Bon, le messe habituelle: rien n'est à moi (même si je n'emprunte pas beaucoup pour le moment), je gagne rien et, à part vos reviews, je ne veux rien gagner avec mes piètres essais.

Je me permets de mettre ce texte sous le fandom HP car se sont les personnages de Sirius et de Remus que j'avais en tête en l'écrivant mais rien n'appartient vraiment de façon déterminé à cet univers. Navrée d'en décevoir certains.

Sur ce: bonne lecture:


Il est là, léthargique, alangui. Perdu dans son monde, il ne me regarde pas, pas plus qu'il ne veut ne comprendre. L'espoir n'est pas un de mes dons, j'en remercie le ciel jour après jour.

Je ne suis rien et je ne serai rien. La vie elle même n'est pas grand chose, le monde est un effroyable magma d'impression évanescente et ectoplasmiques.

Je suis taraudé, perdu entre deux ressentis : l'immédiateté de mes sentiments qui, si elle s'impose à moi et m'oblige à comprendre que je tiens à lui, n'est qu'une surface poreuse, illusoire de ce qu'on veut prendre pour l'existence, et ce gouffre insondable, diabolique mais véritable, charnel, incarné, tout simplement là, au plus profond de mon être, de ma conscience.

Je ne crois pas que tout ça aie un sens, je ne pense pas vivre vraiment. Tout a ce gout, trop sucré, trop mièvre, du commun. Ce n'est rien, rien n'a de conséquence. Nous nous agitons comme des avortons, nous efforçant de croire, de rêver, de lutter, de chercher, de mener encore et toujours une quête inconstante et absurde pour ne pas voir les monts d'ironie qui soutiennent notre vie.

J'entends son souffle, je sens son pouls battre contre ma cuisse. Il rêve, il fuit. Il ne veut pas voir ce que je sais, ce que je sens malgré moi. Il s'agite, il rit si souvent que parfois je me dis qu'il en fait trop pour ne pas savoir, pour ne pas avoir cette intuition tragique.

Dans tous ses gestes la peur transparait, sublimant l'insouciance, s'y noyant, s'y perdant en un râle rauque.

Il cherche à sentir, tout, toujours, tout le temps, plus intensément, toujours plus intensément. Il se jette dans mes bras, s'y consume avec rage pour avoir l'impression tenace d'exister, d'arracher un peu de vrai aux immondices de mensonges qui constituent jusqu'à nos propres corps.

Nous ne sommes rien, nous ne valons rien, nous ne changerons rien. Mais nous nous débattons quand même à cause de cette saleté qu'on nomme conscience de soi et de ses acolytes, les émotions.

Quand les larmes piquent, quand la gorge brule de frustration, de frayeur, nous ne pouvons nous empêcher de le sentir et d'y réagir, de chercher, encore, de se plonger dans un bain d'illusions, de buts de pacotille, d'espoirs tronqués.

Il remue, et quelque chose me chatouille le cœur, une envie irrépressible d'arrêter d'être lucide, un besoin de croire avec ferveur en une justesse des sentiments.

Pourtant tout n'est que façade et la valeur de l'être qui repose sur mes jambes est bien faible. Il est un rebut supplémentaire du monde véridique, une poussière qui s'est vue infliger la pire des torture : savoir qu'elle n'est rien et aspirer à l'absolu.

Il se redresse, approche ses lèvres carmines des miennes, ses cheveux noirs balayent mon épaule. Mouvement aberrant qui clame son besoin de se terrer, d'ignorer l'inconcevable. Qui me crie de me perdent en une étreinte, d'y voir un bonheur salvateur alors que tous cela n'a que valeur d'alibi.