Prologue : Les Trois Holmes
Mr Holmes regardait perplexe la recette de cuisine de sa femme. Cela ne ressemblait en rien à une recette classique, c'était une suite de calcules et d'équations alignées devant des mots tel que farine ou sucre.
Il soupira. Sa femme était un véritable génie des mathématiques, ces chiffres pouvaient aussi bien mener à un gâteau au chocolat qu'à du poulet rôti. Mr Holmes se demandaient souvent comment une femme aussi merveilleuse avait bien pu l'épouser, lui un simple fonctionnaire de bureau.
Quand il avait rencontré Violet, il était tombé immédiatement sous le charme. Celle-ci était venue régler un problème d'administration, elle l'avait regardé de haut en bas et à partir d'une tâche de café, elle en avait déduit toute la vie de ce pauvre William Holmes. Ce dernier sous le choc n'avait pu lâcher qu'un « Incroyable ! ». Un simple mot qui lui avait fait gagner la reconnaissance éternelle de la mathématicienne. Toute sa vie on l'avait méprisée et traitée de monstre, et là ce petit homme l'a trouvée incroyable. Trois ans plus tard ils étaient mariés.
Un cocker roux passa entre les jambes de Holmes le tirant de ses pensées. C'était Barberousse le chien de son cadet Sherlock.
-Qu'est-ce que cette bête répugnante fait dans la cuisine ? Demanda une voix hautaine.
Mycroft le second de la famille, pointilleux sur l'hygiène, était traumatisé depuis qu'il avait trouvé des poils roux dans son diner.
-Barberousse n'est pas une bête répugnante ! S'écria Sherlock le benjamin surgissant de sous la table de la cuisine. C'est toi qui est répugnant !
-Moi je ne me lèche pas le corps pour me laver, répliqua Mycroft, comme cette immonde créature.
-Tu es pire, riposta Sherlock, tu te mets une substance gluante sur la tête pour que tes cheveux tiennent en arrière !
-C'est du gel, sombre idiot !
-Mike je t'ai déjà dit de ne pas traiter ton frère d'idiot, intervint Violet Holmes.
Celle-ci venait d'entrer dans la cuisine, un potiron géant dans les mains. William Holmes fronça les sourcil perplexes. Pourquoi un potiron ? Ce n'était pas Halloween...au contraire c'était bientôt Noël. Quelque chose lui échappait toujours dans les faits et gestes de sa femme.
-Ne m'appelle pas Mike ! Je m'appelle Mycroft, c'est toi qui m'a donné un prénom bizarre, alors assume.
-Mais c'est Sherrin qui t'a trouvé ce surnom, répondit sa mère tentant de faire rentrer le potiron dans le congélateur, moi je le trouve adorable.
-Tu parles bien de la personne qui préfère qu'on l'appelle par son deuxième prénom qui ne correspond pas à son sexe ? Répliqua Mycroft levant les yeux au ciel.
William troublé tentait de comprendre pourquoi sa femme adorée voulait mettre un potiron au congélateur alors que celui-ci était bien trop gros pour rentrer dedans. Renonçant à comprendre, il s'assit sur une chaise. Sherlock un chapeau de pirate dans les mains s'approcha de lui, d'un air timide.
Attendez...Sherlock avec un air timide ? Son benjamin avait beau avoir seulement huit ans, il avait hérité de l'intelligence et de l'arrogance de sa mère. A vrai dire, ses trois enfants avaient hérité de ces traits de caractère.
-Papa quand je serais grand, je serais un pirate, déclara Sherlock fièrement.
N'importe quel parent aurait sourit d'un air attendri à cette déclaration, mais pas dans la famille Holmes. En réalité, William Holmes était le plus heureux des pères. Son dernier fils avaient enfin un comportement d'enfant normal ! Il voulait devenir pirate comme tous les autres petits garçons de son âge ! Depuis que Sherlock avait eu ce chien pour son anniversaire, son fils s'était de plus en plus humanisé. William espérait que ce chien demeurerait longtemps auprès de son fils. Avant Barberousse, Sherlock n'avait que deux amis dont l'un était un crâne humain.
-J'abandonne, soupira Violet, ce potiron ne veut pas rentrer dans le congélateur.
-Coupe-le alors, proposa William.
-Non il doit être entier, répondit sa femme, c'est pour Halloween.
-Mais Halloween est déjà passée ma chérie.
-C'est pour Halloween de l'année prochaine, dit-elle, le potiron était en solde, je l'ai donc acheté. D'ailleurs Sherrinford n'est toujours pas là ? Je l'ai envoyé acheter du sucre, il était en promotion. Mike peux-tu sortir voir si Sherrin...
-Non je refuse, l'interrompit Mycroft, de un parce que ce surnom est débile et que c'est la faute de Sherrinford si tu m'appelles comme ça. Et de deux, il neige dehors, je refuse donc de sortir.
-Bien, bien comme tu veux, répondit Violet, je ne t'appellerai plus Mike, je me contenterais de Mimi comme surnom.
-C'est bon j'y vais, grogna Mycroft quittant la pièce.
Violet afficha un sourire triomphant. William Holmes jeta un regard amusé à sa femme puis se concentra sur son fils. Tiens Sherlock et Barberousse avait disparu, probablement partis faire une chasse au trésor.
-Sherlock semble enfin jouer à des jeux de son âge, dit William heureux, j'aimerai que Mycroft fasse de même.
-C'est vrai que depuis que Barberousse fait parti de la famille, Sherlock se comporte comme un enfant de base.
Un enfant de base ? Ça c'était bien une réflexion digne de sa femme.
-Ne t'inquiète pas pour Mike il n'a que quinze ans, continua-t-elle, je pense que de nos trois enfants c'est celui qui s'intégrera le mieux dans la société. C'est plutôt pour Sherrin que tu devrais t'inquiéter.
-Pourquoi cela ? Demanda William.
Sa femme ne répondit pas, elle était en train d'écrire une équation compliquée devant le mot congélateur.
La porte d'entrée claqua, Mycroft venait de sortir.
Ce n'était ni de la pluie, ni de la neige qui tombait. C'était une sorte de mélange infâme qui avait transformé la route en une véritable gadoue dégoutante. Une jeune fille brune remontait la rue principale armée d'un parapluie rouge pour affronter ce temps de chien.
Depuis qu'elle avait quitté l'épicerie la jeune fille se sentait suivi. Du coin de l'oeil, elle aperçut une silhouette se dissimuler derrière les poubelles. Elle savait pertinemment qui l'avait pris en filature et elle n'avait pas l'intention de se laisser surprendre.
Elle tourna dans la rue suivante et s'arrêta. L'adolescente remit correctement son écharpe bleue. Au moment où elle allait se retourner pour faire face à son poursuivant, une boule de poils rousse lui sauta dessus. Elle trébucha en arrière, son pied glissa et elle s'écrasa sur les fesses par terre.
-Je crois que mon coccyx est...commença-t-elle.
Elle fut interrompit par la boule de poils rousse qui se mit à lui lécher consciencieusement le visage.
-Je t'ai eu ! déclara un gamin surgissant de derrière un arbre.
-Je savais très bien que tu me suivais Sherlock, répondit la jeune fille en se relevant, mais j'avoue que je ne m'attendais pas à l'attaque perfide de Barberousse.
-C'est parce que je suis un pirate ! Répliqua Sherlock triomphant.
-Certes. Tu es aussi fourbe qu'un pirate.
-Alors j'ai gagné ? Demanda Sherlock.
La jeune fille s'apprêtait à répondre mais Mycroft arriva à cet instant.
-Tiens Sherrinford, tu es couverte de boue, dit-il d'un air dégouté, ça ne m'étonne pas de toi
-Tes cheveux commencent à boucler avec l'humidité Mike, riposta Sherrinford, on dirait un mouton.
Mycroft se passa la main dans les cheveux l'air paniqué. Sherrin émit un ricanement fort peu gracieux pour une demoiselle. Son frère la foudroya du regard. Mycroft détourna son attention Sherlock qui ne portait ni manteau, ni écharpe.
-Sherlock tu vas attraper froid ! S'écria Mycroft alarmé.
-On se calme papa poule, fit Sherrin, tiens Sherl prend mon écharpe. Tu peux la garder, je n'aime pas le bleu et papa va m'en offrir une autre à Noël.
Mycroft prit l'écharpe bleue et l'enroula avec délicatesse autour du cou de son petit frère.
-Je vois que tu as deviné ton cadeau de Noël, dit Mycroft, père essaye désespérément chaque année de nous faire la surprise.
-Moi aussi j'ai deviné mon cadeau, intervint Sherlock.
L'un des malheur de monsieur Holmes était d'avoir des enfants trop intelligents. Voilà dix-sept ans qu'il s'acharnait à vouloir surprendre ses enfants, sans succès.
-Non mais ça va bien Mike ? Pourquoi tu appelles papa, père ? Soupira Sherrinford.
-Ça fait plus distingué, répondit-il.
-Tu sais que tu as un grave problème Mike.
-Pas autant que toi mademoiselle qui veut porter un prénom de garçon.
A cet instant Barberousse se jeta sur une poubelle et la renversa.
-Cette bête est vraiment dégoutante, fit Mycroft grimaçant.
-Ce n'est pas une bête, protesta Sherlock, c'est le chien d'un futur pirate.
-Tu veux devenir un pirate Sherl ? Demanda Sherrinford amusée. Je ne suis pas sûre que ce métier soit fait pour toi. Tu vois, il faut voler, piller et violer. Et comme tu as tout du futur prototype de l'asexuel, je ne suis pas sûre que tu puisses remplir la troisième condition.
-C'est quoi violer ? Demanda Sherlock.
-Je t'interdis de lui répondre ! Rugit Mycroft. Je t'interdis de pervertir notre innocent petit frère !
-C'est quoi asexuel ? Demanda Sherlock.
-Toute façon une fois à la maison il cherchera dans un dictionnaire ce que ça veut dire, rétorqua Sherrin, et je suis sûre que notre petit frère n'est plus aussi innocent qu'on le croit. Tu sais quoi Sherlock, si tu veux en apprendre plus sur les tendances de Mike, tu devrais chercher la signification de métrosexuel.
-Sherrinford ! Rugit Mycroft. Je vais te tuer !
Barberousse de son côté continuait à fouiller frénétiquement la poubelle renversée quand il leva soudain son museau. Il démarra en trombe et disparut dans une ruelle, suivit de Sherlock.
-La maison n'est pas par là, siffla rageusement Mycroft, on est suffisamment trempé comme ça. Sherlock reviens ici tout de suite avec ta créature !
-Il y a un monsieur qui est mort, répondit la voix de Sherlock.
Les deux ainés Holmes se jetèrent un regard ahuris avant de rejoindre leur frère. Ce dernier se tenait en effet devant le cadavre d'un homme. Le corps était attaché à un lampadaire, sur la poitrine quelqu'un avait gravé « Monstre ».
-Vu l'état du corps il est mort au moins depuis vingt-quatre heure, déclara Sherrin, les marques sur son coup semblent indiquer une strangulation.
-Il n'a pas été tuer dans cette rue, fit remarquer Mycroft, son corps a été trainé jusqu'ici. Puis on voit que les marques faites par les liens sont post-mortem.
-C'est monsieur Bismuth ! intervint Sherlock. C'est un professeur dans mon école et c'est le père de Judith. On l'a peut-être tué parce que c'est un voleur.
-Qu'est-ce que tu racontes Sherlock ? Demanda Mycroft.
-La semaine derrière j'ai résolu une enquête...
Un hurlement strident l'interrompit. Une femme venait d'hurler en voyant le cadavre.
-Mon Dieu, mon dieu ! Cria-t-elle. Qu'est-il arrivé à cet homme ?! Que le Seigneur ait pitié de nous !
-Il est mort, un psychopathe a dû le tuer et l'attacher devant chez vous, répondit Sherrin calmement.
-Comment savez-vous que je vis ici ?! Demanda la femme d'une voix stridente.
-Parce que vos bottes de pluie sont assorties à votre paillasson et vos rideaux, répondit la jeune fille.
Nouvel hurlement strident de l'inconnue.
-Pourquoi elle hurle comme ça cette vieille chouette ?! fit Mycroft agacé. C'est bon, c'est juste un cadavre.
-J'appelle la police ! s'écria la femme hystérique.
-Enfin une lueur d'intelligence, soupira Mycroft.
Nouvelle fic, cette fois sur l'enfance de Sherlock.
Il n'y aura pas de véritables spoilers sur la saison 3, Sherrinford a été créée à partir d'une allusion dE Mycroft dans le dernier épisode de la saison 3.
A noter que Sir Conan Doyle comptait appeler au tout début Sherlock, Sherrinford. Par la suite dans ses notes, il y avait mention d'un 2eme frère du nom de Sherrinford plus âgés que Mycroft. J'ai opté pour une sœur, pour apporter un peu de féminité dans l'histoire. Puis je trouvais intéressant de confronter Sherlock et Mycroft à leur égal version féminine.
