LISTE DU CORPS ET DE L'ÂME
Recueil. Mais c'est un Cataclysme. Et j'ai mal. J'ai mal, mal, mal... La chair de mes bras se consume de Douleur, la peau de mes jambes flétrit, et l'intégralité de mon Corps s'effrite sous la caresse de mes doigts faits de Cendre et de Poussière. Puis mes yeux scintillent d'éclats pétillants de Larmes, contenues par trop d'orgueil : « Souffrance » articulent mes lèvres. « La Liste de tes Maux est aussi longue que le fil pourpre du Destin » répond alors mon Âme.
Mais c'est un Cataclysme. Et j'ai mal, mal, mal... La chair de mes bras se consume de Douleur, la peau de mes jambes flétrit, et l'intégralité de mon Corps s'effrite sous mes doigts faits de Cendre et de Poussière. Puis mes yeux scintillent de larmes : " Souffrance " articulent mes lèvres. " La Liste de tes Maux est aussi longue que le fil pourpre du Destin " répond alors mon Âme.
Personnage : Lisanna et Mirajane S.
Genre : Family/Tragedy
Rating : K+
Disclaimer : Personnage à Hiro Mashima, texte m'appartenant
Thème : Nuances
Horaire : Dimanche 23/06/13 de 14h à 15h
Participants : Aeliheart, Bymeha, Melody, Rouge, IrisJR
Recueil spécial contenant des ficlets ou courts one-shot écrits pendant des journées d'écriture a thème ! Un texte pour un thème pendant une heure, puis obligation de poster après rapide relecture, uhuh !
Je vous laisse avec le premier, bonne lecture.
LA COURBE DE TES YEUX FAIT LE TOUR DE MON COEUR
Dans mes souvenirs, tes iris sont bleus, bleus comme l'azur, bleus comme le ciel. A leur périphérie naissent quelques pétales, tâches plus foncées, surmontées de pépites dorées. Des étoiles dansent et contournent tes pupilles pour se poser sur tes joues teintées de nacre. Elles scintillent tandis que les commissures de tes lèvres se retroussent et exhibent à ma vue tes quenottes, perles irisées, entre tes lèvres charnues. C'est fou, mais plus j'y pense, plus les nuances de tes yeux se brouillent…
Est-ce parce que les miens sont à présent embués de larmes ?
Je ferme les yeux. Je veux te voir… A l'intérieur, dans les plis tendres de tes prunelles, les nuances ondulent joyeusement et se creusent pour laisser place à une teinte claire, une teinte semblable au paradis. Au centre, tes pupilles s'étrécissent sous le soleil, aussi noires qu'une nuit sans lune. Et je plonge dedans. Et je me perds. Parce que tout est de ma faute…. Puis tu me regarde, un sourire amer nait sur mes lèvres et vient mourir lorsqu'une larme fleurit sur ma joue. Ses pétales salés s'élargissent le long de ma peau blafarde. Et tu continue de sourire. Et je t'aime un peu plus.
Depuis que tu es petite, tu aime les robes roses que je te confectionne. Moi pourtant, j'ai toujours aimé te voir porter du bleu. Un bleu couleur d'un ciel d'été, un bleu qui te ferait ressembler à une colombe s'envolant dans un ciel sans nuage… Tu t'es envolée, à présent. Pourtant, je préfèrerai toujours te voir porter quelques nuances de bleu, de l'azur au saphir en passant par le turquoise. Car tes yeux sont bleus, et quand ils me fixent, j'aimerais croire que tu es vraiment là, sœurette.
« Les cheveux raccourcissent et les jambes s'allongent. » disait Maman.
Moi, mes cheveux, je les ai laissés pousser, depuis qu'elle nous a laissés. Je voulais être comme maman, pour toi. Je voulais… Mais je n'ai pas été à la hauteur, n'est-ce pas ? Regarde ce que j'étais. Un démon cousu d'étoffes de violence et de sang. Je n'étais pas un model pour toi, pas une bonne mère. Je n'ai pas su te protéger. Et j'en aurais pleuré si mon orgueil avait été moins grand.
Puis, au fil des jours, mes cheveux ont poussé. Et aujourd'hui aussi, mes cheveux poussent encore et encore… Ils poussent sans toi. Parce que maintenant, je suis comme Maman, tu sais. Je suis douce. Je suis aussi tendre que le sourire qui illuminait tes lèvres. Mais tu n'es plus là pour le voir. Je suis devenue la jeune femme modèle et aimable que j'aurais aimé être quand tu étais là, petite sœur. Je suis devenue comme maman… Et je regrette. Parce que maintenant que je comprends mes fautes, il est trop tard. Tu n'es plus là, et mes sourires brillent dans le vide de ton absente, et le bleu de tes magnifiques yeux est invisible à mon regard.
Mes cheveux ont poussé, mes jambes se sont allongées. Le temps est passé, sans toi. Et à présent tes cheveux courts ne peuvent plus s'allonger. Et tes jambes ne peuvent plus pousser. Tu n'es… Plus là. Où es-tu ? Je n'ai même pas un corps auquel me raccrocher, pas une seule cendre sur lesquelles pleurer. Tu t'es enfuie dans l'immense ciel nocturne, avec quelques unes de mes larmes pour te souvenir. Aujourd'hui, ma chevelure aussi blanche que la tienne est aussi longue que celle de Maman, mon sourire aussi grand que le tien. Le monstre s'est enfuit, a quitté mon corps. Mais tu es partie, toi aussi. Le démon s'est effacé après t'avoir tué.
Tout est de ma faute, je suis coupable. Et que je souffre tant. Je souffre, je souffre, je souffre… Mais ai-je encore le droit de m'en plaindre ? Quand Maman est partie, emportée, je voulais être comme elle. Me substituer à cette femme que tu as si peu connue. J'avais mal, mal, mal. J'avais mal parce que j'étais seule. J'avais mal parce que je devais m'occuper de vous. Sans personne. J'avais mal parce que je devais vous protéger. Alors, pour le faire, j'ai décidé de m'enfermer dans mon orgueil et ma force.
Je pensais qu'en devenant un démon, rien ne pourrait plus nous atteindre. Forte comme je l'étais, je nous pensais intouchables. Mais tout se brise dans ce monde contrefait, tout tremble et chute jusqu'à mourir, puis s'enfuit dans le ciel. Malgré la force, nous somme mortels. Et… Tout est de ma faute. Si tu n'es plus là, c'est parce que je n'ai pas su être une Maman pour toi. Nous avions trouvé un refuge, et ma stupidité t'en a chassée.
Et maintenant, tes yeux... Dans ma mémoire… Ils se remplissent de larmes. Tes yeux bleus sont verts comme de l'eau. Ils pleurent parce que je n'ai pas su être là pour toi, et tes larmes scintillantes coursent sur tes joues comme des étoiles filantes dans le ciel. Tu as mal. Tu souffre. Tu meurs. Et je ne peux faire faire. Parce que mon orgueil et ma fierté ont pris trop de place, poussant ma raison et écrasant mon cœur. Mais je vous ai toujours aimé. Parce qu'en voulant vous apporter tout le nécessaire à votre bonheur, j'ai négligé ta sécurité. Je voulais… Oh Lisanna…. Ma gorge est sèche et mes yeux pleurent ! Parfois j'aimerais dire que je te hais parce que je t'aime tant, ecar si je ne t'aimais pas, je ne souffrirais pas ! Lisanna, mes yeux pleurent, mes yeux pleurent !
Puis lentement, tu t'efface de mon esprit, tandis que les larmes roulent et reviennent s'écraser sur mes iris de fantôme. Tes yeux aux nuances bleutées, devant les miens, délavés… Est-ce que tout finira comme ça ? Le temps englobera dans ses entrailles noircies ton visage et tes yeux d'ange, et ternira chaque teinte particulière de tes iris. L'azur, le turquoise, la glace de ton regard finiront par se mélanger et par devenir aussi sombre que tes pupilles. Tu t'affaisse quelque part dans une obscurité que je ne peux suivre, je t'oublierai, le monde t'oubliera. Tu seras seule dans la mort.
Tout ça par ma faute. Et le temps enfonce ses ciseaux d'argent entre mes veines, piquant mon corps de la morsure douloureuse du manque. Parce que tu me manque. Et je ne peux laisser sombrer les mille nuances de tes yeux dans les ténèbres affreux de l'oubli. Parce que, Lisanna, mes cheveux sont longs ! Ils retombent dans mon dos avec grâce, rien que pour toi. Je souris, juste pour toi ! Je t'en supplie… Reviens… Même si tout s'endort dans la nuit, même si plus rien ne brille dans le ciel… Je ne peux complètement t'effacer de mon esprit.
Puis, dans mes yeux, la vision chimérique, ton regard m'échappe et je ne souris plus… Et mes yeux s'assèchent, comme mon cœur. Maman est partie. Et à elle non plus, ses cheveux ne poussent plus, ses jambes ne peuvent s'allonger. Alors moi, je vis, je m'épanouis, sans vous… Je suis une fleur fanée. Je voulais être votre Mère, à Elfman et à toi. Depuis que Maman est morte. Quand j'étais seule… Juste là, dans le creux de la nuit, là où vont les orphelins… Mais je vous avais, vous. Et vous me guidiez dans l'obscurité, lumière réconfortante pour sortir de la solitude. Et vous avez su me guider vers la guide… Vous avez su reconstruire mon cœur, nous avons pu surmonter la vie, avec nos nouveaux camarades. Notre famille était comme un corps amputé d'un membre. Maintenant, cette dépouille est disloquée. Car tu es partie. Et cette fois, plus rien ne pourra me donner la force d'enjamber cette épreuve.
Et à présent, je ne vois même plus tes yeux… Et je continue de pleurer… Et la piqure mortelle du temps me rappelle chaque jour à quel point tu me manque. Les aiguilles de l'horloge, deux lames de ciseaux teintées d'argent s'introduisent dans mon sang glacé de peur, et viennent gommer ton visage de mon esprit. Puis le ramènent et l'effacent pour mieux le redessiner. Tes traits s'épaississent et je t'aperçois… Et je souffre. Le manque dans mon corps étouffe mon cœur et je suffoque.
« Tu sais, Mirajane, quand tu n'auras plus mal, c'est sans doute lorsque le fil écarlate de ton destin sera brisé entre deux lames d'un ciseau argenté. » me disait Maman.
Et Maman a raison. Maman est partie. Et tu es partie. Par ma faute… La vie est un laps de temps où nous souffrons davantage chaque jour. Et le temps sans repos brise davantage mes espoirs de te revoir, tes yeux chimériques viennent me hanter lors de mes nuits sans couleurs tandis que les nuances blanchâtres de tes cheveux caressent mon être pour mieux me faire souffrir. Je ne peux pas mourir.
Tu es trop loin, Lisanna… Je suis comme Maman à présent… Je souris…. Et tu n'es plus là pour le voir. Je souffre. Elfman aussi. Mais je suis seule. Seule parce que c'est ma faute. Seule, seule, seule, seule… Mes mots et pensées s'estompent et filent dans la nuit, comme ton visage aux nuances bleutés qui m'échappe un peu plus chaque jour.
On souffre tous, Lisa. Une douleur a explosé dans le cœur de Natsu, laissant une plaie béante de sang. Un abyme qu'il n'arrive pas à colmater. Que serait-il arrivé, si tu étais encore là, sœurette ? Est-ce que je serai restée l'adolescente incapable de m'occuper de vous ? La fille rebelle qui provoquait sans cesse Erza ? Maintenant je suis faible. Faible… Je me cache derrière des sourires, lorsque Laxus m'insulte pour me faire réagir, je ne peux plus regarder en face Elfman, parce que tout est de ma faute.
Et si je souris, c'est pour l'apaiser, si je souris, c'est pour les autres, pour que leur vie soit plus douce que la mienne. Mais aussi, si je souris, c'est parce que je suis égoïste. Parce que tu ne souris plus. Pourtant, mes lèvres, j'aimerais prendre un ciseau et les couper. Parce que mon sourire est un mensonge, et je ne peux penser qu'il puisse briller autant que le tien. Je prendrai cette paire de ciseaux et je taillerai mon visage pour ressembler au tien. Je deviendrai toi, et tu ne mourras pas vraiment… J'aimerais tenir l'instrument entre mes doigts et me couper courts les cheveux, les raser même. Parce que je ne peux prétendre être comme Maman… Je veux te ressembler… Parce que je n'ai pas su te protéger…. Je suis indigne. Indigne de Maman et toi.
Alors je laisse mes cheveux, je laisse mes yeux et mon visage. Ils flétrissent un peu plus chaque jour, et j'attends de m'affaisser dans la nuit éternelle. Parce qu'au fond, je suis un monstre incapable, une meurtrière, et je ne peux vous ressembler.
Je suis faible, mais je ne peux pas mourir. J'attends simplement que le temps se lasse de te rappeler à mon regard, ces nuits sombres et sans lumière. L'orgueil, que je pensais oublié depuis que tu es partie, est peut-être encore le seul fil qui me retient dans ce monde. Je suis orgueilleuse. Et je ne mérite pas que la liste immense de mes maux s'arrête aujourd'hui. Je ne mérite rien. Même pas la vue de tes yeux aux nuances bleutées. Rester ici, c'est ma punition Lisanna. Parce que tu es morte. Mais petite sœur, je te jure, depuis que tu n'es plus là, mon cœur a cessé de battre et je suis morte en même temps que tes yeux.
Puis un mensonge est né sur mes lèvres.
Et si tu étais encore là, tes jambes s'allongeraient et je devrais chasser les garçons qui te tournent autour… Si tu étais encore là, les yeux de Natsu s'enfonceraient dans ton regard et le couvrirait de nuances vertes bouteilles. Si tu étais encore là, mes yeux ne seraient pas noyés d'eau, j'aurais moins mal. Si tu étais encore là…
Oh, Lisanna… Les aiguilles de l'horloge du temps te rappelle à mes yeux, injectant ton souvenir entre mes veines. Je vois tes yeux de mille nuances. Ces yeux qui ont traversé mille épreuves, toujours en gardant un sourire sincère, et je prie pour que tu reviennes. Si tu étais revenais enfin, je resterai celle que je suis devenue. Mais l'étirement de mes lèvres ne brillerait que pour toi. Je serais vraiment Maman. Mais… Mes yeux s'embuent à nouveau de larmes et je pleure.
Mes larmes coulent. Mon mensonge meurt sur mes lèvres.
Je clos mes paupières et mon regard fait le tour de tes iris aux nuances dorés sous le soleil, plongent dans le cobalt précieux du contour de ta pupille, caresse l'élégance nacré de ta peau. Parce que la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur.
« Les cheveux raccourcissent et les jambes s'allongent. » c'est moi qui le dis maintenant, le chuchotant dans la nuit, de ma voix fracturée et percée de douleur.
Mais c'est inutile.
Car tu n'es plus là.
