Disclaimer : Albator, Warius, Clio, l'Arcadia, appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto

Les autres sont à moi

1.

Enysse et Aérandor avaient fait fête à leur petit frère Kyrian, ravis dans la foulée de retrouver leur mère, encore dolente, les joues pâles, mais le regard radieux.

- Papa ! ajoutèrent-ils ensuite.

- Touché que vous vous aperceviez enfin de ma présence, ironisa le grand brun borgne et balafré en étreignant les aînés de ses enfants.

- Grand frère Alie et surtout Dana se sont bien occupés de nous, assura Enysse.

- Je n'en doutais pas. Votre frère fera toujours le max pour votre bien-être.

- On l'aime ! firent en chœur l'adolescente et le petit garçon. Il est où ?

- Il a du boulot…

- Il est très triste, glissa Aérandor en passant le doigt sur la balafre surnaturelle de sa joue gauche.

Alastor vint alors embrasser son cousin avec qui il partageait la même cicatrice.

- Il nous a sauvés. A présent, il doit aider ses amis Dragons ! Il est parti pour un bon moment.

Par réflexe, Albator jeta un coup d'œil à Danéïre qui avait entretemps pris les dernières nouvelles de sa belle-sœur. La jeune femme au teint de bistre et à la chevelure de jais inclina positivement la tête, confirmant les nouvelles au sujet de son époux.

- Et Warius a demandé à ce que tu passes le voir dès que possible après ton arrivée, compléta Danéïre.

- Moi ? Je suis en congés prolongés, voire même permanents, je ne lui servirai plus d'éclaireur ! J'avais enseigné à Alie qu'il comprendrait bien de mes engagements, décisions, quand il serait lui-même père – c'est-à-dire devenir à la fois raisonnable et prêt à tout donner pour les siens, à n'importe quel prix ! Mais j'ai été pris à mon propre piège quelque part car Alérian m'a appris une autre leçon : quand on est père et grand-père, on ne se comporte plus en fou suicidaire dès que l'occasion se présente ! J'ai passé l'âge, je passe la main, même si l'idée de ferrailler ne me déplaît pas trop si ça arrivait ! A moindre échelle qu'Alie, je suis un gardien de cette mer d'étoiles, et elle pourra toujours compter sur moi ! Mais là, pour un bon moment, j'ai à prendre le plus grand soin de ma petite famille et de Chalandra qui est encore bien faible… J'irai voir Warius, quand j'en aurai envie !

Danéïre fronça légèrement les sourcils.

- Warius a dit que c'était important, Albator, insista-t-elle.

- L'important est pour moi, en ces instants, devant mon œil !

- Je comprends. Le goûter des jeunes est prêt. Pour nous, les grands, il y a du vin chaud vu que chez nous c'est l'ère glaciaire !

Albator glissa son bras sous celui de sa belle-fille, quittant le salon des retrouvailles pour la véranda couverte où la collation avait été servie, pour tous.

A la dérobée, Danéïre jeta un coup d'œil à Albator, constata son air sombre, fermé, inquiet aussi, après qu'il ait affiché une mine rassurante pour les petits.

« Si Alie ne m'a pas tout dit, et que toi tu fais de la rétention d'informations, c'est que la situation est pire que jamais ! Oh, mon pauvre époux, j'espère que tu auras des idées géniales sur ce coup ! ».


Avec une surprise incommensurable, Warius avait entendu l'annonce de sa secrétaire.

- Albator ? Albator !

- Oui, c'est mon surnom de guerre. Je ne réponds qu'à lui, quasiment en toutes circonstances. Tu as pris un coup de vieux, Warius !

- J'ai assez mal supporté la dernière (més)aventure, avoua l'Amiral de la Flotte de la République Indépendante. Je m'en étais ouvert à Alérian, quand il voulait me remettre ses étoiles. Alors que j'avais imploré ces étoiles pour lui s'il m'arrivait vraiment quelque chose !

Albator soupira, faisant tourner la tasse de café entre ses mains.

- Et je te sens mal. Je n'avais pas besoin que Danéïre me le dise ! Alie est reparti en guerre ?

- Oui, avec ton Arcadia, et ma bénédiction. Mais ce genre de mission, cela ne relève pas de mon autorité… J'espère qu'il pourra déployer tous ses talents pour en finir avec ces Poupées ! Et je l'attends, impatiemment !

- Pourquoi ?

Warius ne répondit pas, tournant et retournant entre ses doigts une fine baguette blanche.

- Vu ta loquacité je me casse… grinça Albator en se levant et en quittant le bureau du QG de la Flotte Indépendante.

Le grand brun balafré prit l'ascenseur, regagnant le parking souterrain où se trouvait son véhicule de location.

« Warius, tu veux donc démissionner ? ! Tu lâches tout, mon vieil ami ? En tous cas, il te faudra attendre le retour d'Alérian, et il est parti si loin, si loin… ».