Je ne sais pas ce que je ressens. Mais à chaque fois qu'il est là, le temps semble s'écouler plus lentement et je ne vois plus que lui.
Ses cheveux, scintillants dans la lumière du jour, barrent son regard bleu.
Et quand ses yeux se posent sur moi, le temps s'arrête. Je suis transportée dans un autre monde où seuls ces yeux bleus comptent.
Et puis, un clignement de paupières et me voilà à nouveau dans la réalité.
Comment expliquer ce flot d'émotions qui déferlent en moi quand je le vois hisser sur ses genoux ma jeune soeur ou quand je le vois parler stratégie avec mon frère ?
Oui. Il est bien le protecteur de notre famille. Mon protecteur.
Je me sens si bien quand il m'entoure de ses bras, m'isolant du monde. Et je savoure ces moments,ma tête nichée contre sa poitrine. Je sens son coeur battre et j'ai l'impression étrange que ces battements veulent me dire quelque chose. Quelque chose que je ne comprends pas.
Je parcours les allées vides de Cair Paravel. Le soleil se couche. Je m'arrête pour observer ce phénomène si merveilleux de la nature. La vue est splendide. Il n'y a pas d'autre mot.
Un doux souffle d'air me caresse le visage et fait voler mes m'offre à lui sans retenue. C'est si bon...
Puis soudain, une présence à mes côtés.Lui.
Il garde le silence. Moi aussi. Je ne veux pas briser ce moment.L'un des seuls qu'il m'accorde,où il n'est qu'à moi et à moi seule.
"Tu es ailleurs, ces derniers temps, Susan."dit-il simplement. Il a toujours les yeux fixés au loin vers quelque contrée reculée de Narnia.
Je ne réponds pas.A quoi cela servirait-il ?
"Qu'y a t-il de si beau dans cet ailleurs où tu t'exiles ces jours-ci ?"
Sa voix est comme une caresse à mon oreille et je sens son regard bleu-gris sur moi.
Je lève la tête vers lui et je murmure doucement:
"Des choses qui ne peuvent exister dans la réalité."
Alors,Peter le Magnifique,acquiesce doucement comme avec résignation et il répéte à mi voix:
"Des choses qui ne peuvent exister dans la réalité."
