Six heures du matin. Je sors de mon lit suite à la sonnerie de mon réveil. J'ai encore rêvé. Le même rêve inlassable.

Matin de noël. Ca fait maintenant un an, jour pour jour.

Pas d'ombre. Un an que ce monstre s'est aventuré ici.

Pas de réflexions. Je m'avance doucement dans le salon, m'attendant à le voir.

Je me rappelle encore de son étreinte froide qui maintenait mon visage si près du sien qu'un centimètre de plus et il m'embrassait. Mes larmes coulaient. J'avais si peur. Il ne m'avait regardé auparavant, jamais approché. Pourquoi à ce moment là ? Pourquoi était-il parti après ? J'aurais accepté sa sentence. Ils les avaient tués comme si… comme si… comme s'il n'y avait jamais eu ça. Comme s'il n'y avait pas eu toutes ces années d'acharnement. En deux coups de baguettes et ils étaient à ses pieds, raides, froids, morts. Il y a un an, jour pour jour, mes deux meilleurs amis étaient morts.

Si doux et si tragique. Je monte dans ma chambre. Les volets sont fermés. La pièce est sombre. La pénombre dehors n'arrange rien. Mes yeux s'habituent petit à petit.

Comme dans un abattoir. Je choisis des vêtements à la vas-vite. Un t-shirt noir avec un pantalon noir aussi. Pas de maquillage, mes cheveux en broussaille à peine peignés. Je sors dans la rue. L'aube commence à pointer son nez. De gros flocons tombent. Je m'avance toujours. Certaines bribes de cette matinée me revenant en tête. Son regard. Sa peau. Son sourire. Sa baguette. Les hurlements. Les pleurs. Le silence. Je ferme les yeux et ravale ma salive. J'approche de l'endroit. Un fourré. Je m'y accroupis et transplanai. Godrics Hollow. J'arrivai dans le cimetière. J'arrive près de sa tombe à lui. Des centaines de fleurs ont été déposées devant, des cierges, des croix, des vierges.

Tu presses ce couteau contre ton cœur. Et comme à mon habitude, je ne lui donnais que des larmes. Sa photo est si envoûtante. Ses cheveux en bataille, ses lunettes rondes, sa cicatrice… Il ne l'a jamais su. Il n'a jamais su ce que moi je ressentais pour lui. Pour moi, il était plus qu'un meilleur ami. Je l'admirais, je l'aimais.

« Je t'aime tellement, que tu dois me tuer maintenant. » Cette phrase se répétait comme un écho, chargé de sentiments violents comme l'amour, la haine ou même la passion.

« Je t'aime tellement, que tu dois me tuer maintenant. » Tout le monde a perdu un ou plusieurs êtres chers. Certains leurs enfants, d'autres leurs parents, et enfin leurs amis. Certains ont été réduis en cendre, d'autre sont enterrés. Ce fut le cas pour eux. L'un en cendre, disparu comme s'il n'avait jamais existé. L'autre enterré. Avec pour seule présence de son existence passée, cette pierre tombale de marbre.

Fin comme la lune. Ses derniers rayons se reflétaient sur le marbre poli. Mon regard se perdit dans le vague.

Au lieu de tuer le temps. Je préfère le tuer ici. Avec lui. Tu étais plus qu'un ami. Mais moins qu'un frère. Pourquoi ne l'as-tu pas tuer ? Pourquoi toujours l'avoir repoussé ? Tu aurais pu le tuer dans les sous-sols de Poudlard ! Et dans le labyrinthe aussi ! Au ministère aussi ! Pourquoi ? Pourquoi …

Nous aurons jusqu'au levé du soleil. La lune a fuit. Le soleil a fait son arrivée.

La mort n'attend personne. On dit que les meilleurs partent les premiers, n'est-ce pas ? Quand je regarde tous ceux que sont tombés à cause du Lord. Je me dis qu'elle n'est que trop vraie. Tu n'aimerais pas que je pleure pour toi non ? À cette pensée, je souris. C'est vrai qu'il n'aurait pas voulu.

Au-delà de cette pâleur. Des pas se firent entendre. Je ne relevais pas la tête. Je devais surement ne pas le connaître. Enfin c'est ce que je croyais avant que cette personne ne m'appelle.

- Granger ?

Tout est noir. Cette voix. Une voix d'homme. Non dénuée de toute la noblesse qui découlait de la personne. Cette voix. Je la connaissais. Je regardai mon interlocuteur. Il était grand. Même très grand. Il devait me dépasser d'au moins deux têtes. Une mâchoire carrée, ses muscles tendus, un nez fin et pincé, comme s'il avait tout le temps une mauvaise odeur sous le nez, des yeux dénués d'humanité, gris acier, des sourcils fins, très clairs, un grand front à peine ridé, et des cheveux fins comme des fils d'or, et aussi clair que cela était possible pour un homme. Il était là devant moi, plutôt étonné. Je n'avais pas décroché un mot. Je ne l'avais plus fait depuis un an. Depuis que j'eu hurlé. Comme si ça allait les sauver. Je le regarde dans les yeux.

Pas de retour. Il fronce d'abord les sourcils. Puis en soulève un et enfin déglutit. Fais-je vraiment peur à voir ? Il hésite et ajouta quelques mots.

- Reste ici, ne pars pas. Je reviens dans deux minutes.

Les draps tachés de sang. A-t-il changé ? Est-il du côté du Lord ? Est-il un ami ? En ennemi ? De toute façon, peu m'importe. Qu'il me séquestre et me viole, plus rien ne pourra me faire réagir. Je m'assieds devant son sépulcre. Et attends.

C'est ici que ça commence.

Il revint, me tend la main pour m'aider à me relever. Plus le temps, ni la force de me poser des questions sur ce geste inhabituel.

- Granger, avant que tu me poses des questions, non je ne suis pas de son côté. Oui, je me cache. Et oui, je t'emmène là où je me cache.

Je le regarde, aucune émotion ne transparait. Il parait un peu déstabilisé.

- Je … Euh … On va y aller. Garde bien ta main dans la mienne.

Son étreinte est chaude. Il transplana. Nous nous retrouvons dans une petite rue, qui, si je déduis bien, est une rue moldue. Nous en sortons. Quelques junkies sont encore dans les coins sombres à s'enfoncer des aiguilles dans le bras. D'autres à fumer des pétards. Et deux prostituées à l'allure vulgaire se tenaient près de nous. Il n'avait pas desserré sa main de la mienne pendant tout le trajet. Même quand nous entrions dans son immeuble qui avait tout de l'aspect « planque de dealer ». Dès qu'on entra dans l'appartement, je me retournai vers lui. Pourquoi m'avoir emmenée ici ?

- Granger, nous sommes pratiquement les seuls à nous opposer à lui. Il va chercher à nous tuer.

Pourquoi ne pas céder ?

- J'étais peut-être un lâche, mais je ne suis pas un faible ou un soumis. Granger, parle. Ca me fatigue d'essayer de décrypter ton visage, et encore plus d'utiliser la légilimencie.

Je ne peux pas. Ca fait plus d'un an que je n'ai plus parlé. Que je ne me suis plus ouverte. Que je n'ai plus rien ressentit comme l'amour, la haine, le dégoût. Je ne ressens plus rien. Je suis une coquille vide. Je resserrai l'étreinte de ma main sur la sienne. Quand il réalisa qu'il ne m'avait pas lâché, il s'éloigna brusquement de moi. Je me mets en boule sur le sofa éventré. Je ne le prends pas mal. Depuis quelques mois on m'éloigne des enfants quand je passe à côté dans la rue, ou alors, tard le soir, les gens changent de trottoir. Il doit avoir mal compris le fait que je me sois refermée sur son canapé.

- Non, Granger, je ne voulais pas, je …

Je le regarde et lui fais un sourire. Le cœur n'y était pas. Ce n'est pas de sa faute.

- Tu… tu veux que je mette la télé ?

Je le regarde à nouveau, et plisse légèrement les yeux. Il alla chercher la télécommande qui était posée au dessus de la télévision et s'installa à côté de moi. Plus tard, il alla chercher de quoi manger. Puis nous continuions à regarder la télé. Quand je m'endormis contre son épaule, il ne devait pas être tout à fait neuf heures.