Note de l'auteur :
Bonjour, je suis une licorne et ceci est la première fanfiction que je publie. J'espère que vous l'apprécierez. Sinon... je m'en excuse. Vraiment. Et si vous avez une critique constructive à faire je la lirais avec joie !
L'histoire commence juste après la fin de la série. (donc si vous n'avez pas finit la série et ne voulez pas être spoilés, revenez plus tard). Oubliez tout le bazar avec Schrödinger, notre Alucard national est toujours en non-vie.
Ah oui et bien sur Hellsing Ultimate ne m'appartient absolument pas, etc etc etc... ceci est une fanfiction écrite pour le fun, et pour toi, lecteur ! Les seules choses qui m'appartiennent dans cette fanfic sont les personnages originaux. Bonne lecture !
Le soleil se levait à l'est. La lumière de l'aube se répandait doucement sur les décombres fumantes de Londres, et les milliers de corps humains et inhumains qui gisaient dans les ruines. Un silence de mort planait sur la capitale anglaise. Au milieu du désastre, quelques âmes rescapées du cauchemar pansaient leurs plaies, respiraient l'air chargé de fumée, hébétés d'être encore en vie. Des vivants aux allures de zombies marchaient au milieu des cadavres de vampires, de goules, des croisés. Silencieux, brisés, ils se dirigeaient lentement vers les bruits rassurants d'une foule humaine en pleine effervescence. La Croix Rouge, arrivée de tout les coins du Royaume-Unis et même de France, avait dressé un gigantesque camp pour soigner et secourir les rescapés du dernier massacre perpétré par les nazis. Des réfugiés, rescapés des effondrements d'immeubles, il y en avait peu. Des londoniens épargnés par l'attaque étaient venus en renfort et prodiguaient réconfort et soins à leurs compatriotes. Sur le camp, qui s'étendait sur plusieurs centaines de mètres et dans lequel régnait une grande agitation silencieuse (qui aurait osé parler de ce qui venait de se passer ? C'était complètement surréaliste), planait une ambiance d'apocalypse. Et c'en était une après tout. Cette nuit là, le ciel avait été rouge sang, et l'air rendu brûlant par les incendies.
Des familles brisés, déchirées, s'abandonnaient aux soins des infirmiers débordés. On n'entendait que pleurs et sanglots. Presque aucune une parole n'était échangée entre les survivants.
Parmi eux, Sir Integra Hellsing, attendant patiemment son hélicoptère privé. Son regard se porta sur les secours venus de toute l'Angleterre pour soigner les blessés. Un peu plus loin, un jeune homme d'à peine vingt ans soutenait une vieille femme dont un bras avait été brisé et dont le cœur fragile ne semblait plus pouvoir supporter la douleur. Une grande confusion régnait parmi les réfugiés. Que s'était-il passé ? Qu'allaient-ils devenir ? Où aller ? Vaincre la menace Millenium était un jeu d'enfant à côté de l'insurmontable tâche de nettoyer corps, décombres... Les tâches ardues qui les attendaient tous l'épuisait déjà. Il y aurait tant à faire. Compter les morts. Les enterrer. Reconstruire. Expliquer.
Oublier.
Hellsing continuerait son éternelle mission de lutte contre les créatures démoniaques, évidemment. Il faudrait aussi nettoyer le manoir, réembaucher des soldats le plus rapidement possible. Hellsing était pour le moment sans défense, saigné à blanc de tout ses hommes efficaces (sans compter Alucard et Seras) et de son équipement. Ils ne pouvaient se permettre de traîner. Une nouvelle menace pouvait surgir, et, après tout, de nombreux vampires meurtrier couraient encore. Alucard et Seras n'auraient probablement pas le temps de se reposer... Où étaient-ils d'ailleurs ? Ils avaient disparus depuis l'arrivée des secours. Ils n'étaient sûrement pas en train de se battre : avec le silence qui régnait, on n'aurait entendu que ça. Alucard l'aurait de toute façon avertie s'il y avait eu le moindre problème... Ah bah, mieux valait les laisser tranquilles pour le moment. La nuit avait été riche, trop riche en émotions pour tout le monde. Peut être plus encore pour eux. La trahison de Walker, Mina Harker, le combat contre Andersen, la mort de Pip... Les deux vampires auraient peut être besoin de temps, seuls. Seuls à deux ou seuls chacun dans leur coin... Seras avait perdu un être cher, Pip, et son bras gauche. Elle s'était retrouvée sur un champ de bataille pour la première fois de sa vie. Alucard... va savoir. Les humains avaient de toute façon tendance à lui taper sur le système. Un peu de compagnie vampirique, à défaut de lui faire du bien, ne le dérangerait pas outre mesure.
Comment survit-on à la solitude pendant presque six siècle ?...
Un peu plus loin, sur le toit d'un immeuble...
-Finalement... je ne brûle pas au soleil ?
-Tu es une vraie vampire à présent. Le soleil ne représente plus une menace.
-Oh. Tant mieux... ça m'avait manqué.
Seras se mit debout sur le rebord de l'immeuble, admirant le globe d'or qui commençait d'apparaître à l'horizon. Le ciel violet virait à l'orange, au rose, à l'or, avec ici et là quelques nuages couleur d'ardoise bordée d'or. Une mouette cria au loin, suivie par une autre. Seras jetta un œil en contrebat : l'immeuble faisait bien une trentaine de mètres de hauteur. Curieux, autrefois elle aurait frémit en voyant le vide à ses pieds. Elle aurait probablement vacillé, comme si le vide l'attirait (un phénomène qu'elle n'avait jamais bien compris). À présent elle sentait qu'elle aurait pu faire le poirier à quelque centimètres du vide sans sourciller.
Elle avisa Alucard, assis un peu plus loin contre un muret, les yeux clos, le visage impassible et à moitié caché par ses cheveux. Il n'avait pas bougé depuis une heure. Il n'était pourtant pas blessé. Seras supposait qu'il était en train de « digérer » le rude combat qui les avait opposés à Millenium, et son cortège de trahisons et d'émotions fortes. La trahison de Walter et la mort d'Alexander Andersen avaient été des coups très durs pour Alucard, si tant est qu'il fut capable de ressentir quoique ce soit d'autre que de la colère, de l'orgueil et un plaisir sadique à humilier et tuer ses adversaires... Walter était l'un des rares êtres humains envers qui il ai témoigné, à défaut d'amitié, une franche camaraderie et une certaine complicité. Quant à Andersen...
Lui parler n'était peut être pas une bonne idée. Peut être préférait-il être seul pour le moment ? Ne sachant plus quoi faire, Seras s'assit sur le rebord de l'immeuble, laissant au moins à son maître le soulagement de ne pas être scruté avec trop d'indiscrétion.
-Maître... les pouvoirs que vous avez... je les aurais un jour, aussi ? demanda-t-elle en fixant le sol trente mètres plus bas.
-Si tu vis suffisamment longtemps, sans doute... répondit Alucard, sans ouvrir les yeux. Si tu consomme assez de sang, si tu garde suffisamment d'âmes en toi... tu développera ces pouvoirs, peut-être dans une moindre mesure. Peut-être aussi développera-tu tes propres pouvoirs.
-Mes propres pouvoirs ? fit Seras en se tournant vers lui, surprise. Vous voulez dire... que j'aurais des pouvoirs que vous n'avez pas ?
-En théorie.
-Trop bien !
Elle l'entendit soupirer et son sourire s'élargit encore. Elle se sentait bien, malgré tout. Un nouveau jour se levait, la vie continuait et Millenium était enfin un mauvais souvenir. Ils allaient remettre Hellsing sur pieds et elle pourrait continuer de combattre vampires et créatures surnaturelles avec son maître... Que demander de plus ? Incroyable, comme le champ de ses ambitions s'était réduit depuis qu'elle l'avait rejoint dans les ténèbres.
Massacrer des monstres et vivre dans son ombre, c'est vraiment ce que tu compte faire pour l'éternité ?
Seras secoua la tête, repoussant sa mauvaise conscience dans un coin de son esprit. Trop tard pour revenir en arrière. Inutile de penser à ce qu'elle aurait pu faire si elle n'était pas devenu un vampire, la réponse était : rien. Elle serait morte.
Une éternité de servitude et de massacres c'est plus enviable que la mort ? Et si tu lui demandais son avis, à lui ?
-Hum... dites... qu'est-ce qu'on fait sur le toit de cet immeuble au juste ? demanda Seras dans une tentative désespérée de chasser les idées noires qui lui venaient en tête.
-Nous apprécions l'absence d'êtres humains, ma chère. Ils n'ont pas besoin de nous pour le moment. Je ne sais pas pour toi mais je me passe très bien de leur présence.
-Elle vous dérange à ce point ?
-Tu n'as pas idée, soupira Alucard d'un ton légèrement agacé. Sir Integra n'est pas en danger. Si elle l'était, je le saurais... Je préfère ne pas traîner dans ses jambes plus que nécessaire. Elle mérite bien un peu répit. Moi aussi.
-On ferait bien d'en profiter avant de devoir commencer à remettre Hellsing sur pieds. Ça promet d'être épuisant.
-Une raison supplémentaire pour que tu la boucle, grommela le vampire en ouvrant un œil rougeoyant.
-Pardon.
Seras se tourna à nouveau vers l'horizon brumeux, un peu refroidie. Elle songea qu'après tout, son maître n'avait pas tord. Les humains étaient parfois agaçants, particulièrement leurs réaction de stupeur et d'incrédulité lorsqu'ils se retrouvaient face à des vampires ou des créature surnaturelles. Leur incrédulité faisait peine à voir. À bien y songer ce n'était pas complètement de leur faute : quand on est sois-même une créature surnaturelle, tout le reste semble étrangement banal. Et les cris de stupeur tapent rapidement sur le système... D'accord, je suis un vampire. Oui, je bois du sang, je régénères mes blessures en quelques secondes et je dors dans un cercueil, est-ce qu'on peut passer à autre chose maintenant ?
Son bras arraché ne lui faisait plus mal. L'ombre rougeâtre qui le remplaçait avait pris la forme d'un membre aux doigts griffus. Visiblement il ne pouvait pas repousser, contrairement à Alucard pour qui même la décapitation était une simple égratignure.
Les pensées Seras s'égarèrent un peu. Elle se rappelait vaguement cette partie de Londres... elle y était sûrement venue une fois ou deux avec ses parents, lorsqu'elle était enfant et n'imaginait même pas qu'un jour deux délinquants défoncerait la porte de sa maison pour assassiner son père et sa mère. Elle était âgé d'à peine 20 ans et il lui semblait que son enfance remontait à des siècles. Comment devait alors se sentir Alucard... Elle ferma les yeux, s'agrippant fermement au rebord pour ne pas tomber. Alucard avait raison : un peu de calme et de silence ne faisait aucun mal. Un grand silence régnait sur Londres, si l'on exceptait le bourdonnement très assourdis des survivants qui se hâtaient vers les camps de refuges installés par les secours et la Croix Rouge. Ainsi que les cris des mouettes.
Il lui sembla qu'elle s'endormait. Elle ne sentait presque plus son corps et ses yeux étaient révulsés sous ses paupières. Sa perception physique de l'environnement s'effaçait. Elle ne sentait plus d'odeur de fumée et d'incendie, n'entendait plus ni le murmure du vent ni les cris des oiseaux, ni la rumeur des mortels au pied de l'immeuble. C'est à peine si elle sentait le rebord sur lequel elle était assis.
Pourtant, dans son esprit quelque chose se dessinait doucement. Des contours à peine visibles, flous. Des ébauches de paysage. Des taches de couleurs semblables à des sensations physiques passaient dans son champ de perception. C'était vertigineux, comme si, privée de ses sens, son esprit continuait de percevoir le monde autour d'elle et en retranscrivait une image déformée et imprécise, comme... une écholocation ? Était-ce ainsi que Alucard percevait la présence d'êtres vivants sans les voir ? Car elle percevait bel et bien sa présence, sans la voir, derrière elle. Il emplissait tout l'espace, tâche noire plus noire encore que les ténèbres elles-même, aussi envahissant qu'une sirène d'alarme dans une église silencieuse. Seras n'avait aucune idée de ce qu'elle vivait, voyait exactement, mais pour la première fois elle constatait la sombre puissance qui émanait de son maître. Pour la première fois elle mesurait à quel point il pouvait être terrifiant. Il pouvait la broyer d'un seul mouvement et anéantir des armées entières à lui seul, il n'avait aucune pitié. Même cela était perceptible. C'était un monstre et une arme vivante. Et c'était aussi son maître, son mentor.
Elle se sentit brusquement à la fois toute petite, insignifiante et privilégiée. A présent elle comprenais pourquoi il lui avait si souvent reproché, à ses débuts, d'être aussi décevante et idiote. Il était conscient de son rang, après tout il n'était pas seulement le Roi Mort-Vivant, il avait aussi été Comte durant sa vie humaine. Il exigeait de son disciple l'excellence, la perfection, et la puissance. Après tout, elle était, pour ainsi dire, de son sang.
Sera avala un peu de salive avec difficulté. Ces pensées avaient probablement dissipé sa concentration car elle avait maintenant les yeux grands ouverts, et toutes ses perceptions physiques étaient revenues. La tête lui tournait un peu.
Derrière elle, à moitié endormi, le Roi Mort-Vivant repensait aux événements de la nuit précédente. La nuit la plus distrayante qu'il ai vécu depuis bien des siècles. L'ivresse du combat, la vitesse, l'adrénaline, le fracas des armes et l'odeur du sang... et des adversaires à sa mesure. Son infante devenue enfin une vraie vampire, digne de son sang. Elle avait l'air aussi prometteuse qu'il l'avait soupçonné, et avait fait preuve durant la nuit d'un courage et d'une loyauté exemplaire. Non, définitivement, il ne regrettait pas son geste. De plus, l'ex femme-flic était absolument fascinante. Quand elle n'était pas agaçante, évidemment. La vie humaine d'Alucard s'était déroulée en grande partie sur les champs de bataille, la guerre et la conquête étant ses principales préoccupations. Il ne s'était jamais vraiment intéressé à la gent féminine. Après tout, il était né à une époque où le principal rôle des femmes était de mettre au monde les enfants, autant dire qu'elles faisaient partie d'un univers à des milliers d'années-lumières du sien. Elles étaient faibles, souvent soumises et impressionnables, encore qu'au fil des siècles il ai croisé la route de femmes assez caractérielles pour s'opposer à lui et le défier. Oui, il avait été un véritable monstre avant même d'être un vampire. Il avait massacrés des villages entiers et empalés des enfants sur le sein de leurs mères sans regrets, sans jamais s'attarder sur leurs souffrances. Seuls comptaient la victoire et la vengeance.
Puis il avait rencontré Integra. Sir Integra Hellsing, cette femme avait suffisamment de caractère et d'autorité pour se faire obéir d'une armée avec autant (voire plus) d'efficacité que lui durant sa vie humaine, et en imposer à une horde de bureaucrates et d'aristocrates coincés. Même s'il ne pouvait s'empêcher de la taquiner de temps en temps et de jouer avec ses nerfs, il avait pour elle du respect et... oui, une certaine forme d'affection.
Mais Seras... Seras n'avait pas la présence et le charisme d'Integra. Elle était parfois immature, peureuse et naïve. Son côté timoré et indolent l'avaient plusieurs fois fait sortir de ses gonds ou presque. Mais malgré cela, malgré les nombreuses remarques acides qu'il lui avait fait, elle était d'une indéfectible loyauté envers lui, et envers Hellsing. Outre le fait qu'elle était une combattante remarquable, elle avait une volonté de fer et n'avait pas hésité, à plusieurs reprises, à lui dire clairement qu'elle réprouvait sa cruauté, malgré la crainte et le respect qu'elle avait pour lui. Il avait lu la terreur dans ses yeux, alors qu'elles prononçait ces paroles : peur d'être punie cruellement, rejetée, humiliée. Mais par dessus tout, dominant cette terreur, la volonté ferme de lui dire le fond de sa pensée. Elle ne voulait pas tuer sans raison et était prête à le défier pour cela. C'est précisément grâce à cette force de caractère qu'elle n'avait pas été punie. Intérieurement, il avait sourit. Fier et satisfait. Et puis pour être tout à fait franc, même oser se l'avouer complètement, il trouvait son caractère jovial rafraîchissant. Il rôdait dans les ténèbres, seul et sombre depuis des siècles. Pour la première fois il entrevoyait une petite lueur à ses côtés. Le fracas des armes et la victoire sur ses ennemis, qu'il avait toujours recherché activement depuis qu'il avait l'âge de tenir une arme, n'était peut-être plus suffisant à le tirer de ses sombres pensées. Peut-être. Il lui tardait tout de même de retrouver un adversaire de la trempe d'Alexander Andersen. Il se battrait à nouveau. Il y aurait du sang et des larmes. La victoire ou la mort.
Oh, oui, il ne s'était plus autant amusé depuis trop longtemps, et sans doute cette occasion ne se représenterait pas tout de suite. Peu importe.
Il avait toute l'éternité.
