Ronald Weasley avait quelques défauts, comme tout le monde. Mais un des pires était qu'il était une sacrée commère. Il écoutait souvent les conversations de Lavande Brown, l'air de rien, et scannait la Grande Salle d'un œil expert à chaque repas. Un matin où il était seul, son œil de faucon fut attiré par de l'agitation à la table de Serpentard. Pansy Parkinson semblait au bord de la crise de nerfs, auprès de Blaise Zabini qui semblait essayer de la calmer. Reniflant l'histoire croustillante, Ron réfléchit à une manière de découvrir ce qui se passait sans alerter les Serpentards. Finalement, un plan lui vint à l'esprit. Aussi discrètement que possible, Ron passa près d'eux et laissa traîner une oreille à rallonge pour écouter la conversation.
« … Pansy, ce n'est pas si grave… »
« « Pas si grave » ? Tu as écouté ce que je t'ai dit, Blaise ? »
« J'ai écouté, oui, et si tu ne veux pas que les autres en fassent autant, baisse d'un ton. »
« Mais tu ne te rends pas compte ? Tu crois… ? Tu crois que c'est ma faute, si… ? »
« Bien sûr que non, Pansy. Ce n'est pas ta faute. Ne crois pas ça, tu n'y es pour rien. »
« Mais c'est tellement soudain… »
« Pour toi, oui, mais il ne s'est pas réveillé ce matin en ayant viré de bord, Pansy. »
« Pourquoi est-ce qu'il ne m'a rien dit, alors ? »
« Il ne s'en était peut-être pas rendu compte. Tu le connais, il est expert dans l'art de se mentir à lui-même. Ou il a eu peur que ses parents l'apprennent. Ou que tu le prennes mal. Il peut y avoir des tas de raisons différentes, tu sais. Tout ce qui importe, c'est qu'il est toujours notre ami et qu'on le soutient. D'accord ? »
« Moui. Ne te méprends pas, Blaise, je soutiens Draco, aussi homo qu'il soit, mais cette attirance pour Potter, je ne trouve pas ça très sain… »
Ron frôla la crise cardiaque. La Fouine, attirée par Harry ? C'était vraiment trop fort. Il récupéra rapidement ses affaires et en oublia son petit-déjeuner pour foncer jusqu'à son dortoir, où son ami était resté faire la grasse matinée. Il avait hâte de lui annoncer que Malfoy en pinçait pour lui. Arrivé devant la porte, il fut surpris de la trouver verrouillée. Il tambourina contre le battant.
« Harry, ouvre, s'il te plait, j'ai une nouvelle de dingue à t'annoncer ! J'étais dans la Grande Salle ce matin, et j'ai entendu une conversation entre Parkinson et Zabini. Tu DOIS entendre ça, ouvre ! »
Il entendit un juron et des pas dans la chambre, puis la porte s'entrouvrit. Harry, encore plus décoiffé que d'habitude, comme s'il venait de sortir du lit, se tenait dans l'entrebâillement.
« Qu'est-ce qui se passe, Ron ? »
Ce dernier n'attendit pas plus longtemps pour entrer rapidement dans la chambre et partager la nouvelle avec son ami.
« J'ai entendu Parkinson et Zabini, Harry, La Fouine est homo… »
Harry resserra le drap autour de sa taille et passa une main dans ses cheveux.
« Ron, ce n'est pas vraiment le bon moment… »
Mais Ron n'avait pas fini.
« … Et il est raide dingue de toi ! Tu te rends compte ? »
Harry s'empourpra.
« On peut en reparler plus tard, s'il te plait ? Tu tombes plutôt mal, là… »
Un bruit de tissu froissé en provenance du lit provoqua le déclic chez Ron.
« Harry, tu… Il y a une fille, dans ton lit ? Petit cachottier ! Je la connais ? »
Harry eut l'air encore plus embarrassé. Ron soupira.
« Gin, sors de ce lit tout de suite, ou je te jure que je vais raconter à Maman ce que sa fille chérie fait dès qu'elle a le dos tourné ! »
Les rideaux du lit à baldaquin s'écartèrent, mais ce ne fut pas Ginny qui en sortit. Draco Malfoy s'approcha de Harry et entoura sa taille de ses bras.
« Du calme, Weasley, je te garantis que ta frangine n'est pas ici. Quant à ce que tu as entendu de la bouche de Pansy, c'est gentil de venir cafter à ton meilleur pote, mais comme il te l'a déjà dit, tu tombes mal. Maintenant, dégage, Potter et moi, on est occupés et je ne suis pas d'humeur à envisager un plan à trois. »
Ron en resta bouche bée, ce qui ne rendit pas Malfoy plus aimable.
« Bon, je recommence en phrases courtes pour vous autres Gryffondors. Potter, tu retournes au lit, Weasley, tu sors d'ici. Tout de suite. Et je te déconseille de rester derrière la porte, Potter a tendance à être vocal quand il est en-dessous. »
C'en fut trop pour le pauvre Ron, qui s'enfuit du dortoir aussi vite qu'il put. Arrivé dans la salle commune, son cerveau tenta d'assimiler les informations qu'il venait juste d'acquérir. Harry était homo. Harry couchait avec La Fouine. Harry était le passif. Ces informations combinées au fait de savoir qu'ils étaient tous les deux nus et probablement déjà en pleine action à quelques mètres de lui créèrent un court-circuit et tout devint blanc.
Ron Weasley s'était évanoui.
