Disclaimer : Les personnages de Final Fantasy 7 appartiennent à leurs concepteurs, je ne fais que les emprunter le temps d'une fiction.
Liens ambigus
Seconde partie
1) Nouvelles routes
Grimoire entra sans frapper dans la chambre de son fils. Vincent s'écarta du sac qu'il était en train de remplir et se tourna vers l'arrivant.
Il s'était préparé à cette rencontre. Il l'attendait depuis un moment. Il prit une profonde inspiration. Il s'y était peut être préparé, mais il le redoutait malgré tout. Oui, il redoutait la réaction de son père.
- Est-ce que c'est vrai ? Questionna abruptement Grimoire. Tu as vraiment fait une demande pour entrer chez les turks ?
- Oui père. Répondit Vincent. Pour être exact, j'ai fait une demande qui a été acceptée, je dois passer les épreuves dans quelques jours.
- Je présume que tu n'es pas sans savoir que cela va t'obliger à te rendre à Midgar ?
- Je le sais.
- Sais tu également que c'est là que sont partis s'installer les Strife ? Questionna Grimoire.
Il vit avec intérêt les épaules de son fils se crisper quelques secondes. Le visage de Vincent ne montra rien, son regard resta insondable, mais la tension que Grimoire venait de constater lui parlait.
Vincent fit un effort pour se reprendre, dix ans s'étaient écoulés depuis que Cassian lui avait jeté au visage qu'il n'était qu'un monstre, mais il n'avait toujours pas réussi à surmonter cette blessure.
- Midgar est une grande ville, il y a peu de chances pour que nous nous rencontrions. Fit il valoir.
Il avait conscience qu'il cherchait plus à s'en convaincre qu'à en convaincre son père, mais pour l'heure il ne s'en souciait guère. En quelques mots Grimoire venait de faire ressurgir son chagrin.
Il se remit à remplir son sac. Il n'emportait pas grand chose, on lui avait assuré que s'il était admis au sein des turks on lui fournirait tout ce dont il aurait besoin.
- Mais l'éventualité existe mon fils. Insista Grimoire. As tu pensé à ce que tu ferais si cela se produisait ?
- Je passerai mon chemin. Répondit Vincent. Cassian et moi n'avons plus rien en commun depuis longtemps. Il a probablement oublié mon existence.
- Tu n'en sais rien. Protesta Grimoire. Peut être a t'il fini par réaliser son erreur...
- Je ne vois pas quelle différence cela pourrait faire au bout de dix ans.
Le silence retomba. Vincent termina de boucler son sac et le souleva.
- Maintenant, si vous voulez bien m'excuser père, j'ai une longue route à parcourir.
- Je ne chercherai pas à te détourner de la voie que tu as choisi, même si je crois que tu pourrais en choisir une autre. Je te souhaite de réaliser tes rêves.
- Merci père. Murmura Vincent.
Grimoire et lui se regardèrent quelques instants, sans rien dire, puis Vincent quitta la pièce sans se retourner.
Grimoire le laissa partir sans chercher à le retenir. Même s'il regrettait le temps où son fils éprouvait encore le besoin de se blottir contre lui avant de le quitter, il avait admis depuis longtemps que c'était une époque révolue. Vincent était un homme désormais. Un homme qui était resté à ses côtés le plus longtemps possible, mais qui à présent éprouvait le besoin de suivre sa propre route.
Grimoire était partagé entre la fierté et l'inquiétude. Que son fils devienne un turk ne lui plaisait qu'à moitié, il avait entendu de drôles de rumeurs concernant cette unité particulière de la Shinra. Il redoutait que Vincent n'ait le cœur trop tendre pour y trouver sa place. Il se devait cependant de lui laisser la possibilité de faire ses propres choix, quitte à se tromper.
Il se rassura en se disant que Vincent était un bon tireur, que son intelligence, ainsi que sa capacité à juger autrui, lui seraient d'une grande aide.
oOo
Vincent atteignit Midgar, au terme de quelques jours de voyage sans encombre. La première vision qu'il eut de la ville l'impressionna. Les travaux pour la moderniser avaient débuté un an plus tôt, et déjà le paysage de la cité d'origine avait été profondément remanié.
Il avait déjà été dans des villes, mais aucune qui soit semblable à celle qui s'étalait sous ses yeux. Il eut tout de suite la sensation que la Shinra avait décidé de marquer son empreinte sur toute la ville, qu'elle dominait visiblement. La ville nouvelle semblait n'être encore qu'un gigantesque chantier, mais on devinait déjà l'ébauche de ce qu'elle serait lorsque la construction serait achevée. Il était également clair que l'ancienne cité allait disparaître dans l'ombre de la nouvelle.
Tout en se dirigeant vers sa destination il ne cessait de regarder en tous sens afin de graver les lieux dans sa mémoire. Il ne savait s'il aurait à y travailler, mais il tenait à en mémoriser le plus de choses possibles. Son expérience passée lui avait appris qu'il était bon d'agir de la sorte.
Il avait cependant conscience que les lieux allaient changer au fil du temps, sans doute très rapidement, ce qui voulait dire qu'il allait devoir s'adapter. Cette pensée le fit sourire. Ce serait sans doute vraiment quelque chose plein d'intérêt.
Il avait étudié l'histoire de la ville avant de s'y rendre et avait donc appris que si elle existait depuis bien longtemps, ce n'était que lorsque la Shinra avait décidé de s'y installer qu'elle avait commencé à se développer. Ceux qui lui en avaient parlé lui avaient dit que certains étaient cependant réfractaires à ces évolutions, et plus encore aux projets ambitieux de la Shinra, d'où la nécessité pour cette entreprise de se créer des milices, dont celle qu'il entendait intégrer.
Il parcouru les rues jusqu'à enfin atteindre sa destination, se présenta aux gardes, justifia de son identité, puis, alors qu'on l'invitait à entrer, il se retourna une dernière fois afin de regarder la ville. Il entra ensuite et la porte du bâtiment, où se jouerait son futur, se referma sur lui.
oOo
Au même instant, dans la partie basse de Midgar, un jeune homme aux cheveux noirs poussait la porte d'un entrepôt. Il fut accueilli par un vacarme assourdissant. Non loin de l'entrée un autre jeune homme, blond celui-ci, martelait allégrement une plaque de métal posée sur un établi.
L'arrivant attendit qu'il cesse pour lui parler.
- Tu nous fabrique quoi cette fois Cassian ?
Cassian leva les yeux de la pièce qu'il travaillait et désigna d'un signe de tête la carcasse, en partie désossée, d'un véhicule.
- Je répare ce tas de ferraille. Il est bon pour la casse, mais son proprio est prêt à payer une fortune pour que je le retape, alors je fais de mon mieux.
- Je suis certain que si quelqu'un peut réussir à en faire quelque chose, c'est bien toi. Sourit l'autre en posant une fesse sur le bord de l'établi.
- Je peux savoir ce qui t'amène ? Demanda Cassian en retournant la pièce afin de l'examiner sur l'autre face. Tu as du travail pour moi ?
- On peut dire ça... bien que je ne sois qu'un modeste laborantin, il arrive que mes supérieurs m'écoutent un peu. Ils l'ont fait en tout cas, lorsque je leur ai dit que je connaissais un réparateur de génie.
Cassian haussa un sourcil.
- Un réparateur ? C'est tout ce que je suis à tes yeux ? Merci beaucoup mon ami, mais je passe, je ne veux pas me trouver réduit à ce rôle, j'ai...
- De plus hautes ambitions, je sais, mais écoute un peu avant de dire non. C'est de la Shinra que je te parle ! Un contrat pareil, cela ne se refuse pas, seul un imbécile refuserait de travailler pour eux.
Cassian le fixa, un demi sourire aux lèvres, sourire qui n'atteignait pas ses yeux.
- Dans ce cas, je dois être un imbécile, je ne veux pas travailler pour eux. Dit il avec calme.
Son ami leva les yeux vers le ciel, comme pour le prendre à témoin.
- Franchement, je ne te comprendrai jamais! Se plaignit il. Te rends tu compte de l'occasion en or qui s'offre à toi ? Et toi...
- Moi, je veux rester libre. Commenta Cassian en retournant à sa plaque de métal. Et puis...
Il ne termina pas sa phrase, les sourcils froncés il passait les doigts sur la plaque, recherchant un défaut que son regard ne pourrait déceler.
- Et puis quoi ? Questionna son ami avec mauvaise humeur.
- Je n'aime pas ce que cette compagnie est en train de faire ici. Lorsque nous sommes arrivés, ma mère et moi, voilà dix ans, Midgar était une jolie petite bourgade paisible, ils sont en train d'en faire un monstre hideux.
Un silence salua ses propos, puis son ami haussa les épaules et se releva.
- Il faut toujours que tu exagère... mais puisque tu ne veux pas saisir ta chance, tant pis, je vais chercher quelqu'un d'autre. Tu n'as pas idée dans quelle position délicate tu es en train de me placer... je leur avais vanté tes talents, que vais-je leur dire ?
- Pourquoi pas la vérité, tout simplement ? Que je ne suis pas intéressé. Dit distraitement Cassian en arrêtant ses doigts sur une zone précise.
Pour lui la conversation n'avait plus de raison d'être, il avait donné sa réponse, il n'entendait pas revenir sur sa décision. Pour l'heure il était plus concentré sur le défaut qu'il venait de sentir, il en était certain, l'épaisseur n'était pas bonne à cet endroit, il allait devoir retravailler la pièce. S'il ne soignait pas son travail cela risquait de mettre en péril le résultat final. Les différents éléments devaient s'emboîter à la perfection, si un seul n'était pas exactement tel qu'il devait être, les autres pourraient en être altérés, et par là même leur fonctionnement s'en ressentirait.
Comprenant qu'il ne pourrait le faire changer d'avis, son ami se retira en marmonnant. Cassian ne prêta pas attention à son départ, il était tout entier à ce qu'il faisait.
Il travailla encore une bonne heure sur la réparation, puis rangea les pièces du véhicule avec soin, avant de se diriger vers une autre partie du hangar, là où il remisait ses projets personnels. Sur le mur en face de lui étaient épinglés les plans d'une moto. Les dessins étaient précis, il les avait fignolé pendant des heures, les retouchait encore à l'occasion. Il ne savait pas encore s'il parviendrait à mener ce projet à terme, il le savait particulièrement ambitieux, mais il avait bien l'intention de tout faire en ce sens.
Sa mère le rejoignit alors qu'il réfléchissait, en griffonnant une nouvelle partie du plan de la moto.
Elle admira le travail qu'il avait déjà accompli. Elle n'y connaissait pas grand chose, mais elle aimait les formes audacieuses qu'elle voyait.
- Tu lui as déjà trouvé un nom ? Questionna t'elle.
- Non, si tu as une idée...
Madame Strife prit le temps de réfléchir.
- Pourquoi pas Fenrir ?
A suivre
