Voilà deux semaines depuis ma dernière publication ! J'avais promis que je posterais le 22 mars et nous y voici ! Cette histoire sort de mes habitudes et aura demandé quelques conseils et recherches pour certaines choses !
Cette histoire est composée de 4 chapitres et un épilogue. J'espère que le thème vous fera plaisir, j'en vois déjà au moins une qui fond d'ici.
Je remercie toutes celles qui m'ont commenté la dernière fois. Je serais ravie de vous retrouver et d'écouter vos critiques :-)
Bonne lecture !
Chapitre 1 : Une rencontre
-Tu viens Bear ?
Le malinois traversa l'allée du parc et se jeta dans les jambes de l'informaticien, la queue frétillante. Finch se pencha et lui remit la laisse, essayant d'éviter les coups de langues affectueux du canin.
-Bon chien. John doit nous attendre avec le repas.
Bear le regarda, intéressé et tira doucement sur la laisse.
-Oui, on y va. Gloussa Finch, comprenant que son ami à quatre pattes souhaitait tenir son rôle d'assistant auprès de John. Finch sourit. Personne ne pouvait résister aux petits plats que John cuisinait. La cuisine était une passion pour l'agent lorsqu'il avait du temps. Chaque fois qu'il s'y mettait, Harold préférait le laisser libre, pour qu'il s'exprime et qu'il s'amuse. Mais parfois John voulait un assistant et n'hésitait pas à le solliciter. Il s'exécutait volontiers, même s'il n'avait pas l'âme d'un cuisinier, mais plutôt d'un maladroit, faisant brûler quasiment chacun des repas qu'il essayait de confectionner. John s'était gentiment moqué de lui une fois alors qu'il avait essayé de faire cuire juste un petit rosbif. Au final il avait été aussi dur qu'une semelle de cuir, et personne n'avait réussi à le manger. John l'avait rassuré et lui avait dit que ce n'était pas si grave. Finch repensa à leur dernière séance de cuisine ensemble. Ils avaient fait une tarte aux poireaux, avec des morceaux de lardons et d'échalotes, le tout parsemé de parmesan finement râpé. La découpe des poireaux avait fait pleurer l'informaticien, peu habitué tandis que John n'avait pas bronché et avait taillé les légumes tel un professionnel, la lame du couteau claquant régulièrement sur le plan de travail en bois.
Lorsqu'ils avaient dégusté le plat, tout droit sorti du four, ils s'étaient délectés. Finch esquissa un mince sourire et rougit légèrement en repensant à la suite de la soirée. Secouant la tête, il traversa la chaussée, Bear à ses pieds. Ils se mêlèrent aux nombreux habitants de la grande métropole New Yorkaise, évitant avec habilité tous les jeunes qui avançaient , les yeux rivés sur leurs téléphones, ne prêtant pas attention aux personnes qui les entouraient. Les adultes, eux, étaient pressés et se glissaient entre les différentes personnes, se dirigeant d'un pas ferme vers leurs lieux de travail, vers leur chez-eux, ou encore un autre but. Parvenant à une intersection, il attendit le passage du bonhomme vert avant de s'y engager. Dans son champ de vision, il remarqua une jeune fille, en salopette, une chemise à carreaux, un bonnet sur sa tête, qui se dirigeait vers la route sans jeter un quelconque regard. Finch réagit et lui attrapa le bras, évitant de justesse un accident avec le taxi qui passa sous leurs yeux. Bear barra la route à la jeune adolescente et la fixa. Harold ne remarqua qu'à ce moment les yeux rougis de la femme.
-Tout va bien Mlle ?
-Euh … hum… merci Monsieur.
Elle renifla et essuya une larme du revers de sa main. Elle lança un regard incrédule à l'informaticien lorsque celui-ci lui tendit un mouchoir.
-Merci. Fit-elle en le prenant et en se mouchant.
-Je vous en prie.
Bear donna un léger coup de tête aux jambes de l'adolescente. Elle se pencha vers lui et lui donna une caresse franche, un petit sourire en coin. Bear lécha le visage mouillé de la jeune fille et elle se mit à rire doucement.
-Vous avez un chien intelligent Monsieur.
-Bear aime réconforter les gentilles personnes.
Elle soupira.
-Si seulement ma mère pouvait comprendre quand je lui dis que j'ai besoin d'avoir un petit animal de compagnie…
-Si ce n'est pas indiscret, pourrais-je savoir pourquoi elle ne veut pas ?Demanda Finch, sentant qu'elle avait besoin de parler un peu.
-Elle dit que ça coûte cher. Il leur faut de l'entretien. Mais je m'en fiche. Tout ce que je veux c'est l'amour. Ma mère n'est jamais là alors … je voulais…juste pouvoir …
Harold fit la moue, comprenant que cette adolescente était, une fois de plus, une jeune personne délaissée par ses parents alors qu'elle en avait besoin. Il posa une main compatissante sur son bras, la regardant dans les yeux.
-Ne pleurez pas, peut-être qu'un jour cela s'arrangera ?
-Vous pensez ?
-Disons que je reste toujours optimiste. Quand les situations ne nous conviennent pas, elles peuvent évoluer.
-Mais elles peuvent changer en bien ou en mal.
Finch fronça les sourcils.
-Pensez au positif. Pourquoi n'allez-vous pas dans une association de protection animale ?
-Tiens, pourquoi n'y avais-je pas pensé ?
-C'est une solution. Chaque animal est capable de donner de l'affection. D'autres en ont besoin.
-Mais je pourrais leur en donner vu que je les aime bien…
-Je pense qu'ici, il doit y en avoir qui recherchent des bénévoles ?
-Je vais me renseigner. Merci Monsieur pour votre idée.
-Vous vous sentez mieux ?
-Oui, grâce à vous.
Finch lui offrit un sourire et fit un geste pour dire que ce n'était rien.
-Comment vous vous appelez ?
-Harold. Harold Wren.
-Vous êtes le mec des assurances ?
-Oui.
-Je le savais, nous sommes un de vos clients! Je n'ai jamais entendu mes parents s'en plaindre.
-Parce que nous veillons sur chacun de nos clients. Quel est votre nom Mlle ? Demanda-t-il en retour.
-Laura Suarez.
-Enchanté.
-Encore merci. Je vous laisse, je dois aller voir ma grand-mère, elle doit m'attendre !
-Je vous en prie. Faites attention à vous et bonne journée.
-Merci, vous aussi !
Le bonhomme étant passé au vert, elle traversa à grande enjambées, telle une enfant heureuse. Finch profita du spectacle, ravi de sa bonne action, puis prit le chemin de la bibliothèque. Bifurquant dans la petite ruelle sombre, il entra à l'intérieur de la vieille bâtisse et détacha Bear, qui se précipita rapidement à l'étage, attiré par la bonne odeur. Finch le suivit et se débarrassa de son long manteau, l'accrochant au passage puisse dirigeant vers l'espace cuisine. Il fut étonné de ne pas y voir son agent mais sentit deux puissants bras l'entourer à la taille, des lèvres déposer quelques baisers dans le creux de son cou fragile. Il frissonna.
-John…
-Alors Harold, on fait attendre le cuistot maintenant ? Il est midi passé !
-Ce n'est pas si grave que cela si on considère que j'ai évité un accident à une adolescente ?
John se redressa et fit pivoter l'informaticien, le détaillant.
-Vous jouez les héros maintenant ?
-Non, je n'en ai pas eu besoin.
John fronça un sourcil, l'invitant à poursuivre. Finch lui relata ce qui s'était produit, ainsi que les paroles qu'il avait échangé avec Laura.
-Pauvre enfant, mais ça s'arrangera. Sa mère ne pourra pas la laisser longtemps comme ça.
-J'espère bien John.
-Sinon vous allez veiller au grain ? Demanda John, taquin.
-Qui sait ? Bon j'ai faim ! Réclama Harold.
John leva les yeux au ciel et poussa doucement son compagnon vers la table pour l'inviter à prendre place. Ils mangèrent avec appétit et Finch reprit place devant ses moniteurs tandis que John jouait avec le malinois qui débordait d'énergie. L'après-midi fut calme pour les deux hommes et le soir venu, ils rentrèrent chez eux dans la bonne humeur. Bear s'installa sur son coussin dans le salon et Finch suivit son compagnon dans la cuisine, souhaitant l'aider. John lui donna une tâche facile et veilla à la cuisson de la viande sur le feu. Ils se préparèrent donc un repas assez léger.
John, taquin, décida d'embêter son compagnon, venant enfouir son visage dans son cou, faisant quelques bisous et soufflant de l'air chaud, s'amusant des frissons qui parcouraient le corps de l'informaticien. Finch pencha la tête pour lui laisser un accès et soupira. Chaque fois que John lui faisait cela, il se sentait soudainement détendu. John posa ses mains sur les épaules de Finch et y exerça quelques pressions puis défit la cravate et les premiers boutons de sa chemise pour avoir plus de peau à embrasser. Il baisa la fine trace blanche dans le dos de son compagnon, le troublant.
- Comment savez-vous ? Demanda Finch confus.
-Vous étiez un peu raide en vous levant tout à l'heure.
-Vous êtes très observateur.
-Seulement pour celui que j'aime.
Finch se sentit fondre.
-Je vous aime aussi. Murmura-t-il.
John, ravi, changea de position et embrassa doucement le milliardaire.
-Venez avec moi à la douche. Chuchota John.
-Mais et la vaisselle ? Se troubla Finch, face au regard chargé de son compagnon.
-Je m'en occuperai demain matin. Vous êtes plus important.
Pour couper court aux protestations de Finch, John usa de sa méthode et le fit taire en l'embrassant fougueusement. Puis il prit ses mains pour le faire lever et le guida à l'étage jusqu'à la salle d'eau. John alluma le petit chauffage, tout en repoussant la porte. Puis il commença à le déshabiller, repoussant la veste, déboutonnant le gilet et tirant sur la cravate pour la retirer. Il fit sauter les boutons de la chemise et l'écarta aussi, la mettant dans la panière. Alors qu'il allait s'attaquer au maillot de l'informaticien, Finch l'en empêcha. John le questionna silencieusement et sourit. Il laissa Finch lui ôter sa veste, sa chemise et son tee-shirt. Harold posa ses mains sur la poitrine découverte de l'agent et sourit, caressant la douce peau mate, faisant légèrement trembler John, qui le regardait faire. Dans un geste rapide, il posa ses mains sur les hanches du plus âgé et le rapprocha de lui. Finch s'empourpra lorsqu'il se retrouva contre John. Reese, attendrit par cette petite timidité, toujours présente chez son compagnon même après plus de trois ans de relation, glissa une main sur sa joue et la caressa du bout de son pouce.
-J'aime bien vous voir rougir.
Finch frémit devant cette voix rauque. John laissa ses mains se balader dans le dos de l'informaticien, le caressant doucement et finit par lui retirer son haut. Puis il se baissa, défaisant les lacets et retirant les chaussures de son compagnon, puis ses chaussettes. Il remonta et croisa le regard assombri de Finch. Il sourit, lui défit sa boucle de pantalon et lui retira tout le reste des vêtements. Finch se chargea d'en faire autant, à l'exception des chaussures et des chaussettes que l'agent retira lui-même. Ils se retrouvèrent sous le jet d'eau chaude dans la cabine de douche. Finch laissait John s'occuper de lui. L'ex-agent se trouvait derrière lui et lui massait doucement le dos et la nuque, tout en étalant du gel douche. Finch soupira de bien être et se chargea de lui rendre la pareille ensuite, moussant le torse de John. Avec un sourire narquois, il prit une bonne partie de la mousse et la déposa sur les cheveux de l'agent. Contemplant le résultat, il se mit à rire doucement. John ne se laissa pas faire, en prit un peu dans chaque mains et l'étala sur les joues de Finch, lui donnant l'impression d'une barbe blanche. Finch le regardait, passablement outré, ce qui fit éclater de rire John. Ils finirent par en sortir et se séchèrent mutuellement avant d'enfiler leurs pyjamas et d'aller s'allonger dans le grand lit. Finch se blottit contre John comme à son habitude et trouva le sommeil assez rapidement, apaisé par les caresses de John dans ses cheveux.
Le lendemain matin, ils furent réveillés par un son habituel. Reese poussa un soupir à fendre l'âme.
-Je vous croyais adepte d'action Mr Reese ? Le taquina Finch, à moitié réveillé.
-Seulement avec votre corps. Ricana Reese en prenant le téléphone et un petit calepin pour y noter les mots. Finch lui asséna une petite tape. John fit la moue mais inscrit les neufs mots de la machine. Harold repoussa la couette et se leva, se dirigeant vers la pièce d'eau afin de remettre de l'ordre dans ses cheveux et de se préparer pour la journée. Il descendit ensuite et commença les recherches, après avoir débarrassé la table et tout mit au lave vaisselle, attendant que John finisse et qu'ils puissent petit déjeuner ensemble. Il dénicha sans aucun souci l'identité du numéro et entama la chasse aux informations sur la personne. John descendit et commença à préparer le premier repas de la journée alors que Finch lui énonçait ce qu'il avait déjà :
-Antonio Fernandel, 58 ans, agent de conditionnement dans une société de produits frais située . Père de 3 enfants, respectivement âgés de dix, quinze et dix-huit ans. Marié depuis une trentaine d'année avec une Sara Chapman. Ils se sont connus sur les bancs de la faculté ou tous les deux ont mené des études en communication…
Reese touilla l'eau de la casserole où il venait de plonger un œuf, attentif.
-Sara a travaillé avec lui au début, chez Brick's. Mais suite à une histoire interne, apparemment avec l'ex patron, elle est partie ainsi que Antonio. Ils ont déménagé dans un autre quartier de New-York et depuis, elle n'a pas vraiment reprit.
-C'est-à-dire ?
-Elle travaille à domicile et ne sort plus beaucoup. Je vais creuser sur ce point. En ce qui concerne son mari, il n'y a aucune histoire. Antonio semble bien se tenir au travail et il a été désigné comme meilleur employé de l'année.
Reese coupa le feu et prépara l'assiette, n'oubliant pas la tranche de pain grillé qui attendait. La bouilloire siffla et il la retira pour le moment. Il déposa le couvert à côté de Finch, qui ne manqua pas de jeter un coup d'œil à cette appétissante assiette contenant son œuf poché, accompagné de cette tranche grillée et d'un fin filet d'huile. Son thé lui fut apporté quelques secondes après.
-Ils recherchent justement un assistant de conditionnement chez Barder And Co, là où travaille actuellement Mr Fernandel.
-Je vais m'y coller ? Gloussa Reese alors qu'il prenait place face à lui.
-Vous devinez bien.
Finch repoussa son ordinateur et mangea avant que cela ne refroidisse. Puis Reese récupéra le tout, nettoya à l'évier et alla se préparer pour la journée, adoptant une tenue plus convenable pour ce genre de poste. Finch eut un regard contrarié en le voyant avec un jean bleu foncé, un sweat léger noir, sa veste en cuir et ses chaussures mi montantes.
-N'oubliez pas, je reste le même peu importe ma tenue ! Se moqua John en lui volant un baiser. Vous m'envoyez l'adresse ?
-C'est déjà fait John. Soyez prudent.
-Comme toujours patron !
Reese quitta la maison, se dirigeant vers Barder And Co. Finch observa le canin, assit sur le seuil de la cuisine, les oreilles dressées.
-Prêt pour une nouvelle journée ?
En guise de réponse, Bear aboya doucement.
Quelques minutes plus tard, Finch se garait à proximité de la bibliothèque et descendait, suivit de Bear. Se retrouvant dans la petite ruelle, Bear se figea et se mit en position. Finch s'inquiéta de la réaction de son chien et préféra cesser tous mouvements. Bear se mit à gémir et tira sur la laisse. Finch, soupçonneux, décrocha la laisse et le laissa explorer. Bear se faufila et mit sa petite tête entre les deux bennes. Finch fronça les sourcils et s'avança, curieux. Bear sorti sa tête et désigna l'endroit avant de regarder de nouveau, gigotant comme s'il avait découvert quelque chose d'intéressant. Finch ordonna au malinois de se reculer et regarda à son tour, scannant l'étroit espace. Il entendit des petits cris étouffés et se baissa. Il remarqua un carton et tendit la main pour le tirer. Il écarquilla les yeux en sentant qu'il bougeait mais le tira vers lui. Bear s'assit et gémit en voyant le carton sous ses yeux. Harold ouvrit la boite.
-Oh.
Il découvrit trois petits chatons, debout sur leurs pattes arrières, un peu vacillant, miaulant en chœur. Finch eut le cœur serré et les trouva bien maigres à première vue. Bear reniflait les petits et gémissait, observant son maître avec des yeux doux. Finch retira son écharpe et la plaça dans le carton. Les trois petits matous se blottirent instantanément contre ce doux tissu. Finch se mordit la lèvre et se leva, prenant le carton avec lui, le laissant toutefois ouvert. Il retourna à sa voiture, Bear le suivant et déposa le carton sur le sol du siège passager. Bear monta et surveilla le carton sous ses yeux. Finch se mit derrière le volant et décida d'aller chez leur vétérinaire. Elle les reçu assez rapidement, en cette journée plutôt calme au sein de son cabinet.
Finch lui expliqua la situation et elle examina chacun des chats, les pesants, prenant leurs températures, vérifiant les dents, les pattes, les yeux et contrôlant leurs constantes.
-Ils sont en bonne santé, pèsent tous 1 kilo et quelques grammes. Selon mes estimations, ils ont environ deux mois. Et ils ne sont pas pucés, ni tatoués donc ils n'appartiennent à personne.
Un des petits s'échappa et Finch le rattrapa. Le matou le regarda et se mit à miauler faiblement. Puis il ronronna doucement, frottant sa petite tête contre la main de l'informaticien. Attendri, Finch le souleva et le garda contre lui, ne résistant pas aux yeux coquins du bébé. Celui-ci se blottit contre lui, ronronnant, les yeux fermés, pétrissant son bras en guise de contentement.
-Celui que vous tenez est un mâle. Lui aussi tandis que la dernière est une femelle.
-Sont-ils frères et sœurs ?
-Je n'ai aucun doute là dessus.
-Ils se ressemblent tous. Comment puis-je les différencier ?
-Il leur faut des colliers de différentes couleurs. Vous voulez les garder ?
-Je ne sais pas, mais je ne peux pas les laisser. Estima Finch.
-Vous voulez que je vous amène des colliers ? Nous en avons.
-Volontiers.
Elle alla chercher trois colliers et revint les placer sur les matous : un bleu, un vert et un rose.
-Vous voulez vous déclarer propriétaire tout de même ?
-C'est possible ?
-Mais bien sûr.
-Il faudrait leur donner des noms pour que je puisse leur faire un dossier médical pour chacun.
-Des noms ?
-Oui, comme votre chien, vous lui avez bien donné un nom ? Fit-elle, caressant le malinois entre les oreilles.
-C'est mon compagnon qui le lui a donné. Murmura Finch.
-C'est peut être l'occasion pour vous d'en choisir ? C'est l'année des prénoms en N pour les chats.
-Eh bien…
-Vous voulez que je vous aide ?
-Si vous avez des propositions…
Le matou calé dans ses bras, tendit les pattes et appuya sur le blouson de l'informaticien, s'étirant.
-Pour la petite demoiselle : Nana, Nala, Nina, Noula , Naya, Nartine…
-Nala. Choisit Finch.
-Je note ! Et pour les deux petits garçons : Noé, Noah, Nono, Ninou, Néo, Nounou, Nougat, Niki…
-Noah et Néo.
-Qui sera qui ? Demanda la vétérinaire.
Finch baissa le regard, admirant le petit être qui dormait dans ses bras.
-Noah. Et pour le deuxième petit sur la table, Néo.
La femme nota le tout et prépara les dossiers. Finch reposa délicatement le petit félin sur la couverture du carton et observa les trois petits êtres se blottir ensemble, comme une famille réunie. Bear avait posé ses pattes sur le bord de la table et faisait son curieux, la tête tournée en direction de cette petite troupe. La vétérinaire revint avec les trois petits carnets de santé remplis et trois seringues différentes. Finch l'interrogea du regard. Elle lui expliqua la procédure d'injection de la puce électronique, qui avait remplacé le tatouage depuis quelques années maintenant, car elle était plus fiable. Finch donna son accord et elle injecta une puce à chacun, soulevant des miaulements grognons et quelques petits cris. Il demanda ensuite comment s'en occuper et elle se chargea de lui donner toutes les informations nécessaires, ainsi que l'apport calorique que chacun devait avoir. Elle conseilla des croquettes adaptées à leur âge et à leur situation. Finch la remercia et la paya, laissant même un petit pourboire généreux, ce qui la ravit. Il retourna à la voiture avec le même carton et prit la direction de la bibliothèque. Une fois sur place, il réfléchit. Il posa le carton à terre, Bear veillant dessus et il prit plusieurs livres, se rappelant sa petite astuce avec Leila. Il reproduisit le cercle et y apposa une couverture chaude. Puis il plaça les matous dedans, qui découvrirent ce nouveau lieu, un peu apeurés mais ils s'adaptèrent vite et se roulèrent, jouant entre eux. Finch sourit et se mit devant ses moniteurs. A peine installé, John l'appela.
-Me voilà assistant Finch.
-Pas trop difficile Mr Reese ?
-Non, je vais me faire les bras. Plaisanta John.
-Comme si vous en aviez besoin. Rajouta Finch sur le même ton.
-Il faut que je m'entretienne si je veux continuer à vous porter Harold.
-Oh ! Mr Reese ! Qu'insinuez-vous ? S'offusqua-t-il.
-Rien du tout.
-Vous trouvez que j'ai pris un peu de poids ? Demanda Finch, un poil vexé.
-Non du tout ! J'aime bien vos poignées d'amour.
-John !
-Elles me font craquer.
-Mr Reese !
-Redevons sérieux. Gloussa John. Antonio est sympathique au premier abord. Mais il semble remonté. Avez-vous trouvé quelque chose ?
-A vrai dire non.
-Ah ?
-Je viens seulement d'arriver à la bibliothèque Mr Reese. Se justifia Finch.
-Vous avez eu un souci ? S'inquiéta aussitôt l'ex-agent.
-Tout va bien John. J'ai fais une découverte grâce à Bear. Il a sans doute sauvé trois personnes.
-Trois personnes ? Vous m'expliquez Finch ?
Harold lui expliqua et raconta son passage chez le vétérinaire.
-Brave Bear, il mérite une récompense.
-Vous n'avez pas tort.
-Vous avez bien fait de les garder. Murmura John, tout bas.
-Vous pensez ?
-Oui. Ils auraient été malheureux s'ils s'étaient retrouvés en refuge.
-Vous … appréciez les chats ? Demanda doucement Finch.
-Mais bien sûr Harold.
Finch devina le large sourire de son compagnon.
-Nous verrons ensemble ce que nous pourrons faire de ces chats. Rajouta John.
-Oui, je ne pense pas que nous pourrons les garder tous les trois, cela me semble compliqué.
-Nous aviserons Harold. En attendant, on s'en occupera. Bear doit être jaloux ? Taquina Reese.
-Du tout. Au contraire, il semble avoir… un instinct paternel. Avoua Finch alors qu'il voyait Bear rentrer dans le petit parc improvisé et s'installer, tout en prenant soin de ne pas écraser un des petits matous.
-Vraiment ? Demanda-t-il, déconcerté.
-Il faut le voir pour le croire.
-Je vous crois de toute façon Finch. Je vous ai toujours cru.
-Merci John. Je vais essayer de chercher la raison de ladite colère de Mr Fernandel.
- Tenez-moi au courant.
John raccrocha et retourna à son nouveau travail. Il guetta les gestes d'Antonio et se mit à la tâche, triant les divers articles frais, afin de les préparer à la mise en rayon. Lorsqu'on lui avait dit qu'il était prit pour le poste, on lui avait donné des vêtements de travail adaptés à cette atmosphère froide, puisqu'ils travaillaient dans un frigo assez frais. Revêtu d'un sweat, de gants, d'un petit bonnet et de chaussures de sécurité, John suivait le rythme. Il triait les différents produits, les plaçant dans les caisses adaptées avant qu'ils ne soient envoyés chez des clients et en magasins.
-Ca fait combien de temps que vous travaillez ici ? Demanda John, engageant la conversation.
Antonio, qui était face à lui, releva la tête un instant avant de retourner à sa tâche répétitive.
-Ca va faire trente cinq ans cette année. Et vous ? Que faisiez-vous avant ?
-Agent de sécurité.
- Ca n'a pas marché ?
-Si mais disons… qu'il n'y avait aucune action.
-Vous êtes du genre à bouger souvent ?
-Exactement. Sourit John. Vous êtes marié ?
-Et heureux depuis trente ans ! Attention John, ce sachet va dans l'autre caisse !
John corrigea son erreur et s'excusa.
-Et vous ? Vous avez quelqu'un ? Demanda Antonio.
-Oui, mon compagnon.
-Vraiment ? Demanda Antonio, perplexe.
-Depuis trois ans.
-C'est tout frais.
-On se connaissait déjà avant.
-Je vois. Rit Antonio. Vous vous êtes cherché avant de vous caser ensemble ?
-En quelque sorte.
Fernandel haussa un sourcil, interpellé.
-C'était mon patron.
-Ah ouais là c'est délicat. Se moqua Antonio. Tant qu'aujourd'hui vous ne regrettez pas.
-Encore en train de jacasser ici ! Gronda un homme qui entrait dans la salle. Bossez au lieu de parler !
Antonio soupira et se tut. John avisa l'homme qui le dévisageait.
-Qui êtes-vous ?
-John Randall. L'assistant de Mr Fernandel.
-Je vois. Sachez à l'avenir que parler en travaillant nous rend distrait, si un client vient me faire une réclamation c'est vous qui allez prendre. Menaça-t-il avant de partir.
John resta perplexe quelques secondes avant de questionner tout bas :
-Qui est-ce ?
-Ce grincheux ? C'est Romy Mc Alist. A la fois responsable des achats et comptable.
-Il est …
-Il est toujours comme ça oui. Rare sont les fois où il se comporte bien envers les autres employés.
-Ca ne doit pas être simple.
-Il est là depuis deux ans, mais à force, j'ai fini par m'y faire. S'agaça Antonio. Je dois garder mon boulot.
-Je vois .Emit Reese.
John continua à trier pendant une bonne heure puis s'éclipsa un instant, prétextant avoir besoin de se soulager. Antonio lui indiqua le chemin à suivre et il s'isola. Il vérifia qu'il n'y avait personne dans le petit espace et appela son compagnon.
-Finch, j'ai croisé quelqu'un qui n'est pas très aimable.
-Comment s'appelle-t-il ?
-Romy Mc Alist.
-Le responsable des achats ? Demanda Finch.
-Et comptable aussi.
-Ce n'est pas mentionné dans son contrat Mr Reese.
-Ah ? Peut être que c'est récent ?
-Sans doute, je vérifierai. En ce qui concerne Mr Fernandel, j'ai appris des choses sur lui et aussi sur sa femme.
-Je suis tout ouïe Finch.
-Mme Fernandel a quitté son ancien travail pour des raisons de santé. Auparavant elle manipulait des chariots élévateurs, comme son ancien patron, ce qui était courant. Mr Fernandel s'occupait de valider les bons de commande et indiquait où devait se retrouver les articles en attendant d'être livrés.
-Chacun son poste. Jugea Reese.
-Et selon ce que je découvre, aujourd'hui Sara Fernandel est infirme et se déplace la plupart du temps en fauteuil même si parfois elle utilise des béquilles, au vu de son dossier médical et de ses ordonnances.
-Que lui est-il arrivé ? Ne put s'empêcher de demander Reese.
-J'ai déniché un vieil article de journal qui parle d'une explosion au Brick's, juste avant la démission de Mr et Mme Fernandel. L'enquête menée à l'époque a fait état de trois décès et d'une blessée grave. Apparemment Sara et son ex-patron ont eu un désaccord et l'un d'entre eux a mal manipulé son chariot. Ces engins étaient équipés de batteries et celui de Sara s'est embouti dans une des structures. Elle a eu le temps de quitter son chariot, mais pas son ancien patron qui s'est retrouvé pris au piège.
-Et il est mort ?
-Oui, la structure a cédé et tout ce qui était entreposé dessus est tombé. Une des caisses a touché la batterie d'un des chariots, ce qui a provoqué l'explosion. Deux autres employés sont décédés sous les cartons seule Mme Fernandel a eu un peu plus de chance malgré qu'elle se soit retrouvée ensevelie aussi. Elle est la seule à ne pas avoir subit le syndrome d'écrasement.
Un miaulement hystérique parvint aux oreilles de l'agent.
-Cet accident fait qu'aujourd'hui elle a perdu une partie de sa mobilité ?
-C'est cela Mr Reese.
Nouvelle protestation.
-Finch ? Pourquoi j'entends un des chats ?
-Bear est trop protecteur. Il leur fait leur toilette.
Reese écarquilla les yeux.
-Finch, sommes-nous sûrs que vous avons bien un chien ?
-J'en suis persuadé John.
-Je crois que Bear a encore des talents à nous montrer. Marmonna John.
-Ce chien est plein de surprises. Approuva Finch, qui surveillait d'un œil Bear qui léchait la petite Nala. Sara travaille à domicile depuis son accident. Elle a combiné son travail et ses enfants, ce qui est plutôt un avantage.
-Elle gagne bien ?
-Si je prends le salaire de Mr Fernandel, c'est suffisant pour vivre, ils peuvent également se permettre quelques sorties ou des voyages mais ils préfèrent économiser pour leurs enfants.
-Pour leurs études ?
-Pas seulement. Pour leurs permis, les déplacements en bus et en métro aussi. Ils ont également ouvert un compte en prévision des loyers qu'ils auront à payer lorsque leur aîné ira à la faculté.
-Ils sont prudents. Mais ça ne nous donne aucune piste.
-Pas pour le moment Mr Reese, mais cela viendra.
-Je vais continuer à explorer de mon côté.
- Tenez-moi au courant si vous trouvez quelque chose.
-Vous aussi Harold.
Finch raccrocha et continua à mener ses longues recherches. Il retrouva l'historique des comptes bancaires de chaque membre de la famille. N'y trouvant aucune trace de mouvements suspects, il creusa du côté des enfants. Il ne découvrit aucun casier judicaire et consulta leurs bulletins et appréciations. Le dernier , brillant, avait sauté une classe, avec des résultats plus qu'excellent. La deuxième, la seule fille, d'une quinzaine d'année s'en sortait comme elle le pouvait en seconde, peinant dans certaines matières mais réussissant haut la main en sport. L'aîné suivait un cursus littéraire et avait déjà fait ses vœux de poursuites d'études, postulant dans de nombreuses universités dont celle de Columbia. Il soupira et se passa une main lasse sur le front. A midi, il fit une pause, son estomac grondant et il décida de se faire un rapide petit plat au micro ondes. Il chercha deux petits bols, en remplit un d'eau et l'autre de croquettes. Il n'oublia pas de remplir la gamelle de Bear, qui se leva aussitôt au son familier. Attendant que le plat chauffe, il apporta les deux bols et les plaça dans le petit parc. Néo se leva et renifla la gamelle d'eau avant de laper doucement. Noah quant à lui, se dirigea vers ses petites croquettes et goûta. Nala resta en retrait, peureuse. Finch se mit à genoux et tenta de l'attirer vers lui. Mais elle poussa un petit miaulement craintif. Surprit, Finch réfléchit et s'assit finalement à même le sol.
-N'aies pas peur. Murmura Finch.
Nala lui lança un petit regard apeuré. Hésitant, Finch glissa doucement ses mains vers elle et la prit. Il posa le petit matou sur ses jambes et la caressa doucement. Finch se tendit en sentant les griffes de la petite traverser le fin tissu de son pantalon. Il joua doucement avec elle, sous les yeux d'un Bear curieux. Mais le téléphone sonna, effrayant le petit félin. Finch attrapa rapidement son portable dans sa poche et décrocha.
-Oui ?
-Je surveille que vous mangez. Ricana John.
-Pas encore, ça chauffe. Répondit Finch. Qu'allez-vous manger ?
-Un sandwich fera l'affaire.
-Vous devriez prendre un vrai repas John ! Le froid brûle plus rapidement les calories.
-Ah mais je n'en manque pas vous savez !
-John, vous… oh !
Finch sursauta en sentant son pantalon devenir humide au niveau de la cuisse et souleva la féline, lâchant son téléphone par mégarde pour la remettre dans le parc avec ses deux frères.
-Finch ?
Harold observa la tâche sombre avec une moue dégoûtée et reprit l'appel.
-Oui ?
-Un souci ?
-Juste un … accident de parcours. Je vais devoir me changer. Pesta Finch.
-Pourquoi ?
-Parce que … je crains d'avoir effrayé Nala alors que je l'avais posé sur mes jambes.
Un silence se fit, suivit d'un éclat de rire.
-Moquez vous Mr Reese ! Grogna Finch.
-Désolé Finch, c'était plus fort que moi.
-Vraiment ? Fit-il, un poil vexé.
-Ce n'est pas si grave, ça arrive ! Tempéra John.
Finch marmonna des mots inintelligibles tout en se relevant, étouffant un léger gémissement, ce qui inquiéta aussitôt son compagnon.
-Harold ? Vous avez mal ?
-Comme tous les jours. Rétorqua Finch, blessé de sa remarque. En trois ans, John avait pourtant fait des efforts considérables pour ne pas brusquer son compagnon quand il s'agissait de ses douleurs quotidiennes. Mais parfois, quand Finch trouvait qu'il en faisait de trop, sa mauvaise humeur reprenait le dessus. Il détestait devoir répondre à cette question.
-Harold…
-Arrêtez John. Supplia Finch.
S'il avait mal, c'était bien parce qu'il avait beaucoup sollicité son dos ce matin et cela ne l'étonnait pas. Mais l'insistance de John l'agaçait un peu. John sentit qu'il avait été un peu trop loin.
-Désolé Harold, c'est plus fort que moi… Murmura John. Vous savez que je n'aime pas vous savoir…
-Je le sais John, mais vous savez aussi que je ne n'y peux rien non plus.
-Harold…
-Ce n'est rien John, ça passera.
John préféra ne pas en rajouter. Finch alla dans la petite chambre pour y prendre un pantalon propre.
-Vous avez trouvé quelque chose ? Demanda finalement Finch en se dirigeant dans la salle d'eau aménagée.
-Peut être. Enfin c'est une théorie.
-Je vous écoute. Finch prit soin d'enclencher le haut parleur et de poser l'appareil sur le marbre du lavabo.
-Avant Romy Mc Alist, il y avait un autre employé. Mais il est décédé dans un accident de voiture, une sortie de route d'après ce que m'a dit Antonio. Je n'ai pas le nom de cette personne. Mais Antonio est persuadé que ce n'était pas accidentel.
-Pour quelle raison ?
Finch retira son pantalon souillé et le jeta dans la panière. Reese capta le froissement du tissu.
-Hum.
-John ?
-Parce qu'il dit que son collègue était très responsable et ne buvait jamais une seule goutte d'alcool, ne consommait aucune drogue ou toute autre substance illicite. Il était considéré comme un excellent conducteur auprès de ses collègues. Antonio pense que cet accident a été provoqué.
-Vous voulez parler d'un meurtre ? Jugea Finch, suivant les pensées de son partenaire. Il fit couler de l'eau sur un gant de toilette et y mit du produit. Puis savonna sa jambe afin d'enlever toute odeur.
-Oui. Répondit Reese, d'une voix rauque.
Ce ton n'échappa pas à l'informaticien.
-Un souci Mr Reese ?
-Non.
-Hum ?
-Je me dis que je devais être avec vous ?
Comprenant l'allusion, il rougit violemment.
-John ! Quand cesserez-vous de me taquiner !?
- Jamais, je ne m'en lasse pas.
-Un jour, cela pourrait se retourner contre vous ! Martela Finch.
-Oh mais je n'attends que ça.
-Gamin. Dans ce cas, si c'est un meurtre, pour quelle raison serait ce?
-Je l'ignore Finch.
Harold soupira et enfila son nouveau bas, coinçant sa chemise dedans et le bouclant.
-Vous attendez que je fasse un tour de magie ?
-Tout à fait. Plaisanta Reese. Vous êtes plus doué que moi de toute façon.
-Chacun son domaine John. Et il quitta la pièce pour retourner dans la cuisine, récupérer le plat chaud.
-Qu'est ce que vous mangez ?
-Un plat tout fait.
-De l'industriel Finch ! S'offusqua John.
-Je n'ai pas mon chef personnel. Nargua Harold.
-Je retiens ! La prochaine fois je … Oh je vous rappelle Harold.
John coupa rapidement la communication, laissant l'informaticien perplexe. Pas dupe, il contourna son bureau et tapa rapidement une ligne de code connue de lui et accéda à la position de son agent. Fort de cette connaissance, il activa une caméra à proximité et suivit l'échange. John se défendait face à Romy, alors qu'Antonio s'était dissimulé derrière un carton. Finch remarqua rapidement l'arme de Romy, enfoncée dans son pantalon, derrière. John se précipita sur lui mais Romy l'esquiva rapidement, habile. Reese se retourna et évita de justesse une droite. Il tenta de coincer le bras de Romy mais celui-ci anticipa en lui donnant un coup à l'arrière d'un des genoux. Déstabilisé, John s'écroula dans une grimace. Romy ne s'arrêta pas là et donna un coup de pied aux côtés de l'agent. John para le coup en plaçant ses bras pour se protéger et se roula rapidement en arrière, se redressant plus vite que son ombre. Lorsqu'il fut sur ses jambes, Romy venait de dégainer son arme et le visait. Lisant la détermination dans les yeux de son ennemi, il parvint à éviter le premier coup. Il se jeta sur lui et ils s'écroulèrent au sol. Par mégarde, Romy appuya sur la gâchette et la balle de plomb alla se loger dans un carton, le trouant. Quelques billes vertes de petits pois roulèrent sur le sol. John donna une claque à Romy mais l'autre ne semblait pas vouloir se laisser faire et fit basculer l'agent en arrière, tel une prise de judo. John atterrit lourdement sur le dos et grogna. Voyant Romy se relever, Reese, resté au sol, pivota et lui fit un croche pied. L'homme tomba à terre et John en profita pour saisir le revolver et pour loger une balle dans l'épaule de Romy. Un cri de douleur se fit entendre.
John attrapa une ficelle non loin et ligota Romy, qui se débattait furieusement. Agacé, John lui donna un coup, le réduisant au silence. Essoufflé, John se laissa retomber sur son postérieur, massant sa main. Antonio se décida à se montrer et avança tout timidement. Le raffut avait malheureusement attiré les autres employés et le patron apparu.
-Qu'est ce qui se passe ici ?!
-Romy a voulu s'en prendre à moi. Blêmit Antonio, sous le choc.
-Et vous Mr Randall ?
-Je l'en ai empêché. Se justifia-t-il.
Des sirènes de police se firent entendre et une petite troupe fit son entrée, avec en tête, l'inspecteur Fusco.
-Je vois que la situation est maîtrisée. On s'en occupe !
Deux agents ramassèrent Romy. Un d'entre eux se dirigea vers Antonio, lui demandant de les suivre au poste de police pour une déposition. Lionel tendit une main à John pour l'aider à se lever.
-Eh ben, encore un qui va finir derrière les barreaux. Jugea l'inspecteur.
-Je n'ai pas le mobile Lionel.
-Je sais, mais je pense que Finch va me l'envoyer.
-C'est lui qui t'a prévenu ?
-Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Dieu ?
-Ca veut dire que … John rappela son compagnon. Il décrocha presqu'aussitôt. Finch, je vous ai dit quoi ?
-Que je ne devais pas faire ça. Mais c'est plus fort que moi John ! Protesta Harold, dont le cœur battait encore la chamade.
-C'est mauvais pour votre stress.
-Nous en avons autant chacun ! Se justifia Harold.
John leva la tête et trouva la caméra assez rapidement. Lionel secoua la tête.
-Tu ne pourras pas l'empêcher de te mater !
-Lionel ! Gronda John. Il capta un son étouffé. Tu vois, même Harold s'étrangle avec tes bêtises !
-Oh ça va hein ! Il a le droit !
-Qu'insinues tu ? Demanda Reese.
-Rien du tout. Fit l'inspecteur.
-Tu as des vues sur moi ? Taquina John.
-Ohohoh ! On se calme ! Je préfère les femmes et il vaut mieux sinon Finch pourrait me trucider ! S'offusqua Lionel.
« Quand même pas » Pu capter John.
-Bon je m'occupe de cet ingrat. Changea Lionel. Tu devrais te soigner, ta main en a prit un coup.
-Ca va aller Lionel.
-Parce que tu as ton infirmier personnel ?
En guise de réponse, John lui offrit un large sourire.
-John ?
-Oui Finch, je suis toujours là.
-Vous êtes blessé ?
-C'est trois fois rien.
-John !
-Mr Randall. Intervient le patron, qui l'avait embauché le matin même. Je dois vous remercier pour votre intervention.
-Ce n'est pas si grave Mr Herrick.
-Prenez votre journée. Vous en aurez besoin. Je vais renvoyer tout le monde pour aujourd'hui, je pense que nous avons tous besoin de nous en remettre.
-C'est plutôt une bonne idée. Estima Reese, lisant la peur sur les visages des autres employés dans la salle.
Herrick le remercia et il put quitter l'entrepôt, ayant reprit les vêtements qu'il portait quelques heures plus tôt. Il indiqua à son compagnon qu'il retournait à la bibliothèque. Lorsqu'il arriva, il fut accueilli par un petit concert de miaulements et avança, perplexe. Finch, l'entendant arriver, apparu et se précipita sur lui.
-John.
-Ca va Harold.
-Faites voir. Murmura Finch, en lui prenant doucement la main. Il capta le raidissement de John et étouffa un son de surprise en voyant qu'un bleu s'était formé sur le dos de la main de l'agent.
-Comment vous êtes-vous fait cela ?
-Quand il a tenté de s'en prendre à mes côtes.
-Je vois. Venez.
Reese suivit son compagnon, jetant un œil intrigué vers le petit parc où les trois petits chats jouaient avec Bear, qui visiblement se laissait faire.
-Bear semble s'être fait des copains.
-Je crois bien Mr Reese.
John s'assit sur la chaise dans la salle d'eau et laissa Finch lui étaler de la crème.
-Arrivez-vous à bouger vos doigts ? Demanda Finch, un peu inquiet.
John les bougea.
-Bon, ce n'est pas cassé, c'est déjà ça.
Finch sortit un bandage de la petite mallette et entoura la main blessée de l'agent, tout en restant délicat. John prit le scotch et en découpa des morceaux d'une main. Finch les prit et les apposa sur la bande.
-Voilà.
-Merci Harold. L'homme en costume se leva et lui offrit un baiser langoureux. Finch, pas dupe de sa manœuvre, lui répondit avec plaisir, se détendant. Hum… ces chats veulent faire une chorale ?
-Non, c'est leur façon de s'exprimer, ils sont encore jeunes. Expliqua Finch.
John retourna dans la salle et plia ses genoux, observant les trois félins qui taquinaient Bear. Le malinois tendit la tête vers John pour quémander une caresse, qu'il reçu.
-Tu me les présentes ? Demanda John.
Bear lui lança un regard perplexe et lécha sa main. Finch revint à cet instant et se mit à côté de son compagnon, une main sur son épaule.
-Alors, qui est qui ?
-Il faut se fier aux colliers. En bleu c'est Noah, en vert c'est Néo et le rose c'est Nala.
Noah, qui semblait avoir reconnu son prénom, se faufila vers l'origine de la voix et leva ses petits yeux. John eut un sourire amusé.
-Il y en un qui vous apprécie déjà. Ce n'est pas lui qui a …
-Non. C'était Nala.
Noah protesta, mécontent face à cette montagne de livres. Finch se pencha et prit le félin entre ses mains. Aussitôt un doux ronronnement se fit. Attendri par cette marque d'affection, Finch le cala contre lui, sur un bras, veillant toutefois à le maintenir. John était surprit mais ne dit rien. Son attention fut captée par de petites griffes qui venaient de se planter sur sa main valide, qu'il avait posée sur la couverture. Il remarqua que ce n'était autre que Nala, qui se demandait ce que c'était. John bougea les doigts de la main, faisant réagir le petit animal qui remua la queue et suivit des yeux les mouvements, en position de guetteur. Elle l'attaqua gentiment et joua avec les doigts, installée sur le dos, les pattes en l'air, essayant de l'attraper.
-Elle semble vous apprécier. Jugea Finch.
-On dirait bien. Néo s'est montré un peu ?
-Pas vraiment, mais il ne semble pas effrayé par notre présence.
Bear donna un grand coup de langue à Néo, ce qui l'amusa fortement. Le téléphone sonna et Finch voulu reposer le matou mais il protesta et s'accrocha à sa veste. N'ayant pas d'autre choix, il le garda avec lui et s'assit, décrochant.
-Finch ?
-Inspecteur Fusco, que puis-je faire pour vous ?
-Vous avez les images de la bagarre ? Ca me permettrait de faire mariner Mc Alist.
-Je vous prépare cela. Ce sera prêt dans deux minutes.
Finch effectua ses manipulations avec une seule main et l'envoya.
-Je devrais poursuivre mes investigations concernant Mc Alist.
-Vous avez trouvé une piste ? Questionna John, qui n'avait pas bougé de place.
-Peut être.
Finch vérifia et au bout de vingt minutes, il avait reconstitué le mobile.
-Je sais pourquoi il a souhaité s'en prendre à Mr Fernandel.
-Je vous écoute Finch.
Harold leva la tête pour voir que Nala s'était blottie contre John et dormait paisiblement. Il sourit et constata qu'il en était de même pour Néo, couché contre Bear et également Noah, calé sur son bras.
-Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit à propos de Mme Fernandel et son ancien patron ?
-Oui.
-Mc Alist a un lien de parenté, éloigné, mais il connaissait l'ex-patron. Il a formé appel pour l'enquête, estimant que Mme Fernandel était en faute sur l'accident. Mais la justice a refusé d'aller plus loin.
-Il a voulu se venger ?
-Il se trouve que oui. Si j'en juge les images de Romy Mc Alist et l'ancien patron, ils étaient très proches. Ils se considéraient comme des frères alors qu'ils ne sont que des cousins éloignés. Mc Alist n'a pas supporté son décès et depuis il a mené des recherches, assez laborieuses pour se rapprocher des Fernandel.
-Et l'explication ? Pourquoi s'en prendre au mari et non à la femme ?
-Parce que Mc Alist possédait un diplôme qui lui permettait d'exercer auprès de Mr Fernandel.
-Pourquoi prendre son temps ? Demanda Reese, perplexe.
-Peut être que Romy n'était pas prêt de s'en prendre à Mr Fernandel quand il a été embauché ? Ou alors, il voulait s'assurer que c'était bien lui ? Mais dans tous les cas, il en a profité pour accéder aux dossiers de Barder And Co et donc il a eu les éléments qui lui manquait : l'adresse, la date de naissance, le passé de Mr Fernandel. Avec tous ces éléments, il a eu sa confirmation.
-Et en ce qui concerne l'ancien responsable des achats ? Remarqua Reese.
-C'est là que tout devient plus clair Mr Reese. Mc Alist a un casier judicaire qui fait état de plusieurs choses : un vol à l'étalage lorsqu'il n'était que gamin, suspecté d'avoir participé à des affaires criminelles mais sans aucune preuve. Il s'est fait arrêter lors d'un contrôle de police il y a deux ans, pour conduite en état d'ébriété.
Reese fronça les sourcils, attendant la suite.
-La date de son arrestation correspond à la date de l'accident mortel de l'ancien responsable des achats. Les policiers ont remarqué ce jour-là qu'un de ses phares avant était cassé et défaillant.
-Il est foutu. Conclu l'ex-agent.
-Je vais compiler tout ça et l'envoyer à l'inspecteur Fusco.
-Affaire réglée en une journée. Souffla Reese.
Finch esquissa un sourire. Il prépara le dossier et l'envoya sous une petite heure, n'oubliant aucun élément afin que Fusco mette Mc Alist sous les verrous assez rapidement. John reposa Nala dans le petit parc, sans la réveiller et se leva.
-Vous n'avez pas mal au bras de le tenir ?
-Un peu. Avoua Finch. John se rapprocha et avec des gestes prudents, il retira le félin et le mit avec son frère et sa sœur. Finch frotta sa veste pour retirer les poils blancs.
-Finch, si nous les ramenons à la maison, il leur faudra quelques petites choses.
-Vous n'avez pas tort. Fit Harold. Je devrais y aller.
-Je pourrais le faire Harold.
-Vous arriverez à savoir ce qu'il faut prendre ?
-Je pense, au pire je demanderai à un vendeur !
-Si vous voulez, je vous fais confiance. Accepta Finch. Inutile de reprendre des croquettes, notre vétérinaire m'en a donné et c'est suffisant pour deux semaines si nous faisons attention au dosage.
-D'accord. Vous pensez que je trouverai tout ce qu'il faut dans la boutique de Bear ?
-Il me semble qu'ils font aussi de l'équipement pour les chats. Finch tapa le nom de l'enseigne et accéda aux caméras. Oui, je peux confirmer.
-Tiens Finch, vous pourriez me guider à distance ? Plaisanta John. Finch sourit.
-En effet je pourrais.
-Comme ça, vous pourrez me surveiller.
-Je n'ai pas besoin de le faire. Admit Harold.
Touché, John l'embrassa doucement puis se rendit dans la boutique avec son véhicule, au cas où… Il resta un moment dans le rayon, pensif face aux nombreux articles. Son téléphone sonna et il enclencha son oreillette.
-Vous semblez dubitatif Mr Reese.
-Disons qu'il y a … trop de choix. Et différentes tailles.
-Commencez par prendre la base. Conseilla Finch.
-C'est-à-dire ?
-La litière John.
-Ah oui.
John regarda les différentes tailles et en prit une qui lui sembla convenable. Puis il observa les différents sachets de litière, lisant les différents critères. Satisfait et aidé par Finch, qui ne faisait que rapporter les conseils donnés par la médecin des animaux, il plaça le sachet dans le bac et chercha d'autres articles. Il prit quelques jouets : des petites souris, des balles. Il prit aussi un circuit en S et des friandises. Il posa le tout dans un panier en plastique, soufflant.
-Qu'est ce qui nous manque encore ?
-Peut être des couvertures ou je ne sais quoi pour qu'ils dorment ? Glissa Harold.
-Ils sont trois, qu'est ce que je fais ?
-Un seul coussin suffira pour les trois s'il est suffisamment grand, doux et chaud. Comme ils sont frères et sœur, ils sont très liés pour le moment.
-Bien bien alors…
Reese toucha chaque coussin, cherchant celui qui lui semblait bien doux et tenant au chaud. Il en trouva un, qui faisait exactement la même taille qu'un lit pour Bear.
-Hum, ce n'est pas un peu grand Finch ?
-Ce n'est pas grave John, le tout est qu'ils aient de la place.
-D'accord. Bon je pense que je n'oublie rien ?
-Si.
-La cage de transport. Fit John, les voyant. Une seule suffira je pense ?
-Pour le moment oui.
John en prit une et elle lui sembla suffisamment solide et facilement manipulable.
-Je pense que nous avons tout. Se manifesta Finch.
-Vous pensez ?
-S'il nous manque quelque chose, nous pourrons toujours y retourner.
-C'est vrai.
John transporta le tout tant bien que mal jusqu'à la caisse et paya. Par chance, un des employés proposa de l'aider. John accepta et ils mirent tout dans le véhicule. Reese glissa un petit billet au jeune homme avant de se remettre derrière le volant et de retourner à la bibliothèque. Le reste de l'après midi se déroula dans le calme. Finch codait un programme pour perfectionner ses recherches tandis que John faisait semblant de lire un livre, cette fois-ci, assit à même le sol, tous près des matous. Reese avait retiré une partie de la structure pour permettre aux petits explorateurs d'aller se promener. Il veillait avec l'aide de Bear mais aucun d'entre eux ne voulu sortir de leur cocon sécurisant. Le début de la soirée se montra et ils décidèrent qu'il était temps de quitter les lieux. Reese se chargea de mettre les trois petits félins dans la caisse et la porta, sous l'escorte de Bear. Finch éteignit son système et enfila son manteau avant de quitter les lieux.
Ils arrivèrent chez eux au bout de quelques minutes.
- Où pourrions-nous les mettre ? Questionna Finch.
Bear se manifesta et toucha la caisse avec son museau, gémissant. John comprit son message.
-Je crois que Bear veut garder un œil sur eux.
-Vraiment ?
Le malinois lécha la main de l'informaticien.
-Eh bien. Je suppose que Bear veut les surveiller et dormir avec eux ?
-On dirait.
John libéra les trois matous et ils se mirent à explorer ce nouveau lieu. Finch garda un œil sur eux le temps que John aille récupérer les autres affaires dans la voiture. Finch se chargea de préparer la litière et prépara des bols d'eau et de nourriture un peu plus loin. John monta le coussin à l'étage et le plaça à côté de celui de Bear dans leur chambre. Puis il retourna dans la cuisine et s'attela à la préparation du dîner. Finch s'était installé à la table, lisant le courrier qu'il avait ramassé.
-Oh ! Bondit John.
Il baissa les yeux et aperçu Néo qui s'accrochait à son pantalon.
-Qu'est ce que tu veux Néo ? Tu veux manger ?
Un miaou lui parvint et il sourit. Repoussant la poêle afin d'éviter toute surchauffe, il prit le petit et le plaça devant la gamelle contenant ses croquettes. Il se mit aussitôt à manger, ravi. John reprit sa cuisson, serein. Il avertit son compagnon que c'était presque prêt et Finch prépara les couverts. John le servit puis ils mangèrent tranquillement, ne manquant toutefois pas de se taquiner. Fatigué, Finch bailla.
-Il est temps d'aller se reposer. Chuchota John, qui mettait les couverts au lave vaisselle.
Finch se leva et voulut se diriger vers l'escalier. Il sursauta quand un miaulement se fit entendre.
-Oh je les avais oubliés. Marmonna Finch, perturbé.
Noah s'accrocha à lui. Soupirant, Finch se baissa difficilement et le prit. Le ronronnement du petit félin l'apaisa et il le caressa doucement. John n'avait rien manqué et se rapprocha de lui.
-Allez-vous coucher Harold. Fit John, glissant sa main vers sa nuque pour le détendre. Prenez-le, je vais monter le reste de la famille.
-Humhum.
Finch monta les marches et John le suivit avec les deux autres chats, calés sur ses bras et un Bear tout heureux. John installa les chats, ainsi que Noah. Bear se coucha sur le panier à côté. Finch s'était éclipsé dans la salle d'eau pour se changer. John le rejoignit et lui boutonna sa chemise de nuit, déposant des baisers tout chauds sur son cou. Harold alla s'allonger et Reese en fit de même quelques secondes après. Finch retira ses lunettes et se blottit contre lui, soupirant. Ils s'endormirent aussitôt, étroitement enlacés.
A suivre...
