Deux mains se lèvent en même temps. De nombreux rires produits par plusieurs élèves des deux maisons se font entendre. De l'ironie est présente. Et les deux personnes concernées se fixent d'un ton neutre.

« Baisse cette main, ordonne la rouge et or d'un ton sec.

- Mon père m'a toujours dit qu'il fallait laisser les filles commencer pour être un parfait gentleman, rétorque le vert et argent. Après toi.

- Même pas en rêve, Nott. »

La terre contre la mer, yeux chocolats contre yeux azurs, cheveux bruns contre cheveux foncés, Serpentard contre Gryffondor. Ils se lancent des regards aussi violents les uns que les autres. Et ils frissonnent.

« Je compte jusqu'à trois, prévient la jeune femme.

- Je ne savais pas que les personnes de ton genre savaient compter, répond sarcastiquement le jeune homme.

- Un. »

Un temps. Les élèves autour d'eux se taisent, curieux de voir ce qu'il se passait.

« Ensuite, Granger ? Demande le blond en souriant. Il me semble que ça commence par la quatrième lettre de l'alphabet.

- Deux. »

Deux temps. Le monde extérieur se fait silencieux, se délectant de l'échange entre les deux étudiants. Deux versions différentes de l'intelligence. Deux opposés.

« Trois. »

Le temps semble s'être arrêté, privant tout le monde de sa vivacité habituelle. Les oiseaux ne chantent plus, les papillons ne battent plus des ailes, la petite étincelle qui anime chaque regard s'est momentanément arrêtée pour tous. Pour tous sauf pour eux deux. Eux deux qui ont leurs yeux ancrés dans le visage de l'autre. Eux deux qui sentent leur respiration s'accélérer tandis que les battements de leur cœur se font de plus en plus forts. Eux deux qui se voient s'approcher, poussés par une force invisible. Une force invisible qui fait s'unir leurs lèvres malgré leur volonté. Une force qui leur fait découvrir un nouveau plaisir, l'interdit. Mais, dès le moment où ils parviennent à ressentir cette nouvelle émotion, à l'instant même où leur sang se met à bouillonner dangereusement à l'intérieur d'eux, le temps reprend son cours.

Les oiseaux rechantent, les papillons revolent, les regards reprennent vie, mais rien ne change pour eux deux. Ils sentent encore cette étrange impression. Impression qui les suivra pour toujours.