Ami du jour, bonjour ! Ami du soir, bonsoir !

Bienvenue dans mon fourre-tout à OS, plus officiellement appelé Legenda Aurea ! Comme vous l'aurez compris, je vous présenterai ici tout les OS en rapport avec mon univers sts, déjà introduit dans l'Âne d'or (dont je vous conseille vivement la lecture – comment ça c'est pas bien vu de faire son auto-pub ?!). Je préviens tout de suite, ce sera des publications tout à fait inégale en temps de publication ou en termes de longueur (il y aura du court, du moyen, du long, du très long – comme celui-ci par exemple !).

Note importante par rapport aux OC's :

Ceux qui ont déjà lu l'Âne d'or le savent, mon univers contient des OC's. Enormément d'OC's. A l'origine, je ne les avais créés pour des raisons d'outils narratifs. Je voulais me servir de leurs maîtres pour expliquer certains éléments relationnels ou de comportements des Ors. Et, pour des soucis de cohérence, j'ai eu la con***** de vouloir les développer. Très mauvaises idées car je m'y suis attaché et n'ai donc pas pu les contrôler quand ils ont décidé de se taper davantage l'incruste.

Donc, s'ils ne prennent pas relativement pas trop de place dans l'arc principal de l'univers, ils seront bien plus présents dans ce recueil, dont ils seront parfois les personnages principaux. À la base, je voulais faire 2 recueils : l'un uniquement basé sur les personnages canons et un autre qui expliquerait l'enfance des Ors, qui serait le terrain de jeu pour mon OC's. Et puis, je me suis rendue compte que j'avais tellement bien travaillé qu'ils étaient totalement intégrés à mon univers et qu'il n'aurait pas été logique de séparer les histoires en deux… Certains OS ne font que les mentionner ou ne les font même pas apparaître. Je sais que certaines personnes (dont je fais encore régulièrement partie) n'aiment les histoires avec les OC's. Donc, si ces personnes-là le souhaitent, je peux prévenir à chaque fois qu'ils apparaîtront à chaque nouveau chapitre.

Le laïus fait, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un abonna pythie lecture !


Longueur : très long

Personnage : présence d'OC's et de personnages canons (Shion, Aioros, Saga, Kanon, Aiolia)

Remerciement à : Staffy, pour la correction !

Disclaimer : Aucun des personnages torturés ci-dessous n'est à moi, mais bien à Masami Kurumada. Quant aux OC's introduits ou évoqués dans cette fic, ils sortent de ma petite caboche…


Nouveau chevalier

La mer était agitée ; le ciel, couvert. Le vieux pécheur grogna. Une tempête se préparait. Il jeta un coup d'œil en direction de son unique passager. Le jeune homme, un grand blond d'une vingtaine d'année au regard de glace, était appuyé contre la rambarde et fixait l'horizon. Il ne semblait pas dérangé par la piqûre de la brise marine qui, à cette époque de l'année, vous glaçait les veines.

Le marin ne lui avait posé aucune question quant à son identité. Sa destination parlait pour lui. Mais, si un doute avait pu subsister, la boîte aux reflets dorés posée à ses pieds l'en aurait convaincu. Cet homme n'était pas un être humain ordinaire. À mi-chemin entre les hommes et les dieux, entre la légende et la réalité, il faisait partie de ce monde mythique dont les histoires berçaient le sommeil des enfants d'Athènes.

Pourtant, cette certitude ne l'empêcha pas d'avertir son passager en amarrant.

« Attention, gamin ! Il vit dans cet endroit des forces qui dépassent le commun des mortels... »

Le blond hocha doucement la tête.

« Ne vous inquiétez pas ! » Lui assura-t-il avec un léger accent. « Je connais l'endroit et les puissances qu'il renferme ne m'effraient pas. »

Le vieil homme haussa les épaules, reconnaissant dans ses paroles toute la fougue et l'inconscience de la jeunesse. Une fois son passager débarqué, il ne s'attarda pas et leva l'ancre aussi vite qu'il le put.

Le blond regarda quelques instants le bateau s'éloigner avant de se mettre en route, sa boîte sur le dos comme un vulgaire sac de voyage. Il n'hésita pas sur la route à prendre, trahissant son habitude à la parcourir. Il finit par arriver devant un grand escalier en marbre du Pentélique qui débouchait quelques mètres plus haut à un temple grec.

Il s'immobilisa un instant, contemplant de loin l'édifice atypique, et baissa humblement les yeux lorsqu'il aperçut le signe du Bélier gravé sur sa façade.

Soudain, il se raidit, ressentant une cosmos-énergie dans la première maison. Il releva la tête et fronça les sourcils lorsqu'il remarqua une silhouette qui l'observait depuis le parvis du temple. Il gravit lentement les marches et se détendit au fur et à mesure qu'il découvrait le teint hâlé et la longue chevelure noire coiffée en tresses complexes de l'homme qui l'attendait.

« Nikolaï du Verseau. » Salua-t-il le blond. « Heureux de te revoir au Sanctuaire ! »

« J'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances... » Murmura le chevalier fixant tristement le bâtiment derrière lui.

L'autre acquiesça doucement. Le Verseau détacha le regard du premier symbole zodiacal gravé dans le marbre et balaya l'endroit, à la recherche d'une autre âme.

« Tu cherches quelqu'un ? » Finit par lui demander son vis-à-vis après avoir remarqué son exploration.

« A vrai dire, je m'attendais à rencontrer Duncan... »

« Il est au palais du Grand Pope. Tout comme Semeio, ce qui explique la présence de ton humble serviteur... »

La remarque eut le mérite d'arracher un sourire au jeune homme.

« Cesse de te rabaisser. Tu ne portes peut-être pas d'armure, mais ta puissance n'a rien à envier à celle de ton frère, de même que le respect que les autres chevaliers te portent. À nos yeux, tu es le chevalier des Gémeaux au même titre que lui, Sema. »

L'intéressé haussa les épaules.

« Chevalier ou pas, ça n'a aucune importance. Lorsqu'il a endossé l'armure d'or, Sem' m'a fait une promesse. Et je sais qu'il la tiendra... »

Nikolaï n'en doutait pas non plus. Il connaissait les liens qui unissaient les jumeaux du troisième temple. Quelle que soit cette promesse, Semeio tiendrait parole.

« Je t'accompagne jusqu'à ton temple ? » Lui proposa Sema qui appréciait la compagnie si rare du Verseau.

« Avec plaisir. »

Ils passèrent rapidement les deuxième et troisième temples, vides, et s'attardèrent très peu à la quatrième maison, appréciant peu son propriétaire. Nikolaï déplora par contre l'absence du chevalier du Lion, qui était un très bon ami, lorsqu'ils passèrent dans son temple. Ils saluèrent chaleureusement la Vierge, occupée comme à son habitude à méditer sur le sens profond de la vie avec l'aide de substances dont aucun d'eux ne voulait connaître l'origine. Quant aux septième et huitième temples, ils étaient tout aussi vides que les trois premiers, au grand déplaisir du Verseau qui aurait aimé pouvoir croiser le gardien de la huitième maison.

Arrivés devant le neuvième temple, les deux hommes marquèrent une pause.

« Comment va Aioros ? » Finit par demander Nikolaï après un long silence.

Sema le fixa tristement.

« Pas très bien. Kanon et Saga sont avec lui. Pauvre gosse... Il n'a vraiment pas eu de chance ces derniers mois... »

Le Verseau acquiesça doucement. Il avait appris la mort de la mère du jeune apprenti du Sagittaire alors qu'elle mettait au monde son deuxième enfant par le biais d'Aasir, le chevalier du Lion, qui lui avait rendu visite peu après la tragédie. Son ami lui en avait d'ailleurs paru très choqué – dans la mesure où Aasir pouvait paraître choqué.

Le Lion lui avait également fait part de la décision de l'enfant de s'occuper de son cadet, malgré les propositions des femmes du harem de s'en charger. Si ce choix forçait le respect, Nikolaï craignait que tant de responsabilités ne soient trop lourdes pour un enfant de cet âge, fusse-t-il le futur chevalier d'or du Sagittaire.

« Tu sais qu'ils pensent à l'introduire après l'enterrement ? »

La vive réaction du Verseau ne se fit pas prier.

« Quoi ! Et le Grand Pope cautionne ça ? Il n'a que sept ans ! »

Sema grimaça.

« Pour tout t'avouer, il semble plutôt réceptif à l'idée... »

« Et vous êtes tous d'accord ? » S'étonna le blond, choqué au-delà des mots.

Le deuxième Gémeau grimaça de plus belle.

« On est plutôt divisé sur le coup... Certains, avec Duncan en chef de file, s'y opposent bec et ongles... »

Nikolaï hocha vigoureusement la tête, en soutien avec ce groupe.

« Et les autres pensent que c'est la meilleure chose à faire. Semeio fait partie du lot... »

« Tout comme Alessandro. » Intervient une voix derrière eux. « Salut Nikolaï, ça fait un bail ! Je vais finir par croire que tu n'aimes pas la Grèce ! »

Le Verseau se retourna pour faire face à un jeune homme, plus petit, aux boucles châtaines et au regard chocolat pétillant de malice.

« Fabian. » La salua-t-il, ignorant la moquerie de sa dernière remarque.

« Dis-moi, la chèvre, d'habitude, le temple où tu crèches, c'est pas celui du dessus ? » Grogna Sema, peu réceptif à l'humour du bouclé.

Le Capricorne tapota une montre imaginaire, un grand sourire aux lèvres.

« Timing, timing ! » Chantonna-t-il joyeusement. « J'accompagnais Sandro au treizième quand on a senti le cosmos de la cruche dorée. Et comme vous traîniez, j'ai proposé de venir le chercher ! »

La "cruche dorée" haussa un sourcil.

« J'ignorais que j'étais attendu... »

« Et bien maintenant tu sais ! Et si on pouvait accélérer le mouvement, ce serait pas mal ! Duncan est sur le point de commettre un meurtre, et je pense que vous tenez chacun au moins à une des victimes potentielles ! »

Face à cet argument indiscutable, les deux autres se virent contraints de capituler et de suivre le Capricorne jusqu'au treizième temple. Nikolaï réussit néanmoins à négocier un bref croché par ses appartements au onzième, histoire de troquer ses vêtements actuels pour des habits plus légers, bien mieux adaptés au climat grec.

Au moment où le trio passa la porte du palais, les chevaliers sentirent très clairement deux cosmos s'enflammer. Juste après, des éclats de voix résonnèrent à travers les couloirs, désertés par les gardes qui, pas fous, avaient préféré s'éclipser avant de se retrouver coincés dans un combat de mille jours.

« Y a plus qu'à suivre le niveau sonore, on dirait ! » S'exclama Fabian avant de se tourner vers son voisin du dessus. « Tu connais encore le chemin, ou tu es parti depuis trop longtemps ? »

« Hilarant, vraiment ! » Grogna le Verseau avant de reprendre d'un ton plus étonné. « Vous ne m'accompagnez pas ? »

Sema secoua négativement la tête.

« Contrairement à vous, je n'ai pas d'armure pour me protéger des balles perdues... »

Fabian, lui, se contenta d'hausser les épaules.

« Ils connaissaient déjà mon avis sur la question. J'ai pas une folle envie de replonger dans ce bazar. Surtout si une dispute de couple s'ajoute à liste... »

Nikolaï jeta un regard blasé à son voisin – allez savoir pourquoi, il avait toujours été la cible privilégiée des traits d'humour du Capricorne. Néanmoins, malgré ses airs confiants, il prit le temps de respirer profondément avant de pénétrer dans la cage aux fauves.

À peine les pieds posés dans la grande salle, il remarqua l'atmosphère pesante qui y régnait. De part et d'autre de la pièce, deux hommes en armure se lançaient des noms d'oiseaux, cosmos déployé. Celui de droite, le plus grand de l'assemblée, avait croisé les bras contre son torse musclé, dans une attitude typique des chevaliers du Taureau, et traitait son vis-à-vis d'irresponsable – bien que les mots employés étaient bien plus imagés. Ce dernier, parfait sosie de Sema, écoutait son opposant avec un petit sourire en coin, l'interrompant de temps à autre par une remarque acerbe.

Au centre, assis sur son trône, le Grand Pope faisait office d'arbitre. Malgré la tension ambiante, il semblait serein et écoutait le débat avec beaucoup d'attention, passant de l'un à l'autre à chaque attaque, comme un spectateur de tennis suivait la balle lors d'un match disputé.

Un peu plus, en retrait derrière le chevalier des Gémeaux, une quatrième silhouette, celle-là habillée de manière plus informelle, suivait la discussion en silence. À l'occasion, elle jetait un coup d'œil discret en direction du Grand Pope, curieuse de connaître sa réaction vis-à-vis d'un argument précis.

Profitant qu'aucune des personnes présentes ne l'aient encore remarqué, le Verseau prit un instant pour l'admirer et, comme à son habitude, sentit son cœur fondre face à l'aura bouillante que le jeune homme dégageait. Et dire qu'il n'avait même pas encore croisé le regard mordoré d'Alessandro...

Suite à une remarque plutôt déplacée d'un des deux orateurs, la tension monta d'un cran et Nikolaï pensa qu'il était temps d'entrer en scène. Il déploya son cosmos glacé à travers la salle et en profita pour appeler son armure, restée au onzième temple, qui vint le vêtir bien gentiment.

L'effet fut immédiat : le silence s'abattit sur la pièce et l'atmosphère devient de suite plus respirable. Tous les regards se tournèrent vers lui.

Avant qu'un membre de l'assemblée ne sorte de sa stupeur et ne réagisse, le blond s'avança vers le Grand Pope et posa un genou à terre.

« Eh bien Nikolaï ! » Sourit Shion. « On peut dire que tu sais soigner tes entrées... »

L'Atlante n'était le seul à être amusé. Du coin de l'œil, il crut apercevoir un sourire en coin se dessiner sur les lèvres d'Alessandro.

« Je crains que l'humour douteux de Fabian ne déteigne un peu trop sur moi... » S'excusa le Verseau en se relevant. « Vous vouliez me voir ? »

« En effet, j'aimerais beaucoup entendre ton avis sur une question délicate. Je pense que tu vois de quoi je parle... »

Il fit de son mieux pour ignorer les regards inquisiteurs des deux chevaliers dans son dos.

« J'en ai entendu parler... » Confirma le Verseau sur un ton qui laissait bien entendre tout le mal qu'il pensait de l'idée.

Derrière lui, le Taureau poussa un cri de joie qu'il pensait discret.

« Tu vois ! » S'exclama-t-il en direction de Semeio. « Ça tombe sous le bon sens ! Il est trop jeune, fin de la discussion ! »

« Évidemment qu'il est trop jeune ! » Intervint Alessandro, prenant pour la première fois la parole depuis l'arrivée du Nikolaï. « Nous prends-tu pour des irresponsables, Duncan ? »

Il se planta devant le Taureau et le défia du regard. Gémeau et Verseau échangèrent un regard amusé. À côté du jeune homme, qui, avec Fabian, faisait partie des plus petits des ors, Duncan et son mètre nonante-cinq faisaient office de géant, et l'absence de l'armure du Scorpion sur les épaules de son propriétaire n'arrangeait rien à cette impression.

« Quand j'entends ce que vous proposez, j'ai quelques doutes, en effet ! » Grogna le Taureau.

Son interlocuteur ignora sa remarqua et se tourna vers Shion.

« Grand Pope, si vous le permettez, j'aimerais exposer mon point de vue à Nikolaï avant qu'il ne donne sa réponse définitive. Il lui manque certaines informations qui, il me semble, pourraient lui permettre de comprendre notre position. »

L'Atlante acquiesça doucement, lui donnant la permission de continuer.

« Oh great ! » Grommela à nouveau Duncan. « Mon dernier espoir, et il va me le faire changer de camp avec ses beaux sourires ! »

Le Scorpion leva les yeux au ciel.

« Crois-moi, le chantage affectif n'a aucun effet sur lui. Et c'est pas faute d'avoir essayé ! Mais, non, Monsignore préfère les arguments froids et cliniques ! »

« Arguments que j'attends toujours, caro... »

Le frisson qui traversa le corps d'Alessandro à la mention du surnom n'échappa à personne. Si Nikolaï ne se laissait jamais influencer par les jeux de séduction, c'était loin d'être le cas du Scorpion. Le Verseau connaissait parfaitement l'effet qu'un simple mot d'amour dans la langue maternelle de son amant pouvait avoir sur ce dernier et en abusait habilement.

« Oh pitié ! » Gémit Semeio. « Prenez une chambre, un placard, n'importe quoi tant que c'est pas devant nous ! »

Un raclement de gorge du Grand Pope leur rappela où ils se trouvaient et ce qu'ils faisaient là.

« Les arguments, oui ! » Se reprit Alessandro, ses joues virant dangereusement au pivoine.

Il planta ses yeux dans ceux du Verseau et son compagnon put y voir autre envie autre que celle de le convaincre de se ranger de son côté.

« Nous venons de subir une terrible perte. En plus de la douleur que cela nous cause, la mort de deux chevaliers d'or nous place en position de faiblesse. Le temple de la Balance est désert, le Bélier et le Sagittaire sont morts et tu n'es jamais là... Que penseront nos ennemis lorsqu'ils apprendront que le tiers des maisons zodiacales sont sans propriétaire ? N'y verront-ils pas l'occasion de nous attaquer ? On ne peut pas se permettre le luxe de ne rien tenter pour combler ce vide ! »

« En le comblant avec un enfant ? »

Alessandro offrit au Verseau son plus beau sourire, celui qu'il lui sortait généralement quand il le suppliait de lui faire confiance, même si son idée était sans doute la pire du siècle.

« Je te parle d'avoir officiellement un chevalier du Sagittaire, histoire que nos ennemis ne nous pensent pas diminués. Pas besoin qu'ils sachent qu'il est encore sous apprentissage et n'a porté son armure que dix minutes pour son intronisation... »

« Un simple coup de bluff... » Comprit le blond.

Le huitième gardien acquiesça doucement.

« Tu serais étonné de savoir combien de batailles tu peux gagner grâce à un bon coup de poker ! »

« Et si le bluff ne marche pas ? Et si nous sommes attaqués et qu'il doit défendre son temple ? »

« Ce n'est pas comme s'il logeait au premier ! Les gars vont déjà devoir passer Duncan, puis Semeio. S'ils réussissent à atteindre le quatrième, ils devront survivre à Leander, ce qui est loin d'être gagné ! Et, si par miracle, certains y arrivent, il y a encore Aasir et Alfred derrière, sans compter que je me ferais un plaisir de m'occuper des restes... »

Tout en prononçant ces derniers mots, il baissa les yeux sur ses doigts qui s'agitaient d'impatience et les trois autres comprirent très bien où le Scorpion voulait en venir...

« Peu de chance donc qu'ils atteignent le neuvième ! » Reprit-il avec le grand sourire avant de se tourner vers Semeio. « Tu veux ajouter quelque chose ? »

Le Gémeau secoua la tête.

« Duncan ? »

Il haussa les épaules, l'air impuissant.

« Est-ce que ça changerait quelque chose ? » Demanda-t-il d'un ton digne des meilleures tragédies.

L'assemblée sur tourna alors vers le gardien du onzième temple, impatient de connaître sa décision et Nikolaï n'essaya même pas de dissimuler son soupir dépité. Il aurait peut-être dû écouter l'avertissement du vieux pêcheur. Il existait en ce lieu des forces qui le dépassaient. Sauf que ce n'était pas vraiment celles auxquelles se serait attendu le vieil homme.

Pourquoi fallait-il que ça tombe toujours sur lui, ce genre de problème ?

SsSsSsS

« Aio, arrête de tourner en rond, s'il te plaît ! Tu me donnes mal à la tête... »

Kanon hocha doucement la tête, tout à fait d'accord avec son frère. Les incessants aller-retours de leur ami allait finir par le rendre fou.

Les derniers jours avaient été éprouvants pour les apprentis Ors. La veille avait fait figure d'apothéose, quand le chevalier des Gémeaux avait proposé de faire d'Aioros le nouveau gardien du neuvième temple. L'enfant comprenait très bien la panique qui avait envahi son condisciple à l'annonce mais, bordel, là, ça commençait à devenir ingérable !

Un petit gazouillement de bien-être quelques centimètres plus bas attira son attention. Confortablement lové contre le torse de l'enfant, Aiolia était loin de partager les angoisses de son frère. Ses seules préoccupations étaient d'avoir son biberon de lait quand il le réclamait et un coussin bien confortable pour faire sa sieste.

Kanon soupira. La vie était si simple à cet âge-là !

« Et puis, tu risques de réveiller l'accroc au lait à force de t'agiter ainsi. » Ajouta le deuxième Gémeau d'une voix douce, ne voulant pas déranger le sommeil dudit accroc. « Avoue que ce serait dommage après tout le mal qu'on s'est donné pour qu'il pionce ! »

L'argument eut l'effet espéré et Aioros consentit enfin à s'asseoir à côté de Saga. Ce dernier posa immédiatement une main réconfortante sur l'épaule de son ami.

« Tout va bien se passer. » Lui assura l'aîné de la bande. « Ils prendront la bonne décision, tu verras. »

« Et s'ils prennent la mauvaise ? » Gémit le futur Sagittaire en se cachant le visage entre les mains.

Les jumeaux se regardèrent.

« Ça dépend. » Fit le cadet. « C'est laquelle la mauvaise selon toi ? Qu'ils t'adoubent ? »

Aioros réfléchit un instant. Il n'en parut qu'encore plus perdu.

« J'en sais rien ! » Finit-il par lâcher dans un demi sanglot. « Je veux devenir chevalier, j'en rêve depuis que je sais ce que c'est ! Mais j'ai peur... »

« Peur de quoi ? »

« De ne pas être à la hauteur. Qu'ils m'adoubent et qu'ils se rendent compte plus tard que je ne suis pas digne de mon armure... »

« En voilà des inepties ! » Grogna une voix grave à l'entrée de la pièce.

Les trois apprentis furent debout en quelques millièmes de secondes. Dans les bras de Kanon, Aiolia, violemment réveillé, couina en signe de protestation. Pourtant, le nourrisson ne pleura pas à la mort comme ses aînés s'y seraient attendus. Ses grands yeux clairs fixaient avec fascination l'homme qui se tenait devant eux.

Car, fascinant, Aasir du Lion l'était sans conteste. Plutôt grand, même s'il l'était moins que le chevalier Duncan, sa peau d'ébène contrastait étonnamment avec ses cheveux, complètement blancs, coiffés en crête iroquoise. Ses yeux caramel semblèrent sonder les âmes de trois enfants qui baissèrent immédiatement la tête.

Seul Aiolia ne semblait pas perturbé par l'écrasante aura du Lion. Au contraire, la créature innocente (et surtout inconsciente) tendit ses petites mains en direction du chevalier, espérant qu'il le prenne dans ses bras. Ce qu'Aasir fit, à la grande surprise des trois enfants.

Le nourrisson rit, ravi de pouvoir observer de près ce grand homme qui effrayait tant ses aînés. Sa joie communicative gagna vite les trois apprentis qui recommencèrent à respirer. Même le chevalier se surprit à afficher un fin sourire face au rire du bébé.

« Que pouvons-vous faire pour vous, Seigneur Aasir ? » Finit par oser demander Kanon, toujours les yeux baissés.

« Eh bien, commencez d'abord par cesser de vous comporter comme des agneaux invités à dîner par un loup. Je suis ici pour prendre de vos nouvelles, pas pour vous effrayer... »

A ces paroles, les enfants sentirent tous les muscles de leur corps se détendre. Aioros, dont les jambes en coton n'auraient plus été capables de le soutenir bien longtemps, s'écroula immédiatement sur le canapé. Sa fatigue n'échappa pas au Lion. Il confia Aiolia à Kanon – le nourrisson ne manqua pas de couiner de mécontentement – et s'agenouilla ensuite face à l'apprenti pour être à sa hauteur.

« Je connaissais bien ton maître... C'était un homme exigeant. Crois-tu qu'il t'aurait pris comme apprenti s'il n'avait pas été certain de tes capacités ? » Demanda-t-il à l'enfant d'une voix douce.

« Je... »

« Bien sûr que non ! » Intervint Saga, sûr de ce qu'il disait, lorsqu'il vit l'hésitation de son meilleur ami. « Athéna ne pourra pas rêver meilleur chevalier ! »

Aasir acquiesça doucement.

« Bien sûr que tu n'es pas prêt. Mais ce n'est pas parce que tu deviens chevalier que tu cesses d'apprendre. Au contraire. Tu as le temps. Et personne ne te reprochera tes erreurs. On en a tous commis – et certains continuent même d'en faire... »

Aioros osa enfin relever la tête vers son aîné. Le regard habituellement dur et hautain du Lion avait laissé place à une douceur presque paternelle.

« L'armure ne te changera pas. Si c'était le cas, elle ne t'aurait pas choisi. Alors cesse de penser que tu ne seras pas à la hauteur... »

Le futur Sagittaire hocha lentement la tête. Aasir, constatant avec satisfaction qu'il avait réussi à rassurer l'enfant, se releva et se dirigea vers la sortie. Arrivé au seuil de l'entrée, il s'immobilisa avant de se tourner une nouvelle fois vers les trois apprentis.

« Tu seras un grand chevalier... » Assura-t-il au futur Sagittaire avant jeter un regard vers les jumeaux. « Vous serez de grands chevaliers. Tous les trois. »

Et, sur ses paroles, il quitta la pièce tandis que Aioros, Kanon et Saga réfléchissaient à ce que venait de dire le Lion.

« Je rêve, ou il vient de nous faire un compliment ? » Demanda finalement le cadet des Gémeaux après quelques minutes.

Les deux autres hochèrent lentement la tête, tout aussi stupéfaits, tandis qu'Aiolia gazouilla joyeusement, comme pour se moquer de ses aînés.

SsSsSsS

Comparée au froid sibérien, la douce fraîcheur du onzième temple tenait plus de la petite brise de printemps que de la bise hivernale. Néanmoins, la plupart des habitants du Sanctuaire ne saisissaient pas la nuance. Pour eux, il y faisait simplement froid.

Alessandro ne faisait pas exception. Néanmoins, Nikolaï n'allait pas s'en plaindre. Non seulement, la fraîcheur du temple retenait l'Italien sous les couettes mais elle le poussait généralement à rechercher de la chaleur du corps allongé à ses côtés. Avantage non négligeable s'il en est.

Le Verseau chérissait ces moments, si rares à son goût. Mais voilà, lorsqu'il n'était pas sur une de ses longues missions d'infiltration où le silence radio était de mise, il préférait sa Russie natale à la chaleur étouffante de la Grèce tandis qu'Alessandro vivait au Sanctuaire. Ils se voyaient dès lors très peu et leur correspondance régulière ne suffisait malheureusement pas à combler les vides.

Tu n'es jamais là... Nikolaï avait préféré ne pas le relever devant Duncan, Semeio et le Grand Pope, mais il n'avait cependant pas manqué le reproche inséré dans le plaidoyer de son compagnon un peu plus tôt. Alessandro n'avait jamais critiqué sa décision de ne pas résider au Sanctuaire comme ses collègues, comprenant son besoin de rester attaché à ses racines. Néanmoins, le Russe savait combien la situation lui pesait parfois. Après tout, c'était lui qui était continuellement confronté au bonheur conjugal des autres couples du Sanctuaire.

Lorsqu'il posa le regard sur le corps qu'il pensait finalement endormi contre lui, il eut la surprise de constater que le Scorpion l'observait attentivement, comme s'il essayait de lire quelque chose en lui.

« Quoi ? » S'exclama-t-il, étrangement gêné par cette inspection. « Il y a un problème ? »

Alessandro secoua doucement la tête.

« Je me demandais juste ce qui avait pu te pousser à changer d'avis pour Aioros... »

Nikolaï lui sourit.

« Tu avais de très bons arguments. Et je ne parle pas uniquement de tes beaux yeux... »

Beaux yeux qu'Alessandro leva au ciel.

« Un jour, il faudra que tu m'expliques cette obsession pour mes globes oculaires... »

Pour toute réponse, le Verseau l'embrassa. Aussitôt, l'Italien enroula machinalement ses bras autour de son cou pour l'obliger à prolonger le baiser. Pourtant, quand Nikolaï chercha à aller plus loin, son compagnon le repoussa gentiment.

« Si l'on commence maintenant, on ne sortira pas de ce lit avant un long moment ! » L'avertit le Scorpion entre deux baisers.

« Mais j'ai tout mon temps... »

« Toi, peut-être. Mais je ne vais pas bousculer mes plans parce que Monsignore débarque... »

Nikolaï n'eut pas le temps d'en demander plus que l'Italien quittait ses bras et son lit, où ils avaient paressé – et un peu plus que ça – depuis la fin de la réunion au treizième temple une bonne heure plus tôt. Le Russe le regarda rassembler ses vêtements abandonnés par terre lors de leurs ébats. Il s'attarda particulièrement sur le dos de son amant, observant avec attention ses muscles se tendre et se détendre à chaque mouvement.

« Je t'en prie, ne te gêne pas ! » Le taquina le Scorpion lorsqu'il remarqua son petit manège. « La vue te plaît au moins ? »

« Beaucoup. Et si tu me parlais de ces fameux plans... »

Il ne reçut qu'un sourire mystérieux en réponse. Le message était clair : « Pas tes oignons ! ». Sachant très bien qu'il ne tirerait rien de son compagnon, le blond abandonna l'idée d'en savoir plus et quitta à son tour le lit. Alessandro lui envoya aussitôt ses vêtements, que le Scorpion avait récupéré en même temps que les siens.

« Tu as déjà vu Aasir ? » Lui demanda brusquement l'Italien alors qu'il enfilait son pantalon.

Nikolaï secoua la tête.

« Il n'était pas dans son temple quand je suis arrivé... » Expliqua-t-il. « Pourquoi ? »

« Ce serait bien que tu lui parles... »

Le blond, occupé à reboutonner sa chemise, releva vivement les yeux vers son compagnon. L'accent inquiet qu'il avait dessellé dans la voix d'Alessandro ne lui plaisait guère.

« Il a des problèmes ? »

Le Scorpion grimaça.

« Difficile à dire... Tu connais Aasir, il n'est pas du genre à montrer qu'il a des soucis. Mais, depuis quelques jours, je le trouve distant et silencieux. Enfin, plus que d'habitude, je veux dire. »

« Tu n'as pas essayé d'en discuter avec lui ? »

Alessandro eut un petit rire.

« Nikolaï, Aasir et moi, on parle de la météo, de l'évolution des apprentis, ce genre de choses. Les sujets importants, il n'y a qu'avec toi qu'il en discute... »

Le Russe hocha pensivement la tête. S'il pouvait se vanter d'être proche du Lion, ce n'était pas vraiment le cas de la majorité du Sanctuaire. Le gardien du cinquième était un solitaire, un chevalier dont il fallait gagner l'estime pour qu'il cesse de vous considérer de son regard hautain comme un incompétent – et encore, cela ne signifiait pas qu'il allait vous adresser la parole pour autant. Paradoxalement, les rares élus à qui il s'était ouvert – comprenez : les chevaliers d'or et leurs apprentis – l'admiraient pour sa dévotion et son cœur d'or.

Et, parmi tous leurs compagnons dorés, Nikolaï avait un statut spécial. Bien sûr, Aasir appréciait les autres gardiens des temples zodiacaux, à une ou deux exceptions près, et avait des affinités plus particulièrement avec Alessandro et Fabian. Mais le Verseau était le seul qu'il considérait comme un frère. Et cela lui ouvrait pas mal de portes verrouillées pour les autres.

« J'essaierais de lui en toucher un mot après les cérémonies... » Décida le blond après quelques instants de réflexion.

« Pourquoi pas avant ? »

Un fin sourire se dessina sur les lèvres du Russe.

« Parce que la tension accumulée ces derniers jours va retomber à ce moment-là. Inconsciemment, nous allons tous nous détendre, lui compris. Et ce sera alors beaucoup plus facile de lui tirer les vers du nez... »

« J'oublie parfois combien tu peux être manipulateur. » Murmura Alessandro en le regardant étrangement avant qu'un détail ne vienne le titiller. « Attends une minute ! Ça veut dire que tu restes combien de temps ? »

Le sourire du blond s'élargit. Il s'était demandé combien de temps le Scorpion mettrait avant de mettre le doigt sur cette information.

« A l'origine, je ne devais rester que quelques jours, pour l'enterrement et l'intronisation d'Aioros. Mais, puisque les circonstances l'imposent, il se pourrait que je décide de rester une petite semaine... Ou peut-être deux. »

Le visage de son compagnon s'illumina à cette annonce. L'Italien se jeta alors sur lui, les faisant basculer dans le lit qu'ils avaient eu tant de mal à quitter, et l'embrassa passionnément. Nikolaï y répondit bien volontiers et ils repartirent dans un ballet mille fois exécuté.

Seulement, alors qu'Alessandro venait juste de finir de déboutonner la chemise de son amant, un cosmos familier apparut au seuil du onzième temple et les deux tourtereaux interrompirent de suite leurs activités.

« Quand on parle du loup... » Rit le Scorpion tandis que son compagnon soupirait de dépit.

Après quelques grognements de la part du Verseau et s'être assuré qu'ils étaient présentables, le couple s'empressa d'aller accueillir le nouvel arrivant. Celui-ci eut un léger haussement de sourcil en remarquant la chemise mal boutonnée du Russe et les joues encore rouges de l'Italien.

« Je dérange peut-être ? » Demanda-t-il, prêt à revenir plus tard s'il le fallait.

« Au contraire ! » Le contredit Alessandro, parfaitement sincère. « Timing parfait, Aasir, comme toujours ! »

Il fit mine de s'en aller mais fut retenu par son compagnon.

« Un rapport avec tes fameux plans ? » Lui demanda ce dernier, l'air un tantinet soupçonneux.

« Si je ne te connaissais pas aussi bien, je penserais que tu es jaloux ! » Plaisanta l'Italien avant de l'embrasser. « Pour ton information, j'ai promis à Kate de l'aider dans son dernier plan pour faire enrager la chèvre... »

Aasir leva les yeux au ciel.

« Tu sais, tu les aiderais bien plus en expliquant à Kate que provoquer Fabian n'est sans doute pas une technique de flirt efficace... »

« Certainement. Mais ce serait beaucoup moins amusant. »

Lion et Verseau échangèrent un regard peu convaincu. Quel idiot avait bien pu décréter que les Italiens étaient les meilleurs conseillers en amour ?

SsSsSsS

L'enterrement de Gjuke du Bélier et de Yared du Sagittaire s'était déroulé de manière intime, où chacun des chevaliers avaient eu l'occasion de saluer une dernière fois les deux Ors qui avaient été pour nombres d'entre eux des guides et des modèles à suivre. L'éloge que leur avait offerte Semeio, qui était, outre le Grand Pope, celui qui les avait côtoyés le plus longtemps, résonnait encore dans toutes les têtes.

L'intronisation d'Aioros, elle, était bien plus solennelle. L'arrivée d'un nouveau chevalier devait s'organiser dans les règles. N'y étaient présents que les neufs ors en armure et le Grand-Pope. Sema était également là, un peu plus en retrait, accompagné de Kanon et de Saga. Ce dernier tenait de ses bras un Aiolia étrangement sage, fasciné par les armures dorées que portaient les chevaliers.

« Il est adorable ! » Ne put s'empêcher de murmurer Kate des Poissons en désignant le nourrisson alors que Grand Pope commençait son discours. « Ça me donnerait presque envie d'en avoir ! »

« Kate ! On est en pleine cérémonie officielle ! » Lui rappela Nikolaï, qui était à sa gauche. « Ce n'est peut-être pas le moment pour planifier ta future vie de famille... »

« Tu t'attendais à quoi de la part de cette fille ! » Fit remarquer Fabian, tandis que le Verseau oscillait entre soulagement et désespoir de se retrouver à jouer les arbitres suisses entre ces deux-là. « Au moins, elle a mis son masque pour une fois ! »

La remarque lui valut un discret coup de coude dans les côtes de la part d'Alessandro pour faire taire son meilleur ami. Ce n'était ni l'endroit ni le moment pour une sempiternelle dispute caprico-poissone !

« Contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas égoïste au point de gâcher la cérémonie pour mes convictions. » Siffla la gardienne du dernier temple à travers son masque doré. « L'instant est important pour Aioros, je n'aurais pas aimé que quelqu'un vienne semer le trouble lorsque j'ai reçu mon armure. »

« Dans ce cas, cessez de parler tous les deux ! » Intervint Nikolaï. « On va finir par se faire remarquer ! »

Un regard en direction d'Aasir, qui les fusillait sur place, leur apprit que, remarqués, ils l'étaient déjà. Heureusement pour eux, ce n'était pas par Shion. Les deux fauteurs de trouble se calmèrent aussitôt et Nikolaï eut un petit soupir de soulagement. Le Lion, fièrement dressé en face de lui, le remercia de son intervention par un bref signe de tête.

Le Russe remarqua alors que son ami n'était pas tout à fait à sa place entre Alfred et Leander. Il haussa un sourcil, intrigué. Un fin sourire s'étira sur les lèvres de son ami qui lui désigna discrètement la main du chevalier de la Vierge – qui n'avait de vierge que le signe – posée stratégiquement sur le fessier de son voisin à pinces.

« Tu crois que Leander arrive vraiment à rester impassible ou bien c'est son armure qui le protège des attouchements virginaux ? » Entendit-il Fabian murmurer à l'oreille d'Alessandro.

L'Italien dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas pouffer. À la place, il fit une drôle de grimace que le Cancer ne manqua pas de remarquer. Ce dernier jeta un regard noir aux deux compères. Si le Capricorne, peu désireux de jouer aux petits jeux du gardien du quatrième temple alors que le Grand Pope proclamait son discours à quelques mètres d'eux, détourna aussi vite les yeux, le Scorpion, lui, releva la tête, une lueur de défi éclairant ses prunelles.

Ce comportement n'étonnait pas le Verseau. Nikolaï savait très bien que son compagnon avait été élevé dans un milieu où, si vous baissiez les yeux devant quelqu'un, c'était que vous étiez plus faible que lui. Or, tout le Sanctuaire connaissait la relation oscillant entre esprit de camaraderie et haine viscéral qu'entretenaient Alessandro et Leander. Jamais l'Italien ne montrerait le moindre signe de faiblesse devant lui, dusse-t-il cela lui en être un jour fatal.

Pris dans ce combat de dominance silencieux, il ne remarqua que très tardivement que le Grand-Pope s'était tu. À vrai dire, il ne s'en serait même pas aperçu si Kate ne s'était pas approchée de lui pour lui demander doucement :

« Je ne me rappelais pas qu'appeler son armure prenait si longtemps, et toi ? »

Le Russe secoua la tête. Néanmoins, ça ne l'étonnait qu'à moitié. Traditionnellement, c'était le futur chevalier qui, faisant flamboyer son cosmos, attirait son armure. Les douze – dix dans leur cas – rentraient alors en résonance pour signaler au Sanctuaire et au monde que la garde dorée d'Athéna comptait un nouveau membre.

Seulement, à cet instant précis, ce nouveau membre semblait paniqué, ne sachant pas le moins de monde ce qu'il faisait là et ce qu'il devait faire. Trop jeune, il était paralysé par les événements. Nikolaï sentit une boule se former dans sa gorge, doutant un instant de sa décision de soutenir le Gémeau et d'avoir fait si tôt de cet enfant de sept ans un membre de la garde dorée d'Athéna.

Semeio s'avança et s'agenouilla devant Aioros, lui murmurant quelque chose que personne n'entendit. Voilà qui n'était pas très conventionnel...

D'un autre côté, la situation était exceptionnelle. Personne n'aurait jamais imaginé que Yared meure si tôt, sans avoir l'occasion de terminer l'entraînement de son disciple. Et, c'était bien connu, à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles...

Les mots de Semeio semblèrent avoir l'effet espéré car le jeune Grec reprit quelque peu confiance en lui. Une faible vague de cosmos se fit sentir dans la pièce, trop peu néanmoins pour convoquer son armure.

« Aïe... » Murmura Fabian pour que seul leur petit groupe ne l'entende. « Et il se passera quoi s'il n'est pas encore assez fort pour enflammer son cosmos ? »

La question était clairement destinée à Alessandro, qui avait été le meilleur ambassadeur pour l'idée de Semeio. Néanmoins, ce dernier n'eut pas l'occasion de se justifier. À la surprise général, Aasir déploya sa cosmos-énergie. Oh, pas grand-chose ! Juste de quoi soutenir celui du futur Sagittaire, sans pour autant que le sien ne prenne le dessus.

Il fut bien vite imité par Semeio, qui compris immédiatement ce que le Lion avait derrière la tête, puis par Nikolaï qui entraîna dans sa suite Alessandro, Fabian et tous les autres ors, chacun donnant un peu de son cosmos pour l'offrir à leur jeune pair. Trop occupés par leur effort, aucun d'eux ne remarqua le sourire satisfait de Shion.

Lorsque l'armure du Sagittaire apparut enfin, il n'y eut plus besoin de prolonger leur coup de pouce cosmique. Les dix armures entrèrent en raisonnante, engendrant une vague de puissance qui déferla sur toutes les personnes présentes, y compris Sema et les deux apprentis des Gémeaux.

Dans les bras de Saga, Aiolia piaffa joyeusement et applaudit de ses mains potelées. Le nourrisson regardait avec de grands yeux fascinés ces jolis costumes dorés qui brillaient tel des milliers d'étoiles, tout particulièrement intéressé par l'une d'elles.

Puis, l'armure vint revêtir son nouveau porteur et toute cette puissance accumulée explosa, obligeant les personnes présentes à fermer les yeux. Et, lorsqu'ils les réouvrirent, tout était revenu à la normale.

« Ça, c'était du trip ! » S'exclama peu discrètement Alfred de la Vierge, ce qui lui valut des regards tantôt amusés, tantôt réprobateurs de la part de ses pairs.

Semeio aida le nouveau chevalier du Sagittaire à se relever et l'invita à rejoindre sa place, entre Alessandro et Fabian qui l'accueillirent avec un sourire rassurant. Le Grand-Pope en profita pour reprendre la parole.

« Si vous n'avez pas été attentifs précédemment, c'est le moment de l'être ! » Les prévint-il avec un petit sourire.

Shion les connaissait décidément trop bien...

« La perte de Yared et de Gukje, en plus d'être pour nous une immense source de tristesse, nous rappelle que nous ne sommes pas immortels. Chaque mission peut nous être fatale... »

Le Grand-Pope marqua une pause, regardant tour à tour les dix chevaliers debouts devant lui.

« Pourquoi ai-je l'impression qu'on ne va pas aimer la suite ? » Grogna tout bas Fabian, avant de se prendre un nouveau coup de coude de la part d'Alessandro qui avait habilement évité Aioros dans la manœuvre.

« Vous êtes tous chevaliers depuis plusieurs années. Vous avez eu le temps d'apprendre vos forces et vos faiblesses, ainsi que les valeurs portées par notre déesse. Il est temps pour vous de les transmettre à des apprentis. »

L'annonce d'une nouvelle guerre sainte n'aurait pas eu meilleur effet. Les Ors échangèrent des regards paniqués. Avoir un apprenti ? S'occuper d'un enfant et lui transmettre tout ce qu'ils savaient ? Certains ne prirent même pas la peine de masquer leur grimace. Ils avaient déjà du mal à se gérer eux-mêmes, alors gérer un enfant...

Le seul qui ne cédait pas à la panique silencieuse qui avait envahi la grande salle à l'annonce du Grand-Pope, c'était Semeio. Évidemment, le Gémeau n'avait aucun souci à se faire de ce côté-là. Il lança un coup d'œil à son frère et ses apprentis, qui, un peu plus en retrait, avaient une superbe vue sur le spectacle qu'était huit Ors complètement paniqués à l'idée de devoir s'occuper d'un gosse. Et, vu le grand sourire amusé de Sema, la scène devait valoir son pesant de cacahuètes...

Puis, en voyant la place vide à côté de Duncan, une question lui traversa l'esprit.

« Mais, et pour l'armure du Bélier ? »

Shion le fixa en affichant un petit sourire qui fit comprendre au Gémeau que l'Atlante savait qu'il serait celui qui poserait la question.

« Dans notre malheur, nous avons de la chance. Yared a très bien préparé Aioros. Il connaît les spécificités des Sagittaires. (Il balaya ensuite l'assemblée). C'est aussi pour cette raison que je veux que vous trouviez au plus vite un apprenti. Chaque signe possède ses secrets qu'il est le seul à connaître, et la plupart se transmet par voie orale. Nous avons été à deux doigts de perdre ceux du Sagittaire... »

« Et pour ceux du Bélier ? » Demanda Duncan, qui avait bien noté que le Grand-Pope avait esquivé la question.

« Je m'occuperais de l'apprenti du Bélier. » Répondit mystérieusement l'Atlante avant de se tourner vers Aioros. « On m'a fait part de tes inquiétudes. Ne t'inquiète pas, je n'exigerais rien de toi si j'estime que tu n'es pas prêt. Prends ton temps pour t'habituer à ta nouvelle fonction et continue ton apprentissage. Semeio et Sema se sont proposés pour t'aider dans cette voie... »

Personne ne rata le regard reconnaissant que le tout nouveau chevalier lança au Gémeau. Ni le petit cri de joie que n'avait pas pu retenir Saga. Les joues de ce dernier prirent une jolie couleur rouge lorsqu'il s'aperçut que toute la pièce l'avait entendu. À côté de lui, Kanon ricana. Saga n'avait pas fini d'entendre parler de cet incident...

SsSsSsS

« C'était une chouette cérémonie de... de... Comment ça s'appelle déjà ? »

« Cérémonie d'intronisation, Fabian. » Lui rappela Nikolaï.

« Mais non, ça, c'est pour le Pape ! » Protesta Alessandro.

Le Verseau demanda discrètement l'aide d'Aasir, qui sirotait tranquillement son verre dans un des fauteuils du onzième temple. Le Lion écoutait attentivement le débat, un fin sourire amusé aux lèvres, comme s'il s'agissait d'une conversation sérieuse. Lorsqu'il remarqua l'attention dont il faisait l'objet, il haussa les épaules.

« D'adoubement, peut-être ? » Proposa-t-il, sans grande conviction.

Fabian écarta la suggestion d'un geste de la main.

« Trop Moyen-Âge ! »

« Et quel nom tu proposes ? »

Le Capricorne fit mine de réfléchir intensément – ce qui, vu son état, était peu probable. Puis, son visage s'illumina d'un éclair de génie qui laissait présager le pire.

« Chevalierisation ! »

C'était officiel, la chèvre était ivre.

Un peu plus loin, couché dans le canapé avec la tête posée sur les cuisses de son amoureux, Alessandro pouffa. Aasir et Nikolaï échangèrent un regard entendu. Certes, le Scorpion n'était pas encore aussi torché que son meilleur ami mais ça ne saurait tarder. Il était peut-être temps d'arrêter les dégâts...

Après la cérémonie, les quatre Ors s'étaient réunis au onzième temple pour fêter l'arrivée de leur nouveau frère d'arme et le retour de Nikolaï. Et la soirée avait vite dégénéré, comme à chaque fois que Fabian touchait la vodka distillée avec soin par la grand-mère du Verseau. Et, comme à son habitude, il avait entraîné l'Italien qui, même s'il tenait plutôt bien l'alcool, finissait toujours par capituler face au taux élevé d'alcoolémie de la boisson russe.

Alessandro se redressa péniblement et, proférant quelques jurons dans sa langue maternelle, il se pencha vers la table du salon et la bouteille d'alcool qui y était posée. Seulement, il fut coupé dans son élan par la main froide de son amant.

« Je crois que tu déjà bu assez, caro... » Le gronda gentiment le Russe en l'éloignant le plus possible de la bouteille.

« Et toi pas assez, solnychko. » Répliqua le Scorpion du tact au tact. « Mais c'est pas grave, je t'aime quand même ! »

Et, quand l'Italien s'approcha pour l'embrasser, Nikolaï ne l'en empêcha pas, malgré les relents d'alcool.

Aasir toussota.

« Jaloux, Aasir ? » Se moqua Alessandro en s'écartant néanmoins de son compagnon.

Le Lion sourit.

« Je pensais simplement aller faire du thé pour Fabian... Je voulais savoir si tu en voulais également... »

L'Italien grimaça. Il connaissait le thé qu'Aasir lui proposait. Un thé très efficace pour combattre la gueule de bois avant même qu'elle ne commence. Et aussi dégueulasse que miraculeux. Alessandro soupçonnait même le Lion de le faire exprès pour décourager les soûlards de recommencer.

« Non merci. Je crois que je préfère encore la gueule de bois ! »

« A ta guise... »

Sur ces mots, il laissa les deux tourtereaux et Fabian et partit dans la cuisine. Aussitôt qu'il eut disparu des radars, Scorpion et Verseau échangèrent un regard complice. C'était le moment.

« Ça ira ? » Demanda néanmoins le Russe à son compagnon, désignant notamment la chèvre ivre dans son fauteuil.

« Je passe dix mois l'année sans toi. Je crois pouvoir nous gérer pendant que tu t'absentes dix minutes. Va lui parler ! »

Il embrassa le front de l'Italien avant de quitter le canapé et, surtout, emporta la bouteille de vodka avec lui. On n'était jamais trop prudent.

Aasir était appuyé contre la table de la cuisine et regardait intensément l'eau bouillir, comme si, s'il ne retirait pas la bouilloire au bon moment, toute la magie de son infusion serait gâchée. Nikolaï le détailla un instant et constata qu'Alessandro avait raison. Pensant être seul, le Lion n'avait pas jugé opportun d'afficher le masque détaché qu'il affichait habituellement. Et le Verseau put lire dans ses traits une certaine tristesse et de profonds regrets.

« Je sais que tu es là... » Fit le Lion en ne quittant pas des yeux la bouilloire. « Je t'en prie, entre ! Fais comme chez toi... »

Nikolaï sourit et pénétra un peu plus profondément dans la pièce. Aussitôt le masque d'indifférence réapparut sur le visage du Lion. Cependant, il ne l'avait pas rabroué, bien qu'il l'ait vu dans un moment de faiblesse. Le Verseau le vit comme un signe encourageant.

Après avoir posé la bouteille de vodka sur la table, il s'installa à côté de son ami et l'accompagna dans son observation du phénomène physique qui voulait que l'eau bouille à cent degrés.

Quand la bouilloire siffla enfin, Nikolaï le prit comme un signal. D'abord, mettre en confiance son interlocuteur en abordant un sujet innocent.

« Tu semblais plutôt serein quand Shion a mentionné les apprentis... » Fit-il observer. « Quelle surprise nous réserves-tu encore ? »

Un petit sourire mystérieux se dessina sur les lèvres du gardien du cinquième temple.

« Si je te le disais, ce ne serait pas vraiment une surprise... Tu le sauras en temps voulu, comme tout le monde. »

« Et moi qui pensais être un privilégié... »

« Tu l'es. Sinon, nous ne serions pas sur le point d'avoir cette conversation... »

C'était le problème avec Aasir. Rien ne lui échappait, même les tentatives de manipulation de l'espion du Grand-Pope. Nikolaï soupira. Maintenant qu'il se savait démasqué, autant mettre tout de suite les pieds dans le plat.

« Alessandro s'inquiète pour toi... »

Aasir eut un petit reniflement ironique.

« Tu m'en vois navré. »

« Il te trouve taciturne... »

« Taciturne ? » Répéta le Lion en haussant un sourcil.

« Oui, taciturne. Or, nous savons tous les deux que tu respires habituellement le bonheur de vivre en société... Donc, ma question est la suivante : que se passe-t-il ?»

Aasir le considéra longuement, sans rien dire. Pour gagner quelques précieuses secondes, le Lion décida de s'occuper du thé et versa l'eau chaude dans un mug prévu à cet effet. Sa tâche terminée, il releva les yeux vers son ami et déclara de but en blanc :

« Mon père est mort récemment. »

Le Verseau ne sut quoi dire. Il ne savait même pas qu'Aasir avait encore des contacts avec son père. La majorité d'entre eux n'avaient plus revu leur famille depuis leur arrivée au Sanctuaire – quand ils avaient encore de la famille, bien sûr. Certains ne mentionnaient jamais son existence, d'autres étaient rongés de ne plus la revoir. Lui n'avait pas ce problème, sans doute était-ce l'un des rares avantages à n'avoir jamais eu de parents. Quant à sa grand-mère... Il n'avait pas de soucis de ce côté-là.

Nikolaï avait toujours cru qu'Aasir était un peu dans le même cas que lui – la grand-mère mis à part. Après tout, même Leander mentionnait de temps à autre ses géniteurs, souvent pour les maudire. Aasir jamais, à croire qu'ils n'existaient pas. Mais, visiblement, ils existaient.

« Désolé... Tu comptes retourner au Kenya pour... »

Le Lion l'intima au silence d'un geste de la main.

« Ça fait bien longtemps que mon père ne vivait plus en Afrique. D'ailleurs, il n'était même pas kényan... »

Le Russe ne put s'empêcher de laisser échapper un « Ho ! » quand il comprit ce que cela laissait sous-entendre.

« Et puis, il est déjà sous terre. Il n'y a plus rien à faire. » Conclut le Lion avant de saisir le mug de thé qui, selon lui, avait infusé assez longtemps. « Allons rejoindre les deux autres avant que Fabian ne comprenne où je suis parti et décide de se faire la malle tout seul ! »

Même s'il avait voulu ajouter quelque chose, le Verseau n'en aurait pas eu l'occasion. Considérant leur conversation terminée, Aasir quitta aussitôt la cuisine pour être certain de ne pas devoir répondre à plus de questions.

Lorsqu'il le rejoint dans le salon, il y trouva également un Fabian ronflotant joyeusement et un Alessandro résistant difficilement aux bras de Morphée. Le Scorpion, qui, la seconde d'avant, veillait sur le sommeil de son ami, releva la tête en remarquant leur présence et leur sourit.

« Alors, vous avez discuté ? » Demanda-t-il d'une petite voix fatiguée alors que son compagnon se glissait à ses côtés.

L'Italien se blottit aussitôt entre ses bras.

« Nous l'avons fait. » Confirma le Lion en réveillant doucement Fabian. « J'ai d'ailleurs cru comprendre que Nikolaï t'influençait un peu trop en ce qui concerne l'espionnage. »

« Mais c'est ça la famille, mon cher Aasir... » Murmura le Scorpion, résistant tant bien que mal au sommeil. « Veiller sur les autres alors qu'il ne demande rien, simplement parce qu'on s'inquiète pour eux... »

Le Russe se raidit lorsque son compagnon évoqua la famille. Cependant, Aasir ne laissa paraître aucun trouble en rapport avec ce dont ils avaient discuté. Au contraire, il affichait un sourire tendre lorsqu'il tendit le mug de thé à Fabian, qui sortait lentement mais sûrement de la brume.

Ce que Nikolaï vit sur le visage d'Aasir ce soir-là, il ne l'oublierait jamais. Car, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, il eut l'impression que le Lion avait le sentiment d'appartenir à une famille. Et il n'aurait pas été le seul.

SsSsSsS

« Donc, y faut t'appeler Seigneur Aioros maintenant ? »

Le tout nouveau Sagittaire rougit. Saga, lui, tapa gentiment l'arrière du crâne de son frère qui éclata de rire.

Les trois enfants, profitant que Kate des Poissons avait proposé de s'occuper d'Aiolia jusqu'au lendemain, s'étaient rejoints sur une des plages bordant l'île du Sanctuaire. Là, assis sur le sable encore tiède, ils regardaient les vagues s'écrouler à leurs pieds.

« T'es con... » Murmura le plus jeune, encore gêné.

« Ça, c'est pas nouveau... » Fit remarqua Saga, un sourire taquin aux lèvres.

« Dixit celui qui a réussi à se faire remarquer en pleine cérémonie officielle ! » Répliqua son jumeau du tact au tact.

L'apprenti des Gémeaux se tortilla en se remémorant ce moment embarrassant et baissa aussi vite les yeux pour éviter de croiser ceux moqueurs de son frère ou ceux amusés de son meilleur ami.

Sans se préoccuper de la gêne de son jumeau, Kanon s'étala dans le sable, poussant un immense soupir de contentement.

« Je crois que si je pouvais arrêter le temps à un moment de ma vie, ce serait maintenant... » Murmura le cadet des Gémeaux en fixant les étoiles.

Les deux autres échangèrent un regard étonné.

« C'est pas un peu tôt pour décider que c'est le meilleur moment de ton existence ? » Lui demanda finalement Aioros.

« J'ai pas dit que c'était le meilleur, seulement celui dont je voudrais qu'il ne s'arrête jamais... »

Un grand silence suivit sa déclaration. Au bout d'un moment, Kanon se redressa et remarqua que ses compagnons le fixaient comme s'il venait de jurer fidélité à un autre dieu. Il soupira avant de s'expliquer :

« Plus de maîtres tortionnaires, plus de petits frères braillards, plus rien... Rien que nous trois et la mer. C'est pas le paradis ? »

« C'est vrai que, vu comme ça... »

« Mon petit frère est adorable, Kanon des Gémeaux ! »

« Mouais... Pas quand il réclame sa dose de lait quotidienne ! »

Sur le coup, le Sagittaire n'y trouva rien à répliquer. Si son petit frère était généralement plutôt sage, il devenait par contre intenable quand son biberon tardait à arriver.

De son côté, Saga ricana.

« Si tu as déjà du mal avec Aiolia, ça risque d'être drôle avec les futurs apprentis ! »

Son cadet écarquilla les yeux, horrifié par la vision d'une demi-douzaine de bambins courant dans ses pattes, le harcelant de questions ou pire !

« On va mourir ! »

Aioros pouffa.

« Tu exagères ! Je suis sûr qu'ils seront adorables ! »

« Ou bien ce seront de vrais démons ! »

« Dans tous les cas, il faudra les aider du mieux qu'on peut ! » Fit remarquer Saga, le regard dans le lointain. « Je veux dire, vivre au Sanctuaire n'est jamais facile, surtout au début ! Nous, on a encore eu de la chance. Nous venons des alentours, on connaissait plus ou moins la difficulté. Mais, ces gosses, d'où viendront-ils ? Non, c'est sûr, au début, ils seront peut-être agaçants ou trouillards mais c'est à nous à les guider ! C'est aussi ça, porter une armure d'or ! »

« Parle pour toi ! » Murmura Kanon, quelque peu amer.

Néanmoins, son frère ne l'entendit pas. Aioros venait de poser sa main sur la sienne.

« Le seigneur Aasir a raison. » Sourit le plus jeune. « Tu feras un merveilleux chevalier ! »

Saga rougit de plus belle.

Et, uniquement concentrés l'un sur l'autre, aucun des deux ne remarqua la lueur de jalousie qui passa comme un éclair dans les yeux de Kanon avant de disparaître.


Des remarques ? Des critiques ? Dans tous les cas, merci d'avoir pris le temps de lire cette histoire !

Pour les curieux, Blackstaff14 a dessiné mes chevaliers sur DA :

blackstaff14/gallery/64967297/In-Saint-Seiya (ajouter )

Je vous souhaite un joyeux Noël en retard et une très belle année 2019 en avance !

À très vite ! Et que la Pythie soit avec vous !

Nerya.