Cette fic TNG existe depuis maintenant bien longtemps, sa première publication date en effet de 2001. Presque 15 ans plus tard, j'ai évolué (heureusement) et j'y ai vu des erreurs, des incohérences ou simplement des choses qui ne me plaisaient plus. La mise en page est hasardeuse et je m'étais lâchée sur la ponctuation. J'étais jeune alors, et pleine d'entrain pour des détails qui me semblent aujourd'hui insignifiants. J'ai donc eu envie de retoucher certains chapitres, parfois très peu, parfois totalement...

Evidemment, disclaimer classique, tous les personnages de Star Trek appartiennent à Majel Barret et à la Paramount. Je les remercie chaleureusement de nous laisser nous amuser avec eux...


PROLOGUE


Journal de bord du capitaine, date stellaire 47912.7

La délégation cardassienne est arrivée sur le vaisseau depuis maintenant 48 heures. Leur manque évident de volonté de collaboration met tout l'équipage à cran et je crains que les prochains jours n'améliorent pas la situation. Le commander Saint-James s'applique à mener les négociations de la manière la plus courtoise possible mais j'ai pour ma part l'impression que nous allons dans une impasse.


« Bon sang, Numéro Un, murmura Picard entre ses dents, ces cardassiens finiront par avoir raison de ma santé mentale ! Quand daigneront-ils enfin communiquer les raisons ou les enjeux de leurs soi-disant négociations avec la Fédération ? »

Le Capitaine Picard se mordillait nerveusement l'ongle de l'index. Il stoppa en sentant qu'il arrachait la peau fragile de la cuticule. Le goût âcre du sang inonda sa bouche, le faisant grimacer.

« Je l'ignore, capitaine. Ils ont un talent indéniable pour se mettre tout le monde à dos, soupira William Riker à voix basse. Leur attitude est plus qu'ambigüe. Cette méthode de négociation débutant par un mépris total de la part des demandeurs n'a jamais été enseignée à l'Académie. S'ils parviennent à un résultat avec ce comportement, ils sont très forts… »

Le capitaine Picard leva vers son second des yeux las.

« Je ne sais plus quoi faire, Numéro Un. »

Will afficha cet air taquin qui le faisait brusquement paraître dix ans plus jeune.

« Nous devrions réfléchir sérieusement à l'idée d'envoyer le lieutenant Worf négocier à notre place, Capitaine… Son calme et sa courtoisie légendaires auraient sans doute raison de la retenue cardassienne », chuchota-t-il de son ton le plus sérieux.

Riker et Picard éclatèrent de rire en même temps, relâchant ainsi la tension accumulée lors des dernières quarante-huit heures.

Le capitaine Picard fut le premier à s'arrêter. Tournant la tête, il remarqua que le commander Data les regardait tous deux avec attention, enregistrant sans aucun doute tout ce qui pourrait ultérieurement l'aider à comprendre ce brusque fou rire.

« Je crois, Will, que notre ami Data n'a pas encore fait l'expérience du fou rire nerveux et incontrôlé…

- Monsieur ? »

L'androïde cligna des yeux, passant du visage du capitaine à celui de Riker.

Un troisième rire retentit. Les trois hommes regardèrent en même temps le jeune commander Saint-James, qui avait du mal à retrouver le calme et le sang-froid qui lui étaient jusqu'ici si propres. Elle toussota, embarrassée, avant de déclarer :

« Je m'excuse, capitaine… cela ne se reproduira plus. »

Jean-Luc fit la moue et secoua la tête.

« Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer…, cita-t-il de sa voix de baryton. Ne vous excusez pas, commander. Nous sommes tous à cran. Un peu de récréation ne fait de mal à personne. »

Riker confirma d'un mouvement de tête expressif.

Data les scrutait maintenant tous les trois, semblant assister à un événement qui le dépassait totalement. Revoyant son expression de surprise, le commander Saint-James failli rire à nouveau, mais parvint assez courageusement à s'abstenir. Elle devait reconnaître que c'était là sa première véritable détente depuis son arrivée à bord de l'Enterprise. Mais, visiblement, elle n'était pas la seule à être sur les nerfs, les attitudes du capitaine Picard et de son premier officier en étaient des preuves suffisantes.

Seul le commander Data était resté stoïque, son incompréhension des faits le faisant bien malgré lui participer à l'ambiance soudain plus légère de la passerelle.

L'humour lui était désormais plus ou moins familier. Il était capable de reconnaître toute sorte de jeux de mots et, bien que son rire ne fut pas encore des plus naturel, il pouvait écouter et raconter une histoire drôle d'une façon très convaincante. Mais, dans le cas présent, il n'avait reconnu aucun des concepts humoristiques stockés dans ses schémas de mémoire. Le commander Riker n'avait rien dit d'amusant, et avait pourtant réussi à provoquer un rire chez le capitaine et le commander Saint-James.

Data aurait volontiers fait part de ces interrogations ô combien primordiales à ses amis quand la voix tonnante du lieutenant Worf retentit dans la salle de conseil.

« Capitaine, une communication pour vous. L'amiral Nechayev. »

Picard soupira.

« Voyez-vous, Numéro Un, cela se nomme la douche écossaise… »

Will sourit, aussitôt imité par Saint-James et Data, qui avait reconnu un bon mot dans la phrase du Capitaine.

« Attention, Capitaine, elle a peut-être dissimulé des micros, et, devant votre manque de respect, va vous dégrader et vous enlever l'Enterprise !

- Oh, elle l'a déjà fait, Numéro Un, répondit Jean-Luc.

Il leva les yeux, une expression aigrie sur le visage.

« Mais l'amiral peut faire bien pire si elle le souhaite… »

Il se mit debout, rajusta son uniforme d'un mouvement sec, puis sortit de la salle de conseil.

Les commanders Riker et Saint-James restèrent seuls en compagnie de Data, qui avait gardé un sourire aussi large que le VISOR du commander LaForge. Un bref regard à l'androïde replongea immédiatement les deux officiers dans l'hilarité la plus complète.

oooOoOooo

Picard pénétra dans son bureau, et, après une profonde inspiration, s'assit dans son fauteuil avant d'allumer le moniteur.

« Picard. »

Le visage de l'amiral Nechayev, un maelström d'expressions vaniteuses et apathiques, apparut sur l'écran.

Sans prendre la peine de commencer par se nommer et préciser son grade, Nechayev entama la conversation avec une pointe de mépris dans la voix.

« Capitaine Picard, où en sont les négociations avec les cardassiens ?

- Amiral, laissez-moi tout d'abord vous dire le plaisir que j'ai de vous revoir… »

La taquinerie était évidente. Loin de se radoucir, l'expression de l'amiral devint plus froide encore. Estimant qu'il était inutile de poursuivre dans cette voie, au demeurant fort dangereuse, Jean-Luc continua sur un ton plus sérieux.

« Malheureusement, Amiral, nous n'avons guère progressé. L'enjeu de ces négociations, de même que leurs motivations, restent pour nous un mystère. Les cardassiens ne nous révèlent les informations qu'à petite dose… Pour le moment, nous savons qu'ils sont particulièrement intéressés par une planète de classe M inhabitée, située à proximité de leurs frontières mais nous ignorons les raisons de ce soudain engouement.

- Quel est le nom de cette planète, capitaine ?

- Les premiers explorateurs l'ont baptisée Podrim. »

Nechayev haussa les sourcils, sembla réfléchir un instant, puis déclara :

« Je n'en ai jamais entendu parler. »

Le contraire m'aurait étonné, songea Picard, non sans un certain agacement. Connaître l'espace tout en restant confortablement installé sur Terre était difficilement compatible…

« A dire vrai, Amiral, les cardassiens ont la primeur de la découverte…Bien que la planète fasse partie de la Fédération, elle n'est répertoriée dans aucune de nos bases de données, cependant, elle nous appartient officiellement. Pour cette raison, les cardassiens tiennent à en négocier la propriété. Si vous voulez mon avis…

- Il ne m'intéresse pas, Picard, le coupa sèchement l'amiral.

- Si vous voulez mon avis, reprit Jean-Luc en haussant légèrement la voix, et sauf votre respect, Amiral, cette démarche ne leur ressemble pas. »

L'amiral garda le silence pendant quelques secondes avant de poursuivre.

« Capitaine, vous êtes sur place voyez comment la situation évolue et, lorsque vous aurez du nouveau, rappelez-moi. Nechayev, terminé. »

L'image disparut pour laisser la place au logo de la Fédération.

Jean-Luc regardait l'écran, encore surpris de la relative confiance dont l'amiral avait fait preuve à son égard. Se détendant, il se laissa couler au fond du fauteuil et ferma les yeux. La présence des Cardassiens à bord du vaisseau était exténuante pour tout le monde, lui y compris.

« Demain, dit-il à mi-voix, repos… on arrête les palabres… »

Il tapota son commbadge de l'index.

« Numéro Un, veuillez me rejoindre. »

La voix de Riker lui répondit avec une clarté qui le fascinait toujours autant depuis qu'ils utilisaient cette technologie.

« J'arrive, Capitaine. »

oooOoOooo

Numak se laissa aller au fond de son fauteuil. Le capitaine de l'Enterprise avait ordonné une journée de repos. Il sourit, songeant que son plan marchait à merveille. Exaspérer les officiers de la Fédération au maximum pour pouvoir, le moment voulu, leur faire perdre le contrôle de la situation.

Il n'avait toujours pas saisi la décision de son gouvernement en ce qui concernait ces négociations. Elles ne rimaient à rien… Le Haut Commandement était devenu lâche et soucieux d'avoir en la Fédération un allié plutôt qu'un ennemi. Les anciens auraient pris cette planète de force. Et, s'il ne s'en était tenu qu'à lui, il aurait agi de la même manière. Mais il avait malheureusement des ordres et devait s'y tenir. Son influence avait beaucoup baissé depuis quelques temps, et cette « mission » n'en était qu'une preuve supplémentaire.

Il soupira longuement. Les temps changent…

Un tintement retentit, et, sans qu'il en ait donné l'autorisation, la porte s'ouvrit C'était une façon de savoir si le visiteur était ou non cardassien : les portes, lorsqu'il y en avait, ne représentaient aucun obstacle réel pour les gens de son peuple. Seuls les humains trouvaient normal de protéger leur intimité. Le visiteur se figea dans une attitude militaire et attendit le bon vouloir de son supérieur.

Numak se releva.

« Qu'y a-t-il, Toch ? »

Le jeune Cardassien leva la tête et parla d'une voix forte, sur un ton que l'école militaire avait développé au-delà de toutes les espérances.

« Nous attendons vos ordres, commandant. »

Numak secoua la tête. Sa délégation était principalement composée de jeunes recrues sans expérience, toutes persuadées que chaque action devait nécessiter un ordre préalable. La nouvelle génération de Cardassia… Il se demandait sérieusement si, plus que son influence, son prestige n'avait pas également baissé aux yeux du Haut Commandement… Former des gosses fraîchement émoulus de l'école militaire n'avait jamais été son fort, et il ne se sentait nullement qualifié pour ce genre de choses.

Invoquant tous les dieux qu'il put, il tenta de donner la réponse la plus satisfaisante possible à son jeune subordonné.

« Nous obéissons aux ordres du capitaine Picard. Autrement dit, glinn, vous avez quartier libre. Vous pouvez disposer. »

Toch salua son commandant ainsi que l'école le lui avait enseigné, et sortit, non sans ressentir fièrement l'infime présomption qu'en situation simulée, il aurait sans doute eu une excellente note…

Numak le regarda s'éloigner, puis se rassit en maudissant le règlement qui obligeait à n'étudier que la théorie pour se trouver désarmé et ridicule devant la réalité. Décidément, Cardassia perdait de plus en plus le sens des valeurs qui avaient fait sa grandeur en un temps que tout le monde semblait avoir oublié…