Pages cachées
Chapitre 1 : Le grenier :
Gray tends sa main vers la porte devant lui, lentement, l'ouvre en gardant un œil bien attentif aux alentours, l'oreille toujours à l'affut du moindre bruit, tous les sens en éveil.
Un bruit sourd, répétitif, tel une percussion s'accentue alors qu'il regarde la pièce qui s'offre à est sombre, et à première vue mal entretenue et bourrée de toutes sortes d'objets abandonnés. Une cave que l'on n'a pas ouverte depuis des lustres, certainement. La guilde semble encore pleine de surprises définitivement.
Alors qu'il tente de mieux voir, il s'approche un peu trop vite et ressent d'un coup une vive douleur au pied, qu'il exprime aussitôt par un cri des plus vifs. Il aurait même lancé quelques insultes, mais la situation dans laquelle il se trouvait l'obnubilait au point qu'il en perdait sa mauvaise humeur. Quelle idée aussi de venir dans un grenier inconnu et de retirer ses chaussures ?… Maudite manie.
« Bon sang, où est-ce que tu m'emmènes, blonde de mes… »
Il éloigne la vieille punaise (celles qui servent à accrocher ces fichues annonces au tableau de la guilde) qui trainait parterre avant de passer son doigt préalablement humidifié sur la plaie. Une odeur terrible lui prit alors le né… Serait-ce un animal mort ? Quelque chose de vieux et de tenace en tout cas. Et cette poussière qui nageait tranquillement dans le grenier, embaumant l'air sec, dévoilée par les maigres fentes d'un volet millénaire. Personne n'est passé ici depuis quelques temps. Remarque…
A vrai dire, les étagères semblaient bien poussiéreuses, mais le sol étaient étrangement propre, par endroits seulement. Les objets sur le sol sont disposés de telle sorte qu'un chemin se crée de lui-même.
A mesure que Gray comprends l'itinéraire, entre morceaux de bois et vieilles tenues hideuses de fêtes, il entend comme un souffle de plus en plus précisément. Il se glace sur le champ lorsqu'il finit par pleinement prendre conscience de la présence qui se trouve près de lui.
C'est quelqu'un, oui, bien quelqu'un, et l'odeur vient certainement de lui/elle/cette chose…
En tout cas cela vient de devant, de cette étrange forme sombre, près de la fenêtre au volet clos. Des fins rayons de lumière viennent se briser sur ce qui semble être un col, ou… une écharpe effilée.
« Natsu ? » fit le mage de glace, visiblement rassuré d'avoir reconnu quelqu'un, même l'autre tête de dragon.
Mais lorsqu'il s'approche de la silhouette, il se rend vite compte qu'il s'agit d'un grand tas de livres empilés, surmontés d'un drap sombre. A côté, contre la fenêtre, un bureau. Sur ce bureau, Gray remarque alors un petit livre vert. Ce n'est pas le livre en lui-même qui l'interpelle mais la couverture : il s'agit d'une photographie, une ancienne réalisée avec un vieil appareil à Lacrima. Sur la photographie, on peut clairement distinguer deux personnes : Natsu, sourire aux lèvres, la main posée sur l'épaule d'une fille plus petite, visage couvert par un voile. Natsu semble avoir quelques années de moins. Pourtant cette photo semble si ancienne…
Gray repousse quelques livres sur le haut de la pile et s'assoit comme il peut sur les plus robustes ouvrages, devant le bureau. Il prend le livre entre ses mains et, redoute un instant de l'ouvrir. Pourquoi cette photo le gêne-t-il ? Pourquoi le visage de Natsu est si étrange ? Son sourire, c'est bien le sien, mais il y a quelque chose… Et le plus mystérieux, c'est bien sûr la fille à côté. Non seulement son identité mais sa tenue, entre une tenue de mariage d'une pâleur fantomatique et celle d'un deuil.
Gray frissonne un instant, ses poils se hérissent sur ses bras et il peut sentir clairement un courant d'air glacial lui parcourir le dos, remontant par sa veste blanche ouverte au quart. La sensation est agréable, un instant il se laisse aller, mais bien vite, il regarde autour de lui et se rappelle de l'endroit où il est. Et il y a surtout cette odeur qui lui prend aux narines et dont il ne parvient pas à se défaire. Ce n'est pas le livre qui semble sentir ainsi… A moins que…
Et il ouvrit le livre, au milieu, ne distingue rien de lisible, mais des feuilles d'arbre ont été collé. La reliure est endommagée, les pages gondolées. Gray finit par tomber sur une tout à fait particulière.
Sur cette page, il y a un morceau rose-marron comme collé au papier, un peu écarlate, mais il ne parvient pas à voir mieux. Un instant, Gray ouvre les volets, avec difficulté, il parvient à pousser les deux battants, et la lumière de l'après-midi entre enfin dans la pièce.
Gray baisse les yeux, et découvre à son horreur quelque chose qu'il n'aurait pas voulu voir, pour rien au monde,
il lâche le livre,
les yeux exorbités,
révulsés par la vision.
« Qu'est-ce… Qu'est-ce que c'est ce truc ? »
OOO
