Bonjour tout le monde et bonne presque nouvelle année !

C'est donc après une rencontre abrupte avec des phéromones d'oignons (MES YEUX !) que je me suis décidée à écrire le premier chapitre de ma toute nouvelle histoire ! C'est un thème déjà utilisé dans d'autres fanfictions, mais je vais essayer de rendre ça plus long et original ! ^^

J'espère que vous l'aimerez et en attendant le verdict, bonne lecture !


Chapitre 1 : The Man with the twisted mind

Londres, novembre 2004.

Couché sur le ventre depuis deux jours sous une pluie battante qui me gèle jusqu'à l'os, j'essaie de détendre la crampe de mon petit orteil sans quitter ma cible des yeux. Une main sur mon AX-338 chéri, j'essaie de glisser l'autre jusqu'à mon pied pour le masser à travers ma botte en cuir, mais rien à faire, c'est trop épais. Frustré, endolori et sentant le rhume arriver, j'avais à cet instant vraiment hâte de pouvoir rentrer chez moi. Enfin, dans le trou à rat qui me sert d'appartement.

Mais bon, si je m'en allais maintenant, ces derniers jours de préparation et d'attente n'auraient servi à rien.

Tout avait commencé à mon retour d'Afghanistan, où j'étais coincé depuis deux très longues années, tout ça à cause d'une bande de crétins de terroristes qui avaient décidé que tester la capacité d'absorption d'un gratte-ciel américain à l'aide d'un avion était une excellente idée. Après ça, les pays qui avaient un minimum de jugeote s'étaient engagés dans une guerre qui, soyons honnêtes, ne me concernait pas. Dommage, j'étais un soldat au service de sa Majesté en ce temps-là.

C'est ainsi qu'après deux longues années de cuisson au soleil à tenter d'abattre des types pas très dégourdis, je m'étais fait passer pour mort pour rentrer au pays. Pas très glorieux, certes, mais les statistiques m'adoraient. J'étais officiellement le seul soldat anglais tué en Afghanistan pour l'année 2004. La classe hein ?

Bon, j'avais vite déchanté en revenant, bien entendu. Ma petite-amie de l'époque avait quitté l'appartement sans prévenir, me laissant avec plusieurs mois de loyer en retard et mon compte en banque avait bien souffert de ces remboursements à répétition. J'étais en ce moment-même à la recherche de mon ex, histoire de lui montrer ma vision du divorce. Rien que les flics ne puissent me mettre sur le dos, notez bien.

Du coup, je m'étais retrouvé à la rue avec mes seules armes comme colocataires. Jugeant que je ne devais plus rien au reste du monde, je m'étais arrangé pour trouver les hit lists sur la face cachée d'Internet (merci les indic') et m'étais lancé dans un nouveau métier : tueur à gage.

Au moins, le paiement était rapide et conséquent, quand on savait choisir ses cibles.

Le type que j'avais choisi, un patron de bijouterie dont j'avais encore oublié le nom, avait l'air de coûter rudement cher, vu la prime offerte par le client. Je ne pouvais même pas le contacter pour savoir ce que ce bijoutier avait de si particulier car tous les demandeurs restaient anonymes sur la liste que j'avais trouvée.

Dès qu'un chasseur de prime choisissait une mission, le client pouvait voir son nom ainsi que le compte sur lequel verser le fric et la mission disparaissait temporairement de la liste. Inutile de se précipiter au portillon pour descendre le même gars, après tout.

La commande était supprimée par le client une fois la cible abattue et le tueur payé.

C'était simple et propre, tout ce que j'aime. Mon futur cadavre allait me ramener 150 000 £ d'un coup, ça valait bien la peine de poireauter pendant deux jours sur un toit dégueulasse, non ?


Bon, la bijouterie était fermée depuis un bail et la nuit était tombée depuis longtemps, mais le grand brun en costume bleu n'était toujours pas sorti du bâtiment. Ah, ces gens qui faisaient des heures sup' !

Je me mis à fredonner tout bas pour passer le temps tout en secouant la tête pour enlever l'eau glacée qui zonait sur ma capuche. Mon pantalon était percé et tout mon corps n'était qu'une énorme courbature. Avec la récompense, j'irais bien au spa pour m'offrir un petit massage et quelques jolies filles, tiens.

Secouant la tête pour me concentrer à nouveau sur l'énorme bijouterie, je me remis à penser à l'importance de la mise par rapport à la difficulté du boulot. Il n'y avait pas de gardes du corps, pas d'autres caméras que celles du magasin et des vitrines et le type était seul à l'arrière du magasin. Enfin, peut-être que sa mort allait rapporter un max à d'autres personnes, après tout. N'empêche que j'avais un mauvais pressentiment.

Soudain, une baie vitrée s'éclaira au premier étage, me laissant voir l'intérieur du bureau de mon gars comme si j'y étais. Ma victime entra dans la pièce en lisant une liasse de feuilles, l'air préoccupé. Il traversa son bureau et alla s'asseoir dans un immense fauteuil à roulettes, dos à la fenêtre. Sa tête entra dans ma ligne de mire et je grinçai des dents, dérangé par l'impression que tout était trop facile, comme si on m'avait déblayé le terrain.

Enfouissant cette impression au fin fond de mon cerveau, je visai soigneusement l'arrière du crâne brun du bijoutier et appuyai sur la détente. Noyé par le bruit de la pluie, le coup de feu passa quasiment inaperçu et je me félicitai d'avoir attendu l'averse pour tirer.

Une centaine de mètres plus loin, le bijoutier s'était affaissé sur son bureau avec un point rouge au milieu du front qui m'indiqua que la balle l'avait traversé de part en part. Bordel, je suis bon.

Sans plus faire attention à la douleur intense qui me parcourait les membres, je me redressai d'un coup, ignorant la chute de tension qui s'ensuivit et rangeai rapidement mon matériel dans son étui. Je récupérai la douille pour la fourrer dans ma poche et m'éloignai du bord du toit. Comme mon pressentiment revenait en force, je me mis à chantonner mentalement "150 000 £, 150 000 £ !" tout en me sentant stupide.

Mon fusil accroché dans mon dos, je descendis l'échelle de secours du bâtiment où je m'étais embusqué et rabattis mon capuchon sur ma tête, soucieux de ne pas être trahi par une caméra de surveillance que j'aurais ratée. J'étais dans la rue parallèle à celle de la bijouterie, mais on n'est jamais trop prudent.

L'idée absurde de prendre le bus pour rentrer me frappa, sûrement causée par ma haine de la pluie, mais je la refoulai avec tout le reste. Je remontai la rue déserte d'un bon pas en réfléchissant à ce que j'allais faire avec tout cet argent, mis à part le spa. Il fallait que je paie le loyer et que j'achète des vivres pour le mois à venir, aussi.

Le clapotis de la pluie me donna brusquement envie de pisser et j'accélérai le pas, impatient. C'est alors qu'une silhouette apparut en plein milieu de la route, nonchalante sous les cordes qui lui tombaient dessus.

De ce que je pouvais en voir, il s'agissait d'un homme avec un trench coat et un parapluie noir, mais mes yeux secs et l'averse le rendaient flou.

Jugeant qu'il n'avait pas pu me voir tirer et se rendre dans la rue d'à côté aussi rapidement, je voulus le dépasser et prier pour qu'il prenne mon étui pour une guitare, mais c'était sans compter l'inconscient qui dansait maintenant sous la pluie comme dans cette fichue comédie musicale. Bordel, il fredonnait même la chanson !

Les nerfs à vif, j'eus subitement très envie de descendre ce type, juste pour m'avoir mis la chanson en tête. J'avais un revolver dans ma poche, ce ne serait pas un problème. Seulement, le taré réussit encore à me surprendre.

- Colonel Sebastian Moran, prononça clairement le taré alors que je le dépassais, hors de moi.

Mon sang se glaça dans mes veines et je tirai lentement mon flingue de mon holster. Le gars me tournait le dos, rien de plus facile que de le tuer et de me barrer de cette ville au plus vite. Alors que je levais l'arme à hauteur de la tête de l'autre, qui secouait l'eau d'une flaque du bout du pied, quelque chose de rouge m'éblouit un instant et je découvris, l'instant d'après, une demi-douzaine de pointeurs laser sur ma poitrine.

Perdant mon sang-froid pour la première fois depuis des lustres, je me jetai en arrière et passai tous les toits environnant en revue pour trouver les snipers qui me menaçaient, mais ces enfoirés étaient invisibles !

- Mais bordel vous êtes qui ?! m'exclamai-je à l'adresse du type au parapluie.

Le bord du parapluie se souleva et je me retrouvai nez à nez avec un petit gars d'une vingtaine d'années. Il avait le cheveu brun foncé plaqué en arrière, une barbe de deux jours, les yeux glauques et de belles valises juste en-dessous, mais il souriait largement, comme s'il était ravi que je lui pose la question.

- Jim Moriarty, pour vous servir, répondit-il avec un accent bizarre et un genre de courbette ridicule.

- Jamais entendu parler, grommelai-je en le braquant à nouveau, ramenant les lasers sur mon torse.

Le petit mec fit une moue déçue et sourit de nouveau en voyant mon flingue.

- Ça viendra, avec ton aide.

Cette réponse cryptique me mit définitivement en colère et je décidai de ne pas lui demander ce qu'il entendait par là, ça lui aurait fait trop plaisir.

- D'où tenez-vous mon nom ? demandai-je agressivement.

Moriarty prit un air surpris presque sincère, et je grinçai des dents. Je détestais viscéralement ce genre de personne.

- Demande-moi plutôt à quel point je te connais, ce sera plus simple, fit le type en costume d'un air amusé.

- Et ça vous arrive de répondre directement aux questions qu'on vous pose ? m'impatientai-je en remuant mon revolver, histoire de l'encourager à parler.

- … Non, c'est ennuyeux après tout. Et tu n'as posé que des questions stupides qui ne m'intéressent pas. Fais mieux.

Bon sang, il lui suffisait de quelques mots pour me mettre sur les nerfs. Le mec était doué, mais pas dans le bon sens.

- Qu'est-ce que vous voulez ? fis-je alors.

La plupart du temps, les gens comme lui daignent sortir de chez eux uniquement quand ils ont besoin d'emmerder quelqu'un personnellement, ce qui signifie qu'il devait s'agir d'un sujet important. Confirmant le cours de mes pensées, Moriarty sourit, satisfait.

- Enfin, j'ai cru que tu ne le demanderais jamais ! J'ai un job à te proposer, Moran.

- Quel genre ?

- Le genre que tu ne peux pas refuser.

- Oh ? Sinon quoi ? Vos petits joueurs me tueront ? ricanai-je avec un aplomb que je ne ressentais pas vraiment.

- Te tuer ? Nooon, ce que je veux dire, c'est que tu ne peux littéralement pas refuser ce job, parce que quoi tu fasses, tu bosseras pour moi, très cher Moran.

Stupéfait, je me demandai avec curiosité où un gamin comme lui allait chercher toute cette assurance.

- Non, désolé, ça ne m'intéresse pas, trouvez quelqu'un d'autre.

- Tu es sûr ? Tu serais très bien payé, retenta Moriarty avec cette moue attristée que je haïssais déjà.

- Même si je recevais chaque mois la fortune de la foutue Reine, je ne bosserais pas pour vous. Vous m'énervez et ça ne fait que cinq minutes que je vous connais. Oh, et justement, je ne sais pas qui vous êtes, ce que vous faites et ce que ce job implique, donc : merci mais non merci.

- Donc tu as peur, sourit Moriarty. Tu as raison, ça montre que tu n'es pas totalement stupide. Pour ce qui est de me connaître, disons que ce n'est qu'une question de temps. Enfin, si tu refuses, qui suis-je pour t'y forcer ? De toute façon, tu changeras bientôt d'avis.

Le petit homme s'éloigna de moi avec insouciance et je rangeai mon flingue. Au même moment, mon téléphone vibra et je tombai sur un sms : Appelle-moi :D - Jim Moriarty.

Abasourdi, je contemplai le dos de la petite racaille qui s'éloignait en me faisant signe de la main. Je lui adressai un doigt, sachant très bien qu'il ne me voyait pas, mais il se retourna pour me pousser la langue.

- Au fait, ta vie va devenir très intéressante dans les prochains jours ! Amuse-toi bien mon petit Sebastian !

- Votre mère a appelé, elle voudrait vous voir à la maison avant 21 heures, vous avez école demain ! répliquai-je avec hargne.

Jim s'esclaffa et disparut dans une ruelle. Aussitôt, les pointeurs disparurent eux aussi et je me retrouvai seul dans la rue, ruisselant de pluie et l'esprit plein de questions.


Quinze minutes plus tard, j'étais en train de foutre de l'eau partout dans mon appart' minable de célibataire endurci. Échouant à traverser le salon jusqu'à la salle de bain sans en mettre partout, je poussai un grognement de frustration suivi d'un juron sonore et ignorai le cri outré que ma voisine poussa à travers le mur épais comme du papier de riz.

Franchement, le jour où j'avais décidé de prendre cet appartement, j'aurais peut-être dû me faire écraser par une voiture. Ou un camion.

Sans plus me soucier des flaques qui naissaient à chacun de mes pas, je posai mon bardas trempé sur un canapé et me ruai dans la douche. L'eau était tiède, mais c'était toujours mieux que la pluie. Je me savonnai fiévreusement, pressé de ne plus avoir l'impression de sentir le béton dur sur ma peau et lavai mes cheveux rendus clairs par le soleil afghan.

Après m'être séché, je me postai face au miroir de 10 centimètres sur 15 et contemplai ce que j'étais devenu. Un visage carré taillé au couteau, des cheveux un peu trop longs qui retombaient mollement sur mon front , des yeux gris-bleus fatigués et une barbe courte que je taillais tous les jours, le tout sur le visage sombre d'un gars qui a passé deux ans dans le désert avant de se prendre la flotte londonienne sur la gueule.

Au moins, à défaut d'être jeune et rasé de près comme un businessman, j'avais les épaules larges et une musculature d'enfer, rien à voir avec le corps de fillette de Moriarty. Et si son pouvoir d'emmerdeur surpassait le mien, j'avais au moins l'avantage de le dépasser d'une tête. Muahahaha !

Attrapant une paire de ciseaux qui traînait, je pris sur moi de couper les mèches rebelles, retrouvant avec difficulté mon ancienne coupe courte de soldat. Je les coiffai plus ou moins pour ressembler à autre chose qu'un paresseux trempé et enfilai un pantalon de pyjama et un t-shirt roulé en boule qui traînait là depuis une semaine.

Un reste de lasagne qui devait sûrement être impropre à la consommation me tint lieu de repas, mais j'avais de toute façon trop la flemme pour me rhabiller et aller acheter un plat décent au night shop du coin. Je pris ensuite une bière et allumai l'ordinateur portable que j'avais sauvé de l'ancien appart' pour retourner sur la hit list. J'envoyai un rapide message au client pour l'avertir que le travail était fait, et moins d'une minute plus tard, la réponse du client m'apprit que l'argent avait bien été déposé sur mon compte.

Je réserverai le spa le lendemain après avoir fait les courses, ça m'aidera à penser à autre chose qu'à Moriarty.

Avisant les autres cibles sur la liste, j'hésitai, puis refermai le clapet de l'ordinateur. J'étais à l'abri du besoin pour quelque temps, autant en profiter pour me détendre. Il faudrait toutefois que je prenne rapidement un nouveau contrat pour économiser et me trouver un appartement un peu plus… reluisant.

Je soupirai quand mes yeux tombèrent sur les flaques qui mouillaient le sol et ronchonnai en me levant de ma chaise pour chercher de quoi les essuyer.

Une fois le sol relativement propre et sec (j'insiste sur le "relativement"), je me laissai tomber sur le canapé défoncé pour nettoyer mon fusil de précision devant une émission de téléréalité qui m'atterra plus qu'autre chose. La stupidité de certains spécimens de l'espèce humaine me stupéfiera toujours…

Changeant de chaîne, je tombai sur un documentaire animalier et jugeai que la vie et mœurs des tigres du Bengale était mille fois plus attractive que les piaillements suraigus des espèces de cruches qui se disputaient pour je ne sais quoi.

Une heure plus tard, mes courbatures se rappelèrent à mon bon souvenir et j'abandonnai la télévision pour rejoindre les bras de Morphée, le seul gars à mon avis qui puisse comprendre ma douleur.

Et demain… Demain serait un autre jour.


À suivre…

Bon, c'est plus sérieux que d'habitude, mais j'essaierai de mettre quelques touches d'humour dès que possible ! ^^ J'espère que vous avez aimé en tout cas !

N'oubliez pas de reviewer si c'est le cas (ou pas) et une banannée à vous !

PS : Comme toujours pour Seb, je me base sur le physique de Michael Fassbender.