Me revoilà donc, avec une histoire qui avait été mise de côté pour finir « Les Quatre ». Je l'ai reprise, réécrite, et comme une récréation, elle me change les idées quand je cale sur ce que j'écris par ailleurs. Je vous promets qu'elle sera moins longue que ce que j'écris d'habitude.

Sur ce, bonne lecture !

PS : c'est bien sûr du swalice.

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Chapitre 1 : l'appel de l'aventure

Encore une journée où il n'allait rien se passer, pensa Alice Avril en sortant du commissariat de Lille, désœuvrée. Et cet hiver interminable qui n'en finissait pas… Elle soupira. Les gens devaient pourtant être déprimés et la déprime menait aux pires extrémités, non ? avait-elle demandé à Tricard. C'était connu, mathématique même, alors pourquoi n'y avait-il pas plus de crimes ? Le divisionnaire avait ri et lui avait répondu qu'avec un enquêteur hors pair comme Laurence, la criminalité avait sérieusement baissé dans la région...

La journaliste rejoignait la Lambretta lorsqu'elle le vit arriver avec sa haute silhouette qu'il était impossible de ne pas remarquer, même au milieu d'une foule. Laurence l'aperçut et un sourire narquois s'afficha immédiatement sur son visage alors qu'il s'approchait d'elle, toujours aussi sûr de lui et arrogant.

« Alors, Avril, on est encore venue fouiner ? »

Il n'y avait jamais de bonjour entre eux, mais toujours de la provocation et du défi.

« Ouais, il ne se passe pas grand-chose en ce moment. Vous n'auriez pas un petit meurtre en réserve par hasard ? »

« Je pourrais vous trucider et vous faire disparaître. Ensuite, je me vois bien enquêter sur moi-même. Qui, du flic ou de l'assassin, l'emporterait à votre avis ? »

Elle simula un frisson et fit une grimace explicite.

« Le pire, Laurence, c'est que je vous en crois tout à fait capable. »

De bonne humeur pour une fois, le policier se mit à rire. A moitié vexée, elle passa devant lui en haussant les épaules et mit son casque.

« Avril ?... »

« Quoi ? » Demanda-t-elle en se retournant.

« Qu'est-ce que vous faites ce soir ? »

Prise au dépourvu, elle répondit la première chose qui lui passait par la tête :

« Du tricot… ou du water-polo, j'hésite… »

Comme il ne bronchait pas et continuait à la dévisager comme s'il n'avait rien entendu, elle se radoucit :

« Enfin, c'est quoi cette question ? »

« Je me sens d'humeur magnanime… Je voudrais vous inviter à une soirée. »

Elle fronça les sourcils et le dévisagea en cherchant à lire son expression.

« Je sais pas pourquoi, mais je sens une embrouille… »

« J'ai besoin d'une escort-girl. »

« Une quoi ? »

« Une escort-girl est une compagne d'un soir qui accompagne les messieurs lors d'une sortie. Elle leur tient compagnie et fait la conversation, en tout bien, tout honneur... Cependant, le cas échéant, elle peut être amenée à proposer ses charmes, moyennant un bonus… Comme je ne peux pas demander à Marlène ce genre de services… »

Avril ouvrit des yeux ronds, soufflée qu'il ait eu l'audace de lui faire une pareille proposition… Mais pour qui la prenait-il ?!

« Mais, à moi, si… Au revoir, Laurence ! »

« Avril !... Il s'agit d'une mission sous couverture, au cœur de l'action et du danger… »

La jeune femme s'arrêta net et se retourna lentement. C'était comme s'il savait exactement sur quel bouton appuyer pour la retenir et éveiller son intérêt.

« … J'ai besoin d'une fille avec de la gouaille, du caractère et qui vient du milieu populaire. Je me fais passer pour un truand et vous êtes ma maîtresse… Vous sentez que c'est dans vos cordes ou la simple idée que je puisse coucher avec vous, vous est totalement insupportable ? »

Laurence eut encore ce sourire narquois qui tapait sur les nerfs d'Alice. Elle fit un pas en avant et le regarda droit dans les yeux en le mettant au défi de croire qu'elle n'en était pas capable. Il la dévisagea avec insolence de toute sa hauteur et hocha la tête.

« Il faudra jouer le jeu à fond. Cela implique de se regarder d'une certaine façon… »

Laurence joignit le geste à la parole et son expression se modifia légèrement en s'adoucissant. Immédiatement, elle eut l'impression de se noyer dans son regard noisette comme si elle était au centre du monde. C'était assez déroutant comme sensation. Peu habituée à se sentir l'objet d'autant d'attention de la part d'un homme, surtout quand ce dernier s'appelait Laurence, Alice sentit une boule se former dans sa gorge.

« … De se tenir proche l'un de l'autre… »

Il n'hésita pas à envahir son espace personnel en faisant un pas en avant. La fragrance si délicate de son eau de toilette masculine caressa l'odorat d'Alice et elle se mit à déglutir en sentant son cœur battre involontairement plus fort.

« … De se toucher… »

Sa voix se fit velours et baissa d'un ton en devenant plus intime. Laurence leva la main et lui caressa lentement la joue, apparemment fasciné par la douceur de la peau d'Alice sous ses doigts...

« … et, éventuellement, de s'embrasser… » Murmura-t-il finalement, en portant un regard intéressé sur ses lèvres.

Il commença à se pencher vers elle… Il allait…

« Ça va, j'ai compris ! » S'écria-t-elle, en rompant brutalement le charme.

Alice fit un pas en arrière et le dévisagea, troublée malgré tout. Dans son esprit, il y avait comme un grand blanc, comme si elle avait été sous l'emprise d'un enchantement. Son premier réflexe fut de regretter d'avoir reculé, immédiatement suivi par une révolte contre l'idée qu'elle aurait aimé que Laurence l'embrasse, juste pour voir comment c'était… comme ça, par pure curiosité, hein, rien de plus !

« J'ai fait un peu de théâtre, j'vous rappelle ! » Ajouta-t-elle crânement pour masquer son émoi.

« Et on sait avec quel résultat probant ! Un talent si vite retombé dans l'oubli, hou... »

Avec un sourire moqueur, le policier reprit son attitude arrogante et mit les mains dans ses poches, pendant qu'Alice le dévisageait en voulant clairement lui arracher la langue.

« N'empêche, vous avez besoin de moi… »

« Ça se peut… » Reprit-il. « … Mais si ça ne vous intéresse pas, je n'insiste pas. »

Il s'apprêta à tourner les talons.

« Juste pour un soir ? » Demanda-t-elle promptement.

« Juste pour un soir. »

Avril hocha la tête, donnant son consentement. Laurence reprit son expression indifférente coutumière et consulta sa montre, à nouveau impatient.

« Je vous attends chez moi à vingt heures, Avril. Ne soyez pas en retard. »

Il se détourna et monta souplement l'escalier en la laissant planter là. C'est à cet instant qu'elle se rendit compte qu'elle venait certainement de mettre le doigt dans un drôle de guêpier…

A suivre…

J'espère que vous avez aimé cette entrée en matière. Comme d'habitude, vos commentaires sont les bienvenus. C'est ici que ça se passe !