Disclaimer : Les personnages de White Collar ne sont pas à moi.

Une suite qui s'est profilée à la lecture de certaines reviews sur la première partie.
J'espère qu'elle vous plaira.


Le tableau

Le temps passait sans que Peter trouve le courage ou le temps d'ouvrir la lettre, il avait par ailleurs bien d'autres sujets de préoccupation.

Le tableau était devenu un élément de leur décoration, mais pas seulement, il avait été la source de pas mal de questions, autant de la part d'éventuels visiteurs, la plupart surpris par son apparition dans le salon des Burke, que des membres de sa famille.

Le tableau n'était pas seulement une œuvre d'art, il était à l'image de celui qui l'avait réalisé, superbe, complexe et gardant des secrets qu'il fallait découvrir au prix de quelques efforts.

Il ne laissait en tout cas personne indifférent, ainsi que s'en était rendu compte Peter.

Clinton Jones l'avait étudié en silence un long moment avant de se tourner vers Peter et de lui adresser un regard qui en disait long.

Son collègue savait fort bien qui avait réalisé l'œuvre et il ne tenait pas à en savoir plus. Ce tableau était le problème de Peter et tout ce qui s'y reliait également, Clinton ne voulait rien avoir à faire avec ce qui pouvait découler de la présence d'un tableau de Neal Caffrey dans le salon de son supérieur.

Toujours fidèle à son idéal de discrétion et son désir d'éviter les ennuis il s'était contenté d'admirer l'œuvre et de se taire, ce dont Peter lui en avait été reconnaissant.

Diana toujours à Washington revenait rarement sur New York, sauf si une affaire l'y ramenait, elle n'avait donc pas eu l'occasion de voir le tableau et Peter se demandait parfois comment elle réagirait en le découvrant.

Sans nul doute elle ne se priverait pas quand à elle de faire des commentaires, elle n'avait pas la prudente réserve de Clinton et disait toujours ouvertement ce qu'elle pensait.

Mais contrairement à ce qu'il redoutait la première alerte n'était pas venue de l'extérieur, mais bel et bien de l'intérieur son foyer.

Encore une fois, la présence du tableau n'était pas sans conséquences.

Lui même ne passait pas devant sans marquer une pause pour le regarder et le petit Neal restait parfois de longues minutes assis sur le canapé à le fixer en silence, comme fasciné.

Peter ne savait pas encore s'il devait se réjouir ou s'alarmer de cette fascination qu'exerçait le tableau sur son fils.

C'était du père d'Elizabeth qu'était venue la première attaque.

En bon psychiatre qu'il était il avait étudié attentivement le tableau et s'était livré à une analyse approfondie de l'œuvre.

Peter avait prétexté devoir promener Satchmo pour y échapper.

Ce n'était pas très glorieux, mais il ne se sentait ni la force ni l'envie d'entendre son beau père, avec qui les relations n'avaient jamais été faciles, et qui n'avait jamais admis, encore moins apprécié, sa relation avec Neal et par voie de conséquences, le fait qu'il le laisse entrer chez lui, approcher son épouse, la précieuse fille de l'ancien psychiatre, disserter sur le travail du disparu.

Elizabeth n'avait pas cherché à le retenir, elle comprenait pourquoi il prenait la fuite, elle aurait aimé pouvoir en faire autant, mais hélas elle ne pouvait se le permettre.

Elle avait donc enduré le discours de son père, s'efforçant de l'oublier très vite, n'en avait pas soufflé un seul mot à Peter ce soir là, se contentant de se blottir contre lui et de l'entourer de ses bras.

Peter lui avait rendu son étreinte.

- Je suis désolé chérie... avait il murmuré, honteux de l'avoir laissée ainsi.

Elizabeth l'avait embrassé pour le faire taire.

- N'en parlons plus. Avait elle dit doucement.

Cela convenait parfaitement à Peter, il n'avait plus abordé le sujet.

La vie avait poursuivit son cours normal quelques temps.

Un jour qu'Elizabeth était à son travail et qu'ils étaient seuls chez eux Neal et lui, il avait surpris l'enfant en train de toucher le cadre, juché en équilibre instable sur une chaise, il avait eu peur, il ne pouvait pas le nier en voyant dans quelle position périlleuse était son fils.

Peter était resté interdit un bref moment, figé par cette vision qu'il ne s'attendait pas à avoir.

Il avait retenu son souffle tout en se rapprochant sans faire de bruit, sans quitter l'enfant des yeux, redoutant à chaque instant de le voir basculer.

Le petit ne s'en était pas aperçu, Neal était concentré sur son exploration, son petit visage exprimant l'intensité de son intérêt, il se haussait autant qu'il le pouvait sur la pointe des pieds, ses petits doigts palpant le cadre de bois sculpté, la chaise oscillant dangereusement sous lui.

Jusqu'à ce jour son fils n'avait jamais fait preuve d'un tel désir de découverte, même s'il était un enfant ouvert et malicieux.

Peter le découvrait curieux et ne savait pas trop encore s'il devait encourager ou réprimer cette tendance.

Il ne voulait pas réprimer les élans du petit, mais il ne tenait pas d'avantage à le voir marcher par trop sur les traces de celui dont il portait le nom, même s'il n'y avait que peu de chances que cela se produise.

Le Neal dont il avait été le superviseur n'aurait pas mal tourné s'il avait été pris en main par des personnes ayant une bonne influence sur lui, il en était persuadé.

Sur le moment il s'était contenté de cueillir son fils avant que la chaise ne se renverse et d'aller s'asseoir avec lui sur le canapé en face du tableau.

Neal s'était tortillé entre ses bras, un peu contrarié d'être éloigné de sa cible.

- Tu peux m'expliquer ? Lui avait demandé Peter.

Il n'avait pas besoin de dire à son fils que grimper sur une chaise comme il l'avait fait était dangereux, le petit le savait parfaitement, ce n'était pas la première fois qu'un de ses parents le surprenait en équilibre précaire et lui faisait la leçon.

Neal l'avait fixé, un doigt dans la bouche, de son regard clair qu'il tenait d'Elizabeth, avec un air innocent qui avait rappelé à Peter l'expression qu'affichait parfois l'autre Neal.

- Je veux voir les bonhommes. Avait expliqué l'enfant au bout d'un moment.

- Je te les montrerai, avait promis Peter, mais seulement si tu n'essaies plus d'y toucher.

Neal s'était tortillé de plus belle, ce qui indiquait qu'il n'avait pas du tout envie d'accepter cette règle.

- Neal, c'est fragile, avait insisté Peter, il ne faut pas y toucher.

Le petit avait fait la moue puis avait hoché la tête en silence.

Peter s'était contenté de cela et l'avait renvoyé dans sa chambre le temps d'ouvrir le cadre, préférant ne pas lui montrer comment s'actionnaient les fermetures, puis il avait ramené son fils afin qu'il puisse découvrir les personnages cachés.

Il n'y avait rien de choquant que ne pourrait regarder un petit garçon de trois ans, seulement des témoignages d'une amitié exceptionnelle.

Rien dont Peter n'avait honte, même s'il préférait qu'Elizabeth ne les voit pas, sans trop savoir pourquoi.

Il ne savait pas non plus trop pourquoi il acceptait de les montrer à son fils, cela lui semblait naturel, comme si Neal se devait de savoir.

Neal avait regardé les scènes, puis il avait regardé son père.

- C'est qui avec toi papa ?

Cette question innocente avait causé une vive douleur à Peter, elle lui ramenait à l'esprit que son fils n'avait jamais vu celui dont il portait le nom, pas même en photo, même s'il en entendait souvent parler.

Qu'il n'aurait sans doute jamais l'occasion de le rencontrer.

Il avait senti les larmes lui venir aux yeux et les avait réprimées avec peine.

- C'est Neal. Avait répondu Peter avec effort, la gorge nouée.

Il n'avait pas besoin d'en dire plus, le petit savait fort bien de qui il parlait.

Son fils avait posé une main sur sa joue, l'air sérieux.

- Pleure pas papa, il voudrait pas que tu pleures. Avait il dit.

Peter s'était efforcé de sourire, pour le rassurer.

- Comment tu sais qu'il ne le voudrait pas ? Avait il plaisanté.

Neal l'avait regardé d'un air toujours sérieux.

- Tonton Mozzie me l'a dit.

Peter avait eu du mal à ne pas froncer les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ?

Neal s'était tortillé encore une fois.

- Il m'a dit que c'était très très fort ton ami.

Cette fois Peter n'avait pu se retenir de sourire, ce n'était pas faux, Neal avait été très très fort son ami.

Il avait approuvé en silence et son fils s'était détendu, lui avait souri.

- Donc il ne faut pas pleurer. Avait ajouté Neal gravement en cessant de sourire.

- Je ne vais pas pleurer. Avait assuré Peter.

Du moins il ne pleurerait pas en présence de son fils, peut être plus tard, lorsqu'il serait seul, sans témoin, comme il l'avait fait à l'hôpital, après avoir appris que Neal était mort.

Neal avait regardé à nouveau les scènes gravées sur la troisième partie du cadre.

Peter avait pris sur lui pour se retenir de le refermer.

Au bout d'un moment, sa curiosité satisfaite Neal était retourné jouer dans sa chambre et Peter s'était retrouvé seul face au tableau.

Face aux scènes d'un passé qui lui pesait parfois et qu'il regrettait le reste du temps.

Neal lui manquait tellement...

Il avait souvent la tentation de se lancer à nouveau à sa poursuite, de le rechercher en France, de parcourir les rues de Paris en quête du moindre indice.

Il avait le sentiment que le jeune escroc ne lui avait pas laissé autant de preuves de sa survie sans arrière pensée, Neal Caffrey ne faisait jamais rien sans raison.

Du moins le plus souvent.

Réprimant un soupir il se rapprocha pour refermer le cadre avant qu'Elizabeth ne revienne du travail.

Il savait que son fils allait sans doute dire à sa mère ce qu'il avait vu et il appréhendait la réaction de son épouse.

Même si Elizabeth n'avait rien demandé, même si elle n'avait jamais cherché à en savoir plus sur les secrets du tableau, Peter savait qu'elle se posait des questions sur ces personnages qu'on devinait à peine tout derrière.

Il savait qu'elle se doutait de qui y était représenté et qu'elle ne cherchait pas à en savoir plus pour cette raison.

Avant de refermer le cadre il examina à nouveau les gravures.

Chacune d'entre elles faisait revenir en lui des souvenirs, comme s'il s'agissait de moments vécus la veille.

Une fois le cadre refermé il alla chercher sa caisse contenant tout ce qu'il avait gardé concernant Neal, en sortit l'enveloppe et la tourna encore entre ses doigts, pesant le pour et le contre.

Il lui restait trois bonnes heures avant qu'Elizabeth ne revienne, Neal s'amusait gentiment dans sa chambre, il avait largement le temps d'ouvrir enfin cette enveloppe et d'en découvrir le contenu.

Mais en avait il le courage ?

Était il assez fort, assez remis, pour supporter ce qu'il pourrait y lire ?

A suivre