- Tu viens, Lou ?
L'intéressé leva la tête vers la jeune fille qui lui parlait. Il était plongé dans un bouquin passionnant sur la meilleure façon de cultiver des anémones japonaise en serre. Elle était toujours devant lui et attendait impatiemment une réponse. Elle avait l'air agacé.
- Non.
Elle eut l'air vexée et s'éloigna vivement vers Judith et Yumi, la rousse et la japonaise. Ajoutez Malory la blonde et elles formaient le petit groupe à la fois le plus honni et le plus admiré par la majorité de l'université. Le reste, comme Lou y était indifférent. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle tenait tellement à venir lui parler tout le temps alors que lui l'ignorait sans cesse l'ignorait. En plus, elle lui avait fait perdre le fil de sa lecture. Il referma son livre en soupirant. La cafétéria de l'université était presque déserte à cette heure-ci, en faisant l'un de ses endroits préférés, mais si Malory savait qu'il passait du temps ici, il supposait que cela voulait dire qu'il allait devoir trouver une nouvelle forteresse de solitude pour le temps libre qu'il avait entre le cours de droit constitutionnel et le cours d'histoire des institutions judiciaires. Il souleva sa tasse de café à ses lèvres et se brûla légèrement en laissant le breuvage couler sans sa gorge.
C'était l'été, et dehors il devait faire très chaud, mais à l'intérieur du bâtiment la climatisation était détraquée et refroidissait considérablement l'air. Lou puisa ses livres de cours de son sac et se mit à réviser machinalement, sans y faire trop attention. Rien n'était très passionnant dans un manuel d'histoire des institutions.
Il se sentait mal depuis quelques jours mais n'arrivait pas à mettre la main sur ce qui n'allait pas. Ce n'était pas vraiment des nausées, ni des douleurs, juste une espèce de malaise constant qui pesait sur lui. Lou n'avait pas changé de médicaments dernièrement ni mangé quelque chose de tropical ou de périmé, et il ne se sentait pas malade d'un rhume ou autre. Il n'avait vraiment aucune idée de ce qui lui arrivait. Même s'il y avait toujours la possibilité que son état empirait, tout simplement, mais cela n'était pas une pensée très joyeuse.
Il se mit à transpirer un peu et à avoir très chaud. Lou plissa les yeux. Il avait un de ces mal de crâne tout d'un coup ! Impossible de lire quoi que ce soit. C'était officiel, il couvait quelque chose. Il rangea rapidement ses affaires et se leva, il serait bien mieux à la maison, dans son lit, préférablement avec une bonne tasse de thé et une série Netflix, qu'ici. Trop vite. La pièce tournait. Il avait envie de rendre son déjeuner sur le sol. Il crispa sa main sur le bord de la table avant que ses genoux ne frappe le sol, se retenant à peine de tomber et eut un haut le cœur. Il allait vomir.
Il serra les lèvres lorsqu'il sentit son estomac se soulever et jouer au yoyo dans son abdomen. Une douloureuse crampe lui plia le ventre. Il se retrouva plié en deux par terre, les genoux trempé de liquide chaux et poisseux. Et il ne se sentait pas mieux du tout.
Il avait les yeux fermés pour ne pas avoir à contempler son exploit mais un cri hystérique le tira de son malaise. Il ouvrit les yeux. Une femme de cantine hurlait comme une démente, criant des mots en langue étrangère, en le pointant du doigt alors qu'une autre s'approchait de lui, l'air horrifié. Elles fixaient ses genoux, alors, ignorant un moment la douleur, il baissa les yeux.
Lou se sentit tourner de l'œil.
Ses jambes et le sol sous lui étaient maculés d'un sang vif, tiède et presque collant. il eu un moment de panique durant lequel il se demanda d'où pouvait bien venir tant de sang. Pas de lui, n'est-ce pas ? C'était impossible. Il leva en tremblant ses mains vers son visage et les regarda, souillées du liquide vital.
Un cri s'étrangla dans sa gorge.
