PRÉTEXTE


Encore une fiction, très courte rassurez-vous haha, sur SysyTheHotdog et DidiChandouidoui.

Sur une idée bien fructueuse de Altraria et de RainbowPandicorn, co-écriture :D

NB :

Bien sûr, là encore, j'ai inventé une partie de leur personnalité pour les besoins de cette fiction. Voilà, ça tombe sous le sens mais je le précise pour la forme.

Et euh… Les gars, si vous tombez là-dessus (pour de vrai, du coup)… Je suis navrée x)

Bonne lecture, les gens ! :)

Arcs-en-ciel, pandas et licornes x3


Chapitre 1


Cela fait deux heures que je suis couché, et pourtant, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je tourne en rond dans mon lit depuis tout à l'heure, sans réussir à chasser les élucubrations interminables qui parasitent mon esprit. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ça m'arrive, loin de là. Et pour cause, c'est quelque chose sur quoi je rumine intérieurement assez régulièrement, et qui est causé, bien qu'involontairement, par une personne que je côtoie très souvent. Sysy...

Oui, je suis tout bonnement obnubilé par mon meilleur ami. Plus précisément, par les sentiments que j'ai développés envers lui il y a quelques temps. Sentiments qui dépassent l'amitié et l'affection que nous entretenons depuis des années maintenant. Et qui pourtant ne devraient pas. Je ne dis pas que des amis ne doivent pas tomber amoureux l'un de l'autre, au contraire, beaucoup de belles histoires commencent ainsi. Mais là c'est plus compliqué, car Sylvain est un ami de longue date, et surtout, parce que lui me considère toujours de la même manière.

Il l'avait clairement dit, un soir où nous étions entre amis et que Nini, pour plaisanter, lui a demandé s'il pourrait sortir avec moi. Je me rappelle de cette soirée, elle m'avait d'ailleurs demandé à moi si je pourrais sortir avec elle. La réponse était négative pour les deux. Nini est mon amie d'enfance, elle est comme ma sœur, tomber amoureux d'elle est totalement inconcevable, même si elle est jolie comme tout et surtout pleine de qualités dont on ne peut que rêver. Sysy, lui, a bien vite affirmé qu'il ne tomberait pas amoureux de moi. Je me rappelle précisément ses mots :

« - Mais nan, je pourrais pas ! Même si j'étais gay, je pourrais pas sortir avec toi. T'es mon pote... »

Même si ça avait le mérite d'être honnête, ces mots ont comme brisé quelque chose en moi. Comme une petite flamme d'espoir qu'on étouffe d'un coup. Bien sûr je ne pouvais que m'y attendre, je me doute bien qu'il ne ressent rien de plus que moi. Mais cette réponse a été une douloureuse piqûre de rappel. Au moins, il a parlé avec la franchise d'un ami, et c'est une excellente chose car nous sommes amis avant tout.

Malgré tout, cela me rend triste. Je ne peux que rêver d'une réciprocité, je pourrais continuer à espérer mais nous sommes dans la vraie vie, je sais que cet amour n'est qu'à sens unique. Alors, je me résigne. Je me contente comme je peux de notre amitié qui m'apporte déjà tant, même si malheureusement il s'avère que ce ne sera plus vraiment suffisant pour moi. Je me raisonne au mieux, j'essaie de me dire que je trouverai quelqu'un d'autre qui me fera oublier ces sentiments qui n'ont pas lieu d'être, et je passerai à autre chose. On a tous eu des peines de cœur, on s'en remet, et heureusement.

Mais, en attendant, je l'avoue, je reste proche de lui, parfois un peu trop, profitant d'une proximité qui certes du coup est un peu biaisée de ma part, mais dont je ne peux me passer. Je sais que ça ne change rien, que lui me voit toujours pareil, que je ne le ferai pas tomber dans mes bras. Mais j'ai ce besoin, sans doute vicieux et un brin masochiste, de me sentir proche de lui, qu'il me prenne dans ses bras, qu'il soit auprès de moi le plus possible.

C'est pour cela que, ce soir, j'ai décidé de saisir une occasion d'aller dormir avec lui. Bon, là c'est vraiment poussé, je ne l'avais pas encore fait. Mais c'est ma chance, et de toute manière, je tourne trop en rond dans mon lit, alors autant essayer. Je sais, c'est complètement tordu, mais j'en ressens le besoin. Je n'attends rien de lui, juste de pouvoir dormir à ses côtés. Une nuit. Une seule fois. Et j'ai un parfait prétexte : notre sortie nocturne en forêt de tout à l'heure. Même si ça n'avait rien de sérieux, même si c'était plus pour parodier les expéditions de ce genre que pour autre chose, même si on ne risque rien, je pourrais très bien être en train de flipper, seul dans mon lit.

Je me lève donc pour rejoindre Sysy, qui dort à poings fermés. Il semble si paisible, ses traits sont détendus, il ronfle légèrement, il est tout bonnement adorable. Je me maudis de penser ça de lui, mais... Putain, qu'est-ce qu'il est beau! Son charme naturel, ses yeux printaniers, son sourire craquant, son rire communicatif, sa petite bouille adorable, ses mains d'artiste, et... Sans doute d'autres choses tout aussi attirantes que je ne verrai sûrement jamais. Il est si mignon quand il dort, ça ma fait de la peine de le réveiller. Mais je préfère le faire, on ne sait jamais.

« - Sysy... »

Je le secoue en douceur pour ne pas le tirer trop brusquement de son sommeil. Il finit par entrouvrir les yeux en marmonnant quelque chose de sa voix encore endormie, faible et rauque.

« - Excuse-moi de te réveiller comme ça, mais... J'arrive pas à dormir.

- Mmh...? Mais j'y peux pas grand chose, moi.

- Si justement... En fait, tu vas te foutre de moi mais... J'ai un peu peur à cause de tout à l'heure. Je... Je peux dormir à côté de toi...? »

Je sais, c'est mal de mentir. je n'ai pas vraiment peur pour ça, c'était pour déconner et on le sait tous les deux. bon, c'est un peu bizarre, mais je n'en aurais pas les chocottes au point de ne pas dormir.

« - Tu flippes à ce point?

- Bah... »

Non, je veux juste avoir une chance de dormir près de toi, rien de plus, rien de moins. Encore dans le cirage, il se redresse un peu et me dévisage.

« - S'il te plaît, te moque pas... »

Surtout que ce n'est pas la vraie raison.

« - Nan, nan. »

Sans rien dire de plus, il se décale et me fait signe de m'installer à côté de lui. Essayant de cacher mon enthousiasme quelque peu démesuré, je m'allonge près de lui et il rabat la couette sur nous. Aussitôt, je me blottis contre lui, nichant mon visage dans son cou. Bien que surpris, il ne fait aucune remarque et m'entoure même de ses bras, d'un geste qui se veut réconfortant mais qui a un tout autre effet sur moi. Je suis tout troublé, mon corps est en effervescence. Je me sens divinement bien...

« - Mec, t'as le cœur qui vrombit, là... T'es sûr que ça va aller? »

Et merde, je suis grillé! Bon, du calme, pas de raison.

« - C'est... Euh... J'ai vraiment peur, en fait... »

Non, c'est toi qui me rends tout chose!

« - Bah alors, faut pas! T'inquiète pas, mec, c'était pour la déconne.

- Je sais... Je suis désolé. »

Là, je fais d'une pierre deux coups. Comme je le lui dis, c'est « désolé » de flipper pour ça. Mais comme je le pense, c'est « désolé » de trouver des prétextes à la con, de faire des choses ambiguës sous couvert de l'amitié de longue date, et surtout de mentir. Je ne devrais pas faire ça, mais je ne veux pas l'embarrasser de ces histoires de sentiments et d'attirance, alors je ne lui dis rien et je savoure ces quelques écarts, bien que ce ne soit pas très moral.

« - Tu trembles...

- Ouais... Mais ça va passer. »

Difficile de garder contenance. Je suis troublé par son étreinte, sa main sur mon dos, son souffle tout proche. Mais je ne m'en plains pas le moins du monde, c'est ce que je recherche, je me sens divinement bien dans ses bras. Même si j'ai pleinement conscience que ça n'a pas du tout le même sens pour lui.

« - Merci... »

Ce mot m'échappe dans un chuchotement soulagé. Même si je n'avais pas besoin d'être rassuré pour quoique ce soit, j'avais besoin de lui, de sa présence, de son affection.

« - Bah, de rien. Allez, bonne nuit.

- Merci, toi aussi. »

Comblé et apaisé, je ferme les yeux et commence à m'endormir. C'est peut-être étrange, mais ça me suffit... Je me contente de ça car j'y suis bien obligé, mais le fait d'être ainsi près de lui, qu'il me serre contre lui, c'est déjà beaucoup. Et, même si ça ne se reproduira probablement pas avant un moment, je me délecte de ce moment privilégié avec lui.

Avant que je tombe dans les bras de Morphée, je sens les doigts de Sylvain effleurer le bas de mon dos. Je ne dis rien, même si son simple toucher, bien qu'à travers le tissu, me provoque déjà de discrets frissons. Doucement, ses doigts remontent de quelques centimètres dans mon dos, puis redescendent et répètent ce geste, commençant une caresse lente et régulière. Je sais bien qu'il fait ça pour m'aider à m'endormir ou peut-être juste machinalement, mais ça me fait plus frémir qu'autre chose et une chaleur particulière se loge dans ma poitrine. Je tente de retenir un gémissement de plaisir et de calmer ma respiration. Heureusement, pour l'instant, mon corps reste assez silencieux à l'extérieur, car à l'intérieur, j'ai déjà l'impression de perdre pied.

Soudain, sa main s'arrête sur le creux de mes reins et il trace des boucles imaginaires sur ce point assez sensible. Je ne peux m'empêcher de trembler un peu et de laisser une courte plainte s'échapper de ma gorge. Mon dos se cambre sous la stimulation de cette zone et, plus je réagis, plus il accélère ses mouvements. Je ne sais pas du tout ce qui lui prend, mais je n'ai pas envie de poser de questions, je veux juste profiter de ce moment rare d'affection avec lui.

Il s'arrête au bout d'un moment et remonte sa main sur ma nuque. Avec ce qu'il m'a fait avant, je suis devenu bien plus sensible à son toucher. A cet instant, je remarque le peu de distance qui sépare mes lèvres de son cou... Et merde, voilà que mes pensées indécentes refont surface! En même temps, avec cette proximité et ces contacts sans précédent, en plus de la chaleur de son corps qui commence sérieusement à me rendre dingue, ce n'est pas très étonnant que mon esprit divague et s'emballe d'une telle manière.

« - Ça va ?

- Oui, oui...

- Tu me dis si t'aimes pas. Ça peut te paraître bizarre, mais... Quand j'étais petit et que ma sœur faisait des cauchemars, je lui faisais ça et ça l'apaisait tout de suite. Je voulais voir si ça marchait aussi là... »

Si je n'aime pas ? Mais bien sûr que si! Un peu trop, même. En tout cas, si ça c'est bizarre, alors tout ce que j'ai envie de lui faire est totalement absurde... Quoique, c'est le cas en fait. Mais le fait qu'il prenne soin de moi me touche, et le fait qu'il soit doux avec moi comme ça me donne l'impression d'être spécial, car il n'est pas mielleux avec tout le monde.

Soudain, je sens son nez se blottir dans mes cheveux, et son souffle chaud contre mon crâne, qui me fait frissonner encore une fois.

« - Tes cheveux sentent bon.

- Oh ? Bah, merci...

- Non , vraiment, j'avais jamais vraiment remarqué avant. »

Il me serre un peu plus contre lui et, là, mon cœur rate un battement.

« - J'aime vraiment leur odeur. »

Ces compliments me rendent tout chose également, mes joues doivent probablement être cramoisies à ce stade. Pourtant, même si je suis troublé par ce compliment, par ses caresses et par son étreinte, je ne dois pas craquer. Je suis venu en connaissance de cause et je suis responsable de mes actes, même des plus stupides. Il est mon ami avant tout, et n'a pas pour moi l'attirance et l'amour que j'ai pour lui. Je ne peux pas me permettre de déraper, déjà que je lui mens sur la raison de ma présence ici.

Toutefois, ça devient plus difficile au vu de sa façon d'agir, dont il ignore que ça a un effet démesuré sur moi. Je me sens frissonner, ma respiration est plus rapide, la chaleur m'envahit et mon corps se crispe de retenue et d'appréhension. Car, même si je me suis fait la promesse de ne jamais aller plus loin, je commence à avoir vraiment peur de rompre ce serment, d'être trop faible pour résister aux gestes et au charme de cet homme qui pourtant est mon ami de longue date...

Un sursaut me saisit lorsque je sens quelque chose de tiède sur mon front. Bordel, il vient de m'embrasser là! Il le fait exprès ou quoi ? Sérieusement, s'il commence à faire des choses comme ça... D'ailleurs, pourquoi il le fait ? Je comprends de moins en moins, et pourtant je n'ai pas la force de lui demander quoi que ce soit, le son est comme bloqué dans mes cordes vocales par l'étonnement mais aussi par le fait que je sois complètement perturbé. Je savais que je jouerais avec le feu en venant ici, mais pas à ce point. Il est en train d'agir comme un soufflet qui multiplie les flammes.

Je me mords assez brutalement la lèvre lorsque ses doigts commencent à longer ma colonne vertébrale par-dessus le tissu, et arrivé à mes hanches, il passe sous mon vêtement pour caresser ma taille et mon flanc sans appréhension. Je suis confus, mais d'un côté je suis aussi émoustillé et très réceptif à son toucher. Je finis même par avoir des doutes et par me dire que ce n'est pas que pour m'apaiser... Je laisse paraître ma respiration irrégulière et un gémissement indiscret s'échappe de ma bouche, sans que je puisse le contrôler.

Oh bordel, il recommence... Et pas qu'une fois, en plus! Je ne le savais pas comme ça, il me surprend de plus en plus. Mais surtout, c'est gênant! Alors qu'il dépose des petits baisers sur mon front, je me sens perdre pied, complètement. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça de venir... Ça m'apprendra à lui raconter des salades pour avoir une raison de dormir avec lui. Mais je ne peux plus reculer, et je ne peux pas non plus prétendre que tout ça ne me plaît pas. Lui ne semble pas gêné, alors si moi j'ai l'air de l'être, ça pose des questions.

Ne sachant plus que penser de tout ça, je profite de cette brèche ouverte pour laisser un timide baiser dans son cou. Ce n'est pas grand chose, ça ne l'engage à rien et lui est bien en train de me papouiller depuis tout à l'heure. Et de toute façon, s'il pousse un peu trop, je crois bien que malheureusement je ne résisterai plus. Mon cœur bat à toute allure, j'ai le souffle court, des frissons me hérissent et je sens que je commence à trembler.

Au bout d'un moment, je me reprends tout de même et me recule cette fois plus nettement.

« - Mec, tu fais quoi ? »

Bizarrement, il ne me répond pas. Au lieu de ça, il me fixe, l'air un peu hésitant. Perplexe et toujours aussi troublé, je le dévisage sans mot dire, attendant une explication à cette attitude si tactile inespérée. Mais, au lieu de ça, il remet sa main en bas de mon dos et s'approche pour embrasser mon front encore une fois... Puis il descend légèrement vers mon nez et le contourne pour que nos lèvres se retrouvent face à face, sans se toucher mais très proches, si proches que je sens sa barbe m'effleurer le visage.

J'ai l'impression que mon pauvre cœur déjà surmené va exploser en mille morceaux. Mon souffle se coupe et mon corps se fige, je n'ai plus ni l'audace ni la capacité de dire ou de faire quoi que ce soit. Je suis bien trop surpris par son attitude pour réagir et bien trop curieux pour le repousser. Alors, je ne bouge plus, je reste muet, attendant le déluge. De toute façon, ce n'est pas à moi de lancer quelque chose, même si, là, j'en meurs d'envie. Bon sang, mais Sysy, qu'est-ce que tu me fais...

Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage. D'un geste étrangement assez assuré, il se rapproche encore et capture mes lèvres des siennes, tout en douceur, presque comme au ralenti. Mes yeux se ferment automatiquement et mon corps entier frémit d'un mélange de satisfaction, d'aise et de soulagement. J'ose à peine y croire, jamais je n'aurais pensé qu'il agirait ainsi, alors que moi je me retiens toujours de le faire. Et pourtant, c'est bien réel...

D'abord très timidement, je réponds à son baiser et m'aventure à poser ma main sur son buste. Il ne bronche pas et continue de m'embrasser, passant même sa jambe par-dessus les miennes pour se coller encore plus à moi. Je laisse échapper un soupir ravi et me décide à l'enlacer à mon tour, caressant sa hanche du bout de mes doigts. Je profite de chaque seconde, appréciant les moindres gestes, les moindres sensations, de peur que tout s'arrête d'un coup et ne recommence jamais. Maintenant qu'on en est là, je ne peux plus faire comme de rien, je ne peux plus feindre l'indifférence comme avant. Il me rend bien trop dingue avec toutes ces petites choses, j'en perds tous mes repères et tous mes principes.

Au bout d'un moment, l'euphorie et la chaleur en moi se font tellement fortes que je finis par me reculer, me séparant de lui. Ma respiration est lourde, mon cœur vrombit quasiment sous mes côtes et je tremble de plus belle. Ne sachant que dire et n'osant même plus le regarder, je me redresse et sors du lit.

« - Je reviens... »

Je quitte la chambre et fonce à la salle de bains. Je me penche sur le lavabo et me rince abondamment le visage à l'eau froide pour reprendre mes esprits.

« - Ok ! Ok... C'était quoi ça ? Bon, tout va bien... Non, non ! Qu'est-ce qu'il me fait ? Et moi qu'est-ce que je fais ! Putain... Bordel, ça n'a pas de sens, putain ! »

Je parle tout seul comme un con, sans trop savoir ce que je raconte. Je suis perdu. Pourquoi il a fait ça ? Est-ce qu'il le voulait vraiment ? Et dans ce cas, pour quelle raison ? Et sinon, il se serait obligé ? Pour tester ? Pour me faire plaisir ? Je serais donc si transparent que ça...?