se leva, prête à affronter cette journée et qui plus est avec le sourire. Le Square Grimmaurd lui avait redonnait la hargne qu'on lui connaissait et c'est aussi radieuse qu'un rayon de soleil qu'elle décrocherait ce poste tant convoité.

OOO OOO OOO

Le hall principal était bondé, chose tout à fait normal un lundi matin et, étrangement, cela n'affola pas Hermione plus que cela. D'un pas rapide, elle bouscula quelques sorciers et, qui sait, futurs-collègues, ses talons martelant les dalles dans un "Clac-clac" régulier.

- "Bonjour, je suis Hermione Granger. Je viens rencontrer le Ministre Kinglsley, j'ai rendez-vous au Département des Aurors." Se présenta-t-elle à l'hôtesse qui tenait le comptoir.

La dame la gratifia d'un sourire éclatant et lui tendit discrètement un bout de parchemin et une plume.

- "Je peux avoir votre autographe Miss, s'il vous plait ?" Couina-t-elle, les mains jointes sous son menton.

Hermione ouvrit grand la bouche. C'était bien la première fois qu'on lui demandait ça. La célébrité n'était pas sa tasse de thé cependant, il fallait le reconnaître, c'était plaisant de se sentir respectée de la sorte. "Hermione Granger, héroïne de Guerre" ça sonnait plutôt bien.

Elle s'exécuta, ravie d'accéder à cette requête puis rendit le tout à la secrétaire qui, comblée, éventa l'encre en soufflant dessus.

- "Merci, merci beaucoup, Miss ! Tenez, c'est votre passe pour la journée, bonne chance !" Reprit-elle, aussi excitée qu'une puce.

Hermione ne put s'empêcher de rire et rejoignit rapidement l'ascenseur menant au dix-huitième étage. De temps en temps, elle croisait quelques employés qui la saluaient chaleureusement, fiers de rencontrer la sorcière la plus intelligente de Poudlard. Si au début elle trouvait ça amusant, plus ça allait et plus elle fatiguait de voir défiler ces inconnus. Merlin merci, elle arriva très vite à bon port.

Le long couloir était désert, au plus grand dam de la rouge et or qui espérait voir Harry avant son entretien. Dire qu'elle comptait sur lui pour avoir quelques conseils ! Néanmoins, elle ne devait pas céder à la panique, surtout pas... Ce serait une catastrophe si jamais ses nerfs lâchaient.

Reprenant contenance, elle rejeta sa longue chevelure par dessus son épaule et s'engagea dans l'allée du Département des Aurors. Le nez en l'air, elle cherchait le bureau numéro quinze qui, selon elle, ne devait pas être bien loin mais c'était sans compter sur le côté farfelu du Ministère de la Magie car, évidemment, les salles étaient numérotées au hasard. De ce fait, la porte indiquant le nombre treize avoisinait celle portant le nombre vingt-cinq.

- "Bon sang... Ils se croient malins avec leurs méthodes de..."

C'est alors que la porte à sa droite s'ouvrit à la volée. La jeune femme, ronchon comme jamais, se tourna vers la silhouette qui se dressait devant elle. Le mouvement avait beau être rapide, la scène au ralentie donnait tout autre chose. Elle avait bel et bien pivoté sur le côté, ses muscles crispés et les lèvres pincées mais, au fur et à mesure que ses yeux distinguaient la personne, ses gestes se faisaient de plus en plus lents jusqu'à ce qu'elle se fige complètement.

- "Oh non... C'est pas vrai !" Grogna une voix familière, un peu trop familière au goût de la Gryffondor.

Le temps semblait suspendu, du moins c'était ce qu'elle croyait car son cœur avait cessé de battre tandis que le papillonnement de ses paupières s'affolait. Les poings serrés, elle ne savait que faire si ce n'était rester plantée là, face à cet homme qui la toisait de ses prunelles polaires, à la lisière du grisâtres. Son visage aux traits fins et parfaitement dessinés était insondable, voilé d'une expression indéchiffrable qu'elle avait autrefois connue. Des lèvres arquées, étirées en un sourire narquois qu'il réservait -elle le savait- aux abrutis du coin, sans parler de son teint, un teint diaphane sublimant une peau laiteuse et pécheresse.

La brunette avala péniblement sa salive et eut un rictus lorsqu'elle se heurta aux quelques mèches désordonnées qu'il dégagea d'un hochement de tête désabusé. Blonds, presque blancs, des cheveux aux reflets peu naturels et caractéristiques de cette foutue lignée de sang-purs qu'étaient les Malefoy.

- "Tu viens te faire juger pour tes crimes ? Kingsley a enfin réalisé sa connerie en te laissant courir dans la nature ?" Cracha Hermione, impitoyable.

- "Mieux que ça... Je viens te doubler au concours d'Aurors." Rétorqua sèchement Drago en la poussant de son chemin.

L'étonnement laissa vite place au mépris, ce qui était compréhensible lorsque l'on connaissait le passé houleux de ces deux ennemis. L'une Gryffondor jusqu'au bout des ongles et l'autre à l'échelle de sa réputation, détestable à souhait. La rouge et or, bouillonnante de rage, fit volte-face et le saisit par le poignet.

- "Un fils de Mangemort Auror, t'as pas trouvé plus crédible comme reconversion ? Tu bouffes à tous les râteliers ?" Rugit-elle en resserrant son emprise sur le jeune homme.

- "Parce qu'une sang-de-bourbe Auror, c'est mieux ? Laisse-moi rire, la décadence est en marche !" Renvoya ce dernier sans pour autant se débattre.

Il noya son regard dans le sien, créant un filin de haine et de dégoût entre eux, à l'image de leur relation durant ces huit dernières années. Têtue, Hermione ne cilla pas, son autre main prête à brandir sa baguette et à envoyer valser son rival contre le mur d'en face. Ils restèrent immobiles quelques secondes, le gris tempête défiant les ombres noisettes, chacun se remémorant pourquoi il abhorrait l'autre.

- "J'ai aucun compte à te rendre, Granger." Siffla-t-il entre ses dents serrées.

- "On efface pas le passé, Malefoy." Affirma-t-elle en tirant plus fort sur son bras.

Violemment, elle lui retroussa la manche et lui tourna la main, révélant un tatouage sombre qui contrastait parfaitement avec sa peau immaculée. Sans lâcher prise, elle tendit son propre poignet et le colla au sien, la gorge nouée par les assauts cauchemardesques que lui rappelait sa propre marque.

- "On efface pas..." Répéta amèrement Hermione.

Parallèle au poignet et à la Marque des Ténèbres de Drago, la cicatrise de la jeune femme, petit souvenir de Bellatrix, était toujours à vif, rouge comme au premier jour. Les lettres composant le mot "sang-de-bourbe" semblaient profondément taillées dans la chair et même si elle pouvait s'en débarrasser, elle voulait à tout prix conserver cette trace de ce jour maudit où elle fut torturée pour son sang, pour ce qu'elle était. Cette balafre était devenue sa force car, à chaque fois qu'elle posait les yeux dessus, elle réalisait le chemin parcouru, les difficultés surmontées et la victoire qui en avait découlé. Oui, Hermione Granger aimait dresser des bilans et tout particulièrement le sien qui, comparé aux autres, n'avait rien à leur envier.

Le Serpentard se dégagea vivement, rompant tout contact visuel. Il l'avait dit lui-même, il n'avait aucun compte à rendre à cette satanée Miss-je-sais-tout, alors il allait faire comme si de rien n'était, ignorer cette étrange boule qui s'était formée dans son ventre à la vue de leur marque respective et, fidèle à son caractère, faire ce pourquoi il était ici, à savoir : décrocher son brevet d'Auror.

La respiration partiellement hachée, Hermione, le bras toujours tendu, l'examina un instant, se demandant si cette plaisanterie de mauvais goût n'était pas un cauchemar, mais la curiosité l'emporta sur le reste. Il était anormalement calme et aurait déjà dû lui sauter dessus pour l'étrangler. Machinalement, elle se mordit la lèvre inférieure, pensive : Pourquoi par Merlin était-il ici ? Harry était-il au courant ? Malefoy était-il sérieux lorsqu'il parlait de la doubler au concours d'Aurors ? Trop de questions et peu de réponses.

Elle ne savait rien de lui, du moins plus rien depuis qu'elle était partie en Australie et même avant ça, elle ne le connaissait pas vraiment -hormis le fait qu'il ait servi Voldemort-. Cette piqûre de rappel l'agaça encore plus, faisant remuer en elle une vague de colère. Décidément le Destin était joueur et, cela va sans dire, elle ne savait pas combien de temps elle allait tenir avant d'exploser.

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Note de L'Auteur: A vos Reviews ! ;)