L'idée de ce truc m'est venu pendant que je manquais d'inspiration sur mes autres chapitres. Au début, je comptais le faire en un seul chapitre mais vu la taille que ça a pris, je préfère le faire en deux chapitres.

Moi, Harry Potter, le Survivant, l'Elu du monde sorcier, celui qui a survécu, celui qui a vaincu Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et j'en passe, j'ai un gros problème. Mais attention pas n'importe quel problème, pas du genre "j'ai oublié notre anniversaire de mariage" ou "j'ai couché avec la femme de mon meilleur pote" non, ça serait si simple. Non, mon problème c'est que j'ai fait une belle connerie, comme d'habitude. Mais resituons un peu la chose, voulez vous ?

On était une semaine après la défaite de Voldemort et les gens continuaient de faire la fête, tous les jours on était joyeux et on faisait la fête le soir, les bars et autres endroits pour se réunir faisaient littéralement péter leur chiffre d'affaire. Du coup, la croissance y mettait de la sienne, l'économie repartait en fléche et tous les côtés bénéfiques de l'après-guerre si on enlève les morts de l'équation parce que des morts, y en a eu !

Donc, ce soir, j'étais dans un bar relativement tranquille : tout le monde exultait de joie, mais dans son coin. Ce soir là, j'avais mis une perruque blo... quoi ? Je vous l'ai pas dit ? Ok, vous vous souvenez de mon problème de célébrité avant que je butte l'autre enfoiré reptilien ? Eh ben là c'est pire, je peux pas faire un pas sans faire un bain de foule. Donc ce soir j'avais mis une perruque blonde platine -qui m'aurait imaginé avec la couleur capillaire de Malfoy, hum ?- je buvais une bonne bière en riant de bonne grâce aux pitreries des autres clients quand je l'ai vue. Toute seule, dans son coin à broyer du noir... j'aurais dû me méfier.

Incapable de résister à mon besoin viscéral d'aider les autres, ça m'apprendra tiens, j'entame la discussion avec elle : jolie rousse plutôt bien foutue, peut être même plus que Ginny. Au début, elle essaye maladroitement de m'envoyer balader mais je m'accroche à vouloir savoir ce qui peut bien la miner comme ça au milieu de toute cette atmosphère de joie. Elle ne tarde pas à déballer son sac, aidée par quelques tequilla : du maquillage, quelques "précautions", diverses choses inintêressantes et un mari qu'est mort depuis deux semaines, ah oui là d'accord, je comprends mieux. Je lui demande si elle veut en parler, elle hésite un peu avant de secouer la tête, basique elle ne veut embêter personne avec ça en ce jour de fête. Elle va le garder un peu avec l'intention d'en parler quand la bonne humeur se sera un peu dissipée mais d'ici là, elle aura ruminé ça suffisament longtemps pour devenir dépressive. Okay, mission sourire enclenchée.

Ça fait plus de deux heures que je me déméne comme un dingue pour lui remonter le moral, j'ai réussi à lui arracher quelques sourires et sa langue se délie un peu plus, grace à mes paroles ou à l'alcool, je sais pas trop. Bon, je ne sais toujours pas de quoi est mort son mari vu qu'elle ne semble pas être prête à cracher le morceau mais tant pis, je ferais sans. J'arrive au moins à lui soutirer son prénom : Marie, je lui donne mon faux prénom de la soirée : Daniel. La conversation se poursuit tranquillement, les verres aussi se poursuivent et Marie sourit de plus en plus, un sourire teinté de tristesse certes, mais qui ne dit pas "Je vais me pendre dans trente secondes". Finalement, elle se trouve avoir une conversation des plus intêressante, elle me plaît... quoi ? Faut profiter de la vie, merde !

Alors là, début de la série de trous noirs : je me souviens plus comment, mais elle a réussit à accepter, sinon oublier, la mort de son mari et nous voilà à nous marrer comme pas possible au milieu de la foule. Si un flic moldu m'avait fait souffler dans le ballon, le vert aurait pu rivaliser avec mes yeux. Enfin, pour l'instant on beugle le plus fort possible pour encourager un type qui veut boire deux litres de bières cul-sec. Elle rit à gorge déployée et je la trouve de plus en plus mignonne. Un trou noir plus tard, on est bras-dessus, bras-dessous à marcher de façon incertaine dans le couloir d'un hôtel à chercher la chambre... putain, la chambre. Bon passons, je me revois essayer d'enfoncer la clé dans la serrure sous les rires de Marie... vous aussi, vous trouvez ça drole ? Essayez donc d'embrocher une mouche avec vos clés d'appart, vous allez voir.

Bon après, gros trou noir. Je me souviens de plus grand chose sinon de vêtements qui volent, des corps qui se cherchent et des cris de plaisirs. Je cris son nom, elle crie le mien et avant de m'enfoncer dans les méandres du sommeil alcoolisé, j'ai cru voir des cheveux bruns sombres, putain je vois vraiment n'importe quoi quand je suis bourré.

Le matin se lève et me réveille doucement... à coups de burin dans le crâne, j'ai trop bu. J'entends le bruit de la douche, Marie doit surement essayer de faire passer sa gueule de bois, après ça sera mon tour. Je me relève et constate le bordel qu'on a foutu et c'est pas croyable : La plupart des meubles sont renversés, les vêtements parsèment la pièce -d'ailleurs je dormais avec le T-shirt de Marie sur la tête- et... tiens donc, une perruque rousse. Marie cachait bien son jeu maintenant question : pourquoi a t'elle besoin d'une perruque, les cheveux bruns d'hier n'auraient pas été une hallu finalement ? Bon tant pis, on verra bien. Tandis que Marie est sous la douche, elle prends son temps la bougresse, j'essaie de ranger ce foutoir, pas évident. Tiens qu'est ce que c'est que ça ? Oh joli le soutif.

Ah, Marie est enfin sortie de la douche, je vais m'assurer qu'elle va bien et si oui, à moi la douche. Donc je me retourne et je laisse l'effroi m'envahir, c'est pas possible, PAS ELLE ! Apparemment l'effroi l'envahit elle aussi. Ca ne dure qu'une micro seconde avant qu'on ne pousse à l'unisson un formidable cri de sentiment divers, mais un cri qui ne dure pas bien longtemps, rappelez vous on a la gueule de bois. Maintenant, mon problème n'est plus d'essayer de faire partir cette gueule de bois mais d'asssimiler que celle avec qui j'ai passé une nuit de folie -soyons honnêtes-, que j'ai fait crier de plaisir plus que de raison, que celle qui me mordillait l'oreille et qui plantait ses ongles dans mon dos n'est autre que ma pire ennemie : Bellatrix Lestrange.

D'un seul coup, ça explique plein de choses. Le mari clamsé, la dépression avancée et tout le bordel. Oh putain mais qu'est ce que j'ai fait ? J'ai couché avec l'une des dernières personnes que j'aurais pu désirer mais c'est pas tout. Le pire, c'est que j'ai aimé ça ! Ça fait maintenant cinq bonne minutes qu'on évite de se regarder en rougissant, faut quelque chose pour désamorcer la situation et quoi de mieux qu'une remarque maladroite et inutile.

"Eeuuhh... t'as l'air en forme."

Plus inutile et maladroit, tu meurs. Mais ça suffit à enclencher une discussion, maladroite certes mais une discussion quand même.

"Ouais, toi aussi." me répond t'elle en reprenant un peu de consistance.

"Je peux savoir comment t'as atteri ici ?" là elle ne retient pas son petit sourire ironique mais, sans son masque de démente, ça lui donne un charme.

"Tu m'as accosté, bourré et ramené ici. D'ailleurs tu es un amant exceptionnel."

Argh, la phrase qui tue ! Enfin, ça ne tue pas ma fierté : je suis un étalon, héhé. Mais revenons à nos moutons, je croyais qu'elle était morte pendant la bataille finale mais c'est vrai que c'était un sacré bordel à ce moment donc elle aurait très bien pu s'enfuir sans se faire remarquer. Un peu étonnant de sa part mais bon.

"Donc t'es pas morte ?" vous avez déjà posé une question plus stupide que ça ? À entendre son soupir exaspéré, elle pense la même chose que moi.

"Nan, je suis pas morte ou alors t'es le premier sorcier qui a réussi à baiser un fantôme !" rétorque t'elle, un peu de mauvaise humeur, la gueule de bois aidant. Je crois qu'il est de mon devoir de calmer le jeu.

"Ok, ok, calmes toi. C'est juste que je m'attendais pas à ça venant de toi."

"Et tu t'attendais à quoi, Potter ? Que je sois prête à me sacrifier de tout mon être pour le Seigneur des Ténèbres ? Désolée de faire s'effondrer un mythe, mais j'ai aussi des ambitions personnelles. Bon, le bon côté de cette aventure, outre le plaisir, (je peux pas m'empêcher de rougir) c'est que tu n'iras pas me dénoncer."

"Ah ouais ? Et en quel honneur ?" je demande ça un peu acidement parce que je ne supporte pas qu'on me dise ce que je vais faire, surtout qu'elle a raison : je n'avais pas vraiment songé à la balancer.

"Tout simplement parce que s'ils te demandent comment tu m'as trouvé, tu vas être obligé de dire que tu m'as fait l'amour, c'est plus joli que baiser je trouve, et là, quel déchirement pour le monde sorcier de savoir que leur héros a fricoté avec une mangemorte. Et s'ils appliquent la loi à la lettre, tu finis à Azkaban." m'explique t'elle en faisant de grands gestes théatraux, un grand sourire aux lèvres. Je suis pris au piége, donc tenons nous en à la première idée : je comptais pas le faire.

"De toute façon, je comptais pas le faire." elle ouvre grand les yeux sous la surprise, ah elle avait pas prévu que St Potter était si gentil.

"Tu... tu comptais vraiment faire ça ?"

"Comme tu l'as si bien dit, je suis pieds et poings liés. Donc, je vais juste partir, ne rien dire sur cette nuit et te laisser vivre ta vie de ton côté. Sur ce, au revoir."

Je me suis rhabillé, même pas passé ma tête sous l'eau et je suis parti, laissant Bellatrix pantoise et en serviette -assez courte ma foi- dans la chambre. Avec le recul, je crois que j'aurais dû planquer ses affaires dans un coin, pour rigoler. Je sais qu'elle ne fera pas de bêtises style attentat contre des moldus ou d'autes conneries : Elle a réussi à se faire oublier totalement pendant tout ce temps ce qui, la connaissant, est impressionnant donc c'est quelle s'est faite une raison.

Deux semaines plus tard

Je suis maudit, je ne vois aucune autre explication possible et Voldemort ne peut plus tenir le rôle de "tout est de sa faute, il est méchant.". Nan, ce qui m'arrive là, c'est malheureusement ma faute entière. Vous vous souvenez que j'ai couché avec Bellatrix Lestrange ? Oui ? Bordel, vous avez une bonne mémoire sur ce qui peut m'emmerder mais passons. Donc j'avais couché avec elle il y deux semaines maintenant et j'en avais plus entendu parler, signe qu'elle s'était bien réintégrée. Mais ça fait plusieurs jours qu'elle me harcèle pour que je sorte avec elle. Deux hypothèses : soit elle est redevenue folle soit, et c'est là le plus inquiétant, elle est tombée amoureuse de moi. Je peux me défendre contre une folle hystérique qui en veut à ma vie et qui manie la baguette comme personne mais contre une femme qui est amoureuse de moi et à qui j'ai fait l'amour, je fais comment ?

Bon, je vais essayer de calmer cette furie, je lui ai donné rendez vous dans un restaurant pour qu'on puisse s'expliquer et je vais essayer de lui faire entendre raison... quoique, si elle arrive avec cette petite serviette qu'elle avait il y a deux semaines, je ne suis pas contre. Bon sang, réveilles toi Harry ! T'es là pour la dissuader de sortir avec toi, pas pour proposer de remettre ça, il lui manque que ça pour se jeter sur toi. J'ai bien spécifié que je serais déguisé, ce qui est d'ailleurs aussi valable pour elle, j'aurais une perruque roux flamboyant en queue de cheval, des lentilles améthyste et j'aurais réservé la table sous le nom de Daniel Radcliffe... quoi ? Vous êtes pas drôles à la fin ! Vous auriez préféré Naruto Uzumaki peut être ? Tiens, Hedwige revient avec sa réponse : "je t'attendrais." concis et bref. J'espère qu'elle ne s'excite pas trop sur ce que je fais... ni qu'elle ne s'excite tout court. Tout à coup, une pensée vient frôler mon esprit : et si j'y allais pas ? Hum, après mûres réflexions, non. Ça serait se conduire comme un salaud et je n'ai pas pris Malfoy en modèle quoique, il parait qu'il s'est un peu calmé. Sacrée Hermione, quand elle tient quelque chose, elle ne le lâche plus.

Bon, allez, de la motivation. Je suis un gryffondor après tout, non ? OUAIS, je vais aller à ce dîner, exposer à Bellatrix pourquoi je ne veux pas sortir avec elle et repartir après avoir bien manger... la laissant triste, en pleurs et plus seule que jamais. Elle pleurera pendant des jours non-stop avant d'essayer de se suicider et peut être y arrivera t'elle du premier coup... WOW qu'est ce que c'était que ça ? (nda : moi!) Bon, en attendant, je vais chercher des arguments parce que j'ai aucune envie de bafouiller ou de chercher mes mots devant elle.

Alors, premier argument hum... je suis trop jeun... non ça ne marche plus, euh l'écart d'âge est trop important... ouais c'est bon ça parce que, mine de rien, elle a presque l'age de Sirius, ce qui doit la rapprocher de la quarantaine donc vingt ans de différence. N'empêche, elle est super bien foutue malgré ça et son séjour à Azkaban. Bon, reprenons deuxième argument... facile : c'était une mangemorte, ses idéologies sont à l'exact opposé des miennes, si couple il y avait, il ne tiendrait même pas une semaine. Ok c'est fait maintenant un troisième... ça devient plus dur mais il m'en faut trois minimum, quatre ça serait bien mais je peux me contenter de trois donc le troisième... ça y est la réaction de mes amis. C'est vrai que Neville aurait de quoi péter une crise monumentale en sachant que je sort avec celle qui a rendu fous ses parents, sujet toujours aussi délicat. Voilà, un petit quatrième ? Euuuh, le ministère ! Quelle tête ils feraient s'ils savaient ça, ils ont toujours une dent contre moi, surtout depuis la bataille finale. Est ce que c'est de ma faute si pour tuer Voldemort, j'ai dû faire sauter le hall du ministère ? Bref, s'ils apprenaient ça, ils se feraient une joie de me juger pour "trahison" et de m'envoyer avec Bellatrix à Azkaban.

Bon je crois que j'ai mon compte, un petit coup d'oeil sur l'horloge... wow déjà ? Bon, ben, il est l'heure d'y aller. J'enfile ma veste, ma cape réduite dans ma poche et je sors rapidement de mon appartement enfin, c'est un bien grand mot pour désigner une piaule qui n'a que trois misérable piéces : chambre, cuisine et salle de bain. Mais l'une des raisons pour lesquelles je l'ai prise, c'est que c'était dans un HLM : très discret et du côté moldu. LA couverture idéale. Je marche d'un pas rapide dans les couloirs, les voisins me saluent d'un sourire ou d'un ou deux mots, je réponds quoi de plus naturel et j'ai tôt fait de sortir de l'immeuble. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de pousser un soupir amusé : qui irait chercher Harry Potter là-dedans ? (nda : moi!)

Bon, on se motive, j'ai une amoureuse à repousser. Après un petit quart d'heure de marche, je déboule sur le chemin de traverse, ma perruque rousse sur le crane et ma cape sur les épaules.

Le restaurant est situé un peu en contrebas, ce qui permet d'admirer la rue sorcière qui vaque tranquillement à ses occupations. Bizarrement, on le remarque mieux quand on n'a pas une horde de furie qui veulent se jeter sur vous. Ah me voici arrivé, je regarde des fois qu'elle serait déjà arrivée mais c'est vrai qu'elle est plutôt douée pour se déguiser. Je m'installe à ma table, dis au serveur que mon amie ne devrait pas tarder et je consulte la carte des vins en attendant, voyons voir ça... uh ? Oah du Beaujolais village, j'en veux ! Profitant qu'un serveur passe, je lui fais signe et il prend ma commande, pour le vin tout du moins. Trente secondes plus tard, la bouteille est devant moi, ouverte et le peu de vin rouge dans mon verre comble toutes mes espérances, fameux ! Soudain une main se pose doucement sur mon épaule tandis qu'une voix me sussurre.

"Je ne suis même pas encore arrivée et tu commences déjà à te saouler ?"

Je me retourne et... wouaoh ! Heureusement que j'ai reposé mon verre. Bon dieu mais qu'elle est belle ! Parée d'un élégante robe vert sombre avec manches -pour cacher la marque, bien évidemment-, avec un décolleté ma foi fort suggestif tout en restant décent, Bellatrix porte un petit collier plaqué or assez joli, une perruque blond vénitien et une touche de maquillage qui souligne la cruelle vérité : elle est belle, dangereusement belle. Sa robe s'arrête un peu au dessus des genoux et les escarpins à ses pieds terminent l'ensemble ô combien tentant. Ironique, n'est ce pas ? Le Survivant qui a tenu tête à de nombreuses reprises à Lord Voldemort résiste difficilement à l'une de ses plus fidèles mangemortes juste parce qu'elle est belle. S'il avait su l'effet qu'elle me fait maintenant, je ne doute pas un instant que l'enfoiré reptilien l'aurait envoyée, elle. Faut être lucide, même en me souvenant de tout ce qu'elle a fait : Sirius, les Londubat, les doloris et tout le bordel, même en me souvenant de ça, je me sens incapable de lui lancer le moindre sort. Tout en elle en cet instant dégage une impression de... fragilité, exit la mangemorte, bonjour la veuve fragile et désenchantée. Je ne peux m'empêcher de soupirer : la soirée va être longue. Fort heureusement, je n'ai pas oublié mes arguments, ça aurait été cocasse mais assez gênant. Un petit compliment, ça ne serait pas de trop, je crois.

"Tu... tu es sublime."

J'avais dit petit le compliment, mais bon, ça la fait sourire et un peu rougir, c'est déjà ça. D'ailleurs c'est amusant de la voir détourner les yeux en se mordant la lèvre. En homme civilisé, je me lève, lui fait la bise avec un peu d'appréhension -j'ai moyennement envie qu'elle tourne la tête au même moment- et l'installe à la table.

"Merci, tu as déjà commandé ?" me demande t'elle en voyant la bouteille de vin sur la table.

"Juste le vin, ça aurait été salaud de ne pas t'attendre, non ?"

"Je croyais que tu ne voulais pas sortir avec moi ?"

"Et c'est toujours le cas." tiens, ma voix manque de conviction. "Mais ça n'empêche pas les bonnes manières."

Bellatrix soupire, apparemment elle s'était fait des idées. Dommage pour elle mais la soirée, c'est juste pour mettre les points sur les i. Mais quitte à faire ça, autant le faire devant un bon repas. Les serveurs ne disent rien quant à notre différence d'age, réserve professionnelle oblige, mais je remarque quand même leur sourcil levé un instant car, même si Bellatrix fait la trentaine grâce au maquillage, moi je fais difficilement la vingtaine et ça fait donc un tableau insolite. Mais personne ne dit rien et les autres clients s'en foutent allégrement. Alors, voyons, voyons qu'est ce que nous avons de beau là dedans. Je crois que je vais prendre un truc un peu léger... ah ça m'a l'air bien ça : pavé de saumon et mesclun, ouais c'est bien. Bellatrix, quant à elle, a pris une salade aussi mais avec un tournedos. Eh ben, ça se voit que c'est moi qui invite.

"Bon, j'imagine que tu ne vas pas te lancer dans une déclaration vibrante d'émotions." soupire Bellatrix.

"Hélas non, mais je vais quand même te dire pourquoi c'est pas possible." bizarrement ça lui redonne le sourire et des sueurs froides chez moi. Elle pose ses coudes sur la table, son menton sur ses mains croisées et me darde d'un regard pétillant en souriant doucement. Le clou, ça aurait été si elle avait un morceau de salade entre les dents, ça aurait été vachement fendard.

"Vas y, j'écoute."

"Très bien alors premier argument : notre différence d'age. Je crois me souvenir que tu as à peu près l'age de Sirius, ce qui doit faire environ..."

"La quarantaine, je sais... et alors ?" rétorque t'elle avec un petit sourire.

"Et alors ? Eh bien, ça fait presque vingt ans d'écart entre toi et moi. Je ne dis pas que tu es vieille mais... enfin tu vois."

"Oui, je vois. Mais je me souviens aussi que ma nièce, Nymphadora Tonks, a réussi à sortir avec Lupin et, aux dernières nouvelles, ils forment un couple très épanoui."

Alors là, je suis sur le cul. Comment a t'elle bien pu savoir pour Tonks et Remus ? D'ailleurs, ils parait qu'ils attendraient un heureux événement. Mais me voilà pris à mon propre piège, j'avais oublié ce cas là.

"Alors je te pose la question, si eux ont pus, pourquoi pas nous ?"

"Ca m'amène au deuxième point : tes idées. Toi et moi, on a des idées qui sont diamétralement opposées. Tu prônes la pureté du sang, moi je défends que les sang-mêlés et les enfants de moldus peuvent être aussi forts que les sois-disant sang-purs."

"Exact sauf qu'il y a une faute de temps : je prônAIS la pureté du sang." explique t'elle puis en me voyant froncer les sourcils, elle développe. "En fait je n'étais présente lors de ta bataille contre Tu-sais-qui et, pendant deux semaines, je me suis cachée des sorciers et quoi de mieux pour ça que le monde moldu ?"

J'hoquète de surprise, jamais je ne me serais imaginé Bellatrix Lestrange vivant dans le monde moldu. Mais elle devait s'attendre à ma surprise puisqu'elle continue pendant que le serveur sert nos plats.

"Donc, je me suis cachée dans le monde moldu malgré ce que j'en pensais à l'époque et la première chose que j'ai faite là-bas, ça a été de me faire renverser par une voiture. Illico, j'ai été transportée à l'hôpital et j'ai passé le reste de la semaine dans le service de rétablissement. Bien évidemment, je n'avais aucun papier pour dire qui j'étais et les infirmières n'ont pas posé de question sur ma Marque qu'elles avaient prises pour un vulgaire tatouage. J'ai donc joué la carte de l'amnésie, ce qui m'arrangeait bien puisque je ne connaissais strictement rien à ce monde. Et puis, au fur et à mesure que je me rétablissais, j'ai découvert l'autre côté du monde moldu, celui dont l'Autre ne nous avait jamais parlé. J'ai cotoyé des gens formidables qui m'ont fait prendre conscience que ce n'est pas le sang qui importe mais le coeur."

... je suis soufflé, éberlué, abasourdi, tout ce que vous voulez. Elle a vraiment changé. J'avais quelques doutes jusqu'à maintenant, pour preuve j'ai ma baguette dans ma veste. Mais ça fait un autre point à l'eau.

"Très bien, tu as changé et je dois avouer que c'est pas plus mal mais il reste encore un point non négligeable : la réaction de mes amis et du ministère. Je n'ose même pas imaginer la tête de Neville si je lui apprends que je sort avec celle qui a rendu ses parents fous à coups de tu-sais-quoi et le ministère n'attend qu'une seule occase pour me mettre la pression et toi, tu es cette occase apportée sur un plateau d'argent."

Bellatrix fronce les sourcils, ah je l'ai eu moi aussi. Mais pas bien longtemps puisqu'un fin sourire espiégle vient étirer ses lèvres. Oh merde, la tentation revient au triple galop... AH elle se penche en avant, le décolleté appelle mes yeux, JE VAIS PASSER POUR UN PERVERS !

"On a qu'a pas leur dire. S'ils ne le savent pas, ils ne peuvent pas s'insurger. Ou alors, je me prends un déguisement fixe."

"Je... je ne peux pas prendre ce risque, désolé. On pourrait essayer mais je sais que je finirais par dire une bêtise ou faire quelque chose qui ferait découvrir la vérité aux autres et je ne les connais que trop bien. Ils se mettraient à hurler, à pestiférer contre nous et propageraient l'info avant de prendre conscience des conséquences. Du coup, le ministère me retrouverait, te retrouverait et nous collerait à Azkaban sans une once de procés. J'aurais perdu mes amis, ma vie au sens figuré et j'en viendrais à te détester. Je suis désolé, mais je n'ai pas envie de prendre ce risque."

Ça y est, les bombes sont lachées, reste à voir les dégats. Pour l'instant, Bellatrix semble tenir le coup mis à part une légére paleur, elle a enfoui son visage entre ses mains et respire profondément. J'espère qu'elle ne va pas pleurer, même si je comprendrais. Finalement, après un passage du serveur pour savoir si ça va, elle retire son visage et inspire à fond.

"Je vois." finit elle par dire. "C'est vrai que je n'avais pas vraiment songé à ça. Tout ce que je voulais, c'était être avec toi et qu'importe les conséquences. Mais je n'avais pas vu que tu avais quelque chose à perdre dans cette histoire, contrairement à moi. Désolée de m'être immiscée dans ta vie et tout le reste. Merci pour le repas."

Avant que j'ai pu comprendre quoi que ce soit, Bellatrix s'est essuyé la bouche et est partie d'un pas rapide, me plantant là avec un air un peu con. Je soupire lourdement, est ce qu'il y aura au moins une chose dans ma vie qui sera simple ? Relevant la tête, je croise le regard du serveur dont les mouvements de têtes sont très éloquents, au mépris de la réserve que son métier lui impose : va la rejoindre, couillon !Je resoupire en me levant tout en faisant un rapide calcul, alors deux plat -dont le sien qu'elle a à peine touché- et une bouteille de vin, ça nous fait aux alentours de six galions, c'est un peu cher je trouve mais bon. Pas le temps de compter, j'en mets une poignée dont je sais juste qu'il y a plus de six et je file dehors.

Le soleil est tombé sur le chemin de traverse. Putain, fait chier ça va pas m'aider à la retrouver. J'en suis là à grommeler quand je vois une forme allongée entourée de quelques passants. Je m'approche rapidement et je trouve que je suis relativement chanceux : C'est bel et bien Bellatrix qui s'est évanouie par terre et sa perruque est impeccable ce qui va lui éviter les ennuis mais pas longtemps. De plus, les passants qui essaient de la réveiller sont agglutinés contre elle. Je prends le contrôle de la situation et je les fais s'écarter puis je prends la femme évanouie dans mes bras et je les rassure en disant que je vais l'emmener chez un médecin. Je ne mens qu'à moitié puisque je n'ai pas précisé quel médecin. Ils croient que je parle de ceux de Ste Mangouste mais en fait, je parle d'un médecin moldu qui habite pas loin de l'immeuble où j'habite. Donc je transplane et j'atterris directement dans ma piaule. Je pose Bellatrix sur le lit, je lui retire sa perruque et la mienne par la même occasion et je compose le numéro du doc. Réponds, réponds... YES, il est là. Je lui dis rapidement de quoi il s'agit, il me dit qu'il arrive tout de suite et je repose le combiné.

En l'attendant, je me pose des questions. Est ce que mes paroles ont eut tant d'effet que ça ? Parce qu'avant de sortir, elle allait bien, un peu pâle mais rien de bien méchant. Et là, je me souviens : l'occlumencie, j'avais complétement oublié qu'elle maîtrisait cet art à la perfection, Harry tu n'es qu'un abruti fini. Si ça se trouve, ce que j'ai dit l'a affecté bien plus que de raison mais, comme un iceberg, la plus grosse partie était sous la surface... ah pas totalement. Maintenant elle tousse assez fort et... waoh elle est brûlante ! Ça change tout, non seulement je l'ai sans doute déprimée mais en plus, elle était malade, alors là je les accumule. L'arrivée du médecin sonne comme une délivrance. Encore heureux que je n'habite qu'au troisième. Il l'ausculte rapidement tout en me questionnant sur son comportement.

"Hum de la fièvre, de la toux... est ce qu'elle s'est plainte de maux de gorge ou de fatigue ?"

"Euh nan, en tout cas j'ai rien remarqué. Avant que je la perde de vue, elle était un peu pale et quand je l'ai retrouvée, elle s'était évanouie sur le sol."

"Hum... elle a beaucoup mangé au restaurant ?" me demande t'il subitement.

"Quoi ? Comment vous savez qu'on a mangé au resto ?"

"Elle a une tache de sauce sur sa robe qui n'a même pas commencé à se figer, alors ?"

Il m'épate ce type. Vous connaissez Gregory House ? Oui je sais : anachronisme mais n'empêche qu'on a du le prendre comme modèle pour la série.

"Ben non, elle a à peine touché à son assiette. Pourquoi ?"

"Parce qu'elle a la grippe. Perte d'appétit, fièvre, toux, fatigue qui a pu entraîner la perte de conscience, malaise général qui pourrait expliquer la pâleur et on est en pleine période de grippe Elle devait la traîner depuis un ou deux jours. Bon, je vais vous prescrire un traitement à lui faire suivre, essentiellement pour amoindrir les douleurs à la tête, aux muscles et à la gorge et la fièvre. Ce n'est pas obligatoire mais préférable si on veut que ça passe bien. Voilà, tenez."

Un ou deux jour, hein ? Connaissant Bellatrix et sa maîtrise de l'occlumencie, j'en rajouterais bien deux ou trois. Je raccompagne le médecin jusqu'à la porte, j'aurais bien été jusqu'en bas mais j'ai une malade à surveiller. Bon en attendant qu'elle se réveille, ce qui ne devrait pas tarder maintenant, je vais faire une tisane avec du miel pour sa gorge. Que je suis prévenant... et dans la merde : je voulais tout faire pour l'éloigner et c'est finalement moi qui décide de la ramener chez moi ! Bon j'ai plus qu'à prendre mon mal en patience en attendant qu'elle se réveille et je vais en profiter pour réfléchir à la conduite à tenir. Alors, même si je ne veux pas sortir avec elle, il est hors de question que je la foute à la porte dés qu'elle se réveillera, heureusement que je me suis vacciné récemment d'ailleurs. Je vais l'héberger le temps qu'elle guérisse et puis on verra à ce moment là. Ça c'est fait, maintenant, comment expliquer à mes amis ce que je fais en ce moment même ? Parce que je les connais, Hermione tout du moins, et ils ne mettraient pas longtemps pour me faire cracher le morceau. Oh la la, ça va chier, surtout Neville... mais qu'est ce que j'ai ? Il y a une femme avec qui j'ai déjà fait l'amour étendue dans mon lit et je pense à Neville ? Une autre question : si elle ne se réveille pas, est ce que je vais devoir la déshabiller pour la coucher ? Parce que je n'ai que le lit où dormir, pas de canapé, et je crains que dormir à côté d'une femme sans défense après l'avoir déshabillée ne me fasse passer pour un vicieux.

Ah, elle commence à se réveiller, tant mieux. La tisane dans les mains, je reviens auprès d'elle je lui tends le mug. Elle me regarde avec des yeux ronds... et rougis, oh merdeuh, nan ne pleure pas s'il te plait !

"Tu m'as caché que t'avais la grippe." à voir la tête qu'elle fait, je crois qu'elle ne savait pas non plus, bon tant pis. "Tisane au miel pour ta gorge, plus le traitement du médecin. Tu aurais dû me dire que tu te sentais mal, je t'aurais pas envoyé balader."

Elle baisse un peu la tête, culpabilisant à mort de m'entraîner dans ses problèmes... je résiste à la tentation de la prendre dans mes bras mais je pose quand même une main réconfortante sur son épaule pour lui faire comprendre que je ne lui en veux pas. Allez, on va essayer d'alléger l'ambiance.

"Vois le bon côté des choses." elle relève la tête, un peu surprise et je lui sourit doucement. "T'es finalement chez moi, maintenant."

Elle rit doucement et ma conscience en est apaisée : je crois que je n'aurais pas supporté de la voir pleurer à cause de moi. Puis elle soupire, me glisse un rapide merci et marche rapidement vers la sortie. Elle est proche d'avoir atteint la porte quand je réagis.

"Reste !" d'accord, ça sonne limite comme un ordre mais faut bien ça pour l'arrêter. Sa main tremble sur la poignée de la porte puis elle baisse le bras, vaincue. Machinalement, elle revient sur ses pas et se rasseoit sur le lit. Je vais en profiter pour la convaincre de rester, hors de question qu'elle parte dans son état.

"Ecoute, je sais que notre situation n'est pas vraiment simple, je doute même qu'elle le sera un jour. Mais tu es malade au point de t'être évanouie dans la rue et je refuse de te laisser sortir comme ça. Alors tu vas rester ici le temps que tu guérisses et après on verra."

"Mais... tes amis ?"

"Peu d'entre eux savent que j'habite ici. Tu es devenu quelqu'un de bien, je l'ai vu ce soir alors je te demande de rester, ne serait ce qu'en attendant d'être guérie. Et puis, est ce que tu as un endroit où aller ?"

Elle hésite un instant avant de répondre, je crois que j'ai vu juste... non je n'ai pas utilisé la legilimancie !

"Non, je dors dans un hôtel bon marché avec mes économies. Mon coffre à Gringotts a été vidé et injecté dans le budget du traitement pour les Londubat. Du coup, je survis en volant bon nombre de trucs dont les vêtements, puisque ma baguette est précieusement conservée au ministère."

Super, ça lui fait une raison de plus de rester ici. Toujours ce besoin d'aider les autres. Je suis sûr que si on poussait ça à fond, j'aurais filé des coups de main à Voldemort. Bon, on se calme, elle a besoin d'aide, même Malfoy pourrait voir ça en plus du fait que c'est sa tante... mais j'y penses, et si..."

"T'as pris contact avec Drago ?" tiens, pourquoi j'appelle ce con par son prénom ? Bellatrix secoue la tête d'un air triste avant de m'expliquer.

"Je ne préfère pas essayer. Il m'a toujours connu comme sa tante adhérant à fond aux idées de Tu-sais-qui et à moitié folle. Alors maintenant qu'il est avec ta copine Granger, si je déboule pour le voir, il va croire que je viens la buter et le punir pour ses choix. Mais en fait, je crois que je suis fière de ce qu'il est devenu parce qu'il a choisi son destin tout seul."

... y a pas à dire, un accident de voiture, ça vous change une personne. Mais peut être que Malfoy est un bout de la solution. Il connait Bellatrix mieux que personne, mis à part feu Rodolphus Lestrange, et pourrait aider à faire passer la pillule. Déjà en lui montrant qu'elle a changé et ensuite en parlant aux autres. Ou alors j'en parle directement aux autres mais je lâche des vérités au compte goutte. Je leur dis que j'ai rencontré une fille -avec eux, il faut toujours préciser-, ensuite je dis qu'ils la connaissent, puis je dis que c'est une repentie et... Mais qu'est ce que je fous ? Je suis en train de me faire un plan à long terme avec elle. Y a pas moyen, elle se soigne et puis je la revois plus, basta, terminé, au revoir. Mais je ne peux pas non plus nier ce qu'on a fait.

"Bon écoute, on ne peut pas toujours tout contrôler. Je ne peux pas contrôler ce que mes amis pensent de toi ou les sentiments que tu aimerais que j'ai pour toi. Mais on peut décider d'être amis, non ? Alors, amis ?"

Je tends ma main avec un sourire désolé. Bellatrix n'a pas bougé et regarde ma main avec une sorte de résignation, elle sait malheureusement que c'est le mieux qu'elle puisse avoir. (nda : compte sur moi pour lui donner plus!) Elle soupire lourdement avant qu'un léger sourire n'orne ses lèvres : pourquoi pas ? C'est toujours mieux que rien. En souriant un peu plus franchement, elle tend son bras aussi et serre ma main. Je savais pas qu'elle avait la peau aussi douce. Qu'est ce qu'elle a ? Y a cinq secondes, elle était contente et maintenant, on dirait une fille de huit ans qui a peur de demander quelque chose à son père. Vas y ma puce, papa t'écoutes.

"Je... je peux rester un moment ici ?"

Ah c'était donc ça ! Elle veut rester ici, moi je m'imaginais quelque chose de bien plus grave. Décidemment, elle est pleine de surprise nan, mieux : une véritable énigme vivante et j'adore les énigmes. Maintenant vient le hic, avant que je puisse faire quoi que ce soit, les mots sortent tout seuls de ma bouche. Des fois, on préférerait être muet pour éviter de faire de telles conneries.

"Tu peux rester aussi longtemps que tu veux."

Et vlan ! Une connerie de faite, une ! Bien évidemment, Bellatrix fait les gros yeux avant que ceux-ci ne s'embuent de larmes -oh non, non, non- et se met à pleurer de bonheur sur ma veste. Moi et ma grande gueule, ça m'apprendras mais ce qui est dit est dit et ça serait vraiment la pire saloperie au monde que de revenir sur ça, ais-je déjà dit que je n'avais pas prit Malfoy comme modèle ? Mais les problèmes ne faisaient que commencer... putain, encore la chance !

Voilà, c'est fini pour la première partie de ce truc... des pitites reviews ?