Auteur : TheSpazzBot sur archive of our own, tumblr disponible sur le profile.

Traduction assurée par le trio : BrokenTimeSpace, Riz-Mayonnaise, Naminette, profiles disponibles dans mes favories.

Couples :LevixEren

Disclaimers : Cette fanfiction ne nous rapportera rien, juste la joie de partager et le plaisir du travail bien fait.

Note : Projet à trois donc qualité supérieure assurée, mais avec un peu de gore léger par contre, enjoy on attend vos réactions !

What's Eating You?

Chapitre 1 :

Cela fait sept jours. Une semaine entière s'est écoulée depuis que ce bâtard a arraché un gros bout de mon avant-bras. Je ne sais plus trop quoi penser ; cela ne prends jamais si longtemps pour se transformer. Ce merdier a fait rage suffisamment longtemps pour que je me rende compte des effets d'une morsure. Alors pourquoi je ne suis pas mort, ou plus exactement, mort-vivant ?

J'ai passé ces sept derniers jours planqué dans une cabane en bois, peu solide. J'ai encore du mal à croire que j'ai réussi à la trouvé. Il y a même un lit de camp. Un lit de camp. Je n'arrive même pas à me rappeler de la dernière fois où j'ai dormi sur quelque chose qui ne faisait pas regretter à mon dos, le moindre de mes mouvements le lendemain matin. Je n'ai jamais eu de bol, d'aussi loin que je me souvienne. Je n'ai jamais gagné de concours-radio, pas une seule fois je n'ai échappé à une amende pour excès de vitesse et je n'ai, pour sûr, jamais retrouvé ce billet de vingt disparu dans la poche de mon pantalon. Alors pourquoi M. Puissance Supérieur a-t-il décidé de m'accorder une pause durant l'apocalypse zombie, ça, je ne le saurais jamais.

J'ai un flingue, mais je rechigne à l'idée de me mettre une balle dans le crâne. Ce n'est pas le bon moment. À un moment donné, j'avais conclus un pacte avec moi-même ; que si j'étais mordu alors j'attendrai jusqu'à être certain de ne pas me réveiller, une fois que mes yeux se seront clos, pour en finir avec la vie. Le deuxième jour, j'ai failli le faire. J'avais le canon contre mon front, bien placé entre mes deux yeux, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai su que ce n'était pas le moment.

Je refuse de quitter cette baraque. Je sais, cela va a l'encontre de toute cette merde de Guide de survie en territoire zombie. Mais, honnêtement, où les conseils de Max Brook m'ont-il mené jusqu'à là ? Je regarde les marques de dents sur mon bras.

Ah oui, c'est vrai.

J'aurais dû écouter Jean.

Attends, quoi ?

Putain, peut-être que je suis en train de mourir.

Peut-être que c'est l'isolement qui me fait délirer mais, sans mentir, je suis probablement à la dernière étape du deuil. L'acceptation, je crois. Ouais, c'est de la faute de ce truc si je ressens, à tort, tout ce remord ; Jean peut aller se faire foutre.

J'aurais dû rester avec le groupe et ne pas essayer de jouer les héros. Il y a beaucoup de choses que j'aurais dû faire, mais je ne pouvais pas être là, faire comme si je n'avais rien vu et laisser un autre ami devenir… bordel.

Je laisse échapper de mes lèvres un rire forcé parce que, regardez tout le bien qui a découlé de mon unique escapade en solitaire. Putain, Marco est mort et probablement en train de mâchouiller un buffet d'humains. Et je me contente d'attendre patiemment une mort qui, décidément, arrive trop lentement.

J'ai l'impression que cela devrait m'inquiéter plus que cela. Je n'arrive même plus à trouver la force d'être bouleverser. J'imagine que « apathique » est le bon mot pour cela. L'idée que je ne reverrais plus mes amis était déjà loin et ce, depuis trois jours.

Acceptation.

En fermant les yeux, je pose la tête contre le mur en bois. Peut-être que je devrais juste aller me coucher. La barricade que j'ai installé contre la porte se constituait d'un coffre qui a avait été vidé bien avant que je n'arrive ici. Autrement dit, c'était une fortification de merde. Bon, je suppose que cette fortification de merde a tenu depuis que je suis arrivé ; mais est-ce que ça a encore vraiment de l'importance ? J'étais plus mort que vif avec cette morsure.

Je veux dire, personne avec un peu de bon sens ne me croirait si je leur disais que j'étais immunisé. Bon sang, je n'y croyais pas moi-même. Immunisé. Oubliez ce que j'ai dit avant, je délire.

De la fenêtre, un petit rayon de soleil se réfléchissait sur mon visage. J'ouvre mes yeux lentement et grimace en regardant le long de mon bras. La plaie a produit une croûte jaunâtre, mais la peau autour de la marque n'a pas perdu sa teinte rouge flamboyante. La blessure est encore sensible quand je passe mes doigts sur la peau malmenée. L'entaille n'a même pas l'air normale. Aussi anormale que peut avoir l'air une morsure de zombie vieille d'une semaine en tous cas. Dans tous les cas que j'ai vu, cela ne prenait que six heures, parfois moins, à une morsure pour détériorer la peau alentour. Alors pourquoi est ce que la mienne guérissait ?

Je suppose qu'affirmer cela est un peu exagéré ; la morsure réagit peut-être juste anormalement à ma peau. Dans quelques heures, je serais probablement en train de gémir et de crever d'envie de manger des tripes.

Je laisse échapper un long souffle que je n'avais pas conscience de retenir. Est-ce que je veux vraiment mourir ? Eh bien, non. Ce que je voulais, c'était de retourner auprès de Mikasa, Armin et tout le reste de l'équipe. Attends, non, ce n'est pas cela. Tout ce que je voulais, c'était retourner à cette normalité que tout le monde pensait immuable. Pouvoir me plaindre de choses triviales, comme de ma mère qui me demandait si je n'avais pas oublié de mettre du déodorant, de ou Shadis qui nous envoyait en colle avec Jean. Encore.

On ne se rend pas compte de ce que l'on a jusqu'à ce qu'on le perde.

Attends, non putain, c'était kitsch ça.

Je n'ai jamais été poétique ou profond et actuellement cela ne me semblait pas le moment le plus opportun pour commencer. Mais, bon sang, s'il y a un jour eut besoin de romantisme, j'imagine que ce serait pendant la nuit des mort-vivants.

Mon dieu, c'est le bordel. Je passe ma main dans mes cheveux bruns, constamment en bataille. Entrevoyant le motif hideux sur mon bras, je me demande par quel miracle je m'en suis sorti avec seulement une morsure. Je pouffe. Ma chance devait avoir été en quelques sortes sanctifié juste avant la fin du monde de toute évidence.

Mon estomac lâche un grognement colérique, et je me rends compte que je n'ai pas mangé aujourd'hui. J'ai essayé de rationner ce qu'il restait de mes réserves de nourritures, qui, pour être honnête, n'était pas beaucoup pour commencer. Je n'ai pas voulu prendre le risque de quitter cet abri de fortune de peur de retrouver ma nouvelle adresse envahie de visiteurs indésirables à mon retour. Parce que, soyons honnête :

Les gens ne sont pas sympas pendant les apocalypses.

Je grogne en cherchant à atteindre mon sac-à- dos posé à côté de moi. Je le met sur mes genoux et ouvre par à-coup la fermeture éclair de la poche de devant pour en sortir un pot de beurre de cacahuètes en plastique. Je tourne le couvercle jusqu'à ce que le doux, doux et glorieux parfum du beurre de cacahuètes périmé emplisse l'air. Cette beauté a été la fierté et la joie de notre dernière mission de ravitaillement ; et j'en ai pris bien soin durant deux bonnes semaines, savourant chaque bouchée. Toutes les bonnes choses ont une fin, connerie de poésie, et vu l'état du pot, ce sera la dernière danse que je partagerais avec mon cher ami beurre de cacahuètes.

Tandis que j'en racle le fond avec mes doigts pour récupérer les restes, je murmure au pot, « Ton corps est peut-être mort mais tu vivras toujours dans mon cœur, mon ami. ». À ces mots, j'avale ma dernière bouchée.

Je ne devrais pas former de liens émotionnels avec du beurre de cacahuètes, bon sang. Je pense que le manque de contact depuis une semaine, avec quelque chose de forme humanoïde ne désirant pas me manger, a commencé à affecter ma santé mentale. Qu'est ce que tout le monde penserait de moi maintenant ? Je soupire en pensant l'air inquiet qui serait indubitablement affiché sur le visage de Mikasa. Je ferme mes yeux pour la deuxième fois, essayant de chasser les expressions horrifiées qu'avaient mes amis quand nous nous sommes séparés.

Je gémis tandis que je soulève mon corps du sol et me dirige vers le lit de camp. La première nuit que j'ai passée ici, je me suis rendu compte que je n'aurais pas dû placer un si grand espoir dans ce truc et croire qu'il serait, ne serait-ce qu'un peu, relaxant. C'est mieux que le sol, mais pas de beaucoup.

Je me laisse tomber sur le lit et ses ressorts hurlent.

« Va te faire. » je marmonne. J'ai l'impression que ces objets inanimés pourraient commencer à me répondre d'un moment à l'autre. Je décide que quand ça arrivera, soit je serais devenu fou à lier, soit que c'était vraiment un film Disney tordu. J'aimerais pouvoir dire que c'est le second, mais honnêtement, ma bonne fortune ne peut pas aller jusque là.

Cela peut sonner cliché, mais je ne me suis pas rendu compte à quel point j'étais fatigué jusqu'à ce que je sois complètement allongé sur le lit de camp. Ce qui habituellement m'évite des heures durant me gagne en quelques secondes et je m'assoupis.


« Eren, est-ce que tu as pensé à mettre du déodorant ? »

Agacé, je passe ma tête par la porte de la cuisine et regarde ma mère. « La réponse est toujours la même, maman. » Elle me lance un regard mauvais, que je lui renvoie en levant les yeux au ciel.

« Oui, bon Dieu. » Je dois toujours lui rappeler que j'ai, même si elle ne veut pas y croire, dix huit ans ; et, la plupart du temps, je peux prendre soin de moi. Bien sûr, elle ne veut rien entendre. Elle peut admettre que, oui, j'ai dix-huit ans, mais seulement parce que j'ai un certificat de naissance pour le prouver. Je sais qu'elle n'admettra jamais que je puisse me débrouiller sans son aide.

Je m'assoie sur un des tabourets de bar miteux dont ma mère ne veut pas se débarrasser. J'ai cessé d'essayer de la convaincre le jour où elle m'a rappelé qu'une fois, j'ai gardé un sandwich à la dinde sous mon lit pendant plus d'un an.

« Où est Mikasa ? Elle est levée avant toi d'habitude. »

« Ah, elle est restée debout tard pour réviser pour un contrôle. » je réponds. Attendez.

Oh merde.

Ma mère relève ma grimace. « Tu n'as pas révisé, c'est ça ? » Je ne comprends pas pourquoi elle fait l'effort de demander. C'est pratiquement une question rhétorique là. Je tape ma tête sur le comptoir. Putain. De vidéos. De chat. Distrayantes. Sur Youtube. Je pouvais dire que j'avais oublié mais, bon sang, Mikasa m'avait rappelé le sujet du test vingt fois la nuit dernière ; cette excuse ne tenait donc pas debout. Je me serais planté même si j'avais révisé. Shadis me hait, et j'ai la sensation que ça a quelque chose à voir avec le fait que je lui ai fait remarqué son absence de sourcils dès le premier jour.

Avant même que je ne puisse honorer la question de ma mère d' une réponse évidente, Mikasa apparaît comme par magie sur le tabouret à côté de moi, lui aussi tout miteux.

« Bonjour Mikasa. Je parlais avec Eren de ce fameux contrôle ? » Mikasa, déçue, me regarde et secoue la tête. Mais, hé, c'est pas de ma faute si mon cerveau aimait zaper des informations inutiles comme "contrôle" ou "études". Au contraire, j'étais en train de visionner encore ses foutues vidéos.

Elle se tourne vers ma mère, « C'est possible de le réussir sans avoir réviser ; je voulais juste m'assurer une bonne note. » Ma mère sourit chaleureusement à Mikasa, puis se retourne vers moi, la colère remplacée par de l'inquiétude.

« Rentrez directement après l'école aujourd'hui. » Ma mère me regarde pleine d'incertitude et attends une confirmation que l'ai bien entendu. Elle utilise cette technique depuis que j 'ai appris à devenir un petit impertinent. C'était une de ses façons de se prémunir de mes excuses futures qui sont « J'ai pas écouté » et « J'ai pas fait attention ». Cette femme m'a littéralement ficher depuis le jour de ma naissance.

Je croise son regard et hoche la tête paresseusement en ajoutant un signe de confirmation, « Hmph ». Ses yeux se ferment légèrement, mais on devine un sourire sur ces lèvres. C'est probablement parce que j'oppose moins de résistance que d'habitude. Je lui rends son petit sourire, même si je sais qu'elle se rends compte que je ne suis vraiment pas réjoui à l'idée de devoir passer la soirée avec lui.

Elle soupire, « Eren, je sais que... »

Je la coupe, « Non, maman. Vraiment, ça va. Je vais bien. Il va bien. Nous allons tous très bien. ». J'affiche un sourire sincère pour prouver et appuyer ce que je dis, mais elle me connaît trop bien.

« N'importe qui disant qu'il va bien autant de fois ne va, en fait, pas bien, Eren. », répond-t-elle avec sarcasme.

« C'est bon, ça va. » J'accentue cela juste pour faire mon sale gosse. « Je vais bien. » Ma mère s'indigne sachant très bien que c'est tout ce qu'elle obtiendra de moi. Elle devrait s'estimer heureuse car, d'habitude, ces conversations ne lui rapportent rien de plus qu'un grognement occasionnel de ma part.

« À plus, M'man. » je soupire et je me dirige vers la porte d'entrée en ramassant mon sac-à-dos sur passage. Mikasa rassemble ses affaires et se dépêche de me rejoindre. Je jette un dernier regard à ma mère tandis qu'elle nous fait un signe de la main pour nous dire au revoir, avant d'ouvrir la porte et de sortir pour aller retrouver Armin.

Je vois Armin qui nous attend à l'arrêt de bus. C'était ici que Mikasa et moi l'avions rencontré pour la première fois, il y a plusieurs années de cela, lorsque nous prenions encore le bus pour aller à l'école. Avant notre année de Terminale, nous avions pris la décision collective que le bus scolaire, c'était de la merde et que nous allions être en Terminale, bon sang. L'époque où nous prenions le bus était donc terminée.

Avec le recul, nous aurions probablement dû attendre jusqu'à ce que l'un de nous ait une voiture pour devenir des révolutionnaire du bus. Mes actes étaient en accord avec ma nature rebelle mais, chaque jour de la semaine, mes jambes périssaient d'une mort silencieuse à chaque pas.

J'avais besoin de commencer à faire de l'exercice.

Pour nous rebeller encore plus contre le système, nous avions décidé que nous continuerions à nous retrouver à l'ancien arrêt de bus. Pour être franc, c'était surtout parce que l'arrêt de bus était l'endroit le plus simple pour se retrouver ; mais nous aimions croire que c'était parce que nous faisions une revendication.

« Eren ! Mikasa ! » lance joyeusement Armin. J'ai toujours été jaloux de l'optimisme dont Armin faisait preuve dès le matin, ou en général. Je ne comprend toujours pas comment on a fait pour devenir des amis si proches, considérant le fait que je peux être un sacré enfoiré.

« Hé, Armin. » Je le salue d'un signe de tête. Mikasa sourit en faisant de même.

« Est-ce que vous avez révisé pour le contrôle, les gars ? » Armin sourit quand Mikasa me lance un regard complice, répondant ainsi à sa question par inadvertance.

Je grogne, tout en passant une main dans mes cheveux déjà ébouriffés. « S'il-te-plaît, Armin. Ne me le rappelle pas. » Il se contenta en guise de réponse de rire bêtement tandis que nous commençons notre route vers l'école.

Nous étions à mi-chemin de l'endroit que certain aimait appeler notre lycée lorsque nous l'entendîmes. C'était un faible gémissement . Je me tourne et lance un regard interrogateur vers Armin et Mikasa mais ils semblent tout aussi étonnés. On fit encore quelques pas quand le gémissement nous parvînt de nouveau aux oreilles, sonnant cette fois plus désespéré.

Je regarde mes amis.« Je crois que quelqu'un est blessé. Est-ce qu'on devrait appeler quelqu'un ?»

Armin me lance un regard, méfiant. « Je ne sais pas, on devrait probablement voir ce qui se passe avant d'appeler quelqu'un. De toute manière, ton père est médecin, Eren. Si c e n'est rien de grave, je suis sûr que tu pourras aider.»

Je grimace lorsqu'il mentionne mon père, « Tu dis ça comme s'il avait vraiment essayé de faire partie de ma vie. » je dis sèchement alors que je me rapproche du bruit. Armin tressaille au ton de ma voix, mais continue de me suivre. Soudainement, une horrible odeur commence à envahir l'air. Je retiens un haut-le-cœur, tandis que je me tourne pour considérer l'expression de mes amis. Ils ont tous les deux l'air aussi dégoûtés que moi. Mikasa échange avec moi un regard inquiet, avant que je ne rompe le contact visuel pour avancer.

De petites tâches de rouge vifs commencent à parsemer le trottoir gris. Mes yeux s'agrandissent lorsque le rouge commence à devenir de plus en plus large, à chaque pas en avant. Le gémissement était extrêmement proche désormais, tout ce que nous avions à faire c'était tourner à cet angle et...

Oh mon Dieu.

Il est en train de le manger. Non. Il est en train de le dévorer, putain. Les bras de l'homme sont teintés de rouge jusqu'aux coudes, tandis qu'il continue d'attraper par poignées les entrailles de sa victime. Bordel de merde, qu'est-ce que je suis en train de regarder ? Je suis trop fasciné par l'horrible scène pour ne serait-ce que songer à voir si mes amis ont la même expression hypnotisée. Je ne peux pas dire si le responsable du gémissement était celui qui était actuellement en train de festoyer ou la malheureuse victime. Les grognements de l'homme qui consommait la chair étaient bestiaux. Terrifiants. Je laisse échapper un hoquet de surprise et l'homme tourne lentement la tête pour faire face à son public.

Il lui manque une partie de la mâchoire. Des filaments de muscles et de nerfs pendent lâchement de son visage. En dépit des ses blessures évidentes, il n'a pas l'air de souffrir. Si c'est le cas, c'est bien là dernière chose à laquelle il pense. Là maintenant, la seule chose que je distingue dans son regard, c'est l'envie de tuer. De manger. Lorsqu'il commence à se relever, j'attrape les mains de Mikasa et d'Armin et les traîne vers là d'où nous venions.

Personne ne dit le moindre mot.

Nous se contentons de courir.

Au moment où nous nous arrêtons, nous sommes de nouveau à l'arrêt de bus. Il y a des traînées de larmes salées sur le visage d'Armin et Mikasa semble aussi vide que lorsqu'elle avait appris que ses parents étaient morts.

« Je-je ne sais pas ce que c'était. Je ne-ne sais pas quoi faire. » bégaie Armin à travers ses larmes. Je n'arrive toujours pas à y croire et me contente de hocher la tête.

« On va rentrer à la maison, vérifier que ta maman va bien puis appeler la police. » Il ne me faut une seconde pour réaliser que Mikasa s'adresse à moi. Encore une fois, je me contente d' acquiescer de la tête.

« Reste avec nous, Armin ; je ne veux pas que tu partes tout seul avec un truc comme ça qui traîne dans les rues. » Armin semblait prêt à contredire Mikasa ; il y avait son grand-père chez lui. Cependant, son regard ne laissait pas la moindre place aux négociation. « On pourra aller voir ton grand père après, promis. » Armin semble être tombé dans le même état mental que moi, faisant oui à Mikasa de la tête. Elle nous traîne à tous les deux par les mains tandis qu'elle se dépêche de nous ramener à la maison.

Il n'y avait pas qu'un seul monstre. Ils étaient partout, se nourrissant de quiconque ayant été suffisamment malchanceux pour se trouver à la portée de leur griffes. Je reconnais l'un d'entre eux ; c'était l'une de ces voisines que je ne voyais qu'en de rares occasions à l'épicerie du coin. Nos conversations n'avaient jamais dépassées les salutations cordiales. Maintenant, elle est couverte de rouge, de sang humain. L'une de ses mains paraît mutilée, tordue dans une direction qui -je le sais, ne devrait pas être humainement possible. Elle se trouve quelques maisons plus loin au beau milieu du chaos, courbée et respirant lourdement. Même d'ici, je peux voir la soif de sang assombrir ses yeux.

Je ne sais pas trop comment, nous réussissons à rentrer à la maison sans le moindre incident. Quand Mikasa relâche nos mains, Armin est toujours dans un piteux état, ses yeux bleus bordés de larmes, et je suis toujours sans réaction. Mikasa soupire et commence à pousser l'une de nos énormes bibliothèques devant la porte. Elle était toujours si calme et posée, même dans une situation comme celle-ci. Je la regarde jalousement, souhaitant aussi pouvoir être vide. Du moins, pour aujourd'hui.

Je me retourne en entendant le bruit sourd de chaussures descendant en courant les escaliers et voit seulement ma mère nous jeter un regard frénétique. Ses yeux sont écarquillés par la panique et je sais il y a un million de questions qu'elle veut nous poser, mais une se situait fièrement au dessus des autres.

Mikasa, toujours aussi observatrice, le comprend rapidement et répond, "On va tous bien." Il y a encore ce mot. Bien. Et je le méprise aussitôt, l'éliminant de mon vocabulaire ; car non, Mikasa, nous n'allons pas bien. Nous venons juste d'être témoin du génocide de tout le voisinage, nous n'allons pas tous bien. Mes émotions sont manifestement affichées sur mon visage car ma mère me lance un regard inquiet. Encore une fois, je hoche la tête. Ne pas être d'accord avec le mensonge de Mikasa n'aurait causé que plus qu'inquiétude à ma mère. Et si elle commence à s'inquiéter encore plus alors, j'ai bien peur qu'elle ne s'effondre ici-même .

« On... on doit partir. » Ma mère est bouleversée ; elle doit en avoir vu autant, sinon plus, que nous. Tous les trois la suivons jusqu'au garage où elle démarre la voiture d'une main tremblante.

Sur la route, ma mère essaie habilement d'éviter les créatures mais, en vain. Plusieurs d'entre elles tente de se jeter sur la voiture et Maman finit par en percuter quelques unes avec toute la force d'une Lexus 2003. Elle pleure silencieusement tandis que je l'observe depuis le siège-passager. Mikasa et Armin sont blottis à l'arrière, aussi serrés que possible, se cramponnant l'un à l'autre comme si leurs vies en dépendaient.

On passe la route qui mène à la maison d'Armin. Il ne dit rien. Il se contente de serrer plus fort la main de Mikasa.

Je l'entends murmurer, de façon presque inaudible : « Je suis désolée. »

Tout se passe si vite, j'en viens presque à penser que rien de tout cela n'est arrivé. Tout est au ralenti lorsqu'un autre véhicule entre en collision avec l'aile de notre voiture. Nous tournons, tournons si vite que cela semble irréel. Presque comme si j'étais dans une déformation temporelle et que je remontais le temps. Avant que j'ai vu ce monstre. La voiture ralentit avant de s'arrêter complètement et je réalise que la déformation temporelle a échoué. Nous sommes toujours dans un cauchemar. Une marque rouge vive décore désormais le front de ma mère. Elle serre toujours le volant entre ses mains, crispée. Je me tourne pour voir Mikasa et Armin qui me semblent indemnes. Un accident de voiture n'était vraiment pas la pire chose qui soit arrivée aujourd'hui.

Subitement, Mikasa est de nouveau aux commandes et je ne pense pas qu'elle avait déjà quittée cette position. Elle nous sort de la voiture accidentée comme si elle avait déjà fait ça un million de fois. Une fois que nous sommes hors de la voiture, c'est comme si nous avions mis un pied dans un champs de bataille.

« Merde. » murmure ma mère. Je ne pense pas qu'elle veuille que je la vois en plein désarroi. Mais je m'en fiche, nous avons Mikasa, alors maman n'a pas besoin de jouer les fortes.

Nous contournons le long du trottoir, évitant ainsi dans la rue les yeux de fou des monstres. Je ne sais pas où on va. Je ne pense pas que l'un d'entre nous le sache. Et, soudainement, cela me parait être le pire plan auquel je me suis jamais permis de participer. Encore plus stupide que la fois où Connie et moi avions décidé que, si nous séchions les cours, Shadis ne pourrait pas nous donner de devoirs.

Je m'arrête.

Pendant un instant, je me dis qu'ils vont simplement continuer sans moi. Armin le remarque en premier.

Sa voix est toujours enrouée par les larmes, « Eren, qu'est-ce que tu fais ? » Les deux autres se tournent vers moi, le regard interrogateur.

Ma mère parle, « Qu'est-ce que tu fais, Eren ? » Sa voix est imprégnée de désespoir ; elle me supplie silencieusement de renoncer à toute la détresse à laquelle j'aurais décidé de succomber. Étant donné que je ne réponds pas, elle recommence. « Qu'est-ce que tu fais ? » Cette fois, elle élève la voix, le ton similaire à celui qu'elle utilise lorsqu'elle me surprend en train de manger au lit.

Le gémissement est ce qui m'avertit qu'ils sont là. Les yeux de ma mère sont ce qui le confirment. Elle crie mon nom mais cela ne me parvient pas. Je suis à présent hypnotisé par sept ou huit monstres qui semblent bien décidés à me tuer. Leurs yeux sont pleins de sauvagerie lorsqu'ils me regardent. J'essaie de ne montrer aucun signe de peur mais, ils se rapprochent de secondes en secondes et je suis incapable de bouger. Pétrifié.

Ma mère, avec Mikasa et Armin, se regroupent près de moi et je veux leur dire quelle erreur c'est; car maintenant nous ne sommes plus qu'une seule grosse cible au lieu de quatre petites. Les monstres ont formés un arc de cercle autour de nous, acculant leur proie. Ma mère prend une décision avant que nous puissions l'arrêter. Elle nous repousse avant que le cercle ne se referme complètement autour de nous. Avant même qu'elle ne puisse rétracter ses bras, ils la saisissent.

Et elle hurle.


Mes yeux s'ouvrent brusquement, complètement éveillés, seulement pour me heurter à un râle familier et le bruit de coups irréguliers contre la porte. La vue toujours trouble et le cœur battant la chamade, je jette un coup d'œil à la porte. Putain de zombies. Je rend grâce à M. Puissance Supérieure d'avoir rendu mon sommeil léger depuis que tout ce truc a commencé. Où peut-être que c'est juste un con qui me donne des cauchemars sur le passé. Mmh, cela demande réflexion ; mais je ne veux vraiment pas foutre en l'air mes chances. Donc, pour l'instant, j'opte pour le chic type et avec un peu de chance, il me pardonnera d'avoir pensé le contraire.

J'imagine que je devrais m'occuper de Grande-Gueule dehors mais il ne me reste, à ce que je sache, probablement que quatre balles et un couteau de chasse très émoussé. Parfait. Ah, mieux vaut maintenant que jamais, je suppose. Alors que je me lève pour empaler le zombie avec mes ciseaux de maternelle, j'entends un autre bruit. Le plus terrifiant de tous.

Des gens.

Et pas ceux qui n'ont plus de cerveaux.

J'ai essayé de me dire à plusieurs reprises que cette hypothèse était fausse mais malheureusement, j'ai eu plus de petites copines que d'hypothèses justes.

Et merde, merde, merde, ils sont trop proches. Je ne peux pas dire combien ils sont mais, je peux entendre plus d'une seule voix. Mes chances de survie on l'air de s'amoindrir d'instant en instant et je commence à me demander si je devrais me battre. Vous savez, en emporter autant que possible avec moi dans la mort ? Cela paraît courageux, beaucoup plus que d'attendre de se pendre une balle à l'arrière du crâne.

Mais je veux vivre. Pour la première fois depuis sept jours, je veux revoir le soleil se lever. Je suis content qu'il ait fallu une situation de Je-Suis-le-Point-de-Mourir pour finalement embrasser la vie mais mince, je veux survivre.

Je roule sous le lit de camp, sachant très bien qu'au bon angle, ils pourraient me voir sans problème. J'ai été chanceux jusque là, pas vrai ?

Peut-être qu'ils vont simplement partir.

Cet espoir meurt avec le zombie qui frappaient à ma porte avec tant de vigueur. Je suis presque tenté de sortir et de les remercier mais, quelque chose me dit que cela ne se passerait pas bien. J'entends qu'on pousse la porte et le coffre vide et si je meurs dans les prochaines minutes, la seule question dont je veux la réponse est comment ce crétin de zombie a-t-il fait pour ne pas réussir à rentrer ici parce que, bon sang.

Fortification de merde, rappelle-toi , Eren ?

Oh, va te faire foutre esprit sarcastique.

J'ai commencé à sortir de mes pensées embrouillées et de dégoût de moi même quand mes yeux repèrent quelque chose sur le sol. Mon foutu sac-à-dos remplit avec un pot de beurre de cacahuètes vide. Je retire tous les trucs sentimentaux que je t'ai dit beurre de cacahuètes. Ce n'était que des mensonges. Parce que s'ils cherchaient personne avant alors, je te peux te garantir qu'ils cherchent quelqu'un désormais.

Il semblerait qu'il n'y ait qu'une personne qui examine l'intérieur de mon taudis et je commence à penser que, oui, je suis apparemment en train de délirer et que j'avais des hallucinations auditives car je croyais que c'était un groupe, pas un ranger solitaire.

Je glisse ma main jusqu'à la poignée de mon couteau et l'extirpe lentement de ma ceinture. C'est stupide, je devrais juste le ou la laisser partir et poursuivre ma vie de hobbit.

Bien sûr, juste quand le paradis me réserve pratiquement une place pour mon âme innocente, ce connard commence à fouiller dans mon sac. Peu importe. Je me dis que je peux accepter que l'on soit fouineur ; car dans cette situation, je serais pareil.

Ce que je ne peux cependant pas supporter, c'est que cette tête de nœud sorte mon portefeuille de mon sac et commence à en sortir les photos à l'intérieur pour y jeter un coup d'œil. Je m'en moque complètement que les photos soient remises en place, je vais tuer ce fils de pute avec mon putain de couteau émoussé. Je rampe tout près du bord du lit, prêt à en sortir et à commencer ma vie de sociopathe lorsque quelqu'un d'autre entre dans la pièce.

Bordel de merde, putain, chiotte.

Je ne sais pas si je devrais être heureux ou contrarié que cette personne m'ait pratiquement sauvé d'un pétage de plomb définitif mais là maintenant, la colère est le seul sentiment avec lequel je veux raisonner.

« Oh, regarde ça, c'est la maison de quelqu'un. » dit une voix de femme avec enthousiasme.

« Ce n'est pas une maison, c'est de la merde. » répond un homme, la voix sombre, presque énigmatique. Mon dos est appuyé le plus près possible du mur ; parce que je suis sûr à cent pour cent que mon couteau ne ferait ni à l'un, ni à l'autre ne serait-ce qu'une petite coupure, comme celle que l'on se fait avec une feuille de papier

« Ah, je crois que c'est plutôt douillet. Dans un sens apocalyptique. » Je peux pratiquement sentir l'optimisme dégouliner de sa voix. M. Grincheux aussi apparemment, car qu'il rétorque rapidement par une remarque désobligeante à propos la femme et des zombies.

Elle soupire, « Bon, si tu as fini, je crois qu'on va repartir. Il n'y a rien de vraiment utile ici, à part ce sac-à-dos. Mais ça me gêne de laisser quelqu'un sans-défense. Tu sais qu'Erwin n'aime pas qu'on traîne trop longtemps. »

Il répond par un «Tch. » et je vois les pieds de la femme quitter la cabane. Après quelques minutes de silence, l'homme commença finalement à faire un pas vers la sortie. Je libère la respiration que je retenais. Il s'arrête à l'embrasure de la porte, se retourne et s'avance jusqu'à ce que le bout de ses bottes touche à peine le bord du lit.

Merde.

Et tout d'un coup, il parle.

« Je peux te voir, ducon. »