Disclaimer : Albator, l'Arcadia, Warius, appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto

Les autres sont à moi

1.

Se penchant légèrement, Alguérande laissa Alveyron lui nouer sa cravate, ensuite il ferma sa veste mi- longue d'un vert profond, s'assurant du coin de l'œil qu'en bleu roi l'aîné de ses enfants était resplendissant au possible !

- Tu es superbe, Alfie !

- Toi aussi, mon papa !

- Surtout toi, mon grand, sourit le jeune homme. Tu auras à remettre le bouquet à maman tout à l'heure.

- Mais, et toi, papa ?

- Alveyron, le règlement Militaire m'interdit des apparitions par trop publiques, et surtout en famille, cela pourrait vous exposer !

Le jeune adolescent eut un rire frais.

- Donc, maman étant pianiste renommée dans bien des systèmes solaires et bien loin de chez nous, en tournée aux confins des univers parfois, ce n'est pas de l'exposition ! ?

- Il ne s'agit pas de la même chose. Tu es encore jeune, Alfie. Oui, c'est très compliqué !

- Tu es prêt pour le concert ? s'enquit Alveyron.

- Je te retrouverai en coulisses, mon grand. Je m'occupe de tes cadets !

- Oui, je suis grand ! se réjouit Alveyron en se redressant de toute sa jeune taille, les prunelles vert d'eau et ses boucles de miel étincelantes. Je pourrai bientôt comprendre et t'aider, dans tes talents particuliers !

- Hors de question ! Ni demain ni jamais. Tu as déjà bien assez fait, depuis bien des années, et je te dois la vie à plus d'une reprise. Ce soir, amuse-toi, écoute et apprécie la virtuosité de ta mère sur son piano.

- Elle est incomparable, unique ! sourit Alveyron, béat.

- Oh que oui !


Sur la station spatiale des Arts, dans la salle de concert, Madaryne Von Erback Waldenheim avait entamé son dernier récital, régalant l'assemblée – mi venue sur invitations ultra privées pour des fidèles, mi sur des fans simples à qui elle avait accordé des entrées – de son don de faire vibre les âmes avec la musique.

De compositions historiques en créations personnelles, Madaryne avait passé des heures à faire résonner les notes, à faire tinter les oreilles et à ravir les cœurs.

Mulgastyr Morganstein, le chef d'orchestre d'un soir, et le régisseur de tous les spectacles, tendit la main à sa plus talentueuse artiste, la poussant doucement vers l'avant-scène pour les saluts et rappels.

Portant un bouquet presque aussi grand que lui, Alveyron s'approcha de sa mère.

- Merci, mon grand chéri, souffla Madaryne.

Mulgastyr prit à nouveau le micro.

- Madame Von Erback souhaiterait transmettre un message à ceux qui l'ont suivie depuis toujours, ceux qu'elle espérait voir ce soir, ceux qui lui sont chers !

Et après la salve d'applaudissements, Madaryne s'approcha du micro qu'on lui cédait.

- Vous tous, ici rassemblés, ceux qui me tenaient à cœur que vous soyiez présents, car vous m'avez suivi depuis bien longtemps. Je vous remercie pour ce dernier cadeau : votre présence, ce soir. Et, oui, je ne me produirai plus de manière intensive, je désire choisir mes engagements, mes raisons de jouer. Il y aura des galas, des concerts pour des œuvres caritatives, et dès lors je ne disparaîtrai jamais, mais là je désire accorder du temps à ma famille.

Alveyron avait gardé les yeux rivés sur sa mère, confiant, adorateur.

- Nous sommes tous là !

- Je sais.

Madaryne prit encore une bonne inspiration.

- Ma priorité est l'homme que j'aime, notre famille. Je fais une petite pause, pour apprécier mon bonheur ! Je vous dis à tous « à bientôt ». Merci.

La jeune femme se racla la gorge.

- Il va me détester, mais je ne peux pas ne pas le faire ! Je voudrais dire un dernier mot d'amour à celui qui sera à jamais dans l'ombre et mon plus solide soutien !

Madaryne sourit, à l'infini, sereine, sublime.

- Je dédie cette soirée à celui qui est mon époux, que j'aime plus que ma vie, et à qui je désire donner le meilleur de moi ! Je ne serais jamais devenue cette artiste sans son accord et son appui ! Je l'aime de toutes mes fibres, et je le rejoins ce soir, et je sais y trouver tout mon bonheur ! Adieu et à bientôt.

Et sortant de scène, Madaryne saisit à pleines mains celles de son mari.

- Si seulement tu imaginais à quel point je t'aime, mon fou furieux de balafré !

- On a notre soirée, ma Mady ?

- Non, Alhannis et ma sœur viennent boire le champagne, je les ai invités à l'appart de la station !

- Misère…