Prologue:

Le 22 Mai 2003

Du temps où j'étais encore à l'école, je représentais toutes les caractéristiques de ma maison et défendais fièrement toutes ses valeurs. La maison noble des serpents, celle des Sangs-Purs et des sorciers rusés. Même les sorciers nés de parents moldus, encore en très grande minorité à l'époque, parvenaient, au sein des Serpentards, à se faire un tant soit peu respecter pour peu qu'ils l'aient mérité.

On est bien loin du cliché répandu par les vainqueurs de la Grande Guerre, notamment par le trio d'or de Saint-Potter et son armée de Griffys... La noble maison de Salazar Serpentard, bien que plus élitiste et que les autres, savait aussi être magnanime avec ses élèves méritants.

Contrairement à la plupart des familles de Sang-Pur, ma mère et moi n'avions pas de préjugés particuliers envers les autres catégories de la société magique et les moldus. Bien sûr, nous savions supérieurs à eux, mais les moldus ne nous intéressaient guère, et nous savions bien que contrairement à la propagande encore largement répandue dans notre milieu, certains sorciers de plus basse extraction que la nôtre pouvaient parfaitement se montrer valables.

J'ai toujours été intelligent, froid et calculateur. Cela fait partie de mon éducation. En étant le fils de la tristement célèbre « mante religieuse », la veuve noire aux sept maris, je me suis toujours évertué à être plus discret que mon frère de cœur, Drago Malfoy. Je n'ai jamais eu honte d'elle, mais il était dans mon intérêt de rester trouble, mystérieux. Outre la sécurité et le succès non négligeable que cela me procurait auprès des professeurs et de la gente féminine de Poudlard, ça m'a surtout permis de passer au travers des soucis occasionnés par la politique d'épuration des sympathisants au Seigneur des Ténèbres. Pratique donc.

A m'entendre, on pourrait penser que je suis parfait ou alors bien trop imbu de moi-même. En toute sincérité, il y a sûrement un peu des deux. Après tout, les Serpentards ne sont pas vraiment connus pour leur modestie ; c'est sûrement un trait de caractère que nous partageons avec les Gryffondors, « ces lions vainqueurs, sans peur et sans reproches »...

Cette pensée amène malgré moi un léger rire à s'échapper de mes lèvres, m'attirant ainsi un regard étonné de la part de l'assemblée. Ah oui c'est vrai, avec toutes ces réflexions j'avais presque oublié un petit détail :

Aujourd'hui, un 22 mai semblable à tous les autres, moi, Blaise Zabini, sorcier Sang-Pur de tout juste vingt-trois ans, me marie à une riche moldue française, à la surprise générale. Et le pire, c'est que je l'aime. Une aberration d'après ma mère. Mais avant d'en arriver là, pendant que l'officiant commence son interminable discours de bienvenue, laissez-moi vous conter comment j'en suis arrivé à cela...