Cette fan-fiction est un UA. Les personnages X-Men se retrouvent en 1912, sur le Titanic. Leurs pouvoirs sont conservés, mais certaines caractéristiques seront modifiées. Par exemple, Erik n'est pas Allemand, mais Russe avec des origines germaniques.
Bien évidemment, c'est un Cherik.
Bonne lecture !:)
Chapitre I : Embarcation.
Southampton, Angleterre. 10 Avril 1912, 11h45.
«Baissez la tête. »
Le brouhaha autour d'Erik Lehnsherr était si assourdissant qu'il luttait constamment pour entendre les ordres presque aboyés par le steward en face de lui, mais la voix neutre de ce dernier ne le tira même pas de ses pensées sombres.
Erik se laissait docilement inspecter, les doigts de son interlocuteur fouillant méticuleusement ses épais cheveux bruns à la recherche de poux, sans lui lancer le moindre regard. Ensuite, celui-ci lui commanda d'ouvrir la bouche, pour ensuite tâter sans ménagement chacune de ses dents pour vérifier qu'elles n'aient aucune cari.
Seul les passagers de la Troisième Classe subissaient l'inspection sanitaire. La plupart étant des immigrants qui souhaitaient atteindre le 'Nouveau Monde' dans l'espoir d'une vie meilleure, ils étaient susceptibles de porter des virus, ou d'autres maladies contagieuses qui infecteraient les autres passagers, alors ils étaient tous inspectés : Vieillards, hommes, femmes, et enfants, aucune exception.
Erik n'était pas surpris : Les pauvres avaient toujours été considérés comme des parasites à isoler du reste du monde, alors il s'attendait même à être séparé des autres classes à bord, par différentes grilles.
Si Erik avait été attentif à ce qui l'entourait, il aurait probablement vu la foule ardente qui grouillait comme un troupeau de fourmis.
Chaque individu tentait d'atteindre une coupée, pour embarquer sur le paquebot le plus luxueux et le plus impressionnant qui soit.
Le plus grand objet construit par la main de l'Homme.
Le RMS Titanic, de la White Star Line.
Tous les yeux étaient rivés sur lui.
Tout le monde était obnubilé par le spectacle qu'était le navire, à lui tout seul.
Semblant indestructible, il était si haut qu'il fallait tendre le cou à l'extrême pour percevoir l'extrémité de ses quatre cheminées qui semblaient chatouiller les nuages.
Flottant avec élégance sur l'eau calme, le paquebot détenait des chiffres inégalables, accentuant ainsi la fascination qu'il provoquait : 269 mètres de longueur, son tirant d'air mesurant 45 mètres de hauteur. Ces mesures à elles seules suffisaient à le rendre incomparablement imposant.
Son apparence impressionnante n'était pas la première raison de sa réputation d'être insubmersible, ou d'être le moyen de transport le plus sûr, selon les journaux. Sa coque était pourvue de seize compartiments étanches, servant à protéger le bateau en cas d'inondation.
Par conséquent, la confiance était totale, et l'admiration, décuplée.
Tous les passagers embarquaient avec des rêves et des projets plein la tête, impatients de fouler la terre de l'Amérique.
Mais pas Erik.
Lui n'embarquait pas sur le Titanic pour l'Amérique. Il ne s'autorisait pas à être ambitieux, à avoir des projets d'avenir, ou des rêves. Il ne s'autorisait pas à ressentir de la joie ou de l'excitation face à ce voyage.
Les seules émotions qu'il ressentait, et qui balayaient toutes les autres, c'était la haine, la fureur, et l'amertume. La seule pensée qui le hantait, jour et nuit, c'était cette date gravée dans son esprit. Celle du 7 Avril 1903.
Le jour où tout bascula, où son destin fut scellé, à l'age de seulement 15 ans.
Depuis ce jour, Erik avait appris à vivre, à moitié en vie. Il n'était maintenu vivant, que par la soif de vengeance qu'il ne connaissait que trop bien. Cette dernière lui était familière, presque une vieille amie, désormais. Elle l'accompagnait, à chaque instant, l'empêchant ainsi de tourner la page.
Mais s'il devait être honnête avec lui-même, il n'avait aucune envie d'avancer ou d'oublier, parce qu'il n'en avait aucune raison.
Rien à s'accrocher. Même quand il accomplirait sa vengeance tant recherchée, il ne saurait que faire, par la suite.
Devait-il reprendre une vie normale, travailler, et fonder une famille ?En était-il seulement capable ?
Sa vie était maintenant résumée par la traque de Sébastien Shaw, le meurtrier de sa mère. Chaque savoir qu'Erik avait acquis – surtout dans le domaine du vol et du mensonge – chaque langue qu'il avait apprise et chaque entraînement musculaire acharné avaient un seul but : Tuer Shaw.
Il lui avait fallu 9 ans de chasse et d'espionnage pour le retrouver.
Shaw étant un puissant homme d'affaire, il voyageait régulièrement, avec sa compagne, Emma Frost, rendant sa traque presque impossible. Ces années d'attente lui avaient paru interminables, mais il avait patienté en s'imaginant la plus lente et la plus douloureuse mort qu'il comptait infliger à sa future victime.
Pourtant, au moment où Erik avait totalement perdu l'espoir de réussir cette chasse à l'homme, il avait entendu par hasard une conversation entre deux commères dans le bar où il était en train de se soûler, à propos des passagers du fameux Titanic, le sujet favori qui sortait de toutes les bouches.
Il avait ainsi découvert que Sébastien Shaw participait au voyage, en Première Classe, bien entendu.
Russe millionnaire qui avait pris la tête de Shaw Industries, une firme multinationale spécialisée dans l'armement et la défense, il était une personnalité connue, grâce à ses talents d'homme d'affaire, et il était l'un des plus riches passagers du paquebot.
Alors sa présence sur le bateau n'était pas passée inaperçue.
Sans y réfléchir à deux fois, Erik s'était empressé d'acheter l'un des rares billets qui restaient encore en vente – avec de l'argent volé – et par conséquent, il se tenait sur le quai, cherchant son plus vieil ennemi de ses yeux gris dans la foule avec un regard de prédateur, sa main crispée sur sa carte d'embarquement qu'il devait montrer à l'officier de coupée avant d'embarquer.
Erik avait tout prévu : Il comptait le tuer sur la terre ferme, le jour de l'arrivée, le 17 Avril, pendant le débarquement.
L'assassiner plus tôt, pendant le trajet, serait stupide de sa part, étant piégé sur un paquebot sur lequel il ne pouvait s'enfuir. De plus, il voulait éviter le scandale d'un cadavre sur le Titanic, ou de la mystérieuse disparition de l'un des plus populaires passagers du paquebot...
« Vous pouvez y aller. » Siffla le steward entre ses dents, se décalant pour le laisser passer.
Erik lui jeta un regard cinglant, un rictus de dédain recourbant ses lèvres fines, mais il ne fit aucun commentaire désobligeant, et se dirigea vers la coupée la plus proche, en prenant de grandes inspirations pour se calmer, mais c'était peine perdue.
Son rythme cardiaque refusait de lui obéir sous l'excitation d'enfin revoir son plus vieil ennemi, après 9 ans de recherche.
Pendant sa marche, il sentit le poids rassurant du pendentif que sa mère lui avait offert, à son quatorzième anniversaire, autour de son cou. Par réflexe, Erik le serra avec douceur dans sa paume pendant un bref instant, avant de le dissimuler sous le col de son haut.
Arrivé à l'extrémité de la coupée, il donna nonchalamment sa carte d'embarquement à l'officier présent, qui l'étudia avec peu d'intérêt, avant de s'effacer pour le laisser passer, dans un hochement de tête.
Erik ne se donna même pas la peine d'admirer l'intérieur du paquebot comme tous les autres. Il se ruait déjà vers la première indication qu'il trouverait accrochée aux murs du couloir, pour accéder au pont G, à sa cabine G-15 de quatre couchettes.
Il ne connaissait même pas l'identité de ceux qui allaient partager sa cabine pendant le voyage, mais il serrait les dents d'avance devant cette future invasion dans sa vie privée, redoutant la cohabitation.
Après tout, Erik n'était pas le plus social des hommes. Il aimait la solitude. Ou plutôt, la solitude l'aimait, car elle ne l'avait plus quitté depuis le meurtre de sa mère.
Erik étant fils unique d'une famille russe agricultrice, et son père – d'origine allemande – étant mort avant sa naissance dans un accident de train, sa mère était la seule famille qu'il avait eu, mais qui lui avait été arraché brutalement, sans aucune raison valable, durant ce maudit 7 Avril 1903.
Une date qui marqua aussi la toute première manifestation des pouvoirs d'Erik dans l'instinct de survie.
Celui de contrôler les métaux.
Au plus il y pensait, au plus il se demandait comment il accédait à cette capacité, alors que personne d'autre n'en bénéficiait.
Comme s'il avait été touché par la grâce divine et avait hérité d'un cadeau empoisonné : Condamné à jouir d'un pouvoir sans limite avec l'interdiction de s'en servir publiquement, par peur de la réaction de l'humanité.
Pourtant, ce pouvoir était sa force, et la preuve qui affirmait qu'Erik n'était pas comme les autres. Physiquement et psychologiquement.
Seul contre tous, comme il l'avait toujours été.
La soif de vengeance battant dans ses veines avec une intensité soutenue, Erik Lehnsherr se dirigea tout d'abord vers le pont G réservé à la Troisième Classe d'une démarche fière, mais changea finalement d'avis sur un coup de tête, décidant d'assister au départ du Titanic au pont d'embarcation, un sourire féroce étirant les coins de ses lèvres.
~~
« Poussez vous, bandes d'incapables ! » Aboya Raven avec sa politesse habituelle, tandis qu'elle donnait quelques violents coups de coudes aux quelques personnes autour d'elle qui la compressaient, se moquant bien de frapper des passagers de Troisième Classe, ou de Première.
Charles Xavier sourit avec un certain amusement, mais il secoua la tête en signe de désapprobation, se raclant légèrement la gorge pour attirer l'attention de sa sœur.
« Les bonnes manières sont nos coutumes, Raven. » Lui souffla-t-il à l'oreille, en tentant de rendre sa voix réprobatrice, sans succès.
« Non, elles sont juste emmerdantes. »
Sa sœur n'avait jamais acquis les règles exigées par la richesse, qu'ils bénéficiaient depuis leur enfance, malgré toutes les remontrances de leurs parents.
Le dos courbé dans une position presque avachie, elle parlait toujours fort et assez vulgairement, oubliant les règles de politesses et de bonne conduite enseignées.
Le seul indice qui montrait sa richesse était sa tenue luxueuse, qui épousait parfaitement sa taille rendue encore plus fine par le corset qu'elle portait, faisant ainsi ressortir sa poitrine et ses fesses.
Elle avait comme tenue une jupe-pantalon bleue marine qui descendait jusqu'en bas des jambes, avec une jupe drapée par-dessus. Elle tenait dans ses mains gantées décorées de dentelles un sombre sac à main, et un long chapeau ornait sa tête, ses fins cheveux blonds relevés en un chignon strict et impeccable.
Charles, pour sa part, représentait le riche par excellence. Le dos droit, la tête fièrement relevée, sa démarche était majestueuse, presque royale, tandis qu'il mettait avec grâce son bras derrière son dos pendant sa marche vers la coupée la plus proche, offrant son autre bras à sa sœur, qu'elle accepta en lui adressant un sourire radieux.
Il transformait automatiquement tous ses gestes anodins en des mouvements élégants et harmonieux, comme une vraie chorégraphie.
Le tout parfaitement complété par un sobre corset, composé d'un veston et d'un pantalon gris foncé, d'une chemise blanche et d'une cravate noire méticuleusement nouée.
Bien que sa tenue était presque plus chère que l'ancienne maison de sa sœur, Charles avait du mal à ne pas la maudire à cet instant, à cause du soleil de plomb qui brillait sans aucune pitié au dessus de leurs têtes.
De plus, Charles bénéficiait d'une beauté parfaite, presque angélique. Tout homme riche n'était pas automatiquement beau ou charismatique, mais Charles l'était, bien que sa modestie l'empêchait de se l'admettre.
« Croyez-vous qu'il m'attend avec fidélité, en Amérique ? » Demanda craintivement Raven, tandis que le couple se frayait un chemin dans la foule pour atteindre la coupée.
L'éducation stricte de Charles l'empêcha de lever les yeux au ciel d'exaspération, mais le sourire affectueux qui flottait sur ses lèvres naturellement rouges n'était pas forcé.
« Pour la cinquième fois depuis ce matin, chère sœur, je peux vous assurer avec certitude qu'il sera bel et bien présent, à notre arrivée aux États-Unis. » La rassura-t-il de son ton doux habituel.
Raven n'avait cessé de le harceler de questions pendant le trajet, partageant ses craintes qu'Azazel – un charmant Américain qu'elle avait rencontré il y a quelques années, et qui était à présent son mari – l'eut trompée.
Sa sœur habitait à présent avec ce dernier, aux États-Unis, mais elle s'était absentée pendant quelques jours, pour rendre visite à Charles, en Angleterre.
Normalement, elle aurait dû embarquer seule sur le Titanic, afin de rejoindre son mari, mais Charles avait pris la décision de quitter définitivement l'Angleterre, son pays natal, pour instaurer son projet d'école pour les surdoués, aux États-Unis, un pays où l'éducation se développait à une vitesse fulgurante.
Charles n'était même pas professeur, il était un scientifique venu de l'université d'Oxford, comme son père avant lui, mais ce projet lui tenait à cœur et trottait dans sa tête depuis plus d'un an.
« Comment pourriez-vous le savoir ? »
Il n'y avait aucune suspicion dans sa voix peinée, juste une incertitude si palpable que le cœur de Charles se serra, mais il retrouva bien vite son sourire complice, quand il tapota à deux reprises sa tempe droite, une expression malicieuse s'inscrivant sur son visage juvénile :
« À votre avis ? »
Les yeux de Raven s'écarquillèrent de stupéfaction, et le léger tremblement de sa lèvre inférieure montrait qu'elle se retenait de hurler pour évacuer son effarement.
« Charles Xavier, Répliqua-t-elle en plissant dangereusement les yeux – et le fait qu'elle emploie son prénom et son nom de famille était un signe prémonitoire de sa fureur imminente – Vous avez fouillé dans la tête de mon mari ? »
Pas le moins du monde impressionné, le télépathe leva gracieusement un sourcil, affrontant sans ciller le regard assez cinglant de sa sœur, toujours avec ce même sourire tranquille aux lèvres.
« Vous pensiez réellement que je ne me renseignerais pas sur le mari de ma petite sœur ? Je vous ai promis que je ne lirais jamais vos pensées. Je n'ai rien précisé, concernant Azazel. » Rétorqua-t-il calmement, sans fierté, mais sans regret non plus.
Raven était partagée.
D'un coté, elle était sincèrement touchée par tous les efforts mis en œuvre par son frère pour la protéger, car l'affection qu'il lui portait était si intense qu'elle ne s'en sentait presque pas digne. De plus, elle comprenait son inquiétude presque paranoïaque. Surtout avec leur enfance assez chaotique...
Mais d'un autre coté, elle était assez irritée d'être vue comme une femme fragile qui ne pouvait pas s'occuper d'elle-même. Elle aimait son frère de tout son cœur, mais contrairement à lui, elle n'essayait pas de contrôler sa vie.
Raven n'était pas sa sœur de sang. Orpheline anglaise abandonnée à l'age de 7 ans quand ses parents géniteurs découvrirent sa différence, elle avait vagabondé dans les rues pendant un long moment, utilisant son pouvoir de transformation afin d'entrer par effraction chez les autres, pour voler.
Jusqu'à ce qu'elle rencontre Charles Xavier – l'homme le plus généreux et bon qu'elle connaisse – qui l'avait hébergée sans hésitation de façon permanente, convaincant sa mère à l'accueillir chez eux.
Il était celui qui l'avait acceptée telle qu'elle était, et pour cela, elle lui vouait une gratitude qui allait au delà des mots, et un amour fraternel infini.
Elle avait aussi découvert la richesse abondante dont bénéficiait la famille Xavier, grâce à la fortune du père, Brian Xavier, ce qui avait bouleversé les habitudes de Raven, ses propres parents étant de classe plus modeste.
Un autre sentiment vint balayer ses réflexions : Une curiosité mordante qui fit fondre sa colère comme neige au soleil.
« Développez dont, Charles ! Cria-t-elle presque, en empoignant assez violemment l'avant bras de son frère pour le secouer gentiment, Qu'avez-vous vu ? »
Charles ria doucement, mais même si ce son était bref, il était le plus beau du monde, pour Raven. Un véritable rayon de soleil qui perçait une épaisse couche de nuage.
« Je suis satisfait de ce que j'ai vu. Il vous aime profondément. Trop pour vous être infidèle. » Répondit posément Charles avec un petit clin d'œil.
« Est-ce... tout ? » Pressa-t-elle, visiblement déçue par le manque d'information.
Faisant la moue devant le silence de son frère, et le fixant avec un supplice exagéré, ce dernier capitula dans un soupir, comme toujours :
« Le reste est assez... personnel. »
« Un télépathe qui défend la vie privée... » Ronchonna Raven sans animosité en roulant les yeux.
Puis, elle comprit le sous entendu de son frère, parce qu'elle poursuivit d'un ton taquin : « C'est par rapport au sexe, n'est-ce-pas ? »
Deux taches adorablement rouges colorèrent les joues de son frère, tandis qu'il jetait quelques coups d'œil nerveux autour de lui, pour s'assurer que cette conversation restait confidentielle.
Faire rougir son frère était l'un des passes temps favoris de Raven, et Dieu savait comme cela lui avait manqué, en Amérique, loin de lui.
« Nous sommes arrivés. » Botta Charles en touche, tandis qu'il sortait de sa poche les deux cartes d'embarquement, pour les tendre à l'officier avec une expression aimable, en le saluant poliment.
« Bienvenue à bord du Titanic. Je vous prierai de revenir à cet endroit dans une vingtaine de minutes, et d'attendre le Chef Steward qui vous conduira jusqu'à vos chambres. Vos valises seront déjà à l'intérieur. Je vous souhaite un agréable séjour parmi nous. »
Les deux passagers acquiescèrent en silence, et dès que leurs pieds touchèrent le sol du paquebot, ils se dirigèrent d'un pas tranquille vers le pont d'embarcation, pour assister au départ mythique du Titanic.
Pendant leur marche, Raven passa ses deux bras autour des épaules de Charles, et déposa un tendre baiser sur sa tempe, ignorant le fait que ces démonstrations d'affection n'étaient pas tolérées par le code des riches, comme elle l'appelait sarcastiquement.
« Je suis si contente que vous veniez vivre aux États-Unis. »
Charles sourit en enroulant à son tour ses bras autour de sa sœur dans une éteinte brève mais sincère, avant de se décaler dans un raclement de gorge gêné.
Ils prirent le Grand Escalier qui reliait directement la pièce dans laquelle ils étaient au pont d'embarcation.
« Le plaisir est partagé. »
Un silence confortable s'installa entre eux deux, tandis qu'ils admiraient avec fascination l'intérieur du Titanic, qui était peut être encore plus luxueux et magnifique que l'extérieur.
Une véritable merveille. Des décorations somptueuses, mais jamais dans l'excès.
Le Grand Escalier à deux voies comptait beaucoup de marches, et au plus on montait, au plus il s'élargissait pour se diviser complètement en deux. Presque totalement construit en bois qui brillait en reflets, cette matière lui donnait un aspect royal, et était parfaitement accompagné par la pendule entourée de sculptures.
Une belle vision accompagnée avec brio par la douce mélodie jouée par l'orchestre de bord, nommée 'White Star March', respectant ainsi la tradition des paquebots de cette compagnie.
Arrivés au pont d'embarcation à la proue du bateau, ils eurent besoin d'un moment pour trouver une place près des barrières tant un nombre incalculable de personnes y était déjà installé, saluant la foule à terre.
A cette hauteur presque écrasante, Charles bénéficiait d'une large vue, contemplant le quai grouillant de personnes qui agitaient frénétiquement leurs mains, un faible vent frais caressant son visage.
Bien qu'il aimait la vue magnifique qu'offrait la hauteur impressionnante du Titanic, il n'était pas réellement rassuré, alors il se surprit à serrer plus fortement que nécessaire les courtes barrières qui l'empêchaient de trop se pencher vers l'avant, pour être certain de ne pas tomber dans la mer, de cette hauteur là.
A bord du Titanic, les passagers débordaient de toutes parts, tous si près des limites du navire que Charles craignait que certains basculent dans le vide.
Une excitation vibrante régnait dans l'air, qui se décupla quand ils sentirent le paquebot trembler sous leurs pieds de manière différente que le faible balancement naturel du navire sous les vagues.
Le bateau se mit à bouger faiblement, et s'éloigna doucement de la terre, non sans bruissements assourdissants qui firent grimacer plus d'un.
Charles se retourna vers sa sœur à coté de lui, son visage fendu par un large sourire, mais il se rendit compte qu'elle était en train de converser avec un homme de Première Classe – à en juger de par ses vêtements luxueux et de par son dos impeccablement droit – accompagné par une femme en retrait, vêtue d'une longue robe blanche, avec des cheveux si blonds qu'ils étaient presque transparents.
Sentant le regard appuyé de Charles sur lui, l'homme se tourna vers lui, et s'approcha d'une démarche aussi fluide et royale que celle adoptée par le jeune télépathe, avant de planter ses yeux bleus dans ceux du télépathe.
« C'est un plaisir d'enfin vous rencontrer, Charles Xavier. » Déclara poliment l'homme en tendant la main vers Charles, qui la serra avec une poigne ferme.
« Je n'ai pas l'honneur de connaître votre nom, Monsieur. »
L'homme sourit assez froidement sous le ton soupçonneux du jeune télépathe.
Son attitude générale attisa une certaine méfiance chez Charles, parce qu'il y avait quelque chose de malsain chez cet homme. Un aspect artificiel, faux, comme s'il jouait constamment la comédie.
Bien entendu, le plus simple pour Charles aurait été de lire ses pensées pour en avoir le cœur net, mais son honneur l'en empêcha.
Après tout, le jeune télépathe s'était donné des limites, il y a bien longtemps, concernant l'utilisation de son pouvoir, qui ne semblait en avoir aucune. Il refusait de l'utiliser à volonté, et sans réflexion, juste pour assouvir sa curiosité. Juste en cas d'extrême nécessité.
« Oui je sais qui vous êtes, Monsieur Xavier. J'ai lu tous vos ouvrages de sciences sur le sang du corps humain et ses composants. Vous savez, j'ai toujours été passionné par le corps humain et ses... capacités inconnues. Je reconnais toujours le talent, et j'affirme que vous êtes bel et bien un brillant scientifique... Sébastien Shaw, et voici ma compagne, Emma Frost. »
A ses mots, il effectua un signe vague de la main pour désigner la fameuse Emma, qui ne s'avançait toujours pas, se contentant de fixer le télépathe avec une attention soutenue à rendre mal à l'aise n'importe qui.
« Vous me flattez, mais mes livres sont moins exceptionnels que d'autres. » Répondit Charles avec modestie, essayant de ne pas trop rougir.
Dans un hochement de tête poli, Shaw s'éloigna, sans un mot de plus.
« Le voyage commence. » Chuchota gaiement Raven à son oreille, ne se rendant pas compte que Charles suivait toujours le mystérieux couple des yeux avec suspicion jusqu'à ce qu'ils disparaissent.
~~
Les poumons d'Erik se vidèrent douloureusement quand il le vit.
Sur le pont d'embarcation, le contrôleur de métaux se tenait en retrait, caché par la foule ardente qui se croisait, s'emmêlait, et se bousculait dans l'excitation du départ du navire.
Ce fut seulement grâce aux mouvements saccadés de la population qu'Erik le vit, et le reconnu.
Sébastien Shaw, accompagné de sa fidèle femme, Emma Frost.
Rien qu'en le voyant à nouveau, après 9 ans, la haine qu'il ressentait à l'égard de cet homme se décupla avec une telle force qu'elle le percuta de plein fouet avec la force d'une gifle, et il serrait les poings à s'en blanchir les phalanges, ses ongles s'enfonçant dans sa paume jusqu'au sang.
Il dut se faire violence pour ne pas se ruer sur lui, ou utiliser le métal de la chaîne qu'il portait au cou pour l'étrangler.
Shaw n'avait pas changé d'un poil, à vrai dire. Toujours aussi physiquement et psychologiquement détestable. C'était à peine si son visage avait ridé...
Erik avait prévu de le suivre sur le paquebot, pour l'analyser, apprendre ses habitudes, et ses rituels de sa vie quotidienne. Comprendre l'ennemi pour mieux l'anéantir était la meilleure stratégie possible.
Cette décision semblait un peu ridicule, vu qu'Erik avait un avantage que ne possédait pas Shaw : son pouvoir. Mais il refusait de sous estimer son ennemi, car il ne pouvait pas se permettre d'échouer. Il devrait juste faire attention à ne pas se faire prendre...
Il fallut un moment à Erik pour détacher ses yeux de la silhouette de son ennemi pendant une demi- seconde, pour poser son regard sur l'autre homme qui était en train de lui serrer la main, avec un sourire figé sur son visage juvénile.
Erik avait acquis la capacité de juger la personnalité et les intentions d'un homme au premier regard. Un don développé grâce à ses années de traque, et qui lui avait plusieurs fois sauvé la vie, à vrai dire.
Plus méfiant que jamais – après tout, cette poignée de main entre ce mystérieux jeune homme et son ennemi était mauvais signe – Erik le jaugea avec attention, pour décréter si ce jeune homme de Première Classe d'apparence innocente pourrait devenir une future menace à ses projets.
Pourtant, au plus Erik l'observait, au plus il était dans le flou. C'était la première fois que l'objet de son inspection visuelle était indiscernable, impossible à cerner, ce qui l'intrigua sincèrement.
La première pensée qui traversa Erik fut que cet inconnu était beau. D'une beauté trop parfaite pour ne pas être soupçonneuse, selon lui.
Ce visage ovale, doté d'une longue et soyeuse chevelure brune élégamment tirée en arrière, présentait un teint pale qui faisait ressortir ses lèvres rouges vifs. Mais ce qui fascinait réellement Erik, et qui l'empêchait d'analyser de façon pertinente le jeune homme était ses yeux légèrement globuleux d'un bleu si clair et si intense que le ciel lui-même paraissait fade.
Des yeux si bleus que le passager de Troisième Classe ne voyait qu'eux, même à cette distance. Deux bijoux sertis dans un visage délicat au teint de porcelaine
Et puis, Erik ne détectait aucune méchanceté dans ces prunelles envoûtantes.
Néanmoins, même si le jeune homme ne montrait aucun signe de vice qui pourrait attiser sa méfiance ou son hostilité, la poignée de main partagée flottait toujours dans son esprit torturé et ne le lâchait pas.
Affaire à suivre... Songea sombrement Erik, tandis qu'il décida dans un soupir qu'il devrait suivre Shaw et garder un œil attentif sur ce mystérieux jeune homme, pendant le trajet.
Génial... Le voyage commence.
