Hello ! Me revoilà avec une nouvelle fic longue au pairing un peu particulier, et des personnages qui me tiennent à cœur ! (Percy est mon chouchou.) Le thème du voyage dans le temps est récurrent, il n'empêche que j'avais envie de m'y essayer :3 Comme d'habitude, elle rassemblera de nombreux genres, du rire (surtout) aux larmes (pas mal), avec une bonne dose de romance - soit dit en passant, le rating de la fic risque de changer avec le temps. Elle est en cours d'écriture, mais je ferai mon possible pour être régulière. C'est reparti !
Edit (12/06/2019) : Comme l'écriture et la publication de la fic touchent doucement à leur fin, je commence à la relire du début et à remanier certains extraits. Ne soyez pas surpris si des dialogues entiers ont changé depuis votre dernier passage ;) J'évite de trop tailler dans le vif, sauf pour des dialogues qui m'ont l'air "faux" (c'est normal d'avoir évolué après quatre ans).
Prologue : Se lover contre une odeur
Perceval Weasley se réveillait tous les jours à six heures, sans exception. Il se levait et posait ses lunettes sur son nez, puis enfilait sa robe de chambre. Il habitait dans le modeste appartement d'un quartier sans histoire, loin de Londres ou encore du monde des Sorciers.
C'était mieux ainsi.
Comme à l'accoutumée, ce matin-là, il se dirigea directement vers la cuisine. Là, le jeune homme ouvrit la fenêtre, comme chaque matin. Un hibou s'engouffrait par l'ouverture la seconde suivante et lâchait un exemplaire du Sorcier du dimanche sur la table de la cuisine. Percy remit cinq Noises au facteur, qui disparut en un battement d'ailes. Rien d'inhabituel à ça.
Le quotidien était daté du 2 mai 2000 et les titres évoquaient tous plus ou moins la Deuxième Guerre des Sorciers – « Deux ans ont passé », « Hommage aux Sorciers morts au combat » ou « Commémoration », ce qui avait le don de faire frémir le rouquin. Était-il le seul à vouloir oublier ? Était-ce mal de ne pas désirer se rappeler de ce jour terrible ? Oui, visiblement. Il était préférable de se souvenir encore et encore des êtres chers qui ne sont plus. Il fallait absolument garder à l'esprit chaque perte, chaque blessure, chaque larme et goutte de sang versées.
Se laissant lourdement tomber sur une chaise, Percy parcourut du regard l'éternelle liste des valeureux trépassés lors de la Bataille de Poudlard. Un nom, toujours le même, lui serrait le cœur et la gorge.
Fred Weasley
Il repoussa le journal avec un long soupir, avant de retirer ses lunettes et de passer une main sur son visage pour chasser les larmes de ses joues.
Avait-il déjà eu si peu envie de se rendre au Terrier ? Sans doute, oui.
À des kilomètres de là, Ginny prenait le petit-déjeuner en compagnie de Harry et de son frère Charlie. Ils étaient tous tombés du lit, plus ou moins aidés par Mrs. Weasley, l'impitoyable mère de la nombreuse famille. En réalité, Molly était une femme très douce, mais elle recevait ce jour-là nombre d'invités : une multitude de personnes chères à son cœur qu'elle tenait à accueillir de la meilleure façon, ce qui impliquait l'aide de ses enfants.
George était le seul qui vivait encore au Terrier. La cadette était partie avec Harry un an plus tôt, tandis que Ron s'était installé avec Hermione. Percy enseignait dans une école moldue, Charlie demeurait quant à lui en Roumanie et Bill profitait d'une vie tranquille au bord de la mer avec Fleur, sa femme.
En vue des préparatifs, Charlie était arrivé la veille afin de mettre la main à la pâte. (C'est là qu'il avait appris que Harry souhaitait demander Ginny en mariage en surprenant l'Élu en train de répéter dans la salle de bain.)
La rouquine bâillait à s'en décrocher la mâchoire, tout en ajoutant du miel en grande quantité dans sa tasse de thé.
- George ne s'est pas réveillé ? demanda Harry.
- Entendre maman s'égosiller « LEVEZ-VOUS » à travers la maison pourrait me réveiller jusqu'en Roumanie, sourit Charlie. Je pense plutôt qu'il s'est rendormi.
- Il dort beaucoup depuis... deux ans.
Ginny se mordit la lèvre. Cela ne faisait pas si longtemps depuis son départ du Terrier ; une année, seulement. Elle n'avait pas eu l'occasion de revoir George à partir de ce moment – à sa plus grande honte, elle n'avait pas non plus cherché à le revoir. Elle souhaitait laisser derrière elle l'image de son frère meurtri, son frère si semblable à Fred. Elle réalisait seulement à quel point elle n'avait pas été présente pour George.
Charlie dut saisir sa tristesse, car il lui ébouriffa maladroitement les cheveux.
- Dépêche-toi de manger, on a plein de choses à faire.
C'était un très beau mois de mai chaud et ensoleillé, fort heureusement, car on n'aurait su faire tenir tant de monde à l'intérieur de la maison. Le jardin (dégnommé par les soins de Harry) grouillait entre autres de Weasley, d'anciens élèves et professeurs de Poudlard, de connaissances bien choisies. Percy devait apparemment à Harry Potter ce rassemblement de famille éloignée et de vieux amis, dans la mesure où le Survivant avait proposé de faire une fête pour commémorer la guerre de façon plus gaie que l'année précédente, et tout le monde avait applaudi l'idée.
Ainsi, on pouvait voir le Trio réuni rire aux éclats sous l'œil attendri du professeur McGonagall ; Draco Malefoy aux prises avec Luna Lovegood qui lui demandait gentiment s'il voulait qu'elle chasse les joncheruines de sa tête ; ou encore Hagrid en compagnie de madame Maxime.
Percy remarqua les coups d'œil inquiets que Mrs. Weasley jetait sans arrêt vers la maison.
- Il ne vient pas, il ne vient pas... répétait-elle d'une petite voix.
- On ne peut pas le forcer, la tempéra Arthur en posant sa main sur son épaule. J'ai déjà essayé de lui parler ce matin, deux fois.
- Mais mon petit, mon tout petit, ça lui ferait du bien de...
- Je ne pense pas, Molly.
Mrs. Weasley dissimula son angoisse en faisant léviter un plateau plein d'apéritifs qu'elle alla proposer à Seamus et Dean qui n'osaient pas se servir. Percy la suivit des yeux, avant de se tourner vers Olivier Dubois.
- Excuse-moi, je vais aller apporter quelque chose à grignoter à George.
- T'en fais pas pour moi.
Une assiette d'amuse-gueules à la main, il regagna la maison en slalomant entre les convives. Pas un de l'arrêta pour engager la conversation, mais ça, Perceval Weasley en avait l'habitude. Le professeur monta les nombreux escaliers menant à la chambre de son frère, devant laquelle il marqua un temps d'arrêt. Cela lui était nécessaire pour rassembler son courage d'ancien Gryffondor. Il toqua timidement.
- George ? Je peux entrer ?
C'est alors qu'il entendit un certain remue-ménage derrière la porte de la chambre, ainsi que son frère qui lui lançait : « Euh... une petite seconde ! ». George vint lui ouvrir, mais il gardait la porte la plus fermée possible et restait collé à l'entrebâillement, comme pour être sûr que Percy ne jetât à un coup d'œil à l'intérieur.
- Hé, salut !
- Salut...
- Je peux t'aider ? demanda George avec un sourire crispé.
- Je t'apporte à manger. Il faut que tu manges, même si tu n'as pas envie de descendre...
Percy nota avec un pincement au cœur que le jumeau avait bien maigri. On lui avait dit qu'il passait son temps à dormir, mais force était de constater que le reste de la famille se trompait : de grosses cernes soulignaient les yeux de son jeune frère.
- Écoute, ce n'est pas pour te chasser, mais...
Une étincelle jaillit derrière l'épaule de George. Percy écarquilla les yeux.
- Qu'est-ce qu-
- Ah, c'est rien ça, rien du tout.
Une odeur particulière, un peu comme du sucre en train de caraméliser, chatouilla les narines de Percy.
- Mais que fais-tu ? Et cette odeur ?
George fit mine de refermer la porte au nez de son aîné, mais l'ancien préfet le poussa pour forcer le passage dans la chambre plongée dans la pénombre. Un chaudron fumant trônait au centre de la pièce à peine éclairée de quelques bougies.
Percy se tourna vers George, dans l'attente d'une explication, tandis que ce dernier refermait la porte en râlant.
- Surtout pas de lumière du jour, ça pourrait tout faire foirer !
- Foirer ? Qu'est-ce qui pourrait foirer ? dit Percy à qui la vapeur s'échappant du chaudron fermé ne prédisait rien de bon.
- La potion.
George s'assit sur son lit. Il poussa un soupir pour signifier qu'il acceptait de passer aux aveux.
- Je ne te demanderai pas si tu sais garder un secret, car je connais la réponse : non, tu ne sais pas. À plus forte raison quand il s'agit d'un secret qui lie « subterfuge », « infraction » et « dérober une recette de potion interdite ainsi que quelques ingrédients dont la vente est illégale dans la plupart des états ».
- Tu as fait toutes ces choses ?! explosa le professeur.
- Toujours aussi rabat-joie, soupira George d'un air navré.
- Mais pourquoi ?! À quoi tu penses ?!
- À Fred.
Le rouquin sourit d'un air sarcastique.
- Tu sais, mon frère jumeau. Qui est mort.
Le sang de Percy se glaça à ces paroles.
- Mais que cherches-tu à faire ? reprit-il sur un ton plus doux. Tu... tu sais bien qu'il n'existe aucun sortilège, aucun artefact, aucune potion capable de ramener quelqu'un à la vie...
- Je ne veux pas le ramener à la vie. C'est bien plus dangereux que ça, ce que j'ai en tête.
George fit comme s'il n'avait pas remarqué que Percy avait tressailli à l'entente du mot « dangereux ».
- Une potion qui répond au nom d'Indicible, ça te dit quelque chose ? (Percy secoua la tête.) Ça ne m'étonne pas, c'est une potion très ancienne et très interdite par le Ministère.
Puis, sans quitter son frère des yeux, il récita d'une voix calme :
Toi le désespéré
L'être brisé
Dont le destin a pris un tournant tragique
Inhale les vapeurs du breuvage magique
Ce que tu as perdu te sera rendu
Tu auras ce que tu n'as jamais obtenu
Mais prends garde – après avoir été ramené
A l'instant précis où ta vie a basculé
Sois très prudent
Et méfie-toi du temps
George se tut. Percy demeura longtemps sans mot dire, fixant le chaudron qui bouillonnait doucement. De maigres vapeurs s'élevaient toujours en soulevant le couvercle de la petite marmite.
- Tu veux empêcher sa mort dans le passé ? s'enquit-il d'une voix blanche.
- Oui.
- Tu as bientôt terminé la préparation ?
- Je l'ai terminée. À l'instant.
- C'est pour cela qu'on ne te voyait jamais ?
- Je transplanais depuis ma chambre pour voler la recette ou récupérer les ingrédients. Maman et Papa pensaient que je dormais, mais je n'ai jamais aussi peu dormi de ma vie.
Percy se laissa tomber sur le lit à côté de George, tentant d'intégrer ces nouvelles informations.
- C'est de la folie. Tu es bien conscient que préparer une potion illégale après s'en être procuré illégalement la recette qui comporte des ingrédients dont la distribution est illégale, c'est de la folie pure ? Même ce poème que tu as récité te conseille clairement de te méfier !
George se leva.
- Oui, c'est de la folie ! Bravo, bien observé, comme toujours !
Il planta son regard brûlant de défi dans celui de son frère. Percy se trouva absolument désemparé par ce soudain accès de colère, lui qui se serait plutôt attendu à du chagrin en se risquant dans la chambre du garçon.
- Tu vois, la folie, c'est tout ce qu'il me restait après la mort de Fred. J'ai été fou de chagrin, fou de rage, fou de terreur, fou de désespoir... Mais cette folie, je me la suis appropriée, je l'ai aiguisée. Grâce à elle, j'ai traversé plus d'endroits qu'on n'en voit en toute une vie. J'ai fait des choses dont l'évocation seule suffirait à te pétrifier. Tu as raison, Percy, c'est de la folie.
- Je sais que tu as l'impression d'être seul, mais-
- Détrompe-toi, ce n'est pas une impression, rétorqua George en lui tournant le dos. Fred et moi, on était... presque une seule personne, répartie dans deux corps.
Quand il fit volte-face, il tenait sa baguette d'une main ferme bien que ses yeux brillaient de larmes. Il sourit sincèrement entre ses pleurs.
- Mais c'est terminé. Ça fait plus d'un an que ça demande toute mon énergie et que ça occupe tout mon esprit, et c'est enfin derrière moi. Désolé, frérot, mais je vais devoir te jeter un petit sort d'amnésie. Ne t'inquiète pas, tu n'oublieras que ces dernières minutes...
- Et qu'est-ce que tu vas faire, en admettant que tu arrives à sauver Fred ? Les gens comprendront ce que tu as fait !
- Ne t'inquiète pas pour moi. Tout ira bien mieux quand Fred sera de nouveau là.
Il ferma les yeux et murmura :
- Oubliettes.
Quand Percy revint à lui, quelques instants plus tard, il était allongé sur le lit et George avait disparu. Effectivement, les souvenirs des dernières minutes écoulées étaient partis avec lui, car Percy se rappelait seulement être entré dans la maison afin de s'enquérir de l'état de son frère, et...
Néant.
Il se redressa en grimaçant, sans comprendre. Il enjamba le chaudron en fronçant les sourcils puis alla ouvrir la porte, devant laquelle il trouva l'assiette de petits fours mais aucune trace de George.
Il se retourna pour regarder à nouveau le chaudron sans couvercle ; se penchant, il aperçut une mixture noire étincelante qui dégageait une épaisse vapeur violette. Cette dernière porta un parfum entêtant jusqu'au nez de Percy. C'était une senteur qui lui provoqua un sentiment de nostalgie inexplicable. C'était un parfum qu'il connaissait et adorait confusément, sans qu'il ne parvienne à l'associer à quoi que ce soit. C'était une odeur qui lui donnait envie de se lover contre la personne à laquelle elle appartenait. Il se pencha davantage. Et sombra.
